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05 juin 2018, 12:20
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
Lucy venait de soumettre ses vers à l’œil expert de Solal. Le garçon ne fit aucune remarque, elle supposa donc que ses écrits étaient bien trouvés. Il marmonna quelque chose à propos des pistaches ; comme quoi il ne savait plus de quoi il s’agissait. Lucy fronça les sourcils. Elle pensait qu’il s’agissait de fruits, mais à en juger par l’ignorance du garçon qui, selon elle, semblait connaître tant de choses d’ordinaire, elle préféra se taire de peur de dire une sottise. Tout en lui parlant de sa mère, toujours distraite, elle jouait avec l’herbe, l’enroulant autour de ses doigts, puis la déroulant ; parfois, elle arrachait quelques brins d’herbe par mégarde. La tête dans les nuages et le regard perdu, elle sursauta quand sa main effleura par accident celle de Solal. Gênée, elle fit un geste brusque pour ramener sa main vers elle. Ses joues prirent une teinte rosée.

Elle tendit à le calepin et le crayon à Solal, qui les attrapa tout en parlant de sa propre mère. La fillette apprit que la mère de Solal aimait la lecture, comme la sienne. Solal, quant à lui, disait préférer observer plutôt que lire, pour apprendre. Enfin, il demanda pourquoi sa mère ne souhaitait pas de sorciers dans sa boutique. Le regard de Lucy se fit vague tandis qu’elle se perdait dans ses pensées. Solal avait relevé un point très intéressant. S’il arrivait parfois à la fillette de révéler à certaines personnes le fait que sa mère n’aimait pas beaucoup les sorciers, la plupart de ses interlocuteurs se contentait d’hocher simplement la tête, sans creuser davantage.

Elle s’allongea dans l’herbe et contempla les nuages. Elle-même ignorait la réponse exacte à cette question, même si quelques bribes de conversation échangées entre ses parents, entendues par-ci-par-là, l’attitude de sa mère et le silence de son père concernant sa propre famille l’aidaient à comprendre l’essentiel, du moins, ce qu’elle pouvait comprendre du haut de ses onze ans, le tout restait très vague. Elle se souvint aussi de ce qu’elle avait appris, concernant sa famille, dans un livre. La conversation qu’elle avait eue avec Eligius, quelques jours plus tôt,  tournait encore dans sa tête comme un rappel incessant de ce qu’elle aurait préféré ignorer.

« En fait… » Commença-t-elle avec hésitation. Que devait-elle révéler à Solal ? Elle n’avait pas trop envie d’en parler, mais peut-être que la perspicacité du garçon et sa logique imparable pourraient mettre en avant des aspects auxquels elle n’avait pas songé. Pour mieux comprendre. « Maman, c’est une moldue, tu vois. Papa, c’est un sorcier. Mais papa vient d’une famille de Sang-Purs… Je ne les ai vus qu’une seule fois dans ma vie, c’était à un enterrement… maman n’est pas venue, elle a dit qu’elle gardait Danny à la maison. J’ai vu ma grand-mère pour la première fois de ma vie, elle avait l’air terriblement froide, tu sais. Elle avait ce genre de regard qui glace le sang… » elle fit une petite pause, hésitante. Ses doigts attrapaient nerveusement l’herbe, qu’elle triturait en arrachant quelques morceaux.

« Maman », reprit-elle, « je crois qu’elle n’aime pas beaucoup les sorciers à cause de ça. Je me demande si… Si les seuls sorciers en dehors de papa qu’elle n’a jamais vus, ce n’est pas sa famille… Du coup, c’est comme si elle avait des à priori, je crois. Elle ne les aime vraiment pas, elle en a très peur, elle rentre dans une colère folle après… » la voix de la fillette tremblait sous l’effet de l’émotion. Les souvenirs, qui remontaient peu à peu à la surface lui firent monter les larmes aux yeux. « Elle accepte que je sois une sorcière, et que Danny et Celian aient aussi des pouvoirs magiques, mais j’ai l’impression qu’elle essaie quand même de nous tenir le plus possible en dehors de ce monde. »

Lucy se rassit et jeta un coup d’œil aux derniers vers de Solal, puis hocha la tête d’un air désolé et repoussa le carnet.

« Je n’ai plus envie d’écrire, je suis désolée. ».  Une étrange petite boule s’était formée dans son ventre et ses mains tremblaient légèrement. Elle retenait ses larmes comme elle pouvait. Elle avait été stupide ; c’était elle qui avait lancé ce sujet. Maintenant, elle le regrettait profondément et elle avait l’impression d’avoir tout gâché. Elle détourna le regard et replia ses jambes contre elle, les encerclant de ses deux bras. « Pardon Solal, j’ai gâché notre après-midi…. »

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05 juin 2018, 18:13
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
L'histoire de Lucy semblait compliquée. Ayant vécu une enfance sans problèmes et tout à fait privilégiée, Solal oubliait sans cesse que tout le monde ne pouvait pas se vanter de la même chose. En écoutant Lucy, il se demanda si elle avait mal vécu cette situation ; est-ce que sa mère était restée gentille avec elle, bien qu'elle était une apprentie sorcière ? Comment avait-elle pris la rentrée de sa fille dans une école de sorcellerie ? La question ne s'était jamais posée pour Solal qui avait grandit entouré de ses parents et de ses frères sorciers ; ils habitaient bien dans une ville avec quelques moldus mais vivant en périphérie de la petite ville, ils étaient plutôt libres. Les seules fois où Solal avait du oublier sa condition de sorcier, étaient quand il s'amusait avec les enfants de la ville et des quelques fermettes environnantes. Ou quand sa mère invitait des voisins pour avoir l'air tout à fait normale. Mais les sorciers n'étaient-ils pas eux-mêmes normaux ?  Il mit fin à cette réflexion : il avait déjà beaucoup réfléchi quant au fait que les sorciers étaient normaux mais il n'était jamais parvenu à une conclusion satisfaisante, il n'y comprenait pas grand chose à ces histoires de normalité. Pour lui, un sorcier était normal et un moldu l'était un peu moins. Pour les moldus, un sorcier n'était pas normal. Alors, lui, qu'était-il ?

Il était difficile, en voyant Lucy, de penser qu'elle pouvait avoir une famille aussi effrayante. Pourtant, après cette description, Solal imaginait une sorte de Famille Addams —c'était une série moldue qu'il connaissait parce que des voisins s'étaient déguisés à leur image, pour Halloween, l'automne dernier. Mais une famille Addams plus effrayante encore, le genre de famille qui aurait pu se battre avec Voldemort. Il se demanda comment ses parents s'entendaient, avec ces histoires ; si la mère de Lucy n'aimait pas les sorciers, comment supportait-elle son mari ? Solal ne pensa même pas qu'ils pouvaient être séparés, il ne connaissait pas beaucoup de familles déchirées.
« Et elle aime ton père quand même ? Je trouve ça presque bizarre, ou courageux de sa part peut-être, j'en sais rien, d'aimer quelqu'un qui est aussi différent d'elle. Surtout si ça lui fait peur. » La différence de façon de parler entre la Lucy qui racontait des choses mignonnes et la Lucy qui parlait de quelque chose de sérieux était saisissante et Solal se sentit presque intimidé, il avait peur de dire quelque chose qui froisserait la jeune fille —le sujet était visiblement délicat. Comme pour prouver les pensées du Serdaigle, Lucy déclara ne plus vouloir écrire. Elle refusa même de prendre le crayon et le calepin que Solal lui tendait et il les reposa par terre, l'air penaud. Il s'allongea à son tour, le regard plongeant dans le bleu du ciel. 
« Bah, t'excuses pas, t'as rien gâché et on discute juste ? C'est bien de discuter aussi, tu trouves pas ? T'façon les vers que j'ai écrit étaient nuls, j'crois que c'est mieux si tu les réécris à ma place, hein. » Sous ses airs de guignol, d'amuseur, Solal n'avait rien contre les discussions sérieuses, il aimait apprendre et comprendre. Il croisa ses bras sous sa tête, fermant les yeux. Il faisait chaud, c'était agréable.

Tapis en Chef, 2ème année RP.

05 juin 2018, 19:57
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
Lucy gardait les yeux rivés sur le sol. Elle se rendit compte qu’à force de triturer l’herbe de ses doigts nerveux, elle en était venue à gratter la terre. Elle leva vers elle sa main pleine de terre et la contempla, penaude. C’était un drôle de retournement de situation. Elle se souvint avoir désiré manger de la terre, quelques instants plus tôt. Un sourire naquit sur ses lèvres malgré elle. Solal lui demanda si sa mère aimait tout de même son père. Elle ne put réprimer un rire nerveux. La petite aiglonne, plongée dans ses souvenirs, revoyait sa mère courir, une poêle à la main, derrière son père qui la suppliait d’accorder son pardon. Oh, il ne s’était jamais pris de coup de poêle, c’était juste de l’intimidation ! Papa baissait toujours les yeux quand maman était en colère. Il regardait ses pieds et bredouillait de vagues excuses. C’était d’ailleurs à son père que la jeune asiatique ressemblait le plus : de lui, elle tenait sa bienveillance, sa timidité et son désir de toujours bien faire. Mais parfois, elle découvrait avec surprise qu’elle pouvait afficher le même tempérament que sa mère.

C’était maman qui commandait à la maison. Alors, même si papa était un sorcier et qu’elle, elle ne l’était pas, elle n’avait pas du tout peur de lui. Même si leur relation semblait parfois complexe ; surtout aux yeux d’une enfant de onze ans, il ne faisait strictement aucun doute sur le fait qu’ils s’aimaient tous les deux très forts. Les rares désaccords qu’ils avaient concernaient l’éducation des enfants ; maman préférait les garder loin du monde des sorciers et papa, il ne voulait pas les garder dans l’ignorance. Mais à force de discussions –et de menaces de coups de poêle, ils étaient parvenus à des compromis. Les Allen avaient grandi comme de parfaits petits moldus, loin de tout rapport avec la magie et des contacts avec d’autres sorciers, mais ils connaissaient l’existence de ce monde qui s’ouvrait pleinement à eux à leur onze ans. Papa leur racontait parfois des histoires et leur lisait des livres. Maman avait beaucoup appréhendé l’entrée de Lucy à l’école de sorcellerie Poudlard, mais c’était une femme pleine de bonté qui aimait ses enfants plus que tout, et qui savait depuis des années qu’il s’agissait du mieux à faire pour ses enfants.

« Bien sûr qu’elle aime papa ! » répondit finalement la fillette après un long silence. « Mais je crois qu’elle aurait quand même préféré épouser un moldu. Mais papa et maman disent souvent qu’on ne choisit pas qui on aime, que l’amour ne connait pas de raisons et qu’il faut chérir la personne que l'on aime à chaque instant. » dit-elle en répétant ce discours idéaliste qu’elle avait maintes fois entendu de la bouche de ses parents. « Moi, je ne comprends pas tout, mais ça saute aux yeux qu’ils sont fous amoureux l’un de l’autre ! ». Elle regarda ses mains : elles ne tremblaient plus. Et elle avait réussi à contenir ses larmes. Elle était trop sensible, ces jours-ci ; beaucoup de choses arrivaient en si peu de temps, elle se posait des questions qui ne trouvaient pas toujours de réponses. Mais penser à ses parents, à l’amour saisissant qu’il y avait entre eux et à sa douce vie à Cirencester avec ses trois frères calmait la fillette, qui se sentait déjà un peu mieux.

« Et toi, tes deux parents sont sorciers, je crois, non ? Ça doit être trop cool de vivre dans une telle famille ! » Bien qu’elle éprouvait une réelle curiosité à propos de la famille de Solal, et du garçon en lui-même, elle souhaitait surtout changer de sujet. Ils étaient encore sur un terrain délicat et Lucy ne voulait pas fondre en larmes au beau milieu du parc, devant tout le monde. Il avait beau dire qu’elle n’avait pas gâché leur après-midi, elle ne souhaitait pas que cela devienne le cas. Elle tourna la tête vers le garçon et lui adressa un timide sourire.

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06 juin 2018, 12:40
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
En rejoignant la Serdaigle, Solal ne s'était pas imaginé en apprendre davantage sur sa situation familiale. L'apparente insouciance de leur petit jeu d'écriture avec dérapé en une conversation bien plus profonde, quelque chose qui échappait totalement au garçon —il comprenait dans les mots de Lucy que c'était important mais qu'est-ce qui était important ? Pourquoi la conversation semblait tout à coup lourde, qu'est-ce qui était si sérieux dans toute cette histoire que Lucy en perdait cet espèce d'air innocent qu'elle trimbalait un peu partout un peu tout le temps. Solal se sentit tout à coup bien étranger à tout ça ; qu'est-ce qu'il pouvait raconter, lui ? Il se sentait presque coupable d'avoir une vie bien ficelée ; la seule cassure provenait de son père mais il espérait naïvement que ce n'était qu'une passe et que la page serait vite tournée.

« Amoureux... J'comprends pas trop, si elle est amoureuse de lui elle devrait aussi aimer qu'il soit un sorcier, non ? Enfin j'sais pas, j'ai jamais été amoureux. » L'anecdote lui fit réfléchir sur ses propres parents : étaient-ils tout à fait honnêtes ? Aussi loin que ce dont il se souvenait, il ne se rappelait pas avoir entendu ses parents ne pas aimer quelque chose chez l'autre. À moins qu'ils cachaient leurs colères et leurs mots au fond d'eux, Solal avait appris à Poudlard que c'était monnaie courante : contrairement à ce qu'il avait cru jusque là, la plupart des gens ne parlaient pas. Ils se contentaient de refouler leurs pensées et de supporter les situations qui leur étaient désagréables. Étaient-ils faibles de supporter en silence ou était-il minable de ne rien pouvoir supporter et de se soustraire à toute situation qui lui paraissait compliquée ? La réponse ne lui venait pas et il eut l'étrange impression de ne rien savoir sur la vie ni sur les autres. Les questions s'entrechoquaient dans sa tête, concernant l'amour, l'honnêteté, ses parents, les parents des autres, et la vague déferlait contre les parois de son crâne, fracassante, bouleversant un peu plus sa vision de la vie. 

« Oui, ils sont sorciers ! » Il adressa un sourire enthousiasme à sa camarade. S'il pouvait être certain de quelque chose, c'est bien que ses parents étaient sorciers et qu'il en était tout à fait fier. Il était curieux du mode de vie des moldus, de leurs divertissements, mais il était certain que la vie était bien moins compliquée lorsqu'on était un sorcier. 
« Moi j'adore ma famille, en tout cas, et j'adore être un sorcier ! Et toi, tu penses que c'est mieux d'être un moldu ou d'être un sorcier ? Moi je connais pas trop les moldus. Enfin, je veux dire, j'les vois comme des sorciers mais sans magie, alors ça doit être moins pratique, non ? Mais ils ont peut-être des trucs qui sont cool et que nous on a pas. » Il réfléchissait au fur et à mesure qu'il parlait, sans filtre, alors qu'il imita Lucy et attrapa des brindilles d'herbes pour les arracher. Le geste soulagea son esprit et son corps qui souffraient de l'immobilité dans laquelle il était.

Tapis en Chef, 2ème année RP.

06 juin 2018, 19:43
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
L’après-midi prenait une étrange tournure. Lucy s’était rendue au parc pour profiter du beau temps et écrire un poème pour ses camarades, sans s’imaginer que Solal viendrait l’aider et qu’ils finiraient par parler de sa famille. Sa famille. Elle se demandait ce qu’elle était censée inclure dans ce terme si vaste mais aussi si personnel. Est-ce que sa famille était ses parents et ses frères, ou bien devait-elle penser aussi à la famille de son père ? Pour elle, la famille, c’était ces personnes du même sang qui partageaient le même quotidien, les mêmes joies et galères. Une vieille femme aigrie et un oncle porté disparu ne pouvait pas être sa famille. Et les morts, en faisaient-ils partie ? Elle jeta un regard en direction du garçon qui semblait lui aussi perdu dans ses pensées. Néanmoins il ne tarda pas à prendre la parole, affirmant qu’il ne comprenait pas pourquoi la mère de Lucy n’aimait pas le fait que son père soit un sorcier.

« En fait… » Elle fit une pause pour réfléchir, ne souhaitant pas dire de bêtises. « Moi non plus, je ne comprends pas tout… Mais je me dis, l’amour, ça ne doit pas être trop différent de l’amitié, non ? Parfois, il y a des choses que tu aimes chez les gens, et d’autres choses que tu aimes moins chez eux, et pourtant, ça ne t’empêche pas de bien les aimer et de vouloir être leur ami ? Enfin je ne sais pas, en tout cas, c’est comme ça que je vois les choses. ». Elle se frotta le menton, perdue dans ses réflexions. Elle ne savait pas si elle était claire et cherchait un exemple pour illustrer ses propos. « Par exemple, mon papa, il n’aime pas le rire de maman. Il dit qu’elle rigole comme un dindon. Maman, elle n’aime pas quand papa utilise la magie pour faire la vaisselle. Et toi, tes parents, ils aiment tous l’un chez l’autre ? C’est bizarre, je trouve. » Pour elle, cela paraissait évident. L’honnêteté était une qualité très importante pour les Allen ainsi, Mary et Travis avaient inculqué cette valeur à leur quatre enfants. En réalité, le plus souvent, le mensonge avait le goût du silence. Papa ne disait pas à maman qu’il faisait la vaisselle avec la magie. Maman ne disait pas à papa qu’elle brûlait parfois les lettres qu’il recevait. Et papa, il ne parlait pas de sa famille. Jamais. Les non-dits constituaient-ils des mensonges ?

Un grand sourire se dessina sur les lèvres de Solal quand il expliqua qu’il provenait bel et bien d’une famille de sorciers. Sa vision des moldus fit sourire la fillette. Bien qu’elle soit sang-mêlée, elle avait grandi comme une moldue ainsi, leur mode de vie lui était parfaitement familier. Il était toujours intéressant d’avoir le point de vue d’un sorcier sur la question, ainsi, elle était contente de pouvoir en parler avec lui.

« Moi je trouve ça mieux d’être un sorcier. Déjà, t’as quand même un avantage : les sorciers, ils connaissent l’existence des moldus, mais les moldus, ils ne savent pas pour les sorciers. C’est un peu comme vivre dans l’ignorance, je trouve. C’est vrai que la magie, c’est super pratique, mais en fait on peut quand même faire plein de choses sans. Moi je me demande surtout ; est-ce que quelque chose dont tu ignores l’existence, donc la magie dans le cas des moldus, peut te manquer ? Je crois pas.. T’en penses quoi ? ». Lucy réfléchissait à toute vitesse. Solal posait des questions très intéressantes. L’intelligence et la curiosité étaient des qualités qu’appréciait beaucoup Lucy, ainsi, elle ressentit un élan d’affection pour le garçon. Ils allaient bien s’entendre. Son regard tomba sur le calepin oublié qui reposait par terre. Elle le saisit et relut rapidement leurs vers. « Finalement, notre après-midi, elle est plutôt cool. Et ces vers, ils ne sont pas si nazes que ça. On devrait peut-être le finir ce poème, tu ne crois pas ? ». Elle adressa un grand sourire à Solal.

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07 juin 2018, 11:27
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
La discussion avait dérapé sur le sujet de l'amour : quelque chose à laquelle Solal ne comprenait rien. Il mentait s'il disait ne s'y être jamais intéressé, après tout, le mot était sur toutes les bouches et il lui semblait que l'humain de façon générale ne pouvait pas vivre sans amour —pourtant il y arrivait très bien, mais sa mère lui avait dit que c'était parce qu'il était encore trop jeune, soit, les adultes étaient-ils donc plus nécessiteux en affection, en compliments et en câlins ?
Il n'avait pas répondu aussitôt à Lucy, il s'était redressé et, les genoux pliés contre son torse, il avait posé une joue sur son genou comme pour se renfermer dans sa bulle et mieux réfléchir. Lors des vacances d'avril, il avait remarqué les regards que ses parents s'échangeaient, et bien qu'il avait essayé de les oublier, la conversation lui rappela le souvenir désagréable. Ils échangeaient des regards qui n'avaient en rien l'air de regards amoureux, est-ce que ça aussi, ça signifiait qu'ils ne s'aimaient plus ? Est-ce que c'était une illusion, un mensonge, une pièce de théâtre mise en scène pour rassurer les enfants qui semblaient n'y voir que du feu ? Pas même Amory ou Oskar ne paraissaient avoir remarqué quelque chose —et s'ils l'avaient fait, ils avaient laissé le petit Solal en dehors des nombreux secrets qu'ils partageaient. Un de plus, un de moins.

« J'sais pas. » Il haussa les épaules et se leva, la conversation ne le dérangeait pas mais la tournure que prenait le flot de ses pensées l'embêtait. La vague d'interrogations se transformait en ras-de-marée, en quelque chose qui emportait tout sur son passage : la bonne humeur et la sérénité du petit Rosenberg avec. Il se mit à faire les cent pas devant sa camarade en étirant ses bras, peut-être que l'activité lui ferait oublier que sa famille avait des ombres qu'il aurait voulu ne jamais connaître. Sa famille n'était plus le grand soleil de sa vie, et pour une fois il avait assez d'éléments pour douter.

À présent contrarié, Solal eut même du mal à se concentrer sur les dires de Lucy, qui parlait souvent beaucoup. Cette caractéristique ne le gênait pas habituellement, mais lorsqu'il était embêté par quelque chose, il connaissait des difficultés à concentrer ses pensées sur autre chose. Il essayait, essayait, essayait. Il s'accrochait aux mots de sa camarade : mieux d'être un sorcier. Il avait de la chance d'être sorcier, il n'avait aucune raison de voir le mauvais côté des choses et de se concentrer sur les ombres de sa famille.
« Non, c'est comme nous : l'amour ça nous manque pas parce qu'on l'a jamais connu, j'crois. » L'illusion de la perfection lui manquait, et pour une fois, il aurait préféré se bercer de mensonges que de se rendre compte que sa vision de sa propre famille était erronée. Quelle erreur. Il se planta devant Lucy, les mains dans les poches, et haussa à nouveau les épaules pour paraître nonchalant.
« Mh, t'as une idée ? Moi je suis à court. » Il arrive à prononcer en souriant, mais le cœur n'y est plus et il s'assoit de nouveau à côté de Lucy.

Tapis en Chef, 2ème année RP.

07 juin 2018, 18:43
La plume des aiglons  PV Solal Rosenberg 
Lucy avait à nouveau saisi le calepin et le crayon, bien décidée à terminer ce poème. Elle n’aimait pas faire les choses à moitié ; quand elle entreprenait quelque chose, elle allait jusqu’au bout. Mais l’inspiration manquait. Après cette conversation avec Solal, elle se sentait comme… vide. Son camarade semblait lui aussi contrarié. Comme enfermé dans une bulle, il semblait perdu dans ses pensées. Il se redressa et fit les cent pas. Les yeux de Lucy se teintèrent d’inquiétude. Et si, en changeant de sujet pour ne plus penser à des choses désagréables, elle avait par accident ravivé des souvenirs douloureux chez le garçon ?  Toujours assise, ses yeux curieux suivaient les déplacements de Solal. Finalement, il lui répondit, puis avec un sourire qui sonnait faux, il feignit de s’intéresser au poème.
 
Même si elle était en désaccord avec ce que pensait Solal, Lucy eut la présence d’esprit de ne pas relever ses propos. Elle ne souhaitait pas embêter davantage le garçon, elle voyait bien que la conversation le mettait mal à l’aise. Pour elle, on ne pouvait pas dire qu’on n’avait jamais connu l’amour. Après tout, l’amour, ce n’était pas forcément que pour les grands, et au sein d’un couple. L’amour, ça pouvait aussi être ce que les parents ressentaient pour leurs enfants et inversement. Et puis, Lucy ne comprenait pas pourquoi chaque mot devait avoir une définition bien précise, quand cela concernait les sentiments, elle ne parvenait jamais à mettre ce qu’elle ressentait dans ces cases si étroites qu’étaient les mots. L’amitié, ce n’était pas une forme d’amour, aussi ? Elle, elle le ressentirait, ce manque, s’il n’y avait pas d’amour. Elle l’avait ressenti, à l’école, où elle était rejetée de tous.

« Je suis un peu à court d’idées aussi… » dit-elle finalement après un long silence. « Je crois que je vais écrire quelques vers pour terminer, puis on va s’arrêter à là, tu ne crois pas ? » Elle interrogea le garçon du regard. Elle sourit et se pencha à nouveau sur le petit carnet où leurs deux écritures enfantines se mélangeaient. Elle lut le poème depuis le début et griffonna quelques mots avant de reposer le crayon. Elle grimaça. « Ce n’est pas parfait, j’ai pas fait de rimes ! Mais au moins, c’est terminé. » Elle adressa un grand sourire au garçon.

Le reste de l’après-midi s’écoula tout en douceur, les enfants restèrent encore un peu ensemble, tantôt à discuter de banalités, puis à partir sur des sujets plus profonds, enfin parfois, quelques silences planaient et ils se contentaient alors de regarder les nuages. Quand le ventre de Lucy gargouilla pour annoncer l’heure du dîner, ils rentrèrent au château.

RP terminé ! Merci Solal pour cet échange. <3 

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