Zoé repensait à Mary. Elle commençait à beaucoup lui manquer.
Que pensait Aliénor après avoir écouté l'histoire de Zoé ? Zoé regardait son amie, elle regardait le ciel. Elles faisaient toutes les deux beaucoup ça depuis qu'elles se parlent. Zoé le faisait aussi avec Mary.
Aliénor se redressa et se tourna vers Zoé. Elle allait dire quelque chose et la jeune Gryffondor tendit l'oreille.

- Tu peux ne pas répondre, mais, comment est-elle morte ?

Aliénor avait bien réagi, ce qui fut un soulagement pour Zoé. Elle lui posait même des questions. Zoé se sentait bien, elle n'en avait jamais parlé auparavant excepté avec ses parents. Elle n'avait d'ailleurs pas parlé à beaucoup de gens depuis l'accident. Car oui, c'était un accident. Elle parlait quand il le fallait vraiment, mais ne faisait pas d'efforts, et pourtant cela commence à faire longtemps que le drame est arrivé.

Sa mort... sa façon de mourir avait du être très douloureuse pour Mary, et elle l'était pour Zoé.
C'était comme si la jeune fille ressentait la douleur et la peur qu'avait eu sa meilleure amie. Elle avait mal pour sa meilleure amie, et c'était quelque chose qui la rendait triste.

- Ne t'inquiète pas, cela me fait du bien d'en parler. Elle a eu un accident de voiture... Je n'en sais pas beaucoup plus, et je ne veux pas le savoir.

Elle n'avait rien de plus à dire sur sa mort. Zoé s'assit en face d'Aliénor. Elle la fixait. La jeune fille commençait à se dire que sa nouvelle amie ressemblait à Mary. Les mêmes traits de caractère, les mêmes réactions...

- Aliénor, je veux juste te dire une chose : Merci ! Je suis contente de pouvoir te parler de ça. Depuis que je ne vois plus mes parents, je n'ai personne pour en parler. J'en avais besoin. Alors merci beaucoup ! On se connait depuis très peu de temps, mais je me sens déjà à l'aise.

Zoé se disait que cela finissait la discussion sur ce sujet. Ce n'est pas qu'elle voulait arrêter mais elle n'avait plus grand chose à dire, et elle se sentait déjà plus légère. Zoé avait confiance en Aliénor et elle espérait que c'était réciproque.
Elle désirait parler d'autre chose, de quelque chose de plus joyeux. Zoé trouvait d'ailleurs drôle le fait que, depuis qu'elles ont commencé à parler, beaucoup d'émotions sont venues. La tristesse, la joie...
Elle voulait donc revenir aux instants de joie, sauf si, bien sûr, Aliénor ne le voulait pas.

- Ne t'inquiète pas, cela me fait du bien d'en parler. Elle a eu un accident de voiture... Je n'en sais pas beaucoup plus, et je ne veux pas le savoir.

Un accident de voiture, Aliénor connait ce sentiment, enfin pas réellement mais plus par procuration. En effet la mère d’Aliénor avait perdue toute sa famille dans un accident de voiture. Elle réfléchissait, c’est une belle preuve d’amitié qu’a fait Zoé en se confiant ainsi à elle. Mais Aliénor était très renfermée sur ces sentiments, c’est le genre de personne à vouloir à tout prix que les gens soient à l’aise. Par exemple, si quelqu’un fait une blague nulle ou personne ne rit, pour éviter que cette personne soit mal à l’aise, elle se mettra à rire, quitte à ce que le malaise vienne sur elle.
Zoé remercia Aliénor, ce qui la soulagea.

- On se connait depuis très peu de temps, mais je me sens déjà à l'aise.

Cette phrase fit plaisir à la jeune Poufsouffle, c’était ce qu’elle voulait et apparemment la mission avait été rondement menée.

Aliénor secoua la tête afin de remettre ces idées en place et un large sourire fendit le visage de la jeune fille. Elle repensait a ces dessins et aux histoires qu’écrivait Zoé. Elle avait très envie d’en savoir plus sur la passion de son amie. Avec un nouvel entrain, Aliénor se retourna, se plaçant sur les genoux face à sa camarade.

-Tu écris quoi comme genre d’histoire ?

Zoé avait l’air d’une fille plutôt joyeuse dans la vie et elle voulait savoir si cela se ressentait dans ses histoires ou alors si elles reflétaient tous les sentiments qu’elle ne voulait pas que les autres perçoivent.

Plaçant ces mains sur ces genoux, Aliénor attendait la réponse avec impatience, si l’univers collait avec ses dessins peut-être qu’elles pourraient réellement se lancer dans un petit projet de bande dessiné.

- Tu écris quoi comme genre d' histoire ?

Aliénor avait effectivement parlé d'autre chose. Elle lançait Zoé sur un sujet dans lequel celle-ci pourrait parler des heures. Elle allait cependant essayer de ne pas trop parler. Elle réfléchissait à comment résumer ce qu'elle voulait dire. C'était un bon sujet.

- J'écris des histoires sur... je ne trouve pas de mot réellement pour décrire ce que j'écris. On va dire que ce sont des histoires réelles, qui arrivent à certaines personnes. Souvent, les gens ont des problèmes, ils ne sont pas heureux, et j'essaie de voir comment ils pourraient surmonter cela et devenir heureux. Enfin, histoire est un grand, mes "histoires", Zoé fait des guillemets avec ses doigts, sont très courtes et je ne sais pas souvent trop quoi dire pour qu'elles deviennent longues. Ce sont plus des nouvelles, et encore. Mais tu sais je n'ai pas beaucoup d'imaginations, c'est pour ça que, de un, je ne fais pas d'histoires fantastiques, et que de deux, je n'écris pas beaucoup d'histoires. Mais bon, dès qu'on me donne une idée, je peux écrire pendant longtemps sans trop m'arrêter.

Oups, Zoé n'avait pas réussi à ne pas beaucoup parler. Aliénor n'avait surement pas tout écouté, mais Zoé ne lui en voulait pas, elle aussi posait des questions sans trop écouter la réponse. La jeune fille avait encore quelque chose à dire, elle hésitait. Elle se demanda ensuite pourquoi ne pas en parler. Celle-ci ne faisait rien de mal, même si cela n'intéressait pas son amie.

- Ce que je préfère est d'écrire ce qui me passe par la tête. Dès fois j'écris un mot, et puis je commence à écrire tout ce que je ressens. En écrivant, je peux ne pas dire mes sentiments aux autres personne mais j'en parle quand même, et à quelqu'un, enfin quelque chose, qui ne pourra rien dire.

Elle chercha dans sa tête si elle avait tout dit. Et oui, tout était dit. La jeune Gryffondor regarda alors Aliénor pour voir ce à quoi elle pensait. Elle regardait le vide. Zoé repensa à sa dernière histoire écrite. C'était l'histoire d'un jeune garçon, seul dans l'école. Il se nommait Louis. Il ne regardait rien, comme l'amie de Zoé. Il était malheureux et voulait parler à quelqu'un, seulement, il n'osait pas, trop timide, et à cause de cela, tout le monde regardait Louis de travers. Heureusement pour ce garçon, quelqu'un vint lui parler un jour. Il ne l'avait jamais vu. Trop gêné, il ne lui répondait pas, mais peu à peu, il comprit que de toute façon, ils n'étaient pas pareil, personne n'était pareil, mais que ce n'est pas pour cela que les gens ne sont pas amis. Tout le monde avait au moins un point sur lequel ils n'étaient pas d'accord, que ce soit par rapport à leur plat préféré ou bien à la couleur qu'ils devraient mettre sur leur exposé. Après avoir comprit cela, il se mit à parler. S'il parlait trop, mal, pas assez pour la personne en face de lui, ce n'était pas grave. Les autres devaient l'accepter comme il est.
Zoé avait compris cela depuis longtemps, et c'est pour ça qu'elle parlait beaucoup à son amie Aliénor. Si celle-ci n'aimait pas ça, ce n'était pas grave.

Après sa longue réflexion, la jeune Zoé prit ses affaires et se leva. Elle voulait bouger, ne pas rester sur l'herbe. Elle pensait y être restée suffisamment longtemps.

- Tu ne veux pas qu'on marche ?

Zoé répondit rapidement à la question d’Aliénor et rapidement la sentence tomba, Zoé n’écrivait pas de fantastique. Les dessins d’Aliénor étaient dans un univers assez fantastique et sombre, pas du tout réaliste en somme. Tant pis se dit la jeune fille, de toute façon les bandes dessinées c’est trop restreint. Evidement cette conclusion très rapide venait du fait que son idée tombait à l’eau, mais en y réfléchissant, Aliénor aurait du mal à mettre en scène toujours les mêmes personnages dans un univers cohérant.
Son regard se perdit dans la contemplation ‘un brin d’herbe et ‘une fourmi juste devant elle. Elle écoutait à moitié le discours passionné de sa camarde se prenant de passion pour cette fourmi visiblement en grande difficulté pour grimper sur ce tout petit brin d’herbe. Elle retenait des brides de la conversation.

-Ce que je préfère est d'écrire ce qui me passe par la tête

Ce qui me passe par la tête ? Cette phrase tourna en boucle dans la tête d’Aliénor, mais il me passe beaucoup trop de choses par la tête pour toutes les écrire ! Evidement si elle n’écoutait pas toute la conversation elle ne pouvait pas en comprendre les sens. Il se passe des milliards de choses dans la tête d’Aliénor mais très peu sont constructives et avec un grand intérêt. Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place. Elle c’était figée le temps de quelques instants mais assez pour faire fuir les gens qu’elle rencontrait.

- Tu ne veux pas qu'on marche ?

Levant la tête doucement pour observer son amie déjà debout, Aliénor sauta sur ces deux pieds et sourit à la jeune Gryffondor. Elle se mit à marcher sans trop regarder si Zoé la suivait. Le soleil commençait à décliner à l’horizon cela faisait pas mal de temps que les deux jeunes filles discutaient dans l’herbe. Aliénor respira un grand coup et s’étira tout en continuant de marcher.

-Dis, tu as des phobies ?

Aliénor avait été impactée par sa pensée pour la nage et elle se sentait affreusement ridicule d’avoir peur de l’eau. Un chat à peur de l’eau, un papillon meurt s’il va dans l’eau, mais elle non, elle a peur d’une stupide sensation, d’un évènement qui ne lui a même pas fait de mal. Aliénor s’en voulait terriblement d’être aussi faible.
Malgré toutes ces émotions qui passaient en elle, elle ne fit rien paraitre ne voulant pas importuner son amie. Tout en marchant, elle observa Zoé, de quoi pouvait-elle bien avoir peur ? Tout le monde a peur de quelque chose, c’est humain.

Zoé regardait son amie. Celle-ci se leva et commença à marcher. Zoé la suivait, un peu derrière.

- Dis, tu as des phobies ?

Des phobies, Zoé en avait plusieurs. C'étaient des phobies banales, mais des phobies. Par exemple, elle avait la phobie des abeilles. Quand elle voyait une abeille ou qu'elle y pensait, la nuit, elle faisait des cauchemars dans lesquels d'énormes abeilles tournaient autour d'elle et se rapprochaient pour la piquer. Après ces cauchemars, souvent, elle ne dormait plus.

- J'ai la phobie des abeilles, je peux devenir folle qu'en j'en vois une. Cela me gratte partout !
Ah, rien que d'y penser je me sens mal. C'est ça qui est dommage durant l'été. J'ai une autre phobie, celle des poupées, clowns et même des doudous avec des yeux. Tu sais, depuis que les films d'horreur existent, je ne me sens plus vraiment protégée avec ces... trucs.

La jeune Gryffondor n'avait pas de grandes phobies, étranges ou qui l'empêche un peu de vivre, et cela ne la dérangeait vraiment pas. Elle regarda Aliénor, lui sourit, et regarda alors sa montre qui se trouvait sur son poignet droit. Elles avaient beaucoup parlé et le temps passait très vite. Zoé se souvint alors de son devoir de Sortilèges.

- Aliénor, nous avons encore le temps de parler, mais j'ai peur d'oublier de répondre à la dernière question du devoir que nous devons rendre demain... Dans deux minutes j'aurai fini, reste là si tu veux bien !

Zoé lui sourit à nouveau et s'assit sur un banc non loin. Elle sortit son devoir de son sac, répondit à la question, rapidement, grâce à la jeune Poufsouffle, rangea tout à nouveau, satisfaite. Elle se releva et se remit à marcher. Ce fut rapide et Zoé en était assez contente.

- Voilà ! Merci beaucoup !

La jeune fille repensa aux phobies. Elle ne connaissait pas encore celles de son amie.

- Et toi, quelles sont tes phobies ?

Les abeilles, Aliénor n’avait pas spécialement peur des abeilles. Mais c’est vrai que les animaux volant et pouvant piquer, ce n’est pas très agréable, même pas du tout ! Mais ce qui étonna Aliénor fût la deuxième phobie de Zoé. Les peluches et poupées et les clowns, ce sont des choses qui sont faites pour les enfants, pour les amuser. Elle mit un instant avant de comprendre cette peur. Zoé lui parla de films, elle n’en n’avait jamais vu de ce genre.

Zoé s’arrêta pour répondre à la question du devoir, ce devoir, c’est grâce à lui qu’elles ont commencé à se parler. Elle le regarda faire sans un bruit, elle était beaucoup plus confiante qu’au début de l’après-midi et cela faisait plaisir à Aliénor, aujourd’hui elle avait été utile aux autres.
Elle regardait le sol quand évidement la question fatidique tomba, à force d’en parler ça devait arriver.

- Et toi, quelles sont tes phobies ?

Aliénor regarda le sol un moment avant de répondre, elle avait honte, honte de sa peur si stupide. Ce n’était pas sa seule peur mais la plus grande à ce jour. Elle ne savait pas si elle aurait le courage d’en parler. Mais Zoé c’était tellement confiée, elle avait prouvé qu’elle avait confiance en Aliénor.
Elle réfléchit un moment, elle ne se rendait pas compte du temps qui passait. Elle se décida à se lancer. Elle se sentait rougir, intimidée elle plaça les mains sur ces joues empourprées.

-Je… J’ai peur de l’eau, enfin de nager… Pas vraiment de nager mais… Tu vois quoi.

Aliénor avait tellement honte, c’était ridicule et elle, elle voulait être forte ! Elle aimerait se transformer en souris et se cacher dans un trou. Elle se tritura les mains, elle n’osait pas en dire plus e peur de se faire juger. Mais que va-t-elle penser, qu’elle ne sait pas nager ? Que c’est une froussarde ?
Elle n’osait par relever la tête pour voir le regard de son amie, peur du jugement.

Après avoir posé sa question, Zoé regarda Aliénor. Celle-ci était en train de rougir. Avait-elle honte de sa phobie ? Quelle était sa phobie qui la faisait se sentir mal ? Car oui, son amie se sentait mal, et cela attristait Zoé. Elle ne connaissait pas encore la réponse, mais elle n'aurait peut-être pas du poser la question. Elle lui sourit, pour lui montrer que quoi que sa phobie soit, Zoé ne se moquerait pas, qu'il n'y avait aucun problème.

- Je… J’ai peur de l’eau, enfin de nager… Pas vraiment de nager mais… Tu vois quoi.

Zoé pensait avoir compris. Aliénor ne se sentait pas à l'aise dans l'eau, n'aimait pas l'eau quand il y en avait beaucoup et qu'elle devait nager.
C'était donc sa phobie. Zoé regardait son amie, celle-ci était très mal, cela se voyait. Pourtant, il n'y avait pas de quoi avoir honte de cela. C'était certes une phobie dont certaines personnes se moqueraient, c'était sûr, mais la jeune fille comprenait cette phobie. Il fallait rassurer Aliénor. Ne savant pas trop comment faire, Zoé sourit à son amie puis tenta quelque chose, elle n'aimait pas voir son amie dans cet état.

- Ne t'inquiète pas ! Tu sais, je pense que beaucoup de gens ont cette phobie, c'est juste qu'ils le cachent. Tu n'as pas à avoir honte. Tu ne choisis pas tes phobies. Et puis, nous sommes encore jeune. Cela changera peut-être. Et puis, même si tu as encore peur de l'eau dans 30 ans, ce n'est pas grave. Ma grand-mère a toujours eu peur de l'eau, et certes cela la dérangeait quand elle était plus jeune, mais maintenant, elle le vit très bien.

Elle ne savait pas vraiment si beaucoup de gens avaient cette phobie, mais deux personnes de l'entourage de son entourage lui paraissait suffisant pour le dire, et puis, elle voulait réconforter son amie. Zoé se demandait une dernière chose à ce sujet, apparemment délicat pour Aliénor.

- Est-ce que je peux te poser une question ? Pourquoi... pourquoi est-ce que tu as cette phobie ?

C'est vrai, Zoé se posait cette question. Y avait-il une raison ou bien était-ce juste car elle a toujours eu peur. En posant cette question, elle espérait aussi qu'Aliénor soit moins timide et se sente moins honteuse par rapport à sa phobie.

Zoé sourit à Aliénor, elle souriait ? Elle releva la tête doucement, toujours honteuse de son secret qu’elle venait de révéler à une fille qu’elle connaissait depuis quelques heures à peine. Soudain Zoé continua à parler normalement à Aliénor, sans la juger. Elle lui expliqua que sa grand-mère avait cette même phobie. Cela surprenait la jeune Poufsouffle, il y avait d’autres personnes dans son cas ? Elle réfléchissait à cela, elle se sentait un peu moins seule, mais c’est toujours plutôt embarrassant, devant ces anciens amis lorsqu’ils voulaient aller dans l’eau, elle ne pouvait pas. Si jamais elle se forçait, une fois immergée dans l’eau elle paniquait et ne contrôlait plus ces mouvements devenant un danger pour les autres.

- Est-ce que je peux te poser une question ? Pourquoi... pourquoi est-ce que tu as cette phobie ?

Aliénor prit une grande inspiration, après tout ce n’est pas si grave. Zoé avait été très gentille avec Aliénor et essayait tant bien que mal de la comprendre. Elle décida de se jeter à l’eau. Mais elle ne pouvait pas rentrer dans les détails, elle décida donc de raconter sommairement ce jour de peur et de joie.

-J’avais 10 ans tout justes. A côté de ma maison, il y avait la rivière de l’Avon qui coulait. On y allait souvent en famille, puis avec mes amis et quand je n’avais rien à faire. Ce jour-là j’étais allé jouer au bord de l’eau, je courrais et sans faire attention, je me suis pris les pieds dans une racine et je suis tombée dans l’eau.

Aliénor pris un temps de pause. Elle n’en avait jamais vraiment parlé, ni même ressassé pour elle-même. Toutes les sensations, l’eau froide, les vêtements lourds, les yeux qui brulent… Et puis le pire, l’eau qui s’engouffre dans le nez et la bouche, se battre contre une créature qui ne craint rien, bouger jusqu’à perdre toutes ses forces.
Une larme perla au coin de l’œil de la jeune fille qu’elle essuya aussi tôt du do de sa main.

-Il y avait beaucoup de courant ce jour-là, c’était le printemps, la fonte des glaces… J’ai rien pu faire à part crier.

Elle attendit de nouveau, elle se souvient aussi de cette force en elle, de ce sentiment contraire au flot de tous les autres, cet apaisement.

-Alors, je ne sais pas trop comment, l’eau c’est retirée jusqu’à moi et je ne suis retrouvée sur la terre ferme puis dans les bras de mon père.

Sans le vouloir Aliénor c’était arrêtée. Elle fixait le sol et ne se rendait plus compte qu’il y avait quelqu’un avec elle.

- Alors, je ne sais pas trop comment, l’eau c’est retirée jusqu’à moi et je ne suis retrouvée sur la terre ferme puis dans les bras de mon père.

Le récit que venait de finir Aliénor était si touchant ! Celle-ci d'ailleurs, se sentait seule et triste, d'après Zoé. Elle avait vécu quelque chose d'horrible, une tragédie. Zoé fit alors le lien entre la rivière dont lui avait parlé son amie tout à l'heure et son histoire. La pauvre. Zoé ne savait pas trop quoi dire, quoi faire. Elle était choquée. Sa phobie était donc là pour une raison, et était tellement compréhensible. Tout le monde aurait cette phobie si cela leur arrivait.
Zoé s'arrêta et revint vers Aliénor qui s'était arrêtée plus tôt. Elle se tourna vers elle, lui sourit. Peu de temps après, elle lui prit les mains et les joignit. Elle ne savait pas vraiment si elle devait faire ça mais elle le faisait.

- Tu es là aujourd'hui ! Tu sais, après ce que tu as vécu, c'est normal d'avoir aussi peur. Tu as déjà essayé de retourner dans l'eau depuis, j'imagine.

Zoé lâcha ses mains, regarda le lac, qui ne se trouvait pas très loin d'elles.

- Est-ce que tu comptes réessayer un jour ? Si tu le veux, je peux t'aider.

Elle ne savait pas que quelque chose de si horrible était arrivé dans cette rivière. Elle n'arrêtait pas d'y penser. Mais elle avait survécu. Il fallait ne plus souffrir à cause de cela. Il fallait qu'Aliénor se rappelle toujours de ce qui lui était arrivé, pour qu'elle se souvienne qu'elle a eu de la chance. Mais il fallait passer à autre chose, ce qui était malheureusement plus facile à dire qu'à faire. C'est ce que Zoé pensait, et elle voulait que son amie le pense aussi.

- Cette histoire est passée, tu es là, rappelle-t-en, c'est important, mais il faut aller de l'avant, ne souffre plus à cause de cela.

Zoé se sentait très mal, trop mal, pour son amie et pour la situation.

Aliénor c’était jetée à l’eau et avait dévoilée sa plus grande faiblesse du moment à sa camarde. Elle se sentait mal et soulagée à la fois. Zoé ne savait pas trop ou se mettre et Aliénor le remarquât. Elle souhaitait pourtant éviter ce malaise. Mais, sans s’y attendre, Zoé se plaça devant elle et essaya de la rassurer.

Mais Aliénor savait tout ça, retourné dans l’eau, vaincre ces peurs… Elle avait essayé de nombreuses fois mais cela se terminait toujours en catastrophe et elle avait même peur d’avoir peur. Cela devenait incontrôlable et Aliénor avait peur de ne jamais plus pouvoir nager. Elle regardait toujours le sol sans bouger. Les mains de son amie entouraient les siennes mais plus rien ne comptait pour Aliénor. La jeune fille avait rouvert une plaie profonde et elle avait beaucoup de mal à passer au-dessus.

Zoé lui proposa son aide, mais il était bien trop tôt, et malgré cette après-midi passée ensemble, Aliénor ne se sentait pas de partager ce moment. Elle était effrayée à l’idée d’échouer, de paniquer de nouveau et de blaiser quelqu’un.
Elle releva doucement la tête et voyant le soleil se coucher, elle soupira un grand coup, comme pour se vider de tout ce qu’elle avait en elle.

-Je suis désolée, je ne voulais pas te rendre triste.


C’est du passé et la jeune fille se doit d’aller de l’avant et d’avancer dans sa vie. Mais pour cela, elle doit affronter cette peur. Mais pas aujourd’hui, il est trop tôt, elle n’est pas prête.

Elle observait le coucher de soleil, ces couleurs magnifiques, l’orange, le rose et le bleu se mêlaient à la perfection. Cette soudaine beauté contrastait avec la tristesse dans le cœur d’Aliénor.
Elle se retourna vers son amie et esquissa un léger sourire.

-J’ai été ravie de te rencontrer Zoé de Gryffondor. Merci de ton écoute mais j’ai besoin de me retrouver seule.

Aliénor ne voulait pas dévoiler toutes ces faiblesses devant son amie, la tête basse elle s’éloigna d’elle, tout de même très heureuse de cette rencontre.