Mucheng sortait de son premier cours de sortilèges avec le professeur Keith. Depuis que la jeune sorcière avait reçu sa lettre qui lui disait que qu'elle était acceptée à Poudlard, le cours de sortilèges avait été un des cours dans lesquels elle avait le plus envie d'aller.

Mais voilà tout; malgré son habilité à bien manier la baguette, et sa détermination à bien faire, il y avait un hic : elle avait de gros problèmes de prononciation. Si bien que, à chaque fois qu'elle tentait de lancer un sortilège, le plus inoffensif soit-il, d'horribles (et surtout, de très humiliantes) choses se passaient.

Mucheng était donc partie à la hâte de ce premier cours désastreux, courant dans les couloirs puis dans les escaliers à la recherche d'air frais, car la jeune Gryffondor était sur le point de pleurer toutes les larmes de son corps à cause de la pression accumulée durant le-dit cours. Trouvant enfin une porte de sortie, elle courut jusqu'au Parc, dans un coin isolé afin de pouvoir être tranquille un instant.

Après s'être assise contre un arbre un instant, la jeune sorcière se reprit rapidement. C'était une chance pour elle d'être ici, à Poudlard, et elle allait donc tout faire pour être l'élève modèle que ses parents voulaient qu'elle soit.

Mucheng se releva donc, ouvrit son livre à la bonne page tout en le jetant au sol, puis saisit sa baguette. Le sortilège qui lui donnait tant de fil à retordre n'était autre que Wingardium Leviosa.

- Ça ne doit pas être si dur que ça, après tout, annonça la sorcière avec un léger enthousiasme.

Sa baguette en main, elle relisait minutieusement les indications liées au sort, avant de tenter sa chance.

- Wingardium Leviosa!

Un léger éclair s'échappa de sa baguette, la surprenant et la faisant lâcher la-dite baguette.
Elle soupira, longuement, avant de reprendre sa baguette et de retenter sa chance, confiante.

Sans succès. Cette fois-ci, une espèce de fumée avait commencé à émaner de sa baguette.

- À ce rythme là, je vais inventer des sorts avant d'avoir réussi à un exécuter un, dit la Gryffondor en soufflant tristement.

Ayant décidé de ne pas encore provoquer d'accident, elle s'assit au sol en déposant sa baguette à côté d'elle, et elle mit le livre sur ses genoux. Elle allait répéter ce sortilège jusqu'à ce qu'elle arrive à le prononcer parfaitement, même si cela devait lui prendre des heures.

Assise contre l'arbre, elle continuait sans relâche à répéter l'incantation -ce qui commencer à l'énerver- sans réussir à la prononcer convenablement.

La fin du cours était interminable. Les minutes s'égrainaient, monotones, au son des "Wingardium Leviosa" des premières années Gryffondors. Aishani s'était surpris par deux reprises à somnoler durant la phase de pratique, bercée par les mouvements lents et rythmés de la plume devant elle. En même temps, une plume : Il y avait mieux comme objet à faire léviter. La Gryffondor avait regardé en ricanant l'un de ses camarades s'amuser à faire léviter les livres d'une des élèves devant elle, mais il s'était très vite fait repérer, ce qui avait calmé les ardeurs de l'indienne à faire de même.

Elle avait donc fait voler sa plume, à droite, à gauche, à l'envers, sur le visage de ses collègues, jusqu'à ce que celle ci retombe, et qu'Aishani ne s'endorme définitivement. A la fin du cours, elle fut la première dehors. Ce n'était pas vraiment la faute du cours, de la professeur ou d'autres. Mais Aichani avait fait sa scolarité dans une école de seconde zone, et les cours y étaient autrement plus animés. Ici, on se barbait. Les profs étaient stricts, les élèves silencieux et obéissants. La jeune indienne s'ennuyait.

Elle sortit de la salle en baillant, juste sous le nez d'un des tableaux du couloir, qui n'eut que le temps de se protéger de ses mains devant le très irrespectueux spectacle des gencives de la Gryffondor. Apathique, la jeune indienne imaginait déjà le calvaire de l'heure d'étude qui allait suivre, et se voyait déjà trouver un coin de pelouse dans le parc pour faire une sieste méritée.

Ce fut à cet instant qu'une forme vaguement humanoïde la poussa légéremment par derrière, la faisant avancer d'un pas. Une élève plus pressée que la moyenne venait de se frayer un chemin et se déplaçait avec vigueur vers l'escalier, ses deux nattes noires comme du jais battant rageusement sur son crâne. Il y avait de la colère dans sa démarche, poings serrés et pas saccadés, quelque chose de particulièrement inattendu. Un fin sourire s'éveilla sur le visage de l'indienne. Elle avait trouvé quelque chose à faire.

Elle fila vers l'escalier, discernant les deux nattes disparaissant d'un étage. Aishani descendit à son tour, agile et silencieuse, telle un chat suivant sa proie. De coins en coins, d'étages en couloirs, elle suivi sa camarade, jusqu'à la porte du chateau donnant sur le parc. Aishani se retrouva soudain bloquée par un groupe d'années supérieures discutant de futures buses. La fine première année passa sans ménagement à l'intérieur du groupe, se retournant quelques secondes pour échanger une volée de mots bien sentis et un geste particulièrement grossier.

Cela suffit pour qu'elle perde la trace de sa camarade. Alors que les années supérieures disparaissaient à la recherche de leurs buses, Aishani scruta le parc à la recherche d'une piste quelconque. Elle décida de suivre la direction vague que la Gryffondor avait du prendre, espérant la retrouver. Ses pas l'amenèrent à suivre le haut mur d'enceinte, hors des sentiers battus.

"Wingardium Leviosa !"

Avait elle de la chance ? La jeune fille suivi la voix, se rapprochant d'un coin de muraille. Oui ! Assise au pied d'un arbre, elle retrouvait sa camarade aux deux nattes noires. Cachée par le coin de mur, l'indienne pû la regarder plus en détail. Elle l'avait vue plusieurs fois à la salle commune. Machin, Mucheng, ou un truc du genre. Une chinoise, étrangère comme elle dans cet endroit rempli de bons petits anglophones. Mais que faisait elle donc ? Non... Tout sauf ça ?..

"Wingardium Leviosa !"

L'indienne réprima une envie de se cogner la tête contre le mur. Mucheng s'entrainait, reprenant le cours précédent. Mais personne dans cette école n'avait donc une vie ?! Cette chasse se révélait bien infructueuse si sa proie n'était qu'une n-ième élève studieuse !.. En soupirant, elle se décida à faire demi tour, il y aurait suffisamment d'autres sources d'intêret dans le parc...

"Wingardium Leviosa !"

Aishani s'arrêta. Quelque chose n'allait pas. Elle entendait de la colère dans cette voix. Revenant à sa cachette, elle écouta d'avantage. Hum, non non, ce n'était pas ça. Wingardion Levioza, ça ne marchera pas, inutile de le répeter avec des O différents... Oh, elle venait de comprendre. Oh, mince alors...

La jeune indienne se mordit la lèvre, indécise. Elle resta encore quelques secondes à pondérer son action avant que son corps et sa morale ne vienne prendre la décision à sa place. Elle s'avança, presque surprise par elle même et sa décision. Alors qu'elle approchait de Mucheng, la jeune indienne réfléchit à son introduction. Amicale ? Enthousiaste ? Méprisante ? Ironique ? Hum... Essayons quelque chose comme ça.

Elle leva la main, en signe d'amitié timide.

"Hey ! Salut ! Désolée de te déranger... Toi aussi tu n'as rien compris au cours ?"

La jeune indienne souriait avec sincérité et une pointe de gêne, ce qui était exactement ce qu'elle ressentait à ce moment donné. S'approchant de quelques pas, elle poursuivi :

"Je cherchais un endroit pour m'entrainer lorsque je t'ai entendue. Si tu veux, on peut s'entraider ensemble pour trouver comment marche ce sortilège ? A deux, je suis certaine que ça nous motivera."

Un petit mensonge blanc n'avait jamais fait de mal à personne, non ?

Mucheng était encore en train de répéter inlassablement l'incantation apprise il y environ une heure, sans réussir à l'exécuter. Cela l'énervait profondément. D'habitude, elle réussissait toujours tout à peu près bien. Mais là, l'échec total. La risée de sa vie. Elle ne voulait même plus aller dans les cours où elle devrait avoir à parler.

Pendant qu'elle essayait tant bien que mal de prononcer les deux mots qui l'obsédaient depuis trop longtemps déjà, la jeune sorcière entendit quelqu'un marcher vers elle, et s'arrêter. C'en était trop pour Mucheng, elle ne voulait absolument pas que quelqu'un vienne lui adresser la parole. Elle recommença ce qu'elle faisait, en essayant de s'appliquer, mais ça ne donnait toujours rien. Elle sentit l'autre sorcière repartir, puis revenir. Elle se tenait maintenant face à elle.

Mucheng s'arrêta un instant, le visage rosi par l'énervement qu'elle subissait sur le moment.

L'inconnue leva sa main, amicalement. Mucheng était complètement perdue et perplexe. Pourquoi voudrait-on être amical avec quelqu'un qui ressemble plus à une névrosée qu'à un humain normalement constitué?

- Hey ! Salut ! Désolée de te déranger... Toi aussi tu n'as rien compris au cours ?

Mucheng laissa échapper un soupir, puis releva la tête rapidement en sentant l'inconnue se rapprocher un peu. La jeune fille avait l'air gentille, même si ce qu'elle disait sonnait comme de la pitié. Mucheng la regardait, étrangement surprise, cherchant quelque chose à dire.

- Je cherchais un endroit pour m’entraîner lorsque je t'ai entendue. Si tu veux, on peut s'entraîder ensemble pour trouver comment marche ce sortilège ? A deux, je suis certaine que ça nous motivera.

La jeune sorcière sourit légèrement en soulevant quelques mèches de sa frange qui commencer à adhérer sur son front.

- Je pensais avoir compris le cours en fait, mais je... Enfin...

Mucheng ne voulait pas vraiment avouer qu'elle n'arriver pas à prononcer le sortilège, ce qui la faisait bégayer un peu.

- Sinon tu t'appelles Aishani je crois? Moi c'est Mucheng, au cas où. Sinon, oui, j'aimerais bien qu'on s'entraîne ensemble. Si ça ne te dérange pas...

La jeune sorcière avait une manière assez formelle de se présenter, qui pouvait refroidir les gens même si elle faisait de son mieux.

Les traits aimables de la jeune indienne se crispèrent en un sourire gêné sous le regard inquisiteur de la jeune chinoise. Elle l'avait percée à jour immédiatement, comme elle pouvait s'en douter. Oui, il y avait une part de pitié dans son action. Mais la frontière entre pitié et compassion est souvent trop floue pour qu'on puisse réellement distinguer où finit la première pour laisser place à la seconde.

Aishani resta silencieuse, indécise sur comment infléchir la discussion hors de cet instant. A son grand soulagement, l'expression courroucée de Mucheng se mua en un fin sourire. Elle lui répondit courtoisement, avec un formalisme qui fit résonner la mémoire de l'indienne.

Oh ! Elle savait comment répondre à cela !

Devant Mucheng, l'indienne posa son sac, avant de joindre ses mains paumes à paumes. Droite, et regardant la chinoise dans les yeux, elle s'inclina très légèrement, tournant ses doigts alignés vers le front de sa camarade :

"Je suis Aishani oui. Bole so nihal, sat srri Akaal, Mucheng."

Ses yeux vérifièrent l'expression de la chinoise, à la recherche d'incompréhension. Le formalisme était différent, mais la racine commune. Aishani, avec sa culture religieuse, comprenait le principe d'un salut formel et espérait que Mucheng ressente le respect attaché à son geste. Elles étaient pareil, deux étrangères dans ce monde étrange, partageant une même culture rigide. Et puis cela avait refait sortir l'accent fleuri et roucoulant de sa famille, un autre sous entendu gentil, qu'elle espérait que la chinoise comprendrait. Aishani comprenait son problème, sans avoir l'indécence de le pointer.

Aishani profita du silence pour s'asseoir, les jambes croisées sous elle en lotus, attrapant ses pieds par excitation :

"J'avoue, je me suis un peu endormie durant le cours... Je ne suis pas vraiment habituée à des explications aussi... ennuyeuse..."

Elle sortit sa baguette de son sac à ses côtés. Voyant encore l'objet comme un outil, elle n'avait pas pris l'habitude de la porter avec elle en toute circonstances. La sortant délicatement de sa boite, elle mima le mouvement du sort.

"Cela te dérange si je suis tes mouvements pour commencer ?"

L'inflexion de la voix de l'indienne était définitivement anglaise. Ceci étant, il y avait des touches de voyelles aux intonations fleuries et des consonnes plus rondes que la normale. Inconsciemment, Aishani avait repris un léger accent familial.