Kirsty vit immédiatement que Gabryel avait envie d'aller dans la Forêt. Elle voyait tout le temps quand les gens avaient envie de prendre des risques, elle le lisait sur leur visage. Ou alors, elle confondait sa propre envie avec celle des autres. La blondinette sourit devant l'enthousiasme du premier année. A cet instant, elle s'identifia à lui. Quand elle était nouvelle, comme lui, et que malgré l'interdiction, elle avait eut envie d'aller dans la Forêt Interdite. Ou du moins, de la survoler... Mais tout ça c'était très mal fini. Très, très mal. Cette mini excursion en balai lui avait laisser une cicatrice qui lui barrait le dos et une envie de fuir chaque fois qu'elle voyait un livre. Rien qu'a ce souvenir, la fillette frissonna.
Mais elle n'allait pas se laisser dominée par ses souvenirs, les plus désagréables soient-ils. Elle avait très envie d'y retourner, dans cette satanées forêt. Et surtout, si elle refusait, Gabryel la prendrait pour une lâche et une peureuse, et c'était hors de question. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, le garçon lui dit qu'il vaudrait mieux s'en approcher, mais ne pas y rentrer. Kirsty lui en fut profondément reconnaissante. Elle lui sourit encore plus, avant de déclarer :
- Bon, bah approchons-nous, alors...
La blondinette accompagna le geste à la parole et commença a avancer vers la Forêt. Marcher la réchauffa un peu, même si le vent la glaçait et que ses bottes laissaient entrer l'humidité. Kirsty jeta un coup d'oeil à la Forêt. Grande, sinistre, il y avait pleins d'arbres gris sans feuilles qui se balançaient dans le ciel triste. On entendait que le bruit de pas dans la neige des deux amis, et le bruissement du vent dans les branches. Parfois, un cri sinistre retentissait, faisant sursauter la fillette. De quelle bête pouvait-il provenir ? se demandait-elle.
Enfin, ils arrivèrent à la lisière de la forêt, et Kirsty ressentit un frisson d'excitation mêlé à de l'angoisse. Après la frontière entre la forêt et le parc, les ténèbres régnaient, et on distinguait à peine les buissons. Kirsty papillonna des yeux dans l'espoir que son souvenir la quitte.

Un épais brouillard s’étallait depuis la lisière au point qu’il était impossible d’apercevoir quoi que ce soit à plus de trois ou quatre mètres. Les feuilles sur les branches, froissées par le vent, couvraient le silence inquiétant qui régnait alors que les deux enfants tentaient d’entrevoir au delà des arbres le moindre mouvement suspect.



Gabryel ne s’était encore jamais aventuré si près de la forêt. D’une part, l’occasion ne s’était jamais présentée, et le jeune Gryffon, même s’il adorait l’aventure, n’était pas du genre à mettre sa vie en péril. Se ballader la nuit dans les couloirs, ou dépasser l’heure autorisée du coucher étaient une chose, se confronter aux pires créatures que portait le monde de la magie en était une autre.
Kirsty semblait absorbée par ses pensées. Gabryel ne savait pas si son excitation de se trouver au plus près du danger surpassait son angoisse. Il savait que la jeune fille vibrait face aux situations les plus extrêmes.

Il gardait en mémoire leur première rencontre durant laquelle elle lui avait contée son escalade de la Tour Eiffel à l’aide d’un harnais, avec l’un de ses amis lors d’une visite à Paris.
Ce jour là, il comprit que la jeune élève n’était pas comme les autres, que l’adrénaline devait être pour elle un moteur qui la faisait se sentir vivante, il admirait particulièrement ce trait de caractère.

Il sentit Kirsty sursauter alors qu’un cri strident résonna à leurs oreilles. Une chauve souris survaula leurs têtes, les frolant à quelques centimètres à peine. Gabryel eut à peine le temps de poser la main dans le dos de la demoiselle afin qu’elle se baisse. L’animal fit quelques tours au deussus d’eux puis disparut dans l’ombre du bois.
Il ne sut pourquoi, mais il eut soudain le sentiment d’être observé. Il ne parvenait pas à expliquer cette sensation. Il avait l’impression que des yeux les scrutaient. Il se demanda si Kirsty partageait cette intuition.

- Gabryel : « Est-ce que tu ressens la même chose que moi... ? »

Kirsty se rendit soudain compte que le bruit qui lui avait fait peur il y avait quelques minutes, n'étaient qu'en réalité qu'une pauvre chauve souris apeurée par leur bruit, qui c'était envolée par dessus leur têtes. Gabryel posa une main sur l'épaule de la blondinette pour qu'elle se baisse, mais la fillette n'eut pas le temps et se prit la chauve souris dans la nuque en grognant. La pauvre bestiole poussa un nouveau cri effrayé, en même temps que celui de la petite fille. La chauve souris s'envola vers la Forêt et disparut dans un battement d'ailes dans le brouillard compact. Kirsty se frotta la nuque car l'animal lui avait fait mal. Mais ne voulant pas passer pour une douillette, elle ne grimaça pas et passa à autre chose.
Elle allait ouvrir la bouche pour parler, mais eut une soudaine impression. C'était étrange, car tout d'un coup, elle se tendit sans le vouloir. Elle tourna sa tête de tout les côtés. Elle avait l'impression d'être observée, mais pas d'où ni de qui. Ses yeux retournèrent vers la Forêt Interdite et elle scruta le brouillard, comme si derrière ce voile gris, se cachait la réponse à sa question. Mais elle ne voyait rien. Elle était tellement dans ses pensées qu'elle sursauta quand Gabryel demanda quelque chose. Il avait l'air de ressentir la même chose qu'elle. Kirsty ouvrit la bouche pour dire :
- Oui... j'suis sûre, y'a une bestiole dans la Forêt.
La jeune fille frissonna en pensant à sa dernière rencontre d'un animal de la forêt. C'était cette année, en prenant les diligences pour aller à Poudlard, le premier décembre. C'était une sorte de cheval noir et squelettique qui l'avait terrifiée. Après, elle avait des recherches dessus, pour vérifier qu'elle avait bien toute sa tete, et avait découvert qu'elle voyait les Sombrals, des animaux peu recommandables et très effrayants. Seuls ceux ayant vu la mort pouvait les voir. C'étaient eux qui tiraient les diligences. Kirsty était une des seule des élèves à les voir, car les autres passaient devant eux avec indifférence. Elle avait aussi découvert qu'elle les voyait car elle avait vu sa grand-mère mourir jusque devant elle, l'année précédente.
Kirsty murmura :
- C'est surement ou un Centaure, ou une Licorne ou... - elle hésita - Ou un Sombral...
Peut être que Gabryel voyait-il ces étranges bêtes, lui aussi ?

La dernière phrase de la demoiselle piqua au vif la curiosité du jeune Gryffon, sans pour autant le rassurer quant à la probable créature qu’il ressentait tapie dans l’ombre.

- Gabryel : « Tu arrives à vvvvoir les sombrals ? »

Le rouge et or savait que seuls les individus ayant vu la mort de très près pouvaient les apercevoir. Si Kirsty craignait que l’un d’eux ne se tienne à proximité, cela ne pouvait être le fruit du hasard. Pour craindre de tomber nez à nez avec cette bestiole, cela signifiait forcément qu’ils étaient visibles pour elle.
Gabryel aurait temps aimé savoir à quoi ils ressemblaient vraiment. On parlait de chevaux ailés, sombres comme la nuit, aux yeux brillants comme des étoiles, et au flanc squelettique. Leurs ailes s’apparentaient disait-on à celles des chauves-souris.
On reprochait à ces créatures de porter malheur, mais cette rumeur était démentie par nombreux grimoires lus à la bibliothèque par le jeune apprenti sorcier.

À ce moment, Kirsty ne semblait pas aussi effrayée que tout autre enfant l’eut été en pareille circonstance. Son regard curieux tentait de deviner au-delà des arbres ce qui pouvait bien se cacher et les observer. Gabryel pensa que peu de choses devait impressionner cette « aventurière ». C’est ainsi qu’il la voyait, ce qui la rendait étonnante à ses yeux.

Kirsty se mordit la lèvre inférieure. Gabryel ne devait pas voir les Sombrals, d'après sa réaction. Encore une fois, elle aurait dût se taire, mais elle avait parler. Que dire au garçon, maintenant ? Elle ne voulait pas prononcer la phrase qu'elle devrait prononcer, qui était pourtant simple : "Oui, je vois les Sombrals". Elle avait honte de ça, car presque personne ne voyait ces grands chevaux noirs. Mais elle, si, ce qui accentuait sa bizarrerie. Elle avait essayé de cacher ce "don" à tout le monde, même à elle-même. Elisabeth, Hugo, ses parents, et même Aliénor avec qui elle avait découvert qu'elle voyait des animaux étranges ne savaient pas qu'elle pouvait voir les Sombrals. Maintenant, elle venait de se trahir bêtement.

La blondinette soupira, hésitante. Gabryel savait, elle pouvait pas le nier. Elle mit du temps avant de répondre, et quand elle parla, un halo de buée sortit de sa bouche et s'évapora rapidement. Elle murmura :

- Tu le dis à personne, hein ? J'ai un peu honte, mais oui...

Elle en avait honte, car elle savait que voir les Sombrals voulait dire qu'elle avait vu la mort, et ça, elle ne l'assumerait jamais... Chaque fois qu'elle voyait ces chevaux sombres et ailés, une vague de souvenirs la submergeait. Sa grand mère dans un lit blanc de l'hôpital... les aveux de cette vieillarde... la honte et le dégoût sur le visage de sa grand-mère... la tristesse sur le visage de son père lorsqu'il avait vu sa mère, allongée, morte... Toutes ces images plus douloureuses les unes que les autres la blessaient chaque fois qu'elle les revoyait, et qui tournaient en boucle dans sa tête au point de la faire exploser. Si Kirsty avait un point faible, c'était bien ça : la mort de sa grand-mère. Et dire que c'était à cause de ça qu'elle voyait ces foutus chevaux invisibles aux yeux des gens normaux !

Le regard de la fillette se fit plus dur, plus sombre, et elle ne jeta même pas un regard à Garbryel, l'ayant totalement oublié. Perdue dans ses pensées, elle fixait un point dans la Forêt, quand elle vit une silhouette sombre, derrière le rideau de brume. La silhouette, ou plutôt l'ombre, disparut aussi vite qu'elle étai arrivée, ce qui n'avait pas empêchée la blondinette de sursauter de frayeur. elle était presque sure d'avoir vu un Sombral.

J'ai changé mon format d'écriture, si ça te dérange tu me dis...

Ainsi, elle voyait les sombrals...

Cet aveu provoqua chez le gryffon une excitation soudaine. Il aurait aimé lui poser mille questions mais le moment eut été mal choisi.
Un craquement retentit, Kirsty sursauta. Puis le silence s’installa de nouveau, rendant l’atmosphère davantage lugubre. Devant eux, la pâleur du jour déclinant et le gris du ciel accentuaient l’ombre des arbres, devinés au-delà des hautes herbes.

- Gabryel : « Je pppense qu’on ne verra rien de plus ce soir Kirsty... »

La jeune fille semblait absente, absorbée par ses pensées. Avec précaution, le jeune appenti sorcier mit sa main sur son épaule et l’attira vers le chemin le plus proche afin de quitter leur poste d’observation.
Alors qu’ils avançaient en direction du parc, Gabryel tourna la tête vers Kyrstie :

- Gabryel : « C’est pppromis, je ne dirai rien à personne. Mais dis-moi... (hésitation) A quoi ils ressemblent... Je vvvveux dire... les sombrals ? »

Il avait hésité à l’interroger sur le sujet, mais ne put résister à formuler sa question. Il ne s’agissait pas de savoir pourquoi elle parvenait à les apercevoir, cela ne le regardait pas et il n’était pas question de rentrer dans son intimité. Mais ces animaux fascinaient le Gryffondor. Il avait lu de nombreux livres sur le sujet, souvent illustrés d’images les représentant osseux et sombres. Leur sujet le captivait. Ils évoluaient dans une dimension qui ne lui étaient pas accessibles, seuls certaines personnes avaient la capacité de les distinguer, et kirsty en faisait partie.

Cette fille n’était vraiment pas comme les autres.

Kirsty, perdue dans ses pensées, les yeux dans le vague, n'écoutait plus Gabryel. Elle revoyait avec précision chaque instants passés dans cette salle d'hôpital étouffante, où sa grand-mère, sur son lit de mort, lui avait avouer qu'elle avait tuer son mari. La blondinette grimaça en entendant résonner dans son cerveau la voix de la vieillarde, chaque mots faisaient saigner un peu plus la plaie ouverte dans son coeur. La vision de Betty Rosart-Panglewood la dégoûta, avec toutes ces rides, ces cheveux blancs, ces yeux d'un bleus transperçant ressemblant tellement aux siens... Et dire qu'elle avait une assassinée, une tueuse dans sa famille, et qu'elle lui ressemblait ! Kirsty retint les larmes qui lui montaient aux yeux.

Gabryel la sortit de ses songes en lui tapotant l'épaule et en l'entrainant sur un chemin qui remontait en pente douce vers le château. Kirsty tourna sa tête vers le garçon et elle dit sur le ton de l'excuse :

- Désolée, j'étais un peu dans la Lune... Je pensais à... un truc...

La blondinette tenta de se fabriquer un sourire, qui ressemblait plus à une grimace qu'a autre chose. Puis elle abandonna et se contenta se marcher, la tête penchée vers le sol. La neige craquait à chacun de ses pas, car personne n'avait encore marcher dessus. La fillette mit du temps avant de répondre à la question de Gabryel, tentant de se rappeler de la tête des étranges chevaux noirs. Penchant légèrement la tête sur le côté, elle ferma les yeux et le souvenir des Sombrals lui revint. Malheureusement, elle ne se souvenait pas de tous les détails, car il faisait nuit quand elle en avait vu un. Elle murmura, toujours les yeux fermés :

- Je voyais pas bien, hein... C'était la nuit. En fait, ça ressemble à un cheval, en lus gros. C'est tout noir, et c'est squelettique. On voit ses os. Il a des ailes. Et ça fait peur.

L’éclat du jour commençait à perdre de sa superbe lorsque les deux Gryffons arrivèrent à hauteur du parc. Des bourrasques de vent glacial frappaient leur visage comme des lames de rasoir.

- Gabryel : « J’ai du mmmmal à croire que quoi que ce soit te fasse peur Kirsty... »

Depuis leur première rencontre, Gabryel plaçait Kirsty à part des autres jeunes filles de Poudlard. Il l’imaginait dans la jungle africaine, repoussant d’un coup de fouet une meute de lions, ou au fond des lagons tropicaux faisant fuir les requins à l’aide d’un simple couteau. Elle serait surement capable de se sortir des situations les plus critiques telle une aventurière de romans.
Pourtant, il surprenait parfois la tristesse de son regard, elle semblait alors aussi fragile qu’un papillon de nuit. Cette contradiction la rendait fascinante aux yeux du petit Écossais.

- Gabryel : « En tout cas, moi je ttttrouve que voir les sombrals te rend exceptionnelle. Tu ne devrais pas en avoir honte, bien au ccccontraire. Mais je te promets de ne pas en parler » 

Ils arrivèrent devant la grande porte de l’école.
Gabryel se tourna vers la demoiselle, passa nerveusement sa main dans sa tignasse, se gratta le nez puis baissa son regard sur ses chaussures :

- Gabryel : « Si ça te dit... Enfin, si t’as envie... Mais c’est ppppas obligé, j’veux dire, si tu veux... On peut retourner se promener un de ces quatre...? »

Fin de RP pour Gab. Merci « l’aventurière » !

A la phrase de Gabryel, Kirsty se sentit rougir. Rentrant sa tête dans son cou, elle tenta de se cacher avec ses longs cheveux, en vain. Elle détestait qu'on lui fasse des compliments, surtout comme ceux-là. Gabryel pensait qu'elle n'avait peur de rien, qu'elle était réellement la fille casse-cou et insolente qu'elle montrait. Elle aurait voulut li avouer que son courage n'était qu'une couverture, une coquille, un rempart pour la protéger du monde extérieur, bien trop cruel pour sa véritable personnalité. Elle faisait semblant d'être cette fille sans peur et sans lois, pour impressionner les autres, pour jouer à la rebelle. Quand elle essayait de persuader les autres de cette personnalité qui n'était pas la sienne, elle essayait aussi de s'en convaincre.

- Gabryel, tu sais, tout le monde à peur de quelque chose.

Elle accompagna cette phrase d'un coup d'oeil intense comme elle seule savait faire. La blondinette enroula une mèche dorée autour de son index, quand le Premier Année lui dit que voir les Sombrals la rendaient exceptionnelle. Là, elle ne dit rien, pensive. Se mordillant la lèvre inférieure, elle était perdue dans ses pensées. Son camarade lui disait qu'il ne fallait pas avoir honte de voir les Sombrals. Mais savait-il ce que ça signifiait, au moins ? Kirsty murmura :

- Tu sais que voir les Sombrals, ça veut dire avoir vu la mort ? C'est horrible !

La fillette aurait voulut dire qu'elle se serait bien passé de voir quelqu'un mourir, surtout un membre de sa famille. En plus, voir ces cheveux noirs effrayants était maudit, chez les sorciers, car on les associait à la mort.

Les deux enfants arrivèrent devant les grandes portes de Poudlard. Kirsty marqua un arrêt, ne voulant pas y rentrer. Elle ne voulait pas retourner dans sa Salle Commune. Mais Gabryel lui posa une question que la blondinette n'aurait jamais osé posé : si elle voulait retourner se promener avec lui. La blondinette eut un sourire doux (et véritable pour une fois) et dit :

- J'en serais ravie !

Puis la fillette salua son ami et rentra dans le bâtiment. Elle lâcha sa mèche dorée et regagna sa Salle Commune.

Fin du RP pour moi, j'ai été ravie de le partager. A bientôt pour de nouvelles aventures avec nos deux amis !