Sybille Luneau s'en alla finalement, non sans une pointe de chagrin dans le regard. Celui d'Aude, par ailleurs, était tremblant de peur, alors qu'elle regardait tour à tour les professeurs de Poudlard. Il y eut d'abord un silence, lourd, pesant, puis elle baissa la tête, comme honteuse. Elle était probablement tétanisée et Wilhelm eut un regard désolé, quoiqu'elle ne pouvait pas le voir. C'est à ce moment-là que le fantôme de Rusard annonça que le Ministre français attendait aux portes de l'école, accompagné d'une quarantaine de sorciers, probablement ses aurors.

Les yeux acier du Directeur des Poufsouffle s'agrandirent : c'était en effet une chose extrêmement fâcheuse qui se produisait. La situation risquait d'être encore plus compliquée que prévue si cette mini-armée, car c'en était une, se décidait à entrer de force si on n'obtempérait pas. La Directrice des Serdaigle lança une proposition qui n'était pas tout à fait mauvaise, mais il se demandait s'il était le seul – probablement pas, Kristen connaissait certainement aussi bien que lui les règles diplomatiques sorcières – à se rendre compte du point de danger dans lequel se trouvaient les relations internationales. Il avança machinalement d'un pas et prit la parole.

— Une fâcheuse posture, en effet. C'est de l'ingérence pure et dure que pratique le Ministre français ; des guerres se sont déclenchées pour moins que ça...

Il continua après avoir posé un instant son regard sur Aude Luneau.

» Dans tous les cas, je suis d'accord avec vous, Amy. Il faudra quelqu'un pour vous accompagner, professeur Loewy, si vous acceptez de le rencontrer. Et quelqu'un pour garder l'école. Merlin sait à quoi Ricoter est prêt...

Il avait lâché cette dernière phrase dans un souffle, véritablement inquiet de la suite des événements...

Kristen souffre du regard que lui adresse Aude mais fait de son mieux pour ne rien laisser paraître. Lorsque le fantôme de Rusard revient et annonce la nouvelle de l'arrivée du Ministre français et de nombreux sorciers l'accompagnant, Kristen se sent pâlir. Elle ne les attendait pas si tôt. Elle jette un bref coup d'œil à ses collègues. Elle écoute la proposition d'Amy et réfléchit à toute vitesse mais elle tarde à trouver une solution sans potentielle faille. Finalement, elle dit :

« Wilhelm, rattrapez d'abord Mademoiselle Luneau et dites-lui de se rendre au lieu de notre premier entraînement. »

A l'attention de tous ses collègues, cette fois, elle ajoute :

« Je ne vous imposerai pas une entrevue avec une personnalité politique, mais si vous tenez à m’accompagner, je ne vous en empêcherais pas. »

Puis, sans lui demander son avis, Kristen attrape la main d'Aude et dit, toujours à l'adresse des autres professeurs :

« Attendez quelques minutes, cependant, avant de me rejoindre. »

Elle transplane, entraînant Aude avec elle, jusqu'au couloir de la salle sur demande.

« Je suis désolée. Je ne pensais pas qu'ils arriveraient si vite. J'ai pensé qu'il serait préférable d'annoncer votre départ prochain devant quelques témoins, afin de m’assurer que... »

Elle se perd dans ses explications et soupire, lasse d'elle-même. Elle n'a de toute façon pas le temps de s’expliquer davantage, alors elle se contente de dire :

« J’espère que vous pourrez pardonner ces paroles. Vous comprenez bien qu’elles n’avaient aucun sens réel pour moi. »

Elle soupire encore, se trouvant de plus en plus ridicule à chaque mot prononcé. Puis, elle se concentre et fait quelques pas devant le mur. La porte de la salle sur demande apparaît alors.

« Accepterez-vous que je vous abandonne ici le temps de me débarrasser de ces nuisibles ? Cette salle est la meilleure protection dont Poudlard dispose. Sybille devrait vous y retrouver bientôt. »

Les événements s'enchaînent à une vitesse folle et Meilla avait vraiment l'impression de manquer d'expérience quant à ce qui se déroulait. Depuis qu'elle était à Poudlard, ils avaient connus des crises, mais elle n'avait jamais été de ce côté. Elle resta donc d'abord passive à attendre de voir ce qui se passait.
Amy proposa de se diviser en deux groupes, un pour accompagner Kristen à la rencontre du ministre de la magie et un pour rester avec Aude, mais cela parut légèrement compromis lorsque les deux femmes transplanèrent quelque part dans un endroit inconnu. Wilhem était parti chercher Sybille pour l'accompagner probablement dans cet endroit. Ne restait donc plus que les six professeurs dans la grande salle.

"Ne faudrait-il pas prévenir notre ministre? S'ils sont 40 dehors, on ne pourra pas faire grand chose..."

Pas que Meilla n'ait pas confiance en la diplomatie de Kristen, mais elle ne connaissait pas les véritables intentions du ministre français et qui sait ce qui pouvait arriver...

Tout se déroula rapidement. L'annonce de Rusard ne fit qu'augmenter l'inquiétude d'Isabel, mais également son agacement. De quel droit ce Ministre venait-il directement frapper à la porte de l'école ? S'il était à la recherche d'Aude qu'il soupçonnait de meurtre mais que celle-ci se trouvait sur un autre territoire que le sien, ne devait-il pas d'abord prévenir les autorités britanniques ? Auquel cas nul doute que le ministre Stoyanov aurait prévenu Kristen.
Alors que Kristen transplanait avec Aude sans plus de détails - ce qui était devenu une habitude chez elle -, Isabel resta un instant silencieuse. Si Aude était réellement innocente, pourquoi donc chercher à la cacher - car nul doute que c'était là ce qu'avait fait Kristen -? Isabel n'espérait qu'une chose : que les actes de la Directrice de Poudlard ne mettrait pas en péril leur école.
Après une longue inspiration, Isabel se tourna vers le reste de ses collègues et écouta Meilla.

"Il n'y a aucune raison pour que cette entrevue tourne mal. Ricotet s'autorise peut-être quelques extravagances, mais je ne pense pas qu'il soit idiot à ce point. Néanmoins, le plus important reste de garder un œil sur nos élèves et de ne pas tenter le diable. Nous pourrons toujours prévenir M. Stoyanov par patronus si ...", explique Isabel en laissant sa phrase en suspens.

Avant que Wilhelm ne quitte la salle pour porter son message à Sybille, elle ajoute à l'adresse de tous les professeurs.

"Les Directeurs de Maison, rejoignez vos élèves. Je pense qu'il est important de ne pas les laisser colporter des rumeurs trop longtemps en leur expliquant ce qu'il se passe. Mais ne parlez pas de cette histoire de meurtre devant eux s'il vous plait. Pas tant que les choses ne seront pas claires.

Meilla et Nicholas, assurez-vous que rien ne cloche dans le château, ou qu'aucun élève n'ait tenté de sortir de sa salle, sait-on jamais. Je passerai par vous deux si jamais il se passe quelque chose."

Après un regard à chacun pour s'assurer que le message était passé, Isabel sortit de la salle afin de rejoindre l'entrée du domaine où était censé attendre Ricotet et sa troupe. Bénéficiant d'un accès illimité au transplanage à Poudlard, Kristen arriverait probablement avant elle.

L'annonce de Rusard semble pétrifier Octavia, qui ne pensait pas que le Ricoter ferait si vite le déplacement jusqu'à Poudlard pour retrouver Aude Luneau. L'enseignante est surtout frappée d'apprendre qu'une quarantaine de sorciers accompagnent le ministre français.

Tout s'enchaîne, et Octavia songe à accompagner sa directrice auprès de leurs invités surprises, mais les ordres d'Isabel bouleversent ses plans. Le professeur de Sortilèges ne songe pas une seconde à contredire sa sous-directrice.

« Très bien, répond-elle à Isabel en hochant la tête. »

Octavia prend la direction des cachots, décidée à rassurer ses élèves et à veiller à ce qu'aucun Serpentard ne quitte sa salle commune.

Une expression soucieuse se peignit sur le visage de Nicholas. Les nouvelles s'enchaînèrent avec une vitesse stupéfiante : Le ministre français à Poudlard ? Accompagné d'une quarantaine de sbires ? Etait-ce obligé de finir en bataille comme toujours ? Certains sorciers n'avaient donc toujours pas compris, avec des siècles, que la guerre ne réglait pas le conflit ? Il observa avec intensité l'endroit d'où Kristen et Aude Lunaeau avaient disparu par transplanage puis, il écouta les directives d'Isabel en silence. Alors que les directeurs de maisons étaient priés de se rendre vers leur salle commune, Nicholas jeta un coup d'oeil à Meilla et Isabel. Ils étaient les trois seuls professeurs sans responsabilité particulière. L'homme attendit les ordres avec patience. Lorsque la sous-directrice leur demanda de tourner dans les couloirs pour vérifier qu'aucun stupide ou intrépide élève ne s'était échappé de sa salle commune, il acquiesça gravement avant de sortir totalement sa baguette et de la prendre en main.

Puis, il franchit les deux larges portes de la Grande Salle avant de se retourner vers Meilla :

"Nous devrions nous séparer pour travailler plus efficacement. Je me propose pour prendre l'aile ouest du château ainsi que les différentes sorties vers le parc. Cependant si tu préfères cette partie, je peux m'occuper des tours et de l'aile est vers la bibliothèque, c'est comme tu le sens."

Lui laissant le droit de choisir, il jeta un coup d'oeil aux alentours, tentant de repérer quelque ombre mouvante.

La situation devenait de plus en plus complexe et tendue, mais Owen essayait de garder son calme. L'annonce de Rusard ne le rassura cependant pas vraiment. Il ignorait totalement comment tout cela allait se terminer mais il ne fallait pas non plus que toute cette histoire se termine dans un combat de baguettes à l'extérieur du château. Owen écouta tout ce qu'il s'était dit, et acquiesça au fur et à mesure. Il n'accompagnerait certainement pas miss Loewy, voir les personnalités politiques ou non n'était pas vraiment dans ses plans. Isabel, la sous directrice, demanda aux directeurs de maisons d'aller rassurer ses élèves et Owen approuva d'un signe de la main.

« Très bien, je m'en charge. Tâchez de résoudre cette situation pour le moins compliquée, je vous fais confiance. »

Puis, dans avec un léger signe de tête d'encouragement pour ses collègues restants, il imita Octavia et se dirigea vers l'avant dernier étage du château pour aller calmer les éventuelles rumeurs, craintes et autres émotions de ses élèves. Secrètement, Owen espérait que la situation ne s'envenime pas.

Kristen se donne du mieux qu’elle peut un air d’incompréhension, haussant un sourcil et fronçant l’autre.
« Bonsoir, Monsieur Ricoter, dit-elle en français. »
Elle penche la tête sur le côté pour mieux considérer sa suite, puis lui adresse un petit sourire. Entendant des pas derrière elle, elle se retourne et constate qu’Isabel est venue. *C’est tout ?* se demande-t-elle. Elle observe la sous-directrice de la tête aux pieds. Puis, elle se tourne à nouveau vers Simon Ricoter.
« J’imagine que l’enquête sur la disparition de Monsieur Legallet a bien avancé. Néanmoins, je ne crois pas avoir accueilli ici la moindre fugitive depuis au moins trois mois. »

Incertaine quant aux directives qu'elle avait pu donner, Isabel marchait néanmoins d'un pas ferme. Ramener trop de professeurs auprès du Ministre n'aurait fait que renforcer l'impression qu'ils étaient sur la défensive. Car si Isabel avait bien compris une chose face à l'attitude de Kristen, c'est qu'elle ne comptait pas livrer Aude. Ceci ce confirma lorsqu'en arrivant à leur hauteur, la jeune femme entendit Kristen nier les faits devant le ministre. La gorge serrée, Isabel ralentit sa marche, cherchant à ralentir les battements de son coeur. Car à présent une chose était certaine : à la moindre faille dans la plan de Kristen, l'école allait courir un grand danger.
La sous-Directrice se racla la gorge, détendit son visage et s'arrêta un peu en arrière de Kristen, saluant le ministre d'un signe de tête poli et sincère sans ajouter un mot.