Nouveau match, quatrième qu’elle faisait, et premier contre les Serdaigles.
Cette fois, Élicia jouait comme remplaçante batteuse, post qu’elle avait déjà eu l’occasion de pratiquer en match et qui ne l’embêtait donc pas, et gardienne, qu’elle aimait moins. Déjà que cogner les autres la mettait mal à l’aise, mais déstabiliser les adversaires...Mais c’était le jeu après tout, et les Ailes ne seraient pas gentils eux, alors pourquoi elle, elle le serait ? Juste le temps d’un match hein…

Il faisait plutôt bon, c’était la saison où elle préférait jouer. Pas de vent violent, pas de pluie, pas de neige...Non, juste le soleil, un ciel bleu où apparessait de temps en temps un ou deux nuages, et ça s’arrêtait là. Et une douce température, pas trop chaude, juste agréable.
La rousse n’avait qu’une envie, s’était de se jeter sur son balai, décoler, et aller virvolter là haut, où tout n’était que légereté et liberté. Où tout le poids des récents évenements quittaient ses épaules et où elle ne ressentait rien d’autre que les rayons du soleil sur sa peau pâle, la chaleur douce qu’ils lui procuraient, et le murmure du vent à ses oreilles, comme une belle mélodie, seule indice de sa vitesse. Un oiseau. Un oiseau aux plumes jaunes et noires, avec le chiffre 9 dans son dos, et en majuscule, son nom de famille. Et ses cheveux, balayés par le vent, brillaient à la lumière du soleil.

Mais non, la jeune fille devait rester sur le banc, à attendre que sa capitaine lui demande de la remplacer elle ou Alienor, dont elle était la remplaçante.
Elle retint sa réspiration par réflexe au coup d’envoi, bien qu’elle connaissait la stratégie, puis le match commença bel et bien.
A chaque viffet attrapé par l’équipe adverse, elle faisait une grimace. Pareil pour les buts. Le score des Aigles montait vite, devenait presque impossible à surpasser...Mais elle, elle avait foi en son équipe. Et même si ils perdaient, ce n’était pas grave. Ils perdraient ensemble, et tomberaient ensemble pour mieux se relever. Ensemble.

Quand enfin Eileen l’appela, c’est totalement surexcitée qu’elle empoigna son balai dans sa main gauche, la batte dans l’autre, et qu’elle prit place sur le terrain, à quelques mètres du sol.

Go ! Hel’s Yeah !

Le souafle avait atterri dans les mains d'Eileen pour le plus grand soulagement de Deryn. Enfin, une action réussie. Son sourire ne s'éternisa pas bien longtemps cependant. Un instant plus tard, elle vit la balle de fer lui foncer dessus, envoyée aimablement par la batteuse adverse. Deryn était trop tard pour faire quoi que ce soit à part serrer les dents, ce qu'elle fit, fronçant les sourcils au passage. Heureusement pour elle, Alienor veillait. La batteuse surgit soudain dans son dos et dévia le cognard in extremis. Deryn lui aurait bien fait un gros bisou pour la remercier mais ce n'était pas le moment de prendre un coup de batte perdue. Elle garderait ça pour la fin du match.

En attendant, la gardienne adverse lui sifflait des mensonges aux oreilles. Deryn l'ignora un instant le temps de rattraper le souafle qu'Eileen lui rendait avec plus ou moins de précision. Alystair semblait lui occupé ailleurs. Chacun sa baballe.

Une fois le souafle bien calé sous son bras, l'irlandaise fila à toute allure vers les anneaux adverses. La gardienne venait de se prendre le revers du cognard. C'était le moment ou jamais de tenter un tir.

"Au lieu de te soucier de mon bronzage et de mes notes, tu devrais garder un oeil sur tes anneaux."

Deryn n'était pas très fière de lui lancer ça alors que Fournier semblait sérieusement souffrir du coup de cognard mais après tout. Depuis le début du match, elle n'arrêtait pas de siffler tel un serpent des trucs pas très sympa à tout le monde et Deryn sentait bien que ça n'allait pas s'arrêter de si tôt.

Delphillia venait d'être remplacée par Caldin, comme ça au débotté. Je m'étais laissée surprendre et avait vu ma cadette filer à une vitesse folle sur le cognard. Je ne pouvais pas la rattraper, c'était impossible, j'étais bien forcée de me rendre à l'évidence sur ce coup, j'avais déjà vu mon cher Liam devancer un adversaire de cette manière et faire un mouvement plus que mémorable. Je regardais tristement la signature de mon idole, sur ma batte. En observant les courbes de son écriture, je ressentit une sensation forte, une nouvelle motivation, une nouvelle envie de donner le meilleur de moi-même, de lui prouver que j'étais, comme qui dirait, digne de lui. Mon regard s'affuta alors qu'un nouveau sourire prenait place sur mon visage. Tu ne m'auras pas comme cela jeune fille, pensais-je très fort à l'encontre de la batteuse remplaçante, donc le jaune piquant laissait une traînée derrière elle.

Au moment où je me faisait cette réflexion, la clameur de la foule m'indiqua que Clarke venait de capturer un nouveau viffet. C'était parfait. Vraiment parfait. Une immense fierté me rempli à nouveau, débordant de tous les pores de ma peau alors que je prenais une vitesse folle au travers du terrain, en ligne droite, vers là où je pensais pouvoir intercepter le cognard. Je ne prêtais pas attention à la silhouette qui dû m'éviter en catastrophe, probablement Solomon au vu de l'endroit où nous avions faillit nous croiser. Percuter aurait été plus approprié. Je lui présentais des excuses intérieurement. Le cognard était important, mais je n'étais pas censée en devenir un moi-même, surtout si c'était pour désarçonner mes coéquipiers. Je freinais alors brusquement en observant la tentative de cognement de mon adversaire, j'étais normalement suffisamment proche pour que quelle que soit la cible, je n'ai pas trop de mal à faire un retour à l'envoyeur.
- Que Liam soit avec moi... murmurais-je, concentrée

Alors qu'elle était en train d'effectuer son vol et d'envoyer la balle à sa meilleure amie, sa capitaine était venue lui crier pour la féliciter pour son but en lui disant que toute l'équipe était fière d'elle. Laurence se concentra sur l'action qu'elle était en train de réaliser avant de comprendre ce qu'on venait de lui dire. La balle venait d'atterrir parfaitement dans les mains d'Élina ce qui la fit sourire en plus du commentaire de Neala. Finalement elle était peut-être pas si idiote que ça. C'est tout juste si elle n'avait pas rougit en entendant ses mots. Déjà que le stade avait explosé de joie lorsqu'elle avait marqué, alors en plus se rappeler que toute l'équipe était à fond derrière la rendait super heureuse.

Elle se retourna pour apercevoir sa capitaine et la repéra un peu plus loin sonnée, idem pour Celia. *Aie, pas cool*. Dans son élan, elle ne pouvait pas aller les voir, Élina avait le souafle en mains et n'allait probablement pas tarder à le renvoyer. Après une petite estimation, elle jugea qu'après sa passe, elle serait probablement à même d'aller vers les anneaux pour tenter un nouveau tir. D'un coup d'œil, elle vit Élina lui passer le souafle mais la poursuiveuse adverse le vola et l'envoya à la gardienne qui ne relança pas particulièrement bien, Laurence vit alors une occasion pour récupérer le souafle et voulu partir dans sa direction. Tout aurait pu bien se passer si sa merveilleuse (ironique) capitaine ne l'avait pas interrompu dans son élan en manquant de lui rentrer dedans. Elle avait alors du freiner en catastrophe pour ne pas lui rentrer dedans et Laurence vit alors le souafle passer dans leurs anneaux. Cette fois, s'en était trop, Laurence n'en pouvait plus et pensait complétement que le but était à cause de la septième année.

- Enat espèce de veracrasse sans cervelle ! Fais attention ou tu vas bon sang, tu es pas toute seule sur le terrain ! lui hurla t-elle bouillonnante. *Nan mais c'est dingue ça, comment on peut être aussi stupide*

Elle récupéra le souafle, encore énervée. Elle était vraiment en colère contre sa capitaine et le souafle dans les mains, elle était bien déterminée à montrer à la septième année qu'on pouvait très bien jouer sans manquer de faire tomber ses coéquipiers à la moindre occasion. Elle ne s'était probablement jamais autant appliqué pour faire une passe.

Enfin ! Son poing se referma sur la balle de bronze qu'elle convoitait depuis quelques minutes déjà, il était temps qu'elle cesse de tourbillonner dans tout les sens pour attribuer des points à l'une des deux équipes et comme l'attrapeur jaune était beaucoup trop loin, c'était aux bleus qu'ils revenaient. *Finalement !* Elle retrouvait la technique, elle n'avait pas tout oublié à la fin, Shelby pouvait bien garder ses piques pour elle, même à ça elle n'était pas doué.

Un sourire aux lèvres, elle jeta un coup d’œil à ses coéquipiers, espérant trouver l'endroit où elle serait utile, avant de voir dangereusement les jaunes s'approcher des anneaux de Celia. *Mais elle est où ?* Ouch, un peu plus loin, la gardienne semblait amoché, certainement frappé par la balle folle, c'était assez évident qu'elle n'arriverait pas à arrêter à temps. Un rapide calcul mental lui permis de faire le point sur les points. Avec son dernier viffet, les Ailes étaient à 120 points et avec ce but, les Hel's seraient à 40, encore...80 points de différence. Même avec le vif d'or, les jaunes ne pourraient les battre. Restait à augmenter l'écart et à les empêcher de gagner autres choses que des hématomes. Une fois le souafle de leur côté du terrain, ce serait certainement Laurence qui s'en occuperait. Sa meilleure amie avait assuré avec la balle rouge depuis le début, elle ne doutait pas d'une autre réussite de sa part. Quant à elle, la brunette avait le temps de sortir son arme spécial qu'elle avait prévu en cas de trou comme celui-ci. Sa baguette en main, elle se stoppa, bien à l’abri des cognards, et effectua son lancer de sort, espérant que celui-ci lui permettrait de voir le prochain viffet.

Contrairement à mes craintes préalables, la faute de Clarke ne nous avait pas mis tant dans la mouise. Du moins pour le moment, nous n'étions pas encore complètement tirés d'affaire, comme le prouva le tir qu'O'Connors effectua, alors que Solomon semblait m'invectiver. Je grimaçais et lui adressais, sans être vraiment certaine qu'elle m'entende vraiment, un :
- Désolée !

Quelques secondes. Juste quelques secondes pouvaient suffire à confirmer la tendance ou à tout renverser en faveur des jaunes. J'aimais le Quidditch pour cela, le fait que quelques secondes, n'importe quand pouvait inverser complètement la tendance et entrer en faveur d'une équipe ou d'une autre, cela permettait, quoi qu'il arrivait de rester concentré tout du long, que l'on fusse joueur sur son balai, ou bien simplement spectateur dans les tribunes. Ou maintenant, mon regard se glissa vers le sol où je pu admirer les Aigles de Bronze danser pour les Ailes d'Airain et les Hel's Angel faire une figure, un cheerleader dans sa chorégraphie.

Une soudaine ferveur s'engagea alors dans mon corps à la vision des pompons remuants et au son de la foule. Je voulais faire quelque chose de beau. Un sourire joueur aux lèvres, j'analysais rapidement le terrain pour trouver le cognard et essayer de deviner sa trajectoire. Je voulais tenter un joli coup, j'avais besoin d'adrénaline. Une fois la balle repérée, je m'élevais au dessus du terrain, me dirigeant au dessus de là où j'espérais pouvoir croiser la balle folle. Une fois placée, il ne me restait plus qu'à guetter son arrivée. Le sifflement caractéristique s'amplifiait et je plongeais alors en piquet, batte levée. Mon bras partit juste au moment où je croisais à pleine vitesse le cognard. Si mon coup réussissait, la vitesse que je venais de prendre allait m'aider à dévier le cognard plus sûrement qu'un niffleur n'attrape un gallion en vol.

Quelques instants plus tard, je tirais de toutes mes forces sur le manche de mon balai pour le redresser et suivre la balle de fer, couchée sur mon destrier boisé, profitant encore de la vitesse que j'avais accumulé. Je fendais les airs et à un moment, me redressais de tout mon buste, étendant ma batte et mon corps en direction de la balle noire, sautant quasiment, mon corps se soulevant légèrement au dessus de mon balai en appuyant mes pieds sur le renflement des brindilles de mon comète et mes genoux enserrant le manche. J'espérais utiliser l'élan de mon corps retombant en avant et la vitesse que j'avais à nouveau accumulée pour cogner la balle et la dévier de sa trajectoire... C'était un mouvement risqué, peut-être un peu trop pour ce que je voulais faire, mais j'espérais que le public apprécierai le spectacle, au moins autant que moi si j'avais été à leur place.

Le Viffet de bronze vient de faire son apparition vers le centre du terrain. OUMA-DECLEY et LIGHTWOOD peuvent tenter de s'en emparer. Le Viffet de bronze octroie 10 points à l'équipe qui parvient à l'attraper et confère une réussite automatique sur la prochaine action du joueur désigné par l'attrapeur.

Alors que mon corps retombait brusquement sur le bois de mon balai, je sentais ma batte qui percutait avec force la balle de fer. Mes deux mains vinrent amortir ma chute en agrippant le manche, ce qui me fit perdre un peu plus de hauteur. J'étais à présent nettement en dessous de la strate aérienne où se situait le plus d'action, il me fallait revenir rapidement plus en milieu de terrain pour rattraper le cognard. J'effectuais alors un virage plus que serré pour faire demi-tour et tirait légèrement sur le manche pour reprendre de la vitesse. De là où je me trouvais, j'avais du mal à différencier les silhouettes les unes des autres, je parvenais à peine à distinguer les couleurs en contre jour. Sur les balles en revanche pas le moindre doute. Alors que Clarke réceptionnait le souafle je faisais un signe à notre arbitre pour permettre à notre attrapeuse remplaçante de se reposer un peu. Elle venait d'effectuer de belles captures elle devait être légèrement fatiguée. Je fis signe à Ouma-Decley de la remplacer. Si mes souvenirs étaient exacts, notre cadette n'avait pas participé au dernier match, comme Lewis sur l'actuel, elle avait été chargée de prendre des notes pour améliorer l'équipe. Gates avait de ces idées mine de rien... pourquoi se priver d'un joueur quand on avait nombre de supporters pour nous aider ?

J'arrivais enfin à hauteur convenable quand le cognard me passa sous le nez. Sans même réfléchir, je m'élançais à sa poursuite, batte dressée. J'avais une chance de l'avoir avant Caldin, je ne pouvais pas la laisser passer !