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11 déc. 2021, 08:31
Le Livre du Prince  complète 
Les semaines suivantes furent presque agréables, il n’y avait plus de rumeurs et de moqueries quand il passait dans la salle commune, les Maraudeurs se tenaient tranquille, il ne s’était jamais senti aussi bien. Falley avait passé deux jours à l’infirmerie mais malgré les questions insistantes de Pomfresh, la Sang-pure avait refusé d’expliquer comment elle avait inhalé une potion d’effroi si corsée qu’elle s’était profondément écorché le visage et qu’elle s’était arraché d’énormes touffes de cheveux à cause des hallucinations. Un Professeur avait réussi à l’immobiliser avant qu’elle ne s’arrache les yeux. Depuis qu’elle était rentrée, elle ne regardait plus Severus en face et s’éloignait prestement chaque fois qu’il rejoignait le groupe. Ça aurait été parfait s’il avait enfin réussi à avancer sur son antidote universel… Mais rien ne fonctionnait. Le sort de scarpin était médiocre au mieux, les essais d’antidotes qu’il avait composé ne correspondaient jamais à plus d’un poison et la frustration le rendait encore plus désagréable et asocial qu’à l’ordinaire.

Il se concentra sur ses devoirs et ses cours.

C’est peut-être pour cette raison qu’il ne remarqua pas immédiatement le problème de Regulus. Le Sang-pur était plus agressif et frondeur avec lui depuis qu’il s’en était pris à Falley, ils s’étaient disputés plusieurs fois c’est vrai et il avait du lui jeter un levicorpus ou deux pour lui remettre les idées en place ces derniers mois, mais rien de réellement problématique… Il était habitué qu’on s’en prenne à lui. Mais ce jour-là alors qu’il traversait le château pour aller chercher des ingrédients dans le parc, il tomba sur Regulus et Falley.

Ils étaient aux prises avec Lily, Alice et Longdubat. Severus resta dans l’ombre, personne ne l’avait remarqué. Regulus traita Lily de Sang-de-Bourbe et il lança un doloris qui la frôla de peu, arrachant un tressautement paniqué au coeur de Severus. La seconde d’après, Lily rétablit fluidement son équilibre et lui envoya un maléfice de Chauve-Furie. Seule contre le trio, Falley ne parvint plus à riposter et les Gryffondors mirent les deux Sang-purs en déroute sans trop de problèmes. Mais Severus vit rouge. Il était sûr que Black s’en prenait à Lily à cause de lui et ça : c’était intolérable.

Personne ne touchait à Lily.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

12 déc. 2021, 08:52
Le Livre du Prince  complète 
— Joyeux anniversaire Black ! lança Mulciber en tendant son verre de champagne devant lui.

Les Sang-purs scandèrent joyeux anniversaire et Regulus s’inclina élégamment, le bonheur rosissait ses joues pâles. Severus resta en retrait toute la soirée, il observait ses camarades discuter, il laissait traîner ses oreilles avec ennui mais il avait la tête échauffée par la Haine. Il sentait la fureur palpiter dans ses veines chaque fois qu’il posait les yeux sur ce résidu d’abjection, ce sale lâche fumeux de Black qui faisait ses coups par en dessous.

Severus repensa à la stupéfaction qui s’était peinte sur son visage quand MacFallan avait hurlé qu’il était un Sang-mếlé en pleine salle commune… Regulus l’avait pris pour un Sang-Pur avant ça c’était certain. Puis il repensa aux regards méprisants ou moqueurs que le Sang-pur lui avait jeté à multiples reprises par la suite… Tout lui apparaissait sous un éclairage nouveau. Sur le coup il avait toujours mis ça sur le compte de soucis personnels ou de malencontreuses maladresses, mais il était clair désormais qu’à l’instant où il avait appris que Severus n’était pas un Sang-Pur, Black l’avait haï et dénigré. Severus repensa à la fois où il lui avait dis que Lily était avec Potter à la Bibliothèque, il revoyait clairement son petit air satisfait… Il se souvint du coup de poignard qu’il avait reçu en plein coeur à cette nouvelle, et dire qu’il avait cru que le Sang-Pur avait commis une maladresse par ignorance… Mais ce misérable l’avait fait exprès pour se défouler sur lui.

Au fil de ses réfléxions, le visage de Regulus se télécospait dans son esprit avec celui de Sirius, il revoyait le sourire hautain du Sang-pur tandis qu’il lui expliquait le secret de la Cabane Hurlante, il revoyait la gueule remplie de dents tranchantes du loup-garou prête à se refermer sur sa gorge. Alors qu’il réfléchissait à tout ça en errant dans la salle commune, Severus n’occludait que l’expression de son visage, sous la surface il laissait la Haine et la fureur circuler.

Il attendit patiemment.

L’équilibre des Sang-purs se fit plus précaire, leurs discussions plus pâteuses et décousues, la salle commune s’éclaircit alors que les Serpentards allaient se coucher. Il ne resta bientôt plus qu’un Sang-mêlé endormi sur le canapé, Regulus et Rosier qui discutaient dans un coin et Falley qui lisait près de l’entrée du dortoir des filles. Severus se leva souplement et se glissa jusqu’à un verre de champagne abandonné, il se tourna vers la cheminée et versa le contenu d’une fiole dans le verre puis il se joint à Rosier et Regulus qui discutaient près de la vitre donnant sur le lac noir.

— … le rejoindre bientôt disait Regulus, ça ne sert à rien ces idioties de BUSE et d’ASPIC pour ce qu’on va faire.

— Oh je ne sais pas rétorqua Rosier, il y a quelques leçons intéressantes pour plus tard, ça peut être utile de savoir lancer un bouclier correctement et les informulés donnent un avantage tactique certain lors d’un duel.

Severus fit mine de regarder le lac, il se tenait un peu en retrait derrière Regulus.

— C’est quoi le mouvement du protego horribilis déjà ? Demanda Rosier.

Regulus posa son verre de champagne sur la desserte derrière lui et tira sa baguette, il jeta le protego horribilis d’un geste affuté et lança une oeillade arrogante à Rosier.

Le Sang-pur sourit.

— Refais moi ça en informulé.

— Les cinquièmes année ne maîtrisent pas encore les informulés Rosier rétorqua Severus en apparaissant près de son ami. Il avala une bonne gorgée de champagne en dévisageant Black d'un air narquois.

Rosier se tourna vers lui. « Ah ? Possible. »

Regulus récupéra son verre sur la desserte. Severus et lui échangèrent un long regard de haine retenue, le silence enfla et s’alourdit. Rosier les observa tout à tour, il sourit et vida son verre de champagne.

— Je dois aller me coucher, j’ai entraînement de Quidditch demain.

Regulus hocha la tête sans quitter le Sang-Mêlé des yeux, Severus échangea une poignée de main avec son ami et dévisagea Black d’un air narquois en buvant une nouvelle gorgée de champagne.

— Qu’est-ce que tu veux toi ? Feula enfin Regulus.

— Je te croyais plus malin que ça…

Regulus plissa les yeux. De quoi tu parles ?

— T’en prendre aux lions en plein Poudlard… Sous les yeux du vieux fou… Il va y avoir des conséquences.

Regulus sourit et engloutit son verre de champagne cul sec.

— S’il me vire, je ne perdrais rien. Je gagnerai même une année ou deux… Il ricana. Je savais que tu suivais encore ta Sang-de-Bourbe, je leur ai dis que tu étais amoureux d’elle, ça crève les yeux. Mais même une erreur de la nature comme elle ne veut pas de toi, ça en dit long sur ce que tu vaux n’est-ce pas ? Quoi ? Tu ne dis rien ? Tu ne fais plus le malin avec ton nom ri… Ridicule de… De… Hu-hum ! Prince de Sang-M… Mélé…

Il toussa et fronça les sourcils. Puis il grimaça de douleur et se rattrapa à la tenture verte près de lui. Severus le contempla d’un air implacable, un brasier noir crépitant de Haine dans les yeux.

— J’ai toujours voulu savoir ce que ça faisait d’empoisonner quelqu’un sussurra t-il en observant Regulus tomber à ses pieds.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

13 déc. 2021, 09:10
Le Livre du Prince  complète 
Les yeux de Regulus s’écarquillèrent de terreur et il hoqueta en se tortillant par terre d’un air paniqué, une écume blanche moussa à ses lèvres alors qu’il se tordait et que ses yeux rougis laissaient glisser deux filets de larmes. Severus sortit de l’espèce de transe dans laquelle il était tombé en entendant le gargouillement d’agonie du Sang-pur et en voyant son visage devenir écrevisse comme si une main invisible l’étranglait. Il tomba à genou et tâta le cou de son ennemi. Merlin ! S’il mourrait ici, lui il était bon pour Azkhaban ! Severus tatônna inutilement ses poches, il n’avait pas son matériel pour créer un antidote ici ! Il lui avait donné une dose de centaure et l’Aconit agissait vite, dans quelques minutes il serait mort…

Sa main rencontra le Bézoard qu’il trainaît partout avec lui. Son regard revint à Regulus qui, la bouche grande ouverte, le contemplaît d’un regard terrorisé et impuissant. Severus ne réfléchit qu’une seconde de plus, il enfonça le Bézoard dans la gorge du Sang-pur et lui ferma la bouche de force pour l'obliger à avaler. Il lui pinça le nez. Regulus déglutit et hoqueta puis il cessa de trembler et de s’agiter. Il ne bougea plus, les yeux vides. Severus lui mit une gifle pour le réveiller, une deuxième, une troisième si forte que la joue de cet idiot devint violacée… Severus sentit la sueur ruisseler le long de sa tempe, ruisseler dans son dos, le Sang-pur ne bougeait plus… Il était foutu !

Il s’assit et s’empoigna les cheveux avec désespoir, qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais faire ?

Un hoquet et une quinte de toux émanèrent du Sang-pur. Severus se jeta sur lui et lui mit la tête sur ses genoux en le couvant d’un regard plein d’espoir. Respire petit cancrelat, respire… Le Sang-pur toussa encore et laissa sa tête retomber sur Severus en inspirant de grandes bouffées d’air, il semblait exténué.

— J’aurai pu te tuer Black murmura Severus d’une voix blanche.

Ouf, il n’irait pas à Azkhaban. La Haine remuait encore dans son ventre, frustrée malgré son soulagement. Le Sang-pur ferma les yeux et la tristesse envahit son visage, des larmes coulèrent de ses yeux silencieusement.

— Tu… Tu m’as raté répondit-il d’un air accablé.

Severus reposa Black par terre avec désintérêt et recula, il tourna la tête et son regard glacial tomba sur Falley qui le dévisageait muettement depuis sa table, elle semblait en état de choc, figé. Severus occluda, effaçant efficacement toute émotion de son visage. Il effaça la peur qu’il avait ressenti et il noya la culpabilité sous une rivière de Haine. Il adressa un regard venimeux à la Sang-pure jusqu’à ce qu’elle détourne les yeux en pâlissant.

Il avait fait ce qu’il fallait. Maintenant plus personne ne viendrait lui chercher des noises. Falley avait déjà peur de lui, maintenant Regulus aussi se tiendrait hors de son chemin. Après ça ils savaient tous les deux qu’il était capable de tuer, s’il avait pu les coincer ailleurs qu’à Poudlard et être sûr de ne pas se faire coincer… Il lança un Tergeo sur ses mains, un Evanesco sur le verre empoisonné et il se glissa dans sa chambre sans un regard en arrière.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

14 déc. 2021, 10:11
Le Livre du Prince  complète 
Severus ratura la page de son livre d’un coup de plume acéré et écrivit « Enfoncez lui simplement un Bézoard dans la gorge » en travers de la page. Son regard se fit pensif, il avait cherché trop compliqué depuis le début, le chemin le plus court était le meilleur. Tout simplement. Et rien ne valait la pratique visiblement… Toutes ces heures à étudier et à réfléchir, ces semaines à s’arracher les cheveux sur ce problème… Et en une seule tentative de meurtre il trouvait la solution. Rien ne l’avait tant fait progresser que ce sentiment d’urgence et de mort imminente, il sourit en imaginant Slughorn utiliser la méthode de l’empoisonnement préventif pour motiver ses élèves au lieu de ses ridicules petites fioles de potions… Mais Slughorn n’avait vraiment pas l’art de motiver les troupes.

Il referma son livre et le glissa dans sa poche de cape puis il saisit sa valise et quitta sa chambre, le coeur léger. Il ne retournerait pas longtemps dans ce trou à rat d’Impasse du Tisseur, juste un saut et à lui les premières vraies vacances de toute sa chienne de vie. Il était à peine sorti de la salle commune que quelqu’un l’empoigna et le plaqua contre le mur de pierre suintant d’humidité du couloir.

— Qu’est-ce que t’as fait à mon frère sale mangemort de mes deux ?!

Black avait le même regard d’acier trempé furibond que la fois où il avait perdu sa précieuse carte… Imbécile de Gryffondor.

Severus lui adressa un rictus moqueur.

— Ce n’est plus ton frère Black, tu as été renié. Tu te souviens ?

— Quelqu’un m’a dit que t’avais failli le tuer ! Espèce de…

— Il est toujours vivant à ce que je saches. Maintenant enlève tes sales pattes de ma cape, ta directrice de Maison arrive et elle n’a pas l’air content…

Sirius grimaça de dégoût et le lâcha lentement. Le Serpentard lissa sa cape en plantant son regard mort dans celui du lion. Une image flasha, le bureau de Dumbledore. Lupin était assis sur une chaise à côté de lui, de l’autre côté se trouvait Pettigrow. Lily, Potter, Mary, Alice, Marlène, Vance et Longdubat étaient dispersés dans la pièce. Le sentiment du devoir à accomplir et la détermination à défendre le Bien et la Lumière imprégnaient le souvenir, ils allaient combattre Voldemort tous ensemble. Grâce à l’Ordre. Severus gratta légèrement sous la surface de ce souvenir et sentit une noirceur poisseuse envahir le regard gris, la Haine absolue des Serpentards et de leur « Sang-pur » suinta comme un pus noireâtre. Sirius allait détruire et éradiquer ces sorciers maléfiques et glaciaux qui salissaient ce que le monde sorcier avait de beau à offrir. Il le ferait avec ses amis, quitte à mourir pour eux.

— On se reverra Servilus souffla le Gryffondor d’un air menaçant.

Le lien fût rompu quand Sirius se retourna et se dirigea vers le hall, il croisa Slughorn dans le couloir et lança un regard noir à Severus par dessus son épaule. Severus ramassa sa valise, salua son directeur de Maison et reprit sa route en imprégnant minutieusement dans sa mémoire chaque détail du souvenir qu’il avait volé à Black. Voilà qui allait être fort utile…

Slughorn fronça les sourcils en apercevant Sirius Black plaquer Severus contre le mur, il ralentit le pas. Pourquoi les jeunes gens étaient-ils si agressifs ? Il n’aimait pas beaucoup avoir à prendre des mesures disciplinaires… Le Gryffondor fit rapidement demi-tour et écarquilla les yeux de surprise en le voyant, il le salua toutefois d’un hochement de tête poli. Severus observa le lion partir et lui emboîta le pas lentement. Merlin ! Que ce jeune homme avait l’air sombre pensa t-il en croisant le regard vide et la mine sévère de son élève, c’était dommage qu’un élément si prometteur ait un tel caractère… Si seulement il avait été comme sa chère Lily… Le Professeur se figea en apercevant un livre abîmé par terre dans la poussière du couloir. Il ramassa le vieux Manuel de préparation de potion avancé. Vu l’état du livre ce devait être un des septièmes années qui s’en était débarassé après avoir passé ses ASPIC… Il haussa les épaules. Ça ferait un exemplaire pour les élèves de l’année prochaine qui oubliraient leur livre.

Il rejoint sa salle de classe et glissa le livre au fond du placard.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

15 déc. 2021, 09:11
Le Livre du Prince  complète 
Severus transplanna dans une ruelle près de l’Impasse du Tisseur, il enjamba les sacs poubelles éventrées et les monceaux d’ordure, il n’avait même pas pris la peine de changer de tenue. Jamais plus il ne s’habillerait en moldu.

Il entra chez ses parents, le seul bruit qui résonnait dans la Maison était le tic-tac de l’horloge de la cuisine, il rythmait toujours le silence oppressant. Severus jeta un regard hautain à son père assit dans un fauteuil avec son journal, il avait blanchi et des rides sévères dessinaient sa méchanceté sur son visage. Leurs regards noirs se croisèrent, aussi rempli de dégoût et de haine l’un que l’autre. Severus ne se donna pas la peine d’avancer jusqu’à la cuisine pour saluer sa mère, il fila dans sa chambre et ramassa rapidement le peu d’affaire qu’il avait laissé dans ce bouge suintant de misère. Il glissa tout dans le petit sac de toile sur lequel il avait jeté un sortilège d’extension avant de venir. Il se pencha pour vérifier sous le lit et aperçut un livre dans les moutons de poussière. Il l’attrapa et son visage glacial sembla s'affaisser, une moue triste et vulnérable envahit ses traits.

Les Contes de Beedle le Barde. Le livre qu’il avait offert à Lily peu de temps après leur première rencontre… Il avait oublié qu’elle lui avait rendu. Oui… C’était après qu’il ait fait boire de la Pimentine à Pétunia. Après ça Lily n’avait plus tenté de l’inviter chez elle, elle avait même complètement cessé de lui parler de sa famille. Une larme glissa sur sa joue pâle, ç’avait été le début de la fin. Il ouvrit le vieux livre dans un crissement de parchemin et tourna les pages jusqu’au conte du sorcier au coeur velu. Son préféré. Il parcourut le conte et grimaça de dégoût. Comment avait-il pu apprécier cette immondice moralisatrice ? Il fit léviter le livre devant lui et jeta un incendio informulé. Aussitôt le livre s’embrasa, Lily c’était fini.

Il parcourut la pièce des yeux alors que les cendres du livre tombaient silencieusement au sol comme une neige grise puis il lança un reducio sur le sac de toile pour le remettre dans sa poche. Avant de ranger sa baguette toutefois, il balaya la larme qui avait glissé sur sa joue et lança le Patronus.

Il était sûr que cette fois ce n’était pas cette maudite biche qui jaillirait, il enlaça les souvenirs de ses réussites, les créations de sortilèges, le piège qu’il avait tendu à Black pour lui enlever sa précieuse carte, l’amitié des Sang-purs… Et il jeta le sort. Rien ne se produisit. C’était des souvenirs de Haine. Il se concentra sur les souvenirs heureux et relança le sort. La Biche Argentée sauta de sa baguette, éclatante. Elle le couva de son regard doux et aimant et avança vers lui. Le regard fantômatique de la Biche se téléscopa dans son esprit avec le regard vert et Severus fouetta rageusement l’air de sa baguette pour la faire disparaître. Toujours Elle !

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

17 déc. 2021, 13:37
Le Livre du Prince  complète 
Il quitta sa chambre d’un pas furibond et faillit percuter sa mère de plein fouet en entrant dans le salon.

— Severus ? S’étonna t’elle, où est-ce que tu vas si vite ?

Il la toisa avec mépris.

— Je vais chez un ami Sang-Pur, il m’a invité pour l’été. C’est la dernière fois que je viens dans ce bouge à Moldus.

Elle crispa les lèvres d’un air contrarié.

— Alors tu t’en vas comme ça petit ingrat ? Après tous les sacrifices que j’ai fais pour toi ?

— Les sacrifices ?! Cracha t-il sans chercher à calmer sa colère, c’est à cause de toi si je dois faire tant d’effort pour avoir ce qui m’est du. Si tu ne t’étais pas mésallié avec ce sale Moldu je…

CLAC ! Sa mère lui mit une gifle.

— Ne parle pas comme ça de ton Père !

Severus frotta sa joue en la dévisageant d’un regard brûlant de Haine.

— C’est toi la plus pitoyable dans cette histoire rugit t-il férocement, tu restes là à servir d’esclave à un être inférieur alors que ton Sang est Pur ! Tu te caches comme une pestiférée alors que la Magie coule dans tes veines !

— Ces histoires de Sang-pur ne te mèneront nulle part imbécile. Tu ne vois que ce qu’ils veulent bien montrer, à ton âge on est attiré par la Gloire et les belles paroles mais tu verras ce qu’il en est…

— Je verrais oui. Et c’est la dernière fois que je mets les pieds dans ce taudis crasseux. Pousse toi de mon chemin ou je vais te pousser moi-même.

Sa mère redressa le menton avec défi, il aperçut dans son attitude la Sang-pure fière qu’elle avait du être. Il tira sa baguette et la pointa vers elle, le regard implacable. Elle ne bougea pas.

— Laisse le Eileen tonna son Père.

Les deux sorciers se tournèrent vers lui. Il les observait depuis son fauteuil, l’air indifférent et sévère. « Qu’il s’en aille » ajouta t-il froidement.

Sa mère s’écarta. L’estomac de Severus se crispa en voyant l’indifférence glaciale de ses parents. Il traversa la pièce d’un pas vif et sortit en claquant la porte de toutes ses forces. Une détresse étrange se glissa dans ses veines mais il l’écrasa dans l’oeuf, occludant jusqu’à ne plus rien ressentir. Il rejoint la ruelle de laquelle il était arrivé et transplanna aussitôt.


En arrivant chez Rosier il déglutit nerveusement, le Manoir était superbe. Il l’avait déjà vu dans un livre mais ça restait impressionnant de voir autant de beauté et de richesse à la disposition d’une seule Famille. Les Sang-purs ne vivaient vraiment pas dans le même monde que les autres… Rosier le salua cordialement et se mit à lui parler des mondanités qu’il avait prévu cette semaine… Severus passa la main sur sa poche, son manuel de Potion avancé était toujours étrangement réconfortant lorsqu’il sentait la honte de ses origines lui mordre le coeur. Mais sa poche était vide. Il s’immobilisa et tâta nerveusement toutes ses poches. Un grognement dépité émana de sa gorge et Rosier s’interrompit dans son monologue pour le dévisager avec surprise.

— Qu’est-ce qui t’arrives ?

— J’ai perdu mon livre d’ASPIC pour les potions…

— Le vieux bouquin tout rapiécé ?

Il hocha la tête, occludant le désespoir qui jaillissait au fond de son ventre.

Rosier haussa les épaules avec désintérêt.

— Tu n’auras qu’à regarder dans notre Bibliothèque, il doit y en avoir un exemplaire ou deux. Ne fais pas cette tête-là Severus ! Ça te fera l’occasion d’obtenir un livre plus décent pour ta dernière année. Un Prince ne devrait pas se promener avec des livres de seconde main tu sais…

Severus grogna une réponse inintelligible et suivit le Sang-pur. De toute façon il avait tant lu et relu tout son livre qu’il en connaissait chaque ligne, chaque tache. Il ferait sans. Il était temps de passer à autre chose qu’à cette distraction puérile d’amélioration de potion…

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

09 janv. 2023, 23:00
Le Livre du Prince  complète 
Le craquement du transplanage retentit et trois silhouettes apparurent près du portail rouillé du vieux manoir. Les capes noires des mangemorts étaient maculées de cendres, les trois sorciers se dévisagèrent hostilement, la tension entre eux était palpable. Deux d’entre eux empruntèrent l’allée caillouteuse, le dernier retira son capuchon et son masque d’ivoire laissant apparaître des cheveux noires graisseux et un visage pâle aux traits coléreux. Severus inspira une bouffée d’air nocturne, il savoura l’odeur fraîche et fleurie de la nuit puis suivit les deux autres lentement pour les laisser prendre de l’avance. En franchissant le portail, il sentit les protections du Seigneur des Ténèbres peser sur ses épaules puis se refermer sur lui, sa seule certitude c’est qu’il s’agissait de magie noire. Elle laissait un goût métallique en bouche quand on traversait le périmètre, c’était caractéristique… Il traversa le hall d’un pas vif et rejoint le petit salon. Le Maître était assis près du feu, Rosier et Dolohov étaient déjà agenouillés devant lui. Il détacha son regard rougeâtre d’eux en entendant Severus entrer.

— Qu’est-ce que j’entend Severus dit le Maître d’une voix caressante, tu as protesté contre le traitement infligé aux Sang-de-bourbes ?

Severus se mit à genou à côté de Rosier et inclina respectueusement la tête.

— Non Maître, je ne faisais que respecter vos ordres…

— Nous avions l’ordre de brûler ce village de Sang-de-Bourbes et de faire le ménage grogna Dolohov.

— Nous avons trouvé un sorcier parmi eux, Maître dit Severus en ignorant l’autre mangemort, je voulais vous le ramener pour que vous puissiez en tirer profit, au cas où il ait des informations utiles, mais avant que je n’en ai eu le temps ces… Mes camarades l’avaient déjà massacrer.

— Qui était-ce ? Demanda le Seigneur des Ténèbres d’un air distrait.

— C’était Benjy Fenwick Maître répondit Rosier, un membre notable de l’Ordre du Phénix. J’ai peut-être était un peu rapide pour le tuer et un peu brouillon aussi mais…

— Tu l’as découpé en morceaux grogna Severus, avec MON sortilège en plus !

— Si tu ne voulais pas que je m’en serve contre les ennemis de la Cause, il ne fallait pas me l’apprendre Severus répliqua le Sang-Pur en souriant.

— Assez souffla Voldemort, tu as fait ce qu’il fallait Rosier, Dolohov. Partez tous les deux.

Ils se relèverent, s’inclinèrent et quittèrent la pièce. Le Maître attendit qu’ils aient quitté les lieux avant de reprendre la parole.

— Ce n’est pas la première fois que je te prends à avoir pitié des Sang-de-bourbe Severus. As tu oublié pourquoi tu m’as rejoint ?

— Non Maître absolument pas ! C’est juste que je ne comprends pas pourquoi on les tue de cette façon alors qu’ils peuvent être utiles… Nous avons besoin de main-d’oeuvre pour la Cause, de serviteurs, d’espions, de… C’est du gaspillage de…

— Du gaspillage siffla le Maître en le fusillant du regard, espèce d’imbécile. C’est la peur qui les tiens, c’est la peur qui les fait ramper et venir à moi, qui leur apprend à rester à leur place. Ta pitié est une faiblesse. C’est la dernière fois que je te reprends à protéger de la vermine.

Severus baissa la tête honteusement.

— Désolé Maître…

Le Seigneur des Ténèbres fit un geste gracieux du poignet.

— Puisque tu es si intéressé par les informations de nos ennemis voici de quoi faire ton bonheur dit-il en désignant un énorme tas de parchemins sur la table derrière lui. Nous avons intercepté quelques hiboux… Ne me déçois plus.


Severus était assis dans le vieux fauteuil de son père à l’impasse du Tisseur. La maison de son enfance lui paraissait beaucoup plus vivable depuis qu’il y habitait seul, c’était reposant de pouvoir se réfugier ici lorsqu’il était fatigué d’être sur ses gardes. Le seul refuge qu’il ait jamais eu hormis cette maison de moldu crasseux c’était Poudlard, mais ce n’était plus une option désormais. Quelle importance ? Maintenant qu’il avait trouvé la bonne voie il avait de quoi exploiter pleinement son potentiel, ce n’était qu’une question de temps et de persévérance.

Il se releva et s’étira lentement, il était resté assis toute la soirée au coin du feu, soupesant mentalement toutes ses options pour se rattraper auprès du Seigneur des Ténèbres… La tâche qu’il lui avait assigné était une punition et une façon de le mettre sur la sellette, il en était pleinement conscient. S’il ne trouvait rien d’exploitable dans ce tas de parchemins, son serment d’allégence éternel au Maître risquait de durer moins longtemps que prévu… Severus avait les muscles raides et une migraine lui martelait le crâne. Il jeta un regard contrarié à l’énorme pile de parchemins qu’il lui restait à lire, pour l’instant ce n’était qu’un ramassis d’idioties inutiles… Même les messages de Lily étaient inintérressants et devoir contempler cette écriture familière qui ne s’adressait pas à lui le mettait de très méchante humeur. Severus rejoint la bibliothèque qui jouxtait la cheminée, tira deux livres moldus de l’étagère et attrapa une petite pochette de cuir qui était cachée derrière. Il lança un amplificatum dessus et le vieux sac reprit sa taille normale en émettant des clignements de fioles.

Il fouilla pensivement son sac à la recherche d’une potion contre la migraine. Un fourmillement douloureux lui remonta soudain dans les doigts, il lâcha un juron en retirant sa main du vieux sac. Le Serpentard leva le sort de protection qu’il avait posé jadis sur la petite pochette intérieure, il en sortit la fiole ciselée au liquide doré. Tiens, il l’avait oublié celle-là… Il n’avait toujours pas utilisé sa Felix Felicis. Severus se figea en réalisant qu’il tenait la solution parfaite pour remonter rapidement dans l’estime du Seigneur des ténèbres. Un rictus méprisant glissa sur ses lèvres, il fit sauter le bouchon de la fiole et avala une petite gorgée de Felix. Le liquide dorée, onctueux comme un sirop avait un goût de thym très prononcé, c’était la meilleure potion qu’il ait jamais goûté.

Il attendit curieusement que la potion agisse. L’occlumancie lui avait donné une excellente maîtrise de ses pensées si bien qu’il sentit tout de suite la potion décupler son intuition, il eût l’impression qu’on chassait le brouillard de son esprit comme le vent laisse un ciel bleu après un violent orage. Il se leva souplement, écarta le sac à potion du bout du pied et attrapa sa cape de voyage. Il fallait qu’il sorte tout de suite sinon il raterait le coche, La potion lui faisait sentir qu’il devait se dépêcher pour saisir l’occasion, c’était pour bientôt.

Severus mit son capuchon pour ne pas être reconnu puis poussa la porte miteuse du pub, il commanda un whisky pur feu et s’installa à la table branlante qui était la plus proche des escaliers, dos à l’entrée du pub. Quelques minutes plus tard, un sorcier entra et un autre sorcier l’apostropha agressivement. La Felix Felicis lui fit comprendre qu’il devait monter à l’étage maintenant. Il quitta sa place, profitant de la dispute des deux sorciers pour monter l’escalier grinçant sans se faire repérer par le barman. Severus se figea sur le pallier et balaya le couloir assombri d’un rapide coup d’oeil, on ne voyait que vaguement le contour des portes, éclairées par une lanterne déclinante. Ce qu’il cherchait se trouvait dans la chambre du fond. Severus rejoint la porte et tendit la main pour l’ouvrir mais il sentit qu’il ne devait pas, c’était dangereux derrière. Il se pencha et pressa son oreille contre le battant.

— … signes sont très clairs dit une voix féminine mélodieuse.

Il y eût un râclement de gorge délicat.

— Oui je vois Mrs Trelawney répondit une voix masculine, toutefois Poudlard n’a jamais eu de cours de divination et je ne crois pas que ce soit une discipline qui s’enseigne…

Cette voix… Severus se concentra pour se rappeler quand il avait déjà entendu cette voix familière… A Poudlard de toute évidence mais… L’impression de légère ivresse que le Felix felicis lui avait donné se dissipa un peu alors qu’il occludait pour se concentrer, il sentait qu’il réfléchissait de mieux en mieux alors que la potion ne monopolisait plus son esprit. Il reprenait doucement le contrôle…

— Vous vous sentez bien ? Reprit la voix.

C’était Dumbledore. Mais que faisait Dumbledore dans un endroit pareil et qu’elle était cette immondice de chance liquide pour le guider jusqu’au rival du Seigneur des Ténèbres ? Est-ce que sa meilleure chance consistait à se faire exécuter ou envoyer à Azkaban ? Slughorn était-il mauvais potionniste au point de…

— Je… hésita la femme, sa voix semblait grippée d’un seul coup, pas vraiment je…

Un grincement de parquet et un pas léger résonna dans la pièce indiquant que l’un d’eux s’était levé.

— Vous avez mangé aujourd’hui ?

— Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche répondit une troisième voix, sépulcrale. Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... »

Une main s’abattit sur l’épaule de Severus et fit tomber son capuchon. Il sursauta et heurta bruyamment la porte tremblante, il se retrouva nez à nez avec le barman. Le vieil homme le dardait d’un regard glacial et hargneux, son énorme poing se ferma sur le col de sa cape et il le souleva à demi comme si Severus n’était qu’un sale garnement pris en faute.

— Qu’est-ce que tu crois faire, toi ? Pas de ça ici !

Il ne pu s’empêcher de ressentir un élan de panique réflexe face à la colère brutale qu’il lisait dans le regard de l’autre homme.

— Euh rien… Je… Un ami à moi…

Il se débatit pour échapper à la poigne du sorcier mais l’autre grimaça en resserant sa prise et son visage se durcit. A la grande horreur de Severus, le barman ouvrit brutalement la porte pour éclaircir la situation avec les occupants du lieu. Dumbledore était debout à mi-chemin entre la porte et un vieux lit miteux, il les observait d’un air interloqué. Par dessus son épaule, Severus aperçut une jeune femme maigre avec d’énormes lunettes rondes, assise sur le lit. Elle serrait un verre d’eau entre ses mains, le visage pâle et transpirant, dévisageant les deux intrus d’un regard éreinté.

— Abelforth s’étonna Dumbledore, il y a un problème ?

— Je suis désolé balbutia Severus avant que le barman ne réponde, je me suis juste trompé de chemin… Un ami m’avait dit qu’il logeait ici…

— Je n’ai aucun de tes amis en pension grogna l’autre en le détaillant d’un œil dégoûté, son regard s’attarda ostensiblement sur son bras gauche comme s’il voyait la marque à travers le tissu noir.

— Il a du me faire une blague continua Severus en se dégageant délicatement de la poigne de l’homme, désolé de vous avoir dérangé…

Il remit son capuchon d’un geste fébrile et s’éloigna des deux hommes à grands pas, il sentit deux regards perçant rivés sur lui alors qu’il s’éloignait dans le couloir, il s’attendait à recevoir un maléfice ou un sort d’entrave dans le dos d’une seconde à l’autre… Si Dumbledore l’avait reconnu… Son coeur battait la chamade. Savait-il qu’il avait rejoint le Seigneur des Ténèbres ? Il réussit à atteindre le pallier sans encombre, dévala l’escalier, sortit en trombe du bar miteux et transplanna aussitôt au Manoir du Seigneur des ténèbres.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

11 janv. 2023, 16:35
Le Livre du Prince  complète 
Il rapporta la nouvelle à son Maître et le laissa accéder au souvenir de la prophétie sans opposer la moindre résistance, dissimulant le reste de ses souvenirs personnels derrière des murs d’oublis. Severus ne prêtait guère beaucoup de crédit à la soi-disant voyante mais il se dit que le Felix Felicis devait l’avoir conduit vers Dumbledore pour une raison précise… Ça ne pouvait pas être le hasard qu’il tombe justement sur une prédiction qui parlait du Maître… Jusqu’à présent le Maître ne s’était préoccupé que de prendre le contrôle de la Gazette, du Ministère de la magie et de Poudlard mais après avoir pris connaissance de la prophétie, il délégua brutalement ces tâches-là à ses lieutenants les mieux placés. Severus, Rosier, Wilkes et les Lestrange furent chargés de trouver et d’éradiquer les membres de l’Ordre du Phénix tandis que le Maître se focalisait sur une tâche secrète qui semblait mobiliser toutes ses pensées.

Severus chercha frénétiquement la piste des Maraudeurs mais tout ce qu’il apprit c’était que Pettigrow et Lupin se cachaient hors du monde sorcier, que Potter restait discret et que Black passait au travers de toutes les embuscades avec une agilité déconcertante… Ils avaient failli l’avoir deux fois en interceptant des hiboux de membres de l’Ordre relatant ses déplacements mais le Gryffondor était insaisissable et malgré sa stupidité congénitale : c’était un excellent duelliste. Le Serpentard finit par se rappeler qu’il avait volé un souvenir à Black à la fin de leur sixième année… Il n’y avait pas que les maraudeurs, il connaissait l’identité de plusieurs autres membres de l’Ordre, s’il prenait le problème de biais et cherchait leurs amis il parviendrait sans doute à mettre la main sur ses anciens bourreaux…


Le craquement du tranplanage résonna dans le village silencieux et une silhouette sombre se matérialisa sur la place déserte. Le sorcier prit un instant pour se remettre du transplannage et pour regarder autours de lui, son souffle créer un nuage de vapeur devant lui. La neige tombait silencieusement, on apercevait les flocons danser dans le halo lumineux d’une vielle lanterne rouillée qui se trouvait au bout de la rue. Le reste de la place était plongée dans l’obscurité absolue, la nuit était à peine percée par la flamme orangée de la veilleuse. Le sorcier arrondi les épaules frileusement et remonta son col pour se protéger du froid, puis ses pas commencèrent à crisser dans la neige. Il se dirigea vers la lanterne d’un pas vif et énergique. Une protubérance gonflait la poche intérieur de son manteau contre son torse, elle se tortillait et remuait sans arrêt.

— Arrête de gigoter comme ça ordonna t-il à son manteau.

Sa poche cessa aussitôt de remuer.

Il entra dans la flaque de lumière qui éclairait le porche de la maisonette et tambourina à la porte. Les éclats de voix se turent de l’autre côté du battant, un silence méfiant envahi l’intérieur de la pièce puis les verrous cliquetèrent et la porte s’entrouvit juste assez pour laisser apparaître un œil vert et la pointe hostile d’une baguette magique.

— Sirius ! S’exclama Lily en lui ouvrant la porte en grand, on a cru que tu ne viendrais pas.

Le sorcier sourit et entra en se frictionnant les mains.

— Si si mais j’ai du faire un détour, ça m’a un peu retardé.

Il plongea la main dans sa poche et en sortit un rat grassouillet et frissonnant. A peine posé à terre, le rat se transforma en jeune homme empâté avec un début de calvitie.

— Ah ah en voilà une surprise ! s’exclama James en s’élançant vers l’animagus avec un grand sourire, ça fait plaisir de te voir Queudver ! Ça fait des semaines que tu restes planquer sans donner de nouvelles !

— J’ai… J’ai quelques angoisses en ce… Ce moment bafouilla Peter en serrant la main de son ami. Sirius a insisté pour… Pour que je vienne.

Une expression sombre passa sur le visage de James.

— Ouais t’as pas l’air dans ton assiette t’as des cernes à faire peur… C’est depuis qu’on a retrouvé Fenwick, c’est ça ?

Peter hocha la tête en pâlissant. Maugrey lui asséna une tape dans le dos qui lui arracha un énorme sursaut.

— Ça va aller mon vieux bougonna t-il, on a réussi à retrouver tous les morceaux finalement.

Le teint de Peter devint verdâtre. Lily glissa son bras sous le sien et l’emmena dans la cuisine en jetant un regard courroucé à Maugrey, elle se mit à vanter les petit fours que préparait Mary pour lui changer les idées.

— Des nouvelles de Rémus ? demanda Sirius en secouant ses cheveux couvert de neige.

— Pas depuis plusieurs mois grimaça James, je sais pas pourquoi mais il est distant en ce moment.

— Peut-être que lui aussi il est remué par tout ça…

— Possible oui… Il a encore eu des problèmes avec ses voisins le mois dernier, ça le rend de plus en plus asocial…

— Depuis qu’on a quitté Poudlard… Je crois que la vie s’est compliqué pour lui.

James tendit une bouteille de bière au beurre à son frère, l’air pensif et sérieux.

— Il a peut-être fait un ou deux mauvais choix aussi…

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? S’étonna Sirius.

James haussa les épaules et secoua la tête vaguement pour lui faire comprendre qu’il ne voulait pas parler de ça davantage.

Le déjeuner fût conviviale, le fait qu’ils appartiennent tous à l’Ordre du Phénix les avait rapproché encore plus que n’avait pu le faire leur scolarité à Poudlard, combattre côte à côte leur avait donné une confiance absolue les uns dans les autres.

— Vous auriez vu la tête de Malfoy s’écria Sirius hilare en tapant sur la table, je crois que c’était la première fois qu’il se faisait arracher sa baguette par un chien !

Il s’essuya les yeux et éclata d’un rire canin.

James sourit et posa sa main sur celle de sa femme alors qu’ils échangeaient un regard complice, Sirius se comportait toujours comme un adolescent téméraire, il s’épanouissait au sein de l’Ordre, Dumbledore lui trouvait toujours des missions stimulantes à accomplir. A gauche de Lily, Peter grignotait anxieusement les chaudrons fondant que Mary avait apporté avec le thé, il souriait timidement chaque fois qu’il croisait le regard d’un de ses amis. Il se sentait en sécurité avec eux mais depuis le meurtre de Fenwick et l’état dans lequel on l’avait retrouvé… Peter avait des crises d’angoisse.

Il passait ses nuits blotti devant sa cheminée à réfléchir, il ne dormait plus beaucoup. Il avait des doutes terribles… Des doutes sur son avenir, sur sa place au sein du monde sorcier… L’Ordre du Phénix était bien moins puissant qu’il ne l’avait escompté en les rejoignant et les mangemorts… Ils étaient si nombreux. Une main affectueuse se resserra sur la sienne, il se tourna vers Lily et répondit à son sourire compatissant par un sourire triste. Il n’aimait pas du tout cette guerre… Il détestait cette peur qui s’infiltrait partout en lui, qui lui donnait l’impression de n’être plus qu’une pelotte de nerfs électrisés… Il voulait seulement vivre tranquillement dans son coin…

— Ne te moque pas Sirius ! Ordonna Mary, son éclat de voix fit sursauter Peter. Moi aussi j’en ai une !

— Nan, ne me dis pas que toi aussi tu cours te réfugier là-dedans dès qu’un cracmol colporte des rumeurs sur l’arrivée des mangemorts !

— Et pourtant si ! Je m’en suis servi la dernière fois que la Marque des Ténèbres est apparue à Tinworth. J’étais toute seule ici donc j’ai préféré ne pas prendre de risques…

— De quoi ? s’enquit Peter avec intérêt.

— Mary a une armoire à disparaître répondit Sirius avec une moue dédaigneuse.

— Elle est dans ma chambre, c’est juste au cas où. Elle débouche sur une ruelle du chemin de traverse mais je ne l’ai pas utilisé depuis des semaines et quand…

— Chut ! Interrompit Peter en se redressant dans une pose similaire à son animagus le nez en l’air, il y a quelqu’un qui arrive !

Tout le monde se tût, après quelques secondes de silence tendu un tambourinement agité martela la porte d’entrée. Peter frissonna et couva James et Sirius d’un regard nerveux, les deux Gryffondors étaient déjà debout. Sirius baguette en main se dirigea lentement vers la fenêtre. James tâta toutes ses poches à la recherche de sa propre baguette, Lily la ramassa sur la table à côté de son assiette et la lui donna avec un froncement de sourcil contrarié. Il grimaça. Ils s’étaient disputés plusieurs fois sur sa manie de laisser traîner sa baguette n’importe où, Lily trouvait qu’il était trop imprudent.

— Tu attendais quelqu’un d’autre ? Demanda Maugrey.

— Non répondit Mary en serrant sa baguette dans son poing.

— C’est Séraphina annonça Sirius en lâchant le rideau.

James ouvrit la porte alors que tout le monde soufflait de soulagement, ce fût de courte durée… La jeune femme avait les cheveux hirsutes, des tâches sombres mouchetaient sa robe et ses manches étaient couvertes de sang frais. Elle pleurait sans parvenir à dire un mot. Peter hoqueta et recula contre le mur en frissonnant.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? S’inquiéta Lily.

Séraphina frissonna quand Lily la serra dans ses bras, elle était raide et tendue.

— On… Ma… Famille… Mangemorts… Attaqués.

— Les Bones ? Vous étiez tous ensemble ?

Elle hocha la tête d’un air pathétique.

— Faut qu’on leur envoi du renfort dit Maugrey, il promena son regard inquisiteur sur les sorciers regroupés autours de lui et désigna Lily, Sirius et James. Vous trois, vous venez avec moi. Les autres vous restez avec Séraphina.

— Et s’ils l’ont suivi ! Protesta Peter, James… Vous êtes les trois meilleurs… Duellistes qu’on ait ! Mary et moi on ne fera pas le poids à deux s’ils nous attaquent !

Maugrey le dévisagea avec une grimace de mépris dégoûté.

— Je vais rester ici proposa James avant que l’Auror n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche.

— Oui… Oui ce sera plus prudent couina Peter en se tortillant les mains nerveusement.

Les trois sorciers transplannèrent en urgence pour partir à la rescousse de leurs amis. James se posta près de la fenêtre pour surveiller la ruelle au cas où quelqu’un ait suivi Séraphina, les Bones habitaient de l’autre côté du village et elle était venue à pied… Mary tenta de consoler Séraphina mais la jeune femme restait prostré à terre, pleurant dans ses mains et hoquetant, elle frissonnait chaque fois que Mary essayait de la prendre dans ses bras.

Un crissement de verre éclatant suivi d’une pluie aigue résonna à l’étage, comme si une vitre venait d’être brisée. Ils redressèrent la tête, James s’apprêtait à aller inspecter l’étage quand les sanglots de Séraphina se transformèrent en étranges gargouillements. Les regards convergèrent vers elle. Elle redressa la tête douloureusement et ses yeux noisettes s’emplirent de noirceur, ses cheveux bouclèrent et noircirent, son visage pâlit et ses paupières s’alourdirent. James attaqua dès qu’il la reconnut mais son sort s’écrasa sur un protego bleuâtre.

— BELLATRIX ! Hurla t-il alors que la mangemort se relevait en éclatant de rire.

Les sorts commencèrent à fuser entre eux deux. Peter glissa sa baguette hors de sa manche pour aller aider James mais la porte vola en éclat derrière Bellatrix et deux autres mangemorts masqués entrèrent pour se joindre au combat. Peter jeta un regard affolé à James et après une seconde d’hésitation il se métamorphosa en rat. Abandonnant sa baguette sur le plancher, il se hissa le long d’un rideau et bondit entre les barreaux de l’escalier. Il trottina jusqu’à la chambre de Mary pour rejoindre l’armoire à disparaître. Le rat gris couina et bondit en arrière alors qu’un sort rougeoyant s’écrasait devant son museau laissant une trace noirâtre sur le plancher et une odeur âcre dans l’air. Il tendit prudemment le museau et aperçut Mary face à un autre mangemort masqué. La fenêtre brisée laissait passer un courant d’air glacial dans la chambre et des flocons tourbillonait à la lumière d’un petit brasier qu’un sort dévié avait du allumer dans les rideaux de la chambre. Peter contourna la porte et se glissa dans l’armoire entrouverte,malheureusement ce n’était pas la bonne… Il se coucha sur une couverture grise, de la même couleur que son pelage et observa le duel qui le séparait de l’armoire à diparaître.

Mary lança un stupéfix, le mangemort para d’un geste brusque qui renvoya le sort vers elle. Elle se baissa adroitement et hurla un expelliarmus, la baguette du mangemort vola de sa main. Il glissa sa main dans sa poche et jeta une fiole à ses pieds avant qu’elle n’ait eu le temps de réattaquer. Le clignement de la fiole brisée résonna contre le mur et diffusa un nuage violacé qui s’éleva jusqu’au visage de Mary, elle toussa. Le mangemort balaya son masque d’un geste vif.

De là où il se trouvait, Peter ne distingua pas immédiatement les traits du sorcier, il reconnut néanmoins les longs cheveux noirs et gras. C’était Snape. Le Serpentard se baissa pour examiner le parquet, permettant au rat d’apercevoir son nez tordu, son visage pâle et son regard. Il avait changé. Il n’avait plus cette expression de rancoeur triste dans les yeux, il n’y avait plus rien dans son regard hormis une noirceur froide.

Le mangemort récupéra sa baguette d’un accio informulé et contourna le lit pour rejoindre sa cible, il fait disparaître le nuage violacée d'un coup de baguette tandis que les flammes s’élançaient vers le plafond en crépitant. Snape toisa Mary.

— Où est Potter ? demanda t-il d’une voix suave qui arracha un frisson au rat.

Mary toussa et tenta de pointer sa baguette vers lui mais ses gestes semblaient confus et ralenti. Snape saisit la baguette de la jeune femme d’une main désinvolte et la lança dans le feu qui continuait de dévorer la pièce. Elle tendit la main devant elle en émettant un gargouillement indistinct.

— Rien à dire ? se moqua Snape. Tu veux que je te tourne le dos ? Tu seras à la place que tu préfères pour parler de moi comme ça… Ne t'inquiètes pas je suis sûr que la mort t'iras bien au teint...

Elle émit un nouveau gargouillement indistinct en tendant le bras vers lui dans un geste dérisoire pour se protéger.

Un éclair vert flasha dans la pièce et le bras de Mary retomba mollement par terre. Snape balaya la pièce de ses yeux haineux sans voir l’animagus dissimulé, puis il remit son masque et entra dans l’armoire à disparaître à la recherche d’éventuels fuyards. Peter couina de frustration, il sortit lentement de l’armoire et frétilla des moustaches pour sentir si Mary était encore en vie. Il y avait peut-être d’autres sorts dont le rayonnement était vert... Mais sous l’odeur acide de la peur, le parfum fétide de la mort heurta le museau du rongeur, terrorrisé il se jeta hors de la chambre. Le rat se pencha entre les barreaux de l’escalier pour trouver une issue dégagée. Un mangemort était adossé au mur, il s’échinait à se débarraser des liens magiques qui l’emprisonnaient, les deux autres attaquaient James ensemble. Le gryffondor était ébourriffé, une de ses manches était déchirée et du sang ruisselait d’une entaille qu’il avait au visage, il boitait.

Peter frissonna de tout son corps en voyant James si mal en point. Il l’avait vu tenir tête à des adversaires beaucoup plus nombreux que ça mais cette fois il était en mauvaise posture, les mangemorts étaient plus puissants, plus nombreux… Peter sentait l’odeur de la mort et de la cendre se diffuser tout autours de lui, le rire strident de Bellatrix lui vrillait les oreilles et il venait de voir Snape, leur souffre-douleur d’autre fois, tuer une de ses amies sans effort. Il aperçut la fenêtre près de l’escalier, un sort avait fait voler la vitre en éclat. Peter descendit l’escalier en longeant le mur, il jeta un dernier regard affolé à James mais James ne pouvait plus le protéger, il bondit par la fenêtre. Le rat disparut entièrement dans la poudreuse puis laissa place à un homme pâle et tremblant qui se volatilisa dans le tourbillon du transplanage.

Quand Sirius, Fol’oeil et Lily arrivèrent chez les Bones, ils tombèrent sur un duo de mangemorts. Les trois membres de l’Ordre les mirent vite en déroute mais il n’y avait plus rien à sauver. La famille d’Edgar Bones avait été massacré en entier. Lorsque Lily trouva le cadavre de Séraphina dans l’escalier elle se figea avec stupéfaction, Maugrey comprit avant elle qu’ils avaient utilisé du polynectar. Ils rebroussèrent chemin et arrivèrent à temps chez Mary pour voir Peter disparaître. James était en mauvaise posture quand ils entrèrent dans la maisonnette mais à eux quatre ils renversèrent la situation et les deux mangemorts abandonnèrent le combat rapidement. L’Ordre fût secoué par cette attaque brutale qui lui fit subir des pertes considérables, James et Sirius envoyèrent un hibou à Dumbledore pour l’informer du stratagème qu’avaient utilisé les mangemorts pour les piéger. La réponse de Dumbledore arriva après plusieurs jours sous la forme d’un hibou envoyé à chacun des membres de l’Ordre. Le message était succint : il contenait seulement la formule d’un sortilège à jeter sur un patronus pour lui permettre de livrer un message vocal.

Après la prophétie, Severus remonta dans l’estime du Seigneur des ténèbres mais il continua tout de même d’éplucher les hiboux interceptés de leurs ennemis malgré sa répugnance pour les ragôts insipides : parfois au milieu de tout ce charbon crasseux il trouvait un diamant, une information essentielle. Enfin c’était le cas avant qu’ils ne tuent les Bones et qu’il n’élimine Mary… Désormais non seulement il ne trouvait plus d’informations utiles mais en plus ses collègues n’interceptaient presque plus de hiboux. Severus mit plusieurs semaines à comprendre que l’Ordre avait changé de moyen de communication. Lorsqu’il fouilla les tiroirs de Marlène, il trouva un petit parchemin qui lui apprit que Dumbledore avait inventé un moyen ingénieux pour sécuriser les échanges au sein de l’Ordre : Les Patronus.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

13 janv. 2023, 17:59
Le Livre du Prince  complète 
Au début de l’été 81, Le Seigneur des Ténèbres convoqua Severus. Quand le mangemort entra dans le petit salon, Le Maître se tenait devant la cheminée éteinte, le regard perdu dans les cendres. Il était seul si on omettait l’énorme serpent qui se lovait sur les dalles en damier à ses pieds. Severus entra dans le petit salon, se tenant aussi loin que possible du reptile.

— Vous m’avez appelé, Maître ? Demanda t-il doucement.

Voldemort garda le regard plongé dans les cendres.

— Tu te souviens de cette prophétie que tu m’as livré l’année dernière, Severus ?

— Bien sûr, Maître.

— Il y a deux enfants sorciers qui correspondent murmura t-il en se tournant lentement vers son serviteur. Le fils des Longdubat et le fils des Potter.

Severus haussa un sourcil. Lily avait donc eu un fils de son abruti de binoclard… Déconcertant.

— Nous n’avons pas encore localisé les Londubats répondit t-il, les Potter vivent encore au Manoir des vieux Potter pour l’instant, mais l’Ordre semble en avoir fait son quartier général. Il y a beaucoup trop de va et vient pour qu’on puisse attaquer sans dommage collatéraux, ils ont aussi une armoire à disparaître…

— Vous n’attaquerez pas le manoir des Potter répliqua le Seigneur des Ténèbres en tournant sa baguette entre ses doigts d’un air pensif.

Bien sûr pensa Severus, l’enfant de la prophétie est le Sang-Pur. Londubat lui avait toujours semblé faible et simple d’esprit mais il savait d’expérience qu’un enfant était capable de surpasser ses géniteurs, aussi médiocres soient-ils.

— Je vais les trouver, Maître affirma t-il avec conviction.

Voldemort lui lança un bref coup d’oeil appréciateur puis il se tourna à nouveau vers la cheminée sans ajouter un seul mot, au moment où Severus quittait la pièce, Bellatrix entra. Elle lui jeta un regard dédaigneux et s’inclina devant le Maître.

— J’ai envoyé le message comme vous me l’aviez demandé Maître, il ne devrait pas tarder à saisir votre offre, je l’ai vu s’enfuir quand…

La porte se ferma, étouffant promptement le rapport de la Sang-pure.

Severus ne trouvait pas. Cela faisait deux semaines qu’il cherchait un moyen de localiser les Londubat ou l’une des cibles secondaires du Seigneur des Ténèbres mais c’était le silence radio depuis leur dernière attaque. Les nouvelles protections de l’Ordre lui compliquaient la vie… Impossible d’intercepter un patronus et de lui voler ses secrets, impossible de le contrefaire pour apprendre le vrai en prêchant le faux… Le Serpentard soupira de résignation. Il tira lentement sa baguette de sa manche et lança le sortilège. La biche sauta de sa baguette, aussi lumineuse et irradiant de douceur qu’avant, elle l’observa calmement et vint à lui quand il tendit la main vers elle. L’Amour qui irradiait de son patronus le fit grimacer, il n’arrivait pas à croire que cette chose venait de lui, qu’elle vivait en lui, par lui…

C’était une faiblesse. Sa plus grande et humiliante faiblesse. Elle était d’autant plus dangereuse maintenant que Le Seigneur des Ténèbres contrôlait le monde sorcier… S’il réalisait un jour que Severus éprouvait cette émotion-là pour une Née-moldue au point de pouvoir en faire un patronus... Alors Severus baisserait dans son estime. Peut-être qu’il perdrait même totalement la confiance du Maître. Il avait essayé pourtant de combattre cette… De combattre la Biche Argentée. Il avait perdu. Qu’aurait-été son patronus s’il n’avait pas aimé Lily ? Quel animal se cachait-il au fond de lui ? Lily était perceptible dans sa biche, la beauté, la grâce, l’inteligence, une forme de sagesse silencieuse… Une lionne lui aurait mieux convenu se dit-il en se rappelant le comportement féroce et protecteur de son amie d’enfance. La biche… Il écarquilla les yeux. La biche de Lily était exactement similaire à la sienne ! Un sourire se déploya lentement sur ses lèvres quand il réalisa qu’il pouvait la transformer en arme.

Il ne pouvait certes pas contrefaire la voix de Lily mais pour quoi faire ? Qui se méfierait du patronus d’un membre de l’Ordre ? Il suffisait qu’il envoie la biche guider ses ennemis jusqu’au piège. Personne ne savait qu’il était capable de créer un patronus, personne ne savait qu’il y avait une faille exploitable dans la solution que Dumbledore avait trouvé…

La Biche Argentée le couvait d’un regard compatissant et paisible.

— Tu vas enfin m’être utile lui murmura Severus avec un frisson de plaisir.


Le lendemain de sa brillante idée, Severus fût convoqué par le Maître avant d’avoir pu planifier quoi que ce soit... L’équipe qui avait débusqué les frères Prewett s’était fait exterminer, il fallait finir le travail. Rosier, Fawley, Mulciber, Severus et Dolohov furent chargés d’y aller.

Il aurait préféré lire les élugubrations ineptes des Membres de l’Ordre…

Severus boîta vers l’escalier en grimaçant, ce cornichon de Gideon lui avait envoyé un confringo il avait réussi à se protéger de la plus grosse partie de l’explosion en projetant la table basse sur son adversaire mais sa jambe était touchée, il ne savait pas précisément dans quel état il était mais la douleur était atroce. Il s’assit sur une marche et étendit sa jambe blessée devant lui. La petite chaumière des frères Prewett était dans un sale état… La porte pendait sur ses gonds, le battant était enfoncé en son milieu comme s’il avait reçu un coup de bélier, toutes les vitres avaient été soufflé par le confringo de Gideon, ce qui restait des meubles était entassé en tas informe dans la cheminée pour bloquer l’accès à d’éventuels renfort. Gideon gisait sur le sol de la cuisine dans une flaque de sang, un trait net en travers de la gorge là où le SectumSempra l’avait atteint… Severus ferma les yeux et s’efforça de ressentir la vibration des lieux, il y avait une sorte de chappe intangible au dessus de lui, quelqu’un avait lancé un sortilège d’anti-transplannage. Tout était verrouillé, Severus reconnaissait bien là les méthodes de Rosier… Dès qu’il eût reprit son souffle , il lança un rapide sortilège de soin sur sa jambe puis il rejoignit le salon où ses camarades interrogeaient Fabian.

L’autre Prewett était en mauvais état, adossé à la table basse brisée, l’une de ses jambes formait un angle anormal, ses cheveux étaient en parti brûlé par l’explosion qu’avait lancé son frère et son visage était moite et pâle à cause des multiples endoloris qu’il venait de recevoir.

— Ton jumeau est mort Fabian disait Rosier agenouillé près de lui, tu peux continuer à résister, tu peux continuer à souffrir si tu veux… Mais à quoi bon ? On finira par obtenir ce qu’on cherche de toute façon, si tu parles on t’aidera à rejoindre ton frère rapidement, si tu résistes : je vais te découper en morceau pendant que mon ami qui est ici t’imposera des visions cauchemardesque qui te feront regretter de ne pas avoir affaire aux détraqueurs… Tu veux vraiment finir comme Fenwick ? Parle et ta mort sera propre. Quelle différence ? Pourquoi souffrir inutilement alors que la fin sera la même ? Au final tu vas mourir et nous on aura ce qu’on cherche. Rend toi service et épargne toi des souffrances inutiles…

Fabian déglutit douloureusement et ses traits s’affaissèrent de résignation, il ouvrit la bouche pour répondre quand un trait de lumière passa entre Severus et Rosier et le heurta de plein fouet. Il hoqueta en recevant le silencio, les mangemorts se redressèrent brusquement sous le coup de la surprise.

— Il ne vous dira rien tonna une voix autoritaire derrière eux.

Severus bondit sur ses pieds et grimaça en apercevant les sorciers qui venaient d’arriver. Potter s’était épaissi depuis la fin de leur scolarité ses épaules carrés et ses mouvements fluides présageaient d’un excellent duelliste, il toisa les mangemorts avec la même expression dégoûté qu’autrefois et se tint droit comme la justice, ses lunettes jetant des éclairs coléreux. L’image d’un cerf argenté arrogant flotta dans l’esprit de Severus et la haine lui tordit les entrailles. Black flanqué son meilleur ami comme d’habitude, son regard gris étincelait de haine, entre eux deux, Lily jetait des regards anxieux à Fabian et se tordait le cou pour essayer d’apercevoir le deuxième Prewett.

— Potter susurra Rosier d’un ton joyeux, tu sort enfin de ta cachette ?

— Tu vas rejoindre ton cousin à Azka…

Severus chercha obstinément à croiser le regard vert, cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait pas vu, et plus longtemps encore depuis leur dernière conversation… Il sentit l’ancienne faim le tarauder, ce besoin vertigineux de lui parler, de la regarder et d’être auprès d’elle. Elle finit par croiser son regard et durant cette seconde suspendue, Severus lut dans le regard vert ce qu’il avait jadis pris pour de la pitié… Une affection teintée de mélancolie, elle n’avait pas pu l’arracher aux ténèbres, il s’était perdu avant même qu’elle ne mette fin à leur amitié. C’est la seule pensée qu’il intercepta avant de baisser les yeux en déglutissant douloureusement. La joute verbale de Rosier et de Potter venait de virer aux insultes quand il reprit conscience de son environnement.

Soudain un éclair rouge jaillit et Severus para par réflexe, Black montra les dents dans un rictus féroce en voyant son sort heurter le protego grésillant, il renchérit. Lily l’avait déconcentré mais Severus reprit vite ses esprits en occludant, il oublia les Prewett, il oublia les mangemorts, le Seigneur des ténèbres et Lily, la seule chose qui comptait c’était d’exterminer Black, de détruire ce traitre, ce menteur arrogant et cruel. C’était sa faute à lui s’il avait choisi ce chemin-là !

Black envoya sortilège sur sortilège pour acculer Severus en défense mais le Serpentard paraît tout et il fini par dévier les sortilèges de Black pour les lui renvoyer, il aperçut du coin de l’oeil Rosier et Mulciber engagés dans un duel similaire avec Potter, Mulciber et Dolohov s’étaient ligués contre Lily. Severus para une nouvelle vague de maléfices d’une main et envoya d’un coup de baguette une chaise brisée sur Black. La chaise traversa le protego du Gryffondor et le heurta à l’épaule, aussitôt Severus lui envoya un violent SectumSempra, Black se jeta sur le côté mais le Serpentard s’acharna, lui envoyant son maléfice en rafale. Black se roula de côté, para d’un protego mais au moment où il feinta à gauche il croisa le regard de Severus et le mangemort lut son intention, il visa à droite à l’instant même où son adversaire se déplaçait, une large déchirure lui zébra l’épaule en lui arrachant un hurlement guttural. Severus aperçut un éclair violet du coin de l’oeil et para. Potter avait neutralisé Mulciber et s’était déplacé pour couvrir son ami. Severus lui envoya ce qui restait de la chaise brisée pendant que Rosier aidait Fawley à se relever. Potter se baissa souplement puis fût attaqué de nouveau par Rosier.

Severus aperçut Black se traîner derrière le canapé pour se mettre à couvert, laissant une trainée de sang derrière lui. Il prit soudain conscience que Lily n’était pas dans les parages, il se redressa et jeta un rapide coup d’oeil autours de lui. Il n’avait pas pris garde à son environnement tant le duel avec Black avait monopolisé son attention, la pièce était dévastée. Un pan de mur s’était éboulé, une épaisse fumée verte émanait d’une flaque jonchée d’éclats de verre. Sans doute une de ses potions de camouflage… Il aperçut un corps à la chevelure rousse allongé près de la cuisine et son coeur se serra si fort dans sa poitrine qu’il crut faire un arrêt cardiaque. Lily. Il traversa la pièce sans faire attention aux sortilèges qui zébraient l’épaisse fumée, ignorant la brûlure qui lui déchirait le flanc. Il tomba à genou, à peine conscient de ses actes tant le sang pulsait dans sa tête. Il tourna le visage pâle vers lui d’une main fébrile. C’était Fabian. Il était mort. Severus sentit son souffle se relâcher de soulagement. Il venait pourtant d’échouer. Les Prewett avaient emporté leur secret dans la tombe, le Maître serait furieux… Mais au moins ce n’était pas Elle. Soudain un hurlement atroce recouvrit le bruit de la bataille. Quelqu’un recevait un endoloris. Un homme si on se fiait à sa voix. Severus avança à l’aveuglette pour rejoindre la source des cris.

— JAMES ! JAMES ! Hurla Lily d’une voix terrorisée quelque part dans la fumée.

Il vit d’abord Fawley debout au centre de la lumière rouge, elle couvait la silhouette qui se tortillait à ses pieds d’un regard haineux et avide. Il aperçut Rosier derrière elle avachi par terre le teint pâle et transpirant. Il semblait blessé. Dolohov et Mulciber n’étaient que deux silhouettes sombres qui s’agitaient et lançaient des jets de lumières dans le brouillard. La fumée s’écarta en face de lui pour laisser apparaître une chevelure flamboyante et deux yeux verts étincelant de fureur. Lily pointa sa baguette sur Fawley et lança un expulso si violent que la mangemort fût projeté en l’air, un craquement sec retentit quand sa nuque heurta la première marche de l’escalier. Le hurlement de Potter s’arrêta pour laisser place à une toux sèche et des halètements épuisés. La souffrance de son ennemi arracha un sourire de jubilation à Severus, un sourire qui disparut quand Lily se jeta sur lui en sanglotant et en l’appelant tendrement. Dolohov et Mulciber échangèrent un regard surpris, ils contemplaient Lily avec une pointe de frayeur, ils aperçurent le cadavre de Fabian derrière Severus et comprenant qu’ils avaient déjà échoué, ils transplannèrent sans demander leur reste. Severus entendait la voix de Maugrey un peu plus loin qui récitait un sortilège de soin, peut-être essayait-il de soigner Black. Il ne l’avait même pas entendu arriver… Rosier grogna de douleur sans parvenir à se redresser.

Severus s’élança pour le rejoindre, Lily se retourna brusquement et pointa sa baguette sur lui. Il se figea et l’observa en gardant sa baguette baissée, le haïssait t-elle au point de l’attaquer ? De le tuer ? Lui il ne pouvait pas. Un jet de lumière passa à côté de Severus et Lily para le maléfice. Ses yeux implacables dévièrent vers Rosier. Elle se plaça entre Potter et le mangemort puis lui jeta une raffale de sortilèges avec une adresse et une rapidité impressionnante. Severus lança plusieurs couches de protego pour couvrir son ami. Elle tourna son regard vers lui, hésitant à l’attaquer malgré l’habit noir qu’il portait, elle se demandait s’il allait l’attaquer, si la magie noire l’avait corrompu à ce point-là. Les yeux verts étaient toujours aussi faciles à lire… Severus empocha sa baguette lentement et lui tourna le dos, il attrapa Rosier d’un geste brutal et transplanna.


— Les Potter ? Répéta le Seigneur des Ténèbres quand Dolohov eût fini de lui transmettre leur rapport de mission.

Wilkes était assis sur la marche de la grande cheminée, le regard perdu dans les flammes et l’air mélancolique. Rosier était en train de prendre l’air dans le parc. Personne n’avait pensé à récupérer le cadavre de Fawley mais le Maître n’avait pas réagi en apprenant sa mort, ce n’était pas la priorité. Severus se sentait légèrement étourdi, il ne s’était jamais retrouvé face à Lily dans un combat. Il ne l’avait jamais vu tuer quelqu’un. Il crispa la mâchoire et occluda ses pensées, reportant son attention sur le Seigneur des Ténèbres qui faisait tourner pensivement sa baguette entre ses doigts. Un éclat s’alluma dans son regard reptilien.

— Oui… J’aurais du m’en douter murmura t-il, c’est le fils Potter, pas l’autre…

Severus fronça les sourcils. Le fils Potter ? Parlait-il de la prophétie ? C’était Londubat l’enfant de la prophétie. C’est pour ça qu’ils voulaient capturer les frères Prewett pour obtenir le secret du Fidelitas derrière lequel la Vieille Londubat avait calfreuté son précieux rejeton, sa bru et leur braillard… C’était lui le Sang-Pur, lui… Severus se souvint d’une vieille discussion qu’ils avaient eu à la salle commune de Serpentard : Le Seigneur des Ténèbres était un Sang-Mélé. Croyait-il que son ennemi lui ressemblait ? Croyait-il malgré ce qu’il préchait que les Sang-Mêlés étaient plus puissants que les autres ? Il avait rapidement accepté Severus dans la Cause, il lui avait confié des missions importantes mais sur le coup Severus avait simplement pensé que ses compétences et son travail couplés au nom des Prince… Non… Il fallait que ce soit le Sang-Pur, s’il choisissait le fils Potter alors Lily… Il fallait que ce soit l’autre…

— Allez-vous-en ordonna le Maître de sa voix suave.

Les Mangemorts s’inclinèrent docilement et commencèrent à quitter la pièce dans un bruissement de cape. Severus resta figé à sa place, le coeur battant à toute allure et un mauvais pressentiment à l’esprit. Le Seigneur des Ténèbres semblait déjà perdu dans ses pensées, Severus était seul avec lui désormais, il n’osait pas suivre son impulsion… Il n’osait pas demander au Maître… La dernière fois il n’avait pas apprécié qu’il défende les nés-moldus… Mais c’était avant la prophétie, depuis le Maître avait de nouveau confiance en lui, il pouvait essayer pour Lily…

— Maître dit-il en avançant vers lui avec hésitation.

— Toi aussi Severus répondit le Maître sans même le regarder.

— Je… Vous pensez que c’est le fils Potter l’enfant de la prophétie ?

Le Maître se tourna vers lui et le couva d’un regard perçant et hostile. Severus tomba à genou devant lui pour lui montrer son respect.

— Maître j’aimerai vous demander une faveur…

— Une faveur ?

— Je connais Li… La femme de Potter.

— La Sang-de-Bourbe.

— Oui Maître. La prophétie ne concerne que l’enfant. S’il vous plaît mon Maître, épargnez sa mère, elle s’est laissé entraîner par Potter mais elle… Elle n’est pas une menace pour vous. Il suffit que le père et le fils meurt pour contrecarrer la prophétie.

— Tu veux que j’épargne la Sang-de-Bourbe de Potter… Pourquoi ?

Severus releva les yeux.

— Elle est à moi grogna t-il un feu sombre dans les yeux, pas à lui.

Un rictus méprisant glissa sur les lèvres pâles du Maître, accentuant encore davantage ses traits reptiliens.

— Je vais y réfléchir Severus susurra t-il de sa voix douce, va t’en maintenant et dis à Wilkes d’entrer.

— Merci Maître.

Severus inclina la tête en remerciant son Maître puis il se releva souplement et quitta la pièce sans que son coeur ne parvienne à se calmer. Le Maître n’avait pas nié. Il avait changé de cible. Severus ne savait pas très bien ce qu’il ressentait à propos de tout ça, il savait que c’était un retournement extrêmement problématique mais il était encore assomé par la nouvelle. Lily… Comment cet abruti de Potter pouvait-il la mettre en danger ainsi ? Pourquoi rejoindre cet Ordre du Phénix contre le plus grand mage noir de tous les temps ? Ils n’avaient aucune chance ! Le Maître avait déjà fait plié les trois-quart du monde sorcier, l’Ordre était en train de se faire exterminer ! Et l’enfant… Qu’il naisse exactement au moment de la Prophétie… Quelle absurdité ! A cause de cette chose Lily allait devenir une cible prioritaire. Mais le Maître était généreux avec ses meilleurs serviteurs, il avait accordé quelques faveurs à certains d’entre eux, des récompenses… Il lui laisserait Lily.

Les portes du Manoir claquèrent derrière lui sans qu’il ne sache si c’était à cause de sa colère ou d’un ordre de son Maître.

Wilkes ne resta pas longtemps avec le Maître, il avait juste reçu de nouveaux ordres… Il rejoint Rosier pour lui apprendre la teneur de la mission que le Maître voulait qu’ils exécutent. Rosier était assis sur un petit banc de pierre séparé du chemin par une haie de jeunes cyprès. Le mangemort grimaça en étendant sa jambe devant lui, il avait encore mal. Potter lui avait jeté un sort cuisant tellement puissant que ni les sorts de soins de Narcissa, ni les baumes de Severus ne parvenaient à faire disparaître la douleur. Wilkes arracha quelques feuilles au cyprès le plus proche de lui pour s’occuper les mains.

— C’est inhabituel qu’il nous demande d’épargner une maudite Sang-de-Bourbe, tu trouves pas ? Demanda Wilkes.

— Hmmm. Il en a peut-être besoin pour la suite de ses plans répondit Rosier, en tout cas tu ne touches pas à Potter. Tue le bâtard comme tu veux, mais laisse moi le Traître à son Sang.

Wilkes arracha de nouvelles feuilles au cyprès avec davantage de brutalité, il avait les traits tirés de fatigue.

— Si tu veux mais… J’ai déjà vu la rouquine se battre, elle est plus féroce que lui… Et c’est une idiote sans cervelle. Elle me laissera pas tuer son gosse sans se battre…

— Le Maître a dit de l’épargner « si possible », ça veut dire que tu peux l’abîmer un peu si elle pose problème mais la priorité : c’est l’enfant.

— C’est vrai ? Demanda Wilkes en se tournant vers lui avec un regard avide, ça ne posera pas de problèmes si je la saigne aussi ?

— On aura qu’à dire qu’elle a posé problème et qu’on avait pas le choix…

Wilkes sourit.

— Je vois qu’on se cromprend dit-il en ricanant.

Rosier échangea un regard complice avec son ami, il aperçut une cape noire passer sur le chemin à travers les cyprès, le Maître avait peut-être besoin de marcher, il faisait souvent cela pour réfléchir.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.

14 janv. 2023, 12:40
Le Livre du Prince  complète 
Severus décacheta le morceau de parchemin et chassa le hibou avec impatience, un rictus satisfait tordit ses lèvres, sa source avait enfin réussi à localiser la cible… Il brûla soigneusement le message, passa sa cape noire et sortit de chez lui avec empressement. Il ne restait plus qu’à refermer le piège…


Maugrey était en train d’inspecter une allée de Flagley-le-Haut avec son apprenti. Il n’y avait rien mais un sorcier du coin leur avait assuré qu’il avait vu passer un loup-garou au petit matin. Maugrey était penché sur un massif de Buis à la recherche de traces de loups, son lumos était à peine suffisant pour…

— Retourne donc dans ton secteur grogna t-il alors que son collègue augmentait la luminosité derrière lui. Pas besoin d’aide…

Aucune réponse, il se retourna et s’aperçut que ce n’était pas un lumos. La lumière venait d’un patronus. Au début il crut qu’il s’agissait de celui de Potter, mais celui-ci n’avait pas de bois. C’était une biche, la biche de Lily. Maugrey attendit qu’elle prononce son message mais la biche l’observa quelques secondes avant de se tourner lentement pour lui indiquer de la suivre. Maugrey grogna dans sa barbe, il avait horreur des imprévus et plus encore des devinettes au petit matin… Il jeta un coup d’oeil à la ronde avec hésitation. Deux heures qu’il cherchait des traces de loup-garous sans rien trouver, le sorcier qui les avait appelé s’était sans doute inquiété pour rien… Il siffla dans ses doigts pour attirer l’attention de Franck qui fouillait un peu plus loin.

— Je suis appelé ailleurs, ça ira ?

Londubat avisa la Biche Argentée derrière son mentor et fronça les sourcils.

— Lily ? Si l’Ordre a besoin de renfort je viens avec toi. On ferait mieux de ne pas se séparer… Il n’y a pas de loups-garou ici de toute façon et personne n’a été mordu. Il pointa le soleil orangé avec sa baguette. Même s’il y’en avait eu un, ce n’est plus un problème maintenant.

Maugrey hocha la tête et lui fit signe de le suivre, la biche les attendait en trépignant quelques mètres plus loin, il hésita une seconde. Lily aurait pu envoyer un message vocal avec le sort d’Albus, pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? Elle était suffisamment douée en sortilège et elle avait une excellente mémoire… Peut-être qu’elle avait oublié la formule dans la panique du moment. Ça arrivait avec les jeunes recrues. Les mangemorts ne pouvaient pas produire de patronus de toute façon et puis il resterait Vigilant.

— Un problème ? Demanda Londubat en arrivant à sa hauteur.

Maugrey secoua la tête et s’enfonça dans la jachère à la suite de la Biche Argentée.

Ils suivirent la Biche dans le champs trempée de rosée, ils la suivirent quand elle sauta un fossée puis quand elle entra dans un bois rempli de ronces et de bois morts. Les deux Aurors étaient sur leur garde - prêt à parer n’importe quel maléfice - ils avaient les traits figés de concentration et marchaient lentement. La Biche sortit du bois et les guida au fond d’une ravine étroite, Londubat lança un regard nerveux à Maugrey sans oser s’y engager. L’Auror grimaça en observant les promontoires de chaque côté : c’était l’emplacement idéal pour une embuscade. La Biche se tourna vers eux pour les attendre. Maugrey lança un hominum revelio, le sortilège lui indiqua qu’il y avait un homme quelque part au loin. Rien de plus. Ils pouvaient gérer l’attaque d’un sorcier isolé. Il s’engagea dans la ravine. La Biche argentée se figea près d’un Saule où la ravine se transformait en colline, les Aurors arrivèrent à sa hauteur et elle disparut.


Le hameau était tranquille, les cottages qui se groupaient ici étaient presque tous occupé par des sorciers contrairement au centre de Flagley-le-Haut où les moldus étaient majoritaires. Un chemin de terre passait non loin du saule pour serpenter entre les petites maisons de pierre, la Biche Argentée leur avait fait couper à travers champs et forêts pour rejoindre plus vite la maisonnette qu’habitaient les Potter mais il n’y avait aucune trace d’urgence ici. Un vent froid soufflait sur les toits de chaumes et dans les arbres verts, l’aube grise était silencieuse et les rideaux de toutes les chaumières étaient tirés. Il n’y avait personne dehors en ce froid matin.

Maugrey attrapa le bras de Londubat avant qu’il ne soit sorti du couvert du saule.

— Qu’est-ce que tu fais ? grommela t-il.

— Je… On ne va pas voir Lily pour savoir si tout va bien ?

— Non.

Maugrey examina de nouveau les alentours d’un air suspicieux, ses petits yeux bruns bondissant sur chaque élément du paysage. Il sentait un frisson nerveux lui hérisser le poil, il y avait quelque chose d’anormal là-dessous. Il connaissait ce calme plus profond que la quiétude, ce calme expectatif qui précédait les guerres…

Ils restèrent à couvert des branches basses du saule, observant le cottage endormi sans un mot. Londubat endura patiemment une heure de garde dans le froid mais plus il y réfléchissait plus il trouvait la situation ridicule. Pourquoi ne pas aller directement demander à Lily la cause de son patronus ? Pourquoi rester dehors dans le froid à veiller sur un cottage qui était peut-être vide ? Il regarda son mentor d’un œil dubitatif, au bureau la paranoïa de Maugrey était bien connu… Il n’avait même pas autorisé Franck a envoyé un patronus aux Potter.

— Emmeline m’a demandé de l’accompagner au chemin de traverse dit-il à son mentor, je peux y aller ?

— Vas-y gamin.

— Tu rentres au Bureau ? Ça ressemble à une deuxième fausse alerte…

Maugrey pinça les lèvres et lança un regard hésitant au cottage des Potter.


Lord Voldemort était assis dans son fauteuil près de la cheminée du petit salon, son Manoir était le centre névralgique de la Cause. Tous les mangemorts venaient chercher leurs ordres ici lorsqu’il daignait les appeler. Aujourd’hui il n’y avait que deux mangemorts dans la pièce avec lui, Severus et Malefoy. Le Sang-Pur était assis dans un fauteuil en face du Maître et répondait docilement à ses questions sur les stratégies des Malefoy pour dissimuler leurs artefacts de magie noire face aux inspections des Aurors.

Severus feuilleta distraitement son exemplaire des potions de Grands pouvoirs, il était assis à sa table de travail près de la fenêtre, assez éloigné du Maître pour ne pas attirer son attention et assez près pour écouter la conversation.

Plusieurs bocaux d’ingrédients s’alignaient sur la table devant lui, le Maître lui avait demandé de confectionner des potions… Quel terme avait-il utilisé déjà ? Ah oui : Des potions dissuasives. Le Maître aimait les euphémismes. Severus survola avec lassitude l’illustration d’un humain dont la peau avait était retourné comme un gant, il n’arrivait pas à se concentrer… A l’aube il avait conduit Maugrey et Londubat jusqu’au cottage où Lily, Potter et Black habitaient mais il n’avait pas pu rester pour s’assurer qu’ils interceptent bien les mangemorts… Il savait de source sûre que Potter et Black étaient absents, qu’ils avaient laissé Lily seule avec l’enfant. Et si Wilkes et Rosier avaient l’idée de passer par l’arrière de la maison ? Et si les deux Aurors n’avaient pas attendu assez longtemps ? Severus crispa la mâchoire et tenta une nouvelle fois d’occluder malgré la douleur atroce qui lui sciait le crâne. Il avait toujours eu du mal à contenir sa haine pour Black et Potter mais depuis que le Maître avait Lily dans le colimateur il s’était aperçu qu’il avait encore plus de difficulté à contenir son inquiétude pour elle. Il sentait cette chose lui tordre les entrailles sans que l’occlumancie ne parvienne à l’aider… La porte du petit salon s’ouvrit à la volée et claqua contre le mur. Severus haussa un sourcil en voyant Bellatrix entrer en trombe, elle s’agenouilla au pied du Seigneur des Ténèbres sans se soucier d’interrompre la conversation qu’il avait avec Malefoy.

— Maître dit-elle d’une voix essouflée, nous avons un problème.

Lord Voldemort ne lui adressa pas un seul regard, il tira un carnet noir de sa cape et le tendit à Malefoy d’un geste gracieux comme s’il n’avait jamais été interrompu.

— …En sureté, tu m’as compris ?

— Bien Maître…

— Comme la prunelle de mes yeux souffla distraitement le Maître en congédiant Malefoy d’un geste négligent.

Il attendit que le mangemort soit sorti, jeta un coup d’oeil à Severus qui gardait les yeux fixés sur son livre puis soupira en reportant son attention sur Bellatrix qui le couvait d’un regard inquiet. Severus savait qu’il avait déjà eu ce regard lui aussi, ils avaient tous peur quand ils étaient contraint d’annoncer au Maître qu’un de ses plans avait échoué. Parfois le Seigneur des ténèbres prenait la chose avec philosophie, d’autres fois le messager recevait un endoloris si puissant qu’il mettait des jours à s’en remettre. On ne savait jamais comment il réagirait à l’avance…

— Eh bien parle Bellatrix… Quel est ce problème ?

— Rosier et Wilkes dit-elle d’une voix rauque, ils… Ils sont morts.

Severus sentit un frisson de délectation courir dans ses veines mais ses tempes continuaient de pulser et son coeur tambourinnait si violemment dans sa poitrine qu’il avait peur que le Maître ne l’entende… Et s’ils avaient eu le temps de tuer Lily avant ? Si ça se trouve elle était déjà… Non elle allait bien. Il fallait qu’elle aille bien.

— Ils n’ont pas réussi à tuer l’enfant Maître, quand je suis arrivé Wilkes était déjà mort. Rosier était blessé et il se battait contre Maugrey, il lui a jeté ce sort de découpe en plein visage mais… Maugrey a riposté avec un maléfice et Rosier ne s’est pas relevé… J’ai transplanné aussitôt pour vous prévenir, Maître. Ils n’ont même pas pu entrer chez la Sang-de-Bourbe d’après ce que j’ai vu…

Un silence pesant tomba sur la pièce, Severus n’osa même pas tourner la page de son livre de peur d’attirer l’attention du Maître sur lui. Les épaules voûtés, il semblait essayer de disparaître dans l’ouvrage…

— Severus souffla le Maître.

— Maître ?

— Si je demandais à Bellatrix d’aller tuer son traître de cousin maintenant et de ne revenir à moi qu’à la seule condition qu’elle me ramène sa tête, crois-tu que tu te sentirais pleinement vengé de ses offenses passées ?

Severus fronça les sourcils sans comprendre le rapport entre la conversation et sa haine pour Sirius Black.

— Pas autant que si vous m’accordiez ce privilège en personne Maître hésita t-il, mais… Je m’en contenterai si c’était votre volonté.

Le Seigneur des Ténèbres sourit.

— Oui c’est bien ce que je pensais aussi. Celui qui a été annoncé comme le vainqueur de Lord Voldemort doit mourir de sa main.

Severus pâlit considérablement, ni Bellatrix ni Voldemort ne s’en aperçurent car il se trouvait près de la fenêtre, à contre-jour et le temps gris de l’automne assombrissait la pièce.

— Mais Maître… Ils vont sûrement changer de cachette dit Bellatrix.

Le Seigneur des Ténèbres la darda d’un regard assuré et méprisant comme s’il s’abaissait à regarder un animal particulièrement stupide. Le bref soulagement qui avait apaisé le coeur de Severus l’abandonna définitivement face à l’assurance du Maître. Il avait un plan précis. Severus retint le mouvement de désespoir qui lui donnait envie d’enfouir son visage dans ses mains. De se fracasser la tête sur la table. Cette fois c’était fichue… Lily… Elle allait… Il avait réussi à trouver un stratagème pour la protéger contre ses deux camarades mais contre le Maître… Il ne pourrait pas l’arrêter.

Personne ne pouvait arrêter le Seigneur des Ténèbres lorsqu’il avait une idée en tête et sa seule obsession à l’heure actuelle était de tuer dans l’oeuf son futur rival. Le fils de Lily…


Severus avança dans le couloir sombre, l’odeur de poussière et de renfermé le prit aussitôt à la gorge… L’air oppressant lui donnait la nausée. Les lattes de parquets grinçaient sous ses pas malgré toutes ses précautions mais le bruit des conversations était assez fort dans le bar, s’il faisait vite ça irait… Il s’arrêta devant la seule porte du couloir et la poussa d’une main tremblante. La porte s’ouvrit sur une pièce cernée de livres qui ressemblaient vaguement à son salon de Spinner’s end mais en plus vaste et en plus… Minimaliste. La pièce était complètement vide. Le sol était en marbre noir il ne renvoyait aucun reflet comme s’il avalait toute la lumière que diffusaient les bougies réparties dans la pièce. Alors qu’il continuait d’avancer, Severus entendit un léger craquement sous ses pieds qui lui fit baisser les yeux, le marbre avait laissé la place à une vitre de verre circulaire qui donnait sur un gouffre vertigineux emprisonnant une mer déchainée, les vagues jetaient férocement des tourbillons d’écumes contre les falaises suintantes. Un frisson glissa dans ses veines alors qu’il entendait le mugissement des vagues noires, ça ressemblait a des sanglots de détresse comme si la mer hurlait de désespoir.

Severus voulut reculer, il avait assez regardé, il ne voulait plus. Il voulait sortir de cette pièce désagréable le plus vite possible mais ses pieds restèrent cloués à la vitre alors que le niveau de l’eau montait brusquement en dessous. Les vagues ténèbreuses se rapprochaient de lui sous la vitre comme si elles allaient tout innonder et dévaster. Les flots s’écartèrent soudain pour laisser passer une lumière bleutée. La Biche argentée apparue, elle se hissa à la surface avec difficulté comme si la mer s’était changé en vase gluante, quand elle eût libéré ses longues pattes graciles, elle resta debout sur l’eau et leva la tête vers Severus juste au dessus d’elle. Ils échangèrent un regard puis elle bondit vers la vitre. Le verre éclata sous la charge de la Biche et le Serpentard bascula dans le vide, il hurla quand la morsure glaciale de la mer se referma sur lui.

Severus se redressa brusquement dans le noir, il était trempé de sueur et il frissonnait sans savoir si c’était à cause du froid ou de la terreur que lui avait infusé son cauchemar. Il regarda la vieille horloge posée près de son lit et s’aperçut qu’il avait à peine dormi deux heures… Tant pis. Il ne voulait pas replonger dans ces songes angoissants. Il se leva et jeta un incendio dans l’âtre du salon pour raviver les braises mourantes, il avait besoin de se réchauffer et d’avoir plus de lumière.

Le Serpentard se laissa tomber dans son fauteuil d’un air exténué. Il ne dormait pas depuis des jours et il se sentait constamment angoissé, c’était à cause de cette maudite prophétie… A cause de cet idiot de Potter qui avait empêché le Maître d’arracher leurs secrets aux Prewett… S’il n’avait pas joué les Gryffondors intrépides le Maître n’aurait pas changé de cible, il aurait continué à voir en Londubat l’enfant de la prophétie… Severus se frotta les yeux. Ils sentait qu’il était épuisé, qu’il était sur les nerfs. La Biche Argentée lui avait permis de donner un sursis à Lily mais c’était insuffisant… C’était même pire qu’avant ! Le Maître allait s’en charger lui-même désormais ! Comment pouvait-il arrêter le Seigneur des Ténèbres ? Le devait-il ? Lily l’avait trahi, abandonné… Il essaya d’attiser sa colère pour avoir une excuse rationnelle qui l’oblige à arrêter de protéger quelqu’un qui le détestait… Elle l’avait abandonné. Oui mais elle avait eu une bonne excuse. Elle avait essayé de le raisonner. Elle avait même essayé des dizaines de fois, elle lui avait fait miroiter le bonheur d’une autre vie, elle s’était fâché, elle avait proposé des alternatives mais Severus n’avait jamais cédé, il s’était entêté… Jusqu’à franchir la ligne, une ligne qu’il n’avait même pas vu tant il était stupide... Et il avait perdu Lily. Il savait qu’elle ne serait jamais à lui désormais mais tant qu’elle respirait quelque part, en sécurité et heureuse alors lui aussi il continuait de respirer.

Si le Seigneur des Ténèbres s’attaquait à Lily… Elle allait… Non. Non cette idée était proprement intolérable. Cette idée d’un monde sans elle était plus effroyable que n’importe quel cauchemar, pire que tout… La mort serait plus douce pour lui que la perte de… Elle était son âme. Elle était plus lui-même qu'il ne l'était, elle était le seul être qui lui semblait Réel. Il sentit la Biche Argentée se déverser en lui, il pouvait presque sentir la lumière et la douceur de son patronus couler dans ses veines alors qu’il revoyait le regard vert de sa Lily. Il comprit à cet instant qu’il ne se débarrasserait jamais de la Biche Argentée.

Rien n’avait d’importance hormis Elle. Qu’importe le Sang-Pur ? Qu’importe le succès ? Qu’importe le nom des Prince ou le Seigneur des Ténèbres ? Si elle n’était plus là, tout disparaitrait et il savait qu’il n’aurait plus l’air de faire parti de cet univers détestable. Rien hormis Elle.

Severus rouvrit les yeux sur le crépitement du feu de cheminée. Il devait arrêter le Seigneur des Ténèbres avant qu’il ne la trouve… Mais à lui seul il ne faisait pas le poids face au Maître… Personne n’était assez puissant pour combattre le Maître, personne à part… Dumbledore. Il grimaça, le vieux sorcier était implacable avec les Mangemorts, il allait le tuer avant même qu’il n’ait pu ouvrir la bouche. Tant pis, il fallait qu’il tente pour Lily, c’était sa seule option pour la sauver. Mais comment atteindre Dumbledore ? Il se remémora le barman qui l’avait surpris à écouter à la porte le jour de cette maudite prophétie… Abelword ? Abelworth ? Ils semblaient se connaître tous les deux. C’était le meilleur moyen. Ainsi il préserverait le secret de sa Biche argentée et il prenait contact sans risquer d’envoyer un hibou qui pourrait être intercepté.

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.