Aliénor poussa doucement la porte après avoir toqué à la porte. Elle passa la tête dans la salle de sortilèges. Mais elle avait le droit d’être ici ! Après tout Miss Perkins lui avait donné des cours particuliers l’année dernière, elle ne voyait pas pourquoi ce ne serait pas le cas cette année. Alors oui elle ne l’avait pas remarqué lors du banquet mais elle n’avait pas spécialement fait attention non plus. Bien trop occupée à commenter chaque arrivée avec Cassandre.

Mais qui sait sur un malentendu Miss Perkins ne voudrait plus… Ce serait désastreux ! Aliénor avait toujours été nulle pour lancer des sorts et grâce à ses leçons particulières, elle avait enfin pu se lier avec sa baguette. Elle en avait encore besoin elle le savait, le caractère de sa baguette et le sien n’étaient pas toujours en accord et ses lancés étaient parfois désastreux mais elle était bien moins dangereuse pour ses camarades qui n’avaient rien demandé depuis. Et ce n’était pas négligeable !

Alors elle entra finalement avec plus d’entrain et ferma la porte derrière elle alors qu’un grand sourire se dessinait sur son visage.

-Miss Perkins j’espère que je ne vous dérange pas je…


Elle c’était juste retournée, et maintenant qu’elle était face au bureau du professeur, Aliénor se retrouva tétanisée. C’était qui elle ? Aliénor fronça les sourcils avant de s’approcher avec lenteur, comme si elle avait affaire à un animal sauvage. Elle cligna des yeux plusieurs fois avant de balancer comme ça, de but en blanc :

-T’es qui toi ?

C’était la seule question qui pouvait sortir de sa bouche et la familiarité était nécessaire. Oui elle était totalement décontenancer de ne pas se retrouver face à sa professeure de sortilèges habituelle. Pourquoi elle était à la place de Miss Perkins ? Aliénor en avait tant dit à sa professeure, elle lui avait parlé de ses craintes vis-à-vis de sa relation avec Rey, elle lui avait parlé de ses parents, elle avait un lien de confiance avec elle alors pourquoi elle n’était plus dans sa salle de cours ? Ah moins que ? Aliénor se tourna vers la porte, elle était bien au bon étage ? C’était la bonne salle ? Elle était peut-être trop distraite.

-Elle est où Miss Perkins ?

Continua-t-elle après avoir ramené son regard vers cette femme assise à ce bureau. Son cerveau ne voulait pas accepter l’information. Mais pourtant des profs qui vont et viennent il y en a de partout. Mais ça ne pouvait pas être possible, elle était dans un déni total et se prendre le départ de sa professeur dans la tête… Non impossible, pas elle, pas Miss Perkins. Elle n’avait pas le droit.

Depuis une heure déjà, Sarah travaillait en silence, assise à son bureau dans sa salle de classe. Cela lui faisait un drôle d'effet en y pensant. Elle avait son propre bureau, sa salle de classe, sa chambre. Certes ce n'était pas une chambre extraordinaire mais tout de même, on y trouvait tout ce dont elle avait besoin quand elle aurait la nécessité de rester sur place. Demain par exemple puisqu'elle était de surveillance des couloirs de nuit. Quelle drôle d'idée en y réfléchissant, qui aurait idée de se balader dans des couloirs froids et sombres la nuit ? Sûrement des Gryffondor en mal d'aventure.

Sarah posa sa plume et s'étira en baillant. Les sixième années n'étaient pas tous au point sur les sortilèges du nouveau programme. Tout comme les quatrième année qu'elle avait vu lundi, il faudrait commencer l'année par une ou deux semaines de révisions et mises à jour pour coller aux textes officiels.

Alors qu'elle hésitait à se lever pour aller chercher une tasse et se dégourdir les jambes par la même occasion, un bruit en direction de la porte attira son attention. La galloise n'eut pas le temps de répondre, déjà une tête passait par l'embrasure de la porte désormais entrouverte. Sarah ne put s'empêcher de sourire devant l'étrange scène qui se déroulait devant ses yeux. Qui était cette gamine qui entrait ainsi dans sa salle de cours ?

Miss Perkins... Sarah avait fait le lien entre ce nom et l'ancienne professeur de sortilèges. Vu la tête de la visiteuse, à qui un boullu n'avait rien à envier à cette instant, l'adolescente ne s'attendait pas à voir Sarah dans la pièce. L'exclamation qui suivit fit cependant disparaître toute trace de sourire sur le visage de la jeune femme. De toute évidence, il manquait quelques règles de base à la brune qui lui faisait face. Certes, elle était surprise mais de là à tutoyer un adulte portant, de plus, la tenue de professeur.

Sarah ouvrit la bouche pour répondre mais une nouvelle question fusa. Visiblement cette ahurie n'avait pas consulté son emploi du temps ni la liste des professeurs pour l'année. C'est donc un peu sèchement que la Galloise donna ses explications.

- Sarah Priddy, votre nouvelle professeur de sortilèges pour cette année. Du moins si votre filière comprend cette matière. Miss Perkins a pris son envol vers d'autres horizons. Puis-je savoir ce qui vous amène ?

Après tout le Poufsouffle, si on en croyait la couleur de sa tenue, n'était sûrement pas venue ici pour rien de bon matin. Elle avait sûrement une requête à formuler à son enseignante. Même si cette dernière avait changé de nom et de tête, si problème il y avait, Sarah devrait à priori être capable de répondre.

Aliénor qui était arrivée toute fière et toute pleine d’ambition se décomposa presque sur place à la réponse de la femme assise en face d’elle. Elle ne pouvait pas avoir fait une connerie à ce point non ? Et ben si elle y était allé les deux pieds dans le plat sans se rendre compte de rien. Mais tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler elle connais pas hein ! Ses épaules s’affaissèrent et son regard se perdit dans le vide. Ce n’était pas grand-chose, elle en avait connu d’autre des changements de professeurs, mais là, ce n’était pas pareil. Elle s’entrainait et surtout, elle avait progressé grâce à Miss Perkins et là, elle avait l’impression de retomber au début. Et en plus elle venait de se ridiculiser devant sa nouvelle professeur.

-Je suis désolée Madame je… Je n’avais pas fait attention.

Pour ça c’était déjà une première étape. La jeune fille passa les mains derrière son dos et commença à jouer avec ses doigts, les entremêler pour faire passer le stress qui montait en elle et jouer avec son anneau en acier qui trônait toujours autour de son index.

-Aliénor Delphillia, je suis en filière Auror et… Je venais parce que…

Oh que c’était dur de trouver ses mots après avoir fait une entrée aussi gênante. Mais à force de bredouiller ainsi, elle allait faire perdre patience à sa professeur et ce n’était pas une bonne idée non plus. Déjà qu’elle devait la détester intérieurement… Allez Aliénor, on respire et on se lance. La jeune Poufsouffle prit une grande inspiration en fermant les yeux avant de se lancer.

-Je venais parce que j’ai toujours eu des problèmes pour lancer des sorts et me lier avec ma baguette. Miss Perkins m’aidait l’année dernière en me donnant des cours. Mais comme elle n’est plus là…

Aliénor baissa les yeux vers le sol. Ça avait été dur de tout raconter à sa professeur alors recommencer ? Elle ne savait pas si elle en était capable. Après tout, elle n’avait aucune confiance en cette femme qui remplaçait Miss Perkins. Mais avait-elle le choix ? Maintenant qu’elle était là face à elle dans cette salle de classe. Pouvait-elle vraiment tout laisser tomber et arrêter alors qu’elle recommençait tout juste à trouver ce lien si précieux pour certain avec sa baguette ?
Mais la gène et l’incertitude laissèrent place à une vieille amie d’Aliénor, la colère. Pourquoi son ancienne professeur n’avait pas daigné lui dire qu’elle partait ? Pourquoi l’abandonner de la sorte alors qu’elle savait qu’une partie du blocage de la jeune fille venait de l’abandon de sa mère, pas définitif certes mais quand même ! C’était égoïste et Aliénor avait bien du mal à avaler la pilule.

Sarah observait avec une pointe de satisfaction l'adolescente se décomposer devant elle. Au moins, n'était elle pas stupide. Elle se rendait compte que son comportement un instant plus tôt était tout sauf correct ou du moins adapté. La professeure écouta avec attention ce que la Poufsouffle avait à dire. Elle avait du mal à se lier à sa baguette. Intéressant. Et surtout gênant pour une sorcière britannique. La séparation forcée durant l'été n'avait sûrement pas améliorer les choses.

Sentant la gêne de la jeune fille accroître, la Galloise décida de mettre fin à son supplice en prenant les choses en mains. Elle comptait boire un thé un instant plus tôt et bien, ce n'était finalement pas une mauvaise idée. Elle désigna une chaise vide devant les tables à deux pas du bureau.

- Approchez une chaise et asseyez-vous. Voulez-vous boire un thé ou une tisane ?

Sans attendre de réponse, après avoir ranger ses copies, Sarah avait pris sa baguette et fait voleter depuis la pièce d'à côté deux tasses et une bouilloire. Du tiroir de son bureau elle sortit une boîte métallique contenant des feuilles de menthe, branches de thym, fleurs de camomille,... Elle mis dans sa propre tasse de la menthe et du thym avant de pousser la boîte à portée d'Alienor. Sarah fit ensuite couler de l'eau fumante dans sa tasse, laissant à la Poufsouffle le soin de se servir ou non.

- Vous suiviez donc des sortes de cours particuliers. Si ceux-ci vous aidaient, je peux continuer sans problème. Je suis disponible le mercredi, toute la journée. Cependant, il faudrait que j'en sache un peu plus sur vos difficultés et vos besoins.

S'agissait-il de simples révisions du cours ou avait-elle des séances de rattrapage des années précédentes ? Ou tout simplement des séances de méditation pour ressentir la magie ? Il allait falloir éclaircir tout ça mais avant, Sarah avait besoin d'une information.

Puis-je voir votre baguette ?

Sarah aimait les baguettes et ses études lui avait appris à mieux les connaître et à les réparer. Peut-être y avait-il un problème avec celle-ci.

Elle ne savait pas vraiment où ce mettre et d’ailleurs elle ne pensait plus vraiment à ça. Elle revoyait juste toute les occasions où Miss Perkins aurait pu la prévenir et qu’elle ne l’a pas fait forçant Aliénor à se retrouver dans cette situation. La cinquième année fulminait mais la voix de sa professeur la ramena sur terre avec la délicatesse d’un météorite qui s’écrase. Aliénor ouvrit de grands yeux avant d’acquiescer bêtement de la tête et de s’avancer pour s’installer. Elle regarda les tasses et la théière voler en se disant qu’elle n’oserais jamais faire ça avec des objets si fragiles.

-Je… Je veux bien tu thé.

Elle observa la tasse se poser avec délicatesse en face d’elle, un peu admirative mais aussi comme apaisée par cette magie fluide et légère. Sa colère c’était un peu dissipée et après tous, Miss Priddy n’en était pas la cause. Elle se servit une tasse de thé en écoutant, c’était vraiment gentil et ça allait lui permettre de calmer le reste de colère qu’elle pouvait avoir en elle.
La jeune Delphillia l’écouta tout en se servant et alors qu’elle s’apprêtait à répondre, la professeure lui demanda sa baguette. Aliénor, bouche entrouverte s’arrêta net, la théière en main, elle la posa doucement, ferma la bouche et se pencha pour sortir sa baguette de son étui. Elle la tendit à sa professeure.

-Bois de cerisier et plume de phœnix et oui elle est raide. Et j’ai toujours trouvé ça méchant qu’on associe ça à l’ouverture d’esprit…

Elle ne pouvait pas s’en empêcher de commenter hein ? Sa professeur la voyait bien sa baguette elle était sous son nez ! Mais bon. Aliénor prit une grande inspiration avant de poursuivre sur les premières interrogations, si c’était bien des interrogations de sa professeur. Et au moins elle comblait un peu le silence qu’allait certainement provoquer cette analyse. Autant le combler, ce n’est jamais agréable de se retrouver en silence face à quelqu’un qui fait autre chose et elle avait éprouvé assez de gêne pour la matinée.

-Elle m’a aidé à reprendre depuis le début. En fait je ne voulais plus faire de magie. Vous comprenez j’ai tout essayé pour lancer correctement des sorts, la méditation avec Miss Field, le sport… Mais rien n’y faisait et j’étais toujours un danger, j’ai même explosé la porte de cette salle un jour, ou gelé la main d’un élève en lançant ce qui devait être un expelliarmus.

Aliénor soupira pour elle-même. Elle se sentait ridicule avec sa magie, comme empotée, un pingouin qu’on aurait mit sur un balai pour jouer au Quidditch. Bref rien n’allait et elle avait l’impression de patiner comme ça depuis sa seconde année. Et elle rentrait en cinquième année ! Les BUSES l’attendaient à la fin de cette année et elle ne savait vraiment pas comment les appréhender. Maintenant elle attendait les mots de sa professeur comme si elle avait toutes les réponses, ce n’était pas le cas, mais elle en avait plus que la jeune Delphillia, c’était certain.

Les yeux de la professeur s'allumèrent, soudain emplis de curiosité à la vue de l'objet magique. Elle pensait demander l'autorisation de la toucher mais puisque la jeune fille le lui tendait, elle s'en saisit délicatement. Elle n'eut pas besoin de la description de l'adolescente pour reconnaître le bois de cerisier, brun rougeâtre quand on l'exposait au soleil. Elle hocha la tête à la suite, plume de phœnix. Il est vrai qu'elle était plutôt raide. L'enseignante fit doucement tourner la baguette entre ses doigts en écoutant les propos de son interlocutrice, observant les striures du bois.

Après un instant, elle releva la tête avec un sourire amusé aux descriptions qu'on lui faisait. Elle tendit de nouveau la précieuse baguette à sa propriétaire.

- Si cela peux vous rassurer, vous n'êtes pas la seule à avoir des soucis avec votre catalyseur depuis la création de cette école. Peut-être que cette exploitation de la magie ne vous convient pas vraiment. Ou peut-être n'êtes vous pas prête à vous voir comme vous voit votre baguette. Elle est en tout cas en très bon état.

Sarah but une gorgée de sa tisane avant de reprendre.

- Les baguettes choisissent leur sorcier en fonction de la magie qu'elles ressentent. Même si ça ne semble pas évident, la magie est présente en nous continuellement, les baguettes ont la capacité à la ressentir. Savez vous ressentir votre magie Miss Delphillia ? Je ne parle pas de votre baguette mais bien de vous, seule. Savez vous ressentir la magie qui est en vous ?

La plupart des sorciers ne s'embêtaient pas vraiment à comprendre ce détail. Puisqu'ils parvenaient à lancer correctement leurs sortilèges, ils ne cherchaient pas à comprendre d'avantage. Cependant, quand les choses ne fonctionnaient pas comme prévues, il fallait parfois repasser par la case départ, reprendre les choses au début comme l'avait fait Eleanor Perkins auparavant.

- Je ne sais pas comment vous ressentez votre magie. Chez moi, c'est un frisson, comme si toute ma peau se mettait à vibrer. Plus jeune, pour ressentir ce frisson, ce courant d'air sur ma peau, je m'amusais à poser ma baguette puis à m'imaginer dans une situation complexe ou dangereuse. Aussitôt, à l'idée de devoir me défendre, si la colère ou la peur montait, je sentais ce petit frisson me parcourir. J'ai appris avec le temps à le convoquer quand bon me semble, à le contrôler mais c'est un travail de longue haleine. Comment ressentez-vous votre magie de votre côté ?

Ce faisant, elle déposa sa propre baguette sur le bureau et convoqua silencieusement son fluide magique comme pour vérifier ses paroles et ses capacités à le faire. Elle sourit légèrement en ressentant le léger frisson lui remonter jusqu'en haut du crâne. Son poignet la chatouilla un peu plus fort, lui rappelant que son tatouage pourrait peut-être un jour se réveiller si elle travaillait un peu ce pan de la magie qu'elle refusait pour le moment d'approcher.

Les mains entourant sa tasse de thé, elle observait sa baguette qui était maintenant entre les mains de sa professeure de sortilèges. C’était comme si elle ne la reconnaissait pas. En bon état ? Oui, Aliénor y prêtait assez attention, parce qu’on lui avait appris à le faire. Mais elle n’avait pas vraiment l’impression d’être plus liée que ça à ce bout de bois. Elle porta la tasse à sa bouche et fut surprise de la température du thé qui était juste parfait. Aliénor observa la tasse de liquide brun, la magie faisait de si belles choses, mais elle, elle ne faisait pas de magie douce comme celle de Miss Priddy. La question de celle-ci fit lever les yeux de la jeune fille vers le visage de la femme. Ses doigts se mirent à jouer sur la tasse, comment ressentait-elle la magie ?

-Je sais pas trop… A vrai dire quand je suis en colère ou quand je ressent des choses fortes, j’ai comme une impression de puissance qui boue en moi, comme si un liquide chaud coulait dans mes veines avant d’exploser. Mais c’est la colère ça c’est tout… Et la colère… J’y travaille.

Oui elle était moins souvent en colère, elle trouvait des moyens pour gérer cette colère et la calmer. C’était bien, ça faisait du bien surtout, d’avoir un peu plus de contrôle sur elle-même. Mais pourtant ses moments-là, c’était le moment où elle avait l’impression d’être le plus proche de sa magie, quand elle sortait d’un coup, qu’elle éclatait comme une bête sauvage qu’on aurait trop longtemps enfermé. Aliénor prit de nouveau une gorgée de thé sentant le liquide chaud passer dans son corps. Ce n’était pas la même chaleur qu’elle ressentait quand elle perdait le contrôle, en fait rien n’était doux dans la corps de la jeune Delphillia.

-Vous parlez d’exploitation de la magie. Il y en a d’autres ? Je veux dire, si ça ne me va vraiment pas, je serais condamnée à être nulle en magie ?

Une once de panique passa dans le regard de la jeune fille. Si c’était le cas, qu’elle ne pouvait plus manipuler la magie, qu’elle ne servait plus à rien ? Elle allait faire quoi ? Devenir cracmol comme ce vieux fantôme de Rusard ? Oh non hein ! Elle n’était pas bizarre comme lui ? Hein ? Elle posa un regard paniqué sur la femme avant de serrer ses mains autour de la tasse. Elle avait forcément une porte de sortie… Ça ne pouvait pas se passer comme ça.

Sarah avait hoché la tête à la description de la jeune fille. Oui, c'était de la colère mais pas que et c'est ce qu'il fallait qu'elle arrive à ressentir.

- Ce n'est pas seulement de la colère même s'il y en a aussi. La magie est présente en nous et se fait ressentir très fortement quand on perd nos moyens. Donc, quand vous êtes en colère et perdez un peu le contrôle, vous ressentez votre magie. Je suis persuadée que c'est également le cas quand vous êtes triste ou en tout cas qu'un sentiment fort vous étreint. Pour vous entrainer à la ressentir, vous pourriez lire. Ca peut paraître étrange comme conseil mais si vous vous mettez à la place d'une autre personne, si vous ressentez ses sentiments, votre magie va s'exprimer mais vous serez plus en capacité d'en prendre conscience car moins concernée. Ce ne sera pas un conflit réel. Une fois que vous saurez déterminer comment vous ressentez votre magie, vous aurez moins de mal à la convoquer et à la maîtriser.

Elle fit une pause pour laisser le temps à l'adolescente d'assimiler ce qu'elle venait de dire. Elle ne la connaissait pas et ne savait absolument pas comment elle recevait ces informations.

- Non vous ne serez pas nulle en magie. En tout cas, je ferai mon possible pour que ça ne soit pas le cas mais peut-être qu'instinctivement, un autre type de catalyseurs vous auraient mieux convenu. Pour ce qui est de votre baguette, sachez qu'elle est puissante et que si elle vous a choisi c'est qu'elle a ressenti en vous un écho à cette puissance. Elle a ressenti en vous une grande force mentale. Cependant, si vous ne croyez pas vous même en votre force intérieure, elle ne vous écoutera pas. Il faut que vous soyez ce qu'elle attend pour entrer en résonnance. Avez-vous confiance en vous ? Êtes-vous du genre à vous accrocher à vos idées et à aller jusqu'au bout ?

Sarah observait la jeune fille face à elle. Les baguettes de ce genre n'étaient pas forcément simples à maîtriser. Il fallait, outre avoir cette force mentale, être capable de s'en rendre compte et surtout l'admettre.

Perdre ses moyens… Oui peut-être, chez Aliénor il était vrai que perdre ses moyens était souvent synonyme de colère, vu que c’était comme ça qu’elle dégageait au plus vite les pensées parasites et les sentiments incompris. Mais lire ? Elle n’avait jamais été une grande fan de lecture et elle avait un peu de mal à voir comment cela pourrait l’aider. Elle fit la moue durant quelques secondes en écoutant les paroles de sa professeur. C’était différent d’avec Miss Perkins. Elle la connaissait depuis plus longtemps et elle avait confiance en elle. Mais Miss Priddy ?

La jeune fille hocha doucement la tête quand même, ça ne coutait pas grand-chose d’essayer après tout. Puis son regard tomba sur sa baguette alors que la professeure lui en parlait. Une force mentale ? Une baguette puissante ? C’était flatteur quelque part, mais il y avait quelque chose qui ne collait pas. Aliénor était toujours en recherche de force, devenir plus fort pour protéger les autres et se protéger soi-même. Plus elle était forte, plus elle se rapprochait de cette liberté que désirait tant son cœur. Alors oui, mais alors pourquoi, si leur but était commun, elles ne s’entendaient pas.

-Confiance en moi ?

Elle releva les yeux vers sa professeure de sortilèges avant de prendre une gorgée de thé. Ca l’aidait à gagner du temps pour réfléchir à sa réponse. Ce n’était pas facile.

-J’aurais bien dit oui. Automatiquement j’aurais dit oui. Mais c’est plus de la fierté qu’autre chose. Je suis une adolescente Miss… On a tous des doutes et parfois ben je perds confiance en moi.


Comme dans la salle des trophées et qu’elle a fait éclater une vitre en milles morceaux, comme dans la salle de sortilèges, enfermée ou elle a fait exploser la porte, comme avec ce garçon alors qu’elle n’arrivait pas à lancer ce fichu sort et qu’elle lui a gelé la main. C’était peut-être ça le fil conducteur ? Elle se mordit la lèvre à cette idée.

-Mais je suis têtue, butée même. Je renonce jamais et je réessaye toujours. Même si c’est une catastrophe à chaque fois.

Elle baissa les yeux pour réfléchir, elle avait tellement souvent retourné ce problème dans sa tête… Et il y avait bien une fois où elle avait abandonné.

-A vrai dire non, il y a une fois où j’ai abandonné. C’est en magie.

Elle releva les yeux vers sa professeure un peu honteuse de lui avouer ce moment de faiblesse, elle avait eu l’impression que tout s’effondrait autour d’elle et que personne n’était capable de la comprendre, même pas ses plus proches amis. Elle avait eu tellement mal au cœur ce soir-là. Mais elle ne pouvait pas abandonné, elle l’avait promis à la Dame Grise, pour Colby, mais ça comptait pour tout le monde.

La jeune fille doutait. Ça ne faisait aucun doute. Elle ne doutait pas seulement d'elle. Elle doutait aussi du professeur qui lui faisait face. En soit, c'était plutôt normal. La Poufsouffle ne connaissait pas la nouvelle arrivante. Sarah hocha la tête pour faire savoir qu'elle comprenait bien les mots de l'élève qui lui faisait face.

"Vous avez donc confiance en vous, en votre ténacité mais pas en elle."

Du doigt, elle montra la baguette et bu une gorgée dans sa tasse avant de reprendre.

"Vous devez vous retrouver toutes les deux pour aller de l'avant et rétablir la confiance qui doit vous unire. Si vous voulez, on peut reprendre des séances d'entraînements ensemble mais pour que ça fonctionne, il faut qu'on trouve un domaine qui vous parle. Il faut que votre baguette ressente votre envie de faire pour que le lien se renforce. Du coup, dites moi donc, qu'est ce qui vous intéresse ? Vous passionne, vous donnerait envie d'apprendre ou de découvrir ? Si la magie ou du moins les baguettes ce n'est pas à première vue votre truc, quel est votre truc ?"

Sarah recula légèrement sa chaise pour croiser ses jambes. Elle ouvrit le tiroir de son bureau et sortit une boîte en métal contenant les fameux sablés servis aux élèves lundi. Il en restait peu mais ils étaient toujours aussi savoureux. Laissant à la Poufsouffle un temps de réflexion, elle croqua un biscuit et invita son invitée à se servir si elle en avait envie.