Le cours de Vol était à présent terminé depuis une bonne demi heure quand le jeune Percival entra d'un pas lent à l'intérieur de la Bibliothèque pour se diriger vers les rayonnages, la mine un peu fatiguée par tous les exercices fait durant le dernier cours. Dans ses souvenirs, ce jour était un peu spécial en Grande-Bretagne et plus particulièrement en Angleterre, son pays de naissance. D'une curiosité insatiable, tout en se disant qu'il devait y avoir un livre sur tous les sujets du monde ici, à Poudlard, il s'était dit qu'en apprendre un peu plus sur cette "Nuit de Guy Fawkes" ne serait pas si dépourvu d'intérêt. Et puis tant qu'à faire un petit tour dans l'un de ses endroits préférés du château, il en profiterait pour emprunter un ou deux livres afin de s'occuper durant son temps libre. Ses devoirs pour le lendemain avaient déjà été fait du coup le déroulement de sa soirée était déjà bien pensé dans sa petit tête.

- Fawkes, Fawkes, Faw-... Ah, trouvé ! lança-t-il en retirant le bouquin à la reliure noire de l'étagère. "Souvenez-vous, Souvenez-vous : Une histoire culturelle de la journée de Guy Fawkes".* Ça a l'air intéressant mais vous auriez au moins pu faire un effort sur la couverture Mr Sharpe, ça donne pas vraiment envie de lire votre bouquin...

Ayant trouvé son bonheur, le petit refit le chemin par lequel il était arrivé dans le sens inverse en direction du comptoir pour pouvoir l'emprunter.

*Traduction française du livre : "Remember, Remember : A Cultural History of Guy Fawkes Day"

La journée avançait bien et Augustin était fatigué. Tous ces cours qu'il passait en écoutant d'une oreille le fatiguaient. Il aurait bien voulu passer la journée dans le dortoir s'il avait pu, et l'après-cours de balai ne dérogeait pas à la règle.

Lorsqu'il rentra par la porte principale, il observa une touffe de cheveux noirs très foncée se diriger vers la bibliothèque : Percival. Il le reconnaîtrait entre mille désormais.

Il entra dans la bibliothèque et chercha son collège du regard. Que venait-il chercher de bien spécial?
Augustin s'interrogea sur la date du jour, et il savait que le 5 novembre était une date spéciale nommée la "Gunpowder Plot". Il n'en savait pas plus, si ce n'est que c'était une histoire de complot.

Le petit Serpentard venait-il chercher de la documentation à ce sujet? Ou préparait-il simplement un mauvais coup à base de "crache-limace". Si c'était ce qu'il cherchait, il serait déçu. Les livres qui parlaient de ce sort étaient très prisés par les premières années amateurs de mauvaises blagues et il aurait beaucoup de mal à trouver encore un exemplaire dans les rayons.

Puis soudain, au détour d'une pile de livres, il le repéra dans un couloir d'étagères, un livre sous le bras se dirigeant vers le comptoir :

- Tiens Percy, quel hasard. Que fais-tu là? lui demanda-t-il l'air faussement innocent de la "rencontre fortuite".

Au loin, Percival pu observer une petite queue qui s'était formée devant le comptoir. Un bon nombre d'élèves avaient certainement des questions ou souhaitaient emprunter des ouvrages auprès du bibliothécaire. Mais alors qu'il continuait d'avancer, les yeux naviguant à droite et à gauche sur les personnes présentes dans la salle, il croisa le regard d'une petite tête bien connue qui se dirigeait droit vers lui. Augustin, dit Gugus pour les intimes même si il détestait qu'on le surnomme de cette façon. Percival aurait vraiment aimé continuer de l'appeler de cette façon pour le charrier, un surnom ça montrait toujours une certaine proximité entre les personnes. Mais si le concerné ne l'appréciait pas lui-même, il était préférable d'abandonner l'idée et de trouver autre chose. Pour ne pas se prendre la tête, il avait opté pour le nom de famille. C'était quelque chose qui sonnait toujours bien et c'était rare que quelqu'un le prenne mal.

- Sponsz ! Et bien... j'suis venu emprunter un livre comme toute personne qui viendrait à la bibliothèque quoi ? répondit-il en détournant le regard vers le bouquin. Et toi alors, après le cours de Vol je pensais que tu serais reparti direct dans la salle commune, c'est bizarre que tu viennes ici...

Il termina sa phrase en levant un sourcil, curieux de savoir la raison pour laquelle son camarade de chambre s'était pointé là.

Le Serpentard ami semblait étonné de la présence du petit serpent blanc. Il faut dire qu'il aurait été logique qu'il se rende dans son dortoir après le cours de balai, la journée étant terminée. Mais sa curiosité l'avait poussé à suivre le noiraud.

Le nouveau venu gribouilla une excuse toute faite mais qui faisait sens, étant tous deux dans la bibliothèque, venir prendre un livre était d'une logique implacable. Cependant, Perceval cerna habilement que la rencontre n'était pas fortuite dans une phrase pleine de doutes.

Augustin répondit alors :

- J'avoue tout, tu m'as démasqué, je t'ai suivi! avoua-t-il nonchalamment. J'étais simplement curieux de pourquoi TOI, tu ne te rendais pas directement dans le dortoir, mais je ne te piste pas promis, je devais de toutes façons venir chercher un livre, moi aussi.

Ce n'était pas un mensonge, il se devait de trouver comment créer un sort pour se protéger de la lumière en raison de sa maladie, et sa professeure ne lui avait pas encore répondu. Il prenait donc les devants pour sa propre utilité. Cependant, il ne savait pas vraiment où chercher et il se dit que son ami pourrait peut-être l'aider.

- Vu qu'il y a une grosse file d'attente, ça te dit de m'aider à chercher quelque chose qui pourrait m'aider? Je peux pas trop en parler comme ça, c'est un peu chaud...

Son camarade fit le choix de dire la vérité et décida d'entrée de jeu d'avouer qu'il l'avait suivi jusqu'à cet endroit. Percival trouvait cela un peu étrange de sa part, surtout que la Bibliothèque était un endroit toujours bondé et qu'il n'y avait pas grand chose d'intéressant à faire à part lire ou travailler. L'excuse qu'il donna par la suite ne semblait pas très sérieuse aux goûts du petit sorcier. Après ces deux mois au sein du château, il devait bien être au courant de l'amour qu'il portait pour la Bibliothèque, ramenant très souvent des ouvrages dans les dortoirs pour les lire à la vue de tous. Le voir entrer dans cette salle n'aurait normalement pas dû autant attiser sa curiosité, à moins qu'il n'avait autre chose derrière la tête dont il ne voulait pas avouer.

Lorsque le garçon termina sa justification, Percy ne laissa qu'un léger marmonnement sortir de ses lèvres. L'autre Serpentard reprit alors la parole et lui demanda de l'aide pour trouver un livre lui aussi. Le noiraud n'arrivait pas à déterminer si ce dernier disait la vérité ou si il était-il assez doué pour continuer son mensonge, au point même de fouiller les étagères pour mettre la main sur un livre au hasard, mais il décida d'accepter sa demande.

- Chaud ? répéta Percival, intrigué par ce choix de mot. Qu'est-ce qui peut être chaud pour que tu veuilles pas en parler ?

Il attendit quelques secondes sur place, curieux de savoir ce qu'il voulait dire par là, puis tourna les talons et se mit en marche tout en reprenant la parole.

- Vas-y suis-moi, je vais t'aider à trouver ce fameux livre. T'es tombé sur la bonne personne, je connais à peu près tous les rayonnages donc si tu sais c'est quoi comme thème à peu près, je suis sûr qu'on l'trouvera rapidement ! Mais pour ça, va falloir que tu m'en dises un peu plus hein..., manifesta-t-il en tournant la tête pour l'observer dans les yeux.

Augustin engrangea un sourire au moment où il perçut l’expression de Percival, son excuse ne l’avait visiblement pas convaincue. Il renchérit aussitôt dans un sourire amical qui se voulait sincère :

- Pas convaincu? Allez Percy pourquoi je te mentirais, on est amis non? Je te promets que c’est la vérité.

Le noiraud lui proposa néanmoins de le suivre pour trouver cet ouvrage qu’Augustin cherchait. Il s’était aussi attardé sur le choix de la formulation du petit serpent blanc : chaud, la situation était juste chaud.

Augustin se rendit donc à l’évidence qu’il devrait lui expliquer. Mais il savait que Percy était quelqu’un d’intelligent qui comprendrait aisément la situation. Il se décida donc à lui exposer son problème :

- Décidément tu me pousses dans mes retranchements Mister Page, sourit-il, je suis albinos ça tu le sais, j’imagine, mais j’ai aussi une énorme photophobie. Alors au lieu de me cacher dans tous les coins j’aimerai bien avoir un sortilège créateur d’ombre, mais je sais pas s’il en existe un, et d’après les quelques recherches que j’ai pu faire, ça a pas l’air.

Il marqua une pause pour regarder son ami dans les yeux avant de dire dans un rictus :

- Mais maintenant que j’ai le bibliothécaire officieux avec moi, ce sera peut-être plus simple de trouver, tu en penses quoi? Satisfait?

Il espérait que les interrogations de l’anglais avaient été levées grâce à ses explications un peu longues mais complètes.

- Mouais, si tu le dis mon ami, répondit-il, un poil moins douteux qu'auparavant.

En meneur, Percy guida le duo vers les rayonnages au fond de la bibliothèque, tout en continuant de faire la discussion. Il espérait avoir un peu plus d'information de la part d'Augustin sur le chemin sinon son aide ne lui serait qu'inutile. Et finalement, peu de temps après qu'ils n'aient commencé à marcher, le Serpentard accepta de lui donner un peu plus de précision sur le livre qu'il cherchait. Percy, la main sous le menton, prit quelques secondes pour réfléchir après les explications, non pas pour savoir quoi répondre à son ami après sa "révélation" mais bien pour trouver le bon endroit où fouiller.

- Par là, annonça le noiraud en se tournant et en montrant avec son index un rayonnage derrière eux sur leur gauche, faisant faire au petit groupe un demi-tour sec.

Il reprit donc sa progression vers le bon coin de la salle, espérant qu'Augustin arrivait à le suivre, puis réagit enfin à ses dires.

- J'comprends mieux pourquoi tu voulais pas trop en parler au début, et j'ai p’t-être une petite idée sur où chercher. Pour le reste, on verra bien.

Après une poignée de secondes, ils arrivèrent enfin à la destination que l'anglais pensait être la bonne.

- S'il existe un sort créateur d'ombre, il devrait se trouver dans ce rayon ! déclara le petit sorcier en s'arrêtant devant la section "Sortilèges", les mains sur les hanches. Tu sais comment on dit "ombre" en latin par hasard ? Parce que moi non en tout cas..., avoua-t-il dans un marmonnement quasi inaudible, avant de le regarder et d'arborer un grand sourire comme si de rien n'était.

Sans attendre, le garçon se lança dans les recherches sans trop savoir par où commencer. Les rayons étaient triés par année scolaire et puis par ordre alphabétique des auteurs, ce qui voulait donc dire qu'ils allaient avoir un peu de mal à trouver un sortilège en particulier.

- La première fois que j't'ai vu, commença à raconter Percy dans le plus grand des sérieux, tout en feuilletant un livre de troisième année, j'pensais qu't'avais genre... quatre-vingts ans mais qu'le hibou qui d'vait t'amener ta lettre s'était un peu perdu en chemin... Bon après le fait que tu sois resté bloqué dans le corps d'un enfant, ça c'est une autre histoire.

Il avait réussi l'exploit de ne pas éclater de rire tout au long de sa blague, mais maintenant qu'il avait terminé sa plaisanterie, il n'osait pas lui lâcher le moindre regard, au risque d'exploser.

Percy, un brin sceptique guida son ami dans les rayons de la bibliothèque pour arriver jusque devant l’étagère dédiée aux sortilèges. Il avoua qu’il ne connaissait pas le nom latin pour ombre, et Augustin lui répondit dans un cynisme qui lui était propre :

- T’es passé allé très loin dans tes réflexions, c’est Umbra, ricana-t-il.

Puis il aida son collègue aux cheveux noirs à chercher un livre qui pourrait les aider dans leur recherche.

Pendant leur recherche, Percy fit l’erreur d’aborder indirectement le sujet des cheveux blancs devant Augustin. Il le trait même de pépé.
Certes une couleur pareille n’était pas habituelle, mais de là à lui donner nonante ans était peut-être exagéré.

Augustin se retint de lui envoyer une claque derrière la tête pour son affront, mais il estima que ce n’était pas nécessaire ; le jeune noiraud devrait en prendre aussi pour sa pomme.

Il répliqua donc :

- Et toi, tu dois être une mutation avec un corbeau ou tu te teins avec du café depuis ton plus jeune âge dis moi.

C’était la première fois qu’il tolérait que quelqu’un se moque de ses cheveux ; mais il estimait Perceval et le respectait. C’est pour cette raison qu’il avait préféré lui envoyer une petite pique capillaire en retour.

Il revint ensuite au sujet principal :

- En tout cas, si le sort existe pas, je suis bien chaud pour apprendre à le créer. Avec de la volonté, tout est possible, tu ne crois pas? lâcha-t-il dans un léger sourire en coin.

- Ah ouais bien vu, répondit le garçon dans un ricanement un tantinet gêné pour ne pas avouer qu'il ne connaissait pas le terme, avant de se gratter l'arrière du crâne.

Peut-être fallait-il qu'il se renseigne un peu plus sur la traduction des mots en latin, même les plus basiques comme le mot "ombre", si il ne voulait pas être largué en cours. Cette langue morte était omniprésente dans la vie quotidienne d'un sorcier, jeune comme vieux, les incantations des sortilèges en étant la preuve. Emprunter un livre sur le sujet ne lui serait alors que bénéfique dans son apprentissage, lui qui semblait pour une fois être à la traîne sur quelque chose.

Augustin ne tarda pas à le rejoindre dans la quête du livre tout en réagissant à la jolie histoire sur l'origine de ses cheveux blancs qu'il avait raconté juste avant. Percy ne put s'empêcher de le suivre lorsqu'il continua sur la couleur des cheveux.

- Attends... Maintenant qu'tu l'dis, ça doit venir de là cette odeur de café ?

Augustin évoqua ensuite la création du sortilège d'ombre. Il ne savait pas si ce dernier avait proposé cette idée premier degré ou non, son sourire en coin ne lui donnant aucune piste, mais lui savait que même avec toute la volonté du monde, deux enfants d'à peine onze ans n'arriveraient jamais à créer un sort de A à Z.

- Oui oui, et moi je serai le prochain directeur de Poudlard aussi tant que t'y es. Bref, pour être plus sérieux j'pense qu'il doit vraiment exister. Un sorcier a sûrement dû inventer un truc dans le genre pour se protéger du soleil un jour, il en existe bien pour la pluie.

Dans la foulée, il reposa son bouquin, n'ayant rien trouvé de concluant. Et tandis qu'il toucha l'une de ses mèches puis se sentit les doigts pour voir si cette dernière avait vraiment l'odeur du café - sait-on jamais, sur un malentendu - un plan machiavélique lui vint à l'esprit. Il attendit quelques secondes et lorsque le moment fut propice, il plaça ses doigts juste sous le nez de son camarade en lâchant un "Tiens, sens !" sans qu'il ne s'y attende. Il les retira après coup en vitesse puis s'apprêta à s'enfuir dans les rayonnages si la réaction du garçon l'obligeait à partir en course poursuite. Dans un fou rire presque inarrêtable, il oublia qu'il se trouvait dans l'un des seuls endroits du château où le silence était roi. Un bannissement de la bibliothèque serait sans aucun doute fâcheux pour le petit sorcier.

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La discussion entre les deux Serpentard était étrange : quiconque aurait voulu y prendre part n’aurait rien compris. Il faut dire que les deux élèves se rendaient coup sur coup, ou plutôt pique sur pique.

Percy blagua sur l’odeur de café qui émanait et ricana qu’il venait de le remarquer, ce qui ne manqua pas d’arracher un sourire à Augustin. Puis il fit remarquer dans un cynisme que créer un sort paraissait parfaitement irréaliste, ce à quoi Augustin s’empressa de répondre dans un visage figé :

- Je réussis toujours ce que j’entreprends, peu importe le temps que ça doit prendre. S’il n’existe pas, je le créerai.

Il avait lâché cette phrase dans une assurance qui lui était propre et observa son ami ranger le livre qu’il venait de sortir, visiblement déçu de ce qu’il avait trouvé dedans.

Puis le noiraud fit quelque chose avec ses doigts, en les plaçant sous le nez d’Augustin qui eut un mouvement réflexe de recul face à cette action. L’anglais les retira aussitôt avant de partir dans un fou rire incontrôlable ; il risquait le pire pour un amateur de lecture : se faire exclure de la bibliothèque.

Augustin afficha un sourire méchant et l’attrapa par la tête d’une vitesse fulgurante avant de lui placer une main sur la bouche, à la manière d’un kidnapping avant de lui parler :

- Abruti! Tu veux te faire exclure c’est ça ? Je t’y aides volontiers si t’es là pour te payer ma tête. Je te respecte, tu me respectes et tout va bien se passer. Mais fais pas le con Percy, t’es plus malin que ça.

Il avait joué de la force, mais il ne supportait pas que l’on se moque de lui alors qu’il faisait confiance en l’autre personne. Dans la situation il cherchait un livre avec son ami, l’heure n’était pas aux mauvaises plaisanteries, surtout des plus puériles comme celle-ci. Augustin n’était pas vraiment énervé contre son ami, il avait fait cela pour éviter que Percy ne se fasse exclure de la bibliothèque ; lieu qui était cher à l’anglais.