Elles étaient prêtes, et Nélya n'attendit pas d'autre signal que son invitation implicite pour agir. Passer à l'acte ; jamais cela n'avait été aussi réel. Exaltant.
L'enfant leva sa baguette haut devant elle, lueur solitaire dans le hall plongé dans le noir. L'autre Rouge leva une main couleur carmin. Le mur de pierre brute s'écrivit sous le sang ; sa camarade, grave, lavait ses doigts trempés d'écarlate sur la paroi. Lavait ses idées noires au sang pourpre. Une à une, les lettres apparurent, grandes, visibles, éclatantes dans leur fraîcheur. Une à une. Dans chaque courbe, chaque angle, chaque trait, Felicia voyait les injustes persécutions dénoncées. Avec raison, irraisonnablement.

La dernière goutte parut un instant flamboyer dans son esprit, comme un serment. Comme une promesse d'une utopie, un idéal irréalisé ; un espoir de mieux. D'un monde où les êtres humains ne tuaient pas pour affirmer leur soit-disant suprématie, par exemple.
Alors, sans attendre les mots de sa complice, sa proposition, elle plongea un doigt jusqu'au fond du flacon vidé, en ramenant tout de même assez pour écrire une seconde fois les lettres sentencieuses. C'était une brûlante sensation, une brillante sensation, se sentiment d'euphorie qui l'imprégnait. À lui monter à la tête. Sa peau-pinceau passa sur les tracés irréguliers de Nélya, sur la pierre rugueuse à la neutralité entachée, sur ses questions, ses interrogations qui la malmenaient.
Lorsqu'elle eut recouvert la dernière barre du ‘E’ final, les questions s'évanouirent. Tant pis pour ces incompréhensions, ces incohérences ; l'essentiel était ce qu'elles avaient fait.
Elle cessa son mouvement ; son index s'était nettoyé de son rouge. la lumière éclairait toujours le mur devenu champ des batailles à venir. Elle admirait l’œuvre, les yeux brillants.

Le professeur n'était pas un grand dormeur. Ses nuits dépendaient de beaucoup de choses : des bruits ambiants, de la lumière de sa chambre, de la température de ses draps ou encore de l'énergie que mettaient ses pensées à voyager dans son cerveau. Cette nuit-là, alors qu'un craquement l'avait réveillé, ses pensées s'étaient fixées sur des souvenirs lointains et le botaniste avait du mal à se rendormir. N'aimant pas rester à ne rien faire et souhaitant optimiser son temps, le vieux professeur avait parcouru le parc jusqu'au château pour regagner la salle des professeurs, là où il avait laissé un tas de copies qui restait en attente de sa plume correctrice. Le vieil homme raturait les fiches, et de l'encre rouge pourpre zébrait certains devoirs. Il fallait dire que tous n'étaient pas des lumières.

Alors que le tas de devoirs avait bien diminué en taille, le professeur se prit en train de somnoler. Il était de plus en plus dur pour lui de poursuivre ses corrections, et bien qu'il restait peu de devoirs à lire, il décida de les garder pour le lendemain afin d'éviter d'écrire des âneries. Sortant de la salle des professeurs et parcourant les couloirs du château, la tête dans le brouillard, il fut réveillé par des lumières et des bavardages qui provenaient du Hall d'entrée. Replaçant ses lunettes sur son nez, il s'avança et découvrit avec stupeur deux élèves étalant ce qui lui sembla d'abord être de la peinture sur les murs. Le professeur mit un petit instant à réaliser les bêtises que faisaient ces deux enfants. Etait-il en train de rêver ? Hélas non, les élèves n'étaient en effet pas tous des lumières.

Son corps puisa dans ses réserves d'énergies, visiblement suffisantes pour entamer une marche rapide et sévère en direction des deux élèves. Puis, ne cherchant pas à se faire discret, le professeur gronda :

"Puis-je savoir ce que vous faîtes à une heure aussi tardive ?"

Lisant le message, mais ne comprenant pas le message subliminal que voulaient faire passer les deux enfants, le professeur poursuivit :

"Puis-je savoir ce qui vous donne le droit de détériorer les murs de l'école ?"

@Nélya Marks @Felicia Luke, navré pour cet immense retard

Dans la pénombre repoussée par l'éclat pure de la baguette de Felicia, Nélya ne pouvait plus détourner les yeux du mur taché de leur vérité. De la vérité. Elles l'avaient fait, c'était fait. Le flacon à présent vide dans une main, l'autre tâchée par les traces de sang, l'écho des bruit rebondissants sur les murs jusqu'à atteindre ses oreilles ne l'alerta pas. Elle se sentait hors du temp et de l'espace, la nuit et son atmosphère les enveloppait d'une manière irréelle, et la possibilité de croiser quelqu'un ne l'avait même pas effleurée. Enfin, jusqu'à cet instant.

Ce bruit auquel elle n'avait pas prêtait attention semblait s'amplifier, et comme brisant le charme, Nélya finit par enfin tourner ses orbes scintillantes à présent habituée à l'obscurité pour trouver la source de ce bruit étrange. Plissant d'abord les yeux, elle n'était pas sûre de ce qu'elle semblait distinguer dans l'obscurité, mais pourtant…

Un prof? Ici? Maintenant? Pourquoi?

L'incompréhension lui fit froncer les sourcils, et sans détourner son regard de la silhouette mouvante, elle tendit sa main vers Felicia, cherchant celle-ci à tâtons, mais quand enfin elle parvint à trouver son bras, il était déjà trop tard. Parce qu'il était déjà là.

Monsieur Featherstone.

La main accrochée au poignet de son amie, La brunette resta d'abord silencieuse face au professeur sorti de nul part. Lorsqu'il tourna les yeux vers le mur, elle dirigea son regard vers le même endroit et relu leur message. "Sang-Pourpre". Après quelques secondes, elle retourna son regard sur le professeur, droit dans ses yeux.

- On écrit la vérité. Et puis, c'est pas vraiment détérioré là…

Elle ajouta la fin de sa phrase avec une légère moue, ayant parlé plus bas que précédemment.


@Felicia Luke
@Archibald Featherstone
Mais que va-t-il se passer

Quelle fierté elle éprouvait à cet instant. Elle était si naïve, persuadée de leur grandeur, de la noblesse de sa cause, depuis son promontoire érigé par le temps. Les idées, les injustices s'étaient fondues dans son esprit, faisant leur chemin jusqu'à trouver la déraison pour faire germer sa révolte.
Qu'elle était fragile, cette enfant, sûre de ses actes, guidée par un idéal d'égalité ; courageusement dressée devant leur œuvre, certaine que rien ne pourrait jamais la briser — briser ses rêves et ses réalités inventées. L'ivresse la prenait au cœur, et elle aurait aimé saisir Nélya, la prendre par la main pour l'emmener ailleurs, là où elles auraient vraiment pu être entendues. Cette hauteur qu'elle avait pris sur leur acte la faisait s'envoler, et les choses ne lui paraissaient plus limitées, l'horizon s'ouvrait et le nombre de possibilités l'assaillait, la pressait avec un sentiment d'urgence ; elle pouvait tout faire maintenant. Tout n'était qu'affaire de conséquences, finalement. Les conséquences. Drôles d'événement qui n'arrivaient toujours qu'après, alors que tout semblait clos. Nul retour en arrière, seules des condamnations exercées en vain ; des paroles, des punitions pour poursuivre le passé.

Elle aurait pu le deviner. Ces pas derrière elle, ce ton de voix presque furieux, et elle sut. Pas même l'ombre d'un doute n'effleura ses pensées ; elles avaient été découvertes, par quelqu'un qui ne leur adresserait sans doute pas de simples félicitations mais, étrangement, cela ne lui procurait aucune inquiétude. L'euphorie qui l'avait saisie un instant se tut, pour laisser la fillette simplement calme, sereine. Les doigts de son amie touchèrent les siens, et elle pressa doucement leurs deux mains accrochées. « Tout va bien. »
Elle avait accompli ce qui lui tenait à cœur, elle avait assouvi, pour quelques minutes au moins, son désir de rébellion, alors, qu'importait le reste ? Elle n'avait pas peur des conséquences.
Se détournant du mur constellé de Sang, elle se planta face au professeur de Botanique. Un moment de flottement, presque une hésitation la suivit ; il semblait moins impressionnant, lorsqu'il n'évoluait pas dans ses serres, au milieu de ses chers végétaux. Il semblait presque vieux.

Les yeux posés sur lui, l'enfant n'avait pas la moindre intention de baisser les paupières avec humilité, dans l'illusion d'exprimer ne serait-ce qu'un infime repentis. Non. Elle ne le défiait pas ; elle le regardait seulement, avec un certain respect teinté de curiosité. Qui savait ce qu'il allait déclarer, une fois qu'il aurait entendu leur sentiment ?
L'heure n'était pas aux questions, alors elle répondit, poursuivant les paroles de Nélya.

« On dégrade pas les murs. On écrit ce qu'on pense, c'est tout. Y'a pas de sang plus précieux qu'un autre, ou avec plus de pouvoir. Juste du sang pourpre, quoi. »

Et elle cilla en direction des mots suintants sur la pierre.
La vérité.

Le professeur n'avait pas pensé parler si fort. Ces grondements, dans le hall vide, se répercutèrent dans les murs et offrait un écho particulier qui amplifiait ses plaintes. Mais à ce moment-là, le professeur n'accordait aucune importance à la résonance de la pièce, tant que son message était perçu par les deux fillettes.

Cependant, les Gryffondor ne perçurent pas vraiment l'ampleur des dégâts qu'elles avaient causés. Elles se contentèrent de renier le caractère dégradant de leur peinture vis à vis de l'école et exprimèrent l'idée de leur message. Le professeur écouta, déconcerté : qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Ses yeux étaient ronds, cherchant à comprendre le cheminement de pensée que pouvaient avoir les deux élèves. Le professeur oubliait le manque de réflexion que l'on pouvait avoir à cet âge.

Il répondit alors aux deux fillettes :

« Je me fiche de comprendre ce que vous avez écrit. Personne ne vous a autorisé à le faire. Vous allez me nettoyer cela. »

Éclairant une nouvelle fois le message avec sa baguette, l'homme s'étonna de la grandeur du message, mais surtout de la couleur. L'avaient-elles vraiment écrit avec du sang ? Elles n'auraient pas osé tout de même, si ? Des images de sa scolarité lui revenaient alors, et notamment des bruits de couloirs quant à l'ouverture de la Chambre des Secrets et d'un certain mot écrit de sang sur l'un des murs de l'école. Son regard était sévère, une chose était sûre : Le professeur Featherstone ne rigolerait pas avec cela.

« Avec quoi avez-vous écrit ce message ? »

Il attendit leur réponse avant de poursuivre, avec la même sévérité.

« Pour votre toupet et votre inconscience, je retire 20 points à la maison Gryffondor. »

Les sanctions commençaient à tomber. Dans d'autres circonstances, voir la maison rouge perdre des points auraient pu faire sourire le professeur : le botaniste n'appréciait pas particulièrement cette maison, trouvant que les personnes y étant réparties étaient bien souvent peu réfléchies et enclin à la sottise. Les deux filles de Gryffondor semblaient ne pas faire exception.

Maintenant, il fallait nettoyer les murs de cette crasse rouge. Le botaniste ne leur rendrait pas la tâche facile et décida de les emmener chercher leurs propres seaux et brosses, afin de frotter la pierre. Énervé, le vieil homme avait perdu le sommeil, et n'avait pas l'intention de laisser partir les filles sans qu'elles regrettassent leur acte. Il se tourna comme pour partir et leur manda :

« Maintenant, suivez-moi. »

Le professeur engagea le pas, elles avaient tout intérêt à suivre.

@Nélya Marks
@Felicia Luke

Evidemment que personne ne les y avaient autorisées. Et évidemment, Nélya refusait de penser à effacer ce message. Elle le voulait là, qu'il reste longtemps, et pourquoi pas même pour toujours? C'est long toujours. Mais il semblait qu'il fallait ce minimum de temps pour que les gens comprennent. Nélya le voyait avec le professeur, qui ne semblait pas comprendre malgré leurs explications.
Mais leur message était vrai, et il méritait d'avoir sa place ici, au moins en attendant qu'il ne se loge dans l'esprit des gens.

Elle voulait lui dire qu'elles avaient raison, lui dire la vérité, lui expliquer encore, jusqu'à ce qu'il comprenne! Peut-être qu'un fois que ce serait fait, il laisserait le message. Leur message de sang, leur message de vérité.

À la question du vieil homme, la petite observa tour à tour l'homme et le mur. Est-ce que ça ne se voyait pas? Au moins ça devait se sentir non? Nélya avait l'impression de ne sentir plus que l'odeur de fer caractéristique du sang.

- Heu, bah…

Pour toute réponse, elle avança sa main fermement fermée et lui montra la petite fiole contenant jusqu'il y a peu du sang.

- Du sang d'Salamandre.

20 points? Mais pourquoi? Ce n'était pas juste! Comme ces histoire de statut de sang en fait! Ce n'était pas juste du tout C'était un adulte, il devrait essayer de comprendre avant de punir, punir ça ne sert à rien si on sait pas pourquoi on punit ou pourquoi on est punit.
L'enfant resserra l'emprise qu'elle avait sur Felicia, est-ce qu'elle aussi trouvait ça injuste? Était-elle en colère?

- Non! Non, non, non! M'sieur, écoutez-nous! Si vous nous enlevez 20 points, faudrait en enlever à toute les maisons alors! Parce que tout le monde croit à ces trucs bêtes de, de statut de sang! Avoir un parent qu'est pas sorcier ça change rien du tout! Comme avoir deux parents Moldus! C'est trop bête de croire ça!

Elle explosait.
Elle, toujours si joyeuse et gentille, qui avait tant de mal à comprendre la complexité des sentiments, s'énerver si clairement à cet instant, comme un ballon trop plein d'eau qui explose, elle sentait sa vision se brouiller par l'arrivée des larmes.

@Felicia Luke
@Archibald Featherstone