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11 mai 2021, 12:55
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Pourquoi j'en ai besoin... C'est bien la question que je me pose à chaque fois que je te vois. J'aimerais connaître la réponse, être en mesure d'y réfléchir pour te l'expliquer, mais plus tu avances vers moi et plus mon esprit s'embrouille. C'est un torrent qui me submerge, et qui emporte avec lui le peu de logique qu'il me reste. Au travers de tes mots, je sais très bien que tu as compris où je veux en venir. Ta façon détachée de prononcer ce quelqu'un, ton regard, tes jambes qui avancent vers moi, tu sais que je parle de toi, et tu n'arrives pas à te l'avouer. Tu fuis cette réalité ; je te comprends. C'est inquiétant de se rendre compte que, sans que l'on le veuille, certaines personnes dépendent de nous à ce point. Aelle, Alma, qu'importe, tu comptes pour moi. Et ça, tu n'as pas de contrôle dessus, j'en suis navrée. Sincèrement.

Je me lève. Je ne peux rester passive alors même que je te dis toutes ces choses. Lentement, un pas après l'autre, je m'approche de toi. Le visage pointé vers le sol, comme honteuse, je murmure :

« J'ai l'impression de vivre pleinement, je ressens les choses quand cette personne est . Ce quelqu’un, j’en ai besoin car elle me donne l’impression d’exister, pour moi et pour elle… Et j’en ai besoin car j’apprécie bien cette personne, surtout quand ça se passe bien. »

Je redresse la tête, et à nouveau te regarde. J'ai l'impression que depuis notre rencontre nos esprits et nos yeux ne font que se chercher pour mieux se fuir avant de se retrouver, c'est un manège sans fin, un éternel recommencement, baisser la tête, se taire, trouver ton regard, perdre le fil, déraper, avouer, avoir honte, se faire rejeter puis rejeter à son tour, assumer, redresser la tête, dire les choses à demi-mots, s'aimer, se détester, il s'agirait de faire bouger les choses. A chaque fois je me dis qu’il faut que je prenne une décision, que je ne peux pas continuer à errer ainsi entre deux émotions, mais finalement, je sais déjà ce que j’ai choisi, et depuis déjà bien longtemps. Et cela fait des lustres que j’essaie de te dire les choses, alors même que je n’en avais pas moi-même conscience. Voilà, tu sais tout, je n’ai rien omis, je ne sais vraiment pas comment mieux dire les choses, il me semble avoir été plutôt claire et il n’y a rien que je puisse faire de plus. La décision va t’appartenir, j’espère que tu ne m’en voudras pas de trop pour ça.

Nous sommes comme dans un livre. A la toute fin, précisément. A ce moment charnière, tous les lecteurs sont là à se demander si l’auteur aura eu envie d’écrire une suite, notre suite, ou s’il aura refermé son bouquin pour ne plus jamais y toucher. Cette histoire, elle me concerne et pourtant je n’ai aucun pouvoir dessus, je ne suis que spectatrice. C’est à toi que revient la plume, Alma. Non, Aelle. Mais Alma t’irait tellement mieux… Tu me perds.

« Je sais pas comment mieux le dire, je crois que t’as compris le message. Je te laisse choisir la suite de… tout ça. »

S'approcher, être toujours plus proche que la seconde d'avant, et puis, une fois que ces mots ont été déversés, s'éloigner, comme si de rien n'était, te tourner le dos. Dans ma tête, une musique résonne, alors je me mets à fredonner cet air, en ondulant la tête, sans te regarder. Je te fais volte-face , et tu ne vois pas mon visage lorsque je prends la parole.

« On danse ? »

Un grand sourire aux lèvres, j'étends mes petits bras potelés, lève une jambe, et, grâce à mon unique jambe encore posée sur le sol, je pivote et te fais face. Aussi gracile qu'une autruche en plein sprint, je m'élance, le sourire aux lèvres. J'aimerais beaucoup que tu me rejoignes tu sais ?

💜

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

15 mai 2021, 11:19
 RP++  Est-ce raisonnable ?
(Je n'ai pas résisté).

La lutte est épuisante. C’est fatigant de lutter contre ses émotions, de bâillonner les envies de son coeur pour ne faire exister que celles de sa tête. Quelque part au fond de nous, nous savons très bien ce que l’on désire plus que tout. Nous le savons mais notre tête prend le relais, elle dit : « tu sais que ce n’est pas raisonnable » ou « tu sais que ce n’est pas possible ». Alors nous nous apaisons, nous nous faisons une raison. Ça va aller, se dit-on pour se rassurer. Sauf que ça ne va jamais mieux. Parce qu’une tête, ce n’est pas aussi puissant qu’un coeur. Parce que peu importe les petites phrases que l’on se chuchote pour se réconforter, les envies du coeur n’en existent pas moins. Et plus on essaie de les faire taire, ces envies, plus elles prennent de place. Elles nous hantent, nous empêchent de dormir, elles nous font faire des trucs idiots que l’on appelle erreurs pour que ça passe mieux. Mais au final, rien n’a changé, peu importe l’ardeur que l’on met à lutter contre ses envies : elles sont là, un point c’est tout.

Moi, je me fiche comme de mon premier chaudron de l’importance de laisser exister ses envies et, à défaut de pouvoir les voir se réaliser, de les exprimer. Je ne fais ni l’un, ni l’autre. Je lutte, je tiens bon sans ne jamais défaillir.

Elowen me jette son bazar à la tête. Elle me dit « j’ai besoin de toi », « je t’apprécie ». Elle ne se rend pas compte que j’ai des oreilles, moi, et que j’entends tout ce qu’elle me raconte. Elle ne se soucie pas du fait que mon corps est un grand idiot et qu’il se met à trembler de partout tandis que mes yeux ne parviennent à se poser nul part — ils se baladent de bas en haut et de haut en bas, comme si cette remontée-descente pouvait arrêter l’avancée de la fille. Finalement, ce n’est pas moi qui l’arrête, elle le fait très bien toute seule. Finie sa tirade, terminé son aveu. Hop, on balance tout ce que l’on a puis on s’en va, et peu importe les ravages provoqués.

Elle s’éloigne, me laissant le loisir de laisser se dessiner sur mes lèvres cette grimace que j’ai retenue tant bien que mal. Une moue attristée ou bien dégoûtée, je ne sais pas. Une moue qui doute. Mes lèvres s’incurvent vers le bas en même temps que mes yeux dégringolent le long du dos d’Elowen pour se poser là, quelque part sur cet imposant corps qui me percute. Je devrais être rassurée de la voir s’éloigner de moi, pourtant que je ressens comme une peur dans mon coeur. *Elle s’en va ?*. Et alors ? De toute manière, j’ouvre déjà la bouche et prends une inspiration. Tu me connais pas, Livingstone, vais-je énoncer. Tu ne me connais pas alors comment peux-tu être certaine de ce que tu dis ? Tu ne me connais pas, alors pourquoi est-ce que tu as besoin de moi ? Et surtout, que puis-je t’apporter ? Qu’attends-tu réellement de moi ? Que je te donne des cours ? que je te fasse réviser tes leçons ? que je t’apprenne ce qui ne s’apprend pas en cours ? Je ne comprends pas, rien est énoncé clairement dans ses paroles ; elle ne me confie que ce qu’il se passe à l’intérieur de son coeur mais ce n’est pas en adéquation avec le reste. Alors le doute commence à s’infiltrer. Elle ne parle pas de moi, me dis-je. Je me suis trompée, je ne suis pas le quelqu’un, ce n’est pas possible. Mais si, c’est possible, rappelle-toi : « je te laisse choisir la suite de tout ça ». C’est bien de moi dont elle parle. J’ai tout de même un peu de mal à y croire, mon coeur qui bat trop vite ne veut pas y croire.

Depuis quand la vie est-elle si simple ? Pof ! un jour cette fille se réveille et se rend compte que je suis devenu quelqu’un, c’est ça ? Pof ! elle prend conscience qu’elle a besoin de moi ? Non, elle m’a plutôt croisée dans la Grande Salle, s’est souvenue de moi et s’est alors dit : tiens, ce serait amusant de traîner avec Bristyle. Sauf que non, ce n’est pas amusant. Ce n’est pas drôle parce qu’une partie de mon coeur, et j’en ai parfaitement conscience, c’est ce qui m’agace aussi fort, une partie de mon coeur prend déjà en compte les paroles d’Elowen, les analyse, les intègre ; et cette partie de coeur, bien trop libre, se réjouit déjà. Elle m’apprécie ! argue-t-elle. Je ne peux pas refuser ça ! s’exclame-t-elle. J’ai tellement envie de passer un peu de temps avec une personne qui a besoin de moi.
Des balivernes, tout ça.
Des conneries.

Heureusement qu’Elowen est Elowen. Alors que j’allais ouvrir la bouche pour déverser tout cela, pour m’épancher dans une trop grande franchise avant qu’elle ne s’éloigne trop de moi, la voilà qui prend la parole. Oh, cette fois-ci elle ne m’envoie aucune tornade. Seulement une question. Mes yeux s’ouvrent, mes sourcils grimpent sur mon front. *On danse ?*. Danser comme danser ? Danser sur de la musique ? Effectivement : je la vois qui dodeline de la tête, qui lève les bras et qui s’élance. Elle danse, bordel ! Quelques pas surpris m’éloignent de la fille, pas beaucoup, mais assez pour qu’elle ne me percute pas. Mon coeur se remet à peine de son saut soudain ; existe dans mon esprit l’image d’une Elowen Livingstone qui se jette sur moi comme elle s’est jetée sur Loewy. Elle m’aurait enserré de ses petits bras, son corps tout près du mien et alors… Et alors…

Je disjoncte.

« Pourquoi tu fais ça ? dégueulé-je sans réussir à rendre ma voix aussi froide que je l’aurais aimé. Tu fais toujours des trucs comme ça, sans prévenir. J’ai l’impression qu’ton cerveau suit aucune règle, bordel. »

Et je crèverai plutôt que d’avouer que c’est ce détail qui fait que je suis encore là.

Je la regarde avec méfiance, incapable de prédire ses mouvements. Je croise les bras sur ma poitrine parce que je suis mal à l’aise et que j’ai l’impression que tous les regards — mais surtout le sien — me regardent comme ils ne m’ont jamais regardé. Je me sens tellement fragile, là, recroquevillée sur moi-même à observer cette fille qui danse comme si le monde lui appartenait.

« J’veux pas danser, moi. » Une inspiration tremblante. Pour la forme, je dresse le menton. Il ne faudrait pas qu’elle remarque mon trouble. « Je veux savoir pourquoi tu bloques sur moi. » Bloquer, quelle jolie façon de résumer tout ce qu’elle vient de m’avouer. « Pourquoi, hein ? Pourquoi pas… »

Je tourne la tête à droite, je tourne la tête à gauche, me dresse sur la pointe des pieds pour faire mine d’observer autour de moi. Mes yeux parcourent le hall jusqu’à s’arrêter sur la silhouette d’une élève en sixième ou septième année. Je tends le bras vers elle et la désigne de ma main ouverte.

« Pourquoi pas elle, tiens ? Elle à quoi de moins bien ? Pourquoi tu danses pas avec elle ? »

Je sais bien ce que cette fille a de moins bien que moi (à peu près tout) mais Livingstone, qu’a-t-elle à répondre à ça, elle ?

Je suis contente. Ma voix est claire, elle ne tremble pas et ne laisse pas deviner les émotions qui se cachent dans un repli de mon coeur. Ma tête a le contrôle. Poser des questions pour ne pas que les autres nous en posent. Apprendre, comprendre mais ne surtout pas ressentir. Demander, défier pour ne pas avoir à choisir la suite de tout ça.

25 mai 2021, 11:16
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Tu ne parles pas. Tu ne souris pas non plus. Ton visage affiche une expression... indéchiffrable. Je ne comprends absolument pas ce qui te passe par la tête, peu habituée à lire entre les lignes, à étudier les émotions non exprimées, à interpréter le langage corporel... Je n'ai aucune idée de ce à quoi tu penses, alors il me prend l'envie de danser, pour penser à autre chose. Peut-être que tu n'es pas douée avec les mots. Ce serait possible. Peut-être te dévoileras-tu mieux au travers de gestes, de mouvements, de pas de danse ? Et puis, peut-être aussi que ce n'est pas l'unique raison pour laquelle je te propose de danser. C'est une chose qui se fait à deux, qui implique un rapprochement des deux concernées, un contact, même très léger, la création de souvenirs partagés... J'ai envie qu'on fasse des trucs ensemble, envie d'apprendre à te connaître, alors laisse-moi m'approcher s'il te plaît, découvrir qui tu es, être juste un tout petit peu plus proche de toi. Tu me fais pas peur, tu sais ? C'est pas tout à fait ça que je ressens avec toi.

C'est pour ça que lorsque tu prends la parole, ce n'est pas de l'inquiétude qui vient se peindre sur mes traits mais de la tristesse, je me sens rejetée par toi. Le fait que toi aussi tu critiques une chose que j'aime chez moi et que les autres me reprochent fait que je ne me sens pas soutenue, pas appréciée, pas comprise. Ce serait venu d'une autre personne je m'en serais moquée, mais là, ça vient de toi Aelle. Et ça me blesse. Tu dois bien t'en apercevoir, non, derrière ton visage dur se cache tout de même un être doué de compréhension ? J'arrête de danser et essaie de te répondre, à grand peine.

« Alm... Aelle, je suis pas une personne logique. Si ça te dérange je peux pas te forcer à rester, comme je peux pas me forcer à changer ça chez moi. Désolée de pas convenir à tes attentes. Pourtant je t'ai jamais menti sur qui j'étais, alors pourquoi c'est un souci, maintenant ? »

Tu poursuis. Tu ne veux pas danser. Tu sais, je l'ai remarqué, ce n'était pas la peine de le préciser et de venir enfoncer le couteau dans la plaie. N'en rajoute pas plus s'il te plaît, ça commence à devenir douloureux, franchement humiliant, et je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir résister comme ça, à te tenir tête, à m'ouvrir, alors que tout de ton côté m'indique que c'est peine perdue et que je te répugne. Je me contente juste d'hocher la tête face à ton refus, résolue. Penaude, je fixe mes pieds.

Tu as l'air satisfaite d'avoir repris le contrôle sur la situation, braquée, distante, la tête relevée comme si tu me dominais pendant que sous ton regard brûlant je m'écrase. Tu aimes ça, avoir le contrôle, ça te rassure, tu as l'impression d'être forte, d'avoir le pouvoir, de surplomber les autres. Mais Aelle, je suis pas une autre, moi. Et je suis mal à l'aise quand tu agis ainsi. Quand tu t'obstines, tu ne fais que réfléchir. Et ce que je te demande, pour une fois, c'est d'être irrationnelle. De mettre ton cerveau en pause. Si j'osais, je te demanderais de me suivre.

Je n'ai même pas envie de répondre au reste de tes questions. Je ne regarde pas la personne que tu pointes du doigt, ça ne me servirait à rien car je serais incapable de vous comparer. Ou alors si, mis je risquerais d'être vraiment désagréable avec cette inconnue qui n'a rien demandé. Je retourne m'asseoir sur les marches, ayant du mal à garder ma position debout alors que tout en moi s'effondre. Je secoue la tête de droite à gauche.

« Fais pas ça. Pourquoi tu veux te comparer à elle ? J'ai pas le droit de juste vouloir danser avec toi ? Et toi, t'as pas le droit d'être spéciale pour moi ? Pourquoi t'acceptes pas ce que je te dis ? Tu me crois pas ? Tu veux que je te le prouve ? Que je te montre que je mens pas ? Je peux, si tu en as envie... »

C'est la dernière fois que je tente un pas vers toi - et quel pas ! Au prochain refus de ta part, je m'en irai, et pour de bon cette fois-ci. Je crois que j'en ai eu assez, j'ai compris le message, je ne vais pas insister éternellement.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

04 juin 2021, 18:36
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Un visage tout froissé, un arrêt quasi total du corps et un regard franchement dérangeant. À voir Elowen, je pourrais croire que je l'ai blessé. Mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi ni comment. Elle agit étrangement. Elle a toujours agit étrangement mais aujourd’hui c’est encore pire que d’habitude. Elle attend tout de moi sans rien me donner en retour. Je ne sais même pas exactement ce qu’elle veut. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est que son comportement ne m’a jamais dérangé. Oh, certes, il m’a déjà perturbé, je l’avoue, mais je n’ai jamais voulu qu’elle soit autrement. Mais maintenant, qui est elle est un souci parce qu’elle me dit et me demande des choses absolument incroyables ! Le pire, c’est qu’elle me laisse croire que je suis en tort. J’ai tort de ne pas la croire, j’ai tort de ne pas lui faire confiance, j’ai tort de ne pas l’accepter comme elle est, j’ai tort de croire que tout cela est une grande blague. C’est injuste. Et elle, n’est-elle pas en tort de débarquer ainsi dans ma vie et d'ébranler ma tranquillité ? N’est-elle pas en tort de me laisser penser que ça pourrait être sympa que toutes ses bêtises soient vraies ? N’est-elle pas en tort, Elowen, d’être celle qui remet en question ma décision de ne plus jamais me laisser bousiller par les autres ?

Je détourne les yeux, incapable de supporter son regard. Elle est tellement imposante. Tout chez elle cherche à m’écraser. Elle dégage quelque chose d’incroyable qui me dérange particulièrement. C’est rare que je ressente ça chez les Autres. La plupart du temps, ils sont aussi vides et plats que des cailloux, des coquilles vides sans aucun intérêt. Mais parfois, il arrive que je croise l’un de ces Autres qui en impose tellement qu’il me bouleverse. J’ai eu l’occasion de rencontrer ce phénomène plus souvent chez les adultes, mais chez les plus jeunes… C’est tellement rare qu’un gamin soit capable de me faire me sentir ainsi. Toute petite, insignifiante presque, tout en me donnant l’impression, lorsque son regard se pose sur moi, que je suis exceptionnelle. Tout, chez ces personnes, chez Elowen, me fait flamber. Ils parviennent à réveiller la moindre de mes émotions. Ils m’intriguent, ils me dégoûtent, ils m’attirent, ils m’énervent, ils m’impressionnent ; en bref, ils font ce qu’ils veulent de moi, c’est du moins l’impression que j’en ai, et je déteste cela. C’est pour cela que je ne peux pas laisser croire à Elowen que je lui fais confiance : elle en profitera pour me détruire. Comme l’a fait la dernière personne flamboyante que j’ai rencontré, qui était encore plus jeune que cette Serdaigle, plus Imposante et plus… *Ta gueule*.

Je cache mes doigts tremblants au fond de mes poches. Merlin, mais qu’est-ce que je fous encore là, moi ? Elowen me jette ses paroles au visage et moi j’écoute alors que je devrais juste me barrer très loin d’ici. Mais non, j’écoute et je crois même avoir trouvé la solution à tous mes problèmes. Quand je lève les yeux sur elle, une nouvelle détermination brille dans mon regard.

C'est rare que les Autres comprennent. Pour eux, parler suffit. Comme si énoncer des paroles et les appeler vérités suffisait pour acter des choses aussi grandes que les émotions. On m'a toujours demandé de faire confiance. Même Loewy est comme ça. Mais les mots n'ont jamais rien prouvé. Parler, ce n'est pas difficile. Dire que l'on apprécie, que l'on aime, qu'on est attaché ; je peux également le faire. Ce sont des mots placés les uns après les choses qui, sur un malentendu, forment une phrase. Et après ? Après, selon les Autres, c'est censé être suffisant. Certaines personnes sont assez futées pour accompagner leurs mots de gestes qui servent de preuves, mais la plupart se contentent de parler et de croire que cela suffit pour s'attacher la confiance de l'autre. Ma confiance. Je me demande si ces gens sont complètement cons ou s'ils sont seulement naïfs. Dans mes bons jours, je pense qu'ils sont innocents, qu'ils ne savent pas que j'ai besoin de plus, de tellement plus.

T'as pas le droit d'être spéciale pour moi ? Elowen aussi pense que les mots sont des vérités suffisantes. Elle me sort des énormités et me demande de la croire sans ne rien remettre en question. Comme si les Autres n'étaient pas des enflures capables de détruire ce qui les entourent de la seule force d'une promesse. Bordel, mais dans quel monde vit cette fille ? Je lui aurais ri au nez si elle n'avait pas prononcé les paroles magiques. Celles que j'attends toujours et qui ne viennent jamais.

Bien entendu que je veux une preuve ! Je veux une preuve concrète, qui s'appuie sur des faits, qui me permette de dire sans ne plus douter : cette fille est sincère. Oh, je ne suis pas naïve. Je sais qu'une telle preuve n'existe pas, la vie serait bien trop simple sinon. Mais je suis curieuse de voir ce qu'elle va inventer pour prouver l'existence de ces choses intérieures dont elle me parle. La connaissant, sa preuve sera certainement complètement folle. Voire incompréhensible. Ou flippante.

Un pas décidé m'approche de la fille. Je sais ce que je veux, moi. À toi de faire tes preuves, Elowen Livingstone. Je t'attends.

« Ouais, je veux que tu me montres. T'as une preuve ? »

Et si ma voix est aussi moqueuse, c'est parce que je ne place pas énormément d'espoirs en cette preuve.

« Allez, vas-y. » Et plus je dresse le menton, plus ma fierté s'impose. Je me sens tellement puissante en défiant cette fille ; c'est que je me sais déjà gagnante. « J'l'attends cette grande preuve qui me montrera que je suis spéciale pour toi. »

J'avais déjà du mal à y croire lorsqu'elle a prononcé les mots mais quand c'est moi qui le fait c'est pire encore. Spéciale pour elle. Elle qui ne me connait pas. Les Autres prennent-ils donc réellement plaisir à se foutre de ma gueule ?

11 juin 2021, 17:44
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Tu es terriblement aggressive mais c'est perceptible, tu veux voir, tu sais très bien où ceci te mène et bien que tu feignes l'indifférence et l'agacement tu veux aller au bout de la démarche. Oui, ne t'inquiète pas Alma, je vais te l'apporter sur un plateau d'argent la preuve que tu me réclames. Et ça va me faire très plaisir. Et à toi aussi, promis. En plus, je sais très bien faire !

Je sautille telle une sauterelle jusqu'à toi, tout sourire. Tu as accepté que je t'approche et qu'à nouveau je m'exprime, sans me repousser ! Ni une, ni deux, de mes petits bras je t'entoure et je te serre fort - juste un peu fort. J'aime vraiment beaucoup quand on est comme ça, en position de câlin. Tu vois, je t'avais prévenue, je suis une pro pour les faire ! Comme pour te signifier à quel point je me sens bien avec toi, et pour qu'on n'aie pas l'air de deux autruches frigides et congestionées, je me mets sur la pointe des pieds et pose la tête sur ton épaule. Je t'ai déjà dit que tu étais grande ? Non ? Bon, il faudrait que je pense à le faire un jour. Je sais, ce n'est pas un moment pour penser à tout ça, il faudrait plutôt que je profite du moment, que je te fasse sourire ou mieux, rire, alors que fabrique mon cerveau à cet instant ? Il divague. (vague) Oh c'est pas vrai, ça recommence les jeux de mots nuls... Je secoue la tête et la relève pour mieux me concentrer sur toi. Je suis face à ton visage, vraiment très - trop - proche. Mes mandibules font leur travail et un sourire sincère, vivant, se dessine sur mes traits. J'aurais envie de te voir en faire de même, de prendre tes joues de mes mains, de poser mes doigts sur tes pommettes et de te les écarter pour faire ressortir tes dents, mais j'ai conscience que ce serait pénétrer un peu trop loin dans ta zone privée. Alors je te regarde. D'excitation j'ouvre et ferme les paupières à une vitesse folle, et sous elles mes petits yeux bleus pétillent.

Je retire lentement mes bras et les rappelle à moi. J'ai une sorte de pulsion que j'ai du mal à contenir, des petits picotements dans le ventre, la tête qui tourne, c'est assez désagréable et pourtant, si je m'en vais j'aurai encore plus mal, je ne sais pas comment je le sais mais je sens que c'est ainsi. C'est quoi ce bazar encore ? Ce qui va suivre me semble évident, mais l'est-il pour toi ? Je n'en sais strictement rien... mais j'ai comme l'impression qu'il faut que je quémande ton avis avant de faire quoi que ce soit.

« Du coup là je te demande ton consentement pour te faire un bisou sur la bouche, parce qu'on m'a dit qu'il fallait être toujours sûr que les envies sont partagées et que c'est interdit de forcer des gens. Et... Tu veux bien que je te fasse un bisou ? »

Tu ne peux pas savoir à quel point j'adorerais que tu dises oui ! D'impatience et d'envie, mes pieds à présent bien ancrés dans le sol s'agitent, il faut que je tente quelque chose. Bien évidemment, je ne compte pas te forcer, alors si tu me dis ne pas partager mon ressenti je me calmerai de suite, mais voilà, une immense partie de moi ne peut s'empêcher de penser que l'envie est réciproque. J'en viens à me questionner. Et si tu en avais envie mais que tu n'osais pas verbaliser tout ça ?

« T'es pas obligée de répondre si ça te met mal à l'aise, si tu fais un sourire je vais comprendre. »

Le pouvoir des sourires, des tiens du moins. Ils sont tellement rares qu'ils en deviennent diablement précieux, comme si avec l'un d'eux tu pouvais tout exprimer et tout ravager sur ton passage, moi comprise.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

21 juin 2021, 18:55
 RP++  Est-ce raisonnable ?
J’avais tort, vraisemblablement ; Elowen n’est pas seulement écrasante. Il y a autre chose que je ne parviens pas à nommer. Si je le sais, c’est parce que lorsqu’elle s’approche je ne réagis pas. Je suis clouée au sol, coincée dans mon propre corps et si à l’intérieur je ressens tout un tas de choses, je suis incapable de m’exprimer et d’agir. Pourtant, je la vois bien s’avancer ; elle est rapide, mais je la vois. Il m’aurait suffit de faire un pas sur le côté, ou en arrière peut-être, un simple geste aurait empêché ce qui arrive. Mais je ne fais rien, absolument rien et c’est parce qu’elle a ce quelque chose en elle qui la rend très différente des Autres, Elowen : elle ne me rebute pas. Ainsi, son saut en avant ne m’éloigne pas. Intérieurement, je me dis que tout cela n’est que le résultat de ma demande : je ne vais pas la repousser alors que j’ai exigé une preuve, n’est-ce pas ? Est-ce donc cela, cette grande preuve que j’attendais ? Que dois-je comprendre ? Que dois-je saisir ? Mes pensées s’affolent avant de se taire subitement. Parce que, bordel, je suis incapable de réfléchir à quoi que ce soit alors que les bras d’Elowen Livingstone s'enroulent autour de moi.

Le silence est bouleversant. Là, dans ma tête, c’est le noir complet. J’en perds la capacité de parler, de résister, de fuir, de repousser la fille. Oubliés ma grande fierté, mon dégoût des contacts physiques, ma haine des Autres, mon besoin d’espace et d’intimité ; disparus mes questionnements, mes craintes, mes doutes. La paix est totale. Une paix tétanisée. Mon coeur s’abat bien trop fort contre ma cage thoracique, le traite m’indique que le calme n’est qu’une impression, qu’un masque, et que sous son voile apparemment serein se trouve une tempête qui est en train de grandir. Impossible de me concentrer sur ce que je ressens. Comment le pourrais-je alors que la seule chose dont j’ai conscience, actuellement, c’est de la chaleur d’Elowen ? Ses bras me serrent plus fort que l’on ne m’a jamais serré, comme si elle ne voulait pas me lâcher, comme si ce geste comptait réellement pour elle. Et quand elle pose sa tête sur mon épaule, là, mon épaule, Merlin, ses cheveux me chatouillent le visage et son odeur se répand dans mes narines. Une odeur bien à elle, l’odeur d’Elowen. J’ai parfaitement conscience de mon propre corps, si rigide comparé à celui de la fille. Une planche, toute droite, toute solide, toute tremblante, une foutue planche incapable de faire quoi que ce soit. Et pour faire quoi ? La repousser ? la serrer encore plus fort ? déposer mes mains dans son dos ? la repousser ? poser ma tête contre la sienne ? Des dizaines de scénarios passent à toute allure dans ma tête, des centaines d’actions possibles, des solutions, des alarmes (*Bouge, fais quelque chose !*), des bêtises aussi (*Bouge pas, sinon elle va s’éloigner*), elles sont tellement nombreuses, elles prennent toutes la place, et elles se mélangent à toutes mes sensations physiques, et c’est une véritable tempête là-dedans, je me retrouve complètement déchirée, écartelée, paumée, déstabilisée. À bout de souffle, aussi. Comment fait-on pour respirer, déjà ?

Elle s’éloigne. Un peu. Son visage est tout près du mien. Son sourire est immense. Mes yeux dégringolent pour se fixer sur ce dernier. Grand sourire qui s’oppose bien trop à la face éperdue que je présente. Trop proche. Les secondes disparaissent, elle continue de sourire, je continue d’observer ce sourire. L’instant est rapide mais il parait durer des heures. Des heures durant lesquelles je peux compter chaque battement de mon coeur affolé, des heures qui me permettent d’apprendre chaque aspérité du visage d’Elowen *trop proche*. Des heures pendant lesquelles grimpent dans mon corps des vagues toutes chaudes que je n’ai ressenti qu’avec une seule personne, je crois. Ça monte de mon ventre et ça se répand directement dans mon coeur, qui rate un battement, puis un second, puis un troisième. Ces sensations m’empêchent de penser, sinon il est clair que je me serais éloignée, je me serais réveillée, j’aurais réagit, je ne sais pas moi, est-il réellement normal pour moi de me trouver à quelques centimètres du visage de cette fille et de ressentir toutes ces choses tout bonnement incroyables ? C’est comme lorsque je ressens ma magie à l’intérieur de mon corps, quand je la manipule pour la faire sortir à travers ma baguette, la sensation euphorique que je ressens, mêlée à la peur et à l’excitation ; là c’est pareil et en même temps complètement différent. Mais le fait est que ça me fait devenir complètement idiote.

En parlant, Elowen gâche tout, comme bien souvent. Ma bulle éclate, je réapprends à respirer, je cligne des yeux, je déglutis difficilement et prends soudainement conscience que mes joues sont chaudes, tellement chaudes. Mes sensations, elles, ne disparaissent pas. Je crois même qu’elles s’accentuent quand les informations montent à mon cerveau. *Bisou sur la bouche ?*. Ouais, elles s’accentuent gravement, je crois que je suis en train de perdre pied, et mes yeux n’arrivent pas à trouver ceux d’Elowen, Merlin. *M’faire un bisou ?*. Un autre moment, une autre fille, un souvenir apparaît dans mon esprit. Il est fugace. Mon coeur rate tellement de battements. Je déteste les mots et les paroles ; ils m’obligent à réfléchir et je parviens à me souvenir de qui je suis, d’où je suis et de ce que je suis actuellement en train de faire.

Une fois n’est pas coutume, j’insulte violemment, et intérieurement, mes propres capacités de réflexion. Parce que mes pensées affluent à vive allure et tout se mélange dans ma tête. Je pense à Thalia, à notre baiser, et je pense aussi à la douleur que son éloignement m’a causé, je pense qu’il serait vraiment bête d’embrasser cette fille puisqu’elle finira par me faire ressentir la même chose et en même temps je me dis que, Merlin, ce serait fantastique de le faire ! Mais je ne peux pas lui laisser croire qu’elle m’a eu avec sa fichue preuve, tout en me disant que je me fiche de ce qu’elle croit et que ce baiser ne représentera rien — malgré tout, je sais qu’il représentera tout un tas de choses, bien trop de choses, je n’arrive pas à savoir quoi exactement mais je le sais. Alors je commence à avoir peur, à me dire que je devrais juste disparaître avant de faire quelque chose que je vais regretter, quelque chose de foutrement agréable et tentant, contre laquelle j’ai vraiment du mal à résister là, maintenant, puisque mes yeux sont braqués sur cette bouche qui me demande si elle veut m’embrasser. Mais c'est quelque chose que l’on ne fait pas, normalement, quand on est une fille indépendante qui n’est absolument pas victime de ses propres envies. Et puis après tout, pourquoi ? Pourquoi ne pourrais-je pas ? Je peux bien faire ce que je veux de ma bouche, non, puisque c’est moi qui prend la décision de le faire ? Et les pensées affluent dans tous les sens, et Elowen me demande de sourire mais j’en suis incapable, je ne peux même pas grimacer, même pas étirer les lèvres ! Je suis coincée à l’intérieur de mon corps, déchirée entre mille envies, mais quand même très franchement tentée par ce qu’elle me propose. Mais elle ne comprend pas que je crève de trouille, moi, et que si je l’embrasse, cela signifiera que… Cela voudra dire que j’ai… Et qu’elle a… Et puis après, que se passera-t-il ? Après ça, il y aura quelque chose, non ? Mais quoi ? Et puis je veux de ça, moi ?

Des millions de pensées, des milliards de pensées, bien trop de pensées.
Et il y a la chose qui se trouve juste en dessous de mon menton, plus communément appelé corps, qui m’envoie tout un tas d’informations qui me bousillent. Le plus bouleversant, c'est que je sais pertinemment bien ce qu’il me crie, ce corps-là, c’est évident, oui.

Il y a quelque chose qui se brise, en moi. Ou une digue qui s’ouvre, peut-être. Je ne sais pas bien ce que c’est. La seule chose que je sais, c’est qu’une pensée surpasse toutes les autres et résonne dans ma tête : *allez tous vous faire foutre*.

Un instant plus tard, j’ai franchi la distance qui me sépare d’Elowen pour plaquer mes lèvres contre les siennes.

Ah ouais, quand même. Je suis légèrement bouleversée. Elowen me tuera.
Ma réaction lorsque j'ai terminé de rédiger ce texte : « Mais elle est malade ! » (en parlant d'Aelle). Et je le pense encore. Comme quoi, si Elowen a un respect de l'autre absolument admiratif, ce n'est pas du tout le cas d'Aelle.

07 juil. 2021, 01:48
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Une statue. Tu es pétrifiée entre mes bras, immobilisée et tu ne me rends pas mon étreinte. Ton caractère solitaire te poursuit même dans les moments les plus personnels de ta vie, tu restes frigide et distante, tentant de te protéger à tout prix, mais de quoi ? De moi ? Malgré tout ce que je te montre, tu as peur, tu t'enfermes dans cette bulle dans laquelle tu existes et contrôles tout ce qui t'arrive. Tu vis pour te protéger, toujours sur la défensive quoi qu'il arrive. Ton corps fermé qui refuse de s'offrir au mien, je crois que c'est ce qui me motive le plus à continuer dans ce sens-là. Tu m'envoies des signaux contradictoires que j’interprète comme bon me semble, car après tout, si tu ne dis mot, comment puis-je être certaine de ce que tu ressens ? Des sentiments que tu veux me transmettre ? Malgré l'appréhension que je ressens, j'ai la sensation que ce câlin se passe plutôt bien : tu ne me repousses pas, c'est là une avancée grandiose.

Oh, Alma, tu sens super bon !

Je m'écarte pour mieux te voir, te propose quelques phrases pour m'aider à te cerner, car tu es à mes yeux encore plus sauvage et indépendante qu'une tigresse. Quand on croit qu'elle dort, que l'on ne craint rien, c'est là qu'elle est la plus dangereuse car ses instincts de chasseresse lui reviennent d'un coup et, incapable de se contrôler, elle attaque. Je ne veux pas que par peur ou par surprise tu me frappes, non, alors je te décris tout ce que je compte faire, tout ce que je pense de toi, dans l'espoir qu'en le voyant venir, en sachant que tu contrôles la situation et que rien ne t'échappe, que seul ce que tu auras autorisé se produira, dans l'espoir que tu cèdes à ma requête. Ce n'est pas forcément la chose la plus saine qui soit, mais qu'importe, je m'adapte à toi, tu l'as compris depuis le temps, pas vrai ?

Je t'avertis donc de la suite des évènements : tu ne risques rien, c'est juste un bisou, un tout petit bisou déposé du coin des lèvres sur les tiennes, un bisou qui ne t'engagera à rien, car je refuse de te forcer la main. Tu hésites, ça se voit. Je me demande si tu t'es déjà retrouvée dans pareille situation. Si tu as déjà dû embrasser quelqu'un, une fois. Et si c'est le fait que je sois une fille qui te rebute. Avec Eileen, ma Lee, j'ai eu du mal au début. On m'a jamais appris que deux filles avaient le droit de s'aimer très fort, comme nous deux. Si tu veux je pourrai te le montrer : on s'en moque de savoir ce que l'on est, tant que l'on ressent des choses et qu'elles sont partagées. S'il te plaît n'aie pas peur, deux filles, ça s'aime et c'est tout à fait normal.

Indécise, je te regarde prendre ta décision après avoir reculé un peu, pour ne pas que tu te sentes oppressée. J'ai un grand sourire, des yeux inquisiteurs et impatients, des joues plus rouges que mes cheveux, eux-même déposés en bataille autour de mes épaules. Je ne ressemble à rien. Face à toi, je ne fais pas le poids. Je ne m'étais jamais autorisée à le remarquer, mais tu es drôlement mignonne, tu le sais, dis ? Et tes yeux, perçants, qui déchirent... Je m'y noierais si tu n'avais pas détourné le regard. Pour patienter, je me triture les doigts, retirant le reste de vernis présent sur deux ou trois de mes ongles. Ton dilemme prend un peu de temps, tu es farouchement énervée, et je me mords l'intérieur de la joue. J'ai envie de t'embrasser je te dis !

Et puis, tout va très vite. Au pas de course tu t'approches, tu envoies valser tous les autres, tu te fous de la morale ou de tes préjugés, d'ailleurs à cet instant précis j'arrête de réfléchir et je me fous aussi de ce que tu penses, je suis submergée par bien trop d'émotions pour pouvoir m'en soucier. Ta bouche se retrouve plaquée contre la mienne par je ne sais quel maléfice, alors je me laisse aller : j'ai compris. Je te rends ce baiser, qui est bien loin de celui que j'imaginais. Au lieu d'un tout petit bisou du coin des lèvres comme je l'avais pensé, tu imposes ton rythme et mon énergie se joint à la tienne. Nos lèvres gigotent, je ne suis pas très douée avec les bisous alors je me laisse porter, tu sembles t'y connaître plus que moi. Naturellement, ma main favorite vient tout doucement se poser sur ta joue et elle te caresse rapidement avant de s'en aller. J'ai chaud, très chaud, et j'ai mal au ventre. Ces petits papillons qui me rongent de l'intérieur, qui me donnent des nausées, et pourtant que je ne voudrais faire partir pour rien au monde.

Je suis la première à rompre ce baiser, je n'ai clairement pas l'habitude de tout ça, et puis, ça fait beaucoup d'un coup à gérer. C'était rapide mais passionné, c'est certain. Et inattendu, quoi qu'on en dise. Encore chamboulée, je peine à retrouver ma respiration et commence à hyperventiler légèrement. Mes lèvres s'écartent pour laisser l'air s'infiltrer, mes joues remontent de bonheur, faisant ainsi disparaître mes yeux qui fuient ton regard, ce regard brûlant qui est le tien. Si je te regarde, je ne te lâcherai plus jamais. Je susurre :

« Meilleure journée du monde ! »

Et tente de t'attraper une main. Je me dirige vers les marches et m'y installe, te faisant signe pour que tu viennes te poser contre moi. Le souffle court, j'enlève mon pull pour mieux respirer. J'inspire fort et... purée, tu sens bon !

Et bien, un "simple" bisou fort inspirant !
Elles sont malades ensemble, c'est ça qui est chouette !
C'est un tantinet malsain comme relation, mais on leur pardonne, elles sont adorables...

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

12 juil. 2021, 00:23
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Je ne pensais pas que ce serait si agréable d’envoyer se faire mettre le monde entier.

J’en oublie absolument tout ce qui me permet d’avancer et d’être au quotidien. Mes pensées contradictoires, mes émotions violentes, mes propres limites, mes craintes. Plus rien ne compte. Ni les élèves qui nous entourent, ni mon corps qui s’acharne à me faire perdre pied, ni les millions de pensées qui m’ont envahie il y a quelques secondes, ni mes questionnements, ni mes grandes peurs. Pour la première fois depuis une éternité, j’arrête de penser, de mettre en mots la moindre de mes actions, de prévoir ce qui va arriver, je n’essaie plus de comprendre l’autre, d’essayer d’expliquer son comportement ou ses paroles. Le fait est que les paroles d’Elowen, je les ai complètement oubliées. Quant à ses comportements ? Je n’en ai plus rien à faire à partir du moment où mes lèvres rencontrent les siennes. Au-delà des sensations, assez folles je dois dire, que me procure notre baiser, il y a l’action pure. Et là, j’agis. Rien d’autre ne bouge que mes lèvres mais j’ai l’impression que je contrôle absolument tout ce qui arrive. Parce qu’Elowen ne s’éloigne pas, elle ne bouge pas, ne me repousse pas, ne s’approche pas ; non, elle se contente de répondre au baiser que je nous impose et c’est comme si c’était exactement ce que j’avais toujours désiré alors que je n’ai jamais, je le jure, jamais pensé une seule fois à faire ça avec elle. Et pourtant, c’est en train d’arriver. De mon initiative. Parce que la moindre petite cellule qui me compose me l’a demandé et que j’ai répondu à cette envie. C’est fantastique, c’est exaltant !

Puis je sens la main qu'Elowen pose contre ma joue. Mon coeur rate un battement. C’est comme si je dégringolais tout au fond de mon corps. Le contrôle se casse la gueule, c’est la porte ouverte aux milles sensations qui me traversent, celles qui me réchauffent, celles qui griffent mon ventre, et surtout celles qui me font perdre pied. Je n’arrive pas à accrocher une seule de mes pensées, j’oublie peu à peu ce que j’étais en train de me dire sur le fait d’agir et de contrôler, et bientôt je ne suis plus du tout celle qui guide, plus du tout celle qui gère, encore moins celle qui sait où elle va. Il y a ces lèvres, là, contre les miennes, et ce corps tout près du mien, et plus rien ne compte que ces contacts-là, que mon besoin d’en profiter au risque que tout cela s’arrête.

Pourtant, il faut bien que cela arrive. Je m’en rends compte au moment où Elowen s’éloigne. Je me souviens alors que c’est une personne qui se trouve là, devant moi. Une personne bien vivante, qu’elle n’est pas moi et que je ne suis pas elle, que j’ai mon propre corps, moi aussi, mes propres émotions. Pendant une fraction de seconde, le vide qui s’ouvre en moi est si grand que je me demande comment je vais bien pouvoir vivre, maintenant ; comme je vais faire si elle s’éloigne ? Puis je me rappelle que je suis moi, que je suis censée être gênée ; automatiquement, je me sens rougir, et mes sourcils se froncent si fort que je manque presque la mine totalement réjouie qu’affiche Elowen. Cette dernière énonce quelques mots auxquels je réponds intérieurement, *meilleur baiser au monde !*, phrase que je suis incapable de formuler à voix haute. Je le sais, ma voix est coincée, ma gorge est toute nouée et je me sens moite de partout, j’ai l’impression soudainement qu’Elowen a accès à absolument tout ce que je suis, à l’intérieur comme à l’extérieur, comme si je lui avais permis de me connaître entièrement par ce seul baiser, et que désormais, elle pouvait en un claquement de doigts m’écraser, me détruire, me faire du mal.

Elowen avance la main vers moi, s’éloigne quand je ne l’attrape pas, s’assoie sur les marches. Elle ose même ôter son pull, ce qui n’est pas une bonne idée, mais ce que je comprends ; j’ai tellement chaud, moi aussi, mais je ne fais aucun geste pour enlever la cape qui m’étouffe. Non, moi je reste là à la regarder comme si je la voyais pour la première fois, toute prise par la course de mes pensées qui a repris si rapidement le joug sur ma personne que je ne parviens pas à la suivre, et je prends conscience d’une chose toute simple qui me calme instantanément : moi aussi, je la connais différemment grâce à ce baiser, désormais, et je suis autant capable qu’elle de la détruire. Cette pensée est vraiment rassurante.

C’est difficile de survire à une telle chose. Je me demande comment font les autres. Comme fait Aodren à chaque fois qu’il embrasse Quétrilla ? Et Papa avec maman ? Et tous les autres ? Et moi, comment j’ai fait la première fois avec Thalia ? Comment se sort-on d’un baiser ? J’ai l’impression que c’est la première fois que je vis ça et ce n’est pas entièrement faux. Avec Thalia, c’était très différent. Déstabilisant mais pas complètement fou. Là, j’ai l’impression d’avoir plongée la tête la première du haut d’une falaise et maintenant, je ne sais plus comment revenir à mon point de départ. Je me sens perdue. J’ai envie de recommencer. Ou peut-être ai-je envie de m’enfuir. Je ne sais pas très bien. Je tremble, un peu. Et puis je ne sais comment dire… Je crois que je me sens vulnérable. Et je ne sais pas exactement si c’est positif ou négatif. Puis il y a Elowen qui se trouve devant moi et elle est tellement imposante ! ne l’est-elle pas ? Ce regard ! cette prestance ! Ce quelque chose. Je me sens toute maladroite. Toute mal à l’aise. C’est cela. Je suis si mal à l’aise. Je prends brutalement conscience de ce qu’il vient de se passer, là, en pleine journée, aux yeux de tous, et des miens en premier, de mon initiative, parce qu’en j’en avais si fortement envie…

C’est complètement dingue. Comme Elowen. Complètement dingue.

Un rire fout en l’air mon immobilité. Pas un éclat, juste un petit rire qui s’échappe de ma bouche et que je retiens tant bien que mal en plaquant une main contre mes lèvres. Il repart aussi vite qu’il est arrivé, ce rire. Je baisse la tête vers mes pieds, je suis incapable de regarder Elowen en face. Je me concentre très fort. Parce que si je ne le fais pas, je sens que le gloussement va se transformer en éclat et que je ne pourrais plus jamais m’arrêter de rire. Je reste quelques secondes ainsi, n’ayant pas la force de me demander pourquoi je me bidonne comme une abrutie, avant de parvenir à bouger.

Je fais un pas vers Elowen, puis un second et un troisième. Je m’arrête devant la place qu’elle me garde sur la marche d’escalier, tout contre elle. Je regarde la pierre, puis je regarde la fille. J’observe son visage, l’éclat dans ses yeux, la forme de ses lèvres. Et je sens que je dois dire quelque chose. Parce qu’il faut mettre en mots ce genre d’événements, n’est-ce pas ? Il faut que je lui dise que je ne sais pas ce qui m’a pris, que c’était complètement idiot, que j’ai répondu à des envies plutôt étranges.

Je prends une grande inspiration et ouvre la bouche…

« Euh… Je… T’as… Tu… »

… que je referme aussitôt tant mes balbutiements m’horrifient.

En fait, je ne sais absolument pas quoi dire. Ce n’est pas comme si j’avais tellement de choses à dire que je n’arrivais pas à parler, non. C’est seulement que je n’ai rien dans la tête. Le vide complet. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. M’asseoir près d’elle ? Oh, Merlin, je crois que j’ai trop peur pour le faire. Partir ? Je crois que je n’en ai pas la moindre envie. La jouer fière et nier ce qui vient d’arriver ? Je n’en ai pas la force. Ne rien dire et rougir ? Bordel, c’est déjà ce que je suis en train de faire.

Je crois qu’il vaut mieux que je me taise. Parce que je sais ce qui va arriver après ça. Je le sais très bien. Une fois que ma tétanie sera passée, une fois que j’aurai oublié les sensations incroyables qui me bouleversent encore, le bonheur tout simple de ce baiser qui m’a donné l’impression que plus jamais je ne me sentirai seule, une fois que s’étioleront ces sensations, viendra la laideur de la peur. Et je ne veux pas la ressentir. Je ne veux pas me questionner, reprocher à Elowen tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle fait, je ne veux pas souffrir de tout ça. Toutes ces choses, là. La vraie vie. Je ne veux pas. Je ne veux pas être moi. Alors je me contente d’être là, coincée dans cet entre-deux, mon regard oscillant entre Elowen et la pierre qui parsème le sol, priant secrètement que tout cela ne se termine jamais, parce que je préfère être tétanisée par la gêne, l’envie, le bonheur, que d’exploser d’émotions qui font peur.

27 juil. 2021, 15:17
 RP++  Est-ce raisonnable ?
Ce qui vient de se produire est d’une intensité telle que je dois m’éloigner un instant, me poser, souffler et prendre conscience que tout ça, je ne l’ai pas imaginé. Tu étais là, contre moi à peine quelques secondes plus tôt, tu m’as enveloppée de ton énergie, de ta chaleur et de ta force, et ensemble nous avons partagé une chose incroyable, que je n’aurais jamais osé imaginer se produire dans mes rêves les plus fous. On s’est embrassées, passionnément. Comme si plus rien autour ne comptait. Nous étions toutes les deux, ensemble, l’une pour et avec l’autre, liées, et c’était fort. J’ai besoin d’un moment.

Je te propose de me suivre sur les marches, chose que tu refuses. Ça me va très bien comme ça à vrai dire, il faut que je m’écarte pour retrouver mes esprits ou bien je serais bien capable de replonger dans ton parfum, de sombrer dans tes yeux, de me perdre sur les traits de ton visage, de vendre mon âme à tes lèvres. Alors que je pense que l’émotion que je ressens est partagée, que j’ôte des vêtements pour faire partir le rouge coquelicot de mes joues, tu éclates de rire. Alma, est-ce que tu te rends seulement compte du doute que tu mets en moi ?

La petite bulle explose si vite… Gênée, je baisse la tête, ne comprenant plus rien. Est-ce que c’était si nul que ça ? J’ai déjà embrassé deux gens tu sais, c’est pas rien ! Je ne peux pas faire des si mauvais bisous que ça, si ? Ou alors Will et Eileen ne m’ont pas tout dit, bien trop polis, et toi, honnête comme personne, tu ne peux te résoudre à me le cacher. Est-ce que tu n’en avais pas envie ? J’avais pourtant l’impression que tu étais celle qui m’avait étreinte la première. T’es-tu moquée de moi ? Est-ce que d’autres nous espionnent et tu avais parié que tu réussirais à me faire succomber ? Parce que, sache-le, c’est le cas, et je pensais vraiment que c’était réciproque. Et je croyais que je pouvais te faire confiance, je me suis livrée à toi comme à peu de monde, je croyais t’avoir tout dévoilé, tout offert, et je ne sais pas vraiment comment je le vivrais si tout cela n’était qu’un jeu pour toi, un moyen de renflouer ta collection de chocogrenouilles.

Tu arrives à me faire sentir tant de choses diverses Aelle. Passer du rire aux larmes, avec toi je l’ai fait, bien plus que je n’aurais dû, et cette-fois n’échappe pas à la règle. Des petites gouttes d’eau salée perlent au coin de mes yeux, tu ne peux pas les voir puisque j’ai la tête baissée à cet instant. Je t’entends approcher et crains le pire. Tu commences à balbutier, et je comprends vite que ce que tu essaies de me dire ne va pas me faire plaisir. Comment est-ce possible que tu aies tant d’influence sur moi, que je t’accorde autant d’importance, à tel point que tu décides de quand je suis heureuse et de quand je ne le suis pas. Tu sais, ça ne me dérangerait pas tant si tu ne me faisais pas si mal.

Tu restes plantée-là, muette, incapable de m’avouer ce que tu viens de faire. Je me redresse et plante mon regard dans le tien. Il est un peu dur mon regard, et très peiné.

« Pourquoi tu parles pas ? Tu rigoles parce que je sais pas bien faire les bisous ou bien parce que c’était un pari ? Je croyais que tu en avais vraiment envie aussi tu sais… Moi j’en avais besoin, et très envie, et c’était incroyable, mais pas pour toi, c’est ça ? »

Je crois que tu peux deviner au timbre de ma voix et à mes yeux que je pleure. J’appréhende ta réponse autant que je désire plus que tout l’entendre. Je ne sais pas trop quel type de relation on entretient en ce moment, ni si l’on peut fonder une chose sur des bases aussi peu solides où l’on doute et remet sans cesse en cause ce que l’on fait l’une avec l’autre, et pourtant j’ai diablement envie que l’on recommence. Les grands disent souvent que pour être bien dans ses souliers et s’engager dans une relation, il faut avoir confiance en soi, ne pas dépendre de l’autre, mais j’envoie bouler leurs conseils, ils n’y connaissent rien, eux. Quand je te vois, je dépends de toi, de tes colères, de tes envies, de ta joie et de ton rejet. Je ressens ce que tu m’imposes. Et quand tout va bien, quand on s’embrasse, c’est formidable. Alors s’il te plaît, dis-moi que je me suis trompée, et qu’entre nous tout va bien. J’ai besoin d’aller bien, allez, rassure-moi et impose-moi le bonheur.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

03 août 2021, 12:13
 RP++  Est-ce raisonnable ?
C’est étrange, comme sensation. Je suis là, je sens mon corps, je sens ma chaleur et le tremblement de mes jambes, mais ma tête est ailleurs. Dans mon esprit repasse en boucle ce qui vient de se passer. Et repassent encore et encore le baiser, la douceur de ses lèvres, les sensations dans mon corps. D’autres scènes sont là, aussi. Des scènes imaginaires. Des baisers inventés, des étreintes volées. Je n’arrive pas à faire taire ma tête, elle m’impose ces images et le pire c’est que je ne les subis pas, j’en profite à outrance, tout en dévorant du regard cette tête qui se trouve devant moi, me demandant si je vais oser m’approcher de nouveau pour prolonger le baiser qui déjà m’apparaît trop lointain, trop abstrait. Je me sens euphorique et à la fois tétanisée. J’ai envie de sourire comme une malade, me toucher les lèvres pour savoir si c’était bien vrai ; et j’ai envie de me rouler en boule, d’ouvrir la vanne de mes émotions, de me laisser aller toute entière à la grande peur qui toque à la porte de ma conscience. Je suis complètement tiraillée et pourtant… Pourtant je ne voudrais pas ressentir d’autres choses. Je ne voudrais pas être ailleurs, avec une autre personne, je n’ai pas envie d’être raisonnable et de retourner à ma vie, à mes études, à mes recherches comme je devrais le faire. Juste envie d’être là, de ne plus jamais réfléchir, plus jamais penser.

Je n’arrive même pas à la reconnaître. Elowen. Est-ce qu’avant de la croiser à la sortie de la Grande Salle je la voyais déjà avec ces yeux-là ? Non, c’est impossible. Quand je l’ai vu, je me suis sentie tellement en colère. Et là… C’est complètement différent. Comment est-ce que ça peut changer aussi vite ? Et surtout, est-ce que j’en ai quelque chose à foutre, que ça ait changé si rapidement ? *Non, putain*. Prolonger cet état, ne surtout pas penser, ne surtout pas réfléchir. Je vais m’avancer et l’embrasser encore, puisque c’est la seule chose qui soit capable de réduire au silence la folie de mon esprit.

Tout se casse la gueule quand elle lève la tête vers moi. Alors évidemment, je plonge dans son regard. Je plonge avec un peu de crainte et aussi un peu de confiance : évidemment que ses yeux vont briller, c’était *trop bien* ce que l’on vient de vivre ! Mais non. Aucun éclat dans ce regard-là. Seulement des larmes. *Des larmes ?*. Le doute ne dure qu’une seconde. Oui, des larmes. Mon coeur ne s’en remet pas. Il m’envoie un grand coup dans les côtes et m’arrache mon souffle. Ma joie s’évapore, celle qui me donnait tant envie de sourire. Pourquoi des larmes ? Elle n’a pas apprécié ? Pourquoi ça ? Ce n’est pas logique. Je ne comprends pas. Ou alors… Regrette-t-elle ? Merlin, elle regrette. Elle regrette et moi, je suis en train de me réjouir comme une abrutie et je pense même à recommencer. Une grande cape de mal-être me recouvre, je me sens trembler, j’ai honte, tellement honte. Je vais mourir, c’est certain. Je me fais tout un tas de promesses, si rapidement que je les retiens à peine. Je me promets de ne plus jamais embrasser personne, de ne plus jamais approcher Elowen et surtout de ne plus…

« Pourquoi tu parles pas ? »

Mais parce que tu regrettes ! Et parce que j’ai trop de pensées dans la tête, parce que je ne sais pas comment te dire que j’ai tellement aimé ça que je veux recommencer, parce que tu regrettes et que je me sens comme une conne.

« Tu rigoles parce que je sais pas bien faire les bisous… »

Oh, je ne m’y connais pas beaucoup, Elowen, mais ce que je peux dire c’est que ce n’est pas ça, le problème, absolument pas. Elle sait très bien faire les bisous. Ou peut-être est-ce moi qui sais bien les faire, mais à vrai dire peu importe, ce qui compte c’est que c’était agréable.

« … ou parce que c’était un pari ? »

*Qu’est-ce que…*. Un pari ? Je crois que c’est à ce moment-là que je perds le fil. Pas des paroles de la Serdaigle, non, elles je les entends très bien. Je perds le fil de mes pensées et reste bloquée sur ces mots. Un pari ? Oh, Merlin ! Elle prend mon silence comme… Comme… Je ne sais pas très bien comment, à vrai dire. Je n’arrive pas toujours à la suivre, cette fille. Ses paroles n’ont jamais trop de lien les unes avec les autres. Je ne sais absolument pas comment elle a bien pu arriver à la conclusion que c’était un pari. Les gens font-ils réellement des paris sur ce genre de choses ? Mais pour quoi faire ? Dans quel but ? Ce serait amusant, c’est ça ? Je ne vois pas bien en quoi. Et puis avec qui j’aurais pu parier ? Zikomo ? Merlin, l’idée est amusante.

Je me sens beaucoup plus à l’aise, tout à coup. Mon soulagement est si grand qu'il balaye intégralement les craintes qui m'ont envahies avant qu'Elowen ne prenne la parole. Je ne doutais absolument pas du fait qu’Elowen ait apprécié ce qui vient de se passer mais l’entendre dire me rassure sincèrement. C’était incroyable, qu’elle dit. Je me sens légitime, tout à coup ; *elle ressent la même chose que moi !*. Et bien moins idiote d’avoir tant apprécié le moment. Ses larmes ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Elle avait seulement peur que je me sois foutu d’elle ! Je crois que c’est important, cette peur-là. Je crois que je devrais comprendre quelque chose. Mais je n’arrive pas bien à penser, actuellement. C’est que j’ai un baiser en tête, moi, et que j’ai encore un peu chaud.

Je secoue la tête de droite à gauche, comme pour effacer ses paroles. Je vais lui dire que faire des paris aussi idiots, ce n’est pas du tout mon genre. Que je suis bien plus intelligente, bien plus futée que tous les Autres qui vivent dans ce château et surtout, que je ne suis pas du genre à faire des choses que je n’ai pas envie de faire. Que si je l’ai embrassé, c’est parce que j’en avais foutrement envie. C’est tout.

« On r’commence ? » proposé-je à la place.

C’est plus facile d’agir que de penser. Pourquoi parlerions-nous ? Pourquoi mettre des mots sur tout ça ? Pourquoi chercher à comprendre ? Pourquoi prendrais-je le temps de rassurer la fille alors que je peux faire taire ses angoisses en passant à l’action ?

Le plus difficile n’est pas de prononcer ces mots. Je n’ai aucun mal à le faire, ma voix ne tremble même pas. Non, le plus dur c’est de garder la face. C’est de rester droite, le menton dressé, les yeux plongés dans les siens et de résister à mon envie soudaine de baisser la tête pour cacher mes joues que je sens rougir. Le plus dur, c’est de ne pas me laisser envahir par le hurlement qui retentit dans ma tête. Je sais ce que me dit ce cri, il me rappelle que j’aurais dû me taire.