Severus grimaça en s’étirant puis se releva de sa chaise en soupirant, ses yeux accrochèrent paresseusement les étagères pleines de livres autours de lui et il se mit à errer un peu au hasard des rayonnages, il venait de finir ses devoirs de la semaine, il allait pouvoir continuer ses recherches annexes.

Il laissa sa main courir sur les tranches des livres près desquels il passait, lisant distraitement les titres à la recherche de quelque chose de neuf et d’enthousiasmant pour se changer les idées. Le rayon dédié à l’histoire des sortilèges fût vite dépassé, il se figea en apercevant James et Sirius dans le rayon de métamorphose avancé, ils étaient penchés sur un grimoire très épais et chuchotaient entre eux d’un air étrangement sérieux. Severus recula prudemment pour ne pas se faire repérer et se glissa d’un pas félin dans le rayon de Défense contre les forces du mal, il prit un petit livre sur l’importance de l’informulé en défense et s’apprêta à rejoindre sa place pour l’étudier… Quand ses yeux tombèrent sur un livre à la couverture verdâtre tout en bas des étagères au niveau du sol.

La couche de poussière qui le couvrait été bien plus épaisse que celle de n’importe quel livre du rayon mais au milieu des livres usés il semblait dans un état relativement neuf. Le Serpentard se pencha et s’empara de l’ouvrage, il le balaya de la main pour apercevoir le titre mais celui-ci était en rune, incompréhensible, en guise de nom il n’y avait que les initiales de l’auteur, un certain JS.

Severus ouvrit le livre et parcourut le sommaire des yeux.

Ж . Sorts de traçages et furtivité.

Ж . Contourner une protection magique.

Ж . Intégrité physique d’un adversaire.

Ж . Intégrité mentale d’un adversaire.

Ж . Sortilèges d’oublis offensifs.

Ж . Induire des cauchemars et des hallucinations chez sa cible.

Ж . Alternatives à la Potion de Haine.

Ж . Sorts d’emprises.

Severus plissa les yeux, il jeta un rapide coup d’oeil autours de lui et glissa le livre dans sa poche. De retour à sa place il ouvrit le livre et passa rapidement au chapitre sur l’intégrité physique. Il parcourut rapidement le chapitre et grimaça, il ne s’agissait pas de sorts déjà fonctionnels, c’était des formules arithmantiques compliquées et des schémas gestuels permettant d’orienter un sortilège sur le corps de sa cible. Mais ce n’était que des ingrédients qu’il fallait assembler soi-même pour créer ses propres sortilèges. C’était une base théorique inexploitable à court terme.

Il se laissa retomber dans sa chaise d’un air découragé, il aurait bien aimé s’amuser à jeter un sort de défiguration à Sirius qui se moquait toujours de son nez et de ses cheveux… Severus se frotta pensivement le front, serait-il capable de créer son propre sortilège grâce à ce livre là ? Ça avait l’air très compliqué… Il aperçut ses parchemins de devoir soigneusement rempli près de sa besace et haussa les épaules, et pourquoi pas après tout ? Il s’ennuyait avec les cours, il n’y avait pas assez de défis à relever, pas assez de connaissances à assimiler.



Severus soupira en enfourchant son balai avec résignation, il détestait le vol. La première fois qu’il était monté sur un balai celui-ci s’était mis à ruer comme un mulet énervé et toute la classe s’était moquée de lui, il entendait encore le rire insupportable de cette idiote de Mary lui vriller les oreilles… Il jeta un coup d’oeil à ses camarades, ils étaient déjà tous en ligne devant la Professeur, flottant nonchalamment en l’air comme s’il n’y avait rien au monde de plus naturel, le Serpentard poussa le sol des pieds et les rejoint raidement.

La professeur de vol fit apparaître des cerceaux un peu plus large que ceux du Quidditch et leur expliqua qu’ils allaient travailler sur les changements de direction. Pour les motiver elle leur promit de garder le dernier quart d’heure de la séance pour qu’ils s’entraînent à se passer le Souafle s’ils travaillaient bien, ce qui arracha des chuchotements enthousiastes au groupe et un nouveau soupir résigné au Serpentard.

Severus observait James faire des loopings et des figures compliquées avec agacement alors qu’il attendait son tour pour refaire l’exercice. Le Serpentard trembla légèrement sur son balai quand Mme Bibine l’appela à nouveau, gêné de devoir voler devant toute la classe, il entama prudemment le parcours.

— Accélère Servilus on dirait une vieille chauve-souris obèse qu’a Parkinson ! Ricana Sirius.

Severus resta focalisé sur les anneaux devant lui, ignorant la pique avec sa résignation habituelle. Quand il revint vers les autres, soulagé d’avoir fini son deuxième et dernier tour, James vola fluidement vers lui et fit un looping serré avant de s’immobiliser en face de lui.

— 10 minutes pour franchir 10 cerceaux… Pas mal Snape tu t’améliores se moqua t-il, je vais te montrer comment font les pros. Regarde bien.

Il lui lança un regard méprisant en repartant vers Sirus. Rosier qui venait de finir son parcours avec une aisance impressionnante fit un geste à Potter en souriant. Severus n’entendit pas ce que les trois Sang-purs se disaient mais ça n’avait pas l’air aimable à voir l’air sombre de Sirius et l’étincelle cruelle dans les yeux de Rosier. Lily se glissa à côté de lui alors que la Professeur appelait James pour refaire l’exercice. Le Gryffondor accéléra brutalement et passa dans chaque cerceau à une vitesse telle qu’il ne mit même pas une minute à finir le parcours. Severus échappa un grognement de dépit contrarié en voyant le regard de Lily fixé sur ce prétentieux.

— Potter ! Hurla Mme Bibine alors que James bousculait Rosier en retournant à sa place, 10 points en moins pour Gryffondor !

Severus sourit machinalement fasse à la perte de points des lions.

— Ce crétin nous fait encore perdre des points pour rien soupira Lily près de lui sans sembler s’apercevoir de son air réjoui.

Il hocha la tête distraitement en retrouvant une expression neutre, il était trop occupé à observer Rosier et James se fusiller des yeux hostilement pour entretenir la conversation qu’ils avaient déjà eu mille fois. Lily déplorait souvent que la stupidité de James et Sirius fasse injustement perdre des points à toute sa Maison. Ce qu’il en pensait lui, c’est qu’elle n’aurait pas eu à subir la stupidité de ses condisciples si elle était allé à Serpentard avec lui, mais il tint sa langue : ce n’était pas la faute de la rousse si le choixpeau les avait séparé.

Le laboratoire était encore vide, pas de Lily. Severus feuilleta le manuel de préparation de potions avancés, s’arrêta sur la recette de l’élixir d’euphorie et parcourut la liste d’ingrédient des yeux en se relevant. Il vérifia la petite réserve d’ingrédient. Lors de leurs promenades, Lily et lui avaient pris l’habitude de ramasser tous les ingrédients qu’ils reconnaissaient, histoire de pouvoir expérimenter davantage. Après s’être retrouvé sans limaces à corne pour sa classe de première année, Slughorn les avait un peu sermonné et leur avait demandé de s’en tenir à des quantités « raisonables » et de ne plus « piller » ses réserves. Lily avait immédiatement trouver une alternative, elle avait réussi à marchander avec Mme Chourave pour obtenir certains ingrédients et un de ses amis lui trouvait des ingrédients issues de créatures magiques. Severus sourit en constatant qu’il avait tout le nécessaire pour tenter l’élixir d’euphorie. Il étudia la recette un instant, corrigea immédiatement le nombre de tour et regardant la vieille pendule au mur, il décida que pour cette fois il commencerait sans Lily. Le fait d’avoir réussi à corriger la recette de la Pimentine lui donnait un nouvel entrain curieux pour l’élaboration des potions.


— Rémus !

Le Gryffondor se retourna et sourit à Lily.

— Oui ?

— J’ai trouvé ta rune. Elle désigna le dessin sur le vieux dictionnaire jauni qu’elle tenait : Ж. C’est la rune du Chaos. Elle détourne le sens du mot qui la suit, elle n’est plus très utilisé parce qu’elle est devenu un symbole de magie noire avec le temps.

— C’est génial ça ! s’écria Rémus en saisissant le livre, je peux te l’emprunter ?

— Oui vas-y… Faut que je me dépêche j’étais tellement prise par mes recherches que j’ai oublié de retrouver Sev…

— Salut Evans ! lança James en arrivant à leur hauteur avec Sirius.

Le visage radieux de Lily sembla s’éteindre, elle tortilla le nez.

— Potter lâcha t’elle hostilement, je dois y aller.



Les trois Poufsouffles qui arrivaient en face de lui dans le couloir désert sourirent en le voyant et chuchotèrent vivement entre eux. Severus se sentit rougir de honte mais il tâcha d’ignorer les moqueries, ces idiots ne pouvaient pas comprendre…

— Sev ! Sev !

Le Serpentard pivota et aperçut Lily qui courait vers lui, il se remémora la conversation qu’il avait surprise entre elle et les deux autres lions à la bibliothèque et sentit la rancoeur revenir.

— On s’est presque pas vu ces derniers jours lui dit la rousse en arrivant à sa hauteur, t’étais caché où ?

— Je travaillais.

Elle haussa les sourcils de surprise face au ton sec qu’il avait pris.

— Ah. Y a quelque chose qui va pas ? s’inquiéta t-elle avec une moue triste.

Severus déglutit pour ravaler l’étrange sensation de trahison amère.

— Non…

En croisant le regard triste et inquiet de Lily, le coeur de Severus se serra.

— J’ai travaillé sur une nouvelle recette hier digressa t-il, et euh… J’ai eu quelques petits problèmes.

Lily parut rassuré.

— Je t’ai déjà dis que c’était normal de pas tout réussir du premier coup le sermonna-t’elle gentiment, c’était quoi cette fois ?

Severus reprit sa route vers la salle de Sortilège et Lily lui emboîta le pas machinalement. Elixir d’euphorie répondit-il.

— Nan je parlais du problème.

— Ah… Euh…

Que pouvait il répondre à ça ? IL n’était pas doué pour mentir à Lily, elle avait comme un radar de détection et il finissait toujours par s’embrouiller face aux yeux verts… Il sentit son regard suspicieux et continua de marcher mine de rien, espérant que le silence lui suffirait. Il aurait du choisir un autre sujet de discussion pour commencer…

— Qu’est-ce que t’as fait Sev ?

— Bah rien… J’ai réussi la recette, c’était un peu plus liquide que prévu mais la couleur était bonne et…

— Arrête je connais très bien cet air-là et je vois ce que t’essaies de faire… T’as encore dévalisé la réserve de Slughorn ?

— Mais non pas du tout…

Ils arrivèrent près de la classe de Sortilège, quelques élèves de leur classe attendaient déjà devant la salle.

— Sev grogna t-elle d’un air vaguement menaçant.

Il soupira, il savait qu’il n’y couperait pas.

— J’ai… J’ai goûté la potion.

— T’as quoi ?! S’exclama t-elle bruyamment.

Il grimaça. C’est rien elle était réussi je t’ai dis…

— Mouais on en reparlera… C’est quoi le problème alors ?

— L’élixir a des effets secondaires s’agaça t-il, ce n’était pas marqué sur ce fichu bouquin… Et… Euh bah j’ai… Comme je l’avais bu, j’ai subis ces effets secondaires quoi…

Elle croisa les bras et le dévisagea avec impatience.

— Elle fait chanter… L’élixir d’euphorie fait chanter et euh… Enfin j’ai croisé des Poufsouffles et…

Il releva les yeux de ses chaussures en entendant Lily pouffer de rire.

— T’as poussé la chansonnette en sautillant au milieu des couloirs et des Poufsouffles t’ont vu si j’ai bien compris ? s’amusa t-elle.

— C’est ça rigole se vexa t-il, les joues cramoisies.

Flitwick passa devant eux et ouvrit la porte.

— Ça t’apprendra chuchota Lily, la prochaine fois tu réfléchiras à deux fois avant de goûter une potion qu’on a pas encore apprit à faire.

— Si je l’avais pas fait je n’aurais jamais su qu’il y avait des effets secondaires à corriger rétorqua t-il en entrant dans la classe d’un air de dignité outragée qui arracha un nouveau gloussement à la rousse.

En sortant du cours alors qu’il attendait Lily près de la porte, Severus repensa à son livre sur la création de sortilège. Il n’était pas aussi bon en sortilège qu’en DCFM ou en potion mais il s’en sortait bien, peut-être qu’il pouvait essayer d’apprendre à créer des sorts après tout ? Jusque là ça lui paraissait encore trop compliqué, il avait compris la façon dont on assemblait différents gestes pour créer un schéma fonctionnel mais l’élaboration d’une formule requérait quelques connaissances annexes...

— Dis Sev commença Lily dès qu’ils furent un peu éloigné de la salle de classe, j’ai réfléchi à cette histoire d’élixir d’euphorie et j’aimerai mieux que tu recommences pas…

— Si t’avais été avec moi tu m’en aurais empêché s’agaça t-il en perdant le fil de ses réflexions, mais t’étais encore avec tes idiotes de copines.

Lily s’arrêta brusquement.

— Pardon ?

— Je t’ai cherché l’autre jour… Tu passes presque tout ton temps avec tes Gryffondors adorés et… ça fait combien de semaines qu’on a pas fait une potion ensemble hein ?

Elle le dévisagea d’un air exaspéré.

— C’était y a deux semaines si je me souviens bien, la Pimentine. Et c’est normal que je traînes avec des gens de ma Maison...

— Ouais ils sont de bien meilleure compagnie que moi hein ?

— Mais qu’est-ce que tu racontes ? Je passe les trois-quarts de mon temps avec toi je te signale !

Severus détourna la tête, il sentait l’amertume mêlée de colère revenir en pensant à la conversation de la bibliothèque qu’il avait surpris entre elle, Rémus et James.

— J’arrive pas à croire que tu réagisses comme eux continua Lily en pinçant les lèvres et en détournant les yeux.

— On est... ami, je... Je veux juste qu’on passe plus de temps ensemble…

— Nan Sev, moi là je m’inquiétais pour toi parce que c’est ce qu’on fait quand on tient à quelqu’un… Toi tu penses qu’à toi et à tes potions. Quoi qu’ils disent je m’en fiche parce que je sais qu’ils se trompent sur toi mais… J’ai pas besoin d’avoir des critiques en plus là…

Elle tourna les talons.

— Lil je…

Elle dévala les escaliers d’un pas vif mais il eut le temps d’apercevoir les larmes dans ses yeux avant qu’elle ne s’enfuit.

Severus resta planter sur place, désemparé de s’être emporté et un pincement brûlant de culpabilité au coeur en revoyant les yeux verts tristes flotter dans son esprit. Mais il ne comprenait pas pourquoi elle avait réagi si mal… Elle était habitué à ce qu’il soit bougon de temps en temps pourtant...

Il ne la revit pas de la journée et elle passa la journée entière du lendemain avec ses copines. Une détresse bizarre l’envahit alors qu’il la voyait l’éviter dans les couloirs, une douleur inexplicable qui lui comprimait la poitrine et aimantait toutes ses pensées vers elle. Il réfléchit longuemment à une manière de s’excuser, repassant la scène de leur dispute dans sa tête sans comprendre. Puis une idée stupide germa en lui et faute de mieux il décida de tenter le coup...

Assise à la table des Gryffondors pour le petit-déjeuner Lily observait la table des Serpents, cherchant Severus des yeux. Elle pinça les lèvres en l’apercevant seul devant son petit déjeuner à l’écart des autres comme toujours, il avait des cernes sous les yeux et il était un peu plus pâle que d’habitude. Elle soupira. Il lui manquait. Mais après s’être fait sermonner par Mary une bonne partie du cours de sortilège parce qu’elle passait de plus en plus de temps avec « Ce Serpentard bizarre », elle n’avait pas supporté qu’il soit si ingrat et qu’il lui fasse les mêmes reproches que les autres… Les hiboux entrèrent dans la salle. Elle regarda avec nostalgie la nuée de volatiles en pensant à sa sœur qui lui manquait, elle aurait bien aimé que Tunie accepte de se servir d’un hibou pour avoir des nouvelles d’elle plus souvent, elle n’avait jamais de courrier de personne…

Un grand duc atterrit souplement devant elle, lui arrachant un sursaut surpris, il lui tendit sa patte autours de laquelle était accroché un petit paquet avec un ruban vert, issu d’une métamorphose maladroite si elle en jugeait par les nervures qui restaient sur ce qui avait du être une feuille d’arbre. Elle ouvrit le petit paquet sous le regard curieux de ses copines. Dans la petite boîte de carton un morceau de parchemin soigneusement plié était posé sur un flacon ouvragé. Elle examina le flacon avec un sourire et déplia le parchemin avec un petit élan de joie en reconaissant l’écriture.

Je ne savais pas comment te rendre le sourire alors… J’ai pensé à ça. J’ai corrigé la potion ne t’inquiètes pas, tu ne risques plus d’entonner les derniers succès de Moldubec en plein cours de Métamorphose. (pas sûr que Mcgonagall aurait apprécié…)

Je suis vraiment désolé Lil. J’ai été stupide.

Severus.

Lily releva la tête et croisa aussitôt le regard de Severus qui l’observait d’un air anxieux de l’autre bout de la salle. Elle lui envoya un sourire éblouissant depuis la table des Gryffondors et il esquissa un petit sourire en cessant de se tordre les mains.

— Ça vient du gars bizarre chuchota Mary à l’intention d’Alice, elles échangèrent un regard blasé et reprirent leur conversation sur le devoir de DCFM de la veille.

Un peu plus loin James dont le grand duc avait attiré l’attention, avait suivi toute la scène d’un œil sombre, en voyant le sourire et le regard étincelant que Lily jeta à quelqu’un dans la marée d’élève, il suivit son regard avec une hostilité grandissante puis sentit la colère se déverser dans ses veines à grand flot en voyant Servilus répondre au sourire d’Evans par un sourire tordu derrière son rideau de cheveux gras. Il plissa les yeux et crispa le poing.

— Ça va James ? Demanda Sirius en fronçant les sourcils.

Il ne répondit pas.

— C’est parce qu’Evans reçoit un hibou que tu fais la tête ? demanda innocemment Peter en mâchonnant son toast.

Rémus tourna la tête et observa Lily quelques secondes.

— Elle a du commander un truc rétorqua t-il d’un air indifférent en reposant sa tasse de thé.

— Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Grogna James d’un air dégagé. T’as avancé sur ton devoir Peter ? Tu sais le truc de métamorphose que t’as toujours pas réussi…

Depuis quelques jours James avait observé avec ravissement Evans fuir Servilus, ils avaient du se disputer, ce n’était jamais arrivé avant… Il s’était dis qu’elle avait enfin ouvert les yeux, qu’elle s’était enfin aperçu d’à quel point ce graisseux était fourbe, sournois et clairement mauvais. Il fusilla des yeux le Serpentard qui, inconscient de son regard chuchotait quelque chose à l’oreille d’Evans, lui arrachant un petit sourire. James se renfrogna. Toujours à rester seul comme s’il valait mieux que les autres ce sale servilus graisseux comme s’il était trop supérieur pour endurer la compagnie des autres, pfff sale mage noir... Ça crevait les yeux que ce Serpent était encore pire que les autres... Le coup de coude de Sirius le sortit de ses pensées, il se tourna vers son ami et jeta un regard désintérressé à la carte sur laquelle il travaillait.

— Quoi ?

— Je disais que le sort de cartographie de Rémus avait bien fonctionné, toutes les zones où on a mit les pieds se sont inscrits dessus…

— Et alors ? Grogna James en jetant un vague coup d’oeil à Binns dont le monologue et la voix soporifique avait eu raison de la moitié de la classe.

Sirius ne se formalisa pas de son manque d’enthousiasme, il en avait pour deux.

— Et alors, on a que trois passages secrets et aucune salle commune à part la nôtre continua t-il en scrutant le parchemin d’un air concentré et ravi, on a eu le bureau de Rusard grâce à notre dernière heure de colle mais il nous manque aussi la salle des profs et le bureau de Dumbledore...

— Un cerf c’est pas idéal en terme de discrétion soupira James.

— T’arrives à te transformer entièrement ? demanda Sirius tout bas.

James secoua la tête.

— Nan pas encore. Mais on éveillerait moins l’attention si on pouvait s’y faufiler sous nos formes Animagus…

— Ouais enfin ça dépend de la forme de l’Animagus… La mienne est pas beaucoup plus discrète admit Sirius, ses yeux brillaient de plaisir en pensant à la beauté du chien noir qu’il deviendrait.

— Ça dépendra de celle de Peter en fait conclut James en observant Peter ronfler sur son parchemin devant lui.

Sirius grimaça.

— Il a toujours pas réussi à exécuter le sort du livre pour visualiser la forme de son Animagus...

— Tant pis, il faut qu’on avance. Il baissa la voix, Rémus a de plus en plus de mal à se remettre des pleines lunes…

— Je sais lâcha Sirius en rangeant la carte dans ses affaires avec un soupir.

Leur discussion avait un peu distrait James et il passa le reste de la journée de meilleure humeur, réfléchissant surtout à un moyen de progresser plus vite sur leurs métamorphoses Animagus. Mais quand, remontant à la tour des Gryffondors après son entraînement de Quidditch, il trouva Evans près du tableau qui menait au repaire des lions en compagnie de son rampant de compagnie, la colère revint. Servilus était adossé au mur et Evans juste devant lui, jouait avec l’écharpe verte et argent qui pendait de son cou en lui parlant. Il l’écoutait, un feu sombre dansant dans ses prunelles noires qu’il gardait rivées sur elle. James eut la certitude en voyant ce regard-là que Servilus préparait un sale coup, il y avait quelque chose de… Vicieux dans la façon qu’il avait de la regarder. Il les dépassa d’un air indifférent puis s’engouffra dans la salle commune de Gryffondor d’un pas énergique et décidé, il se rua dans la chambre qu’il partageait avec ses amis sans prendre la peine de quitter ses sur-robes rouge et or pleines de boues.

Rémus se redressa légèrement sur ses oreillers et quitta son cours de DCFM des yeux pour lui lancer un regard interrogateur. Sirius jonglait avec des chocogrenouilles sous le regard amusé de Peter… Bien, ils étaient tous là.

— Ça va plus les gars annonça t-il gravement en posant son balai près de son lit.

— Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Sirius en essayant de garder son équilibre alors qu’une chocogrenouille lui échappait.

— Servilus.

Rémus soupira.

— Je crois qu’on en fait déjà assez comme ça bougonna t-il.

— Je crois pas non rétoqua James, vous avez bien vu la façon qu’il a de traîner sans arrêt avec son air sournois…

Sirius avait cessé de jongler, il apporta une de ses chocogrenouilles à Rémus et ils échangèrent un regard de compréhension mutuelle tandis que James continuait sa diatribe véhémente contre Servilus.

— Je suis sûr qu’il ensorcèle Evans en plus continua le lion, c’est bizarre qu’une fille comme elle, de notre Maison et pas idiote en plus, traîne avec ce gars là…

— Ils sont amis depuis avant Poudlard intervint Rémus.

James se tut quelques instants comme s’il avait reçu un silencio.

— Qu’est-ce que t’en sais ? demanda t-il enfin d’une voix blanche.

Le lycan haussa les épaules.

— On est amis avec Lily. Elle me parle pas beaucoup de Severus mais elle m’a dit qu’il avait toujours été là pour elle et que c’était le premier sorcier qu’elle avait rencontré, qu’ils étaient amis depuis leurs accidents de magie involontaire…

James déglutit.

— L’autre jour il a parlé d’un sort qui était pas dans le livre de DCFM se rappela Sirius, je suis sûr que c’était un sort de magie noire, ça expliquerait aussi pourquoi il a toujours son gros nez graisseux plongé dans des vieux grimoires au fin fond de la Bibliothèque…

— Ouais confirma James, depuis notre première année il connaît plus de sorts que n’importe qui, ça m’étonnerait pas qu’il ait commencé à lire des bouquins de magie noire dès qu’il a su lire… C’est pas normal de connaître autant de trucs...

— Alors on fait quoi ? Demanda fébrilement Peter.

Rémus grimaça.

— Je ne crois pas que…

— On agit l’interrompit énergiquement James, mon père dit toujours que c’est quand les gens biens refusent d’agir que le mal s’installe. Il faut qu’on frappe avant qu’il ne devienne un vrai mage noir et qu’il se mette à contaminer les gens avec ses idées ignobles !

Rémus pâlit légèrement au mot « contaminer » et son regard sauta d’un de ses amis à l’autre avec un pincement anxieux. James et Sirius n’avaient pas remarqué sa gêne, ils étaient trop occupé à échanger des idées de plan farfelues ensemble. Peter lui lança un petit sourire comme pour le rassurer en se tortillant les mains de son air agité habituel.

Les élèves se bousculaient pour atteindre les meilleures places, Severus se sentait un peu à l’étroit dans cette foule mais les cris joyeux et enthousiastes des fans contaminaient étrangement son humeur, il se sentait bien, heureux et amusé. Il se redressa pour apercevoir les visages devant lui et sourit en voyant Lily fendre la foule pour le rejoindre.

— Dépêche toi Sev j’ai trouvé des places géniales ! Cria t-elle en arrivant devant lui.

Elle lui attrapa la main et fonça de nouveau au milieu de la foule, il se laissa entraîner docilement, son coeur accélèrant comme à chaque fois qu’elle le touchait. Lily se glissa dans la tribune bleue et bronze, elle le traîna jusqu’aux places qu’elle avait réussi à faire garder par un préfet de Serdaigle. En s’asseyant, Severus aperçut les membres de sa Maison dans la tribune d’en face, il échangea un sourire avec Lily sans regretter une seule seconde de l’avoir écouter. Ils s’étaient infiltrés dans les tribunes de Serdaigle pour voir le match ensemble sans reproche de l’une ou de l’autre de leur Maison.

Severus observa l’équipe de Serpentard faire un tour de stade en formation serrée, il détailla l’équipe et fronça les sourcils en ne voyant pas Rosier. Il était dans l’équipe depuis leur deuxième année et il parlait du Quidditch avec une passion agaçante. Severus aurait bien aimé voir le Sang-pur mettre une râclé à Potter… L’équipe de Gryffondor rejoint le centre du stade sans prendre la peine de parader. Mme Bibine lâcha le vif d’or puis les cognards et dans un impressionnant lancé vertical elle mit le Souafle en jeu. Severus écarquilla les yeux en voyant les Poursuiveurs des deux équipes fondrent sur la balle dans une mêlée furieuse, un cognard passa devant eux en sifflant, frôlant les tribunes. Qu’est-ce que c’est que ce jeu de barbare ?! pensa t-il avec stupéfaction.

— Tu vas voir Sev lui dit Lily, tu vas vite aimer le Quidditch c’est bien mieux que de voler soi-même et on ne s’ennuit jamais !

Severus ne trouva pas quoi répondre. C’était le premier match auquel il daignait assister, Lily y allait avec ses copines d’habitude et elle restait dans les tribunes de Gryffondor tandis que lui continuait de lire ses livres en se disant que le Quidditch n’était qu’une perte de temps puérile. Il lui tendit une fiole et en sortit une pour lui.

— Pas besoin de multiplettes avec ça glissa t-il à l’oreille de Lily.

Elle examina la couleur de la fiole et tourna le liquide d’un mouvement de poignet pour en évaluer la viscosité.

— C’est de la potion Bomboeil ? Demanda t-elle finalement.

— Exact, j’en ai fait un chaudron l’année dernière et j’en avais gardé quelques fioles...

Une étincelle admirative traversa les yeux verts et elle avala la potion sans hésiter tandis qu’il vidait sa propre fiole d’un trait. Il avait bien avancé dans ses recherches ces derniers temps il pouvait bien s’accorder une pause pensa t-il en décrochant les yeux de Lily pour suivre le match.

Mulciber percuta violemment le Poursuiveur de Gryffondor, celui-ci fit une embardée et passa le Souafle à Potter, trois Serpentards aux trousses et la moitié de son équipe larguée, le binoclard fonçait devant lui. Un mouvement attira l’attention de Severus à sa droite et il vit Avery intercepter un cognard d’un mouvement de batte féroce, Lily attrapa son bras en hoquetant alors qu’un des Serpentards coupait la route de Potter, le redirigeant vers le cognard. Le binoclard suivit le mouvement mais évita le cognard d’un looping tape à l’oeil, allongé sur son balais il fonça vers les anneaux et… Lily lui vrilla les oreilles de bonheur quand le Souafle traversa l’anneau central, lui secouant le bras avec enthousiasme. Severus la dévisagea un instant comme si elle était folle mais en contemplant les yeux verts pétillant de bonheur et en l’entendant éclater d’un rire cristallin, il sentit un sourire de bonheur glisser sur ses lèvres à son tour.

Les Serpentards avaient un jeu agressif et impitoyable mais ils ne marquaient pas, submergés par l’efficacité du jeu d’équipe des Gryffondors ils étaient maintenu dans une position défensive depuis le lancé du Souafle. A mesure qu’il voyait les points de Gryffondor monter, Severus sentait un élan de frustration agacer lui ramper dans les veines comme s’il échouait personnellement à chaque but encaissé. La joie exubérante de Lily nuançait étrangement cette sensation, il la sentait accroché à lui et il avait du mal à quitter son visage étincelant de joie des yeux pour se concentrer sur le match.

— 120 à 0. On va vous mettre la pâtée ! Le taquina la rousse dans une bourrade.

— Je crois pas non feula Severus en lui désignant le terrain du stade bien en dessous de la mêlée de Poursuiveurs, une étincelle malicieuse dansant dans ses yeux noirs.

Lily baissa les yeux et aperçut Regulus. L’attrapeur de Serpentard fonçait vers le sol dans un piquet vertigineux, elle balaya anxieusement le stade des yeux à la recherche de l’attrapeuse de Gryffondor, Marlène venait de s’apercevoir du mouvement de son adversaire et fonçait vers lui, Lily serra le bras de Severus et se pressa contre lui d’appréhension…

— SERPENTARD ATTRAPE LE VIF D’OR ! Hurla la voix du commentateur. SERPENTARD L’EMPORTE !

Regulus remonta en chandelle, son poing dont deux ailes étincelantes dépassées fièrement levé. Lily s’affaissa un peu contre lui de dépit et Severus ricana.

— T’as raison s’amusa t-il c’est vraiment génial le Quidditch...

Elle lui lança un regard offusqué mais voyant son air taquin elle sourit férocement.

— Je savais que ça te plaîrait Sev, t’as plus d’excuse pour pas m’accompagner maintenant. On va passer tous les matchs ensemble et en ce moment y en a un tous les Samedis !

Il grimaça légèrement et elle éclata de nouveau de rire.

Ils passèrent le reste de l’après-midi à travailler sur les antidotes et en se séparant de Sev pour rejoindre la tour de Gryffondor, lily eût un petit pincement au coeur, elle l’observa s’enfoncer tout seul dans les couloirs sombres qui menaient aux cachots et continua sa route pensivement. Elle franchit le Portrait joyeusement après la journée délicieuse qu’elle avait passé et se figea en entrant dans la salle commune anormalement silencieuse.

Quelques élèves travaillaient sur leurs devoirs en chuchotant, plusieurs membres de l’équipe de Quidditch étaient avachis dans des poses défaitistes sur les fauteuils près du feu, la mine sombre. Lily grimaça, elle se rappela qu’ils avaient perdu et culpabilisa un instant d’avoir passé une si bonne journée. Elle croisa brièvement le regard de Mary mais celle-ci détourna les yeux d’un air de reproche. La rousse piocha un des romans qui ornaient les étagères près de la cheminée et se laissa tomber dans un fauteuil à l’écart, elle n’avait pas envie d’essuyer de nouveaux reproches…

Lily agita distraitement la main en entendant un froissement d’aile près de son oreille. Elle était totalement happé par sa lecture, elle allait bientôt savoir qui avait tué Mme Tregennis et pourquoi ses frères étaient devenus fous, le suspense était à son comble… Elle releva la tête et fusilla des yeux la balle dorée qui s’acharnait à tourner autours d’elle, elle balaya l’air d’un nouveau geste excédé, le dos de sa main heurta le vif d’or qui s’écarta un instant, fit un tour de salle commune et revint l’importuner aussitôt. Elle grogna, balaya la salle commune des yeux et voyant Potter près du feu avec Black, elle le héla vivement.

— Potter ! Tu peux récupérer ton vif, il m’empêche de lire !

James releva la tête vers elle d’un air surpris puis crispa la mâchoire. Il la rejoint et attrapa le vif d’or d’un geste précis et agressif.

— Merci bien lâcha Lily en soupirant, c’est pas fait pour être lâché dans le château ces trucs-là tu sais ?

— Garde tes leçons pour toi Evans s’agaça t-il en fourrant le vif d’or dans sa poche d’un geste colérique.

— Pardon ? S’étonna t-elle.

Il lui lança un regard flamboyant de colère.

— Tu crois qu’on t’as pas vu supporter les Serpentards avec Snape ?

— Pas du tout, jamais je supporterai une autre Maison contre Gryffondor…

— Arrête Lily soupira Mary, ça devient ridicule là…

Lily croisa les regards mécontents de ses copines et celui ouvertement accusateur de Potter.

— J’étais avec les Serdaigles se défendit-elle, mais j’encourageais Gryffondor ça n’a pas d’importance dans quelle tribune je me suis mis pour ça…

— Servilus aussi il soutenait Gryffondor alors ? S’enquit Black d’un ton moqueur.

Le désarroi surpris qu’elle avait ressenti à la première accusation se mua en une colère glaciale à l’entente du surnom insultant. Elle fusilla Black des yeux.

— L’appelle pas comme ça Black. C’est pas l’intolérance que tu reproches aux Serpentards aux dernières nouvelles ? Alors insulte pas les gens sans les connaître juste à cause des couleurs de leur blason. C’est hypocryte.

Le visage de Black se crispa d’une grimace haineuse et il pâlit mais Rémus qui s’était glissé dans la salle commune aux premiers bruits de la dispute, lui chuchota quelque chose à l’oreille et l’entraîna vers les dortoirs avant qu’il n’ait le temps d’exploser. Lily plongea son regard furibond dans celui de Potter.

— Je suis une Gryffondor quelque soit mes fréquentations feula t-elle, et ce n’est pas ma faute si vous avez perdu ce match. Si vous voulez vous défouler sur moi allez-y faites le. Mais pas pour des prétextes pourri et faux ok ?

James la dévisagea sans rien dire puis une lueur triste traversa son regard, il fit demi-tour et emboîta le pas à ses amis. Lily rejoint son roman, elle croisa le regard compatissant et rassurant d’Alice assise auprès de Marlène et lui décocha un sourire. Ce n’était pas contre elle, tentait-elle de se rassurer mentalement, ils étaient juste abattu par leur défaite et les Maraudeurs avaient cette obscession malsaine contre Sev qui était venu se greffer là-dessus pour avoir un bouc émissaire. Son coeur alourdit par la dispute s’allégea en repensant à la journée qu’elle avait passé avec Sev et elle se replongea dans son roman l’esprit tranquille, droite dans ses bottes.


Severus traversa la salle commune bourdonnant de conversations joyeuses avec difficulté, il n’avait jamais vu un tel attroupement ici… Il se faufila jusqu’à sa chambre et se figea en apercevant Rosier, les pieds encore par terre, il était étalé sur son lit. Le Sang-Pur releva la tête vers lui puis la laissa retomber mollement.

— Comment était le match ? demanda t-il d’une voix lasse.

— Euh… Bien je suppose… Je… M’y connais pas vraiment en Quidditch balbutia Severus en rejoignant son lit, étonné que son camarade lui parle.

— Il paraît que c’était un coup de maître de la part de Regulus bougonna Rosier qui semblait d’humeur bavarde.

Severus hésita.

— J’ai été étonné de pas te voir jouer…

Rosier sourit amèrement à son baldaquin.

— Je suis privé de Quidditch jusqu’à nouvel ordre.

— Ah grimaça Severus mal à l’aise, pourquoi ça ?

Rosier se redressa et dévisagea Severus en s’asseyant, il l’étudia en silence pendant une poignée de secondes puis laissa tomber sa tête dans ses mains d’un geste déprimé.

— Mon père estime que je dois me concentrer sur les matières utiles… DCFM, Potions, Métamorphose… Tout ce qui est pénible quoi.

Severus garda le silence, perturbé par l’attitude du Sang-Pur. D’habitude aucun des Sang-Purs ne discutaient avec lui ou avec les autres Sang-de-Bourbe de Serpentard d’ailleurs, ils donnaient des ordres, insultaient et le reste du temps ils avaient autant d’attention pour eux que s’ils avaient été des elfes de maison...

— Il faut que j’obtienne Effort Exceptionnel de moyenne reprit pensivement Rosier.

Apercevant le regard perçant de son camarade, Severus se détourna pour ranger ses affaires. Un instant il hésita à lui proposer son aide, peut-être que le Sang-Pur deviendrait plus amical s’il l’aidait ? Mais c’était peu probable et il rechignait à perdre son temps pour aider gratuitement quelqu’un qui l’avait toujours méprisé. Ce n’était pas si dur d’obtenir une bonne moyenne, il suffisait d’écouter et de travailler un minimum, puisqu’il était si supérieur le Sang-Pur s’en sortirait très bien tout seul... Sentant le regard de Rosier fixé sur lui en quête d’une réaction, Severus haussa les épaules.

— Ce n’est pas si important que ça le Quidditch lâcha t-il d’un air désinterressé. Mais sans les entraînements ta moyenne devrait vite remonter d’elle-même…

Rosier renifla avec dédain.

— Sans doute grinça t-il, ses épaules s’affaissèrent légèrement.

Un silence un peu lourd envahit la pièce alors que Severus sortait son livre de sa poche pour étudier les schémas gestuels visant à attaquer le physique d’un adversaire. Après quelques instants il entendit la porte grincer et aperçut la cape de Rosier disparaître avant que le battant ne claque. Il lâcha un soupir de soulagement, enfin seul… Ses pensées derivèrent quelques secondes vers la journée parfaite qu’il venait de passer avec Lily puis il secoua la tête pour effacer son sourire niais et se concentra sur son livre. Après avoir étudié un vieux dictionnaire de latin appliqué, il avait trouvé de quoi construire sa formule, il avait toute la théorie en main.

Il ne restait qu’à choisir quoi attaquer maintenant...

Severus verrouila la salle de potion qui leur servait de laboratoire dans l’hypothèse où Lily aurait l’idée saugrenue de venir le voir juste à ce moment extrêmement délicat, puis il posa sa besace sur une table sans parvenir à contenir son excitation. Il s’assit, retira soigneusement ses chaussures, visa ses pieds avec sa baguette et après avoir réalisé le geste qu’il avait mis si longtemps à élaborer il dit « Ungulcrement ». Ses ongles de pied glissèrent en avant, s’allongeant pour atteindre une soixantaine de centimètres, le résultat du sortilège lui arracha un ricanement amusé. Deux mois. C’est ce qu’il lui avait fallu pour réussir à composer son premier sortilège, il avait opté pour s’en tenir à un sort simple concernant « l’intégrité physique », quelque chose de relativement inoffensif et d’amusant juste pour expérimenter. Il lança un rapide contresort et ses ongles semblèrent se rétracter dans ses orteils jusqu’à atteindre une taille normal. Severus remit ses chaussures en exultant. Il était capable de créer ses propres sortilèges, un frisson le traversa et une sensation de puissance très plaisante l’électrisa.

Ces derniers mois avaient été si parfait pour Severus, les Sang-purs le laissaient tranquille, il passait presque tout son temps libre avec Lily ou à travailler sur ses potions et ses sortilèges… Alors quand le mois de Juin le traîna jusqu’au dernier jour de cours, le désespoir le submergea. Il boucla sa valise le coeur lourd et jeta un dernier regard à son lit à Baldaquin émeraude. Oh il lui manquait déjà ce lit ! Surtout quand il pensait au vieux lit à ressort grinçant qui l’attendait à Spinner’s End… Il grimaça en traversant la salle commune pleine de piaillements joyeux et de projets de vacances enthousiastes, comment pouvaient-ils tous être si heureux de quitter Poudlard ? Après quelques minutes à poireauter dans le hall à la recherche des cheveux flamboyant de Lily, Severus se rappela avec un pincement au coeur qu’elle lui avait dis qu’ils se rejoindraient dans le Poudlard Express, elle voulait passer ses dernières heures au château avec ses idiotes de copines.

Il soupira et franchit les grandes portes, le ciel était d’un bleu pur, laissant le soleil remplir l’atmosphère de lumière. Il grimaça, sa mine s’assombrissant de plus en plus. Il aurait du pleuvoir, c’était une insulte que le temps soit si clair pour une occasion aussi déprimante… Un éclat de lumière et un mouvement vif près de lui lui arrachèrent un sursaut.

— Touche pas à ça Servilus ! Cria Potter en s’approchant pour récupérer le vif d’or qui venait de surgir devant lui.

Il attrapa la petite balle dorée d’un geste précis, arrachant des applaudissements à Pettigrow quelques pas derrière lui et attirant les regards de la plupart des élèves autours d’eux.

— Je voudrais pas que tu le salisses lâcha Potter d’un air supérieur.

— Qu’est-ce que je disais grinça Severus, tout dans les muscles rien dans la tête…

James tira sa baguette d’un geste vif et lui lança un sort de croquenjambe. Severus bascula sur sa valise, s’étalant dans l’allée poussièreuse comme une poupée désarticulée.

— Si t’étais si malin tu l’aurais vu venir.

Le Serpentard entendit un éclat de rire féminin et rougit en s’apercevant qu’un petit cercle d’élève s’était assemblé autours d’eux. Il tenta de se relever, s’empêtra dans ses robes et trébucha de nouveau, maculant ses robes de poussière. James balaya la foule des yeux et une lueur malicieuse glissa dans son regard.

— Oh allez Servilus, je vais t’aider dit-il en lui attrapant le bras pour le relever.

Décontenancé et effrayé par l’attaque soudaine qu’il venait de subir, Severus recula quand James l’eut remis sur ses pieds et frappa vigoureusement ses robes maculées de poussière sans quitter le lion des yeux, perplexe. Il ne comprit le geste de James qu’en apercevant Lily fendre la foule.

— Salut Evans minauda Potter, j’aidais ton ami, il s’est pris les pieds dans sa valise…

— Sev ça va ? s’inquiéta Lily.

— Sale Menteur ! Hurla Severus en voyant qu’elle le croyait, tu m’as attaqué !

James prit un air surpris.

— Pourquoi je ferai ça ? C’est toi qu’a flippé en voyant mon vif d’or et t’es tellement maladroit que tu t’es ramassé... Tout le monde l’a bien vu. Faut arrêter d’avoir peur de son ombre hein on va croire que t’es un lâche…

Il montra son vif d’or.

— T’inquiètes ça mord pas et c’est pas un cognard comme toi non plus s’amusa t-il, pas la peine d’avoir peur...

— C’est bon Sev laisse tomber lui glissa Lily en ramassant sa valise.

— J’aurai honte à ta place de me planquer sans arrêt dans les jupes d’Evans, c’est pas ta mère le rampant t’es au courant ?

James lança un clin d'oeil à Sirius et Rémus par dessus son épaule, Pettigrow ricana.

— La ferme ! Hurla Severus en serrant les poings.

James plissa les yeux.

— Attention Servilus ma pitié a des limites…

Lily s’empara du bras de Severus et l’attira brutalement à elle.

— Stop Sev. Tu vois pas que c’est ce qu’il veut ? Viens.

Le Serpentard croisa le regard vert impérieux de Lily et serra les lèvres, il crispa la mâchoire de toutes ses forces pour retenir la détresse qui commençait à exploser dans sa poitrine. Lily du s’en apercevoir car elle attrapa sa main et l’attira hors de la foule. Ils continuèrent à marcher en silence, main dans la main, Lily traînant la valise de Sev derrière elle. Elle glissait un coup d’oeil vers lui régulièrement, elle avait le coeur serré par ses yeux humides et l’expression de désespoir qui affaissait son visage rouge de honte.

— J’ai… J’ai pas envie d’y retourner Lil balbutia t-il sans lever les yeux vers elle.

Rien que de penser à la monotonie et l’ennui qui régnait chez les moldus… Oh et il ne pourrait pas faire de potions à Spinner’s end... Il y aurait les cris et les yeux froids de ses parents, les marques de coups sur le visage de sa mère, leur indifférence absolue et pesante à tous les deux...

— On se verra tous les jours Sev, ça passera vite tu verras.

Il déglutit, incapable de lui répondre. Ils arrivèrent vite là où ses copines l’attendaient, gardant sa valise. Severus leur jeta un bref coup d’oeil et la détresse de son visage glissa dans un masque de mépris. Lily expliqua qu’elle ferait le reste de la route avec lui et les serra chacune leur tour dans ses bras alors que Severus attendait un peu en retrait avec sa valise. Il déglutit difficilement en voyant l’affection des filles Gryffondores entre elles, les insultes de Potter tournaient dans son esprit. La pitié… Potter avait dis que sa pitié avait des limites. C’était la seule chose qu’il était capable d’inspirer à ce qu’il semblait… Il déglutit, il avait une boule dans la gorge. Il releva les yeux vers Lily qui revenait vers lui avec sa propre valise et elle lui sourit, glissant de nouveau sa main dans la sienne alors qu’ils reprenaient la direction du Poudlard Express ensemble.

Severus était couché sur l’herbe dans un rayon de lumière, sous le grand Saule près de la rivière. Il était sorti dès la fin du déjeuner pour échapper à la dispute monumentale que ses parents avaient à propos d’il ne savait quelle idiotie, il était vaguement question de journal, de ‘foutu dégénérés’ et de ‘parasites’ de l’espèce de sa mère, s’il avait bien compris ce que hurlait son père… Il avait déjà hâte de rentrer à Poudlard.

Il était bien dans le parc, il faisait frais sous les ramures du majestueux Saule et il faisait beau aujourd’hui. Il y avait même un petit vent qui faisait bruisser doucement les feuillages et qui renforçait le léger gazouillis des oiseaux. Couché sur le dos dans l’herbe, Severus regardait les quelques nuages cotonneux qui avançaient paresseusement dans le ciel bleu, sa tête reposant sur ses mains superposées. Il avait passé l’après-midi à relire son livre et à réfléchir, à rêvasser… Une ombre lui tomba dessus et il fronça les sourcils. Lily le toisait à l’envers avec un sourire aux lèvres. Le Serpentard se redressa alors qu’elle s’asseyait à côté de lui. Elle lui posa un journal sur les genoux.

— Tiens je t’ai amené la Gazette du sorcier comme tu déprimes d’être loin du monde sorcier…

— Merci Lil ! s’exclama t-il en se jetant avidement sur le journal.

Elle le laissa lire tranquillement. Au fur et à mesure de sa lecture le Serpentard déchanta, il n’y avait que des nouvelles horriblement déprimante là-dedans… Cela dit il comprenait mieux la dispute de ses parents maintenant. Il reposa le journal entre eux deux.

— T’en penses quoi ? s’enquit Lily sans lever les yeux de la feuille d’arbre qu’elle déchirait consciencieusement.

La Gazette parlait d’un mouvement inquiétant prônant des idées racistes basées sur la pureté du sang, l’article rapprochait l’idéologie de ce nouveau mouvement de celle de Grindelwald et il était rapidement rappelé que le mage noir avait fait beaucoup de mal et causé plus de destruction au monde sorcier que n’importe quel « Sang-de-Bourbe » - l’insulte était écrite entre guillemets dans l’article et le sarcasme était clair –. L’article rappelait ensuite qu’il avait fini par être vaincu par le plus grand sorcier de tous les temps Albus Dumbledore, qui avait encore refusé le poste de ministre de la magie blablabla… Ils avaient aussi du en parler dans les journaux moldus en terme moins clair sinon son père n’aurait pas été au courant…

Severus se souvenait avoir entendu quelques discussions qui semblaient faire référence à ce mouvement en salle commune l’année dernière… Cela dit le vocabulaire employé par les Sang-purs était quelque peu différent…

— Je sais pas botta t-il en touche, ça a l’air inquiétant…

Lily se tortilla le nez comme chaque fois qu’elle était contrarié.

— Ils disent que les né-moldus et les moldus sont… Enfin tu vois quoi… T’as vu ? Apparemment il y a eu des disparitions inquiétantes aussi et… Ils ont parlé de meurtre de moldus.

Severus avait du mal à s’inquiéter pour les moldus. Ils étaient cruels et stupides, primitifs…

— Allez Sev t’as forcément un avis… T’en penses quoi de l’article ? Insista Lily en relevant les yeux vers lui.

— Je pense que, il chercha le nom de l’auteur de l’article, que Dorcas Meadows ne va pas vivre vieux plaisanta t-il.

Mais Lily eut l’air courroucé de son manque de sérieux et elle lui jeta un regard mécontent.

— Sérieux Sev ! s’agaça t-elle, c’est inquiétant qu’ils comparent ça aux idées de Grindelwald !

— Ça servirait à quoi que je m’inquiète dis moi ? On y peut rien de toute façon.

Lily fit la moue mais ne sembla pas trouver de contre argument.

— En tout cas va falloir qu’on reste informé là-dessus ajouta t-elle après plusieurs minutes de silence.

— Ouais je suis plutôt d’accord répondit mollement Severus qui était reparti dans ses rêveries, si seulement il trouvait un moyen de faire de la magie quand même, malgré les moldus...

— Ça te dit qu’on aille chez moi demain ? Demanda Lily en s’étalant dans l’herbe à côté de lui. On a toujours pas essayé le jeu d’échec sorcier que j’ai reçu pour Noël…

Severus suivait Lily d’un pas traînant, il n’avait pas très envie de croiser sa famille, il avait du mal avec les moldus… Il avait essayé de se défiler mais Lily ne semblait pas du tout comprendre ses réticences et elle n’en avait pas tenu compte une seule seconde… La rousse lui parlait des lettres qu’elle recevait de ses copines sans sembler s’apercevoir qu’il traînait des pieds et qu’il était devenu mutique. Elle franchit la porte de chez elle et l’invita à rentrer avec un grand sourire. Il la suivit lentement dans la cuisine où elle discutait déjà avec sa mère et il salua polimment Mrs Evans puis ils montèrent ensemble à l’étage.

— Qu’est-ce qu’il fait là lui ? Cracha Pétunia la main sur sa poignée de porte, en apercevant Severus derrière sa sœur.

— Je l’ai invité Tunie répondit Lily, tu veux venir jouer avec nous ? On peut faire un mini tournoi d’échec sorcier tous les trois si ça vous dis ?

Severus haussa un sourcil narquois pour répondre au regard méprisant que Pétunia lui jetait.

— Non merci cracha t-elle en entrant dans sa chambre.

Lily soupira et entra dans la pièce voisine d’un air un peu moins enthousiaste. Severus n’avait jamais joué aux échecs, Lily lui expliqua les règles et il contempla bientôt avec délice les pièces qui s’avançaient sur le plateau obéissant docilement à leurs instructions pour se fracasser les unes les autres. Les parties s’enchaînèrent. Il perdait toujours mais il réussit à retenir les déplacements de chaque pièce et le côté stratégique du jeu commençait à se déployer dans son esprit. Il avait déjà établi qu’il était plus doué avec les noirs et après deux ou trois parties à changer les couleurs à chaque tour, il demanda à Lily qu’elle garde les blancs. Ils passèrent l’après-midi à jouer ensemble sans que Severus ne se lasse du jeu. Puis Mrs Evans les appela, Severus se tendit aussitôt et descendit l’escalier derrière Lily d’un pas prudent. Il écarquilla les yeux en entrant dans la cuisine. Mrs Evans versait du thé dans la tasse de Pétunia, Lily assise en face d’elle découpait d’un air gourmand un gâteau au chocolat et une panière de fruits colorés appétissant trônait sur la table entre elles.

— Tu veux du gâteau Sev ? S’enquit Lily en se tournant vers lui.

Il cilla bêtement, figé sur le pas de la porte.

— Euh… Oui merci.

La rousse tapota la chaise à côté d’elle pour lui faire signe de s’installer à table et Severus s’installa raidement en face de Pétunia, perturbé. Chez lui il n’y avait jamais de repas de famille. Avant il y avait le dîner… Mais plus depuis l’accident de magie involontaire du verre brisé. S’il avait faim il piochait dans le frigo ce qu’il y avait et il retournait vite manger dans sa chambre pour éviter de se retrouver pris au milieu des disputes incessantes de ses parents.

Mrs Evans lui proposa du thé et il sentit aussitôt un sentiment de profonde détresse éclore dans sa poitrine, il hocha la tête muettement luttant de toutes ses forces pour étouffer le raz de marée émotionnel qui battait contre ses côtes. Il avait l’impression d’être un intrus, un parasite qui imposait sa présence malvenue alors que les deux filles discutaient ensemble, sous le regard bienveillant et attentif de leur mère. Il observa Mrs Evans, le regard qu’elle posait sur Pétunia en ce moment était… D’une douceur indescriptible. Sa mère ne l’avait jamais regardé comme ça lui. Il mangea en silence, se servant de son thé pour parvenir à avaler le délicieux gâteau malgré la boule qu’il avait dans la gorge. Il avait été si pris par ses pensées qu’il n’avait pas entendu un seul mot de la conversation des deux sœurs jusque là...

— … surtout pas qu’elle vienne ici concluait Pétunia.

— Pourquoi ? Demanda Lily d’un air triste.

— Parce que tu es là rétorqua Pétunia, elle ne voudrait plus me parler si elle savait que j’avais une sœur comme toi.

Severus plissa les yeux et reposa calmement sa tasse vide, jetant un bref coup d’oeil vers Mrs Evans qui faisait la vaisselle un peu plus loin sans sembler entendre ses filles.

— Pourquoi tu dis ça ? gémit Lily, Tunie tu vois bien que ça change rien ! Je suis comme avant, pourquoi tu me dis toutes ces méchancetés alors qu’on a que deux mois pour profiter d’être ensemble ?

Severus sentit son coeur se serrer en apercevant les yeux humides de Lily, il ouvrit la bouche pour intervenir mais Pétunia ne lui en laissa pas le temps.

— Je ne veux pas passer du temps avec toi ! T’es un monstre et regarde maintenant tu les ramènes même chez nous ! ajouta t-elle en jetant un regard dégoûté à Severus.

Il entendit un bruit bizarre à côté de lui et s’aperçut que Lily venait d’éclater en sanglot, elle se leva brusquement et déserta la cuisine en hoquetant. Severus lança un regard flambant de haine à Pétunia et les tasses commencèrent à trembler et à cligner sur leur soucoupes. La moldue pâlit brutalement et une étincelle de terreur traversa son regard fade.

— Qu’est-ce qui se passe les enfants ? Demanda Mrs Evans d’un air inquiet et déconcerté.

Les tasses s’immobilisèrent. Pétunia profita de l’intervention de sa mère pour filer, le laissant seul pour répondre à la question. Il balbutia une vague explication à propos de la dispute des deux sœurs et remonta l’escalier pour rejoindre Lily. Il ne l’avait jamais vu dans un état pareil. Elle pleurait sans parvenir à s’arrêter malgré les paroles décousues qu’il déblatérait maladroitement pour la consoler, elle ne parvint à se calmer que lorsqu’il la serra dans ses bras. Les cheveux roux lui chatouillaient le nez tandis qu’elle reniflait dans son cou en le trempant de larmes, Severus sentit une fureur froide inonder ses veines, il allait devoir punir Pétunia. Il allait lui apprendre à ne plus jamais faire de mal à Lily. Plus jamais.

— C’est Tunie qui a mon livre.

Severus recula légèrement pour voir son visage.

— Quel livre ? Demanda t-il sans comprendre.

Elle s’essuya les yeux, le visage rougit par ses pleurs.

— Les Contes de Beedle le Barde que tu m’as prêté. Je voulais te le rendre, j’oublie à chaque fois…

— Tu… Tu peux le garder Lil tu sais. C’est un cadeau.

Lily lui offrit un sourire triste.

— Tu me le rendras quand j’habiterai plus ici. Tunie n’aime pas que j’ai des livres de magie ici…

— Elle est jalouse lâcha t-il, c’est pour ça qu’elle fait tout ça. Mais ça ne l’empêche pas de te voler tes livres…

Il serra les lèvres pour ne pas lui dire tout le mal qu’il pensait de sa Sang-de-Bourbe de sœur. Lily haussa les épaules avec incertitude.

— J’aimerai tellement qu’elle soit comme nous…

— Elle ne peut pas te reprocher d’être un monstre et après te voler tes livres pour lire des choses sur notre monde. C’est débile. T’es sûr qu’elle risque pas de le détruire ?

Lily fronça les sourcils comme si elle n’avait pas pensé à cette possiblité avant.

— On va récupérer ton livre Sev trancha la rousse, ses yeux verts durcis par une étincelle déterminée.

Severus sourit.

Il fit mine d’aller aux toilettes de l’autre côté du couloir puis quand il fût en place, Lily toqua à la porte de sa sœur, elle mit plus longtemps que prévu à faire sortir sa sœur de sa chambre mais dès que Pétunia franchit la porte, Severus se glissa derrière elle et se faufila à l’intérieur. La pièce était parfaitement rangée, propre. Severus fouilla les tiroirs du bureau, il fouilla l’armoire puis la table de nuit, il trouva ce qu’il cherchait dans le dernier tiroir. Son livre était là, il s’en empara et le glissa dans sa besace, jetant un regard moqueur au rapeltout brisé et aux plumes à écrire froissées qui jonchaient le fond du tiroir.

Quelle hypocryte cette immonde Sang-de-Bourbe.

Il aperçut la tasse de thé fumante sur son bureau près d’un devoir qu’elle avait du être occupé à remplir avant que Lily ne la dérange. Il n’hésita qu’une brève seconde avant de piocher une des fioles qu’il gardait dans sa besace et d’en verser une bonne dose dans le thé. Elle allait apprendre cette garce à faire pleurer Lily… Il sortit de sa chambre et attendit le retour de la rousse, une excitation malsaine dans les veines alors qu’il anticipait le résultat de sa petite vengeance.

Il entendit les éclats de voix féminins remonter l’escalier puis la porte de Pétunia claqua. Quelques secondes plus tard Lily entra dans sa chambre.

— Tu l’as ? Demanda t-elle dès qu’elle eût fermé la porte.

Severus sortit le livre de sa besace avec un sourire.

Ils se lancèrent dans une nouvelle partie d’échec sorcier. Severus observait avec ravissement son fou massacrer la reine de Lily quand un hurlement strident retenti dans la chambre voisine. Lily sursauta et renversa l’échiquier en bondissant vers sa porte. Severus la suivit sans parvenir à dissimuler le sourire cruel qui fleurissait sur ses lèvres.

— MAMAN ! Hurla Pétunia dans le couloir.

Mrs Evans qui s’était précipité au premier cri de sa fille arriva devant elle d’un air affolé.

— Qu’est-ce que tu as Tunie ?! Demanda t-elle.

Elle n’eût pas le temps de répondre. Deux nouveaux jets de fumée jaillirent de ses oreilles en lui arrachant un sanglot terrifié. Lily se tourna aussitôt vers lui. Elle aperçut le regard implacable et glacial dont il dardait sa sœur et pâlit.

— C’est eux ! Hurla Pétunia en les désignant. Ils m’ont jeté un maléfice ces monstres !

Mrs Evans qui avait attrapé sa fille dans ses bras pour la consoler, se tourna vers eux en fronçant les sourcils.

— C’est… De la Pimentine ? Lui demanda Lily sans le quitter des yeux.

— Oui répondit-il d’une voix rauque, inutile de mentir, il était démasqué.

— C’est rien Tunie la rassura aussitôt Lily, c’est un médicament sorcier contre la toux… C’est… C’est impressionnant mais ça ne fait pas mal et...

— J’TE DÉTESTE ! Hurla Tunie en s’arrachant aux bras de sa mère pour s’enfuir dans sa chambre.

Lily déglutit et le fusilla des yeux. Ce n’est qu’à cet instant qu’il ressentit un petit pincement de culpabilité.

— Lil je…

— T’es comme Potter en fait cracha t-elle avec hostilité, tu t’attaques à ceux qui te plaisent pas juste par arrogance...

— Je…

— Va t’en Sev ordonna t-elle froidement.

Elle s’enfuit dans sa chambre et claqua la porte avec une telle violence que le bruit résonna dans tout le couloir. Il se tourna vers Mrs Evans qui le dévisageait d’un air mi-hostile mi-perplexe.

— Je… Voulais juste…

Il déglutit péniblement.

— Je voulais juste qu’elle… Arrête de faire pleurer Lily expliqua t-il en essayant d’étouffer la nouvelle vague de désespoir qui refluait en lui.

Il releva les yeux vers Mrs Evans et cilla en observant le regard adoucit et compatissant de la Moldue.

— Ce n’est pas en t’en prenant à Tunie que tu arriveras à rendre Lily moins triste Severus annonça t-elle doucement en lui pressant gentiment l’épaule.

Il déglutit et la suivit dans l’escalier puis sans ajouter un mot il sortit de chez les moldus et se retrouva seul dans la rue obscurcie par le début de soirée, les odeurs âcres de la ville se mêlaient à la fraîcheur du soir d’été dans un coktail amer.