Aelle. Rien que l’évocation de ce prénom fit se tendre la jeune Delphillia comme un arc. Il avait un don pour trouver ce qui la tendait ou quoi ? Pourquoi elle en particulier ? Pourquoi pas n’importe quel autre Poufsouffle ou n’importe quel autre septième année ? Non Aelle, la fille la moins aimable du château. Au moins il ne devait pas être dépaysé entre Aelle et Aliénor…

Mais la voix de Constence la fit revenir sur terre. Aliénor posa un regard sur la plante puis sur sa baguette comme si l’une d’entre elle était capable de lui donner une réponse.
Elle n’en avait aucune idée. C’était la réponse qu’elle aurait pu donner à Constance mais, son attention fut immédiatement aspirée par le geste de Narcisse qui s’approchait de la plante. Il s’approchait doucement, très doucement, trop doucement au gout de la jeune fille qui attrapa le poignet du garçon pour le rapprocher de la plante en s’exclamant :

-Ben touche la !

Le poignet de la jeune fille toucha également la plante mais rien ne se produisit. Elle lâcha immédiatement le garçon et commença à s’’observer elle-même comme pour chercher une trace du sortilège. Aliénor fronça les sourcils avant de poser son regard sur sa baguette. Elle avait réussi au moins son sort ? Elle maitrisait Obscuro, pour l’avoir souvent utilisé lors de ces duels. Mais là, elle n’était plus sûre de rien.

-Tu vois encore ?

Demanda-t-elle en pointant Narcisse du menton. Peut-être que comme il l’avait touché avant c’était lui qui avait été touché par le sort. C’était possible non ? Elle n’en savait rien, elle faisait ces expériences à l’aveugle. Dans tous les cas, si Narcisse voyait encore, c’est que soit elle avait échoué son sort, soit que sa théorie ne fonctionnait pas.

Il connaît Aelle, lui ? s'étonna Constance en lui glissant furtivement un coup d'oeil.
Bon d'accord, tout le monde connaissait Aelle, mais le jeune garçon en parlait comme s'il avait de réelles conversations avec la septième année. Lui un petit première année ! Ben dis donc !
Surtout qu'Aelle n'est pas la plus avenante alors oui, Constance est un peu surprise.

Etonnement qui fut vite place au doute quand Alienor lança son sortilège sur la plante grimpante.
A la demande de la châtaine qui se demandait si le sort avait réellement fonctionné, la sixième année ne pipa mot. Ca s'trouve, elle aussi elle se pose la même question.

Et qui d'autre s'interrogeait mais - vraiment pas longtemps hein, parce que sinon c'est pas fun - qui préférait passer directement par la vérification pratique ?
Pas Constance, non. Oui, oui, Narcisse !
Celui-ci s'était déjà approché et comme dans un dessin animé ou un un film, le garçon s'approchait, toujours plus, toujours plus, le doigt tendu comme s'il était hypnotisé par la plante.
Alors quoi ? Ce sortilège avait pour effet non pas de faire devenir noir la cible mais de faire attirer irrésistiblement les premières années à celle-ci ?
Improbable ?
Et pourtant !
- Non Narc... commença Constance en tendant le bras par réflexe.
De même, la sixième année fut happée par ce geste. Mais au lieu de le retenir, elle lui prit le poignet et l'approcha d'un coup de la plante ensorcelée.
Le coeur de Constance eut un raté. Mais qu'est-c'qu'il lui prend !? s'écria intérieurement la jeune fille en regardant Alienor.

Elle assistait à la scène comme une spectatrice devant sa télé. Sauf qu'elle était bien là et...
- Narcisse, ça va ? Tu... tu... tu vois toujours hein ?
Se tournant vers la sixième année, elle la regarda mi-intriguée mi-révoltée.
- Et pourquoi d'ailleurs, il pourrait plus voir ?
Une idée la frappe alors.
- Oh. Obscuro. C'est un sort d'aveuglement ? C'est pas un sort pour faire devenir tout noir ? Oh Alienor ! Pourquoi t'as...
Se tournant vers Narcisse brusquement, elle lui prit les épaules :
- Narcisse, pourquoi t'as fait ça ?! On touche pas quand on sait pas !! Tu m'vois toujours hein ? Tu m'vois toujours ?
Son regard faisant des allers-retours entre ses deux camarades, elle s'efforçait intérieurement de garder son sang-froid même si l'inquiétude perçait clairement dans son attitude.

Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi Narcisse avait touchée cette plante !!?
Brièvement, elle repensa alors à Alienor qui agrippait son poignet pour l'inciter à le faire.
Quoi, les premières années n'étaient que des cobayes pour elles ?
Un sentiment d'injustice lui monta du fond du ventre alors qu'elle se tourna vers Alienor.
Elle qui éprouvait de l'admiration pour la sixième année, pour son savoir, son titre de capitaine de l'équipe de Quidditch, son talent sur son balai... maintenant, à cet instant, elle descendait dans son estime. Oui, Constance espérait que son aînée allait rattraper la situation.

495

Narcisse poussa un petit cri de surprise quand Alienor lui prit la main pour le forcer à toucher la plante. Il avait prévu de le faire, certes, mais la surprise l'avait pris au dépourvu, littéralement. Il ferma les yeux en se crispant, s'attendant à exploser en mille morceaux, mourir, s'envoler ou quelconque autre simagrée ! Il attendit, mais rien. Les voix de ses camarades ne lui parvinrent que guère. Toutefois, il entendit clairement qu'elles lui demandaient s'il voyait toujours. Ah, c'était donc cela que le sortilège était censé faire... Il entrouvrit les yeux, puis les ouvrit totalement. Il voyait, tout allait bien. Aucun effet secondaire ne semblait se faire ressentir. Mais une idée machiavélique germa dans son esprit. Il leva les bras, pour commencer à toucher le décor qu'il l'entourait, et prit un air paniqué. Un sourire se dessinait de temps à autre sur son visage, qu'il tentait vainement de contrôler, mais mentir, il ne savait pas faire.

- Oh... sapristi... Je... J'suis aveugle ! Les gars ! Vous êtes où ?? Oh misère, damnation !

Il prit une voix mélodramatique en tentant de toucher tout ce qui l'entourait, mais il éclata soudainement de rire, en se pliant en deux et en se tenant le ventre. Il essuya une petite larme de rire au coin de son œil, avant de regarder ses camarades.

- Haha... Fiou... Ah... J'plaisante, j'ai senti aucun changement...

Il se racla la gorge pour reprendre son calme, mais son sourire malicieux était toujours à ses lèvres. Puis il s'élargit de nouveau, et il commença à rire, avant de s'assoir, toujours en rigolant.

- Haha, on peut... on peut dire... Houhouhou, qu'tu tente des trucs... à l'aveugle ! Hahaha !

Les larmes de rire coulaient désormais sans interruption, et il avait beau vainement les essuyer, elles coulaient toujours. Il leva la main, dans un signe d'impuissance, le visage tourné vers le sol, dans la fin de son rire.

- Ouh... Oh... Pardon, désolé... hihihi...

Tout s’enchaina très vite. La Poufsouffle retardataire s’indigna du comportement d’Aliénor, ce qui lui passait bien au-dessus de la tête, commençant à lui demander pourquoi diable elle avait voulu faire une chose pareille. La batteuse leva un regard blasé vers la jeune fille mais ne pu lui répondre avant que le sale gosse commence à dire qu’il ne voyait plus rien. Aliénor se redressa sur sa chaise et avança son buste lâchant un « c’est vrai ? » non contenable. Elle avait réussi et sa théorie était bonne ? On pouvait corrompre un être vivant avec un sort ? Mais le sourire qui commençait à apparaitre sur le visage de la jeune fille disparut aussitôt quand le garçon avoua se jouer d’elles. Aliénor soupira en levant le syeux au ciel. Qu’elle blague nulle quand même ! Et le pire c’est qu’il enchainait avec une seconde blague pourrie qui n’eut pour effet que d’agacer la jeune Delphillia qui envoya un égard noir au première année.

-C’est qu’t’es drôle gamin…

Elle laissa son dos retomber contre le dossier de sa chaise avant de soupirer. Elle ferma les yeux un instant essayant de trouver autre chose, mais rien ne lui venait. Et puis… Cette fille là, elle la prenait pour quoi ? Un monstre ? Elle voulait quoi, lui donner une leçon sur comment se comporter avec des premières années. La capitaine des Hel’s rouvrit les yeux et les planta dans ceux de la fille.

-Si on test pas on n’arrive à rien. Il était clairement d’accord vu qu’il l’a presque touché seul et pour moi quand tu commence quelque chose tu vas au bout. Tu t’arrête pas comme ça à deux centimètres du but. Et puis Obscuro… Un simple finite et on en est débarrassé, il ne risquait rien.

Elle prit une grande inspiration pour ne pas s’indigner devant la pathétique représentation de sa maison actuelle avant de se reconcentrer sur la plante. Est-ce que c’était elle qui avait raté le sort ? Est-ce que son expérience ne fonctionne juste pas et la magie plus sombre ne peut pas substantiellement modifier les capacités d’un être vivant ? Son cerveau tournait à plein régime mais elle ne savait absolument pas comment résoudre ces questions.

Elle soupira une nouvelle fois avant de se pencher en avant, posant ces coudes sur la table et observant avec un œil mauvais sa plante. C’est comme si rien n’avait changé pour elle non plus. Elle approcha sa main de celle-ci et cueillit un de ces fleur blanche immaculée. Elle la porta à son nez. Elle ne sentait rien, elle était faite par magie. Il fallait plus de maitrise pour qu’elle sente bon. Elle la déposa sur le coin de sa table tout en réfléchissant.

-Si la magie du château réagit aux sentiments de ceux qui l’habitent et se modifie, mais que la magie sombre ne peut pas modifier les propriétés d’êtres vivants alors… Comment ça marche ?

Elle réfléchissait maintenant tout haut, faisant le lien avec ce qu’elle savait sur le château. Les deux première année n’y comprendrait rien, mais elle n’en avait pas grand-chose à faire. Elle n’était pas leur baby-sitter.

-Miss Valerion avait raison, la magie noire ne laisse pas de trace physique sur le sorcier qui la pratique.

Avait-elle rajouté plus bas. Son regard s’assombrit alors qu’elle repensait à Loewy. Puis elle ferma les yeux calmant les battements de son cœur qui commençaient à s’accélérer. Elle passa une main sur son oreille et commença à jouer avec l’anneau qui entourait une partie du cartilage de son oreille.

-Elle était si belle avant…

Elle parlait de la salle commune. Elle aurait tant aimer la connaitre sous cette forme, juste pour voir et ressentir tout ce qu’on devait ressentir dans un environnement pareil.

Alors qu'elle était partagée entre l'inquiétude pour le sort de son jeune camarade et l'indignation qu'elle éprouvait là, maintenant, envers la sixième année qui s'était servie de ce-dernier pour une expérience tout sauf safe, Constance écarquilla les yeux face à la réaction du premier année.

Se... se fichait-il d'elles ? Il est sérieux là ?
Une vague de soulagement la balaya tandis qu'elle comprenait qu'il voyait très bien et que le sort d'Alienor n'avait pas fonctionné. Toutefois, la réaction puérile de Narcisse était un brin exaspérante.
- C'est bon, on a compris. Pff Narcisse, tu t'rends compte que t'aurais pu être aveugle ? T'as eu d'la chance.

Le jeune petit brun les regardait avec un air malicieux, les yeux brillants.
Puis il recommença son manège, éclatant de rire avant de s'asseoir tout en faisant une blague - pas si drôle que ça - à l'intention d'Alienor.
Riant tout seul de sa propre blague, il commençait carrément à... quoi ? Il pleure ? Il pleure de rire ?

Interdite, Constance regarda tour à tour ses camarades. Narcisse était-il victime d'une sorte d'effet secondaire ? Mais pour cela, ne fallait-il pas qu'il ai ressenti, déjà, l'effet premier du sortilège.
La châtaine reporte son attention sur son aînée qui assistait, elle aussi, à la scène.
Etait-elle déçue de l'échec de son sortilège ?
En tout cas, Constance n'était pas légilimens, elle n'avait donc aucune possibilité de savoir ce qui se tramait sous le crâne d'Alienor. Bien que celle-ci soupira en se rencognant contre le dossier de sa chaise. Elle ferma les yeux l'espace d'un instant pour les rouvrir et croiser le regard de la deuxième année.
Se rendant compte de ce que Constance venait de lui dire, et sûrement qu'elle percevait son indignation, elle décida de remettre Constance à sa place : lui indiquant que de toute façon, selon elle, Narcisse était volontaire et qu'en gros, fallait bien faire des expériences pour découvrir. Elle précisa ensuite, d'un ton neutre même si un léger agacement se faisait ressentir, que ce sortilège n'était pas dangereux. " Un simple finite et on en est débarrassé, il ne risquait rien."

Rien ? Rien ?! Sa réponse n'était clairement pas satisfaisante pour la jeune Constance qui était consternée de la réaction de son aînée.
- Ouais, rien, rien... c'est pas toi qui a failli être privée de ta vue. J'appelle pas ça rien. Pis, excuse-moi de te dire que Narcisse n'était pas vraiment c'que j'appelle "volontaire"...

Elle détourne le regard vers ce-dernier.
- Narcisse, ça va aller, t'es sûr ?
Empreint d'un fou-rire semblant incontrôlable, le jeune garçon était presque plié en deux.

Un soupir de la part d'Alienor reprit son attention.
La brunette leva une main et cueillit une des superbes fleurs blanches et la porta à son visage, pour en respirer le parfum.
Constance ne put s'empêcher, malgré son agacement, de se demander quel parfum elle pouvait sentir. C'était une fleur faite de toute pièce à partir de magie. La magie avait-elle une odeur ? Cette idée semblait absurde.
Alienor repose la fleur sur le pupitre et commence à réfléchir à haute voix. Elle s'interrogeait sur la portée des sortilèges et notamment l'impact des émotions sur celle-ci.

Constance se prit à réfléchir sur ces paroles. Tout ça, c'était un peu compliqué mais mine de rien... l'importance de la gestion des émotions lors d'un lancer de sort, ça, Miss Priddy, Mr Lynch et Miss Valerion en parlaient suffisamment.
D'ailleurs, Alienor mentionne celle-ci en indiquant que "la magie noire ne laisse pas de trace physique sur le sorcier qui la pratique".
- Mais la magie noire, tout comme la magie blanche, elle puise dans l'énergie du sorcier, n'est ce pas ? intervint naturellement Constance. Alors la magie blanche, comme c'est de l'énergie positive, j'me dis que forcément, ça ne laisse pas de trace sur le lanceur mais la magie noire... vu que c'est de l'énergie négative... à force, sur le long terme j'veux dire... ça pourrait pas laisser une trace ?
A cet instant, la petite sorcière imagine ses mains devenir sombres, sa peau s'assécher... telles des mains de cadavres. Brr... elle frissonna à cette image.

La dernière remarque d'Alienor la tira de ses pensées.
- Qui ça ? demande-t-elle spontanément, en s'avançant près de la table où était installée Alienor.
Sans réfléchir, maintenant qu'elle savait qu'elle ne risquait rien, elle avance une main vers l'une des fleurs blanches immaculées et en caresse distraitement les pétales du bout de la pulpe de ses doigts. Si douce...

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Narcisse finissait de rigoler, totalement "aveugle" au fait que ni sa blague ni son jeu de mot n'avait l'air d'avoir été apprécié par ses camarades. Il s'essuya une ultime larme de rire, encore empli de l'hilarité euphorique qui lui fit voir la vie en rose. Narcisse adorait véritablement rigoler. Il cherchait la moindre occasion pour rire, et quand il riait, il se laissait toujours emporter pleinement par son rire. En revanche, il ne comprit pas trop la réaction de sa camarade Constance. Il avait voulu toucher lui-même la plante. Mais surtout, il faisait confiance à Alienor. C'était vraiment étrange, il n'avait aucune, mais aucune raison objective lui faire confiance. Après tout, elle l'avait enfermé dans un citrouille, menacé de le frapper lors de leur première interaction, lui avait projeté (plus ou moins volontairement, ce dossier était sujet à controverses) une peau de clémentine pour le faire tomber et il en passait. Mais il lui faisait confiance, comme chaque personne qu'il rencontrait. Il faisait instinctivement confiance aux autres, c'était ainsi, et il n'était pas prêt de changer de point de vue pour le moment.

- Mais non Constance, t'inquiète pas. J'ai confiance en Alienor, elle me f'rait jamais d'coup fourré n'est-ce pas ?

Il se tourna vers cette dernière à la fin de sa phrase, pour lui faire un discret clin d'œil, incapable de contenir son sourire un peu moqueur et taquin. Mais son visage devint à nouveau beaucoup plus sérieux quand le sujet de la discussion changea. Son intérêt fut soudainement stimulé. La magie noire, ça l'intéressait. Il avait cette idée qui trottait dans sa tête, sans aucun fondement factuel, que la blessure de sa mère était du à la magie. Et donc, pour l'une des rares fois de sa vie, il resta assis sur sa chaise, demeurant désormais totalement immobile. Et chose encore plus étonnante, plus un mot ne s'échappa de sa bouche, il avait les oreilles grandes ouvertes.

Visiblement la fille de Poufsouffle semblait s’exciter sur le comportement d’Aliénor. TE bien qu’elle fasse, elle ne serait ni la première ni la dernière à s’indigner de l’insolence, de la nonchalance et de l’absence de conscience de danger de la jeune Delphillia. Ce n’est pas pour rien que son sport favori consistant à frapper dans une balle de fer qui n’avait que pour but de shooter les personnes présentes dans une périmètre plus ou moins large. Et pour le coup il n’y avait vraiment rien d’insurmontable. Obscuro cachait la vue certes, durant un temps limité et de plus finite permettait vraiment d’estomper l’effet du sort alors tranquille la mini-justicière.

Mais malgré tout, elle n’était pas dénuée de bon sens et les mots qu’elle ajouta en réaction a la réflexion à haute voix de la capitaine de quidditch firent lever les yeux à Aliénor. Elle avait eu exactement la même question, quelques jours auparavant quand elle discutait avec Miss Valerion. Mais comme d’habitude quand un tantinet de calme revenait dans le cœur de la jeune fille, le sale gosse revenait avec ces gros sabots.

Elle lui lança un regard avec un air désabusé avant de soupirer et de se redresser.

-T’accorde ta confiance à qui tu veux. Mais non, je joue pas avec la magie dangereuse, il ne risquait vraiment rien. Tiens.

Aliénor attrapa son livre et tourna les pages jusqu’à arriver sur une description du sortilège d’aveuglement. Il était bien indiqué que c’était temporaire et qu’un contre-sort général suffisait pour arrêter ces effets en fonction de la puissance du sorcier. Elle planta le livre sous les yeux de sa cadette, indiquant la ligne en question.

-Finite on l’apprend en deuxième ou en troisième année je crois. Il fait partie des sorts que je maitrise bien si tu vois ce que je veux dire. Il aurait été dans le noir quoi ? 1 minute même pas. Rien de grave encore une fois.

Une fois que sa camarade de maison semblait avoir lu le vire, Aliénor le reposa sur la table avant de, de-nouveau se tourner vers Constance en posant négligemment un coude sur le dossier de sa chaise.

-Pour ce qui est de la magie noire, j’ai demandé à Miss Valerion, mis à part psychologiquement peut-être, un mage noir n’a pas de séquelles physiques. La magie noire, peut attaquer et maudire, mais je voulais savoir si des sortilèges négatifs, en imprégnation ou utilisés trop souvent sur un être vivant pouvait la corrompre contre son gré.

Elle avait mimé des guillemets quand elle avait prononcé le mot corrompre. Ce n’était certainement pas le bon terme, mais elle n’avait rien trouvé de mieux. Puis elle laissa de nouveau son regard couler le long de sa plante.

-Visiblement on peut pas, ou alors je ne suis pas assez puissante et c’est pas plus mal.

Lâcha-t-elle. Elle avait conscience de ces limites en terme de maitrise de magie, ne faisant pas partie de ces gens miraculeusement doués ou qui par le travail pouvaient devenir de grands sorciers. Non, Aliénor était une sorcière lambda qui sans travail était médiocre mais en fournissant des efforts pouvait être dans la norme et parfois juste bonne dans d’autres domaines. Même si sa puissance lorsqu’elle laissait parler ces sentiments était particulièrement dévastatrice. Mais elle ne voulait pas se laisser aller à une telle magie. Plus jamais elle ne serait incontrôlable et plus jamais elle ne ferait à quelqu’un ce qu’elle a fait à Aelle. Et d’ailleurs, heureusement pour son humeur Constance avait entendu son soupire.

-La salle commune.

Elle planta ces yeux dans ceux de la Poufsouffle et un fin sourire naquis sur ces lèvres alors que ces yeux partaient en direction de Narcisse durant un court instant.

-Magnifique, pleine d’arbres et de plantes comme un grand jardin à l’intérieur du château et deux grandes cascades qui coulaient sur les côtés.

C’était indescriptible, enfin si. La description qu’elle avait lue était assez folle, mais elle ne pouvait imaginer la sensation que ça devait être de vivre dans un tel endroit. Son regard se reposa sur les deux plantes qu’elle avait fait pousser et son sourire s’élargit. Elle attrapa sa baguette et prit une grande inspiration avant de fait apparaitre, au milieu de sa table, un petit ficus. Pourrait-elle leur montrer ?

A sa remarque, Alienor relève les yeux et croise son regard. Un regard calme et attentif qui se durcit d'exaspération à l'intervention de Narcisse qui ajoutait naïvement que la Grande n'allait lui faire aucun mal et qu'il lui faisait confiance.
Cette-dernière lui fit d'ailleurs remarquer sa naïveté avant d'attraper un livre, le feuilleter et le fourrer sous les yeux de Constance, en explicitant son propos.
Toutefois, cette explication n'allégeait pas le sentiment désagréable qui avait parcouru la châtaine quelques minutes plus tôt, bien que la précision comme quoi ce sort était acquis par la brune. On ne jouait pas avec la magie. C'était quelque chose de sérieux.
Constance préféra ne pas relancer la discussion à ce sujet et écoute avec attention les paroles suivantes de son aînée.
Elle expliquait qu'elle avait parlé avec la prof de Défense contre les Forces du Mal et qu'il en avait résulté que la magie noire ne pouvait pas engendrer d'impact physique sur le lanceur.
Elle parlait d'imprégnation. Et bien qu'elle pensait en comprendre le sens, la châtaine se sentait un peu mal à l'aise car elle sentait que ce sujet était compliqué et elle, de son niveau de connaissances de deuxième année, ne saurait peut être pas en percevoir toutes les subtilités.

A sa question, Alienor précisa qu'elle pensait à la salle commune.
La salle commune ? Elle avait changé ? s'étonne Constance. C'est vrai que le château est magique, après tout les escaliers bougent tous seuls. Alors une pièce qui voit son apparence changer, peut être que ce n'est pas si sorcier...
Alienor devait percevoir sa curiosité car elle explique brièvement que le terrier était, "avant", un magnifique grand jardin remplis d'arbres et de plantes et deux grandes cascades.
Whouahh...
- T'es sérieuse ? Genre, vraiment sérieuse ? Des arbres dans le château ? Des... cascades ?!
Visualisant les cascades qu'on voyait sur les photos touristiques vantant tel ou tel voyage sur internet, la jeune fille avait du mal à imaginer des choses aussi grande dans sa salle commune. Elle voulait bien admettre que la magie était sans limite, enfin mise à part celle de l'imagination, mais tout de même ! On parlait là de cascades !! Est ce que Aliénor se fichait pas un peu d'eux ? Ca se trouve, elle pensait s'amuser un peu en racontant des histoires abracadabrantes à deux jeunes élèves arrivés au château il n'y a pas si longtemps.
Tournant la tête vers son jeune camarade, Narcisse, la bouche entrouverte, se demandant si elle devait y croire ou non, Constance finit par prononcer :
- T'as des preuves, Alienor ? J'veux dire, comment tu sais tout ça ?

440 - désolée pour le retard

- Exact, j'fais confiance à qui j'veux.

Il eut un petit sourire malicieux, assit sur une chaise, le dossier devant lui, soutenant ses bras croisés sur lesquels il avait déposé son menton. Il ne savait pas pourquoi, mais le fait de toujours faire confiance à Alienor, malgré tout, l'emplissait d'une certaine fierté et d'un certain contentement. Il se sentait fier de réussir à toujours l'apprécier, heureux de voir que sa nature profonde n'avait pas été altérée d'une quelconque manière. Une fois qu'Alienor eut déposé le livre sur la table, il eut une grande envie de lui-même le lire, mais les livres, c'était sacré, et on ne touchait pas sans autorisation le livre d'autrui. Il pouffa de rire.

- C'est vrai qu'Finite devrait être enseigné dès l'début. Ça m'aurait évité bien des tracas, hein Constance ? On s'souvient d'la bibliothèque !

Il éclata de rire en repensant à cette fois où il avait fini couvert de sa propre morve par accident. Mais son humeur changea radicalement quand Alienor parla à nouveau de la magie noire, ainsi donc, elle avait des informations plutôt bien sourcées sur la magie noire, intéressant. Il nota mentalement tout ce qu'elle disait, pour s'y pencher dessus plus tard, mais se garda de tout commentaire, pour le moment. Quand elle supposa qu'elle n'était pas assez puissante, il ne put toutefois se retenir :

- Dis pas ça, ça a l'air d'être un truc hyper dur, j'suis sûr qu'tu vas finir par y arriver.

Son visage devint perplexe à la mention de la salle commune. Et ses yeux devinrent légèrement rêveur, alors qu'il s'imaginait la salle commune dans cet état. L'image était magnifique, sans le moindre doute, mais alors, pourquoi était-elle différente aujourd'hui ? Il ne douta pas autant que Constance, il arqua même un sourcil à sa question, comme s'il trouvait cela étrange le fait de remettre en doute la parole d'autrui. Mais il la laissa d'abord répondre à la première question, trop occupé à s'imaginer la représentation de cette salle commune d'un univers parallèle.

Elle haussa les épaules aux dernières paroles du garçon. Il était gentil, il voulait soutenir Aliénor et elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Mais la meilleure solution face à ce garçon était certainement de mettre son cerveau en off, il ne réfléchissait même pas une seconde à ce qui sortait de sa bouche c’est dingue !

-J’sais pas si je veux vraiment réussir un jour… C’est surtout de la curiosité à vrai dire et… Plus on en sait sur un sujet plus on est capable de se défendre contre celui-ci ?

Et la magie noire paraissait bien comme quelque chose contre lequel on devait se battre. Du moins qu’on ne pouvait pas laisser évoluer tranquillement comme ça. Et puis se renseigner c’était toujours bien non ? Ce n’est pas ce qu’on leur enseignait ici ? Apprendre pour réussir. Elle se reconcentra ensuite sur Constance qui semblait quelque peu dubitative quand aux révélations de la jeune Delphillia.

-Des preuves ? Non, c’est Colby qui a le journal et moi j’ai redessiné la salle commune avec cette description, mais je n’ai pas de preuve.

Mais c’était si complexe à imaginer ? Ils étaient dans un château qui avait déjà tant de secrets, tant de pièces cachées, tant de choses à découvrir alors serait-ce vraiment impossible ? Aliénor observa son ficus qu’elle avait fait apparaitre au milieu de sa table.

-Pour toi c’est vraiment si peu probable que ça ?

Elle se leva et lança trois fois le sortilège Orchdeus dés : 2 ; 6 ; 4 Une toute petite plante grimpante apparut sur l’un des pieds de la chaise de Narcisse, elle n’avait que quelques feuilles vertes parsemées, mais elle avait le mérite d’exister. La seconde, au milieu de la pièce, pris la forme d’un grand buisson touffu sur lequel était disposé de grosses fleurs roses fuchsia qui tranchaient avec le vert du buisson. Le troisième sort qui était jeté sur le plafond, fit apparaitre une plante rampante composée de racines plus ou moins grosses s’apparentant à du lierre avec de petites fleurs blanches à quelques endroits.

Aliénor souffla un grand coup. Déverser autant de magie lui coutait de l’énergie, mais voyant le résultat et surtout s’imaginant la réaction des deux premières année enne poursuivit en lançant de nouveau le sort par deux fois. dés : 4 ; 4 Deux plantes, une de chaque côté de la porte poussèrent et des fleurs tombantes violettes apparurent. Il s’agissait de glycine qui encadrait maintenant la porte de la salle d’étude. Aliénor se laissa tomber sur sa chaise essoufflée.

-Si moi j’arrive à faire, tu crois que le château n’en serait pas capable ?

La salle était presque métamorphosée et c’était assez joli. Aliénor était fière d’elle. Particulièrement de ce buisson aux fleurs roses au milieu de la salle. Mais cette démonstration l’avait épuisée.

-L’année prochaine, si vous voulez, je vous l’apprends. Et on rendra cette pièce aussi incroyable que l’ancienne salle commune.

Pourquoi pas ? Au combien Narcisse l’énervait, il avait été plutôt cool aujourd’hui et puis… C’était aussi un défi qu’elle se lançait à elle-même. Apprendre un sort de fin troisième année voir quatrième année à des deuxième années… C’était presque impossible. Mais avec de la volonté et du travail tout était possible. En plus, ça faisait trop longtemps qu’elle rêvait de cette salle commune. Il était temps de voir ce que ça pouvait donner en vrai.