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15 juil. 2020, 13:46
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
J’ai l’impression d’être seule au monde, et mon coeur se serre douloureusement, lorsque Nyakane et Saunders se rapprochent. La première s’est seulement raccrochée au second, ce n’est absolument rien et de toute façon je suis persuadée que le professeur ne connaît pas l’Africaine comme moi je la connais, mais je ne peux m’empêcher d’être étouffée par un brusque sentiment de jalousie. Je m’en défaits laborieusement en détournant le regard.

L'angoisse de Nyakane m'arrache à mes émotions et me fait froncer les sourcils. La légèreté du moment que nous passons finit par totalement disparaître. Il se trame quelque chose. Mon regard passe de Saunders à l’Africaine et de Nyakane à Saunders. Une petite part de moi-même, celle qui a conscience que notre monde est vraiment en train de faire n’importe quoi, celle qui se souvient que Nyakane vient tout juste de sortir de l’infirmerie, et la même qui ne fait que penser au fait que j’étais au Japon il y a deux jours à peine, cette petite part de moi est effrayée parce qu’elle comprend que ce qui est en train de passer par la tête de Nyakane peut être grave. Mais d’un autre côté, et c’est cette part de moi qui m’a fait accepter l’aide de Dai Hong Dao peu importe les conséquences, est seulement excitée. Et amplement rassurée : j’avais raison, Nyakane n’en a vraiment rien à faire de mon âge, contrairement à tous les autres adultes.

Je me laisse embarquer par la femme, ne pouvant m’empêcher de jeter un regard à Saunders. S’il comprend mieux que moi ce qu’il se passe, il le cache bien. Mes doigts se serrent autour de la main fraîche de Nyakane. Et mon idiot de coeur s'agite un peu plus follement.

Une promesse, elle demande une promesse. Moi, je serais prête à lui promettre n’importe quoi. D’être sa confidente, son cerveau, son repaire, tout ce qu’elle désire. Alors avant même qu’elle ne termine sa phrase, je hoche la tête avec force. *Oui ! Oui !*, je ne sais pas ce que je pourrais bien apporter à la conversation, mais mille fois oui. Mon mouvement ne cesse qu’au moment où elle regarde autour d’elle, comme si elle avait peur qu’on la surprenne. Je m’approche d’elle, les yeux écarquillés et bouche bée. Les manigances de mon grand-père. Dire que je ne comprends rien est un euphémisme. *Vot’ grand-père est super, il ne manigance rien du tout*, ai-je envie de dire. Mais je me retiens, parce que je n’en sais absolument rien, que Nyakane le connaît mieux que moi et surtout parce que je lui fais aveuglément confiance : si elle dit qu’il est louche, alors il est louche.

Un endroit chaud et sec. Je connais ! La Salle-sur-demande. Mon coeur sursaute, j’ouvre la bouche pour offrir une réponse à Nyakane, même si dans la Salle-sur-demande il n’y aura pas de chocolat chaud, mais Saunders parle avant moi. Je lui jette un regard en biais, un regard noir. Monsieur pense que la Salle-sur-demande n’est pas l’endroit le plus indiqué. Je ne peux m’empêcher de grimacer en me souvenant de l’asiatique qui y a élu domicile, mais de toute façon, ce n’est pas comme si on pouvait tomber sur elle. Mon frère m’a dit que c’était impossible. À la place, Saunders propose son bureau. Certes. C’est moins loin. Mais cela ne me plait pas.

« On croisera peut-être des élèves sur le trajet, interviens-je en jetant un regard en biais à Saunders, mais c’est sûr et certain qu’on sera pas dérangé dans la Salle-sur-demande. On peut pas pénétrer dans une salle déjà occupée, sauf si la personne l’autorise. »

Mes yeux se posent sur la femme. Après tout, c’est à elle de prendre la décision. Je ne sais même pas pourquoi je suis intervenue ; je me fous de l’endroit où nous nous rendons et après réflexion, plus vite nous serons arrivés plus vite je pourrais en savoir plus sur Issa Sidiki. Peu importe l’endroit, tant que je suis avec Erza Nykane. Avec un léger sentiment de honte, je me rends compte que si j'ai proposé la Salle-sur-demande malgré ce qu'en a dit Saunders, c'est juste pour avoir l'occasion de dire quelque chose, quelque chose d'intelligent, pour être celle qui a raison et qui propose une solution à l'Africaine.
16 juil. 2020, 09:54
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
« Par tous les cieux, vous êtes donc incapables de vous mettre d’accord ? dis-je, surprise mais aussi agacée par leur manque d’initiative. »

Encore une autre caractéristique chez ces anglais qui me laisse perplexe : ce flegme, ce détachement permanent face à l’urgence. Le pire dans tout ça, c’est que les anglais en sont fiers au point de l’ériger au rang de vertu. Je soupire et balaie les environs, à la recherche d’une réponse, d’une opportunité à saisir. Je regarde à gauche à droite, devant moi, je me retourne, quand l’évidence me saute aux yeux — étonnant qu’elle n’ait pas sauté aux yeux de Rhys et d’Aelle mais je suppose que pour eux, un endroit loin des oreilles indiscrètes est nécessairement un endroit éloigné de la foule qui afflue déjà très certainement vers la Grande Salle pour y prendre son petit-déjeuner.

« Là ! Ça sera parfait ! »

Ni une ni deux, j’embarque mes deux têtes de mule et les pousse à l’intérieur de la serre n°4. Je m’assure d’en bloquer l’entrée en apposant ma main sur la terre, faisant croître un monticule jusqu’à ma taille juste derrière la porte. Désormais, la magie des occidentaux ne leur sera d’aucun secours pour ouvrir cette porte.

Il règne une atmosphère singulière dans la serre. La température y est beaucoup plus chaude qu’à l’extérieur — ce qui me convient parfaitement. En me retournant, je m’attarde sur les longues rangées de plantes vivaces qui garnissent les tranchées de terre molle et humide. Il y a parmi ces spécimens des espèces qu’il vaut mieux ne pas approcher de trop près, la terre de cet endroit est chargée de mises en garde.

« Ne vous laissez charmer par aucune de ces plantes, elles sont dangereuses. Venez, j’aperçois des tabourets là-bas. »

En effet, à l’autre bout de la serre, un large rectangle accueille tables en bois et une demi-douzaine de tabourets. J’en attrape un, puis deux, puis trois, et les place de sorte à former un cercle rapproché. Je repère une porte au verre opaque, l’ouvre discrètement, et réalise qu’elle connecte cette serre à une autre, plongée dans une pénombre voulue. Je referme aussitôt la porte, à peu près sûre que personne ne nous surprendra par là sans devoir allumer une lumière que nous remarquerons aussitôt. Je retourne près du cercle de tabourets et m’assois en essayant de faire abstraction des parfums enivrants de certaines plantes et du froid qui semble s’être arrêté au niveau de mes cuisses.

Je cherche mes mots en regardant par terre.

« Je vais peut-être vous en demander beaucoup, mais je dois recoller les morceaux du puzzle coûte que coûte, dis-je avant d’arrêter mon regard sur Aelle, à qui je ne peux m’empêcher de servir un sourire réconfortant et une caresse sur ses mains. Pardon pour l’agitation. Je ne veux pas t’effrayer. Mais j’ai besoin de toi et j’ai besoin que tu m’expliques comment Zikomo est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Je tourne mon visage vers Rhys sans délaisser les mains d’Aelle. Mon grand-père est le Manitou suprême de la Confédération internationale des sorciers. Crois-moi quand je te dis qu’il n’avait pas besoin d’envoyer un agent pour savoir que votre ministère était la cible d’une attaque. Il a lui-même mis en place un système de détection la première fois que nous nous sommes rencontrés toi et moi. Ce qui veut dire qu’il a joué la comédie devant vous tous… je ne comprends pas encore pourquoi, mais je suis inquiète. J’ai besoin que tu te souviennes de son attitude ce jour-là, du moindre détail à son sujet dont tu puisses te remémorer. S’il te plaît. »

Je les regarde, lui et Aelle, à tour de rôle.

« S’il vous plaît. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
16 juil. 2020, 18:23
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Je me suis tellement habituée à une Nyakane patiente que lorsqu’elle perd son calme je me retrouve écrasée par la surprise — ou par la crainte ? Dans la Salle-sur-demande, Dai a dit qu’elle n’avait pas la même aura que son grand-père. Je suis d’accord dans le sens où la sienne est moins écrasante, mais je la trouve tout de même aussi… Majestueuse que celle d'Issa Sidiki, d’une façon différente. C’est peut-être pour cela que je reste bouche bée face à son impatience, ma jalousie de gamine réduite à rien du tout dans mon corps, et que je me laisse embarquer sans ne rien dire, sans même oser jeter un regard au professeur de vol.

Finalement, Nyakane choisit l’une des serres. L’idée ne m’avait même pas traversé l’esprit et ma foi on ne peut pas dire qu’elle soit mauvaise. J'observe avec admiration l’Africaine bloquer la porte à la seule force de sa magie, rendant hermétique notre petit lieu de réunion. Mon coeur bat follement dans ma poitrine. Je suis tellement excitée, tellement impatiente de savoir ce qu’il se passe et tellement heureuse d’être là où je suis, avec Erza (même si Saunders est là). Je n'ai qu'un regret : que Zikomo soit absent. Je le maudis de toujours gambader à droite et à gauche, il s’en mordra les pattes lorsque je lui raconterais tout ça.

En prenant garde de ne pas toucher les plantes qui nous entourent, je m’assoie sur le tabouret désigné par l’Africaine. Le regard que je pose sur les plantes est admiratif : je ne suis jamais rentrée dans cette serre et je me sens particulière de pouvoir le faire avec une année d'avance. Je m’arrache difficilement à mon observation lorsque la femme prend la parole.

D’une caresse sur les mains et d’un sourire, elle me rassure. Mon coeur en perd son rythme. Parfois, je suis effrayée de tout ce que fait mon coeur ces derniers temps. Comment est-il possible que j’aime autant cette femme que je ne connais presque pas ? Le moment n’étant pas adéquat pour ce genre de questionnement, je fais taire mes pensées, accorde un sourire à la femme, hoche la tête quand elle me regarde et écoute attentivement ce qu’elle a à nous dire.

Lui raconter comment Zikomo est devenu ce qu’il est devenu… Très bien, je ne comptais de toute manière pas le cacher, mais Saunders ? Tout raconter devant lui ? Je suis assez réticente, mais j’imagine que si Nyakane me demande de le faire, c’est qu’elle lui fait confiance ou un truc dans le genre.

« C’était le lendemain du coup d’état, commencé-je d’une voix lente en me concentrant, déterminée à ne pas bégayer une seule fois et à ne pas oublier un seul mot durant mon petit discours. Le 2 mai. Ou le 3, je sais plus. C’est… Bah c’est votre grand-père qui m’a convoqué, avoué-je en haussant les épaules. Quand je suis arrivée, il était déjà avec Zikomo, ça se voyait qu’ils se connaissaient. »

Les sourcils froncés, les yeux baissés sur le bout de mes chaussures, j’essaie de me souvenir en détail de ce qu’il s’est passé ce jour-là. Issa Sidiki a rendu son corps à Zikomo. Ce qu’il a fait ce jour-là… Jamais je ne pourrais assez le remercier. Si cet homme n’est pas ce qu’il dit être, aurais-je toujours le droit de lui en être reconnaissante ?

« Sidiki… Il m’a raconté le but de votre… Escapade, dis-je du bout des lèvres en jetant un regard en biais à Nyakane. Il m’a dit que vous étiez au Japon à cause de cette mission qu’il vous a confié et que… » Je secoue la tête. « Enfin, c’est pas le sujet. Il m’a dit que Zikomo avait demandé à rester avec moi jusqu’à ce que je veuille plus de lui. »

Je pose un regard halluciné sur la femme, oubliant Saunders, le contexte et tout le reste, le coeur battant la chamade et un sourire ravi sur les lèvres, n’arrivant toujours pas à croire après tout ce temps que le Mngwi ait réellement préféré rester avec moi plutôt que de rentrer chez lui.

« Avec moi, gloussé-je, c’est fou, non ? Zikomo est vraiment… Je… L’aime beaucoup. » Gênée de me confier devant tant de personnes, je détourne le regard. « Je vous ai jamais remercié de me l’avoir envoyé ce jour-là, mais je vous en suis super reconnaissante. »

Suis-je réellement obligée de parler de ça maintenant ? Sourcils foncés, je me racle la gorge, croise les bras sur ma poitrine et me redresse. Je ne vais pas me mettre à chialer, non plus.

« Bref, j’ai accepté qu’il reste bien sûr ! J’ai dit que jamais Zikomo sera un fardeau pour moi et que je le protégerais envers et contre tout. Et là, Sidiki a posé une fiole à côté de Zik. Dessus, il y avait écrit… Une seule goutte et… Je m’en souviens plus, mais un truc qui disait qu’il allait retrouver son corps. »

L’histoire s’est déroulée il y a plusieurs mois désormais, mais je suis toujours aussi étonnée par ce qu’il s’est passé. Et dire que ce jour-là, j’ai eu une goutte de l’élixir le plus rare au monde à portée de main.

« Zikomo m’a dit que c’était de l’Élixir de Longue-vie. »

Je coule un regard en direction de Nyakane, le coeur serré en me souvenant de sa déception de l’autre jour. Nous n’avons pas reparlé du marché que j’ai passé avec Dai Hong Dao et j’espère qu’elle ne m’en reparlera pas. A chaque fois que je pense au regard que l’Africaine m’a lancé en apprenant la vérité, j’ai l’impression de mourir sur place.

« J’ai versé la goutte sur son corps et là… » Un grand sourire m’étire les lèvres. « Zikomo est devenu… Réel. J’ai pu le toucher et tout ça ! Il est super doux, vous savez ! Puis il a des dents très pointues, mais il me fait jamais mal. »

Je lève les yeux vers la femme et rajoute d’une voix tendue, hésitant à me confier :

« Je sais pas ce qu’a fait votre grand-père, mais il a rendu son corps à Zik. Sans rien vouloir en retour, il l’a fait ! Je sais pas pourquoi, soufflé-je en haussant les épaules, mais c'est la meilleure chose qui me soit arrivée. »

*et de faire votre connaissance, aussi*, aurais-je aimé rajouter, mais je préfère mourir plutôt que d'avouer cela à voix haute.
16 juil. 2020, 21:25
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Dire que Rhys fut surpris du volte-face de la femme serait un euphémisme. Son étonnement passa directement à l'exaspération et l'homme se braqua. Ses muscles se tendirent. La tension pouvait se lire jusque sur son visage. Il aurait pu bluffer et faire semblant auprès des autres mais il n'en avait aucune envie. Avant qu'il puisse répliquer, Erza les emmena vers la serre la plus proche. Il la suivit silencieusement mais demeurait sur la défensive. Erza ne s'en rendrait peut être pas compte mais elle venait de remettre toutes les barrières de Rhys, qu'elle avait réussi à faire tomber depuis plusieurs minutes. Il la regarda bloquer la porte dans un mélange d'émotions. C'était une des seules fois où il la voyait pratiquer sa magie de manière maîtrisée, c'était incroyable. Mais il restait tout de même sur la défensive.
"Les plantes pouvaient être dangereuses". Comme les femmes, pensa l'homme aux cicatrices. Elles peuvent être séduisantes mais cacher en elles un mal profond.

Il s'assit toujours, sans un mot, sur le tabouret installé par la sorcière. Il croisa les bras lorsqu'elle s'adressa à lui. Il essaya de rester de marbre mais ce qu'elle lui apprit, fêla son masque de gros dur. Il allait pour farfouiller dans sa mémoire quand l’adolescente répondit en premier à l'autre sorcière.

Rhys écouta attentivement le récit de la Poufsouffle. Il faisait osciller son regard entre les deux demoiselles. C'était donc comme cela qu'elles se connaissaient. Du moins, Rhys comprit que Sidiki était le dénominateur commun entre beaucoup de relations. Le professeur ne saisissait pas tout ce qui concernait le compagnon de la jeune Bristyle, mais il aurait dû se douter que se cachait là-dessous une forme de magie dont il n'avait pas le secret. Rhys arqua les sourcils à la mention de l’Élixir-de-Longue-Vie. Il en avait entendu parler comme tout sorcier qui se respecte, mais pour lui c'était de l'ordre de légende. Ainsi c'était donc réel. Et aux mains d'un sorcier, en qui, sa propre petite-fille doutait. La jeune fille continua sur sa lancée mais l'esprit de Rhys vagabondait. Il essayait de réunir toutes les pièces du jeu, comme un joueur de Quidditch analysant le dernier match de son adversaire, mais il n'y arrivait pas.

Le silence se fit lorsque après sa longue tirade, la blonde se tut. C'était à lui de raconter tout ce qu'il savait. Seulement il ne voyait pas quoi raconter de plus.

- Je pense t'avoir tout dit. Nous étions tous sur les nerfs, il y avait de nombreuses personnalités autour de la table, nous essayions les collègues et moi, de nous tenir prêts au cas où il y aurait eu un esclandre. Je t'avouerais que je n'ai pas plus fait attention à lui plutôt qu'à un autre. Cela s'est passé comme je te l'ai dit: le meneur de l'attaque contre l'école nous a signifié qu'il y en avait eu d'autres. M.Sidiki s'est proposé d'envoyer un agent de liaison, ce que Kristen accepta. Il a sorti une plume et a écrit directement sur la table. Après il a été question d'une Académie des Arts de quelque chose, en rapport avec les Lignées du Nord. Comme je t'ai dit, je n'ai pas spécialement pris en considération ce qu'il se disait.

Rhys réfléchit pour tenter de se remémorer la scène.

-Maintenant que tu le soulignes, contrairement à d'autres, il n'eut pas l'air troublé par cette révélation. Je m'étais fait la réflexion qu'il savait garder son calme et sang-froid en toutes circonstances. Il avait l'air un peu las de tout ça. Il a ajouté cependant que si cette école existait avec les enfants de mages noirs, comme j'évoquais tout à l'heure, alors pour lui , il y avait bien plus alarmant que des attaques contre les écoles de Magie dans le monde.

Rhys serra la mâchoire, préoccupé.

-La suite tu la connais, le visage de l'émissaire est apparu -je ne l'ai pas vu- pour nous donner le retour. Si tout cela était vrai, puisque apparemment c'était une mascarade. Rien de plus que je ne me souvienne.

Il y avait toujours ces histoires de Stoyanov mais Rhys n'aurait, en aucun cas, pu lui expliquer de quoi il en retournait puisque lui-même n'avait pas saisi leur importance.

Une fois fini, Rhys se leva, s'adossa à une table et recroisa les bras et les pieds.

- Bien maintenant, dis nous clairement ce qu'il en est. Personne dans cette serre ne pourra revenir sur ce qu'il a raconté. Miss Bristyle et moi-même t'avons dit ce que nous savions. A ton tour.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino
20 juil. 2020, 18:20
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Aelle est la première à s’exprimer. Fidèle à son habitude, elle me relate les faits de façon décousue. Je prends plaisir à l’écouter, à apprécier le lien solide qu’elle semble avoir réussi à nouer avec Zikomo. Tant est que mon sourire demeure sur mes lèvres quand elle aborde l’utilisation de l’Elixir de Longue-Vie malgré l’angoisse qui me saisit. L’usage de l’Elixir de Longue-Vie est régenté par des règles bien précises ; des règles que grand-père a lui-même enfanté et parmi lesquelles ne figure pas la possibilité de l’utiliser sur une créature de l’Autre-Monde, celui des rêves et des illusions.

En plaçant Zikomo sous la protection d’Aelle, j’espérais pouvoir protéger la petite au cas où nos ennemis remonteraient par je ne sais quel miracle jusqu’à elle. A aucun moment, il n’avait été convenu de donner une consistance de chair au Messager des rêves. Mais grand-père en avait décidé autrement lors de son dernier passage sous les toits de Poudlard… quelque chose avait changé, je ne pouvais pas savoir quoi, mais quelque chose avait profondément changé pour que grand-père contrevienne à ses propres règles.

Rhys emboîte le pas à Aelle. Son expression, soudain plus ferme, me fait dire que j’y suis sans doute aller un peu fort avec lui et Aelle. Je ressens aussitôt de l’embarras et préfère l’écouter en détournant le regard vers la rangée de plantes voraces. Le fait d’entendre le nom des Lignées du Nord remue de vieux ressentiments dans mes entrailles. Je conserve néanmoins un calme apparent et écoute attentivement le récit de Rhys. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi grand-père a joué la comédie autour de l’attaque du ministère britannique et Rhys ne se souvient de toute façon d’aucun détail anormal au sujet de grand-père.

Je reste perplexe. J’entends Rhys se lever et sens même le contact brûlant de son regard sur moi. Pour le moment, je ne me sens pas d’affronter son regard sans doute aussi lourd de reproches que sa voix. Je préfère rassembler mes pensées et établir mon propre récit depuis le début.

« Quand le Parti pour l’Unité Magique a pris le pouvoir en Afrique du Sud, il y a maintenant trois ans et demi, grand-père a eu peur que ses représentants ne s’emparent du bien le plus précieux du pays : l’Amulette des Cinq Chamanes dont on dit qu’en échange de dix ans de sa vie, son possesseur gagne le droit d’invoquer les Cinq Chamanes légendaires et leurs légions de morts. Une telle arme, si elle était entrée en possession de ces gens peu recommandables aurait, à coup sûr, changer l’équilibre en Afrique. Il m’a demandé de voler l’Amulette et de la diviser en plusieurs morceaux qu’il m’a fallu ensuite remettre à une liste de personnalités éparpillées un peu partout dans le monde. Un de ces morceaux est ici, à Poudlard. Tout au long de mes voyages, je n’ai cessé d’être pourchassé par les agents du Parti. Je devais maintenir une vigilance constante. Où que j’aille, quoi que je tente, ils étaient toujours en mesure de me retrouver. Je dois d’être encore en vie à une longue liste d’amis sur qui j’ai pu compter pour me tirer de très mauvais pas… »

Je relève le menton et regarde Aelle.

« C’est au Japon, dernière étape de mon voyage, que j’ai compris que le Parti jouissait de moyens qui dépassaient largement ses capacités techniques et financières. Par un coup du destin, j’ai appris qui tirait les ficelles en coulisse… ce nom ne vous dira peut-être rien, mais le clan Sylla est à l’oeuvre depuis le début de cette histoire. Je ne serais pas surprise d’apprendre qu’ils ont réussi à truquer l’élection qui a conduit le Parti pour l’Unité Magique au pouvoir dans mon pays. »

Je trouve le courage de lever les yeux vers Rhys, un regard désolé.

« Le clan Sylla fait parti des Sept Lignées du Nord. Mon grand-père est un homme craint et très respecté sur notre continent… jusque là, les Sylla n’avaient jamais essayé de s’en prendre à lui. Mais quelque chose a changé… comme si, tout d’un coup, il était devenu vulnérable à leurs yeux… le pire, c’est que les actes que vous venez de me décrire leur donnent raison. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
26 juil. 2020, 14:21
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Erza avait l'air mal à l'aise. Rhys ressentit son trouble, il voyait bien qu'elle ne le regardait plus. Ou alors elle était fâchée contre lui et n'avait pas encore osé lui dire ce qui n'allait pas. Cela pouvait être aussi le fait qu'il ait, peut-être, poussé le bouchon trop loin dans ses réactions. De toute manière, il n'y avait pas mort d'homme, d'un coté comme de l'autre! Son indulgence revenait au galop. Passé le constat de ce trouble, il écouta attentivement les confessions et le récit de la femme, essayant de retenir le maximum d'informations.

Durant plusieurs années, il n'avait que peu suivi la politique et les faits divers. Aussi bien nationaux qu'internationaux. Toutefois, par la force des choses, mais aussi puisqu'il n'avait plus de préoccupation par rapport à sa santé, il essayait de se mettre à jour petit à petit sur ce qu'il s'était passé. Dans un premier temps, il ne s'était focalisé que sur les nouvelles britanniques. C'est pourquoi il ne connaissait que peu d'éléments sur le Parti pour l'Unité Magique. De ce qu'il en déduisit, ce n'était pas un mouvement politique que l'on pouvait qualifier de respectable.

Le professeur fut surpris par l'évocation de l'Amulette des Cinq Chamans. De nombreuses questions lui venaient en tête mais il savait que ce n'était pas le moment et il n'aurait, de toute manière, pas osé les formuler. Ainsi donc, il y avait une partie de ce talisman cachée ici. Décidément, Poudlard regorgeait de secrets insoupçonnés. Si les pierres pouvaient parler, chacune d'entre elles aurait de quoi tenir en haleine un public captivé.

C'était donc cela sa mission. Une mission, presque suicide aux yeux de Rhys. Elle avait de la chance de s'en sortir sans blessures graves, ou pire. C'est une femme courageuse, avec des convictions fortes mais le trentenaire ne pouvait s’empêcher de s'inquiéter pour elle. Quand enfin la femme posa son regard sur lui, il esquissa un semblant de sourire. Un signe d'encouragement, discret mais aussi de remerciements pour leur avoir partagé ses informations. Mais très vite il redevint soucieux. Comme pour mettre ses idées au clair, essayer de démêler et assimiler tout cela, il fit les cents pas.
Amulette, cinq chamans. Qui sont-ils? Qu'est ce que cela signifie? Parti Unité Magique. Mission. Toujours un coup d'avance. Pourchassée. Japon. Les Sylla. Lignées. Lignées...Lignées...Lignées... Mais oui! Elina!

Il se tourna vivement vers l'Africaine.

- Je sais que tu as dit que tu ne voulais pas que tout ceci s'ébruite et crois-moi, je ne le ferai pas, lui assura t-il avec un regard appuyé. Mais je pense que tu devrais en discuter avec Elina Montmort. Tu en as peut-être entendu parler. Je ne peux pas te dire dans quelles mesures mais mon instinct me dit qu'elle en saura largement plus que moi sur ces Sylla. Loewy aussi. D'ailleurs tu sais que la presse britannique a révélé l'existence des Lignées du Nord? Ce n'est plus un secret. Enfin si on adhère à ces théories bien sûr.

Rhys, pendant longtemps, ne croyait plus en ce que ces journaux, ramassis de ragots et de fabulations, pouvaient bien raconter. Seulement, il avait bien été obligé d'admettre que l'article en question lui avait donné des sueurs froides.

- Comment les agents arrivaient toujours à savoir où tu étais...


Rhys réfléchissait à voix haute en reprenant sa marche.

- Et si quelqu'un proche de toi les en informait? Ou si quelque chose en toi leur indiquait...


L'homme ne faisait même plus attention à ce qu'il disait. Ses idées fourmillaient et partaient dans de bonnes ou mauvaises directions.

- Il a dû se passer quelque chose chez ton grand-père.

Sans blague, Rhys, si c'est pour dire ce genre de choses tu ferais mieux de te taire.
Il secoua la tête.

- Est-ce qu'il n'aurait pas perdu de sa puissance? L'Elixir de Longue-Vie plus faible? Ne serait-il pas tombé aux mains de ces gens? Est-ce qu'il ne recevrait pas des menaces dont il n'oserait en parler? En espérant que ce ne soit pas volontaire et qu'il ne veuille nuire à personne.

Rhys ne pouvait réfléchir dans sa tête, il fallait qu'il entende ses hypothèses à voix haute pour qu'il se rende compte de la stupidité de celles-ci.

Il posa son regard sur les plantes à coté de lui. Elles ne lui apporteraient aucune réponse, visiblement. Soudain, il se retourna vers les deux femmes, gêné à son tour, comme s'il venait de reprendre conscience qu'il n'était pas seul.

Il murmura:
- Désolé. Je me suis laissé emporté...

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino
09 août 2020, 13:50
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Le rythme des battements de mon coeur est lent et profond. Le regard baissé sur le sol de la serre, je suis plongée dans des réflexions qui prennent trop de place ; perdue conviendrait mieux que plongée. Toute cette histoire… Nyakane, l’amulette, Sidiki, le Japon, l’Élixir… Toute cette histoire est bien plus complexe que ce que je pensais. Et d’ailleurs, je ne sais même plus ce que je pensais avant que l’Africaine nous raconte tout cela, mais je sais que ça n’avait rien à voir avec la vérité ; cette dernière est bien plus grosse, bien plus sombre et bien plus absconte que ce que je pensais. Comme lorsque je lis les nouvelles qui affligent le monde, lorsque j’essaie de comprendre des choses qui ne me touchent pas, j’ai l’impression d’être totalement paumée. Les Lignées, les Sylla, le Parti pour l’Unité Magique… Tout cela, ce sont des choses de grands. De la politique — le mot me débecte. Tout à coup, je me demande ce que je fais là, moi. Au milieu de ces deux adultes qui savent les choses, qui les comprennent, qui sont capables de les affronter. Je me demande si je devrais partir… *Non*, décidé-je tout à coup en croisant le regard de Nyakane. J’ai ma place près d’elle, quoi qu’elle dise, même si elle parle politique. Même si je dois montrer que je ne comprends rien à toute cette histoire. J’ai ma place ici, avec eux.

Je coule un regard vers Saunders qui fait les cent pas dans la pièce. Il semble s’être calmé. La tension qui le rendait si froid tend à disparaître pour une sorte d’inquiétude que je ne comprends pas. Après tout, nous sommes en sécurité ici. Nous ne faisons que parler. La tournure que prend la conversation a beau me mettre mal à l'aise, je ne peux m’empêcher d’être rassurée, d'être même contentée d'avoir des réponses. Grâce à l’explication de Nyakane, j’ai entre les mains les pièces du puzzle qui me manquaient pour comprendre pourquoi elle s’est enfui au Japon sans même prévenir son fiancé — elle l’a fait pour le bien de son pays, c’est très courageux de sa part. Ou complètement idiot, vu le danger qu’elle a couru. J’ai une pensée pour Zuhri qui ne doit toujours pas savoir ce qu’est devenu Erza Nyakane. J’aimerais demander à la femme de me parler de lui, d’eux, mais je sais que ce n’est pas le moment.

Le silence reprend ses droits dans la serre. Mal à l’aise, je comprends que c’est à moi de parler. Ou du moins, que les deux autres vont s’attendre à une réaction de ma part. Mais moi, je ne sais pas comment réagir. Peut-être que les Lignées ont quelque chose à voir avec l’élection du Parti pour l’Unité Magique, peut-être que Sidiki est réellement vulnérable — même si je n’y crois guère —, mais qu’est-ce que j’y peux, moi ?

De Nyakane, mon regard curieux passe à Saunders. Je ne sais pas ce que la Professeure d’Histoire de la Magie a à voir dans cette histoire, mais ce n’est pas cela qui m’intrigue. C’est le fait qu’il sous-entende que Sidiki ait pu volontairement faire de mauvaises choses. L’homme est une légende dans le monde magique et pour l’avoir rencontré je sais qu’il est plus puissant et impressionnant que toutes les autres personnes que j’ai rencontré. Je suis certaine qu’il ne fait pas de mauvaises choses — je suis très mal à l’aise que le Professeur sous-entende le contraire. Et ce qu’il a dit à propos de Nyakane… Mon ventre se tord d’angoisse. Est-elle encore en danger ? Je la regarde du coin de l’oeil et une étrange détermination se répand dans mon coeur : si elle est en danger, je ferais tout pour l’aider ; Zikomo serait d’accord avec moi, j’en suis sûre. J’aimerais lui dire à Nyakane, lui assurer que je la protégerait quoi qu'il arrive, mais là encore ce n’est pas le moment.

A la place, je préfère je préfère demander à mi-voix parce que la question tourne dans mon esprit :

« Comment ça, les actes que vous venez de décrire leur donnent raison ? »

En quoi donner consistance à Zikomo prouve la faiblesse de Sidiki ? Pour la première fois depuis très longtemps, je me demande pourquoi il l'a fait. A l'époque, j'étais bien trop heureuse de pouvoir toucher Zikomo pour me poser cette question et de toute façon la réponse m'était acquise : il l'a fait pour Zikomo, il l'a fait pour Nyakane, il l'a fait parce que c'est un homme bien. Mais désormais, je me demande si tout cela est bien vrai. Et je m'en veux de songer à cela, de douter d'un grand homme, mais la conversation actuelle me force à le faire.
26 août 2020, 21:50
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Je suis comme vissée à mon tabouret. Rhys fait les cent pas devant nous, le visage aussi grave que pensif. Je le suis attentivement, comme on suit un médecin sur le point de rendre son verdict sur l’état de santé d’un proche. Et quand le verdict tombe, je me redresse, le dos bien droit, en prenant une profonde inspiration. Elina Montmort… Kristen Loewy… la presse britannique… quoi ? Je reste un moment interdite, stupéfaite par ce que j’entends. La presse britannique a révélé l’existence des Lignées du Nord ? Je suis tenter de demander pourquoi, mais le débit de Rhys n’entend pas être interrompu par qui que ce soit alors je reste silencieuse et je tends l’oreille à la suite…

… cette succession de questionnements me heurte et me bouscule. Ce sont des questions que je me suis évidemment posée, mais les entendre jaillir de la bouche d’une autre personne leur confère une plus grande résonance. Et si quelqu’un proche de moi les avait informé… mais qui donc ? Personne ne pouvait savoir où je me rendais, seul grand-père le savait. Aucune des personnes à qui une partie de l’Amulette avait été confiée n’aurait osé me trahir. Aucune. Le problème venait-il de grand-père ? N’avait-il aucun contrôle sur la situation ? Je n’en sais rien. Je suis perdue au milieu d’un océan d’interrogations, exposée aux assauts répétés des doutes les plus intimes.

Je n’ose pas remettre en cause les motivations de grand-père. Je n’ose pas croire qu’il soit pour quoi que ce soit dans les mésaventures qui m’ont poursuivi tout le long de ma quête. Mais une petite voix, vraiment toute petite, ne peut s’empêcher, quelque part, dans un coin de ma tête, de me rappeler que c’est bien grand-père qui est à l’origine de tout ça. La voix toute frêle d’Aelle vient enfoncer le clou. Je pivote ma tête vers elle et dans un geste protecteur, je tends ma main vers les siennes. Je la regarde droit dans les yeux. Je regarde Rhys. Le sol. Aelle. Rhys. Le vide.

Et soudain, sortie de nulle part, comme un flash, un souvenir remonte à la surface de ma mémoire. Je suis assise sur un tabouret comme celui-ci (peut-être bien qu’il s’agit du même, je n’en sais rien) à l’entrée d’une des serres de Poudlard et je regarde grand-père discuter avec la directrice de Poudlard. Je ne suis qu’une enfant. Je gratte le sol du bout du pied. Mais mes oreilles captent quelques mots de l’échange entre grand-père et le professeur Derwent : tombe - sureau - héritière - Pev… Pev… non le dernier ne me revient pas.

Je prends une grande inspiration, les yeux toujours plongés dans le vide.

« Grand-père sait quelque chose qu’il ne m’a pas dit. Il sait quelque chose qu’il ne vous a pas dit (je regarde Rhys). Et je ne sais pas, j’ai l’impression qu’il le sait depuis des années… Zikomo est l’un des plus anciens esprits d’Uagadou mais il ne l’a pas retenu. Au contraire, il ne s’est pas opposé à sa volonté de rester auprès de toi… (dis-je, mon regard braqué sur Aelle). »

Je me mords la lèvre en remuant ma mémoire. Je combine tout ce qui a été dit par Rhys et Aelle. Je croise. Je recoupe.

« Maintenant que j’y pense, la première fois que nous sommes venus à Poudlard, il manigançait déjà quelque chose que l’enfant que j’étais ne pouvait saisir mais que l’adulte que je suis n’a pas oublié. Si seulement quelqu’un pouvait nous aiguiller… nous permettre de comprendre ce que cache mon grand-père. S’il y avait quelqu’un, quelque part, susceptible d’écouter à la porte de son bu… »

Je m’interromps et lève mon regard vers Rhys.

« Des menaces, c'est ce que tu penses, hein ? »

Je me tourne vers Aelle.

« Si les fouineurs devaient se choisir un roi, Zikomo aurait toutes ses chances. Il faut à tout prix le faire venir ici ! Il sait forcément quelque chose à propos de ces histoires. »

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
28 août 2020, 15:14
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
Éternellement attiré, mon regard se dépose sur Nyakane. J’aime la regarder, apprendre ses gestes, ses mimiques, ses petites habitudes. Même si aujourd’hui n’est pas le bon moment, même s’il se passe des choses graves à l’extérieur, même si nous sommes en train de douter et de nous inquiéter pour l’un des plus grands sorciers de notre époque, je ne peux m’empêcher de le faire. La regarder, l’apprendre, sentir mon coeur se serrer en l’imaginant partir loin de moi. Je sais que je n’aurais pas dû laisser mon attachement pour elle grandir, mais à partir de l’instant où je l’ai vu dans la boutique de Yokohyama Ururu, c’est comme si une force plus grande que moi me poussait vers elle. Impossible de résister à son attrait.

Entendre le prénom de Zikomo me fait revenir à moi et je me redresse, les sourcils froncés. Une petite part de moi, petite part qui parfois prend bien trop de place, se demande si Nyakane aurait fait un choix différent de son grand-père si elle avait été là. M’aurait-elle refusé la présence de Zikomo malgré l’envie de celui-ci de rester près de moi ? Après tout, même à l’époque où Zuhri m’a apprit le statut de Zikomo, je m’étais posée la question : pourquoi confier à une gamine du bout du monde un trésor d’Uagadou ? C’est quand même curieux. Je n’aime pas penser à cela. Je préfère croire qu’il n’y a que les sentiments qui entrent en jeu : les miens et ceux de Zik. C’est tout ce qui importe.

Même si la conversation me perd, avec cette impression persistance que je n’ai rien à faire ici, je ne peux m’empêcher d’être excitée par la tournure qu’elle prend. Les mots manigance, cacher, espionner à la porte sont tout à fait exquis à entendre dans la bouche d’une femme comme Nyakane… Jusqu’à ce qu’elle sous-entende l’aide que pourrait nous apporter Zik… Mon coeur se révolte furieusement dans mon corps. J’ai envie de m’écrier que jamais Zik ne fera une chose pareille, que c’est trop dangereux (qu’en sais-je, en vérité ?), mais mon ardeur se calme aussi vite qu’elle est apparue, tout comme mon inquiétude : s’il y a bien une personne en qui j’ai toute confiance (même si ce n’est pas raisonnable, me rappelle mon coeur), c’est Nyakane. Jamais elle ne proposera quelque chose qui est dangereux. Et puis, Zikomo… Zikomo est le meilleur d’entre tous, s’il y a bien quelqu’un qui peut mener à bien cette mission, c’est lui. Cela me rend très fière, sans raison. Avec toutes ces pensées qui tournent dans ma tête, c’est à peine si je songe à être jalouse du fait que Zikomo ait pu me cacher des choses.

J’offre un grand sourire à Nyakane :

« Le répétez pas devant lui, il prendrait la grosse tête ! Je sais pas où il est... Vous savez, il crapahute partout dans le château depuis qu’il a retrouvé sa liberté. Mais euh… » Je détourne le regard, soudainement plus aussi sûre de moi. « Vous savez, pour le… Japon. C’est Zik qui a su… Enfin, il a dit que vous l’aviez appelé au secours. Alors euh… Je ne sais pas t-très bien comment ça marche moi, mais vous pouvez peut-être essayer de… L’appeler ? »

Et la voilà enfin, la jalousie. Celle qui me rappelle que Zikomo est en éternel contact avec cette femme merveilleuse qui se tient près de moi et pas avec moi. Celle qui me remémore que ces deux-là partagent quelque chose que je n'aurais jamais.
04 sept. 2020, 20:27
 28.01.2045  Les Merveilles de Poudlard
A la suite de ses tergiversations, Rhys, toujours penaud, regarda Erza dont le regard oscillait entre l'adolescente et lui. Il sentait que quelque chose la dérangeait. Ou bien alors elle réfléchissait à ce qu'il venait de lui annoncer. Si ça se trouve, elle allait se mettre encore en colère parce qu'il avait insinué des choses affreuses sur son grand-père. Le professeur de Vol s'attendait à ce que le couperet tombe et à s'attirer les foudres de la femme. Pourtant, lorsqu'elle retrouva enfin la parole, ce n'était pas du tout ce à quoi il avait pensé. Il reprit contenance et l'écouta attentivement. Il pressentait que ce qu'elle était en train de leur avouer, lui coûtait. Après tout, on ne parlait pas de n'importe qui. Cela allait au delà des simples histoires de famille. Bien au delà.

Rhys n'avait jamais eu affaire au Manitou Suprême, si ce n'est dans ses souvenirs et lors de la visite de tous les directeurs. Il revint s'asseoir auprès des filles et posa un regard bienveillant sur l'Africaine. Il voyait bien qu'elle était troublée par tout cela. Il voulait lui dire que tout irait bien, qu'ils se faisaient du mouron pour rien, qu'ils imaginaient probablement de fausses choses; mais il savait que d'une, ils se mentiraient à eux-même, que ce ne serait pas sincère mais surtout c'était sûrement tout ce qu'elle ne voulait pas entendre.

Erza échafaudait un plan au fur et à mesure qu'elle parlait. Dont la clé serait ce fameux Zikomo. Rhys l'avait aperçu dans les couloirs mais comme il l'avait pensé un peu plus tôt, il n'avait jamais eu l'occasion de le voir de plus près. Et puis, depuis de longues minutes, les sorcières l'évoquaient sans que lui ne puisse savoir réellement de quoi il en retournait. Erza finit par s'adresser à lui et il fit une moue de réflexion.

- Je ne sais pas. Est-ce que tu penses que cela pourrait être plausible? De ce que tu me dis et de ce dont tu te souviens, il y a peut-être quelque chose qu'il ne veut pas que l'on découvre. Est-ce que, justement, quelqu'un ne le menacerait pas de tout révéler?


Rhys se remit à réfléchir. Tout ceci prenait une dimension insoupçonnée. Ils en venaient à comploter tous les trois, dans une serre, un samedi matin tout de même.
L'enseignant se tourna vers Aelle lorsqu'elle s'exprima. Elle est allée au Japon elle aussi? Mais comment était-ce possible? Rhys avait bien compris que c'était la dernière étape, ou plutôt la dernière épreuve, d'Erza vu qu'elle avait fini à l'infirmerie mais de ce qu'il pouvait en déduire, la Poufsouffle l'y avait rejointe?

- Attendez deux petites secondes! Vous aussi vous étiez au Japon? Par Merlin! Quand ça?

Il les regarda mi-incrédule, mi-fâché. Il était certain que ce Zikomo n'avait pas prévenu l'adolescente en vain et qu'il n'était pas allé chercher la sorcière en mission, seul.

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j’atteins.

"Si le mal brille dans toute sa splendeur, c'est devant le pire que le bien prend toute sa valeur." Oxmo Puccino