Lorsqu'il reconnut Hannah Habbot, de quelques années son ainée, Damian ne se fit pas prier. Une bouffée d'espoir l'envahit. Et de la douleur à chacun de ses pas. Il essayait de maintenir son bras comme il le pouvait et s'apprêtait à descendre les marches, non sans lancer un dernier regard derrière lui pour voir si Isabella suivait.

Isabella ne peut que constater l'ampleur des dégâts sur la structure du bâtiment. Ils étaient encore loin d'être sortis d'affaire. Incitée par la douleur, elle passe précautionneusement les doigts sur son visage jusqu'à identifier une courbure anormale de l'arrête de son nez. Si seulement elle avait eu sa baguette, elle aurait pu régler ça en un sort. Mais pour le moment elle devrait faire avec et préféra ne pas y toucher au risque d'empirer les choses. Au moins ce n'était pas une blessure trop grave. Elle réalise alors qu'elle est interpellée. Il lui faut quelques secondes pour identifier son interlocuteur au bas des escaliers.

« Hannah ! Nous arrivons. »

Elle voit Damian passer devant elle pour descendre les marches. Avant de le suivre, elle se retourne pour s'assurer que James les suit. Dans le cas où il n'y parviendrait pas, elle irait lui servir de soutient. Il était hors de question de le laisser derrière.

Tant bien que mal, vous vous mêlez au groupe de prisonniers qui sont parvenus à s’extraire de leur cellule, accompagnés d’Hannah Abbot. Le cœur lourd de laisser tant de vos collègues derrière vous (aucune force physique, même de dix hommes, ne saurait faire céder la moindre porte de cette prison magique) vous parvenez au rez-de-chaussée de la tour tandis que vous entendez des grondements sinistres en provenance des étages supérieurs. L’édifice tremble autant que la vingtaine d’anciens employés du ministère qui, tout comme vous, vient de se masser dans le couloir qui conduit au petit hall d’entrée. Deux sorciers s’y tiennent. Pâles et nerveux, ils pointent leur baguette magique dans votre direction.
« PAS UN PAS DE PLUS ! hurle le premier. OU JE JURE DE TOUS VOUS ENTERRER VIVANTS ! »
« A TERRE, TOUS ! crie le second. A TERRE ! »
Ursula Parkinson ne vous a pas mentit. Les deux autres sont peut-être dehors ou peut-être partis chercher des renforts ?

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La petite troupe de prisonniers est brutalement stoppée alors qu'il sont presque sortis des bâtiments. Isabella se contorsionne pour tenter de voir ce qu'il se passe. Les sorciers massés devant elle ne lui permettent pas de s'avancer davantage. Lorsqu'elle entend les ordres hurlés à leur intention, elle lâche un rire sans joie. Ça c'était un choix?

"Nous enterrer vivant? C'est déjà ce qui nous attend si nous restons là!"

Puis s'adressant à ses anciens collègues :

"Ils n'ont aucune chance face à nous tous! La prison s'écroule, pensez vous qu'ils vont s'encombrer de prisonniers dont ils ne savent que faire?"

Bien sûr, il existait des sorts suffisamment puissant pour tous les neutraliser. Faire s'écrouler le bâtiment sur eux était effectivement une possibilité. Mais plus un sort était puissant, plus il fallait du temps pour l'activer. Ils seraient sur eux bien avant ça. Ils n'avaient pas de temps à perdre. S'ils étaient bien quatre comme l'avait dit Ursula, il ne fallait pas laisser le temps aux deux autres d'arriver avec des renforts. Si elle ne parvenait pas à faire bouger les premiers rangs de prisonniers, elle serait réduite à l'impuissance. Elle gardait un espoir, peut-être trop optimiste de tirer de là certains collègues encore enfermés si elle s'emparait assez vite d'une baguette.

Parkinson avait donc dit vrai. Du moins, il y avait bien deux sorciers en face d'eux. Damian n'avait plus la force pour se jeter sur l'un ou l'autre. Mais Isabella avait raison, ils étaient plus nombreux de leur côté. Il fallait ruser et agir rapidement ou sinon ce n'était pas le ciel qui allait leur tomber sur la tête mais le bâtiment.

Damian murmura à qui pouvait entendre autour de lui:

- Si nous ne faisons rien, nous allons tous mourir. Il faut que quelqu'un fasse diversion, pour que pendant suffisamment longtemps, d'autres s'emparent de leurs baguettes.

Le soixantenaire espérait que dans le lot de prisonniers, il y en ait moins amochés que lui pour pouvoir attaquer les deux sorciers.

James qui ne marchait pas très vite, avait du mal à suivre les autres. Il les rattrapa quand ils s’arrêtèrent. Deux hommes étaient face à eux, armés. Il fallait qu’il réussisse à se libérer, alors il voulait sonner du courage aux autres.

« On va réussir, il faut leur prendre leur baguette. Faites le pour vos familles. »

James sur le point de s’écrouler, mis la main sur l’épaule d’un de ses partenaires, restant sur ses gardes.

Tout autour de vous, les captifs se regardent comme si, à votre façon, chacun essayait d’en entraîner un autre à sa place. Sauf que personne ne bouge.
« A TERRE ! hurle le sorcier. »
Vous sentez une main se poser sur votre avant-bras, Isabella.
« S’il vous plaît, Isabella… dites à ma famille combien je les aime et à quel point je suis désolée, vous dit Hannah. Ce fut un réel plaisir de travailler avec vous. Vraiment. »
La sexagénaire vous adresse un sourire un peu crispé en lâchant votre bras. Ses lèvres tremblent, une larme coule sur sa peau ridée, mais elle garde la tête haute quand elle se faufile au premier rang.
« RECULE ! »
Hannah avance encore… autour de vous, les gens se tassent pour la regarder…
« RECULE OU JE TE TUE ! »
Hannah écarte les bras.
« Vous ne gagnerez jamais, dit-elle. Tant que l’un de nous se tiendra debout, le ministère perdurera. »
« AVADA KEDAVRA ! »
Un éclair vert éblouit la foule. Hannah Abbot-Londubat tombe raide morte sur le sol.
Comme un électro-choc vous entendez le souffle de vos voisins s’accélérer. Les six captifs juste devant vous s’élancent comme des bêtes enragés en criant de toute leur force. Les deux sorciers du Conseil blêmissent… vous vous faites bousculez, entraînés par le mouvement de foule qui semble sur le point de dévorer tout cru les deux derniers remparts qui se dressent entre vous et la liberté. L’un d’eux abandonne d’ailleurs l’autre en prenant la poudre d’escampette.

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Voyant que les premiers rangs ne réagissent pas, Isabella craint le pire. Mais parviendrait-elle à forcer le passage ? C'est alors qu'Hannah s'adresse à elle. Isabella refuse tout d'abord de comprendre et assiste à la scène, mais lorsque le sort retenti elle se glace. Son regard se pose sur le visage de sa collègue, puis sur les sorciers qui leur barrent la route. Hannah n'avait pas à mourir. Aurait-elle dû forcer le passage malgré les prisonniers massés devant-elle ? Ils avaient bien laissé passé Hannah. Ils l'avaient regardée aller au devant de la mort sans bouger d'un cil. Ces questions n'ont plus la moindre importance désormais. Elle est saisie d'une rage indescriptible, n'hésitant pas cette fois à jouer des coudes sans la moindre considération pour ses co-prisonniers. Alors qu'elle fonce sur le dernier sorcier face à eux, elle n'a qu'une idée en tête. Lui prouver qu'elle n'a pas besoin de baguette pour le tuer.

Damian regarda avec horreur l'assassinat d'Hannah, impuissant.

Lorsque le mouvement de foule le bouscula, il se précipita lui-aussi vers la sortie en tenant son bras blessé pour éviter de fortes douleurs. Il ne devait pas fléchir au risque de se retrouver piétiné.

Il n'eut pas un regard pour le sorcier restant, son sort lui importait peu. Il fallait poursuivre l'autre, avant qu'il ne prenne la poudre d'escampette ou qu'il appelle des renforts.

James était au dernier rang, mais il comprit au jet de lumière vert, que le sortilège de la mort fut lancé. Il était impuissant, et la haine se propageait dans ses veines. Quand les autres sorciers se mirent à courir, James ne pu les suivre, courir lui faisait horriblement mal. Mais il fallait tenir, pour Hannah, pour tous les autres prisonniers encore enfermés, ainsi que pour ses enfants. Il serra les dents et accéléra un peu le pas, du mieux qu’il pouvait.