- "Merci," fut le seul mot qui réussit à franchir ses lèvres dans un premier temps. Un troisième frère? Son esprit était trop embrumé pour savoir si cette perspective lui allait. Mais le jeune homme dégageait quelque chose qui donnait confiance à Ennis, vraiment. Plus en lui qu'en ses parents. Autant qu'en ses deux aînés elle ne savait pas encore. Ça serait à définir avec le temps. Ça lui faisait drôle, elle le connaissait de vue depuis longtemps mais ils n'avaient jamais vraiment discuté avant cet été et son passage par l'appartement de ses frères. Mais depuis que Diarmuid et lui se voyaient, son frère semblait aller mieux. Dans ses courriers c'est ce qu'il laissait sous entendre. Alors:

- "Promis." Dit-elle finalement en retour avant de repréciser, "si j'ai un problème je viendrais." Elle baissa de nouveau les yeux vers le sol, les évènements des six derniers mois lui revenaient en mémoire de manière bien trop distincte.

- "Je ne pensais pas qu'il... Il avait l'air si déterminé à..." Elle était bien incapable de dire jusqu'où il aurait été prêt à aller. Aujourd'hui il avait réussi à la coincée pour l'embrasser. Est-ce que ça se serait arrêté là? Elle l'avait de nombreuses fois repoussée et pourtant, il était toujours revenu à la charge. Inlassablement. Quoiqu'elle fasse, il semblait à chaque fois plus déterminé.

Je ne le précise pas à chaque fois, mais Ennis parle toujours en irlandais

La promesse d’Ennis rassura Owen. Le fait de savoir qu’elle ne serait plus seule à gérer cela le rendit plus tranquille. Il serait là. Comme il l’avait été et l’était toujours pour Diarmuid lorsque celui-ci avait dévoilé son secret. Et tout comme pour Diarmuid également, il garderait cela pour lui, ne dirait rien à personne, pas même à ses frères. Il pensa à Domhall, cela
l’embêtait tout de même de lui cacher les secrets de sa propre famille. Ils devraient pouvoir tout se dire, se sentir libre de parler de tout et n’importe quoi et pourtant, à cet instant précis, Owen se sentait plus emprisonné qu’autre chose. Il avait peur de ne pas pouvoir contenir tout cela, d’y faire allusion sans le vouloir en présence de Dom. Mais il avait promis aux deux, à son meilleur-ami et sa soeur, qu’il ne dirait rien. Tout comme ils s’étaient promis avec Domhall de ne pas dévoiler leur relation à sa famille. Tout ces secrets… ça faisait beaucoup pour un seul coeur, un seul cerveau, pour Owen.

Alors qu’il était perdu dans ses pensées, Ennis avait repris, toujours en Irlandais. Elle avait visiblement besoin de s’exprimer qur la situation maintenant que l’angoisse était redescendue et le jeune professeur ne pouvait que l’encourager à parler !

- Qu’il irait si loin, c’est ça ? compléta Owen. Je sais… le professeur laissa planer un silence de quelques secondes puis reprit. Est-ce qu’il avait déjà si loin avant aujourd’hui ? finir-il par lui demander, avec la peur que la réponse soit positive. Cette question lui brûlait les lèvres depuis le début mais il n’avait pas osé compte tenu de l’état émotionnel de la principale concernée.

Ennis hocha la tête en gardant son regard fixé dans celui du jeune homme. Il savait? Ah?! Comment pouvait-il? Les questions se bousculaient dans sa tête sans vraiment qu'elle ne parvienne à les retenir mais son attention fut obligée de se focaliser sur celle que formula le professeur d'Etude des Moldus. Que devait-elle répondre? Quand elle revoyait les flash de leurs rencontre elle avait envie de dire non. Puis la sensation de cette main qui couvre sur son dos, sans accord ni envie de sa part, jusqu'à frôler la naissance de ses fasses. Était-ce du même ordre? Elle n'arrivait pas à doser la gravité de chaque évènement. Elle ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt comme un strangulot hors de l'eau. C'était difficile à formuler, même dans sa langue natale si rassurante pour elle.

- "Au début, des mots... déplacés." Finit-elle par dire après deux longues minutes. "Des sifflements." C'était allé crescendo. "Il me suivait..." Elle prit le temps de se souvenir, son regard s'évada au delà de l'épaule de son compatriote: "Il a du apprendre mon emploi du temps." Elle serait déjà fait la réflexion. Son emploi du temps et ses habitudes aussi. "Il a aussi..." Prononcer la suite fut un calvaire pour l'adolescente, et ça s'entendait dans sa voix, se voyait sur son visage et dans son langage corporel. Au point qu'elle placa sa main gauche sur son épaule droite pour l'éteindre: "Il m'a déjà frôlé, touchée sans que..." elle n'arriverait pas à en dire plus. C'était trop éprouvant. Les larmes revinrent de plus belle mais elle parvint a les contenir dans ses paupières. Ses yeux noisettes noyés se posèrent à nouveau sur ceux grisés de l'irlandais.

Mots déplacés, sifflements et même attouchements, sans compter le fait qu’il la suivait tout le temps. Smith avait largement dépassé les bornes de la descence et du respect dont les élèves étaient tenus de faire preuve au sein du château. S’il croyait s’en sortir avec ses semi-explications pour la scène qu’il avait fait dans le couloir, c’est qu’il prenait vraiment le professeur pour un benêt. Le harcèlement subit par Ennis, qui l’aurait pû être par n’importe quelle autre élève, ne restera pas impuni. Et si jusqu’à présent il avait été étroit d’esprit au point de ne pas se rendre compte du poid de ses actes, au moins il en prendrait conscience. Owen était déspéré, si ce n’était choqué, par ce qu’il venait d’entendre ; mais une chose le rassurait, c’est que Smith aurait pu aller encore plus loin, mais qu’heureusement le professeur était intervenu à temps. Ennis pleurait, enfin retenait ses larmes sur le point de couler. C’était trop pour elle, et Owen le comprenait. Il lui adressa une fois encore un regard rassurant et posa sa main sur son épaule.

- C’est fini… ne t’inquiètes pas… dit-il dans un murmure. Tu sais que tu peux venir me parler quand tu le veux, quand tu en ressens le besoin. C’est bien que tu te sois confiée, ça va te soulager, tu verras… ajouta-t-il à son adresse. Je suis là.

Sans trop savoir pourquoi, Ennis hocha lentement la tête. Pas qu'elle pense que l'ancien Poufsouffle ait tord, non. C'était juste qu'elle n'en savait fichtrement rien. Vrai ou faux, elle avait peut-être l'espoir qu'il ait entièrement raison. Que de s'être confiée et d'avoir remis la suite de l'histoire autant que sa sécurité et sa sérénité entre ses mains lui permettrait de surmonter tout ça. L'adolescente à l'uniforme portant les couleurs de Godric Gryffondor monta ses mains jusqu'à ses yeux pour essuyer les larmes qui y perlaient et, malgré le soutien verbal et physique, baissa la tête. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir particulièrement minable et faible. Aussi, relever la tête et prononcer les deux syllabes du mot "D'accord" fut le fruit d'un effort. Il allait lui falloir du temps pour comprendre et admettre qu'elle n'y était pour rien. Que ses valeurs personnelles n'avaient rien à voir là dedans. Prenant le temps de poser sa respiration, Ennis allait parler mais referma la bouche. Elle voulait demander quoi faire avec Jeffrey mais s'était ravisée. Il était évident qu'elle allait devoir lui dire mais un mécanisme de défense se mit en place pour réfuter l'hypothèse même. Elle devait le garder pour elle. A la place, elle prononça plutôt les mots suivants:

- "Tu vas décider quoi pour... pour Smith? Non. Je. Ne me dis pas. Je veux l'oublier. Je... je vais plutôt partir." La perspective d'une douche pour laver l'impression de porter sur elle l'odeur de son agresseur s'imposa. Elle se dégagea doucement de l'étreinte de lirlandais avant d'ajouter: "Je peux vraiment venir n'importe quand?" Malgré la promesse de ce dernier elle avait besoin d'une assurance.

“Tu vas décider quoi pour Smith ?” était une bonne question. Le professeur n’en savait strictement rien, il allait falloir qu’il y réfléchisse. Une punition écrite ? Un peu trop basique… Des travaux d’intérêt général ? Mais cela serait devoir mettre au courant la direction, et Owen a promis de ne rien dire à personne… Ah ! Il avait trouvé, oui ce serait parfait. Smith aura pour obligation de se rendre aux cours d’étude des moldus de troisième année le mardi dès qu’il aura finit les cours d’Histoire de la magie. Et il assisterait également à ceux de quatrième année le vendredi en fin d’après-midi, en plus des cours de septième année. Pendant un mois. Puisqu’il semble adorer cette matière, ce sera parfait. Enfin… presque… il devra aussi passer deux heures les deux samedi après-midi qui arrivent dans le bureau d’Owen pour des cours de redressement, ou plutôt d’éducation. Façon famille O’Belt. *Rira bien qui rira le dernier !*. Alors que ce plan machiavélique faisait son petit bout de chemin dans l’esprit d’Owen, qui s’était perdu dans ses pensées, le détachement d’Ennis de ses bras lui fit remettre un pied dans le moment présent.

- De quoi ? Pour Smith je… Oui oublie-le, c’est mieux. Ne t’occupes plus de lui. Je gère ! dit-il d’un ton assuré en plaçant sa main sur l’épaule de l’irlandaise. Si tu te sens mieux et que tu veux partir je ne vais pas te retenir plus longtemps, ajouta-il tout en se dirigeant la porte. Et oui bien sûr, tu peux venir n’importe quand, tu sais où me trouver, conclua-t-il en adressant un clin d’oeil à la benjamine avant d’ouvrir la port de son bureau.

Après avoir repris son sac, que le professeur lui tendait, Ennis sorti sans plus tarder et Owen la suivi du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse au coin du couloir. Il attendit quelques minutes, adossé contre le cadre de la porte, repenssant à tout ce que la gryffondor venait de lui avouer, puis s’en alla en direction de l’infirmerie après avoir pris soin de bien fermer la derrière lui. Smith lui devait plus que des explications.

• Actions d’Ennis vues avec la joueuse.
• Merci beaucoup pour ce moment partagé Ennis !