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27 sept. 2022, 21:28
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
J'enregistre mentalement les nouvelles informations fournies par le jeune adulte, comprenant rapidement où il veut en venir avec ses explications. Si je n'ai aucune expérience en matière de chimie et de distillation, je suis suffisamment familière avec l'art des potions pour admettre les différences de réaction des ingrédients d'une forme similaire face à par exemple un fluide.

« C'est logique effectivement, merci. » J'observe les vérifications et ajustements fait par la suite sur le montage, mémorisant les gestes et les retouches pour augmenter mes chances de faire un montage parfait sur une prochaine fois. Une fois cette étape terminée et les différentes préparations achevées, j'observe non sans une bonne dose de curiosité le bocal renfermant une petite flamme, et réceptionne à la demande d'Anastase un flacon opaque -celui contenant les fameuses algues.

Après avoir demandé la quantité nécessaire à verser dans le ballon, je m'exécute avec le plus de délicatesse et précision possible. Même si je suis bon potionniste, mes mains sont rarement aussi précises que je le souhaiterais, souffrant régulièrement de tremblements quand déjà j'arrive à comprendre leur position dans l'espace. Malgré tout je m'en sors relativement bien, et le contenu du flacon finit versé dans le ballon sans aucune perte à côté.

Tout en observant Anatase dans sa manipulation de la source de chaleur, je reprends intriguée : « Je comprends l'attrait pour cet ingrédient, s'il allie à la fois un très bon pouvoir curatif associé à une bonne réaction face aux fluides une fois sous forme de poudre. C'est une utilisation judicieuse pour exploiter au maximum ces deux particularités. » Je regrette de ne pas avoir sur moi mon carnet pour une prise de notes sur les différentes informations délivrées, mais je sais pouvoir faire confiance à ma mémoire pour me souvenir de tout quand j'aurai un moment de libre. Je note aussi mentalement de faire des recherches supplémentaires concernant les algues car même si je lis beaucoup de livres de botanique, c'est une branche que j'ai tendance à laisser de côté et de ce que je constate, à tort.

Il ne reste désormais plus qu'à, je crois, attendre que la réaction se fasse. Un processus qui prend plus ou moins de temps tant selon les quantités introduites dans le ballon que selon la nature des matières que l'on cherche à séparer, si je me souviens bien de mes lectures. Concernant la poudre d’algues brunes marines, je suis sur un terrain totalement inconnu.

« Combien de temps faut-il pour obtenir la poudre ? Y aura-t-il d'autres étapes ensuite ? » m'enquis-je sans poser mon regard sur mon interlocuteur, toujours pris dans mon observation de la distillation en cours.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

29 sept. 2022, 10:26
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Tout en gardant un œil sur le versement opéré avec soin par Ada, Hjúki maintient surtout son autre œil du côté du thermomètre dont il observe avec attention les degrés grimper, la graduation étant exprimée en Celsius conformément à norme irlandaise et non en Fahrenheit comme chez les Britanniques. D’une manière générale, il ne s’est pas trop adapté aux mesures anglaises, connaissant sa taille en centimètres plutôt qu’en pieds et pouces, et maîtrisant dans ses maigres rapports avec les commerces moldus bien mieux l’euro de Dublin que la livre de Belfast. Concentré à ses réglages de chaleur, ce n’est qu’une fois la température stabilisée et assuré qu’elle ne dépassera pas un certain seuil qu’il se permet de reculer et de se remettre à échanger. Ayant constaté l’attention que son hôte avait mobilisée afin de ne pas laisser échapper une goutte, le jeune Anastase s’était rappelé l’existence d’un petit objet pratique qu’il souhaitait lui présenter, à présent que le montage était mis en route.

« Je suis ravi de vous entendre sensible à cette forme de préparation. Concernant le geste de verser un ingrédient ou une potion, j’ai quelque chose à vous montrer… »

Une part de son attention greffée à la réaction par prudence, le reste se tourne vers sa mallette pour en tirer une pile de ce qui semble être de fins disques souples.

« Vous trouverez peut-être que c’est de l’ordre du gadget, ce sont des disques étanches dont nous pouvons faire des rouleaux pour les glisser dans le fin goulot d’un contenant en verre, cela créé une sorte de bec verseur qui évite la formation de la goutte agaçante et difficile à récupérer coulant le long du flacon. Cette idée vient des œnologues mais peut être pratique appliquée à notre domaine. En voulez-vous un pour essayer à l’occasion ? Cela reste un accessoire facile à reproduire soi-même. »

Quittant sa digression, l’adolescente se reconcentra sur les questions explicites, ordonnant mentalement les multiples éléments tournoyant dans sa tête et qui le dispersaient de tous côtés. Ne pensant d’emblée pas à tout ce qu’il y avait à éclairer, obtenir des lignes directrices sur quoi développer constituait un support aidant.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre trop chaud dans l’espoir d’aller plus vite au risque d’abîmer les composants dont nous avons besoin, la réaction doit rester assez douce, il faudra bien attendre autour d’une heure, grâce à la quantité assez restreinte. Quand nous aurons la poudre, il faudra être précautionneux avec l’embouteillement, c’est le genre de préparation qui se conserve à l’abri de la lumière, d’où l’opacité du contenant tout à l’heure, c’est plus sûr d’éviter la transparence pour optimiser la conservation de certains ingrédients. »

02 oct. 2022, 21:50
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Mon regard suit les mouvements d'Anastase, se demandant encore quelle merveille il cache dans sa mallette. Les étranges petits disques ne manquent pas de captiver mon attention et, écoutant les explications de leur propriétaire je visualise rapidement l'usage qui peut en être fait. J'acquiesce à sa proposition d'en prendre un et le remercie. Saisissant l'un des petits objets, je le manipule un instant pour en apprécier la souplesse, sans toutefois trop forcer pour ne pas l'abîmer avant d'en avoir eu l'usage. Ce genre de disque me paraît parfait aussi pour un marque-page improvisé, ça ferait un bon souvenir de ce voyage... mais le jeune homme me l'ayant donné dans un objectif bien précis, j'aurais l'impression de trahir sa confiance si je n'en faisais pas l'usage suggéré, aussi insignifiant que soit un objet de ce genre.

J'acquiesce une nouvelle fois aux dernières informations fournies, marquant par un signe de la tête ma compréhension des explications. Celles-ci achevées et connaissant désormais le délai d'attente approximatif d'une heure, j'abandonne mon compagnon de voyage un instant le temps d'aller chercher dans ma cabine mon carnet de note et un crayon. Très vite de retour, je m'installe sur une petite chaise et entreprends de noter consciencieusement toutes les informations délivrées et apprises pour m'assurer aucun oubli futur. Prise dans les détails de mes diverses annotations, quelques nouvelles questions me viennent à l'esprit. Profitant d'avoir un instructeur très méticuleux dans ses explications, je ne manque pas de les poser.

« Dans le manuel de chimie que j'avais lu, il y avait beaucoup de calculs, » commencé-je en regrettant aussitôt à cette pensée le manque de mathématiques à Poudlard, « Puisqu'il me semble qu'il s'agit d'un art tout aussi précis que les potions, est-il possible de tirer par des calculs diverses données comme le temps exact nécessaire pour la réduction en poudre, ou encore la quantité finale de produit obtenue et ce avant d'avoir à procéder à la distillation ? » m'enquis-je, regrettant l'approximation donnée pour le temps de distillation. Il ne me paraîtrait pas aberrant que ceci soit possible à l'aide des composantes connues comme la quantité initiale mise dans le ballon, la température ou encore peut-être le volume du récipient si ça impacte la façon dont la chaleur se diffuse à l'intérieur.

Continuant à prendre des notes -dressant par-là un compte-rendu complet de l'expérience, je garde un œil attentif sur la préparation même si je sais Anastase plus à même que moi de détecter un éventuel problème de sécurité ou autre. Le temps passe au final très vite et au bout de presque une heure, ayant terminé mes notes et même entrepris un dessin du montage de distillation puis un nouveau portrait sauvage de Hjúki, je quitte le confort de ma chaise pour observer la préparation. « Ça devrait être bientôt terminé, non ? »

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

03 oct. 2022, 12:29
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Son élève d’un jour présente une attention et une curiosité nourries, ce qui rend les choses plus fluides pour Hjúki qui n’a pas à se disperser en cherchant à récupérer son intérêt, souci que rencontrent les vrais professeurs et qui le convainc que ce n’est qu’une expérience ponctuelle, il ne pourrait jamais transmettre ce qu’il est en train de présenter à un groupe de jeunes qui auraient été réunis devant lui à l’encontre de leur volonté. Et il déteste la hiérarchie, les idées d’un ‘maître’ n’ont pas à valoir plus que celles d’un ‘apprenti’, le partage autour d’une branche magique devrait fonctionner bilatéralement depuis le début, plutôt que d’inculquer que seul l’adulte peut avoir raison. L’adolescent chasse ces réflexions de son esprit au retour d’Ada qui était allé chercher un nécessaire à écriture. Acquiesçant à sa dernière interrogation, il se laissa voguer quelques secondes dans les accords sonores des frémissements du liquide mêlés au clapotis fluvial, appréciant cette eau chantante avant de répondre.

« Certains paramètres peuvent être calculés comme la quantité qui sera obtenue dans un circuit fermé, mais la réaction étant également influée par des variantes extérieures, le calcul exact du temps serait assez complexe. Par exemple, le seuil d’évaporation dépend des conditions météorologiques, je ne sais pas si vous avez déjà entendu ou lu que l’eau s’évaporait à une moindre température en altitude. Cela nécessiterait de multiplier les instruments de mesure, pour déterminer la vitesse à laquelle la source de chaleur agit, la conduction thermique du récipient, installer un baromètre et un hygromètre… »

À ce dernier terme Hjúki eu un flash de ses discussions avec le luthier de Galway, cette discipline artisanale moldue qui l’avait fascinée depuis sa découverte. Il lui avait déjà fait part de l’importance de contrôler l’humidité autour de son instrument, certaines coques étaient pourvues d’un hygromètre intégré, à défaut les instrumentistes avaient une sorte de papier dont la couleur indiquait une atmosphère favorable ou non au bois afin qu’ils sachent quand installer un humidificateur dans leurs ouïes. Le jeune Anastase aimait beaucoup écouter les gens parler de ce qu’ils prenaient à cœur et maîtrisaient, et même si ses discussions préférées avaient été avec le luthier et son travail si séduisant, l’écoutant expliquer en long et en large les diverses possibilités d’ajustement de la courbure d’une touche, ce n’était pas le seul artisan dont il avait appris. Lorsque Opa lui demandait d’aller chercher un pain à un horaire creux pour qu’il n’embête pas une file d’impatients, il écoutait volontiers le boulanger pester contre le temps trop humide l’ayant empêché de venir à bout de son croquembouche et lui expliquer ses histoires de comment la météo gênait le développement de la levure, même s’il ne retenait pas tout, n’ayant pas l’occasion de mettre ce savoir en pratique.

« Certaines variantes sont moins contrôlables, cela concerne aussi les préparations culinaires. Selon l’humidité, certaines recettes se font beaucoup plus difficilement, même en maîtrisant habituellement la préparation. Il paraît qu’il est quasiment impossible de réussir des choux par temps pluvieux et que les moindres variations de température et d’humidité peuvent changer du tout au tout le résultat d’une pâte à pain. Des passionnés de pâtes vous en parleront bien mieux que moi. Dérivé-je ? »

À la base il était seulement censé expliquer que des calculs étaient possibles, si l’on était prêt à se confronter à la pluralité des inconstants de l’environnement, et le voilà à raconter la complexité qu’éprouvaient certains à réussir leur pain en fonction de la météo alors qu’il n’en avait jamais confectionné. Cela n’avait pas aucun rapport, soit, mais Hjúki s’était sûrement légèrement éloigné de l’essentiel. Le temps allant, la partie aqueuse s’amenuise en effet lentement mais sûrement, au point que l’adolescent puisse constater que la réaction est sur sa fin. Vérifiant d’abord que le contenant était bien sec et dénué de la moindre trace de goutte à ses parois, il coupa la source de chaleur en emprisonnant à nouveau la flamme dans son bocal étanche.

« Vous me rappelez qu’une poudre permet de vérifier l’absence d’humidité, le sulfate de cuivre. Comme vous parliez de manuel de chimie, il n’est pas impossible que cela vous évoque quelque chose. Est-ce vous voudriez tester un échantillon avant de s’occuper d’encapsuler la poudre ? »

06 oct. 2022, 17:22
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Baromètre, hygromètre... tiens, comment il s'écrit ce mot ? Ma prise de notes se poursuit tout aussi minutieusement, ne s'interrompant que lorsque mon professeur d'un jour prend aussi une pause. Les explications sur les préparations culinaires me perdent un peu et bien qu'elles ne soient pas inintéressantes, je ne rédige rien à ce propos dans mon carnet pour ne pas m'y perdre plus tard au moment d'une relecture. Profitant d'un nouveau répit pendant qu'Anastase s'occupe d'une préparation presque terminée, je masse mon poignet endolori par les exercices d'écriture et de dessin intensifs.

« Bien sûr » consens-je à la requête de la jeune personne, partant aussitôt à la recherche du matériel nécessaire pour procéder au test. Tandis qu'il me fournit le sulfate de cuivre, je prélève de mon côté un petit échantillon de la préparation asséchée tout en veillant à ne pas prendre trop de matière, que je dépose dans un petit récipient. Vient ensuite le sulfate de cuivre que j'ajoute aussi en quantité moindre, sur la poudre d'algues. J'ai honteusement presque envie que le sulfate prenne une couleur bleue signe alors d'humidité juste pour apercevoir cette couleur que j'affectionne tant et aussi dans un but scientifique, de voir la réaction ailleurs que dans un manuel. Mais il n'en est rien, la poudre reste parfaitement blanche. Mauvaise chose pour ma curiosité, mais très bonne pour notre distillation apparemment bien réussie.

« C'est tout bon, » confirmé-je en me décalant pour laisser Anastase vérifier. Tout en procédant ensuite à l'encapsulation du produit fini à l'aide du jeune homme, je songe au fait que ce moment de partage ensemble fera certainement parti de mes meilleurs souvenirs du voyage. Pour moi, partager longuement sur un de ses centres d'intérêt et fournir des explications complètes accompagnées d'une démonstration est une véritable preuve d'affection, et ces moments de partage avec des proches sont toujours des événements que je chéris, tendant moi aussi à montrer mon intérêt envers quelqu'un en lui expliquant toutes les facettes d'un de mes centres d'intérêt. Ainsi et même si cette session autour des potions était de mon initiative et non de la sienne, je suis plutôt flattée qu'Anastase l'ait menée à terme avec rigueur et investissement et si les remerciements avec les mots me semblent parfois vides de sens, il me vient une autre idée pour lui manifester ma gratitude.

« La prochaine fois, c'est moi qui partagerai quelque chose avec vous si vous le souhaitez. J'ai emmené un peu de matériel de broderie, en avez-vous déjà fait et si non, souhaiteriez-vous que je vous montre et vous explique les bases ? J'ai évidemment aussi de quoi dessiner mais un de mes sujets préférés, ça reste les couleurs et la façon dont elles se mélangent entre elles. L'aquarelle est passionnante pour ça aussi, c'est fascinant de voir les couleurs se répandre sur le papier et ça demande beaucoup d'entraînement pour gérer correctement la quantité d'eau. Oh sinon, j'ai ma figurine de personnages historiques, je pourrais vous parler longtemps de chacune d'entre elles, il y a beaucoup à dire tant sur l'histoire des objets en eux-mêmes que sur les figures qu'ils représentent, » commencé-je à énumérer en évoquant aussi l'écriture d'un roman débutée deux ans plus tôt et toujours inachevée faute de temps à y consacrer, puis l'étude approfondie que j'avais fait sur les matières des chaudrons et leur choix avant de retomber sur l'éternel sujet des lego qui me fascine depuis l'enfance.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

08 oct. 2022, 10:50
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À la fois rassuré et satisfait devant la confirmation que le processus est correctement arrivé à terme, Hjúki s’occupe de nettoyer, sécher, ranger soigneusement chacun des éléments qu’il a dû sortir pour le bien de la séance à leur place, conscient que s’accorder cette tâche pour plus tard était une brèche qu’il ne souhaitait pas offrir au Chaos, il n’était pas le genre de personne se faisant reprocher de laisser des choses traîner, tout devait rejoindre son emplacement dès que possible. Ses gestes huilés ne mobilisant pas fortement ses réflexions, il pouvait complètement dédier son écoute à l’impressionnant flot de paroles d’Ada Noestlinger. Est-ce ainsi que lui-même sonnait lorsqu’il se lançait dans ses tirades ? Sans vraiment savoir pourquoi, la seule image qui lui venait alors qu’il était question de broderie était celle d’un dé à coudre. Parce qu’il avait vaguement conscience qu’il y avait une aiguille dans le processus ? Sans en avoir jamais fait, il craignait déjà pour ses doigts, s’imaginant une activité pas si innocente. Pourtant, cela ne devait avoir aucun rapport avec Peter Pan, si ? Son débit se poursuivait sur les couleurs, sujet qui crispa l’adolescent. S’il avait entendu les mêmes mots environ deux ans plus tôt, il aurait été enthousiaste, aurait pourquoi pas proposé de comparer leurs collections de pigments, déblatéré sur l’éventail de ses encres, devisé sur sa quête de nuances, sur les mélanges, les diverses façons de mettre en conflit ou d’unir les teintes. Alors qu’à une époque ça l’obsédait, cette période était révolue et il ne voulait plus en entendre parler. Ses encres avaient probablement séché, phasé ou il ne savait quelle réaction conséquente à la négligence. Le jeune Anastase n’en était pas arrivé au stade de siphonner l’intégralité de ses flacons qui étaient toujours existants, seulement il n’était plus question de les ouvrir, d’y tremper la moindre pointe de plume. Quand ce profond dégoût avait-il déclenché ? Sûrement depuis qu’il avait brisé une Sphère d’encre, qu’il avait regardé le contenu s’écouler, le quitter. Le Noir c’était toutes les couleurs, et elles l’avaient toutes trahi. Ce qui était fascinant était devenu écœurant.

Ada avait assurément beaucoup à partager, mais en songeant à sa propre capacité à passer des contes aux potions aux arts culinaires, il n’était pas non plus en reste pour passer également d’un domaine vaste à l’autre. Son étude des matières était intéressante, Hjúki s’était déjà intéressé au contrôle de la chaleur par le contenant plutôt que par le feu et avait expérimenté en ce sens en se bricolant un chaudron à fond amovible assorti de plaques taillées en différents métaux pour influencer sur la vitesse de transmission de la température, les chaudrons plus lents étaient conseillés pour les débutants mais en s’affirmant on pouvait s’essayer à des matières de diverses réactivités. Il ne savait pas s’il devait le mentionner ou lui en montrer le fruit. Le lego, tout comme la broderie, constituait une terre inconnue, si ce n’est que si tout à l’heure l’image d’une aiguille s’était imposée, là il ne visualisait rien du tout.


« Avec plaisir, je suis ouvert à presque tout… pas les couleurs. Je n’ai jamais fait de broderie. Est-ce qu’il faut porter des dés à coudre ? J’ai comme vous déjà joué avec les matières de chaudrons, il y a d’autres choses que vous avez mentionnées que je connais pas du tout mais je suis curieux. »

13 oct. 2022, 21:23
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« Oui, c'est plus que conseillé pour les dés à coudre. Ça permet d'éviter toute blessure superflue, même s'il est facile aussi de trouver des aiguilles enchantées qui cousent ou brodent seules... mais ça retire tout le plaisir de la pratique. » Et ceci comme les fils sont quelque chose que j'ai tendance à collectionner, continuant à accumuler ainsi diverses babioles au fil des années et selon les passions passagères qui me prennent et s'estompent, me laissant toujours plus encombrée mais aussi heureusement plus riche de nouvelles connaissances. La mention des chaudrons allume un nouvel éclat d'intérêt dans mon regard et il me faut me concentrer pour ne pas m'éparpiller. J'évoque avec plaisir mes travaux de recherche sur les chaudrons et mentionne par l'occasion les tableaux comparatifs et les nombreux rouleaux de parchemins remplis et compilés en un dossier, que je regrette soudainement de ne pas avoir emmené comme s'il y avait un intérêt réel à s'encombrer d'autant de choses pour un voyage sur un bateau.

Les jours suivants, le temps n'étant pas monnaie manquante quand on navigue à deux et ce même avec les différentes tâches de gestion à assurer, Hjúki Anastase et moi-même partageons autour de nos centres d'intérêt et tout comme j'ai pu apprendre de sa pratique particulière des potions, je lui montre au mieux ce que je sais de la broderie profitant d'un vêtement abîmé pendant une balade pour le repriser et l'enjoliver d'une aussi jolie que simple fleur. Je me laisse aller dans mes explications et les détails de ces dernières, trouvant un plaisir insoupçonné à décrire avec précision le choix d'un fil ou une manière de procéder, faisant simplement l'impasse sur le choix des couleurs. Tout comme il m'est précieux d'échanger ce que j'aime et de percevoir l'intérêt réel de mon interlocuteur, il m'est aussi très agréable de percevoir une profonde honnêteté mutuelle sur ce qui n'intéresse pas l'un ou l'autre, loin des faux-semblants que j'aurais pu trouver en différente compagnie.
Athlone, le 15 juillet, neuvième jour de voyage
Entre discussions et escales dans des lieux tout aussi passionnants et atypiques les uns que les autres, j'oublie presque le matin du quinze juillet que nous sommes sur les eaux depuis neuf jours déjà. J'ai depuis trouvé mes aises sur le bateau et déniché plusieurs tâches à ma portée, ne souhaitant pas fournir l'impression à mon compagnon de voyage d'un rôle d'accompagnateur ou de chaperon alors que je vois en lui, peut-être, un futur ami.

Ce lundi et après avoir guetté longuement l'horizon en dégustant mon thé matinal, Athlone s'est découverte à nous. Enveloppée d'un tapis de brume et camouflée de grisâtres nuages, la ville s'est dessinée avec lenteur angle après angle, immeuble après immeuble. Le temps pluvieux et nuageux bien que désagréable en navigation n'enlève rien à la beauté de la ville qui nous accueille, mais c'est avec un soulagement certain que nous accostons dans le port à son entrée. Si je pensais initialement me poser dans un coin de verdure quelconque pour dessiner horizon se montrant à moi, la météo humide bien que chaude me fait reconsidérer le plan. « Peut-être y a-t-il un endroit où nous pouvons prendre le thé ? » proposé-je au sorcier quelques instants après avoir accosté. « Le temps que pluie cesse »

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
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15 oct. 2022, 17:17
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Hjúki s’accordait totalement avec Ada concernant les objets magiquement programmés à s’acquitter de tâches privant les sorciers de faire quelque chose de leurs dix doigts, voir des instruments de musique auto-jouant était attristant, toutes les sensations suscitées par la pratique musicale en disparaissaient, la magie ne pouvait indéniablement pas tout remplacer, à commencer par les effets bénéfiques d’une activité s’en passant. S’il avait intégré une dimension musicale à ses expérimentations sur les matériaux pour le chaudron, l’adolescent n’était pas allé jusqu’à faire des relevés de mesures sur la fréquence à laquelle chacune de ses plaques tintait et s’était permis de l’appréhender comme une recherche ludique, mais la rigueur que lui rapportait son compagnon de voyage dans sa transcription des données lui donnait à croire qu’à sa place, Ada serait susceptible d’accompagner un ‘la’ de sa valeur chiffrée située quelques part autour des quatre-cents-quarante en cherchant pourquoi pas à déterminer la courbe des harmoniques résonnant avec tel ou tel métal. D’une certaine manière leurs réflexions sur ce domaine étaient complémentaires, puisqu’en somme ce n’étaient exactement pas les mêmes chemins ou méthodes qui avaient été explorés.

Alors qu’il était une page quasiment vierge en broderie, le jeune Anastase eut l’agréable surprise de découvrir que son préconçu de cercle de tissu toujours bloqué dans son cadre était erroné, en réalité il n’avait jamais songé à la logique derrière impliquant que n’importe quelle zone de tissu pouvait être brodée et libérée de cet accessoire, pas seulement des mouchoirs décoratifs. Il put en constater un usage pratique par un motif floral sur un vêtement qu’il trouva particulièrement inspirant et ne se retint pas de poser des questions sur la gestion des proportions et du positionnement de la broderie, l’idée de personnaliser quelques habits catégorisés pour l’instant seulement dans son esprit commençait à germer, mais il n’avait assurément pas le niveau d’une personne férue de cet art depuis probablement un petit bout de temps, depuis cette année il s’initiait aux cordes acoustiques par la lyre, mais n’avait généralement pas une grande maîtrise d’activités manuelles.

Les jours filant, les miles sont avalés, et reconnaissant le profil de la ville historique sur laquelle il s’est renseigné, comptant parmi les étapes détaillées dans ses guides, il se préfigure déjà les routes à fouler, les façades à admirer. La grisaille n’est toutefois pas prête à leur laisser apprécier Athlone sous les feux du Soleil, pour l’heure. Cela ne le dérange pas plus que cela, trouvant étrangement réconfortantes certaines journées de temps maussade. Enregistrant la suggestion, Hjúki opine en faisant un tri mental rapide des possibilités pour que s’en dégage celle évidente.


« Il y a un endroit. Un pub millénaire, paraît-il, qui vaudrait la peine d’être visité. »

Cela fait partie des trajets qu’il a vérifiés, c’est pourquoi il l’invite à le suivre en relative confiance sur son orientation.

20 déc. 2022, 16:27
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Je hoche doucement la tête avec approbation, me fiant totalement au jugement Hjúki sur le choix du pub -surtout quand l'intéressé a déjà une idée en tête alors que je ne me suis pour ma part pas intéressée auparavant à la ville que nous visitons. L'absence de planification ne me ressemble pas, mais entre les examens de fin d'année, mon besoin de repos puis mon quotidien déjà perturbé par le voyage en cours, certaines étapes sont malheureusement restées vierges de toute organisation. Peut-être est-ce justement l'aspect inhabituel que représente le voyage en lui-même qui me permet d'être en confiance malgré tout, mais je ne m'en formalise pas plus que cela et suis simplement Hjúki sur un chemin qu'il semble déjà connaître -ou du moins, qu'il a lui préparé. Sur le trajet, une partie de mon esprit navigue vers cet étrange constat remarqué depuis quelques jours déjà ; cette flexibilité mentale accrue quand je suis en milieu totalement inconnu et que mes habitudes ne peuvent trouver qu'une place partielle dans mon quotidien. C'est certainement un sentiment provisoire mais je me sens actuellement étrangement libre. Libre de faire presque ce que je veux, sans contrainte là où à Poudlard et chez mes parents, je m'en impose moi-même. Des repas qui doivent être pris à heure fixe, l'alignement de la nourriture dans une assiette jusqu'à le choix de la couleur des couverts. Le coucher, heure fixe. La toilette, heure fixe. Le regard régulier sur ma montre pour ne pas oublier des besoins essentiels comme le fait d'aller se soulager -chose que j'ai tendance à oublier, me surprenant souvent à avoir des maux de ventre dont les raisons seraient parfaitement logiques pour d'autres. Ce voyage, je l'appréhende avec plus de libertés et même si heureusement certaines de mes habitudes sont là -sinon je ne saurais être Ada Noestlinger, je ne suis pas si dérangée par l'absence d'autres. Ou le manque d'informations, comme le fait de ne pas savoir si un plancher ou un carrelage nous attend dans le pub, ou s'il faudra se contenter d'un éclairage artificiel si les fenêtres sont peu nombreuses ou les nuages, trop présents.

J'ai appris pendant notre voyage que Hjúki Anastase n'était pas dérangé par le silence. Il faut au moins cela pour ne pas trop se questionner sur mon regard tantôt perdu tantôt intrigué qui navigue sur les différentes façades, sans un mot pour la personne qui marche à côté de moi car je ne saurais voir, réfléchir et discuter en même temps.

Arrivés sur les lieux, je suis assez déçu par une façade un peu triste à mes yeux quand bien même un joli bleu orne ses murs. Je déteste marcher sur du carrelage, mais je n'en montre rien. Mes pieds s'alignent seulement sur les rainures des carreaux, évitant si possible un contact trop important avec les parties blanches. Après la prise de nos commandes, je suis soulagée de découvrir un coin plus tranquille au fond du bâtiment, et m'y engage sans surprise en quête de la tranquillité qui m'est chère. A côté de nous, une cheminée sans aucun feu à cette période de l'année accueille devant lui deux fauteuils libres. Après un regard échangé avec mon compagnon de voyage, j'y prends place. « C'est comme la première fois que nous avons discuté. » remarqué-je avec un sourire. Puis laissant mon regard naviguer sur les lieux, une autre pensée me vient. « Hjúki, ça vous fait quelque chose quand vous visitez ce genre de lieu qui a des siècles d'histoire ? Ou simplement tout endroit que d'autres jugeraient intéressants ? J'ignore si on est censé ressentir une quelconque émotion, mais... je tapote ma poitrine, songeur, ici, ça ne me fait rien du tout. Je crois que ça m'importe peu. J'aime juste bien dessiner ce que je trouve beau. »

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

23 déc. 2022, 09:39
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Concentré sur les directions, le jeune Anastase laisse tout de même son regard déambuler sur une partie ou l’autre du décor, appréciant les routes ou paysages stimulants visuellement, les lieux semblant être constitués d’une répétition à perte de vue du même motif sont son cauchemar, non seulement rien ne vient titiller l’œil sur des mètres, mais il est par ailleurs presque impossible de se figurer la distance et le temps lorsque l’on se noie dans un cadre monotone. L’hétéroclite, qui offre régulièrement des formes nouvelles à la vue, séduit plus Hjúki que l’austère régularité qui a de quoi le tournis. En suivant les lignes de démarcation des dallages de Poudlard, l’adolescent se souvient que les pierres à perte de vue telles qu’agencées dans ce château n’éveillaient aucun sentiment de réjouissement ou d’apaisement, c’étaient des lignes d’enfermement. Les dalles bosselées ou du moins incurvées ont en comparaison un certain charme, même si elles requièrent un peu plus d’attention dans la marche. Découvrant les images locales, son pas est mesuré pour absorber çà et là des détails et formes, alors qu’il a tendance à avaler de rapides enjambées lorsqu’il se trouve en terrain familier. Arrivés devant le pub historique, ne se détachant toujours pas de son attitude scrutatrice et curieuse, son regard épouse les reliefs et lignes qui se présentent tandis qu’il se laisse guider par Ada dans le coin qui paraît être le plus à sa convenance.

L’adolescent opine à l’évocation du souvenir de ce thé partagé qu’il réinvoque sensoriellement, se plongeant nettement quelques mois en arrière dans ce salon de Pré-au-Lard, l’espace d’une fraction de seconde. Rappelé au présent, Hjúki accueille l’interrogation le front légèrement plissé marquant la non-évidence de son ressenti, même pour lui qui l’a initiée, le sens de sa quête n’est pas parfaitement limpide. À la recherche de réponses, il expérimente dans l’espoir de découvrir ce que cela lui ferait, il n’a pas planifié de déclencher un coup de cœur ou d’être insensible à ce qu’il verra, le jeune homme souhaite simplement rester ouvert et se donner la chance de sillonner des endroits desquels le rythme d’une scolarité effréné l’avait éloigné, pour apprendre la communication qu’il peut y avoir avec lui, ou non.


« Parfois, ce n’est pas simplement l’histoire qui provoque quelque chose. En dépit de son ancienneté et de son architecture, Poudlard m’était froid… ou l’étais-je ? Je voulais rencontrer les multiples visages de l’Irlande, je ne crois pas que grandir dans l’une de ses villes me permettait d’avoir la vision globale, de savoir ses contours. Avoir sous les yeux des témoignages séculaires éveille parfois une fascination en moi, les architectes sont conservés dans ce qu’ils ont érigé, ce ne sont par ailleurs pas forcément que les lieux, les savoir-faire artisans locaux très longuement transmis sont aussi excitants à rencontrer. »