La disparition du fantôme inquiète grandement Elina plus que jamais consciente du temps qui s'écoule. Néanmoins, si le gardien dit vrai, il serait stupide de quitter les lieux sans leurs baguettes. Bien que Marie se fasse pressante, la Poufsouffle prend le temps d'interroger le gardien. Ayant remarqué le malaise de ce dernier précédemment, elle pointe de nouveaux la baguette sur lui avant de demander : « Où sont nos baguettes ? Qu'est-ce que vous en avez fait ? »

Rester dans cette salle n'était de toute manière pas une option envisageable. Tout comme il n'était pas envisageable de se jeter dans les méandres du Dominion avec pour seule baguette, celle volée au gardien. Sans quitter des yeux le gardien, à l'affût de ses réaction, elle s'adresse aux deux autres champions : « Je pense qu'il vaut mieux commencer par la porte de bronze. Nous aurons besoin de nos baguettes. » Sur ce, elle fini par se détourner de l'homme dans sa cellule pour rejoindre la porte de bronze avec les autres champions.

Sans rien pour pouvoir guider leur décision, le groupe décide arbitrairement de continuer tout droit.

Le réaction de Jonas n'a pas échappé à Elina. Aussi choisit-elle de laisser à Marie le soin de répondre à l'homme qui détient sa baguette tandis qu'elle chuchote à l'attention de Jonas : « Tu as l'air de le connaître. Qui est-ce ? ».

“ Je vois... ”

L'homme baissa ses yeux d'ambre sur la fameuse baguette de sureau. Il pencha ensuite sa tête sur le côté, comme s'il cherchait à l'observer d'un angle nouveau. Un sourire amusé fendit ses lèvres et un éclair illumina son regard envoûteur.

“ ... dans ce cas, n'y vois rien de personnel mais j'ai besoin de la récupérer, conclut-il en même temps qu'il dégainait une autre baguette. Avada Kedavra ! ”

Un éclat vert aveugla les champions puis se fut le silence. Un silence assourdissant.


Cette voix... Arseni s'arrêta au beau milieu de l'escalier pour tendre l'oreille. Un doute lui empoigna le cœur et le fit frisonner de la tête aux pieds. Il était persuadé de l'avoir déjà entendue quelque part sans pour autant réussir à capter le moment voulu dans le fouillis de sa mémoire. Il chercha, comme on cherche un trésor perdu, puis il se laissa porter par ses jambes jusqu'au palier supérieur. C'est là que se trouvaient les champions du tournoi des Trois Sorciers et un individu tout de noir vêtu captivé par la baguette qu'il tenait dans sa main.

Arseni n'accorda que peu d'importance aux champions car quelque chose en lui venait irrémédiablement de se briser. Il eut la sensation de se tenir au bord d'un précipice, à deux doigts d'une chute mortelle. Son coeur tambourina contre sa poitrine. Ses mâchoires se contractèrent sous la pression de ses dents. Même son regard, d'ordinaire si brillant, s'était éteint. Un mélange de haine et de désolation inonda ses veines, contaminant tout son corps. Ses muscles se raidirent. Ses doigts se crispèrent sur sa baguette, leurs jointures virant au blanc. Rien n'était assez fort pour qualifier la douleur qui traversa sa poitrine et le chagrin qui frappa son cœur à la vue de ce frère autrefois aimé, idolâtré, puis détesté, et il le croyait encore un instant plus tôt, tué. Stanislav ne le vit pas lorsqu'il releva la tête, mais Arseni saisit dans son regard la même volonté d’ôter la vie qu'il avait saisie seize ans plus tôt.

“ ... dans ce cas, n'y vois rien de personnel mais j'ai besoin de la récupérer, déclara Stanislav à l'attention de la championne de Beauxbâtons. Avada Kedavra ! ”

“ PROTEGO MAXIMA ! S'écria Arseni. ”

Le sortilège de la mort fit exploser la bulle protectrice mais n'atteignit jamais sa cible. La surprise précéda l'amusement pour Stanislav qui s'offrit même le luxe de rire avec une incroyable retenue.

“ Petit frère ! Je vois que tu as appris à cacher ton aura maléfique. Quelle joie ! ”

Sa baguette serrée dans son poing, la rage au ventre, Arseni s'avança entre les championnes de Poudlard et de Beauxbâtons.

“ Tu aurais du mourir il y a seize ans, Stan. Venir ici était une mauvaise idée. ”

Le long de la manche gauche du ministre de la Magie, un dégagement de fumée noire se manifesta, rongeant morceau par morceau chaque parcelle de tissu. Le bras d'Arseni finit par se révéler à l'air libre, noir, noir comme le plus noir des charbons. Stanislav laissa éclater un rire emplie de démence.

“ Quelle beauté ! Par Grindelwald, te voilà plus sombre que la plus sombre de mes pensées, petit frère ! ”

Au comble de la colère, Arseni ôta sa capuche et leva sa baguette. Son visage à moitié rongé par des racines noires flirtant avec son œil gauche suscita l'hilarité de Stanislav qui leva à son tour sa baguette en veillant à bien garder la baguette de sureau hors de portée.

“ Il ne restera bientôt plus de toi que ta noirceur, déclara Stanislav. Et le souvenir de ton énième défaite. ”

Deux souffles magiques d'une incroyable intensité s'entrechoquèrent, griffant les murs de leur étreinte fourchue. Le souffle coupé, les champions se retrouvèrent écrasés contre le mur par la puissance colossale de ces deux courants.

Le chaos était né.