Sans comprendre le comportement atypique qu'adoptait son chef de chœur, Éli le suivit du regard avec grande attention. Quel message essayait-il de leur transmettre ? Y en avait il un ? Elle finit par en venir à la conclusion qu'il n'y en avait peut-être pas après tout.

Approchant doucement du rebord, la Poufsouffle observa le contrebas avec une légère appréhension du vide. Meme si elle voulait bien faire, et meme si toute la beauté de la nature présente sous ses pieds contrebalancée un peu avec sa sensation de perdre pieds à la vue de ce paysage, la jeune fille ne pouvait ignorer son vertige plus longtemps . Alors, lorsque le Chef de chœur débuta ce qui semblait être une répétition pour les oiseaux et végétaux en tout genre, leur demandant de tendre l'oreille, Éli ne se fit pas prier pour reculer un peu.

À quoi bon se pencher pour regarder si le but était d'écouter ? Capter les sons de la nature était bien plus simple pour elle les yeux clos. La jeune fille s'autorisa donc à suivre l'exemple du Maestro, et se laissa aller dans une rêverie aveugle. A distance du bord, elle lâcha prise quelques secondes, balayant ses questionnements sur le pourquoi de cette escapade, en laissant juste les sensations du moment présent la parcourir.

Charlotte pouffa en entendant la réponse de la troisième année. Cela promettait d'être marrant. Il faudrait définitivement qu'elle raconte toute cette séance à Deryn quand elle reviendrait. Elle laissa Elisabeth répondre à Miles et écouta ce que leur mystérieux maitre leur expliqua... Enfin... Expliquer étant un grand mot.

Elle inspira pour en sentant le soleil sur son visage. Cela leur permettrait d'ouvrir parfaitement leurs bronches... C'était pas mal le soleil et l'air finalement. Cela permettrait de mieux respirer. Elle suivit le regard du Maestro. Il était vraiment perché des fois. Il n'y avait pas grand chose dans le ciel en cet instant...

Elle essaya ensuite d'écouter ce que les animaux et les créatures chantaient. Elle n'avait aucune idée de ce que voulait dire le Maestro mais elle demanda après un instant d'écoute à l'intention de l'homme le plus grand.

- Vous voulez qu'on chante comme les insectes ? J'suis pas sûre d'en être capable.

Elle se gratta légèrement la tête.

Rejoignant le 4e étage en sifflotant un des airs qu'on avait répété pendant l'année, je pousse mes mains dans mes poches, notant le curieux attroupement devant la porte de la salle.

Si je n'ai pas de réaction en entendant parler de devoirs - c'est normal de s'entrainer quand même - un sourire s'étends sur mes lèvres face à l'incongru Maestro.

Enfin jusqu'à ce que je comprenne qu'on ne va même pas franchir la porte aujourd'hui. Et Andrea alors ?

Moi espérait profiter de l'occasion pour lui dire au revoir, c'est raté. Bon, c'est pas grave, j'irais la voir dans son terrarium, elle comprendra.

Suivant le groupe dans son escapade pour le moins énigmatique, j'observe le Maestro avec attention. Comme d'habitude, il est insondable, et je commence à être un peu trop habitué à ses bizzareries.

Ca ne m'empêche pas de prendre la parole derrière Charlotte, sans trop y réfléchir.

- C'est pour mieux comprendre les crapauds ? Vu qu'ils mangent des insectes, nan ?

Ou alors... Une illumination me parvient.

- Ah non, je sais ! Vous allez nous faire chanter dans une autre langue ? Une langue magique ?

Mes yeux brillent à cette idée, même si les langues c'est pas vraiment mon point fort. Je suis bien des cours de centaure pour quelque chose.

Navré pour l'incruste tardive !

Le chef de choeur ne répondit à aucune question et se contenta de proposer aux membres de s'approcher. Soudain, alors qu'il agitait sa main, des sons se firent entendre. Etait-ce des insectes qui chantaient ? Par réflexe, la rouquine recula de quelques pas tout en croisant les bras. Pourquoi ce devait toujours être des animaux et insectes répugnants qui chantent ? Pourquoi pas des oiseaux ? Et puis, ce n'était pas pour être méchante mais le bourdonnement d'insectes, ce n'était pas ce qui était le plus agréable à écouter.

— On va pas manger des insectes pour mieux comprendre les crapauds quand même, répliqua Cheryl en écho à la remarque d'Elijah.

Sur le chemin, Mister Tripplehorn répondit à la question qu'ils se posaient tous sur le devoir qu'il allait leur donner. Seulement une chanson à apprendre ? Ce ne serait pas très différent de d'habitude en somme. Mais pourquoi faisait-il autant de mystère ? Il faudrait la connaître sur le bout des doigts. Peut-être devraient-ils la chanter en public ?

À sa question sur le retour du soleil, Dakota acquiesça avec enthousiasme. Oui, ça lui avait manqué. Arrivés au pont couvert, il les invita à se pencher au-dessus du rebord. Dakota ne voyait rien de particulier, si ce n'est un beau ciel bleu. Il leur demanda de tendre l'oreille. Les sons de la nature étaient très agréables et le chef de chœur semblait les diriger lentement de la main.

Elle tendit l'oreille, fermant les yeux pour mieux percevoir les sons qui l'entouraient. Les autres mentionnèrent surtout les insectes et proposèrent toutes sortes de théories. Mais la Gryffonne sentait que c'était un tout, comme une ambiance de renouveau. « Est-ce que c'est le retour du printemps que vous cherchez à nous faire entendre ? »

Lily écouta ce que le Maestro leur demandait d'écouter. Tout en observant la magnifique nature en contrebas, elle entendit le murmure du vent qui fait bruisser les branches des chênes et des pins, elle laissa parvenir à elle les remous de l'eau troublée par cette même brise, elle tendit l'oreille aux bourdonnements des insectes qui vivaient dans le coin. Cette douce symphonie offerte par Dame Nature l'apaisait, et elle ferma les yeux pour mieux écouter. Mais l'image de ce beau paysage, annonçant le retour progressif de l'été, resta gravé sur ses paupières.

C'est magnifique... dit la gryffonne dans un souffle. On croirait pas qu'y'a autant de sons ici, si on se tait.

Elle en oublia presque de se poser des questions sur la raison de leur venue ici. Elle se sentait bien.

Certains disciples avaient compris, d'autres arrivaient doucement à comprendre. Le Maestro rouvrit les yeux. Il s'adossa contre le rebord, baissant un peu la voix comme pour laisser la symphonie des oiseaux, des insectes et du ressac rythmer leurs échanges : « Un sorcier a réuni ici son chœur, il y a bien des années. Il a dit à ses apprentis : Vous êtes des artistes. Un sourire circonscrit était apparu sur son visage : Mes enfants, vous êtes des artistes. Vous ne vendez pas de livres. Vous ne jouez pas tous les soirs dans des pièces théâtrales. Mais tout ceci ne fait pas d'un sorcier un artiste... Il accompagna ce fait d'un geste de négation. Quand vous prêtez attention aux choses... Quand vous vous souvenez... Quand vous filtrez ce que vous voyez pour y donner une réponse... C'est ça, l'essence d'un artiste. » Il se décolla un peu du rebord, droit. « Vous n'apprendrez pas la chanson avec moi. Pendant la pause, je veux que vous vous isoliez avec elle. Votre filtre. C'est important de le trouver. » Il se retourna pour contempler le paysage. Ce serait l'une des rares fois qu'il ferait appel à leur âme au détriment de l'unique façon de faire. « Cette infinie beauté que d'autres ignorent, il faudra la trouver avant Beltaine », informa-t-il. ➺ Waaah je vous prie de m'excuser pour ce retard. ➺ La prochaine avancée (officielle) aura lieu dans une semaine ! Ceux qui n'ont pas encore posté le peuvent jusqu'à la fin de la péripétie - en considérant que leur personnage était présent depuis le début. (C'est possible que le Maestro réagisse avant l'avancée en attendant)

Les paroles du Maestro étaient bien mystérieuses, poétiques et énigmatiques. Il avait l'air d'appartenir à une autre monde en cet instant. Dakota chuchota son incompréhension à l'oreille de Cheryl. « Tu comprends quelque chose toi ? »

Elle finit par tirer quelques informations des propos de Mister Tripplehorn. Il n'allait pas leur faire répéter la chanson comme d'habitude, ils devraient en prendre connaissance tous seuls, pour ressentir la musique en quelques sortes. Et ceci avant Beltaine. Dakota se demanda ce qui allait bien pouvoir se passer et ne manqua pas d'interroger son professeur. « Il y a un évènement prévu pour Beltaine ? C'est à ce moment-là qu'on chantera la chanson ? »

@Cheryl Styles

Alors que tous les membres se questionnaient à propos des insectes, le chef de choeur se mit à enchainer des mots qui entraient dans l'oreille de Cheryl et qui ressortaient par l'autre. Quel était ce baragouin ? Il s'était lancé dans un monologue concernant les artistes et avait laissé la troisième année sans-voix. Cette dernière le regarda tout en fronçant les sourcils, totalement perdue. Quelle mouche l'avait piquée ? D'ailleurs, ce n'étais pas la seule à ne rien comprendre puisque même Dakota laissa exprimer son incompréhension.

— Rien. Du. Tout, répondit la verte et argent en ne quittant pas des yeux le Maestro. En résumé ? demanda-t-elle au professeur en croisant les bras.

Les yeux ne pouvant se détacher du chef de cœur, qui semblait, peut-être pour la première fois, vrai. Là, avec ces paroles, il ressemblait à quelqu'un. Je saurais pas dire qui, ou même pourquoi. L'atmosphère était chargée et légère à la fois.

Hochant doucement la tête, je bois ses paroles. Je crois que c'est ça, la réponse à cette question qu'on se pose souvent, avec papa. C'est quoi l'art, c'est quoi un artiste. Qu'est-ce qui distingue une peinture d'enfant d'une œuvre d'art ? Qu'est ce qui fait que bidule est un artiste et pas machin ?

Enfin, je n'ai pas de mal à comprendre ce qu'il cherche à nous expliquer, mais je sais que l'application des consignes sera pas simple. Créer tout seuls ce qu'on va faire de cette chanson, c'est pas facile.

Je reste silencieux, le regard perdu dans le vide, dans mes pensées.