Inscription
Connexion

10 avr. 2020, 17:10
 Claxton  La rose en (é)moi  RP++ 
Le garçon assistait impuissant au départ de son père du manoir familial. Tout son être était parcouru de tremblements incontrôlables à cause d'un mélange d'émotions qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'expérimenter. Son dos était voûté, ses bras étaient à la fois crispés et tendus et sa respiration était si saccadée qu'on pouvait sérieusement se demander si il n'était pas en train de faire une crise d'asthme.

Ce n'est que lorsqu'une main apaisante vint se poser sur son épaule que Clément réussit à ralentir le rythme effréné de sa respiration. Il ne releva pas la tête pour savoir qui venait essayer de le calmer - il le savait déjà, peu de personnes de sa famille étaient capables de montrer pareils gestes d'affection. Aidan. Peu à peu, il reprit une respiration normale et sécha les quelques larmes qui avaient perlées le long de ses joues avec la manche de son costume.

—  « Ça va aller, champion, ça va aller. » lui murmura son oncle à l'oreille en tapotant l'arrière de son dos avec sa main. « Tout va bien se passer, ton père n'a pas besoin d'être là. »

Les parole de son oncle résonnèrent dans sa tête pendant plusieurs secondes mais l'enfant les ignora. Plus il se calmait et plus il se rendait compte de la scène qu'il venait de faire. Des morceaux de verres jonchaient de part et d'autres le sol du hall d'entrée et les vitrines qui ornaient la salle étaient saccagées - plus aucun trophée ou bibelot n'était en place. Mais parmi tout ça, ce n'était pas le pire. La double porte en chêne du grand salon était ouverte sur ses deux battants et une foule d'adultes avaient les yeux rivés sur lui. Tous arboraient un regard à la fois sévère et mécontent. Nombre d'entre eux avaient le même tic que Clément lorsqu'il voyait quelque chose qu'il répugnait : leurs lèvres étaient pincées.

La panique s'empara alors de l'enfant. Après toutes les leçons qu'il avait suivi ces dernières semaines, il n'était même pas encore rentré dans la même salle que les sorciers et sorcières de sa famille qu'il avait déjà fait un acte regrettable, un acte qui lui serait préjudiciable et dont on lui tiendrait rigueur pendant longtemps. À cet instant, il ne pouvait que faire ce qu'on lui avait toujours appris : marcher sur les autres avant de se faire marche dessus. Les quelques mots que son oncle avait prononcé pour l'apaiser refirent surface : il savait. Il savait. Forcément. Lorsqu'il était venu dans sa chambre une demi-heure plus tôt, Aidan savait forcément les intentions de son frère. Était-ce d'ailleurs la raison pour laquelle il avait voulu discuter avec Clément au lieu de se changer dans la chambre qui lui était allouée ? Une expression emplie de haine s'afficha sur le visage du garçon lorsqu'il prit conscience du tour que son oncle lui avait joué. Comment, lui, le seul adulte en qui il avait confiance, avait-il pu lui faire ça ?

—  « Vous le saviez, oncle Aidan. Vous le saviez quand vous êtes venu me voir. Je ne pourrais jamais vous le pardonner. » lui dit l'enfant avec une voix pleine de reproche.

Il l'avait vouvoyé - alors qu'aussi loin il pouvait se rappeler, il l'avait toujours tutoyé - puisqu'il voulait le blesser autant que lui avait été blessé. Le garçon ne put s'empêcher d'esquisser un sourire mauvais en apercevant que son message avait eu l'impact souhaité : son oncle avait une mine déconfite. Cet odieux sourire disparut rapidement, laissant place à un regard plein de colère. Ce n'était pas le moment de perdre la face, il l'avait suffisamment perdue comme ça.

Aidan commença à bafouiller des excuses - il paraissait sincèrement désolé, il n'avait guère eu le choix et son neveu ne pouvait pas comprendre pour l'instant - jusqu'à ce que Clément lève son index et lui dise d'une manière aussi impétueuse que ses presque-huit ans lui permettait.

—  « Ce n'est pas le moment des excuses. Nous nous expliquerons plus tard, mon oncle. »

Le garçon épousseta les quelques poussières qui avaient fini par se poser sur sa veste de costume, puis se mit à avancer en direction du grand salon, arborant un air bien plus grave et impénétrable que ce qu'il n'avait jamais pu arborer.
Dernière modification par Clément Downing le 17 août 2020, 18:45, modifié 4 fois.

Clément Downing | 3ème année
"Le succès ne s'explique pas, l'échec ne s'excuse pas." N. Bonaparte

16 août 2020, 13:50
 Claxton  La rose en (é)moi  RP++ 
La tête haute, le visage fermé et les poings serrés, Clément entra dans le grand salon de la demeure rempli de membres de sa famille. Pourtant, il n'y avait que très peu de visage familier dans cette salle, la plupart des sorciers et sorcières présents lui étaient bien inconnus. Seules les faces dures de ses grand-parents, de sa mère et de ses oncles et tantes contrastaient dans ce funeste spectacle. Leurs yeux pleins de reproches faisaient savoir à l'enfant qu'ils n'appréciaient pas la scène qu'il venait de faire dans le hall et qu'il se devait de ne plus faire d'autres impairs.

Préférant ignorer ces accusateurs, Clément avança d'un pas léger, les mains croisées devant son abdomen, vers l'extrémité de la salle où un immense fauteuil singulier avait été installée pour l'occasion. Sur le chemin, il passa au centre de la pièce et effleura du bout de ses doigts le verre de la cloche qui emprisonnait le symbole de la famille : une rose rouge qui flottait et girait sur elle-même. Tout comme lui, la rose était prisonnière de son environnement et ne pouvait s'en défaire. À cet instant, il aurait voulu soulever la cloche pour l'aider à s'échapper et aurait espéré qu'une personne bienveillante en face de même avec lui. Sa marche atteint enfin sa finalité lorsqu'il prit place sur le siège qui lui était réservé, posa ses deux avant-bras sur les accoudoirs et se contenta de regarder d'une expression grave devant lui sans regarder qui que ce soit.

— « Je vous souhaite la bienvenue à tous » s'exclama une voix à quelques centimètres de lui. Une seconde plus tard, une poigne ferme vint se poser sur ses épaules, celle de Charles Downing son grand-père, qui reprit : « Je vous ai réuni aujourd'hui pour l'introduction dans notre famille de Clément, mon petit-fils et l'aîné de Graham qui n'a pu se rendre disponible ce soir. »

À l'évocation du prénom de son père, le garçon serra les dents pour garder contenance et ne pas laisser ses émotions le submerger. Il n'arrivait toujours pas à croire que son père avait sciemment décidé de le laisser en un jour si important après tout ce qu'il lui avait répété depuis des semaines. Il se contenta d'adresser un sourire - hypocrite comme il savait si bien le faire, puisque c'était la seule liberté qu'on lui accordait aujourd'hui.

Pendant une heure qui sembla être une éternité, les sorciers et sorcières se présentèrent devant lui. On lui disait leurs noms, leurs lignages, leurs professions et les succès qu'ils avaient eu pour la famille, mais Clément s'en fichait. Aussitôt qu'ils tournaient les talons, il oubliait ce qu'on venait de lui dire car son esprit était ailleurs. Il ne pouvait que ruminer contre son père et contre les méfaits que son absence causait.

Une fois les présentations finies, le moment crucial de l'assemblée arriva. Le jeune garçon se leva sans dire un mot et avança lentement jusqu'au centre de la pièce sans regarder autour de lui avant de s'arrêter à quelques centimètres du socle en bois portant la cloche en verre. Il souleva délicatement la cloche en apposant ses deux mains de part et d'autres de celle-ci et la déposa sur un coussin qu'un serviteur lui présentait à ses côtés. Dès lors que la rose fut privée de sa prison, elle arrêta de se mouvoir pour rester suspendue dans les airs. Une expression hagard s'afficha sur le visage de l'enfant. La rose était certes belle mais elle ne semblait pouvoir vivre sans les liens qui la retenaient. *Foutue magie, foutue magie*, pensa-t-il. Il s'éclaircit la voix, chercha une dernière fois un soutien dans l'assemblée mais il ne trouva aucun réconfort. Il dit alors d'une voix calme et dénuée d'émotions :

— « Klimis. » Dès le premier prénom prononcé, une étrange sensation s'empara de Clément. « Ether, Daphnis... Gawayn, Morys ... » La boule qu'il avait au ventre semblait s'intensifier, que lui arrivait-il ? « Denston, Symond, Waryn, Emrys, Filbert ... » Il dut s'arrêter un instant pour reprendre sa respiration qui devenait bien trop haletante. « Perceval, Edgar, Antioche ... Aleyn, Hugh, Jeffrey, Charles, Graham... » L'enfant prit une longue pause avant de dire : « Clément. »

À peine eut-il fini le sermon que l'ensemble des émotions accumulées au cours de la journée prirent le dessus. L'instant d'après, plus rien. Les jambes de Downing le lâchèrent et il fut entrainer dans les limbes de son esprit.

Index
Dernière modification par Clément Downing le 16 août 2020, 20:39, modifié 1 fois.

Clément Downing | 3ème année
"Le succès ne s'explique pas, l'échec ne s'excuse pas." N. Bonaparte

16 août 2020, 17:34
 Claxton  La rose en (é)moi  RP++ 
TEXTE PRÉCÉDENT:
Une découverte terrifiante

CHAPITRE 2 - LE GOÛT DU MENSONGE

30 juin 2043


Image
Clarisse Downing ~ Potionniste
49 ans


Les vacances d'été étaient enfin arrivées et sonnaient le glas de la première année d'étude de Clément Downing à Poudlard. Il avait quitté quelques jours plus tôt le château en empruntant le Poudlard Express avec ses amis jusqu'à la gare King Cross. Là-bas, il avait été accueilli par sa mère, Clarisse Downing, qui n'était toujours pas au courant que son subterfuge avait été mis à mal. Ne voulant pas lui mettre la puce à l'oreille, le garçon l'avait poliment salué mais n'avait pas fait preuve de la moindre expression de joie de la retrouver. Après tout, il était un Downing, et tout Downing qui se respectait ne se versait pas en effusion de sentiments. Sa mère l'avait fait transplaner en escorte avec lui, et dès lors que ses pieds avaient foulé le sol si connu de la propriété de Claxton, il avait tout fait pour l'éviter.

Il n'était pas difficile pour le Gryffondor d'inventer des excuses pour ne pas se présenter aux repas de famille. Il avait tant à faire pour poursuivre ses études et accomplir les nombreux devoirs que ses professeurs lui avaient donnés pendant les vacances - car si il voulait partir en août dans le sud de la France et rejoindre ses cousins maternels, le travail scolaire devait être terminé. Lassée de n'avoir encore moins de nouvelles de son fils que lorsqu'il était à l'école de sorcellerie, Clarisse avait par la suite insisté pour que son aîné assiste au dîner en compagnie de ses grand-parents, de son frère, et d'elle. Après avoir inventé des excuses à maintes reprises, il dut céder à sa requête au bout de quelques jours.

Le soir venu, Clément descendit une à une les marches en bois usées par le temps du grand escalier et rejoint la salle du repas sans dire le moindre mot et en ne saluant que brièvement les convives. Si sa mère le forçait à participer à cette mascarade, il ne lui donnerait pas le plaisir de la conversation. Pendant tout le repas, et ce jusqu'au dessert, le garçon se plongea dans un silence de mort, se contentant de manger avec l'élégance qui le caractérisait son dîner. Ce n'est que lorsque les domestiques apportèrent les pâtisseries sur la table - une tarte à la mélasse et une autre au pomme avec de la crème fouettée - que Clarisse Downing décida de prendre la parole et de crever l'abcès.

— « Eh bien Clément, c'est tout ce que vous avez à dire à Grand-Père et Grand-Mère après avoir passé un an si loin de nous ? » dit-elle d'une voix qui essayait d'être le plus apaisée possible mais qui trahissait son irritation.

Le garçon leva les yeux de son assiette et regarda à tour de rôle ses grand-parents. Ils ne méritaient pas de recevoir la colère qu'il nourrissait secrètement pour sa mère. Ou du moins, à la condition qu'ils n'étaient pas au courant des méfaits de leur belle-fille. Il posa doucement la fourchette qui était plongée dans une portion de tarte à la mélasse sur le coin de l'assiette. Jouant avec le silence qui venait de s'installer - il s'essuya le coin de la bouche avec une serviette blanche en toile, il finit par s'éclaircir la voix et répondit :

— « Oh... Vous savez, rien de bien passionnant. Vous avez tous les deux bien connus le château. » Il jeta un regard en coin à sa mère assise de l'autre côté de la table, qui elle, avait fait ses études à Beauxbâtons. « La routine. Les cours, les révisions, les cours. »

Et il se tut, laissant le silence de nouveau s'installer entre lui et le reste de sa famille proche. Un sourire fier apparut sur son visage tandis qu'il reprenait sa fourchette en main et se délectait d'une nouvelle bouchée de tarte à la mélasse. Si ses grand-parents semblèrent satisfaits de la réponse qu'il avait donné - ils ne s'étaient jamais plongé dans de longues discussions banales, préférant parler de sujets beaucoup plus sérieux -, sa mère quant à elle s'irrita davantage et l'impatience se lisait sur son visage.

— « C'est bien tout ce que vous avez à dire sur votre vie au château ? Vous avez eu de bonnes notes ? Les cours là-bas vous plaisent ? Vous ne vous êtes pas fait des amis ? Il a dû s'en passer des choses en un an, je vous serais grée d'avoir plus de conversation jeune homme. »
Dernière modification par Clément Downing le 16 août 2020, 20:51, modifié 2 fois.

Clément Downing | 3ème année
"Le succès ne s'explique pas, l'échec ne s'excuse pas." N. Bonaparte

16 août 2020, 19:00
 Claxton  La rose en (é)moi  RP++ 
Cette fois-ci, le garçon lâcha la fourchette qu'il était en train d'utiliser pour découper une autre part de tarte à la mélasse. Il jeta un regard plein de colère à sa mère. La rage qu'il avait su maitriser depuis le début des vacances bouillonnait en lui et menaçait de se déverser à tout instant. Ne pouvant pas se permettre de faire une scène en plein repas entouré de ses grand-parents, Clément ne dit pas le moindre mot et récupéra sa fourchette afin de continuer son repas. Un nouveau froid venait d'être jeté sur la table mais l'enfant ne voulait pas y remédier. Il ignorait une fois de plus sa mère, préférant ne pas rentrer en conflit ouvert.

— « Je vous ai posé une question, Clément Martin Downing » vint le déranger sèchement la voix de Clarisse.

Le garçon ne pouvait guère longtemps échapper à cette discussion bien que l'envie de s'y soustraire était importante. Après avoir pris une longue respiration sans la regarder dans les yeux, respiration par laquelle il montra toute son exaspération, le Gryffondor finit par répondre :

— « J'ai travaillé sérieusement toute l'année, à la fois durant les cours et en dehors, afin de m'assurer d'avoir les meilleurs résultats possibles. Je me complais dans le travail à Poudlard, c'est un lieu riche pour quiconque recherche la connaissance et est suffisamment motivé pour s'en saisir » commença-t-il à dire d'une voix neutre et dénuée de passions. « Le château abrite de nombreux esprits dignes d'attention, je me suis fait des amis tous différents les uns que les autres, puisque la diversité de moyens est une richesse comme on me l'a souvent répété. »

Il était lancé dans une longue explication que rien ne semblait pouvoir arrêter. Des sourires satisfaits s'affichèrent sur chacun des visages des convives à la table en voyant que le garçon s'ouvrait enfin. Même Clément en avait un, mais le sien cachait des intentions bien différentes de celles des adultes.

— « J'apprends enfin à devenir un vrai sorcier grâce à l'appui de mes enseignants. Je nourris une grande ambition sur mon avenir, et je me languis déjà de mon retour au château pour en apprendre davantage. Au moins là-bas, on ne me... » Son regard délaisse son grand-père pour se tourner vers sa mère en affichant un sourire : « mens pas. Peut-être pourriez-vous expliquez, Mère, à mes chers Grand-Père et Grand-Mère que vous avez eu la très bonne... non, plutôt la brillante idée de m'envoyer des courriers depuis Noël en vous faisant passer pour Père ? »

Un sourire mêlant satisfaction et haine parcourait le visage du jeune Clément. Tout son corps était tendu, de ses mains à ses jambes, puisqu'il n'avait que très peu l'habitude à cause de son jeune âge de se prêter à une telle confrontation. Son corps tremblait sous l'excitation d'avoir mis en défaut sa mère devant le reste de sa famille proche. Pendant plusieurs secondes, il regarda à tour de rôle chacune des personne assises à la table - ignorant néanmoins son petit frère Andrew car il ne l'intéressait guère en ce moment -, guettant la moindre de leurs expressions faciales.

Il s'était attendu à ce que ces deux grand-parents soient choqués d'apprendre la nouvelle et lancent des regards interrogateurs à sa mère mais ce n'était pas le cas. Ils reçurent la nouvelle comme si ils étaient au courant depuis longtemps. Seule la réaction de sa mère fut celle qu'il attendait : la bouche ouverte comme si elle avait été frappée en pleine poitrine. Elle était bien incapable de trouver les moindres mots pour lui répondre ce qui était peu habituel chez elle. Délaissant complètement la réaction de sa mère, Clément jeta un regard courroucé à son Grand-Père et lui demanda d'une voix sèche :

— « Étiez-vous au courant de sa perfidie ? »

Un simple acquiescement de la tête venant de Charles Downing vint confirmer ses doutes. Il le savait. Il avait accepté les manigances de sa mère, sans broncher. Lui, la personne qu'il avait érigé durant toute sa courte vie en modèle de droiture.
Dernière modification par Clément Downing le 16 août 2020, 20:38, modifié 1 fois.

Clément Downing | 3ème année
"Le succès ne s'explique pas, l'échec ne s'excuse pas." N. Bonaparte

16 août 2020, 20:38
 Claxton  La rose en (é)moi  RP++ 
Il paraissait évident que son Grand-Père n'allait pas tarder à prendre la parole pour le sermonner. Avant de lui laisser la possibilité de parler et par la même lui retirer son désir de confrontation, il fallait qu'il attaque. Sa colère traversait tout son corps et il ne pouvait plus trouver la moindre once de calme en lui pour le raisonner. Le Gryffondor, porté par l'impulsivité qui était sienne, se redressa de table sans faire attention à ce qu'il y avait à sa portée et s'énerva en regardant tous les adultes :

— « Alors, vous étiez-tous au courant de cette mascarade ? » Son attention se porta de nouveau sur sa mère : « Qu'a-t-il pu vous passer par la tête pour que vous ayez l'outrecuidance à penser que me mentir serait une bonne chose ? Je ne suis plus un enfant, Mère. Vous vous en êtes assuré avec Père il y a plusieurs années déjà. »

D'un geste rageur, il jeta la serviette en soie qui était restée dans sa main droite sur la table. Son attitude, bien qu'il la voulait sérieuse et profonde, n'était que le pâle reflet de son âge. Excessive, impulsive, colérique. Bien incapable de se contrôler, il se tut pendant plusieurs secondes en foudroyant sa mère du regard. Clément ne pouvait plus retenir les larmes qui commençaient à irriter ses yeux. Ses yeux commencèrent à s'embuer, alors avant de perdre le peu de contrôle qu'il lui restait, il acheva :

— « Je vivais très bien depuis quatre ans sans sa présence, sans recevoir le moindre mot de lui. Vos actions m'avaient redonné espoir, espoir qu'il s'intéressait encore à son fils aîné, plus qu'à son travail décharné. Mais ce n'était qu'un subterfuge, un mensonge éhonté qui avait pour but de me mener en bateau » pestiféra-t-il entre ses dents. « Pensiez-vous vraiment pouvoir tenir cette mascarade longtemps ? Vous pensiez vraiment que j'allais vous acclamer pour avoir agi de la sorte, pour m'avoir pris pour un faible qui a besoin de la présence, même épistolaire, de son père ? »

Si ses yeux avaient été capable de jeter des éclairs, Clarisse Downing aurait sans doute été foudroyée sur place. Sans se dépêcher, l'enfant contourna la table sous le regard incrédule des trois adultes qui ne savaient plus quoi dire. En temps normal, ils auraient immédiatement sermonné Clément pour avoir ainsi parlé à sa mère, mais force était de constater qu'ils étaient tous les trois en porte à faux. Une fois au niveau de la porte, il jeta un dernier regard en arrière et dit d'une voix sèche qui avait retrouvé son calme habituel :

— « Je ne peux vous pardonner une telle farce. Ce que vous avez fait est... inacceptable. »

Quelques secondes plus tard, la porte de la salle du repas claquait et un profond silence s'installa.


Dans les jours qui suivirent, le garçon s'enferma dans sa chambre sans vouloir y recevoir qui que ce soit. Les domestiques apportèrent à manger sur des plateaux repas, plateaux tellement plus garnis qu'à l'accoutumée que Clément soupçonnait sa mère d'essayer de l'apaiser de la sorte. Au matin du 3ème jour, il se rendit dans le hall d'entrée et annonça à sa mère qu'il allait passer le reste du mois de juillet chez son oncle Aidan à Londres, le garçon ayant échangé avec lui les jours précédents pour obtenir son accord. Sa mère tenta bien de lui l'interdire, mais la froide et implacable logique de son fils lui fit comprendre qu'elle n'avait guère le choix si elle escomptait être pardonnée un jour.

Le soir-même, son oncle était venu à la propriété le chercher. Il n'avait pas cherché à comprendre ce qu'il s'était passé, jugeant que l'enfant s'ouvrirait bien à lui le moment venu. Aidan passa plusieurs dizaines de minutes à discuter avec son père avant de retrouver Clément et de transplaner avec lui dans sa maison de la capitale. C'est dans cette maison que le Gryffondor passa le reste du mois de juillet, loin du reste de sa famille, et put profiter de l'ambiance de la capitale et du Chemin de Traverse.


TEXTES SUIVANTS :
Correspondances estivales
Retrouvailles imprévues

Clément Downing | 3ème année
"Le succès ne s'explique pas, l'échec ne s'excuse pas." N. Bonaparte