Fini les examens. Enfin. Cette semaine avait été particulièrement éprouvante. La jeune fille n'avait cessé de passer son temps le nez dans ses bouquins et ses notes. Elle était plus que contente que cette épreuve soit enfin terminée. Les grandes vacances arrivaient à grand pas, et Diana n'aurait su réellement dire si elle avait hâte de revoir sa famille ou si Poudlard lui convenait. Elle s'était habituée à l'école et malgré quelques événements dans l'année, elle était bien plus satisfaite de sa deuxième année, qu'elle ne l'avait été l'an dernier. De plus, elle était fière, fière de pouvoir annoncer que durant l'année, ses résultats étaient meilleurs qu'auparavant. Passer de Acceptable à Effort Exceptionnel de moyenne, c'était quand même bien ?

   On était dimanche, et pour une fois, la jeune Serpentard avait fait la grasse matinée. Elle s'était faite une réputation de lève tôt dans son dortoir. Mais ce matin là, le stress et la pression de la semaine avait eu raison d'elle et ce fut à 10 heures qu'elle émergea. Elle s'habilla en vitesse et descendit dans la Grande Salle afin de prendre son petit déjeuner. Sous son bras étaient coincées des partitions et pas n'importe lesquelles. Il y avait une semaine de cela, son père lui avait envoyé les partitions du nouveau duo qu'il leur avait trouvé afin qu'elle les déchiffre. Le père et la fille avait en effet coutume de jouer ensembles - elle du saxophone et lui de la trompette. Elle n'avait pas encore eu le temps de commencer, prise dans ses révisions mais elle était décidée à s'y mettre. Confortablement assise sur le banc de la table de Serpentard, un toast à la main et son thé fumant à dix centimètres des feuilles volantes, elle tentait d'attribuer des sons aux petits ronds tracés dans les portées. On va pas se mentir : l'entreprise n'était pas vraiment une réussite. Néanmoins, si il y avait bien quelque chose qu'elle avait compris, c'était le rythme du morceau. Diana tapotait du bout de l'ongle la table, respectant croches, triolets et blanches. Elle en était sûre, dès lors qu’elle aurait son saxo en main, la partition passerait comme une lettre à la poste !

Des papillons dans le ventre, Edna Gringot ouvre les yeux. Son deuxième cerveau parle pour elle : c'est bientôt les vacances. Et pas n'importe lesquelles : celles où les journées sont longues, où l'on à le droit de manger des chips tous les soirs, celles où l'on oublie quel jour nous sommes. Bref, les Grandes Vacances. Certaines personnes ne vivent que pour ces deux mois là. Et peut-être qu'une part d'Edna les attendait toute l'année.

Mais le meilleur moment, c'est bien celui-ci : les vacances approchent à grands pas et l'on peut encore se projeter dans le temps. Rien n'a commencé et tout le champ des possibles est encore accessible.

Il est 10h00, elle se lève d'un bond alors que ses camarades de chambres sont encore dans leurs lits, bien endormies. Les filles semblent avoir chaud : elles ne portent plus que la moitié de leur pyjama et leurs couvertures sont par terre. Dans la semi-pénombre, Edna s'habille en essayant de faire le moins de bruit possible. C'est raté, son ventre décide de lui annoncer l'heure du petit-déjeuner. L'une de ses camarades l'entend, elle émet alors un grognement qui semble être venu de l'haut delà et se rendort sitôt dans une autre position.

***

Ce dimanche, son programme était tout vu : elle allait prendre son temps dans la Grande Salle le temps que ses collèges de chambre se réveillent. Tout en déjeunant, elle allait faire une liste des choses à prendre dans sa valise pour rentrer à la maison et être sûre de ne rien oublier. Si elle avait le temps, elle voulait également commencer une liste d'activités à faire cet été avec ses amis et ses parents. Il fallait bien inclure sa famille pour les activités dans la mesure où elle ne les voyait plus beaucoup et que malgré les apparences, ils lui manquent incroyablement.

Après ce petit-déjeuner copieux et ses listes faites, elle irait se laver exceptionnellement le matin et commencerait enfin à préparer ses affaires pour prendre le train et rentrer à Amersham.

***

Elle se faufile enfin en dehors du dortoir, prend les longs et frais couloirs de l'école, les escaliers et arrive dans la Grande Salle. Il n'y a pas beaucoup de monde, les quelques élèves présents sont tous éparpillés, parfois en petits groupes joyeux, parfois seuls.

A la table des Serpentard, il n'y a qu'une seule fille : une deuxième année. Elles ne se connaissent pas personnellement, mais Edna sait de qui il s'agit. Elle croise souvent Diana dans les couloirs.
Ce matin, notre jeune Gringot décide de faire des folies. Sa bonne humeur prenant le pas sur sa timidité, et elle s'approche doucement du banc en face de Diana. Celle-ci avait la tête dans une copie, mais les examens étant achevés, il semblait étrange qu'elle soit en train de réviser. Pour Edna, elle était en train de jouer... au morpion ? Elle semble tracer des ronds noirs et blancs sur une feuille.

- Salut Diana, excuse-moi, je peux me joindre à toi ? Hum, normalement, il faut faire des croix ... pas des ronds noirs ? Sauf si ici c'est différent... Je crois...

   Alors que Diana était profondément plongée dans ses pensées (et aussi dans le rythme du morceau), une fille s'assit à ses côtés. Son doigt continuait de tapoter le bois de la table. La jeune fille était au milieu de la partition lorsque la voix de la première année - qu'elle n'avait pas remarqué -, la fit sursauter :

   « Salut Diana, excuse-moi, je peux me joindre à toi ? Hum, normalement, il faut faire des croix... pas des ronds noirs ? Sauf si ici c'est différent... Je crois... »

   Diana se tourna vers elle, un demi-sourire sur les lèvres. Faire des croix ? Pas des ronds noirs ? Voulait-elle parler du morpion ? Diana s'empêcha de rire, non pas qu'elle voulait se moquer de la première année mais plutôt que sa remarque était comique. Elle la dévisagea quelques instants et dit :

   « Salut ! Comment tu t'appelles déjà ? Elle reconnaissait son visage mais n'était pas très fortiche pour mémoriser les différents prénoms. Elle se cantonnait aux deuxièmes années. En fait, ce sont des notes de musique. Tu as déjà vu une partition quand même ? »

   Ce n'était pas dit avec méchanceté mais plus par curiosité. En effet, Diana trouvait son erreur plutôt inattendue. Néanmoins, trouvant son approche plutôt sympathique et n'ayant aucune raison d'être désagréable avec elle, elle lui montra les plats débordant de mets divers et dit :

   « Tu ne manges pas ? »

   A ces mots, elle même enfourna un toast dans sa bouche et se versa un peu de thé dans sa tasse. Ses yeux se reposèrent instinctivement sur la partition et elle recommença à tapoter du bout de l'ongle, mais plus discrètement cette fois ci. Elle n'avait pas vraiment envie de passer pour un dérangée aux yeux de sa camarade.

Maisouibiensûr. Comment avait-elle pu imaginer une seule seconde que la jeune fille allait savoir qui elle était sans se présenter. Edna ne lui avait jamais parlé et elle se sentait très gênée et orgueilleuse d'avoir osé une telle approche. Elle sent alors ses petits joues roses virer au rouge vif. La Gringot se reprend aussi vite que possible et s'assoit juste en face de la demoiselle Anderson. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le banc sur lequel elle posa son corps était très froid, et le contact de celui-ci avec sa peau hérissa instantanément son poil brun.

- Ah oui, pardon. Edna, je suis en première année. Enfin, plus pour longtemps. Enfin, je l'espère...

La jeune fille face à elle continua son activité et lui expliqua que non, elle ne jouait pas mais qu'elle était sur une partition musicale. Deuxième malaise pour Edna. Diana tapotait sur la table, elle avait l'air de savoir exactement ce qu'elle faisait mais notre jeune amie ne comprenait guère l'utilité d'une telle opération. Elle se tâta quelques secondes avant de se lancer :

- Ah bon, mais si si je sais ce que c'est quand même! Et c'est quoi que tu fais là avec tes mains ? C'est de la musique ? Mais tu n'as pas d'instrument ? Normalement c'est pas avec une table si ?...


Poussée et par Diana et par la faim et même si elle n'est pas très à l'aise avec cette discussion musicale, elle se laisse tenter par les succulents mets concoctés par les petits mains des elfes de maisons de l'école. Edna voit sa camarade se servir une tasse de thé. Cela lui rappelle que dans très peu de temps elle serait de retour chez elle. Quelle joie !
Sa mère ne boit que ça, du thé. Le matin au réveil, le midi, l'après-midi et même le soir avant d'aller se coucher. Jamais elle ne boit de l'eau. Pas même après avoir fait de l'exercice physique. Edna la regarde toujours faire, préparer méticuleusement sa boisson et y mettre chaque fois une fine lichette de lait. Mais jamais elle n'avait encore aimé en boire. Elle trouve ça trop âpre et elle ne prend aucun plaisir à l'avoir dans la bouche. Elle préfère un bon verre de jus de fruit frais. Ce qu'elle décide de boire maintenant d'ailleurs. Elle se sert, et prend des gâteaux secs, des framboises, et, ô ciel ! Ô ravissement : des churros ! Il ne manquait plus que ça pour que cette journée soit parfaite. Elle adore les churros le matin, tout comme la pizza au saut du lit. Mais jamais jus-qu’avant aujourd'hui il n'y en avait eu devant ses yeux à Poudlard. Ni la pizza le matin. Sauf aujourd'hui. Miracle ou bien mirage ?