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01 févr. 2019, 19:04
Authentiques Enfants
Mi octobre 2043
Salle de bal - Poudlard
3ème année


Ma main caresse le mur. Pâle morceau de corps qui me permet de tenir debout malgré mes jambes tremblantes. Je m’appuie si fort contre la pierre que ma peau s’écrase et que mes doigts se recourbent. La respiration sifflante, je regarde, mais je ne vois rien. Ni ma main, ni la pierre. Mes yeux sont flous, le contour de mes doigts, indistinct.

Lentement, je détache mon regard pour le tourner sur ma droite. Mes yeux courent sur le mur, la pierre est infinie, toujours la même, dure et froide. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse ; ici, une porte perce la matière, mais je ne la vois pas encore. Je ne fais que la deviner mais, plus que jamais, je la sais présente.
Je vais détacher ma main du mur et avancer vers elle. *J’y vais*. Je suis persuadée d’être capable d’obéir, jusqu’à ce que je me rende compte que je n’ai toujours pas bougé. Que je suis toujours à moitié affalée contre le mur, le coeur tressautant dans la poitrine.

« Merlin, » murmuré-je, perdue.

J’ai envie de me détacher, mais ma peau frissonne tellement que j’ai peur de basculer si je m’éloigne du mur.
Non.
Non, j’ai peur de faire demi-tour et de m’enfuir en courant, de ne plus jamais mettre les pieds dans ce foutu étage. Je ne sais même pas pourquoi je suis ici. Je ne sais même pas pourquoi j’hésite à avancer, alors qu’il serait si simple de reculer.

Difficilement, je déglutis. Je passe mon autre main sur la poche de ma cape et soupire en n’y sentant pas le poids habituel de ma baguette. En quittant le dortoir, je me suis promis de ne pas la sortir du fond de mon sac ; c’est la première fois depuis longtemps que je ne la porte pas sur moi. Non, aujourd’hui elle restera cachée sous mes livres et mes affaires d’école ; cachée pour ne pas me rappeler plus que nécessaire ce qu’il s’est déroulé ici.
Mais cela n’empêche pas les souvenirs d’affluer ; je ressens des choses que je n’avais pas perçues alors. Le bruit des Autres, l’odeur de la chaleur et de ma transpiration, l’atmosphère surnaturelle, l’attraction presque naturelle qui s’échappait des trois enfants.

Je secoue violemment la tête, mes cheveux volants autour de mon visage. Je dois me débarrasser de ces souvenirs si je veux avancer.  Soudainement, je détache ma main du mur et avance de quelques pas hésitant. Mes jambes peinent à me porter et mon estomac se tord si douloureusement que je dois me faire violence pour ne pas cracher sur le sol la bile que je sens au fond de ma gorge.
*J’vais y aller !*, la force de ma pensée m’aide à avancer, un peu. Je fais trois pas tremblant vers la porte ; la sensation de la pierre froide sous mes pieds nus est étrange.
Le grand monstre de bois apparaît à l’orée de mon regard ; l’entrée de la salle de bal. C’est ainsi qu’elle se nomme, mais moi, je ne l’appelle pas comme ça. Pour moi, il n’y a ni bal, ni danse, ni musique dans cette salle. Seulement un visage inexpressif et ma voix.
Un choix.
Une décision.
Une incompréhension.
Mais surtout une erreur.

Je m’avance vers l’Erreur, terrifiée. Mon coeur bat comme un fou dans le secret de ma cage thoracique. Il chamboule tout, mon coeur. Mes doigts s’accrochent frénétiquement à la fermeture de mon sac, comme si je pouvais, du bout des ongles, arracher le tissu pour attraper ma baguette. Je ressens le besoin urgent de tenir ma Moitié entre mes mains, de sentir la douceur du bois et le crépitement de ma magie. Mais je ne peux pas, alors ma main se crispe sans ne jamais franchir le fermeture du sac.

Moi, je franchis une porte. Du bout du pied, je pousse le battant.
Ça y est.
Immense, la salle se dessine sous mes yeux.
Bien plus grande que mes souvenirs, bien plus imposante.
Je ne suis qu’une gamine dans une salle de grands, voilà ce que je ressens. Et il y huit mois, en entrant dans cette salle en conquérante, le regard vissé sur mon Chinois, j’avais l’impression d’être une grande qui prenait une décision de grande. Aujourd’hui, je me rends compte de mon erreur : je n’étais qu’une enfant qui voulait jouer avec un adulte dans un corps de gamin.

Chu-Jung Xue n’est pas un gamin.

J’avance dans la pièce. Une fois la porte derrière moi, ma main lâche naturellement le tissu de mon sac et mon épaule se relâche : la lanière glisse, frottement invisible à mon esprit affolé, et ma sacoche tombe sur le sol en un bruit sourd.
Je n’ai aucun intérêt pour elle. Ni pour le reste de la salle. Rien ne m’intéresse.
Rien sauf l’espace vide qui se trouve sous mes yeux.

Il n’y a plus rien ici. Plus de table, plus de coussin étrange, plus de murmures passionnés. Il n’y a plus d’enfant à la gueule d’étranger qui attend de me recevoir. Plus de bracelets de jade.
Il n’y a que moi.
Je suis totalement seule ici, seule avec le poids de mon coeur, seule avec ma gorge qui me brûle.

Pourquoi suis-je ainsi ? Comment puis-je être bouleversée par cette salle vide si rien d’autre ne s’y trouve si ce n’est moi ?

Je ne veux pas pleurer, je n’en ai d’ailleurs aucune envie. Il s’agit seulement de ma gorge qui me brule horriblement. *Est-ce que je regrette ?*. Quelle pensée étrange ; décalée. Mais, pour la première fois depuis mon exclusion, je laisse la pensée s’installer dans ma tête : est-ce que je regrette… quoi ? D’avoir offert ma baguette au Chinois ? D’avoir été choisie ? Ou d’avoir dit tout haut ce que je pensais tout bas ?

Paumée ; mes pensées se mélangent.
Je lève les yeux sur la plafond, puis je tourne sur moi-même, lentement. Je visualise parfaitement l’endroit où était assises l’aveugle *Charlie* et la Petite. Et, sous mes pieds, Chu-Jung.

« Chu-Jung, » murmuré-je avant de me taire, honteuse.

Sur ma langue britannique, ce nom étranger est déplacé. Je sais que je n’ai ni le droit de penser son prénom, ni celui de me l’approprier. Pourtant, je me sens lié à ce garçon avec lequel je n’ai rien vécu. Lié à un Rien ; du plus profond de ma gorge, je ricane. Je suis la seule, dans ce monde immense, à penser ce que je pense. La seule à me comprendre, la seule à me ressentir, la seule à Savoir et à saisir. Personne, ici ou ailleurs, n’est capable de comprendre mes choix et mes paroles.
Et ce Chu-Jung moins que les autres.
La rancoeur déforme mes traits.

« Chu-Jung ! » dis-je à voix haute, d’une voix trop précipitée pour me paraître naturelle.

Seul le silence me répond. Puis, tout à coup, la honte déferle dans mon corps et je rougis. *J’suis conne !*. Mon visage chauffe et je me mets à marcher comme une idiote dans la salle ; idiote — *c’que j’lui ai dit*. Merlin, repenser à cette soirée me fout en l’air ; j’ai l’impression de diminuer, diminuer jusqu’à n’être plus rien de concret. Rien d’autre qu’une petite boule honteuse sur laquelle le monde crache.

Je sautille nerveusement, seule dans la pièce, le corps brûlant de honte, les membres tressaillant de gêne. Je traverse la salle, puis je reviens à l’endroit où je m’étais tenue devant le Chinois. Mon coeur bat bien trop vite pour une chose que je n’ai pas encore faite. J’emprisonne ma lèvre entre mes dents, sautille doucement, secoue les épaules et prends une grande respiration. Puis je me penche en arrière et :

« CHU-JUNG ! » m’exclamé-je en forçant ma voix à s’élever dans les hauteurs de la salle.

Mon cri — qui n’en est pas un, à ma grande déception — me force à me pencher en avant. Quand je me redresse, je suis essoufflée et mon sentiment de honte me revient en pleine gueule ;  claque violente qui me force à courber la nuque. 

01 févr. 2019, 21:13
Authentiques Enfants
Un pas de plus dans le long couloir du quatrième étage. Dans cette journée d'Octobre. Les lèvres serrées, un gamin fredonne une musique, juste pour lui, la laissant résonner dans sa tête. Il marche pour marcher. Rien à faire, juste profiter de l'air doux et de cette feuille morte qui roule à contre sens sur les dalles du sol.
Pourquoi il fait froid ici?...
La silhouette frêle vacille, déséquilibrée par la curiosité et s'arrête. Devant une porte. Grande porte. La feuille frémit, et puis le vent l'emporte plus loin, Saul la perd du regard. Le siens est concentré sur la porte. Pourquoi faisait-il si froid?
L'air de l'automne se faisait bel et bien jour après jour de plus en plus frais mais...
Mais...
Ici plus qu'autre part. Minuscule face à la porte de cette salle inconnue, Saul leva lentement la tête, se détaillant chaque courbe de l'entrée. Un frisson lui parcouru la colonne et il s'avança, posant sa main sur le bois. Glacé. Malgré tout, il ne se retira pas. Au contraire, il s'était immobilisé, sentant l'hiver lui traverser le bras droit.
Froid.
Il renifle, les yeux perdu derrière sa main, derrière la porte. Les doigts du gel lui griffent la paume, s'infiltrent en lui, l'endorment cruellement contre son grès. Mais sa main reste là, frémissante sur le bois. Le Gryffon n'a pas le froid en tête, c'est autre chose.

- Chu-Jung !

Il a bien entendu. Il n'a rien compris mais ce n'est pas important. Sa salle inconnue n'est pas la sienne. Elle appartient déjà à quelqu'un d'autre. Et cet autre se pense seul.
Je devrais pas être là.
L'autre n'est pas seul pour rien. Il veut être seul.

- CHU-JUNG !

Le cri, si c'en est bien un, renvoie violemment Saul dans son corps. Il passe la porte, sa main, comme une balle et l'élan le propulse en arrière. Ses doigts cassent le contact du bois alors que le garçon trébuche en arrière, se rattrape, reprend son souffle.
Qui c'est?
Ça lui occupe les pensées, soudain. La surprise faisant battre son cœur se transforme rapidement en curiosité. Pressante curiosité.
Chu-Jung, il le connait. Enfin on lui en a parlé. Le prodigieux élève de l'école du Tigre venu à Poudlard l'année précédente. Mais c'est le cri qui l'interpelle, l'attire à nouveau vers la porte.
Qui c'est?

Que se serait-il passé s'il été reparti? S'il avait laissé l'autre dans la salle inconnue? Aucune idée. Mais il ne repart pas. Il repose sa main sur la porte. Le froid, il ne le sent plus. C'est plutôt comme un doux vent qui fait frissonner ses doigts. La curiosité.
Attends.
Son élan est bloqué par un doute mais c'est trop tard.

Griiiiiinc...


Et la porte s'ouvre.
En grinçant.
Le rouge monte, vite, jusqu'à ses joues et Saul se retrouve à bafouiller, accroché au battant de la grande porte.

- Ah, euh... Pa-pa-pardon... Je voulais pas, c'est juste que...

Son regard fuyant soudain se posa sur la silhouette à l'autre bout de la salle. Une fille.
Un sentiment étrange le redresse dans l'encadrement. Il la connait? Non... Mais c'est tout comme. Le Gryffon fronça les sourcils, laissant la porte se refermer derrière lui.
C'est qui?

- T'es qui?

Il ne vit que trop tard le givre qui l'encerclait.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

02 févr. 2019, 19:39
Authentiques Enfants
Les yeux rivés sur mes pieds, mon cerveau s’agite soudainement : pourquoi, pourquoi lui, pourquoi ici, pourquoi ? Mon action me paraît complètement folle et mon cri idiot. Il ne sert qu’à me poser mille questions, à me rappeler ce jour de février, la haine froide de Loewy et les yeux effrayés et effrayant des Autres.
Une vérité terrifiante s’impose à moi : cela n’a servit à rien. Chu-jung est parti — je ne peux qu’être rassuré à l’idée de ne plus jamais le revoir. La compétition est finie et je suis revenue à Poudlard. Tout est fini, maintenant ; ce cri était idiot.
Mais les Autres sont encore à là, à m’attendre, me parler, me demander, m’arracher ce que je ne sais pas. Ou ce que je sais avec trop de douleur : pourquoi suis-je ainsi ?
Et crier le nom de Celui-qui-fut-un-Idiot ne changera.
Même si, tout au fond de moi, j’ai foutrement envie de crier comme une gamine à la face de ce Chinois. Lui aussi, garde-t-il l’impression qu’il est lié à moi ? Lui aussi, m’aurait-il détesté *Tha… Non, Charlie* si nous avions participé ensemble à la compétition ?

La salle est immense sous mes yeux ; le plafond, haut ; les murs, lointain. Et moi, au milieu, je ne suis pas grand chose. Dans mon petit corps qui fait n’importe quoi et dans ma tête qui se fout de moi, je ne suis pas grand chose. Tout juste bonne à être attrapée et jetée dans une cheminée ; comme un coli que l’on revoit chez soi.
Je soupire doucement. Je les ressasse, encore et encore, ces foutues pensées, mais cela ne m’aide absolument pas à me débarrasser d’elles. Ni d’Eux ; les Autres et leur sale curiosité.

Tout à coup, dans mon dos résonne un grincement.
Rien dans cette salle ne peut grincer. Rien, sauf la porte.
Je me déplace si vite que la tête me tourne et mon coeur reste coincé quelque part derrière moi, en retard sur mon corps. Là, face à moi, la porte s’ouvre. Accrochée à elle, une silhouette à peine discernable dans l’obscurité de la salle. Incapable de bouger, ma crainte première est qu’il ait entendu mon cri. *Et alors ?*, ne puis-je m’empêcher de penser. Hein, et alors ? Il va me faire chier, comme tous les Autres, et je le dégagerais, comme tous les Autres. 

« Ah euh…, » s’élève, paresseusement, la voix de mon Visiteur.

*Garçon*, tiqué-je. Un petit gars à la voix si faible qu’elle paraît ridicule à côté de celle que j’ai utilisé pour crier.

« Pa-pa-pardon…, balbutie-t-il. Je voulais pas, c'est juste que… »

Elle ne se contente pas de paraître, sa voix : elle est ridicule et faible. Je le laisse se dépatouiller avec ses mots. Normalement, il marmonnera encore une connerie ou deux puis fera demi-tour. Je le laisserais s’en aller, puis moi aussi je quitterais cette sale idiote qui ne me sert à rien.
Je ramène mes bras sur ma poitrine et les croise étroitement. Je toise le Visiteur. Ou du moins essayé-je — les quelques mètres qui nous séparent ne me permettent pas de toiser. Au mieux, je le regarde d’un air fermé. Mais je n’ai certainement pas la force nécessaire pour toiser.
Gênée et démunie, je m’approche lentement du Visiteur-à-la-voix-ridicule. Intérieurement, je prie Merlin pour qu’il ne me pose pas de question sur le cri qui l’a très certainement amené à se pointer ici.

Sans bruit, le Visiteur avance également et la porte se referme derrière lui dans un claquement bruyant. Les rumeurs du château s’éteignent totalement ; me voilà coincée avec un Autre.

« T’es qui ? » me demande-t-il, et de nouveau je braque mon regard sur lui. Il semble s’être redressé et il me parait plus grand qu’auparavant. Il me regarde avec une étincelle particulière dans les yeux. Comment le sais-je ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais son regard brille d’une chose qui me rend, tout à coup, timide.
Qui suis-je ? Hein ? qui suis-je, moi qui vient de hurler le prénom d’un autre ? Suis-je celle qui affirme devant cent paires d’yeux que son partenaire est un idiot ? Celle qui prouve à la directrice qu’elle n’est pas incapable ? Ou celle qui se fait réduire à l’état de chose pitoyable par une Poufsouffle moins âgée qu’elle ?

Un sourire amer se dessine sur mes lèvres. La question l’intéresse-t-elle, au moins ? Que veut-il savoir exactement ? Mon prénom ? Ou ce que je suis ?

« Pour c’que ça doit t’intéresser…, » soufflé-je doucement, mes yeux parcourant la salle.

Je ne sais pas ce qu’il veut et encore moins ce que je veux qu’il veuille, mais je suis sûre d’une chose :

« J’suis pas la partenaire du Chinois, en tout cas, » lancé-je, ironique, en me tournant vers le garçon. Mes pas m’ont éloigné de lui, mais je peux tout de même détailler ses traits et son air d’enfant. « Et toi ? » demandé-je promptement. J’avise ma sacoche abandonnée sur le sol ; plus près de lui que de moi. Mes sourcils se froncent, mais très vite je ramène mon attention sur le Visiteur : « T’es quoi ? ».

03 févr. 2019, 11:44
Authentiques Enfants
Sa question résonne dans la semi obscurité de la grande pièce. Elle résonne faiblement puis s'éteint. Ce n'est que face au silence glacial que la salle lui imposa que le garçon se rendit compte de ce qui l'entourait. Un espace immense, givré, Lac blanc. Bordé de tables et encerclé de nombreux tableaux dont le froid faisait briller les détails. C'était comme si la glace de l'endroit l'avait capturé, immobilisé dans le temps. Oui, voilà l'effet étrange que Saul ressentait. Ici, le temps ne semblait pas exister. Juste l'hiver et le blanc. Du blanc à perte de vue.
Et elle.

Elle est là, et elle le regarde de ses yeux que le Gryffon distingue à peine dans la pénombre. De là, il la voit plus âgée que lui mais de combien?... Aucune idée. Le noir efface le temps.
C'est qui?
Elle n'a pas encore répondu et Saul ne peut s'empêcher de fouiller encore sa mémoire pour comprendre le sentiment qui l'habite. Il veut gagner, il veut trouver avant la réponse.

- Pour c’que ça doit t’intéresser… J’suis pas la partenaire du Chinois, en tout cas.

Il allait savoir, il allait comprendre ce qui le tourmentait depuis vingts secondes, alors ce serait comme un soulagement, comme lorsqu'on arrive enfin à piquer le dernier petit pois dans son assiette. Quand il cesse de rouler, de fuir, lorsqu'il qu'il s'enfile joliment sur le pique du couvert. Et qu'on goûte au délicieux gout de cette petite victoire que les autres ne comprennent pas.
Mais il fut surpris de ne pas trouver son coffre ouvert. Ses yeux se plissèrent légèrement quand il se rendit compte qu'il mordait le métal de la fourchette. Le pois avait glissé. La fille le regardait toujours avec un air ironique et lui se démenait avec sa mémoire. Le Chinois? Chu-Jung? Eh bien quoi?! Combien n'avaient pas été sa partenaire?
C'est p't'être un de ses groupies dont Sam parlait...
Mouais. Il n'était pas convaincu. Mais il n'eut pas le temps d'insister.

- Et toi ? T’es quoi ?

Que je suis quoi??
Elle n'avait pas répondu à sa question... Enfin si mais avec cet air, cette expression qu'il avait connu. Tarann. Ouais voilà. Cette fille parlait comme Tarann. Sauf qu'elle n'avait pas une cascade à la place du visage mais une sorte de roche incassable.
L'esprit du garçon dériva un instant. Tarann. La fille bouffée de l'intérieur par la gamine. Aelle. Un frisson le parcouru. Il ne voulait plus y penser. Ce nom lui faisait peur et il avait comme un désir de lui hurler au visage. Un nom n'a pas de visage mais "Aelle" si. Si, parce qu'il en fallait bien un pour que le Gryffon lui braille ce qu'il avait à lui brailler.

Mais la fille attendait sa réponse et la malice qui montait en Saul mit de côté cette parenthèse. Il n'avait aucune idée de son but à ce quoi, mais il comptait bien savoir son nom, il comptait encore savoir qui elle était. Il s'avança pour mieux voir l'autre. La réponse vint seule, le Gryffon n'eut pas à la presser.

- Moi? Bah chuis un gamin.

Gamin
. D'après Tarann c'est ce qu'il était avant d'être Saul. Avant qu'elle ne se transforme en cascade, alors que le ciel ne faisait que se couvrir de nuages.

- M'enfin j'ai pas demandé ce que t'étais pas. Moi j'veux savo-...

J'veux savoir pourquoi je te connais. Parce que je te connais pas. Je veux savoir pourquoi tu ressembles autant à la Tempête. Parce que tu ne lui ressembles pas.
Son pied rencontre une masse alors qu'il avance et il stoppe net, surpris. Perdant la fille des yeux un instant, il se baisse pour le ramasser. Et puis ses yeux la cherchent à nouveau. Le garçon se redressa, le sac dans ses bras, reprenant là où il avait été coupé.

- J'veux savoir qui t'ai. Moment. Il regarde le sac, la fille. C'est à toi?

Il est à elle? Aelle. Ça lui résonne à nouveau dans le crâne et il l'éjecte d'un coup de mains invisible.
Aelle.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

04 févr. 2019, 10:56
Authentiques Enfants
T’es quoi ?
Ça veut dire que je me fous de ton nom, de ton prénom, je me fous de ta maison *Gryffondor* et du reste : ce que je veux savoir c’est pourquoi tu es toi, pourquoi tu me parles, pourquoi tu es ainsi. A vrai dire, maintenant que j’y songe, la réponse ne m’apportera rien. Quel intérêt aurais-je à connaître la raison d’Être d’un gamin ? Que je sache ce qu’est Nyakane, cela a un sens, mais cet enfant à peine plus jeune que moi ? Puisqu’il ne peut être mieux ou plus intéressant que ce que je suis, il ne peut rien m’apporter.
Je regrette tout juste le choix de mes mots — ou mes mots, tout simplement — que le garçon prend la parole. Le regard qu’il me jette alors me surprends presque : je me suis habituée, durant ces quelques secondes, à observer son visage à la dérobé, alors que ses propres yeux se baladaient dans un lieu qui n’était accessible qu’à lui. Je me tends légèrement en le voyant s’avancer vers moi ; ce n’est pas ce que j’avais prévu. Il devait balbutier, encore, et se barrer. Là, il s’impose.

« Moi ? Bah chui un gamin. »

Sa manière de prononcer le dernier mot me fait froncer les sourcils. Comme s’il avait voulu me dire quelque chose ; comme s’il me reprochait quelque chose. D’être un gamin ? De le penser gamin ? Un sourire caresse mes lèvres : si un enfant tel que lui, et moi, était capable de lire dans mes pensées, ça se saurait.
*Chu-jung*, tiqué-je soudainement. Lui en était capable, peut-être ? Un grognement suffit à évincer le garçon de mes pensées. Mais, durant un instant, sa tête d’étranger vient flotter à côté de moi. Je me souviens parfaitement du reproche qui a fait briller ses yeux bridés, ce soir là. Ce n’était pas la fureur du mage incroyable *-ment idiot* qu’il est, mais celle d’un enfant. Naturelle ; comme la mienne.
Je grimace. Il m’est aussi difficile, voire impossible, de penser à ce Chinois comme étant remarquable en magie, que de le voir comme un enfant comme moi. Aucune de ces deux images ne me convient.

« M’enfin, » dit le garçon — le vrai, celui qui est près de moi. Je me secoue pour écouter ses paroles ; présente sans être totalement présente. « J’ai pas demandé ce que t’étais pas. »

Je tique ; mon regard se concentre, je fouille ses traits. Insiste-t-il, avec sa question, ou est-ce seulement une preuve que ce garçon est capable de réflexion ? *Non*. S’il en était capable, il m’aurait dit que c’est en sachant ce que je ne suis pas qu’il pourrait comprendre ce que je suis. Non, ce gamin est habité par la seule envie de me faire chier.

« Moi j’veux savo-… » *-voir qui tu es*. Déjà sa voix s’inscrit dans ma tête. Je n’ai même pas le temps de comprendre qu’il n’a pas fini phrase que mes yeux se lèvent au plafond. *Chieur*. Un gamin comme Krissel, qui pose des questions, encore et encore, sans savoir que ce qu’il demande n’est pas cohérent ! Quel intérêt aurait-t-il à connaître mon prénom ?
Et moi, quel intérêt ai-je à lui cacher ?

Je n’ai pas le temps de regarder ma pensée : Gamin, qui avançait, vient de rentrer en collision avec mon sac. Mon coeur fait un bon dans ma poitrine et je fais mine de m’avancer avant de m’arrêter brutalement. Mieux vaut que je reste loin de lui ; les abrutis, il faut s’en tenir éloigné. Le souvenir de la Serpentard dans la volière me revient en pleine gueule : cette fille est une sacrée emmerdeuse ; m’en approcher ne m’a rien apporté d’autre que le danger. Si elle m’avait reconnu, si elle avait connu mon prénom, elle aurait pu me mettre en danger. Alors je n’avance pas.

Mes mâchoires se crispent quand Gamin prend mon sac entre ses bras. Je vois dans le regard qu’il me lance qu’il est Gryffondor jusqu’au bout des ongles : il agit sans réfléchir. Sans un mot, mes yeux de fureur braqués sur lui, je le regarde se relever.
*Lâche-le !*, ai-je envie de lui hurler. Mais une raison me pousse à me taire.

« J’veux savoir qui t’es, » me jette-t-il de sa voix insupportable. Puis il regarde de nouveau mon sac et cette fois-ci je ne m’empêche pas de faire un pas vers lui. « C’est à toi ? »

« Ouais, craché-je. A moi. Donc r’pose-le là où tu l’as trouvé ! »

Il ne peut rien faire à mes affaires, mais le voir poser ses mains dessus me rend frémissante. Je ne peux empêcher mes yeux de se balader entre son visage et mon sac. Mon sac, son visage. Je pense aux parchemins, à mes devoirs entamés, mes livres, mes fioles et… *Oh, Merlin !*. Ma baguette ! Les battements de mon coeur s’intensifient ; inutilement, je mène ma main à la poche droite de ma cape et regarde mes doigts qui en ressortent vides. Je ferme fugacement les yeux et tente de calmer l’angoisse qui me prend alors à la gorge.

« Rend-le moi, » dis-je d’une voix rauque en m’avançant de quelques pas vers Gamin.

Mais, une fois encore, une force me fait m’arrêter. Je crispe les poings pour calmer le sang qui fait brûler mes veines, pour apaiser la douleur qui m’étreint soudainement les poumons ; angoisse de savoir ma baguette dans les mains d’un Autre. Merlin, s’il la touche je lui fais bouffer son air idiot ! *J’le jure !*.

« T’as aucun intérêt à savoir qui j’suis, bredouillé-je à mi-voix. Et j’m’en fous de qui t’es. »

Je prends une inspiration profonde.

« Puis savoir c’que j’suis pas c’est certain’ment la meilleure façon d’savoir qui j’suis, OK ? » rétorqué-je soudainement en croisant mes bras sur ma poitrine.

Je tente de cacher mon souffle erratique et mes yeux fuyants : impossible de m’arrêter de regarder mon sac. Mais impossible également de ne pas surveiller ce fourbe de Lion. Ce Gamin qui porte bien trop d’importance à ce que je suis.
A le voir ainsi, en Roi face à moi, la raison de mon existence dans ses mains, je n’ai plus l’impression que c’est un gamin. Non, c’est un putain d’humain un peu trop fade, un peu trop emmerdant, un peu trop curieux. Je ne l’en déteste que plus facilement.

04 févr. 2019, 17:05
Authentiques Enfants
Elle s'était avancée. Quand il releva les yeux, elle était plus proche et plus crispée aussi. Son visage lui apparaissait mieux et Saul grimaça légèrement. Apparemment elle n'avait pas aimé sa réponse. Sa réponse ou plutôt ce qui avait suivit. Ses bras se serrèrent un peu plus autour du sac quand il rencontra le regard de la fille. Haineux.

- Ouais. A moi. Donc r’pose-le là où tu l’as trouvé !

Le gamin frémit. Le frisson le parcouru jusqu'au bout des ongles mais il ne lâcha pas le sac. "A moi". A elle. Aelle.
La ferme!
Qu'avait-elle à lui occuper l'esprit tout à coup?! Il avait réussi à s'en départir, à l'oublier, presque, et voilà que ce foutu nom revenait. La salive qu'il avala avait pris un gout amer, comme si le nom, ce nom qui lui pesait si lourd sur la langue, avait été repoussé plus loin, dans son estomac. Il espérait le cacher mais le sentiment de ce nom dans sa gorge ne fit que se coincer. Il ne passait pas. Et pendant ce temps, la fille parlait.

- Rend-le moi.

De nouveau elle s'avança et stoppa net, comme retenue par un fil invisible.
Pourquoi t'approches pas plus?
Les yeux de l'autre disaient tout. Elle voulait à tout prix reprendre son sac. Mais pourquoi n'avançait-elle pas plus. Il semblait à Saul que, sans le fil, le sac lui aurait été arraché, et lui, dévoré. Dévoré. Finalement, cette fille lui rappelait bien d'une certaine manière le monstre qui se cachait dans son armoire. Celui qui se glissait entre les portes du meuble dès que maman lâchait un doux Nox. Et elle ne le voyait pas courir jusqu'à l'armoire depuis la fenêtre. Pénombre. Celui qui, la nuit, semblait allonger ses doigts sombres vers lui, vers son lit. Sans jamais le toucher. Ne se satisfaisant que de la terreur de l'enfant.
Terreur.
Chose étrange, les yeux de la fille en étaient emplis. Saul n'avait jamais vu le monstre trembler. Le voyait-elle comme un monstre lui aussi?

- T’as aucun intérêt à savoir qui j’suis. Et j’m’en fous de qui t’es. Pas moi... Puis savoir c’que j’suis pas c’est certain’ment la meilleure façon d’savoir qui j’suis, OK ?

Non.
Il tenait la sacoche par la lanière, à bout de doigts, prêt à la lui passer. Déjà il la balançait légèrement, la laissant passer à quelques centimètres du sol avant de la faire décoller au ras de la glace, et elle revenait, mouvement lent, répétitif... Soudain stoppé.
Non.
La lanière glissa de ses doigts soudain lâches. Le sac rencontra la surface glacée et vint glisser entre les deux enfants. Mais Saul s'en fichait. Il s'en contre fichait. En fait, il se fichait d'absolument tout, sauf des derniers mots de la fille. Ses yeux fixent le vide, transpercent ce visage crispé.

J'ai mal compris.
Non. Tu sais.
J'ai mal compris.
Tu sais très bien. Tu le savais.
J'ai mal comp-
Non.
...

Alors pourquoi?...
Pourquoi ici? Maintenant? Pourquoi elle?


Aelle.


Vomir. Le nom lui remontait soudain dans la gorge, dans la bouche. La nausée le prenait et une atroce envie de vomir aussi.
Tarann. Il se trouvait devant sa bête. Devant la gamine qui la bouffait. Celle qui faisait gicler les larmes sur ses joues. L'origine de la tempête.
Il vomit le nom sans s'en apercevoir.

- Aelle. S'pèce de...

Quoi... QUOI ?!!
Rien. Il n'en savait rien. Il ne savait rien d'elle. Pas même comment elle avait fait pour bouffer ainsi Tarann. Alors que pouvait-il dire?
Il la fixait, poings fermés, contenant sa colère.
"T’as qu’à m’appeler Aelle.", qu'elle lui avait craché.
T'es bien plus belle qu'elle Tarann.
Son esprit tiqua. Comment avait-il fait pour autant s'accrocher à la fillette aux yeux du dragon? A cette tempête?
Il fixait Aelle. La haine qu'elle lui inspirait était énorme, elle bouillonnait, faisant comme trembler les murs gelés des la salle de bal.

- Qu'est-c'que t'lui as fait...?

Son souffle de voix franchit ses dents serrées tel un grognement, presque inaudible. Qu'avait-elle fait à la tempête? Pour que son visage se transforme en cascade juste à ouïr son nom. Qu'avait-elle fait?

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

05 févr. 2019, 18:24
Authentiques Enfants
Le Roi est un grand enfant : il joue. Au bout de ses doigts se balance mon sac ;  mes yeux le suivent avidement. D’avant en arrière et de l’arrière vers l’avant. Suivre le cheminement du Contenu-de-ma-Vie sans bramer fut un supplice, mais le regarder se balancer est plus terrible encore. Mon corps, caché derrière mes bras croisés, n’en ressent pas moins : mon coeur sursaute et mes doigts se crispent un peu plus à chaque balancement. Le monde est en suspens, jusqu’au moment où la lanière s’échappe des mains de l’enfant-roi.

Mon corps réagit le premier : mon buste se penche et mon bras vole devant moi. Vain mouvement pour rattraper mon sac qui frappe le sol. Il glisse légèrement, poussé par son élan. Je le regarde s’arrêter entre moi et l’Autre ; vulgaire jouet abandonné.  *Non !*. Pas un jouet. Mon sac, mes affaires. A moi.

Les yeux que je pose sur l’Autre sont brûlant d’une colère contenue ; elle s’installe sur mes poumons et les fait hurler. *ABRUTI !*. Qu’il aurait été bon de lui crier ces mots, d’ouvrir ma bouche pour déverser ma frustration, pour remballer cet enfant qui se voit grand. Mais à peine ai-je le temps de préparer mon cri que l’enfant-roi se transforme ; j’ai un mouvement de recul — quoique léger — en l’avisant durcir ses traits et ses membres. Ses yeux me cherchent, je les sens. La balance penche, très doucement, de son côté. Ma colère recule, poussée par le regard de l’Autre.
Il me fouille.
Il ne se détourne pas.
Je n’ai pas peur. Je ne peux être effrayée par ce qui n’est pas au moins si bon que moi ; mais ce que je sens provenant de ce garçon m’empêche de sauter sur mon sac, comme je le souhaitais. Ses traits figés ne veulent rien dire ; je suis perdu dans mon incompréhension. Mais je sais, sans comprendre, que le garçon est en colère ; lui aussi.
Non. Différemment.

Quand il ouvre sa bouche, je meurs :

« Aelle, » crache-t-il. Mon coeur s’arrache de son socle et roule sur la lande éperdu de mon corps : il sait ! Mes yeux s’écarquillent ; *’sait qui j’suis !*. Mon souffle se perd quelque part entre mes poumons et ma bouche.
Le coup qu’il me porte me fait mal. Je me recroqueville inutilement sur moi-même, me faisant toute petite dans ma tête. A quoi bon ? Il a des yeux et il sait s’en servir. Même quand je baisse les miens sur le sol pour échapper à sa colère, je peux les sentir.
Il me connaît et mon âme s’en étouffe : encore un qui sait ce que les Autres pensent savoir. Encore un qui croit savoir ; qui croit comprendre.
*J’le déteste*. Ces Autres qui chapardent mon prénom pour le mâchouiller n’importe comment. Je déteste que l’on m’appelle Aelle, je déteste que l’on s’approprie mon identité, que l’on se permette sans demander. Non, ce que je déteste plus encore c’est tout ce que ne disent pas les Autres en disant mon prénom. Aelle, c’est pour viser sans expliquer. C’est pour reprocher sans fondement.
Aelle, c’est fait pour blesser.

L’enfant-roi m’a blessé ; disparue ma colère, anéantie ma frustration. Ne reste dans mon corps qu’une surprise désagréable qui donne à ma bouche un arrière-goût dégueulasse.

Il recommence avec sa voix ; il me la jette au visage et cette fois-ci je ne peux pas me retenir : je le regarde. « S’pèce de… ». Allez ! Si mon souffle n’était pas aussi court j’aurais crié. Allez ! Dis-le ! Espèce de quoi ? Hein ? Je veux savoir, je veux savoir ce que tu vois quand tu me regardes ! Tu me détestes d’Être ? Je sais ce que je suis ! Je sais que ce que les Autres pensent que je suis. Pitoyable. Moins-que-rien. A-raté-sa-vie. Sans-amie. Traitre. Idiote. C’est moi l’idiote !
Je me fous de ce que pensent les Autres. Je me fous d’eux.
S’pèce de… Je veux lui arracher ses mots ! Qu’il me le dise ! Qu’il le fasse !
Mais il me fait peur. L’enfant-roi tremble dans ses mots ; sa voix n’est pas comme lui, elle n’est pas fade, elle n’est pas inconsistante, elle n’est pas pâle. Sa voix est sauvage et hargneuse ; elle crache, elle souffle elle tempête.
L’enfant-roi n’est pas agacé.
Il n’est pas blessé.
Il n’est pas triste.
Ni même en colère.
Non. L’enfant-roi est plein d’une rage qui n’est pas à lui mais à moi : il me la renvoie en pleine face. Il fait de ses sentiments une arme et me pourfend avec.

De ma petite lande, que puis-je faire d’autre que regarder cette Arme ? Il est tremblant ; je sais le reconnaître car je suis persuadée d’avoir été ainsi, un jour : bientôt, il me sautera dessus pour me rouer de coups.
Un frisson me dévale le dos : le souhaité-je ?
Sans que je ne m’en rende compte, mon corps a pris les rênes : mes sourcils froncés cachent ma blessure, mes poings crispés réveillent ma colère et mon dos raide me protège des éventuels coups.

« Qu'est-c'que t'lui as fait… ? »

L’Arme-de-fureur gronde. Un feulement qui provient du fond de son corps.
Il a l’audace de me donner envie de rire ; oh, je pourrais hurler de rire. Ça me chatouille les tripes. *C’que j’lui ai fait ?!*. Il veut savoir ; l’enfant-roi se meurt de réponses, n’est-ce pas ? Et bien mes poumons étouffés crèvent de répondre. Ouais, et mes veines brûlent de cracher ce qui bout au fond de moi.
Les Autres, cette salle, les souvenirs, les regards, la solitude, les reproches, les certitudes.
*Toujours pour lui*
Les cris, la poigne sur mon bras, l’exclusion, la pression.
*Y’a qu’lui qu’on écoute !*
Les regards, les murmures, les rires. Les rejets !
*Qu’pour lui qu’on s’inquiète !*
L’exclusion !
*Moi aussi j’veux !*

« J’AI RIEN FAIT ! » Je hurle. Ma voix s’écorche. Mon souffle est court. Mon cri résonne dans la salle. Il est puissant ; il règne. Il règne là, partout, dans mes oreilles. Il résonne encore ; encore. J’ai rien fait. J’ai rien fait ! Par tous les mages, je n’ai jamais été aussi sincère.

« ‘Y s’est barré ! » Plus la force de gueuler. Du mal à respirer. « C’est fini ! Fini, ok ? ». Je suis essoufflée. « Alors… » Zakary ! Comme Zakary ; les mots méchants ! « Ferme-ta-gueule ! » Mon cri dégueule, ma langue s’écrase sur mon palais. Ma voix s’écaille ; je perds le fil de mes mots au moment même où ils s’échappent de moi ; je ne peux plus penser. C’est comme crier sans ne rien entendre ; il n’entend rien ?
J’essaie de prendre une grande inspiration, mais l’air se bloque dans ma bouche. Un râle m’échappe. Je me détourne du garçon et je marche dans la salle. *Abrutie !* Je marche sans raison, pour avancer, pour faire s’arrêter le tremblement de mes jambes. Quelques pas colériques dans cette foutue salle de bal ; avec le visage du Chinois, juste là, qui me nargue.

« Si j’ai dit qu’c’était un idiot, dis-je soudainement en me tournant vers l’enfant-roi, c’est qu’c’en est un ! J’l’ai dit voilà. Qu’est-ce tu veux savoir ? J’le pense ! » Je prends une goulée d’air, déglutis difficilement. « Chu-jung. Est. Un. idi… » Les mots se bloquent ; Loewy m’envahit et tout ce qui va avec. Je ne peux pas faire ça ! Je détourne les yeux. « Il a gagné sa compétition idiote, craché-je, amère. Moi j’ai rien fait d’autre qu’dire la… ma vérité. C’est tout. »

Je braque mes yeux sur l’enfant-roi.
Je suis à bout de souffle.
Merlin, je suis éreintée.

« J’regrette pas ! »

Ma voix chevrotante est dégueulasse à entendre.
J’ai tort. Je mens. Mais il ne le sait pas.
Et toi aussi t’es un idiot.

Je n’arrive plus à parler.

09 févr. 2019, 13:21
Authentiques Enfants
Son regard changea. Colère, haine, peur. Tout se lisait sur son visage crispé, sombre. Aelle.
Depuis qu'il avait prononcé son nom, elle se tassait, se tassait... Lui il se dressait et elle se recroquevillait sur elle même.
Et puis, à nouveau il changea, son regard. Rire. Rire roque, tonitruant. Aucun son dans cette immense salle mais le rire lui crève les tympans. L'expression du garçon se crispe, il recule une jambe.
Je ne l'aime pas.
Mais il continue à la bombarder de son regard brûlant. Le froid que son rire sourd lui envoi n'est rien, rien, face au feu qui boue en Saul. Elle avait fait du mal à Tarann.

- J’AI RIEN FAIT !

Frisson. Ce n'est plus le rire dans ses yeux. C'est plus froid, plus froid encore.
Qu'est-ce que c'est ça?...
Saul ne connait pas. Ce que cette fille arbore maintenant lui est inconnu. Mais c'est glacial et le cri l'est plus encore. Les flammes de ses yeux vacillent mais ne s'éteignent pas. Elle avait fait du mal à Tarann.
... et cette idiote ose lui sortir qu'elle n'a rien fait? Les petits poings du gamin se serrent, il tremble de s'en servir. Mais quelque chose le retient. Il ne peut pas.
SAUL !
Quoi?! Il essai pourtant! Mais les yeux sombres de la fille son fixés dans les siens maintenant. La douleur qu'il y voit le fait trembler bien plus que la colère. Il ne peut pas. Tarann souffre.
Mais elle aussi.

- ‘Y s’est barré ! C’est fini ! Fini, ok ? Il? Alors… Ferme-ta-gueule !

Ses épaules se tassent sous le pique. Qu'est-ce qu'elle croit? Il n'a jamais voulu lui parler d'un Il. Mais il n'a pas le temps de l'arrêter, pas de le temps d'hurler lui aussi. La salle seule est maitresse du temps ici. Elle l'emprisonne. La fille s'est détournée et le givre au fond de la salle renvoi son reflet qui se meure dans la pénombre.
Sa vision se trouble, il titube, se rendant soudain compte qu'il se retenait entièrement sur le regard d'encre de la fille. Elle lui a arraché son appui, les flammes vacillent. Les pas d'Aelle résonnent dans la salle glacée. Il lui suffit de balayer les murs givrés pour que le feu s'éteigne. Il n'est plus qu'une silhouette dans cette salle sombre. Une ombre parmi les ombres. Et le son des pas résonne sourdement.
La respiration de l'enfant accélère. Le bruit des pas l'entoure, l'encercle.
Où elle est?
C'est la salle. La salle de glace qui fait ça. Il le sait, il le sent. Aelle n'est qu'ici ou là mais la maudite salle se joue de lui. Il ne sait plus. L'écho résonne partout. Partout et puis nul part tout d'un coup.
...

- Si j’ai dit qu’c’était un idiot, c’est qu’c’en est un !

Il se retourne vivement et ses dents se serrent.
Regard.
Elle lui balance une aiguille qui le traverse, les traverse. Fil d'argent qui relie les regards. Aelle parle encore mais lui n'écoute plus. Seul le fil d'argent compte. Ce truc qui le traverse. Il suffirait de l'effleurer pour que son cœur s'effondre. Où sont passées les flammes?! Le gamin est impuissant face au regard sombre de l'autre, glacé au bout du fil. Elle le tiens comme un pantin.
Attends!
Elle le tiens et... le lâche.
Le fil casse, brisé, net. Elle a détourné sont regard, encore. Une plainte meure dans la gorge du garçon avant d'avoir pu sortir. Où sont les flammes?... Il ne reste plus qu'une chose. Un mot. Chu-jung. Plus qu'une certitude. Elle parle de lui. Ne pense qu'à lui.
Ça fait deux...
Le noir s'est évaporé. L'ombre est là mais il distingue les bords, les contours, les évidences, Aelle qui le regarde.

- Moi j’ai rien fait d’autre qu’dire la… ma vérité. C’est tout.

Elle parle de lui. Le Chinois. Celui qu'elle avait assommé d'un mot d'après Sam. Il lui en avait tant parlé, avec tant d'indignement... Traitresse. C'était revenu si souvent. Et maintenant elle est face à lui, lui tendant le marteau du juge. Ou le lui arrachant plutôt. D'un cri.

- J’regrette pas !

Acerbe, enraillé. Le cri le fouette et sa rouille vient le griffer, l’érafler. Il n'a pas bougé depuis. Mais sa jambe gauche tremble un instant puis s'élance devant. La droite suis avec plus d'énergie. Un peu plus. Il titube sur un mètre, puis s'avance droit sur la fille. Son poing droit se serre. L'autre est inerte.
Tu...
L'élan le porte miraculeusement jusqu'à elle sans qu'il trébucha. Le poing s'arme sur sa côte. Plus que trois mètres, deux mètres entre eux. Alors il tend son bras droit.

Son index vient s'appuyer sur la poitrine de l'autre, juste en bas du coup, le manubrium. Son cœur à lui bat fort. Son cœur à elle, Aelle, il le sent aussi, plus encore. Il bat plus fort.

- Toi. Arrête de gueuler.

Voilà. Il l'a dit. Ses oreilles bourdonnent encore.

- Je parlais pas de ça, pas de lui. J'le connais pas.

Face aux cris rouillés de la fille, sa voix à lui n'est qu'un souffle.

- Alors gueule pas pour rien.

Saul se recula, laissant son bras tomber le long de sa jambe. Elle ne pourra rien lui dire de toute manière. Lui parler de Tarann reviendrai au même. Il ne savait même pas comment s'y prendre. Les flammes avaient laissé la place à un filet d'eau qui ruisselait sur ses joues, silencieusement. Il ne savait pas depuis quand. Sur ses joues brûlantes, c'était un ruban de glace.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
Les membres de la MMG sont les plus beaux, surtout Théo. ^^

12 févr. 2019, 16:50
Authentiques Enfants
C’est comme si mes mots prenaient une place trop grande dans ma bouche : le regrette marche sur ma langue, le pas frappe mes dents et le je machonné essaie de se frayer un passage jusqu’à ma gorge. Ma gueule pleine de mots m’empêche de parler encore, m’empêche de retrouver mon souffle ou même de penser à ce que je viens de dire. Ça et mes pensées qui font n’importe quoi. Elles tournent dans ma tête, certaines vont à droite, d’autres gauche. Elles se rentre dedans, bousillent mes efforts de compréhension. Me voilà, sans penser ni agir, à regarder l’enfant-roi qui me donne envie de pleurer.
*Non*.
Ce n’est pas cet enfant qui me donne envie de chialer, c’est celui que j’imagine me regarder de ses yeux bridés colériques. Soudain, ça me surprend : son regard. Il avait un regard de lave, Chu-jung. Il savait exprimer ce qu’il ressentait, lui. Et actuellement, c’est ce regard qui me fait mal. J’aimerai l’évincer, l’arracher de mes souvenirs, mais plus je mate l’enfant-roi et son visage hargneux, plus je vois Chu-jung.
Gueuler n’a servit à rien. La déception s’infiltre comme un monstre dégueulasse dans mes veines ; elle me glace de l’intérieur. Gueuler sur l’Autre ne m’a aidé ni à me débarrasser du souvenir habitant la salle, ni de mon coeur trop lourd. Au contraire ; le Chinois est plus présent encore et mon coeur est si gros qu’il me fait trembler.

Clignant des paupières, je me force à ne voir que l’Autre. L’Autre et sa face pleine de colère. Oh, il est tremblant, lui aussi, tremblant. *Tant mieux*, songé-je. Mais j’aimerai qu’il soit plus que cela. J’aimerai qu’il soit à terre, sans plus aucune force. Qu’il ait ce qu’il mérite.
Qui est-il ? Comment en étions-nous arrivé là ? Je ne me souviens même plus de ses précédents mots, de ses actions, de ses choix. Je ne vois que sa gueule qui me donne envie de le frapper, de me venger. Qu’il continue à gueuler ! Qu’il le fasse, souhaité-je. Qu’il ne soit pas là pour rien.

*Qu’est-ce qu’il fout ?!*

La pensée est brutale. Mes yeux s’écarquillent légèrement en avisant l’Autre bouger. Sa jambe se soulève et s’avance ; l’autre la suit bientôt. Je n’ai même pas le temps de formuler une pensée cohérente. Le garçon approche et avec lui toute la rage qu’il semble contenir sans que je n’en comprenne la raison. Je suis bien trop surprise pour ne serait-ce que penser à réagir. Il s’avance si vite, si fièrement et bientôt c’est sa main qui se lève.
Il est à tout juste deux mètres.
*Merde !*
Plus qu’un.
La longueur de son bras avale les centimètres.
*Dégage !*
Son doigt s’enfonce dans ma poitrine. Quelque part sous mon cou. Mon visage se tord sans que je ne l’y invite : ça fait mal, putain ! Mon corps hurle, mes membres rugissent, ma peau s’enflamme. Mais il me tient. Mon corps, lui, n’a pas le temps d’agir, de penser ou de sentir.

« Toi. » C’est à moi qu’il parle. Mes yeux cherchent les siens. « Arrête de parler. » Je tombe dans son regard. *Bleu*. Couleur brillante, sans rien de particulier. Mais je ne m’attendais pas à elle et la pensée ne veut plus me quitter. *Bleu*, répète-t-elle, *bleu*. Il est en train de se passer quelque chose, je dois réag « Je parlais pas de ça…, » Sa voix est un souffle, mais ce souffle me frappe directement. L’haleine de l’Autre est un poison terrible pour mes narines. Je retiens ma respiration. « … pas de lui. »
*Ah ?* fait ma tête, idiote.
*Menteur !* répond ma coeur à brûle-pourpoint. S’il ne parle pas de Chu-jung, de qui parle-t-il ? Ses mots sont incohérents.

« Alors gueule pas pour rien, » rajoute-t-il et le silence me fait prendre conscience de la situation.

Il me fait chanceler, le silence.
J’ai alors conscience de son doigt sur moi, de son souffle qui me caresse et de ses yeux. Non, ses yeux je m’en fous. C’est son regard qui me frappe.
L’enfant-roi pleure. Là, face à moi, alors qu’il vient de me foutre à terre, qu’il vient de m’écrabouiller et de me faire perdre pied, alors qu’il aurait pu me renverser si facilement — a-t-il seulement conscience de la faiblesse dans laquelle il vient de me mettre ? —, l’enfant-roi abandonne. Et moi, je reprends vie doucement.
Quand il s’éloigne, je me redresse. Avant, je ne le pouvais pas. Son doigt agissait comme une Loi :  sois misérable, disait-elle, obéis-moi. Pendant un instant, je me suis cru capable de n’éprouver aucune sorte de résistance ; ni dans le coeur, ni dans les gestes. Sous son doigt et sa voix si forte, si puissante, si sûre d’elle, j’aurais pu faire ce qu’il me disait. Mais à l’instant même où il me laisse, où il s’éloigne, je retrouve mon corps et ma tête.

Les larmes ne sont qu’une preuve de plus.
*Il pleure*
J’observe ce regard-là. Je le fais sans état d’âme, sans m’en trouver désorientée et sans même avoir envie de me retourner. Je le regarde franchement, car je ne le comprends pas. Je cherche à le décrypter le temps de dix petites secondes. Passé ce laps de temps, je change.
Rien à faire de ses larmes. Rien à faire de lui.
S’il pleure, c’est que j’ai une porte d’entrée.
Mon visage se tord de hargne.
Cet Autre n’est peut-être pas Chu-jung, il n’a peut-être aucune raison d’être la victime de la jalousie qui frappe mon coeur, mais il est là où il ne doit pas être et son comportement est suffisamment révoltant pour que je veuille le faire saigner.
En une inspiration, je retrouve mon port colérique et mes poings serrés ; ma bouche est incurvée vers le bas, ma langue se fait recouvrir par la salive de ma rage.
Celui-là, il est misérable. Ah oui ! garçon misérable.

A cet instant, ma colère est si froide et ma haine contre Chu-jung et mes souvenirs si forte que je ne réfléchis pas. J’agis.
Ma langue rassemble ma salive. Mon corps se tend.
En un bruit de succion répugnant, je crache sur le visage de l’Autre. Ma salive a la vitesse de ma puissance ; elle s’envole dans les airs pour atterrir sur la peau blanche du garçonnet. De l’enfant-roi. Comme je ne sais pas cracher, des postillons frappent le bord de mes lèvres. Je les essuie du revers de la main.

*J’l’ai fait !*
Mon corps tremble d’une joie malsaine. La scène se joue et se rejoue dans ma tête ; je crache à l’infini sur son visage de petit con. Je me sens puissante et sûre de moi. La Loi du doigt de l’Autre disparaît tandis que je regarde le filet de bave qui coule le long de sa peau. Ne reste plus que moi et le succès de mon action. A présent, rien ne peut plus me faire de mal.
Je dois profiter de ce que je ressens, car je peux deviner derrière ces sentiments la honte et le regard de braise du Chinois, jamais loin de moi. Alors je me lance :

« Toi, jeté-je de mes lèvres humides, m’approche pas ! »

Je veux m’éloigner un peu, mais je ne peux pas. Non, je dois rester tout près de lui pour montrer qu’il ne me fait pas peur et que mon action ne menace pas de me faire flancher. Alors j’ose m’approcher même si la proximité m’hérisse les poils. Je dois courber la nuque pour regarder l’Autre ; la trace de ses fichues larmes se fait avaler par celle de ma salive.

« T’as vu c’qui arrive si tu l’fait. » J’essaie de ne pas respirer trop vite et trop fort. Je sens déjà l’air qui sort de mes poumons caresser le visage de l’enfant-roi et revenir vers moi, chaud et brûlant. « Alors s’tu parles pas d’l’autre, tu peux partir. » Je prends une respiration tremblante. « J’suis pas ici pour m’occuper d… d..., bafouillé-je à ma plus grande horreur, des états-d’âme du premier malade mental qui passe ! »

Oh. Je suis fière de moi. Un sourire menace de franchir mes lèvres ; je le laisse s’installer sur mon visage. Mon coeur s’est emballé sous la peur de ne pas réussir à sortir ma phrase à peine formulée, mais le résultat me rend fière.
Mon coeur se gonfle de puissance dans ma poitrine.

19 févr. 2019, 12:33
Authentiques Enfants
Le froid règne sur ses joues. Il glace la chaleur, pâlie les rougeurs. Le garçon a les yeux fixés sur le sol, sur le bout des chaussures de l'autre, la fille, Aelle. Et les larmes coulent, sans jamais vouloir quitter son visage... Elles s'amassent sur ses joues, sa mâchoire crispée, son menton. Elles l'alourdissent...
Mais en voilà une qui tombe. Les yeux du garçon bougent imperceptiblement pour se fondre dans la trace humide que laisse la goutte salée sur le sol de glace, à gauche de ses baskets.
Depuis quand je pleure?...
Il ne sait pas. Il ne veux pas vraiment savoir en fait. Il voulait tout savoir, tout, mais dès l'instant où sa jambe s'est avancée, tout lui a été arraché. Calmement, délicatement arraché. Il ne pourra pas savoir. Le bout de son index semble contenir son cœur. Les pulsions vitales s'en échappent et traversent son doigt, sa main, son bras... Alors il referme sa main droite. Cette pulsion n'est pas la sienne. C'est celle, forte, déchaînée de la fille en face. Dans sa main enfermant le doigt, les battements s'évapores dans ses veines. C'est fini.

Visqueux.
Les deux mains s'ouvrent en grand, réflexes. Elles s'envolent jusqu'au visage du gamin, déformé par le dégoût. Alors que sa paume vêtu du bout d'une manche vient frotter sa joue, Saul redresse son regard tremblant vers l'autre. Tremblant... Oui, il tremble. Mais de quoi, il ne sait plus. C'est vrai... Il ne veut plus savoir. Un grognement s'échappe de ses lèvres fermées. Cette gamine lui a craché dessus!
Dans son horreur, il a reculé mais cela ne l'empêche pas d'échapper au venin de l'enfant révoltée.

-Toi, m’approche pas !

Sa main retombe et Saul fixe son regard dans celui de la fille, un peu plus, plein de défi. Défi. Ça le reprend tiens! Oh il ne devrait pas mais comme il en rêve! Une grimace se dessine sur son visage d'enfant et il avance d'un pas. Il va pour en faire un autre mais aussitôt, son pied trébuche vers l'arrière de saisissement. Aelle venait d'avancer vers lui, le visage déformé par un masque que Saul ne connaissait pas. Qu'il ne voulait plus connai-
Si !!
Les yeux du garçon s'agrandissent de peu devant la chaleur qui envahit ses joues. Les flammes.

-T’as vu c’qui arrive si tu l’fait.

Une toute autre chaleur vient, caressante, lourde, lui brûler le visage. Mais celle-ci il l'a en horreur. Il ne veut plus qu'une chose, lui cracher ses flammes et s'enfuir en claquant cette fichue porte qui lui avait glacé la main. C'est bien ce qu'il va faire tiens! D'un coup sur l'épaule de l'autre il la ferait reculer, briserait le fil et s'en irait.

-Alors s’tu parles pas d’l’autre, tu peux partir. J’suis pas ici pour m’occuper d… d... des états-d’âme du premier malade mental qui passe !

Je reste.
Ça s'était installé soudain et les idées de fuites s'envolèrent, fumées... Elles n'avaient jamais existé. Une larme roula sur le dos de sa main, brûlante. Il ne pleurait plus que de rage. Et de rage il passa une manche sur ses yeux. Quand il la rabaissa, la fille abordait un sourire sanguinaire. Un malade mental? Lui? Alors elle, qu'était-elle?!

Le froid avait abandonné toute tentative d'invasion, le feu avait repris sa place, son trône que plus rien ne pouvait plus lui prendre. Le règne du froid lui aurait peut-être sommé de partir comme cette autre lui disait. Mais la chaleur était la reine de Saul, depuis toujours, toujours. Le froid ne reviendra pas. Il avait été chassé par le cri de la fille.
Aelle. Savait-elle, cette gamine, qu'elle l'avait sauvé des griffes glacées du froid? Un sourire reconnaissant jailli sur ses lèvres. Sourire. Plein de moquerie, de flammes mais reconnaissant tout de même.
Merci...

-Tu gueules encore.

Sourire. Il s'étalait, lui et sa lumière brûlante sur le visage du gamin. Ses yeux n'avaient pas quittés ceux de la jeune fille.

- Aelle Bristyle.

C'était la troisième fois son nom osait franchir la limite de ses lèvres. D'abord curieux, le nom avait pris un goût dégueulasse... le voilà doux, chaleureux.
Comment j'en suis arrivé là?...
Tarann, c'était Tarann. Saul contemplait maintenant la fille en sachant pertinemment d'où venait la tempête. Il le savait puisque la même menaçait de se déchaîner en lui. Mais Saul était fait de ce vent. De cette tempête que créait Aelle, il reprenait son énergie, sa couleur, il souriait. Sourire. Encore et toujours. Son corps tout entier sourirait chaleureusement. Alors il se recula et lentement, le vent tomba. De lui, il ne restait plus qu'une feuille morte... Qui roulait dans le ventre, dans le cœur du garçon.

Pourquoi la haine avait-elle disparu? Il s'arrêta à deux pas en arrière, stoppé par cette question. C'est vrai... Pourquoi?
C'était étrange. Il ne savait pas pourquoi. Vraiment pas. Il avait beau chercher, rien ne venait.
Je crois que...
Étrange, très étrange.
Je crois que je l'aime bien.
Il le sentait bien maintenant, son cœur qui palpitait doucement, relancé par le sourire. Par Aelle.
Mais pourquoi?

-T'as... déjà eu un ami?

SAUL !!

Bam, je m'effondre.
Pourquoi?
Je reste droit, debout, mais mon cœur s'effondre je crois.
POURQUOI ?!

Parce que.

Son regard.

Saul Lingtomn, Troisième année RP #MMG
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