La journée s'annonçait belle, le temps flottait tranquillement au dessus du château, sans pluie, sans gros nuages gris, il y avait seulement un peu de vent. Cette constatation offrit un sourire sur le visage de la fillette encore quelque peu endormie sous sa couverture à motifs. Elle commença quelques étirements pour réveiller ses maigres membres, puis avec une lenteur d'escargot elle finit par quitter son lit. Dans ses petits chaussons elle traîna des pieds jusqu'à son armoire, qu'allait-elle mettre aujourd'hui? Son long manteau? Non. Son pull en laine rouge? Non. Ou bien encore, ses chaussures compensées? Oh non! Elle se frotta les yeux, sa capacité à réfléchir était encore plus lente que ses mouvements. D'un geste fébrile elle attrapa son pull en laine bleu pastel, un simple jean noir, sa veste en cuire et sa paire de chaussures préférées, matière en daim et couleur bleu nuit. "Ahhhh.. dépêche toi de t'habiller Elfia, ton estomac grogne, tu n'entends pas?" Sa conscience, ou du moins, surtout son estomac, était en train de la pousser, celui ci hurlait, et n'arrêtait pas de fourmiller. La fillette soupira, elle coiffa ses cheveux à l'aide de quelques coups de mains par si et par là. Avant de quitter le dortoir, elle emporta avec elle son jardin secret - son inséparable carnet en cuire. Rarement elle sortait sans lui. Enfin prête le blaireau entama sa course jusqu'à la grande salle, là où se déroulait chaque matin le petit déjeuner, son repas préféré. Elle observa un instant la pièce, il n'y avait pas grand monde à cette heure ci, fronçant les sourcils elle passa un bref coup d’œil sur sa montre à gousset: 8h16
Elfia haussa les épaules et s'installa sagement dans un coin au fond de la pièce. Dans son assiette elle prit, deux pan-cakes, du sirop d'érable, quelques morceaux de fruits, le tout accompagnés d'un bon verre de jus d'orange frais. Son regard vaguait sur les grandes fenêtres en face d'elle, l'envie de se mêler au vent était présente, l'envie de se rendre au parc était puissante. Après quelques bouchées avalées sans grand soin elle se dirigea vers l’extérieur. Sans étonnement elle manqua de tomber plusieurs froid dans les couloirs, maladresse était assurément son deuxième prénom.
Entre le vent et le chant des oiseaux Elfia ferma les yeux, elle profita d'une brise qui s’emparait de ses cheveux. C'était si agréable, de fines caresses froides et frissonnantes parcourant le corps, la journée est parfaite.
Quelques élèves se baladaient, un ou deux couples se tenaient la main, le monde était calme, la vie aussi. Au creux de son esprit une vague d'inspiration fit son apparition, la fillette avait envie de griffonner tranquillement dans son carnet. Non loin, un banc lui fit de l’œil, elle sourit et alla prendre place sur celui-ci. Elle ouvra son carnet sur des pages au hasard, le blaireau lu tranquillement en riant sur quelques passages qui s'y trouvait.

XOX
OOX
XOX
Trop facile ce jeu moldu...

Liste des beaux garçons de l'école:
- J.C
- E.T
- R.S
Ohhh ils ont tous un petit truc!

Liste des gentilles filles, amies j'espère! (Je vais faire des efforts maman je te le promets!)
- M.J
- J-L.M
- E.D
- H.G
Il y en a vraiment beaucoup! Les Poufsouffle sont vraiment tous gentils..

Alaska ~ Elfia ~ Lien du cœur.

Début de lettre à maman,
Il faut qu'on parle, je dois t'avouer maman, je dois te parler maman, quelque chose me peine et me ronge le cœur. Tu sais, je suis désolée maman, tellement désolée, j'aurai dû être quelqu'un d'autre, quelqu'un de différent, je suis une mauvaise petite, par ma faute il est seul désormais, tout seul. Maman pardonnes moi.

Non non, on va pas envoyer ça! Je veux pas! Il est hors de question! Faut pas qu'elle voit ça..

Page n°15

Lorsque je ferme les yeux le vide m'emporte. Lorsque je tends ma main j'aimerai qu'on la prenne. Lorsque j'aime je voudrais que ces sentiments soient partagés. Je marche dans une solitude qui m'étouffe, qui m'égare, qui me garde. Je veux sortir.

Le temps passe et les souvenirs restes.

Page 16

La deuxième page était presque vide, il fallait la remplir, les mots aussi voulaient de la compagnie. Elfia posa à côté d'elle, son carnet encore ouvert puis elle se leva tranquillement pour aller marcher plus loin, ramasser de jolies feuilles mortes, cueillir les fleurs qui montraient le bout de leur nez. La fillette ne se retournait pas une seule fois, submergée par la douceur du matin elle se laissa emporter par la nature.

Les cours des derniers jours avaient été particulièrement difficiles et les devoirs s'amoncelaient à vue d’œil. Ethan faisait de son mieux mais ce n'était pas non plus ce qu'il préférait que de s'enfermer pour étudier et faire ses devoirs. Il décida que ce dimanche serait jour de repos. N'ayant pas trop envie de se mêler aux autres et de rester au calme, il décida de profiter de ce beau soleil pour aller prendre l'air dans le parc.

Même si le vent était faible, il se mit en tête de se diriger face à lui pour mieux le sentir. Il ferma les yeux et se déplaça au feeling au beau milieu de la grande pelouse. En théorie il ne courrait aucun danger, les ravins et le lacs étant loin. Il n'était bien sûr pas à l'abri totalement, mais que vaut la vie quand on ne prend pas parfois quelques petits risques? Le destin, toujours aussi facétieux, choisit ce moment pour pour lui faire une farce dont il est seul capable. L'instant suivant, le jeune garçon se fracassa le bout du pied contre un objet de toute évidence plus solide. Il jura sans bruit, constatant qu'il s'était cogné contre le pied d'un banc.

Son regard fut attiré par un carnet ouvert. Sans doute quelqu'un l'avait-il oublié là. Il s'apprêtait à le prendre pour le ramener au château quand il vit un peu plus loin une jeune fille accroupie occupée à ramasser quelque chose au sol. Elle semblait vraiment absorbée. Ethan essaya de deviner qui c'était, mais ce n'était pas facile car elle lui tournait le dos. Il aurait dit Elfia, une jeune fille de se classe, mais il n'en était pas sûr à 100%. Il s'assit sur le banc à côté du carnet et décida de l'attendre. C'était l'occasion d'apprendre à la connaître.

Son regard dévia à nouveau sur le carnet. Etait-ce des notes de cours? Apparemment pas. Il commença à lire alors plus attentivement. Il rougit tout de suite quand il compris que c'était un journal intime. Lire ou ne pas lire? La tentation était terriblement puissante. Ses yeux finirent par loucher sur la phrase "Liste des beaux garçons de l'école". Avoir lu cette phrase était similaire à mettre le doigt dans l'engrenage. Il vit ses initiales et rougit une fois encore. Orphéa ne serait pas contente d'apprendre cela, se dit-il en rigolant en lui. Il continua frénétiquement la lecture en oubliant toute prudence. Alors qu'il arrivait en fin de seconde page, il s'apprêtait à reprendre une attitude désinvolte et à faire semblant de rien. Plus que quelques mots...

Le toucher de l'humidité contre les fines feuilles mortes était agréable, froid, quelque peu frissonnant mais pas repoussant. L'air était tout aussi mort, tout aussi frais, c'était une matinée de début de printemps. Elfia, les genoux dans l'herbe mouillée, contemplait l'évolution des petites fleurs qui sortaient de terre. C'était si beau, si fascinant. La fragilité de ces êtres était attirante, nostalgique. La fillette était hypnotisée par la nature, rien ne la faisait reculer, rien ne la faisait bouger. Néanmoins son carnet en cuire qui patientait non loin d'elle sur un banc, la fit se retourner doucement. Elle se leva d'un bond et fronça les sourcils. Un garçon, en vu de ses cheveux courts non coiffés, était en train de lire les pages de son cahier. Elle s'en approcha sagement sans faire de bruit, voulant le surprendre pendant son crime. Lire le carnet d'une jeune fille ne se faisait pas, il entrait dans sa vie privée, dans son intimité. Elfia détestait ça, elle ne voulait pas, c'était ses secrets, c'était son échappatoire. Comment pouvait-il si facilement fouiner dans ce qui ne le regardé pas. Sans doute était-ce un geste contrôlé par sa malicieuse curiosité. Derrière le garçon, la fillette tapota doucement son épaule. Elle attendit qu'il se retourne et à la seconde même, posant ses maigres mains contre ses hanches elle dit:

- Je ne te gêne pas trop espèce de petit fouineur?

Elle se recula d'un pas, elle le connaissait. Ses yeux lui étaient familiers. Ethan, sans aucun doute, c'était Ethan Threepipes, un garçon de sa classe qui d'ailleurs est assez sympathique à vu d’œil. Les deux enfants étaient des blaireaux. Ils ne se connaissaient pas plus que ça mais Elfia ne l'aurait jamais imaginée faire une chose pareille. Elle faisait la moue à présent, sa petite mine boudeuse l'interrogeait du regard. Les joues légèrement rosées elle reprit:

- Ethan Threepipes.. Je peux savoir ce que ton nez fait dans les pages de mon carnet? Sais tu que c'est moche?

Son regard se posa sur les écrits, il avait donc lu, il avait donc vu. Non. La honte. Oui, la honte emportait les émotions d'Elfia. Les initiales de son camarade étaient notées dans la catégorie des beaux garçons. Mince. Zut. Il savait maintenant. Gênée elle reprit son carnet les mains tremblantes et s'assit contre le dossier froid du banc. Nerveusement elle tira sur les manches de sa veste avant de renchérir:

- Le dis à personne s'il te plaît, ne dévoile pas mes secrets Ethan, tu peux faire ça?

Allait-elle lui faire confiance? Elle ne le savait pas, mais en aucun cas il fallait que les élèves de l'école soient au courant. Non, il ne fallait pas. Etre le centre des conversations, de l'attention, elle ne voulait pas de ça. Ce n'était pas pour Elfia.

Alors qu'il en avait presque fini avec la lecture des 2 pages, il entendit la voix d'Elfia tout près de lui qui lui demandait si elle le le gênait pas trop, et le traitait de fouineur. De fouineur? Ce n'est pas lui qui laisse à la vue de tout le monde ses secrets! La culpabilité fit quand même son nid dans son esprit. Il allait bégayer une réponse quand la jeune fille recula et lui demandait ce qu'il faisait le nez fourré dans son carnet. Il respira un bon coup pour se calmer et répondit paisiblement.

- Salut Elfia. Quand tu vois une affiche au mur, tu fermes les yeux et tu passes ton chemin? Moi non en tout cas. Eh bien ton carnet était grand ouvert ici en plein milieu du parc. Je ne me suis rendu compte que c'était un carnet intime que quand je l'ai lu. Après c'était trop tard. C'était trop trop intéressant ce que tu as écrit pour que je puisse m'arrêter! dit-il en éclatant de rire. Je plaide donc à moitié coupable. L'autre moitié, c'est la personne qui a tenté le dia... heu, l'innocent garçon, lança-t-il en regardant avec insistance la jeune Poufsouffle.

Elfia le supplia ensuite de ne rien révéler à personne. La situation commençait à devenir intéressante. Il pourrait peut-être lui soutirer quelques chocogrenouilles contre son silence. Ou alors elle pourrait faire quelques devoirs pour lui. Surtout que physiquement, elle n'était pas plus imposante que lui. Il rigola en lui, puis reprit son sérieux, car il n'était pas comme ça. Loin de lui l'idée de vraiment vouloir tirer à son avantage la situation.

- Moui, je devrais pouvoir garder le secret. Du moins si j'y fais attention car on n'est jamais à l'abri d'une gaffe tu sais.

Cela ne lui était jamais arrivé, mais il avait quand même envie de voir la tête d'Elfia face à l'incertitude, histoire de la titiller quand même un peu.

Il était là, droit dans ses chaussures, le carnet de la fillette en main. Elfia avait les yeux rivés sur son objet, son journal, son jardin, ses secrets. Son camarade ne bougeait pas d'un pouce, tout souriant, avec une touche de malice dans son regard.

- Salut Elfia. Quand tu vois une affiche au mur, tu fermes les yeux et tu passes ton chemin? Moi non en tout cas. Eh bien ton carnet était grand ouvert ici en plein milieu du parc. Je ne me suis rendu compte que c'était un carnet intime que quand je l'ai lu. Après c'était trop tard. C'était trop trop intéressant ce que tu as écrit pour que je puisse m'arrêter! Je plaide donc à moitié coupable. L'autre moitié, c'est la personne qui a tenté le dia... heu, l'innocent garçon, lança-t-il en regardant avec insistance la jeune Poufsouffle

Ethan accompagnait ses mots d'un rire, la situation l'amusait drôlement, ce qui n'était pas le cas d'Elfia, du moins, elle restait sérieuse, un peu. Le rire du blaireau était assez communicatif alors c'était compliqué. Elle ne pu se retenir longtemps, les mains contre ses hanches, un léger rire sortit de sa bouche, elle le ravala presque aussitôt en se raclant la gorge.

- Oui je passe mon chemin c'est ça oui! dit - elle moqueuse. Intéressant, je ne te demanderai pas pourquoi. Le diable c'est ça, craint le diable alors petit blaireau.

Elle leva une de ses mains en l'air et reprit:

- Je plaide l'autre moitié simplement par ce que tu me force Ethan, saches le.

Elle ria doucement et reprit son sérieux. Elle allait devoir faire confiance à son camarade, elle n'avait pas forcément le choix. En aucun cas il devait révéler les pages de son cahier, non, il n'en avait pas le droit, elle ne lui laissait pas le choix. Les bras d'Elfia se raidirent et prirent place tout contre son corps.

- Moui, je devrais pouvoir garder le secret. Du moins si j'y fais attention car on n'est jamais à l'abri d'une gaffe tu sais.


La fillette poussa un long soupir, laissant apparaître ensuite un sourire de malice, il voulait jouer, oui Ethan était une forte tête. Il tenait un jeu de carte imbattables dans ses mains et il le savait. La victoire était bien trop facile pour lui. Mais Elfia n'allait sûrement pas se laisser faire. Jouer la carte du chaton triste était tout sauf la bonne solution devant son camarade. Jouer la carte de la fille malheureuse aussi. Alors elle prit donc sa dernière carte, le naturel. Elle croisa ses bras contre sa poitrine, son regard battait celui d'Ethan.

- Monsieur Threepipes, que voulez vous dire par là? Quel est votre plan machiavélique contre moi? Que veux dire ta phrase hein?

Assurément, la fillette n'était pas à l'abri avec son camarade de classe, pour tout avouer, l'angoisse se logée tranquillement dans le creux de son ventre mais elle ne le montra pas. Elle secoua vivement la tête, les initiales, elle pensa aux initiales. Ses joues commencèrent à prendre une belle couleur rouge lorsqu'elle reprit la parole.

- Que ce soit clair, ce ne sont que des lettres, et puis d'abord tu n'es même pas le premier. Je te parle bien évidemment des initiales..

Elfia fit un clin d’œil amusé à Ethan, tout en ayant, encore, les bras croisés.

Elfia essayait de montrer qu'elle n'était pas trop touchée par le petit jeu d'Ethan mais sa posture la trahissait. Les bras croisés indiquaient clairement qu'elle était contrariée. Elle souriait, ou du moins se forçait à sourire, mais ses paroles étaient bien trop agressives pour que ce soit convainquant. Ethan se demandait si c'était une bonne idée de continuer dans cette voie. Il ne lui voulait certainement pas du mal. Le seul crime d'Elfia avait été de laisser son carnet ouvert. Elle était déjà bien assez embarrassée comme ça, inutile d'en rajouter des couches. Il leva une main en signe d'apaisement.

- Ne t'inquiète pas, je te faisais juste marcher. Je n'ai pas l'intention de révéler à quiconque ce que j'ai lu ici, dit-il calmement. Je suis désolé si j'ai pu te blesser en lisant ces deux pages. Je te promets de fermer ton carnet la prochaine fois que je le vois ouvert maintenant que je sais à quoi il ressemble.

Puis il se sentit un peu mal à l'aise. Il avait beau n'être que second dans la liste d'Elfia, il y figurait quand même, ce qui était intimidant. Il aurait préféré ne pas y figurer du tout. Maintenant il savait et elle savait qu'il savait, ce qui compliquait singulièrement les choses. Ethan ne comprenait pas encore grand chose à toutes les affaires de cœur, mais il sentait qu'Orphéa y occupait de plus en plus de place et qu'il n'y avait pas assez d'espace pour deux personnes comme elle.

- C'est déjà pas mal second, non? J'ai droit à une médaille d'argent, c'est chouette ça! dit-il en riant un peu nerveusement. Tu veux que je dise à Jules qu'il est numéro un?

Il connaissait la probable réponse mais si jamais elle était d'accord, ce serait une façon pour Ethan de pouvoir se racheter.

- Ne t'inquiète pas, je te faisais juste marcher. Je n'ai pas l'intention de révéler à quiconque ce que j'ai lu ici. Je suis désolé si j'ai pu te blesser en lisant ces deux pages. Je te promets de fermer ton carnet la prochaine fois que je le vois ouvert maintenant que je sais à quoi il ressemble.

"Pffiioouu". Elfia maintenant rassurée, desserra son appui sur ses hanches et se mit à rire gentiment. Pendant un long moment elle pensait qu'Ethan allait faire une bêtise, une gaffe. Mauvaise langue, il était digne de confiance, il n'allait pas la blesser, mal agir, tout simplement, les secrets ne seraient donc plus dévoilés. Ils étaient bien gardés, entre deux blaireaux.

- C'est déjà pas mal second, non? J'ai droit à une médaille d'argent, c'est chouette ça! Tu veux que je dise à Jules qu'il est numéro un?

Gênée, ses joues commencèrent à rougir. Pour elle, ce n'était que des lettres. Cette liste avait été crée dans l'ennui avant de plonger dans un sommeil profond. Il y avait beaucoup de garçons dans l'école, certains plus mignons que d'autres. Les yeux servent, les yeux observent. Elle n'était sans doute pas la seule fille de son âge à faire ce genre de chose. Derrière ses notes il n'y avait pas de pensées, pas d'amour, simplement un critère. C'était amusant, distrayant. De regarder, puis de conserver un souvenir.

- C'est du désordre Threepipes alors peut être que tu es encore bien plus bas tu sais. dit-elle avec un sourire amusé. A Jules, qui te dis que c'est lui? Il y a des tas de J.C à l'école, sans aucun doute! Puis ce ne sont que des lettres, rien ne se cache derrière. Hep hep hep motus et bouche cousue!

Elle ria, tout aussi gênée qu'amusée. Les émotions valsaient, tournaient, elles étaient emportées dans un carrousel. Elle secoua nerveusement la tête, voulant changer de sujet. Elle hésita un court instant puis brisa le léger silence.

- Et toi? On en parle? Une fille se cache dans tes yeux mon petit Ethan? Je dirais rien!

Les bras croisés, elle espérait obtenir un secret à son tour, un secret qu'elle garderait.

De toute évidence Elfia tentait de noyer le poisson. Pourquoi ne pourrait-il pas en parler avec d'autres personnes si cette liste n'avait aucune valeur? Ce n'était pas logique du tout. La jeune Poufsouffle se débattait dans un sable mouvant et au plus elle essayait de s'en sortir, au plus elle s'y enfonçait. Ethan laissa échapper un petit rire amusé avant de répondre.

- Et donc si c'est en désordre, je suis peut-être aussi le premier? Il y a peut-être d'autres J.C. dans l'école mais il se fait qu'il y en a un très mignon dans notre salle commune, petite comique. Je veux bien te croire que la liste est en désordre dès la seconde place car on se met à réfléchir après avoir sorti le premier nom. Mais le premier nom est toujours spontané. Rooooh, si Jules savait! dit Ethan avec un sourire taquin.

Il avait très envie d'aller trouver Jules pour le lui dire. Peut-être que le Poufsouffle de seconde était lui aussi sous le charme d'Elfia? Il trouvait qu'ils formeraient un beau couple à eux deux.

La question que sa camarade posa abruptement à Ethan concernant les filles le prit de court. Il n'avait pas du tout l'intention d'en parler à une quasi inconnue. Il essaya de ne pas se trahir en tentant de ne pas rougir mais il sut que c'était peine perdue. La discussion prenant une direction qu'il aurait dû voir venir. Quel imbécile il était. Bientôt toute l'école serait au courant et les épierait. Du moins c'était ce qu'il s'imaginait car la vérité était sans doute que la plupart des personnes ne s'en souciaient pas. Est-ce qu'elle avait vu les boulettes de papier qu'Orphéa et lui s'étaient échangé en cours de métamorphose? Il n'en avait aucune idée. Il essaya d'esquiver en répondant sans mentir sur le ton le plus dégagé possible, tellement dégagé qu'il n'avait pas l'air naturel pour un sou.

- Je n'ai pas de petite copine, désolé de te décevoir.

Voilà, c'était la vérité. Il espérait qu'elle se contenterait de cette phrase et qu'elle ne fouillerait pas plus loin dans son intimité. Car sous cette fine couche de peinture qui tentait de sauver les apparences était écrit en très grandes lettres scintillantes le nom d'une petite Serpentard.

La conversation devenait tendue pour la jeune fille, Ethan jouait drôlement avec la trouvaille qu'il avait faite sur le banc du parc. Il riait, totalement amusée, totalement enjoué par le jeu qui se formait au fur et à mesure du temps. Les bras croisés d'Elfia contre son ventre se serraient davantage lorsque Ethan prenait la parole.

- Et donc si c'est en désordre, je suis peut-être aussi le premier? Il y a peut-être d'autres J.C. dans l'école mais il se fait qu'il y en a un très mignon dans notre salle commune, petite comique. Je veux bien te croire que la liste est en désordre dès la seconde place car on se met à réfléchir après avoir sorti le premier nom. Mais le premier nom est toujours spontané. Rooooh, si Jules savait!

Elfia dans la seconde virait au rouge pivoine. Il chatouillait nerveusement ses nerfs, elle s'en voulait terriblement à ce moment. Comment avait-elle pu oublier son maudit carnet au beau milieu du parc, à perte de vue des autres élèves. Il ne devait pas, c'était privé, intime, ses mots et ses pensées à elle.

- Mais ça ne va pas la tête? C'est simplement et tout bonnement par ce que c'est le premier garçon que j'ai vu, logiquement ça marque non? Et puis rien ne te regardes d'abord, ce sont des histoires de filles et plus précisément ce sont mes histoires. Jules ne va rien savoir, et puis si tout de même il l'apprenait il serait content puis c'est tout.

Le sérieux n'était pas son point fort, l'humeur d'Ethan était contagieuse. Un léger rire sortit de sa bouche, puis dans un soupir elle se laissa tomber sur le banc. Le retournement de situation était spectaculaire, le rideau se levait dans le rouge des joues de son camarade. Elle avait touché un point, un secret, une boulette de papier froissée. Elle n'était pas aveugle, elle avait remarquée, quelques mètres plus loin, les échanges de mots entre Ethan et une autre élève.

- Je n'ai pas de petite copine, désolé de te décevoir.

C'était vrai, néanmoins l'idée d'en avoir une traînait peut être dans un coin de sa tête, avec une certaine camarade de classe, un serpent dans les maigres souvenirs d'Elfia.

- Je sais Ethan, je sais. dit-elle d'un air rassurant. Tu sais je ne suis bête encore, j'ai vu la scène, les cachotteries. Et t'en fais pas je n'en dirai pas plus, je sais que c'est gênant.

Une accentuation sur "gênant" se faisant entende. Elle comprenait et pour ne pas enflammer les joues rosies du garçon elle n'en rajouterait pas davantage. Ces quelques mots suffisait déjà pour le chambouler un peu. Elle fouilla ses poches, cherchant les friandises qu'elle avait soigneusement prit avant de venir se balader. Elle sortit deux belle chocogrenouilles.

- Prends en une, ma mère dit toujours que le chocolat ça détend.

Ces mots étaient accompagnés par un clin d’œil amusé. Elle tendit donc une friandise à son camarade.

Alors que sa camarade le sermonnait, Ethan se dit qu'il avait peut-être été un peu loin. Ce n'était pas très gentil de la torturer avec ce qu'il avait lu alors qu'il aurait dû fermer le carnet dès qu'il eut compris ce que c'était. Après tout c'était une fille avec qui il aurait passé sept années de sa vie en classe et en salle commune. Il donc valait mieux en faire une amie qu'une ennemie. Il leva une main en signe d'apaisement.

- Ne t'inquiète pas, je te taquinais. Je ne vais rien dire à personne, je te le promets, dit-il d'un sourire sincère.

Elle lui confirma d'emblée que leur petit manège à Orphéa et lui au cours de métamorphose avait été repéré. Il rougit de plus belle. Sachant que nier ne servirait à rien, il préféra ne rien dire, tellement il était mal à l'aise d'en parler à quelqu'un qu'il connaissait à peine. Mais la jeune fille savait comment mettre à l'aise un Poufsouffle car elle lui proposa un chocogrenouille. Apparemment elle ne lui en voulait pas trop de l'avoir un peu bousculée. Elfia semblait être quelqu'un de très gentil.

- Oh merci, c'est vraiment très gentil de ta part! dit-il avec enthousiasme et en attrapant la friandise.

Il ouvrit le paquet et regarda la carte avec empressement. Il fut un peu déçu de voir que c'était une commune qu'il possédait déjà mais c'était le jeu, il le savait.

- J'ai déjà cette carte dans ma collection. Tiens, elle est pour toi. dit-il en tendant le mini personnage animé, protestant d'avoir été mis la tête à l'envers.

Il engloutit ensuite le chocolat. Il n'y a pas à dire, cette friandise était vraiment délicieuse. Sa camarade avait vu juste car il se détendit rapidement. Assez pour qu'il puisse répondre totalement honnêtement à la question de la fille concernant quelqu'un qui faisait battre son petit cœur.

- Tu as raison, la fille avec qui tu m'as vu échanger des messages, c'est quelqu'un de très spécial pour moi. Elle est trop charmante, tu ne trouves pas? Elle s'appelle Orphéa. Elle est chez Serpentard. Ca veut dire en plus qu'elle a beaucoup de potentiel, c'est chouette non?

Le jeune garçon avait le sourire facile, mais quand il évoquait Oprhéa, celui-ci était toujours un peu plus grand.