Marchant d'un pas rapide comme à son habitude, Isaac se rendait à la Grande salle. Il n'était pas habillé de son uniforme de Serpentard ce matin, mais de simples vêtements quotidiens. Un pantalon noir retroussé aux tibias, des mocassins semblables à celles de l'uniforme, ainsi qu'une chemise un peu trop grande pour lui dont les manches étaient également retroussées et le col déboutonné. Cette dernière était rouge bordeaux à rayures grises, blanches et noires, et lui arrivait au bas de son fessier. Ses cheveux étaient, quant à eux, comme à leur habitude, c'est-à-dire ébouriffés, et sous ses yeux, ses éternelles cernes. En bref, cette journée n'avait rien d'extraordinaire, il était le Isaac de tous les jours. 

Il s'installa donc à la table de sa maison, puis se servit pour prendre son petit-déjeuner. Il avait prévu d'aller chercher Ulysse après ça, il devait probablement déjà être réveillé à cette heure. Alors il se servit, commença à manger, puis les hiboux volèrent au-dessus de la salle. Certains arrivaient ébouriffés, ceux qui avaient été pris pour cible par les Manteaux noirs. Le jeune garçon n'y faisait pas vraiment attention, il avait plus important à faire. A savoir, se nourrir. C'est alors qu'une lettre manqua de tomber dans son assiette, il l'avait attrapée juste avant qu'elle ne s'y écrase. Ca aurait été bien dégoûtant. Ils devraient vraiment revoir leurs règles d'hygiène à Poudlard, ça ne leur ferait pas de mal. Quoiqu'il en soit, il tenait à présent la lettre entre ses mains, et vérifia le nom inscrit dessus. Oui, c'était bien le sien.. Mais l'écriture n'était en rien celle de son père. Qui lui enverrait donc une lettre, il ne connaissait personne en dehors de Poudlard à part sa famille.

Il l'ouvrit donc, et la lut.. En manquant de s'étouffer avec sa nourriture. Pardon ? Une lettre d'amour ? Il n'avait pas réellement sympathisé avec des filles cette année, il méprisait même la plupart d'entre elles, s'agissait-il donc là d'une blague ? Il leva discrètement les yeux, guettant qu'une personne ne l'espionne pour voir sa réaction, mais il vit personne. Mais cette lettre est trop bien écrite, ça ressemblerait presque à une copie d'un poème... Alors il se leva, et en faisant cela, regarda la table de Gryffondor. Ouf, Ulysse était là. Il s'empressa donc de le rejoindre, puis s'assit à côté de lui comme si de rien n'était, avec un léger sourire.

« Bonjour toi. »


Puis il lui tendit la lettre.

« Hum.. J'ai reçu ça à l'instant. Tu crois que c'est une blague ? Parce que je vois vraiment pas qui pourrait m'envoyer ça.. »

Jolie journée. Le ciel - le vrai autant que celui du plafond artificiel de la Grande Salle - était clair et dénué de nuages. Encore une belle journée qui s'offrait à moi dans toute sa splendeur. Je pourrais profiter du soleil et du beau temps dans le parc, en compagnie de Taylor ou d'Isaac. La première réviserait surement pour ses examens, je pourrais plus compter sur le second pour faire deux ou trois bêtises dans le château sans subir les réprimandes de ma meilleure amie. Un sourire illuminant mon visage, je marchais tranquillement vers la table des Gryffondor en quête d'un ami avec qui je pourrais partager mon petit-déjeuner. Ne trouvant ni Taylor, ni Athéna, ni Deamon, je décidais de manger seul pour une fois. Je m'assis au bout de la table et me servit un toast grillé ainsi qu'une tranche de bacon tout aussi grillée.

Tout en grignotant mon toast avec lenteur, je cherchais des yeux Isaac à la table des Sarpentard. Je souhaitais lui parler de mon projet de journée, c'est à dire des bêtises en veux-tu en voilà, ainsi que de tout et n'importe quoi. Avoir une discussion normale entre meilleurs amis inséparables, en gros. Quand enfin mon regard tomba sur la chevelure châtain d'Isaac, mon sourire s'agrandit et je voulus lui faire un signe de la main, mais il ne me vit pas. Il semblait plongé dans la lecture d'une lettre, un air choqué sur le visage. Je fronçais les sourcils, étonné par ce comportement. Avait-il eut un problème avec l'un des membres de sa famille ? J'allais me lever pour aller lui parler, abandonnant mon toast et mon bacon, lorsqu'il se mit en marche vers moi, la lettre à la main.

Lorsqu'il arriva à ma hauteur, il me mit le bout de parchemin qu'il tenait il y a quelques secondes dans la main avant de me dire qu'il ne savait pas qui pouvait lui avoir envoyé cette lettre. Intrigué, je m'exclamais :

"Bonjour ! Tiens, tiens, une lettre anonyme... attends, je lis ça."

Aussitôt dit, aussitôt fait. Même si je détestais la lecture, ma curiosité me poussait à parcourir les lignes écrites à la main sur le parchemin jauni. Dès que mes yeux se posèrent sur les premiers mots, je restais abasourdi. C'était incontestablement une lettre d'amour sous la forme d'un poème. Lorsque je terminais de lire les vers et les strophes à l'eau de rose, je regardais Isaac avec un mélange de surprise, de jalousie et de taquinerie :

"Mon vieux, la seule chose que je peux te dire, c'est que tu as une admiratrice secrète !"

Il posa un coude sur la table puis posa sa tête sur sa main en s'appuyant dessus. Oui, il prenait ses aises à la table de Gryffondor, mais c'était qu'une table alors il n'allait pas se gêner. Il soupira tandis que son compagnon lisait la lettre. Ca n'avait ni queue ni tête cette histoire, ça devait sûrement être une farce. Et la personne à l'origine devait probablement bien rire dans son coin à l'heure qu'il est en le voyant demander de l'aide à son meilleur ami. Il continuait donc à guetter du coin de l'oeil des comportements suspects, mais décidément, rien ne se passait. Ses yeux vairons se posèrent ensuite sur Ulysse quand il eut terminé de lire. 

« Hein.. »

Et à sa réponse, il ne put s'empêcher d'avoir un visage de dégoût. Une admiratrice secrète, rien que ça. Ca voulait donc dire qu'il y avait une fille quelque part dans ce château qui l'observait dans son coin sans qu'il ne le sache, sans qu'il sache quand ni sous quel angle, ni même les lieux.. Il était observé à son insu, et s'en était même pas rendu compte. De quoi rendre parano, ne pouvait-elle pas venir directement le voir si elle avait quelque chose à dire ? En plus en signant anonyme, comment était-il censé savoir de qui il s'agissait ? Si elle n'avait pas l'intention de le le dire en face ni même qu'il sache qui elle est, elle n'avait qu'à pas envoyer un hibou pour satisfaire ses désirs ! Toutes des cruches dans cette école décidément, et après on s'étonne qu'il soit dur avec elles. Il reprit néanmoins rapidement un visage décent, qui avait simplement l'air ennuyé, comme si son expression dégoûtée d'avant n'avait jamais été là.

« T'es sûr ? Mais pourquoi j'en aurais une, j'ai rien fait pour et en plus je m'entends pas spécialement bien avec les filles.. »

"C'est même l'inverse j'en ai déjà fais pleurer plus d'une cette année" Mais dire ça à voix haute n'était pas vraiment nécessaire, alors il s'abstint. 

« C'est toi qui es gentil avec les filles et le dragueur en série, ça s'trouve cette idio.. personne nous a confondue et voulait t'adresser cette lettre ? »

Isaac s'installa confortablement sur la table, comme chaque fois qu'il y venait. Je fis à peine attention à cela, trop concentré sur la lettre que je tenais dans les mains. Ces mots poétiques écrits à l'encre et à la plume me donnait à la fois envie de rire car c'était quand même un peu ridicule tout cet amour pour d'une inconnue pour mon meilleur ami, et envie de la jeter par terre parce que cette lettre était destinée à Isaac et non à moi. Rageant, n'est-ce pas ? Surtout que je me croyais bien plus beau et plus craquant que le Serpentard... Voilà que toutes mes illusions partaient en éclats avec cette admiratrice secrète qui avait fait cette déclaration d'amour à celui que je trouvais inférieur en beauté. Je soupirais en relisant encore et encore les lignes romantiques, en essayant de rejeter ce sentiment qui commençait à prendre racines en moi. Je ne voulais en aucuns cas être jaloux d'Isaac, c'était mon meilleur ami tout de même.

Il marmonna un "Hein ?" surpris et horrifié, qui me fit tourner la tête vers lui. Il semblait plus terrifié et dégoûté qu'heureux d'avoir une admiratrice secrète. Cette idée ne devait pas lui donner très envie... A cette pensée, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Et moi qui commençais à être jaloux pour une pauvre lettre d'une fille anonyme qui en pinçait pour mon meilleur ami qui n'en avait rien à faire d'elle. J'étais vraiment bête. Isaac me demanda si j'étais sur, car il n'avait rien fait pour avoir une admiratrice secrète et n'était pas particulièrement gentil avec les filles. Je calmais mon rire, avant de lui répondre, moqueur :

"Mec, être gentil avec une fille ne change rien au fait qu'elle t'aime ! Elle te trouve beau alors elle est complètement gaga de toi !"

A présent, j'étais amusé par la tournure que prenait la situation. Et une idée germait peu à peu dans mon esprit : si Isaac était d'accords, nous pourrions mener l'enquête sur l'identité de la fameuse admiratrice, et je pourrais prouver encore une fois mon courage et mon don d'enquêteur à mon meilleur ami. Lorsque j'entendis la seconde phrase d'Isaac, je rougis violemment.

"C'est toi qui es gentil avec les filles et le dragueur en série, ça s'trouve cette idio.. personne nous a confondue et voulait t'adresser cette lettre ?"

J'étais certain que la personne en question ne s'était pas trompée, puisqu'en haut de la lettre, il y avait marqué "Cher Isaac". Même si je l'aurais bien voulu, l'admiratrice aimait bel et bien le petit serpent qui se tenait à côté de moi. Et puis, après tout, j'avais Alaska. Et je me fichais bien de toutes les autres filles, à présent. Alors que cette admiratrice secrète admire secrètement mon meilleur ami, ça m'était bien égal.

"Non, non, non. J'ai beau être le plus sympa avec les filles, cette lettre t'es destinée. Y'a marqué ton nom d'ssus."

Donc, pour résumer la situation. Il y a une fille qui l'espionne et pense à lui à son insu, cette fille lui envoie une lettre anonyme pour lui faire part de son amour en faisant en sorte qu'il ne sache pas qui elle est -en d'autres termes, si les sentiments étaient réciproques il ne pourrait même pas les lui transmettre alors heureusement que ça n'était pas le cas-, et pour finir, elle l'aime uniquement parce qu'elle le trouve attirant physiquement alors qu'ils ne se sont peut-être même jamais adressés la parole ? Mais à quel genre d'idiote avait-il donc affaire ? Il poussa un grand soupire, et se laissa tomber sur la table, bras tendus en avant et la tête au milieu sur le bois. Mais qu'avait-il donc fait pour mériter ça ? Parmi tous les garçons, il fallait que ça tombe sur lui. Il allait réellement finir par ne plus supporter les filles à force... Tant pis. Il n'avait qu'à l'ignorer, après tout, elle s'était engagée à se prendre un vent en signant anonyme cette lettre, alors elle n'aura que ce pour quoi elle aura signé. Il tourna ensuite sa tête vers son meilleur ami, toujours affalée sur la table avec seulement une partie de son visage visible par-dessus son bras. 

« Si elle ne me connait pas et qu'on s'est jamais parlé, peut-être qu'elle aurait pu croire que t'étais Isaac, et moi Ulysse. Elle aurait pu inverser nos noms.. »

Ou du moins c'est ce qu'il souhaitait, mais il avait l'étrange pressentiment que ce n'était actuellement pas le cas et que cette fille s'était bien renseignée sur ce sujet. Alors il soupira à nouveau en se redressant. Maintenant qu'il y pensait, les personnes de son âge aimaient bien être en couple, ça faisait "stylé",  puis ça pouvait montrer un certain aspect populaire. Et pourtant, lui n'avait jamais été attiré par quelqu'un, ni même ne souhaitait l'être. Il regarda Ulysse du coin de l'oeil. Ulysse traînait bien avec Alaska, était-ce amusant ? Il avait l'air heureux, peut-être que ça l'était. Peut-être qu'avoir ces sentiments d'être aimé et d'aimer à son tour faisaient le plus grand bien. Il ferma un instant ses pupilles et se tourna vers son acolyte, un léger sourire aux lèvres. Il n'avait pas besoin d'aimer, lui. Il n'avait pas non plus besoin d'être aimé. Tout ce dont il avait besoin, c'était d'Ulysse, et de lui seul. Sa seule présence était tout pour lui, et c'était tout ce qu'il demandait. 

« Tu ne te transformes pas en Détective Ulysse ? J'étais pourtant persuadé que tu aurais proposé une telle activité. »

C'est ça, c'était tout ce qu'il demandait. Sa présence, et son sourire. Et même si lui n'était pas réellement intéressé par l'identité de cette mystérieuse fille, il savait que son meilleur ami l'était. Ou plutôt, qu'il était intéressé par l'enquête qui mènerait à cette identité. Et s'il y avait intérêt, il y avait sentiment de joie. Et donc Ulysse serait heureux. Alors peut-être qu'une enquête pourrait finalement se dérouler, les occuper tous les deux, et rendre son meilleur ami heureux ? Son seul ami heureux ?

Ce qu'il pouvait être têtu et ignorant, parfois !  Et il prenait les filles pour des idiotes écervelées, aussi. Isaac faisait tout pour ne pas assumer que cette fille anonyme l'aimait lui et pas moi. J'étais persuadé que cette lettre mystérieuse lui était destinée, et prêt à le lui prouver. D'expérience - enfin, c'est moi qui le dit, je n'y connais presque rien en terme de filles - je savais qu'elles ne mettraient pas un nom au pif sur la lettre à destination de leur amoureux. Sauf si... sauf si c'était un "prank" comme l'appelaient les jeunes Moldus que je fréquentaient à l'école primaire et qui passaient leur temps à se faire ce genre de farces aux jolies filles de la classe. J'espérais du fond du coeur que cette lettre soit sincère, car sinon, la fille qui avait osé faire un prank à mon ami n'en ferait plus pour l'éternité, parole d'Ulysse Mage ! On ne fait pas ce genre de choses à mon meilleur ami, car ce n'était ni sympa ni dans les règles.

D'ailleurs, Isaac ne semblait pas réellement penser ses paroles. Il tentait juste de se convaincre que la fille en question avait voulu m'envoyer cette lettre à moi, et non à lui. Il avait dût se rendre compte que cela était impossible. Je regardais mon pauvre Serpy qui semblait terrassé. Je ne comprenais pas pourquoi il n'était pas content d'avoir une admiratrice, après tout, énormément de garçons rêvaient dans avoir une... Sauf peut-être moi parce qu'avoir une petite amie me suffisait amplement. A cette pensée, mon regard translucide dériva vers la table de Serpentard, où la petite amie en question déjeunait tranquillement en compagnie de ses amis. Je vis du coin de l'oeil un sourire s'épanouir sur le visage d'Isaac, tandis qu'il me proposait de mener l'enquête. Mon visage s'illumina d'un coup, et je me levais d'un bond.

"Bien entendu ! Ulysse Holmes à la rescousse de son poto Isaac Moriarty !"

Je souris de toutes mes dents, avec l'intime conviction de me transformer réellement en Sherlock Holmes. Pourtant, aucunes moustaches ni aucunes pipes n'apparurent sur mon visage, ce qui me déçu. Je me saisis de la lettre avant de l'observer, le nez collé au parchemin.

"Il va me falloir une mine de crayon noir et quelque chose pour la râper... Tu as ça dans ton sac ?"

Et le voilà qui prenait du poil de la bête en bondissant d'excitation. Il était si enjoué et si prévisible, le Serpentard en gardait son sourire. Il se leva à son tour, plus calmement, et se tourna ensuite vers lui.

« Mon sac est dans mon dortoir. Tu veux que j'aille le chercher ? Et puis.. Il prit un couteau sur la table de Gryffondor, puis mit son index sur la partie coupante afin de voir s'il serait efficace. Tu pourrais peut-être l'utiliser pour râper ? »

A vrai dire, il ne savait même pas pourquoi son ami avait besoin de ces matériaux. Peut-être voulait-il râper la mine afin de faire tomber la poussière sur le parchemin et ainsi voir à quel point il adhère ? Non,  c'était inutile. De plus, il a bien précisé que celle-ci devait être noire, cette information devait forcément être utile... Mais Isaac n'en connaissait pas la solution. L'explication devait encore se trouver dans un de ses livres moldus, il devrait peut-être les lire un jour, ça pourrait être amusant. Ces histoires d'enquêtes moldues au XIXème siècle. Il pourrait peut-être même fabriquer une série de codes secrets avec ça, codes qui ne seraient déchiffrables que par eux.  Oui, ils pourraient ainsi communiquer par des messages sans risquer qu'un individu quelconque puisse les comprendre, ça semblait brillant. Enfin, là n'était pas la question, alors il tourna le couteau de sorte à tendre le manche à Ulysse, tandis que la lame pointait vers lui. 

« Bien, voilà ce que je te propose : je vais chercher ce dont tu as besoin avec d'autres bricoles qui pourraient éventuellement t'être utiles, et pendant ce temps tu commences à faire tes magouilles ici ou dehors au soleil, puis je te rejoins et on continue ensembles. Ca te va ? »

A vrai dire, même s'il lui posait la question il n'avait pas vraiment le choix. S'il voulait être efficace et commencer le plus tôt possible son enquête, il fallait qu'il accepte. S'il refusait, il devrait aller chercher lui-même un crayon noir et il perdrait du temps, alors que là, il peut l'utiliser pour mettre à profit ses talents d'enquêteurs. Alors Isaac commença à s'éloigner en mettant ses mains dans ses poches, sans attendre la réponse, puis après quelques pas, se retourna un instant. S'il allait chercher ses affaires, il devrait également pouvoir retrouver son ami par la suite sans avoir à remuer tout Pourdlard pour le trouver. Isaac avait bien sa petite idée de l'endroit où il se trouverait, probablement dehors, mais il demanda quand même en laissant le bénéfice du doute.

« Tu veux enquêter ici ou dehors ? Histoire que je te rejoigne avec les mines assez rapidement. »

Puis après réponse, il continua donc sa marche pour descendre dans les sous-sols, en direction de son dortoir, chercher tout ce dont le duo avait besoin. 

Isaac sembla assez amusé par mon idée, et il joua le jeu en me disant que son sac était dans le dortoir. Je souris de savoir que lui aussi se plaisait à jouer aux enquêteurs, même s'il semblait s'interroger sur la raison de mon besoin de mines de crayon noir. Cela se voyait, il n'était pas encore expert en matière d'enquête, car tous fan de Sherlock Holmes savait que la poudre de mines de crayon était très utilisée pour déceler des empreintes digitales. Pourtant, je ne dis pas tout de suite leur utilité à mon ami, préférant laisser planer le mystère et lui faire une démonstration en temps voulu. Après tout, un artiste ne dévoile jamais vraiment ses secrets, c'est aux spectateurs de les découvrir... J'étais aux anges de jouer à Sherlock Holmes et d'enfin pouvoir montrer à mon meilleur ami mes talents. Je lui souris.

Il me proposa alors d'aller continuer l'enquête dehors pendant qu'il allait chercher les mines. J'hochais la tête en engouffrant la dernière bouchée de mon toast ainsi qu'en vidant cul-sec les restes de mon jus de citrouille. Puis je rassemblais les affaires dont j'avais besoin pour l'enquête, c'est à dire la lettre que j'essayais de ne pas toucher pour ne pas y laisser mes empreintes digitales ainsi que mon cerveau qui s'était un peu perdu dans mes rêves de célébrité. Je me levais lorsque Isaac se retourna vers moi pour me demander si j'allais mettre fin au mystère dehors ou ici.

"Dehors, y'aura moins de monde et plus de places." répondis-je en quittant la table. Alors que mon ami allait partir, je lui criais : "Eh ! D'ailleurs faudra que je te pose des questions !"

Puis je continuais ma route vers le Parc, l'esprit fourmillant de pensées. Chaque fois que je croisais une fille, je la regardais étrangement en me demandant si c'était elle, l'admiratrice sans courage. J'émettais de nombreuses hypothèses sur son identité, comme Holmes l'aurait fait à ma place. "Dans quelle maison pourrait-elle être ? Surement à Serpentard, il aurait put la voir en salle commune..." Oui, ce devait être ça. Je demanderais à Isaac si il avait vu une Serpy collante chez les Verts. "P'têtre qu'il la déjà rencontrée, qu'il lui a parler et l'a fait pleurer ?" Je poserais aussi la question à mon ami, pour savoir avec quelles filles il s'est disputer ou a tout simplement parler. Du bout des doigts, je tournais la lettre pour y déceler le moindre indice, mais le papier était uniforme et normal.

Cette enquête serait très compliquée.