Lyn se trouvait dans la Grande Salle, mêlée aux autres élèves de Poudlard qui devaient probablement être tous présents, alignés le long des murs. Il y avait du monde à part ça, plein d'adultes venus de nulle part, et puis un jeune Serpentard et un inconnu qui étaient ligotés. La Directrice n'y était pas allée par quatre chemins : Poudlard avait été attaquée. Les Chinois avaient débarqué pour aider. L'attaque avait été repoussée. Lyn avait paniqué. Déjà au début de l'année précédente, l'école avait été menacée, et voilà que ça recommençait...
Les informations, les révélations, les interrogations, tout s'était succédé. Très clairement, c'était le bazar. L'homme ligoté n'était en fait pas celui qu'on croyait qu'il était, l'ancien ministre qui était mort n'était en fait peut-être pas mort, c'était à s'en faire des nœuds dans le cerveau. Encore d'autres personnes flippantes étaient apparues, et les conversations de grands avaient continué. Franchement, est-ce que les élèves avaient quelque chose à faire ici ? Lyn n'entendait qu'un mot sur quatre, et quand bien même elle arrivait à percevoir des phrases entières, c'était du charabia politique pour elle. Autour, des élèves chuchotaient, s'agitaient, et chez tous, on pouvait deviner une inquiétude certaine – et clairement justifiée.
Ce qui était important, c'est qu'il y avait du danger, très clairement. Le ministère avait été attaqué aussi, et d'autres institutions semblait-il. Lyn avait serré fort la main de Solwen, à ses côtés. Définitivement, elle avait peur.

Finalement, les élèves avaient été appelés à défendre l'école, au même titre que les adultes. Le fait d'être soutenu par autant de personnes puissantes était rassurant, et de pouvoir y participer, Lyn se sentait fière. Elle n'hésita pas, en compagnie de nombreux camarades, à lancer un Alegrio sur le bâton du vieux sorcier, qui fit pousser un arbre gigantesque très rapidement. C'était impressionnant. Les autres sorciers s'attelaient à lancer d'autres sortilèges, pour accroître les défenses. Le domaine devint une île. De voir tout ça se mettre en place, c'était époustouflant.
L'école semblait être en sécurité, pour le moment du moins.



Par la suite, les choses avaient été légèrement perturbées. Déjà, il y avait un nouveau gouvernement, mené par une certaine Ursula Parkinson, et elle avait un problème avec les Moldus et Nés-Moldus, celle-là. Et vas-y que je rétablis la pureté du sang et bla bla bla... Lyn n'avait plus qu'une hâte : rentrer en Italie, loin de cette folle.
Et justement, les grands-parents de la fillette lui avaient envoyé un hibou (qui était arrivé tout ébouriffé, comme la plupart des autres volatiles), histoire de la mettre au courant de certaines choses.

Notre petite Lyn,

Nous espérons très fort que tout va bien pour toi et tes camarades depuis les derniers événements.
Je ne pense rien t'apprendre en te disant que le Ministère a été renversé et remplacé par le gouvernement d'Ursula Parkinson. Nous en reparlerons très probablement quand nous nous verrons, avec tes parents aussi, donc nous n'allons pas nous étendre là-dessus. Nous voulons juste te tenir au courant de quelques nouveautés concernant les grandes vacances.

La sortie du territoire britannique est désormais contrôlée, nous avons donc (après en avoir discuté avec Thomas et Amelia) déposé un dossier auprès du service des voyages à l'étranger, afin que tu puisses rentrer sans encombre.
Côté administration, tout est donc réglé, tu n'as pas à t'en faire. Nous viendrons te chercher à la gare comme d'habitude, et t'accompagnerons à la maison.

Pour le reste, nous préférons en parler de vive voix – il y a beaucoup à dire !
Hormis ceci, tous nos vœux de réussite pour tes examens de fin d'année, passe de bonnes semaines à Poudlard malgré le climat qui a pu se trouver bouleversé.

Grosses bises,
Papy & Mamy

La lettre n'était pas très longue. Lyn était presque déçue, mais le message était clair : mieux valait ne pas tout dire par cette voie. Elle était amusée de constater certaines zones d'ombre, probablement pas le fruit du hasard. La discussion avec ses parents avait dû se faire par téléphone, et comme d'habitude, le retour en Italie se ferait par avion. Et tout ça, c'était assuré Made in Moldu.
Lyn eut un sourire navré. Elle imaginait le crève-cœur que ça avait dû être pour ses grands-parents de devoir rendre des comptes à un gouvernement magique alors qu'ils s'en tenaient éloignés sans s'en préoccuper depuis un bon moment.
Il aurait été bien plus simple que toute la petite famille vienne habiter en Angleterre mais... sa mère étant moldue, il était mieux pour tout le monde de se tenir éloigné de Parkinson. Et puis ils avaient un boulot, ils ne pouvaient pas le quitter comme ça et espérer en trouver un aussi vite dans la foulée. Et Lyn ne voulait pour rien au monde quitter sa demeure en Italie. Et là-bas, elle se sentirait en sécurité, même si ça n'était que deux mois. En plus, elle avait promis à Solwen qu'elle l'inviterait à passer quelques jours chez elle, un de ces quatre. Elle avait hâte.