Lili vit qu'Erin était très enthousiaste, ce qui lui plu beaucoup. Elle n'écrivait pas souvent des poèmes, ou du moins ne tentait pas souvent mais Erin semblait très calée sur le sujet. Elle avait déjà un thème, des rimes, des vers...

Cela allait un peu vite pour Lili mais elle arrivait quand même à suivre. Lili réfléchit aux questions et aux propositions de son amie, bien qu'elle ne soit clairement pas une experte.

- Cela me parait bien, je dois avouer que je n'ai pas grand chose qui me vient en tête pour l'instant...

Lili avait souvent plus d'inspiration en étant seule mais elle se sentait un peu nulle de ne pas avoir d'idées pour leur poème.

Lili s'arrêta un instant. Elle imagina quelque chose dans sa tête, une histoire qu'elle pourrait raconter, mais rien.

- Je.. je ne sais pas trop... on partirait peut-être sur un sonnet ?..

En réalité, les paroles d'Erin avaient chamboulé un peu Lili, accidentellement bien sûr mais cela avait suffit pour qu'aucune idée ne lui vienne.

- Je.. je crois que je ne serais pas d'une grande aide, tu risques d'écrire ce poème toute seule... Je suis vraiment désolée..

Lili était là, extrêmement gênée. Elle ne savait pas quoi dire de plus. Elle avait l'impression de la laisser tomber, alors qu'elle venait de faire connaissance avec elle.

Comment se sentir quand une personne qu’on vient de rencontrer est gênée devant l’enthousiasme qu’on porte à un objectif commun ? Je ne sais pas. Mais la gêne de Lili était quasiment palpable et me fit perdre le sourire. Je me sentais maintenant gêné d’avoir fait peur à une potentielle amie.

- Désolée… Tu as les cheveux qui ont la couleur du bois, ils ressemblent à celui des arbres. Et j’ai pensé aux saisons, à l’hiver qui arrive, à l’automne qui prive les arbres de leurs habits, de leurs feuilles. Et puis… Les vers ont jailli de ma bouche…

Ma voix était remplie de regret. Je me sentais affreusement, mal de l’avoir autant bousculé, mais quand quelque chose me passionnait, je me sentais toujours poussé des ailes. Baissant la tête vers le sol, je me sentais comme une enfant prise sur le fais après avoir commis une bêtise. Parlant de nouveau, j’avais une voix plus neutre.

- J’ai vraiment envie de faire ce poème avec toi. Je ne voulais pas te faire fuir…

Je me mis à jouer nerveusement avec une des nombreuses boucles entourant mon visage. C’était un tic que j’avais acquis par mère. Elle le faisait tellement souvent que je m’étais mise à le faire aussi. Prendre une mèche de cheveux avec deux doigts, l’enrouler sur un en utilisant le deuxième pour le faire glisser. Au début, on y réfléchit, puis ça deviens mécanique au point de le faire à chaque fois inconsciemment. Je fis encore et encore tourné ma bouche, attendant la réponse de Lili. 

Lili était gênée de ne pas pouvoir aider sa nouvelle amie mais elle l'était encore plus car elle se sentait coupable à cause d'elle. Ce n'était absolument pas son but et elle se demandait comment réparer sa gaffe...

- Je comprends que tu aies pu avoir de l'inspiration mais je ne t'en veux pas ! Tu ne m'as pas fait fuir, au contraire, je suis époustouflée par les vers que tu as sortis ! Ils sont trop beaux ! Je vais rester ici, bien sûr mais je pense que je serai surtout utile pour les détails, les mots à changer... si tu veux, nous pouvons faire ce poème et si une idée me vient, nous pourrons en faire un autre ! Ne te sens pas coupable, tu as un véritable don pour les poèmes !

Lili espérait que cela suffirait car tout comme son amie, elle ne souhaitait pas la voir fuir. Un si bon début d'amitié autour d'une passion commune ne pouvait pas finir aussi vite qu'elle avait commencé.

Lili aimait beaucoup la petite Serdaigle, bien qu'elle ne se connaissaient que depuis quelques minutes. La première émotion qui lui venait, était la peur, la peur de la perdre. Lili savait que les malentendus pouvaient arriver et elle voulait vraiment que la jeune fille ne se sente pas coupable, surtout pour une raison aussi futile.

Lili attendit la réponse d'Erin, en redoutant qu'elle ne soit pas celle qu'elle souhaitait au plus profond de son coeur.