Elle t'a complimentée. Enfin, non. Elle a exprimé son... admiration.
Elle ne paraît pas heureuse lorsque tu mentionnes le surnom que t'a donné Maë. Légèrement renfrognée.
Pourtant, c'est un fait : tu es un monstre. Une erreur de la nature. Un être étrange, doté de pouvoirs anormaux. Un être qui a, semble-t-il, rencontré d'Autres comme lui. Des Autres insolites. Des Autres qui ont, pourtant, trouvé leur place.
Qui ont des familles aimantes. Qui savent ce qu'ils sont réellement.
Ton père ignore tout de ta vraie nature. Tu es extraordinaire, comme il dit. Mais il ne sait pas tout. Ne voit pas tout. Il refuse de se rendre compte, en fait.
Il ne sait pas que, si tu le souhaitais, tu pourrais faire du mal. Tu pourrais blesser.
Il ne sait pas que tu ne t'aimes pas, ainsi changée. Il ne sait pas que, plus que tout, tu voudrais rentrer à la Maison. Il ne sait pas que tu aimerais remonter le temps, pour redevenir innocente.
Tu es la Fierté de Papa, mais tu es aussi le Dégoût de Maë.



Tu hausses les épaules. Tu ne veux pas raconter ta vie. Parce que tu sais que passé le moment de joie nostalgique, tu risquerais de t'effondrer.
Non pas que tu ne fasses pas confiance à Lili, bien au contraire. Simplement, ces principes de contrôle de tes émotions, de garder tes larmes pour le moment où tu seras seule, sont si bien ancrés en toi, si profondément attachés à toi, que tu ne peux t'en détacher, même partiellement.
Alors tu te tais, et tu tentes d'embrayer, et t'excusant :



Brusquement, tu pries pour que Lili ignore ta question. Tu pries pour qu'elle n'y fasse pas attention. Ne fasse pas retomber la discussion dans quelque chose de barbant. Quitte à ce qu'elle continue de te questionner sur ta famille. Tu es prête à parler. A te livrer.
Parce qu'en fait, c'est comme si tu te déchargeais. Comme si le poids de ta tristesse, tu le faisais porter à quelqu'un d'autre. A une personne Etrangère, Autre que toi. Une personne de confiance, évidemment.
Lili est une personne de confiance pour toi, et, si elle l'accepte, tu pourrais partager un peu de Toi, te livrer.
Peut-être pas complètement. Mais au moins un peu, ça te soulagerait grandement.

Sa soeur est donc une cracmolle... Voilà qui explique tout. Tu penses tout de même qu'il s'agit de jalousie plus qu'autre chose, Kyana est comme ses parents et Maë est dénuée de tout pouvoir magique. Peut-être que la raison du changement de leur relation n'était simplement qu'un prétexte pour elle mais tu ne peux pas vraiment le savoir, tu ne la connais pas.

- Je vois. ne l'écoute pas, ça ne sert à rien. Tu peux m'en parler si tu le souhaites, sauf si cela te fait plus de mal qu'autre chose.

Tu la laisseras faire son choix, tu n'as rien à dire là dessus de toute façon. 

Ta réponse semble vite arriver, car elle t'annonce qu'elle a du mal avec ce genre de confidences. Tu ne le prends pas personnellement, c'est son caractère, rien contre toi, et tu le respectes.

- Je te comprends, je n'aime pas trop en parler non plus, j'ai l'impression de décupler ce qui se passe réellement donc, j'ai beaucoup de mal. Tu fais comme tu le sens, tu m'en parles si tu le souhaites, c'est à toi de voir.

Tu comprends que la question de Kyana est une sorte de diversion mais tu ne te vois pas l'ignorer, alors tu y réponds, en espérant que la conversation ne se tourne pas vers des banalités aussi vite, te remettant dans ta zone de confort : Ayant peur de dire des choses que tu pourrais regretter, tu préfères faire comme les autres, au moins pour la rencontre. Depuis que tu parles avec Kyana, cela te fait quelque chose de différent, tu n'es pas dans une situation dont tu as l'habitude mais cela est loin de te déranger.

- J'aimerais devenir professeure de potions. Les cours depuis le début de l'année me donnent encore plus envie de le devenir ! Et toi ?

Tu cherches à relancer sur quelque chose de moins banal mais tu ne vois pas, tu te dis que tu ne va pas surenchérir, une chose à la fois. Vous avez encore le temps, il faut aussi savoir accepter ces moments, tout comme tu as su accepter le Silence, quelques instants auparavant.

Tu te demandes comment une vie de famille aussi compliquée peut donner : Tu as la chance de vivre dans une famille ou tout va bien, il n'y a jamais vraiment eu de grosses disputes mais cela n'avait pas mis de côté le fait que ça n'était pas forcément le cas pour tout le monde : Les familles sont toutes différentes, il en va de même pour les situations familiales. Tu espères juste que cela n'est pas si grave pour Kyana, tu commences vraiment à t'attacher à elle.

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Tu souris en entendant les Mots de Lili.
Tu te sens soutenue. Appréciée.
Il est tôt pour déterminer si Lili restera ton amie longtemps. Mais tu aimerais que ça soit le cas.
"Ne pas écouter Maë". Sans doute ne sait-elle pas vraiment ce que c'est d'avoir une jumelle.
En réalité, elle ne doit même pas se douter de ce que ça fait. De ce que ça implique.
Des joies que ça annonce. Des peines partagées.
Et, parfois, rarement, des disputes. Violentes.
Des cris, et, parfois, mais ça ne vous est certainement jamais arrivé à Maë et à toi, des coups.
Regrettés presque immédiatement, évidemment.
Une relation aussi forte est construite sur des regrets et des malheurs. Presque plus que sur ce qui emplit le coeur de bonheur.
La Mort de Maman fait partie de ces évènements qui t'ont brisée. Qui ont contribué à renforcer votre soutien mutuel.
Qui vous ont rapprochées, bien plus que n'importe quoi.
Tu adresses un regard navré à Lili.
Non, décidément, avoir une soeur jumelle est bien compliqué. A expliquer comme à vivre. A survivre.
Sa réponse concernant son métier t'arrache un sourire.
Tu ne savais pas comment ta question allait être prise. Peut-être Lili allait-elle s'en servir pour faire dériver la conversation. Parce qu'elle n'était pas à son goût.
Peut-être allait-elle ignorer ton interrogation, rester sur la discussion de ta famille.
Mais là, ce n'est ni la première chose ni la seconde qu'elle te propose.
Non, c'est une échappatoire. Elle t'offre un moyen de changer de sujet, si tu le souhaites.
D'un coté, oui. C'est la première chose que tu veux faire. Mais de l'autre, tu refuses de t'y résoudre.
Parler, exprimer par des Mots ce qui se trouve au plus profond de ta pensée, te fait le plus grand bien. Te soulage d'un poids énorme qui pesait, instable, sur tes épaules.
Tu lèves les yeux vers le ciel, contemples son immensité bleue. T'y accroches.
Aperçois le Soleil, perdu dans sa course éternelle. Tu y lis l'heure. Te rends compte qu'il commence à se faire tard.
Réalises enfin, qu'absorbée dans ta discussion, tu n'avais pas vu le déclin du jour.
Tu bouges tes jambes, te réinstalles. Regardes Lili.



Tu t'interromps un instant. Réfléchis.



Nouveau coup d'oeil vers le ciel, puis tu te tournes de nouveau vers ton amie.

Les mots dits par des membres de la famille sont toujours durs à entendre : S'éloigner des personnes qui sont des "Amis" lorsqu'elles nous détruisent mentalement n'est pas si dur mais pour la famille, c'est bien plus compliqué : Couper les ponts avec des personnes dont nous sommes liées par le sang, ce n'est jamais évident, surtout à votre âge : Comment sortir du foyer ? Tu ne le sais pas, simplement car tu n'y as jamais pensé.

Reconstruire sa confiance n'est pas une mince affaire non plus : Accorder sa confiance aux personnes les plus proches de nous est souvent naturel mais cela ne veut malheureusement pas dire qu'on ne sera pas trahi, un jour où l'autre : C'est à ce moment-là qu'on se sent bien bête et qu'on en veut à la Terre entière. Alors oui, Toi, Lili, tu n'en sais pas grand-chose mais tu soutiens Kyana à 100%, quoi qu'il arrive.

- Je te comprends. Dis-toi que ce n'est qu'un mauvais moment à passer et concentre-toi sur le positif, ça devrait t'aider. Enfin, j'espère pour toi, je n'aimerais pas te voir souffrir à nouveau.

Ça y est, tu t'es attachée à Kyana et pour ça, il ne t'a pas fallu longtemps : Son coeur de glace semble avoir fondu avec toi, sans vraiment trop savoir par quelle magie mais au moins, c'est fait. Tu souris un peu bêtement, voir que tu t'es fait une nouvelle amie alors que tu viens d'entrer à Poudlard te fait plaisir. Et si tu savais, votre amitié est faite pour durer, crois-moi.

- Tu as bien raison de penser comme cela.

Après tout, vous n'êtes que des enfants, non ? Pourquoi se soucier du futur ? Vous avez le temps devant vous ! Toi, c'est bien différent, tu sembles savoir depuis ta naissance ce que tu veux faire, ton parcours semble tout tracé dans ta tête. Non ? La vérité n'en est pas loin en tout cas.

- D'accord, vas-y, bon courage ! Et.. à bientôt ?

Ta question semble plus ou moins rhétorique. Tu vois ton amie s'éloigner pour rejoindre le château et Toi, tu la regardes jusqu'à ce qu'elle ne soit plus visible. Tu repenses à toute votre conversation : Au début, cela ne semblait pas gagné mais il faut dire que vous vous en êtes plutôt bien sorties.

Tu restes là où tu es, sans trop vraiment savoir quoi faire. Ce moment a dû durer peut-être moins d'une heure et pourtant, cela t'a semblé être une éternité et pas dans le mauvais sens du terme : Cette conversation t'a plu et si elle était à refaire un jour, tu sais que tu n'hésiterais pas.

FIN DU RP

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