Rey tenta de rester le plus stoïque possible lorsque Aliénor s'approcha de son "oeuvre" pour la jauger. La connaissant, elle n'allait pas tarder à lui lancer une pique et il savait qu'il n'était pas d'humeur pour tout encaisser. Il ferait de son mieux. La fillette ne manqua pas à son devoir et se moqua de sa faible concentration plutôt que son sortilège. C'était Sainte-Mangouste qui se moquait de la charité.

- Tu sais pas d'quoi tu parles, maugréa-t-il, tout de même, considérant que sa situation n'avait rien de simple.

Après sa création, ce fut à lui d'être jaugé. La poufsouffle l'observa un instant et il soutint son regard sans rien ajouter. D'un côté il avait envie de se livrer à elle, de râler avec elle et de critiquer les adultes sur leur abominable façon de les traiter, et d'un autre côté, il n'était pas certain que l'information resterait entre eux. Or il n'avait pas du tout envie que cela s'ébruite de peur qu'on le traite de chouchou ou autres surnoms trop nazes et absolument faux.

Sans qu'il ne prenne la moindre décision, Ali' se détourna de lui pour s'approcher de la statuette. A priori elle voulait retenter sa chance. La garçon s'assit sur la table derrière elle et attendit. Elle prit son temps, bien plus que d'habitude et Rey se surprit à penser qu'elle allait faire mieux que toutes leurs précédentes tentatives. Mais son résultat alla au delà de ce qu'il avait imaginé. Non seulement la queue du petit dragon était parfaite, mais elle avait également réussie à métamorphoser une patte. Il allait la féliciter chaleureusement quand la fillette se mit à se pavaner ce qui le coupa net dans son élan et le crispa. 

Si son attitude l'exaspéra au plus haut point et, même s'il ne voulait pas se l'avouer, blessait son amour propre, il ne pouvait s'empêcher de s'amuser un peu de son enthousiaste et de sa danse improvisée complètement loufoque. Il la laissa s'auto-congratuler et répondit à son tirage de langue par le même geste. Même si elle pouvait être agaçante dans ces moments là et qu'une part de lui voulait lui rabattre son caquet, le capitaine savait à quel point la fillette manquait de confiance en elle. Il n'avait aucune envie de dévaloriser ce qu'elle avait fait. En plus, elle s'en était réellement très bien sortie. Mais il ne le lui dirait pas non plus, elle l'avait suffisamment fait elle-même à son goût et il n'était pas vraiment d'humeur chaleureuse.

" T’as pas répondu à ma question, mais je te laisse essayer de faire aussi bien que moi avant que tu me répondes sinon tu diras que j’ai triché…"

Rey planta ses yeux d'ambre dans ceux de la poufsouffle et prit sa décision. Elle était trop impulsive. Même s'il l'appréciait, il n'arrivait pas à lui faire totalement confiance pour se livrer à elle. Il se leva de la table et rangea sa baguette. Aujourd'hui, il n'avait vraiment pas la tête à ça.

- T'as gagné pour cette fois, mais rassure-toi, je te laisserai aucune chance au prochain coup, la métamorphose parfaite sera pour moi. Je vais aller voler un peu. 

Ils s'étaient déjà entraînés le matin même, mais le garçon avait bien besoin de reprendre un peu de hauteur. Se vider l'esprit. 

- Ça sera probablement mon occupation principal du weekend, ajouta-t-il pour satisfaire sa curiosité et qu'elle ne l'embête plus avec ça. * Ou alors je vais trouver un truc pour que Miss O'Sullivan ne veuille plus de moi comme filleul et qu'elle me laisse tranquille. C'bien ça aussi.* Pensa-t-il pour lui-même. A plus ! lança-t-il en quittant la salle.

Aliénor fronça les sourcils à la réaction de Rey. Ok, ils c’étaient déjà bien entrainés et ils n’allaient pas passer toute la journée ici. Mais aller voler ? Vraiment ? Ils s’étaient entrainés ce matin et il y retournait ? Elle ne répondit que par un grognement alors que son petit cerveau essayait d’analyser sa réaction et même son comportement du jour. Ses jambes oscillaient dans le vide et ce de plus en plus rapidement. Il y avait quelque chose forcément, elle quand elle va voler comme ça pour rien c’est qu’elle a envie de se vider la tête ou juste qu’elle a envie en fait. Mais elle penchait plus pour la première solution.

Aliénor soupira en adressant un signe de main un peu en retard à son camarade qui avait déjà passé la porte. Elle se laissa tomber en arrière s’allongeant sur la table. Le silence ambiant lui faisait du bien, après tout, elle était en week-end, alors elle pouvait prendre tout son temps. Elle ferma les yeux pour apprécier ce moment de solitude. L’attitude étrange de son capitaine sombra peu à peu dans son esprit pour laisser place à une rêverie appréciée. Aliénor n’était pas du genre à se creuser la tête. Tout le monde à ses secrets, et elle ne voulait pas insister plus que nécessaire. En se prenant elle-même comme exemple de réaction, elle savait que ça ne mènerait à rien. Elle ne supporte pas ça et elle se serait braqué, alors autant ne pas se compliquer la vie.




Cela faisait deux semaines qu’Aliénor et Rey ne s’étaient pas entrainés sur le sortilège draconifors. La force des choses certainement. Pour la petite Delphillia, la semaine précédente avait été rempli d’un tas de petites choses et de devoirs qui lui avait fait oublier ce sujet. Mais c’est lors du cours d’histoire de la magie qu’elle avait eu l’idée de se détendre un peu avec un petit entrainement. Bonne ou mauvaise idée, elle ne savait pas encore. Mais elle avait besoin de faire quelque chose alors que leur vendredi après-midi était libre. Cette journée n’était pas placée sous le meilleur des jours pour la fillette. Elle avait atrocement mal dormi alors que son cerveau se faisait des tas de scénarios sur le mutisme de ses parents suite à ce Noël plus qu’étrange. Du coup, elle avait eu beaucoup de mal à se sortir de son lit, elle était arrivée en retard en cours et ce sans avoir pris sa réserves de fruits pour la journée, évidement elle c’était faite sermonnée par son professeur à cause de ça, déjà qu’elle se l’était mise à dos avec l’histoire des bonbons avec Kévin… Rien n’allait et en plus elle s’était retrouvée non loin d’Aelle à table, quoi de mieux ? Et bien si, il y avait encore mieux, le chat de Lili avait décidé de faire ses griffes et de dormir sur un de ses sweats. Une journée incroyable en somme.

Du coup elle avait fait passer un mot à Rey en cours en lui sommant de venir en salle d’étude. Elle avait besoin de ne plus penser à cette fichue journée et si possible de passer un bon moment. Arrivée en salle d’étude en première, elle s’installa sur une chaise en se massant les tempes. Elle venait de faire un énorme effort pour ne pas prendre ce chat et le jeter du haut de la tour d’astronomie. C’était certainement pour ça qu’elle n’avait pas d’animal de compagne à Poudlard, ça t’apporte toujours des trucs étranges.

Elle soupira longuement avant de se parler à elle-même comme une folle.

-Ils vont te répondre, tout va bien tu y’inquiète pour rien ma grande. Après tout c’est des adultes, ils gèrent non ? Enfin tu parles ! Vu comment elle a géré Noël Claire !

Nouveau soupir. La tête d’Aliénor s’appuya encore plus dans la paume de ses mains. Son inquiétude n’arrangerait à sa colère qu’elle camouflait en elle durant toute cette journée.

-Tu vas passer un bon moment, tu vas passer un bon moment…

C’était certainement pour se persuader qu’elle répétait cette phrase en boucle, de quoi passer pour une personne bien équilibrée devant son capitaine. Bon tant pis, au pire il part et il la laisse ruminer là. De toute façon elle se doutait que ça ne donnait pas envie de venir vers elle. Mais peu importe, elle n’allait pas attendre avec un sourire de façade durant quarante ans en fixant un point sur le mur. *Encore plus étrange…* Mouais, ça ira.

Rey avait été un peu surpris par le mot qu'Aliénor lui avait fait passer en cours d'Histoire de la Magie. Presque deux semaines s'étaient écoulées depuis leur dernier entraînement. Le garçon aurait bien voulu en faire un plus tôt mais il lui avait semblé que la fillette était particulièrement occupée et préoccupée, aussi n'avait-il pas voulu la déranger. Il fallait avouer qu'il avait lui-même ses propres soucis à régler et que ça ne l'avait pas dérangé plus que ça d'interrompre momentanément leurs entraînements hebdomadaires. Et puis il n'y avait pas que ça. Il était d'autant plus étonné que la petite poufsouffle n'avait pas du tout eut l'air dans son assiette aujourd'hui. Elle était arrivée en retard en cours, ronchonnait et faisait une tête à faire peur. Ce qui ne l'avait pas empêché d'accepter sa proposition.

Tandis qu'il déambulait dans le couloir à la recherche de la salle que la fillette avait surement déjà investi vu qu'il avait fait un saut à la salle commune pour aller chercher un goûter, il entendit la voix étouffée de sa camarade. Quelqu'un d'autre se joignait à l'entraînement ? Aliénor ne lui avait pas parler de ça. La jalousie pointa insidieusement son nez dans le cœur du garçon. Il se dirigea alors vers la porte entrouverte mais n'entra pas, attendant de voir  quelles voix s'élèveraient.
" ...u parles ! Vu comment elle a géré Noël Claire ! " finissait la fillette. 

Il retint son souffle.

" Tu vas passer un bon moment, tu vas passer un bon moment…"

Aliénor, toujours. Bizarre. Le garçon jeta un coup d’œil en travers l'ouverture et découvrit la petite sorcière assise à une table, la tête entre ses mains, seule. Elle se parlait à elle-même. Rey se sentit tout de suite plus léger et son visage se fendit d'un sourire alors qu'il entrait dans la salle. Il était étrangement rassuré que ce moment reste LEUR moment. Non pas qu'il n'appréciait pas les autres mais, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il préférait que leur entraînement se passe entre eux deux uniquement.

- Evidemment que tu vas passer un bon moment puisque tu seras avec moi, dit-il avec un ton faussement hautain que dénotaient son sourire et son regard rieur. Tu parles toute seule maintenant Delphillia ? la taquina-t-il. 

Sans attendre sa réaction, il sortit le goûter de sa poche.

- Tiens, c'est pour toi, dit-il en lui lançant la pomme qu'il avait récupéré. J'ai vu que ta réserve de fruits manquait à l'appel aujourd'hui. 

Aliénor semblait toujours aussi préoccupée que durant le reste de la journée. Pour sûr, si elle restait dans cet état elle n'allait pas réussir à faire grand chose. Un peu comme lui à leur dernier entraînement. Rey s'assit sur la table à côté de la sienne et tourna la tête dans sa direction.

- Dure journée ? Tu veux en parler avant qu'on commence à lancer les hostilités sur notre mascotte de bois ?

Aliénor sursauta très légèrement quand la voix de Rey prit la place de celle de la fillette. Elle garda cependant sa tête entre ses mains en soufflant par le nez pour reprendre une respiration normale. Il confirmait ce qu’’elle avait dit, ce qui fit naitre une esquisse de sourire aux coins des lèvres de la fillette qui s’évanouit aussi tôt quand elle se rendit compte qu’il l’avait entendu parler seule. Ce qu’il ne manqua pas d’accentuer. Aliénor soupira et grogna en même temps avant de relever doucement les yeux.

Heureusement pour elle il enchaina directement sur un sujet au combien plus important, le goûter. Par réflexe, la fillette attrapa la pomme et la fixa un instant. C’était très délicat de sa part, elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre d’attentions venant de Rey, ou de n’importe quel garçon de son âge a vrai dire.

-Merci.

Elle posa la pomme à sa droite, elle n’avait pas vraiment envie de manger de suite, mais elle appréciera certainement ce geste un peu plus tard. Elle haussa les épaules alors que son camarade s’installait à ses côtés. Sa réserve de fruit au combien précieuse qu’elle faisait tous les matins… Finalement ce n’était pas ça qui préoccupait le plus la fillette. Elle tourna la tête vers Rey, dure journée ? Ouais ça devait être un truc comme ça.

Elle chercha les yeux du garçon avec les siens et lorsqu’elle trouva son regard, elle ne le lâcha plus. En parler ? Peut-être. Mais est-ce qu’elle avait besoin de parler ? Oui. Est-ce que Rey serait capable de comprendre ce qu’elle-même ne comprenait pas ? Peu probable. Et surtout, Aliénor était-elle capable de se confier à lui ? Absolument pas. Le temps s’était comme suspendu alors qu’elle se noyait dans son regard ne sachant si elle devait parler ou non.

Elle cligna plusieurs fois des yeux pour revenir sur Terre et détacher ses yeux du garçon. Elle soupira, elle n’était pas capable de parler de ce silence de mort de la part de ses parents et de ce comportement étrange à Noël, du doute qui s’immisçait dans la fillette et de toutes les théories plus farfelues les unes que les autres qui lui faisait faire des cauchemars.

-Tu sais… Le genre de journée ou tout va de travers.

Elle posa ses yeux sur la statuette en cherchant ses mots.

-Pleins de petites choses agaçantes qui s’accumulent. En soi c’est rien, mais ça agace et t’as l’impression que ça s’arrêtera jamais.

Et que jamais elle ne sera ce qu’il se passe avec sa mère, qu’elle n’aura plus de nouvelles jusqu’aux vacances et que les lettres qu’elle envoie resteront sans réponses. Et pourquoi diable cet accident ? Elle secoua la tête pour éviter de retomber dans ses spéculations nocturnes.

-Mais je comptais justement briser ce cercle infernal avec un bon moment.

Elle se leva avant d’offrir un semblant de sourire à Rey. Elle avait toujours cette boule dans la gorge et cette envie de tout casser, mais elle allait oublier tout ça en partageant ce moment avec celui qui petit à petit définissait le concept encore incertain d’ami chez Aliénor.

Elle avança vers la statuette lentement afin d’essayer de se concentrer au maximum sur sa future tâche.

-Je te laisse commencer, après tout je t’ai foutue une raclée la dernière fois.

Elle aurait aimé lui envoyer un sourire en coin pour défier le garçon, mais le cœur n’y était pas vraiment. On aurait plutôt dit un robot qui parlait de manière automatique. Mais bon, tant que ça faisait illusion. Elle avait besoin de se mettre vraiment dedans avant de commencer, alors autant qu’il commence pour qu’elle s’imprègne de ce qu’elle avait à faire.

Rey soutint le regard de la poufsouffle sans un mot. Il n'arrivait plus trop à penser maintenant qu'elle le fixait ainsi, fasciné qu'il était par ses yeux vairons, allant de l'un à l'autre. Bleu. Marron. Bleu. Marron. Jusqu'à ce que la fillette papillonne et rompe le contact. Son soupir semblait être le fruit d'une intense réflexion ou d'un abandon, ou peut-être un peu des deux. Venait-elle de le jauger ? Impossible à savoir mais son attitude lui était familière, il se revoyait deux semaines auparavant, dans une situation similaire. 

A en juger par son explication des plus évasives, il n'avait pas réussi le test. Aliénor n'était pas des personnes qui lui imposaient volontairement ou involontairement, ses états d'âme. Ses émotions n'étaient pas des gouffres dans lesquels il se noyait. Il n'en était quasiment jamais affecté. Même aujourd'hui, c'était tellement discret qu'il ne savait pas si cette angoisse qu'il ressentait venait de lui ou d'elle. En réalité, s'il savait que quelque chose la préoccupait au delà de ce qu'elle voulait bien en dire, c'était parce qu'il commençait à être habitué à ses petites manies. 

Déjà pour commencer, elle n'avait pas répliqué à sa pique. Bon, il avait enchaîner avec le goûter ce qui pouvait justifier qu'elle soit passée directe à autre chose. Le goûter, c'était vraiment sacré à Poufsouffle. Ensuite elle lui avait dit "Merci" sans rien ajouter, ce qui était très suspect. Vraiment très suspect. Son sourire était faux, Rey était passé expert en détecteur de faux sourire, il n'y avait que ça à Poudlard, comme si toute la jeunesse du château était un peu névrosée, lui inclue, et enfin, son défi énoncé d'une voix monocorde, tomba à plat comme un soufflé raté. 

Rey ne se leva pas immédiatement, il fixa le dos un instant de la fillette en réfléchissant. Elle ne lui faisait pas suffisamment confiance pour se confier à lui. Même s'il était un peu vexé, pouvait-il vraiment lui en vouloir ? Lui non plus, ne lui avait pas fait confiance. De manière générale, le garçon parlait peu de ses soucis et il avait du mal à se confier à quiconque. Eliott avait réussi à se frayer un passage dans cette carapace petit à petit. Seul son frère savait tout de lui, ou presque. Le rouquin préférait écouter que parler. Si son meilleur ami lui avait fait directement confiance, Aliénor avait probablement besoin que le capitaine lui rende la pareille. Ce qui était logique mais tellement difficile. 

Rey soupira, sortit sa baguette et passa devant la sorcière pour se placer en face de la statuette. Ses pensées allaient et venaient dans sa tête l'empêchant de se concentrer. Alors qu'une bonne minute s'écoula sans qu'il ne fasse rien, il se lança, le cœur battant, prenant le risque de moqueries ou de la trahison. 

- La dernière fois, je venais d'apprendre que Miss O'Sullivan était ma marraine.  Comme ça, pouf, elle sort de nulle part. Ça fait partie des tas de secrets et mensonges que fait ma mère sur tout. Elle n'a pas arrêter pendant les vacances. J'suis sûr qu'elle est juste là pour me surveiller et ça me soûle, dit-il avec un air maussade, le dos toujours tourné à Aliénor. Et j'ai pas envie que les autres le sache et commencent à raconter n'importe quoi alors n'en parle pas, dit-il d'un ton un peu plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

Pas facile de faire confiance. Il prit une grande inspiration. Ça c'était fait. Sans se retourner, de peur de croiser le regard de la fillette, il leva sa baguette vers la statuette. Son esprit était tout à coup très calme et concentré sur sa cible. Il ne se contenterait pas que de la queue, il ferait aussi les pattes, comme avait fait Aliénor la fois dernière. Il se remémora les dessins de la fillette et ses bouquins et lança le sortilège. Un sourire triomphant s'épanouit sur son visage quand la statuette se retrouva avec une belle queue noire qui fouettait l'air doucement et quatre pattes parfaitement proportionnées. Sa joie fut de courte durée quand la statuette bondit de son support et commença à courir dans toute la salle.

- Merde ! J'avais pas pensé à ça, faut la récupérer, s'écria Rey avant de partir à la chasse.

Pourquoi prenait-il tant de temps à venir faire ce qui pourtant, à ce qu’elle avait cru comprendre le passionnait tant. Cette évidence qui avait été mise en doute lors de leur dernier entrainement mais qui pourtant ne c’était pas dissipé pour la fillette. C’était peut-être à cause d’elle, Aliénor n’est pas très douée pour cacher ce qu’elle ressent, mais c’est comme ça, elle ne peut pas faire semblant. Malgré tous ses efforts pour cacher ce qu’elle pouvait ressentir, sentiments, émotions, qu’elle refoulait au plus profond d’elle, il y avait des jours où tout semblait vouloir refaire surface et durant ses journées là ses yeux décidaient d’être foutrement évocateurs. Pourquoi il a fallu qu’elle ait cet œil bleu si évident à déchiffrer ?

Le soupir de Rey la tira de sa pseudo réflexion. Elle le regarda s’avancer du coin de l’œil avant qu’il ne se place dos à elle et face à la statuette. Elle baissa les yeux pour se perdre dans la contemplation du sol alors que la voix de son camarade s’élevait. Elle écoutait d’une oreille discrète jusqu’à ce qu’elle fit le rapprochement. Miss O’Sullivan, la directrice de Poufsouffle, marraine de Rey ? Elle ne put retenir un « Ah » à la suite de cette découverte mais la suite des paroles de Rey ne lui plairent pas du tout.

Il croyait ça d’elle ? C’était comme ça qu’il la voyait ? Comme une fille qui racontait tous les potins qu’elle entendait à toute l’école. Il était évident que sa réaction était plus extrême que ce qu’elle n’aurait dû être, mais la colère accumulée tout au long de la journée jouait aussi. Elle croisa les bras sur sa poitrine et fronça les sourcils en ruminant. Alors qu’il lançait le sortilège, le regard de la fillette était braqué sur la nuque du rouquin. Elle n’en revenait pas qu’il puisse croire ça d’elle et ça la blessait dans son égo.

Mais alors que son cerveau essayait de comprendre pourquoi diable il la voyait ainsi quelque chose capta son attention. *C’était quoi ça ?* Visiblement Rey était allé assez loin dans sa métamorphose pour obtenir quelque chose capable de se mouvoir. Aliénor ouvrit de grands yeux en suivant la chose des yeux. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il réussisse si bien, là où elle avait eu de la chance, il avait du talent. Elle regarda ensuite Rey essayer d’attraper cette chose. Cette vision résonna en Aliénor, elle avait déjà vécu ça avec une métamorphose ratée qui d’ailleurs était passée par la fenêtre… Sans façon. Elle soupira avant d’attraper son sac. Elle chercha la métamorphose ratée des yeux et une fois qu’elle l’eut dans son viseur, elle balança le sac dessus avec une force qu’elle n’aurait pas soupçonnée. Elle se surprit elle-même d’atteindre sa cible et par la même occasion la balancer dans un coin, son sac dessus. Certainement l’expérience de son échec de début d’année. Elle avança rapidement vers la chose pour éviter qu’elle ne s’échappe de nouveau et une fois entre ses mains elle analysa cette chose.

-Pas mal Sifferlen. Tu remets cette chose en ordre ?

Elle la posa sur la table la maintenant de sa main sur le bois de celle-ci. Le tout en évitant soigneusement le regard de son camarade toujours agacée par sa réflexion.Une fois la statuette redevenue entièrement de bois, Aliénor sortit sa baguette. Elle risqua un regard vers Rey qui fut aussi furtif qu’un vif d’or. Pourquoi fallait-il que cette journée soit si pourrie ?

Elle tenta de lancer le sortilège mais rien ne se passa, rien strictement rien. La fillette fronça les sourcils puis recommença. Encore une fois, rien. Ses yeux s’arrondirent et elle souffla agacée. Pourquoi fallait-il qu’à ce moment précis elle lève les yeux vers son camarade ?

-Tu te tais ok.

Ouais il avait rien dit… Que voulez-vous en colère Aliénor deviens encore plus chiante que d’habitude. Elle se mordit la lèvre et réessaya encore, et de nouveau rien. Elle lâcha un crit de rage en se retournant.

-Mais c’est une blague ! J’aurais mieux fait de rester au lit aujourd’hui. Et ne me regarde pas comme ça, si le mot concentration sort de ta bouche c’est sur toi que je lance draconifors!

Elle retint quelques larmes qui embuaient sa vue avant de fixer la statuette qui la tenait en échec. Son sang ne fit qu’un tour. Elle cria le sort sur la statuette et cette fois-ci quelque chose se passa. La statuette explosa littéralement en propulsant autour d’elle des morceaux de bois plus ou moins gros. Aliénor s’accroupit en retenant son souffle.

Une fois par terre, toutes les vannes qui retenait ce flot d’émotions s’ouvrirent, un sanglot passa le cap de ses lèvres et elle prit sa tête entre ses mains.

-Putain…

Elle venait d’exprimer toute sa colère d’un coup et elle ne savait pas si ça faisait du bien ou du mal. Ses doigts se crispèrent dans ses cheveux alors qu’elle se laissait tomber sur les genoux. Soudain l’inquiétude la gagna, elle n’était pas seule dans cette pièce et elle venait de faire exploser leur outil de travail. Merci que reparo existe mais bon sur le principe c’était pas dingue.

-Je suis désolée.

Sa voix n’était presque qu’un souffle tellement elle se sentait mal. La tête toujours baissée, elle avait peur de se relever et d’affronter ce qu’elle venait de produire.

Tandis que la métamorphose distançait Rey, il vit un sac passé devant lui et s'abattre avec force sur la chose qui alla s'écraser dans un coin de la salle. Il se tourna vers Aliénor qui avança d'un pas de conquérante vers la statuette mobile. Le garçon était partagé entre "STRIKE !" et "Non mais quelle brute !". Il ne choisit ni l'un ni l'autre cependant, la fillette avait l'air encore plus de mauvaise humeur que lorsqu'il était entré dans la salle quelques minutes plus tôt. Qu'est-ce qu'il avait encore dit ou fait ? A priori, se confier à elle avait été une mauvaise idée. Elle évitait même de le regarder !

- Ouai je vais faire ça, dit-il un peu grognon face à l'attitude de la fillette en pointant sa baguette sur la "chose". Il lui appliqua un réparifagex et le dragon repris intégralement sa forme de bois initial. 

Ce fut au tour d'Aliénor de s'entraîner à la métamorphose. La fillette n'avait même pas pris la peine de commenter ce qu'il lui avait dit. Elle l'avait simplement gratifier d'un "Ah", et puis plus rien. A croire qu'elle ne l'avait même pas écouter ce qui le vexa. Ne venait-il pas de lui faire confiance ? Si c'était comme ça, il ne lui dirait plus rien. Rey croisa les bras sur son torse et attendit que la statuette change de forme. Mais rien ne se passa. Ni à la première tentative, ni à la seconde. Il n'eut pas le temps de lui faire une remarque narquoise qu'elle le fit taire par anticipation. 

A sa troisième tentative, sa colère éclata d'un seul coup et s'amplifia tant qu'elle atteignit le garçon directement en plein cœur. Elle n'aurait rien dit que cela aurait été pareil. Pour la première fois, les émotions de la fillette le submergèrent et lui tordirent l'estomac, lui donnant l'impression d'être soudainement envahit par un feu ravageur. Sa mâchoire se contracta et ses doigts se resserrèrent sur sa baguette tandis que la rage lui donnait une impérieuse envie... d'exploser. Et c'est littéralement ce que fit leur outil d'entrainement lorsque Aliénor hurla la formule pour la quatrième fois.

La colère s'atténua. La garçon avait l'impression d'être engloutie dans une fumée opaque, comme celle après une explosion ayant soulevée poussières et gravats. Un peu sonnée. Tâtonnant à retrouver la réalité. Comme s'il avait lui même explosé. A dire vrai, il lui fallu un certain temps avant de réaliser qu'il était en un seul morceau et que la poufsouffle était affalée par terre. Elle avait la tête baissée, il ne voyait rien de son visage, n'entendait pas ses murmures. Si la colère d'Aliénor semblait être tombée, elle stagnait encore en lui et il avait définitivement du mal à s'en remettre. 

Rey s'assit à son tour, entoura son ventre de ses bras et posa sa tête contre ses genoux. Il inspira profondément afin de chasser cette violente et inconsciente attaque. La fillette lui prouvait encore à quel point il était vulnérable aux émotions des autres. Pourtant, il faisait attention, il se protégeait de mieux en mieux depuis les conseils de Qiong. Mais il ne l'avait pas vu venir celle-ci et ça faisait un mal de chien. 

Alors que son pouls reprenait un rythme plus apaisé et qu'il eut enfin l'impression qu'il pouvait s'adresser à la fillette sans lui hurler dessus, il releva les yeux sur elle.

- Tu m'as fait mal, dit-il en la toisant férocement. Je ne sais pas ce que tu as mais j'espère que tu as une bonne excuse, continua-t-il sur le ton du capitaine qu'il était à certain moment de la semaine.

Il n'ajouta aucune explication. Bien sûr, elle ne comprendrait probablement pas ce qu'il voulait dire. Bien sûr, elle aussi était au plus mal. Dans d'autres circonstances, en arrivant après la bataille, Rey se serait surement montré plus doux et attentionné. Mais il avait pris de pleins fouet sa colère, comme si elle l'avait elle-même frappé en plein visage. C'était déjà bien qu'il reste là, à la regarder, à essayer de comprendre ce qu'il s'était passé. Pour un autre, il se serrait juste barré. Mais pas pour Ali.

Le souffle court, elle avait l’impression que le temps c’était arrêté que les secondes défilaient avec difficultés alors que la statuette était dispersée aux quatre coins de la pièce. Puis soudain la voix de Rey. Une voix qui claqua dans l’air et des paroles qui firent frissonner la fillette. Mal ? La paume de ses main essuya d’un geste rude les quelques larmes qui avaient osé surgir. Elle ne voulait pas se montrer de nouveau comme cela devant lui, c’était impossible, il avait déjà vu ses larmes une fois, pas deux. Elle tourna la tête vers lui toujours à genoux. Elle chercha quelque chose, un bout de bois qui c’était enfoncé dans sa peau. Elle lui avait fait mal. Mais pas de cri, pas de sang. Le cœur de la fillette se serra, sa douleur n’était donc pas physique. Elle essayait de calmer sa respiration alors qu’elle se retournait entièrement vers son capitaine s’assaillant en tailleur. Elle baissa la tête un instant. Une excuse. Il voulait une excuse.

-J’ai pas d’excuse.

Sa voix était encore mal assurée et sa gorge était encore enrouée. Elle avala sa salive avec difficulté avant d’enfin relever sa tête et regarder son capitaine. C’était la dernière chose qu’elle voulait faire, faire du mal à ceux qui étaient au près d’elle. Elle appréciait la compagnie du garçon et en aucun cas elle voulait mettre de la distance entre eux.

-J’ai pas d’excuse.

C’était à peine un murmure, mais ce n’était que la vérité. Elle n’avait pas d’excuse, elle aurait dû savoir, s’arrêter et ne pas s’obstiner comme elle le fait tout le temps.

-C’était stupide.

Sa voix s’élevait encore une fois à peine dans la pièce.

-C’était stupide, J’ai été stupide de croire que c’était une bonne idée.

Cette fois sa voix avait repris son timbre normal. Aliénor serrait les poings, elle s’en voulait tellement, elle voulait juste partir, s’enfuir comme une voleuse et le laisser là, lui sa statue et l’image qu’il avait d’elle. Elle se leva en soufflant. Une fois debout elle prit conscience des dégâts qu’elle avait causés. Elle ne pouvait pas décemment laisser ça comme ça. La voix de sa mère résonnait en elle, soit gentille et distingué. *Echec maman*.

-J’aurais pas dû te faire venir ici. J’aurais pas dû….

Elle porta son poing à son front. Qu’est-ce qu’elle pouvait être bête. Et elle avait impliqué Rey à ça alors que lui, il n’avait rien demandé. Elle venait de se donner en spectacle, elle était ridicule face à son capitaine et demains ils allaient s’entrainer pour le Quidditch ensemble ? A ben génial Aliénor, bon plan ça ! Aliénor s’appuya sur la table et posa les mains de chaque côté de ses hanches pour avoir un appui plus stable, elle ne pouvait pas laisser les choses ainsi.

-Rey, je… Je suis désolée. Je contrôle plus rien quand je suis en colère.

Ah ouais à ce rythme-là on n’était pas sortis de l’auberge. C’est fou d’être aussi butée, elle avait juste à parler à s’exprimer et non rien. Parle bon sang !
Sa tête se tourna vers Rey elle l’observa un instant alors que son estomac ce tordait. Elle devait lui demander, elle ne pouvait pas rester comme cela. Elle qui avait tant de mal avec les autres, elle devait savoir si c’était l’image qu’il avait d’elle.

-Tu penses vraiment ça de moi ? Que je suis incapable de garder un secret ? Qu’on peut pas me confier des choses ?

*Comme mes parents ?* Eux ils étaient restés muets jusqu’au bout. Même si son camarade avait fait l’effort de lui parler il avait été obligé d’ajouter à la fin qu’elle devait se taire, comme une enfant incapable de ne pas tout raconter. Elle ne voulait pas être ça, elle en avait marre qu’on ne lui dise rien, qu’on la laisse dans le flou comme si elle ne pouvait pas comprendre, qu’elle était trop stupide pour comprendre. Pourquoi personne ne lui faisait confiance ?

Aliénor releva la tête vers lui après s'être essuyer les joues. Venait-elle de pleurer ? Malgré la colère, son cœur se serra. Le garçon culpabilisa de s'être montrer si dure envers elle et cela ne fit qu'empirer au fur et à mesure des non-excuses excuses de la poufsouffle. A cet instant, elle semblait si fragile, si vulnérable, si débordée par des choses dont il ne savait rien.

D'un seul coup, il eut une violente envie de la serrer dans ses bras, non pas pour la taquiner, mais bel et bien pour la réconforter cette fois. Lui dire que ce n'était finalement pas grave, qu'il allait s'en remettre et que la statuette aussi. Cependant, il la connaissait suffisamment pour savoir que ce geste serait mal perçu et aurait l'effet inverse. Il n'était pas assez intime pour ça, et puis, ça serait un peu gênant au fond, même pour lui. D'autant plus que ce n'était pas tout à fait vrai. Il y avait quelque chose de préoccupant dans la colère explosive de la fillette. Il se contenta de la regarder avec compassion, de suivre ses mouvements sans savoir quoi dire. Jusqu'à ce qu'elle le prenne par surprise.

"Tu penses vraiment ça de moi ? Que je suis incapable de garder un secret ? Qu’on peut pas me confier des choses ?"

Rey écarquilla les yeux de surprise. Hein...? Mais de quoi... ? Il ne comprenait pas de quoi elle parlait. Pourquoi penserait-il ça d'elle ? Au contraire, en lui racontant son histoire avec Miss O'Sullivan, il lui avait confier son malaise vis-à-vis de la situation, il avait fait un pas en avant. Certes, c'était un petit pas mais il n'avait rien dit qui... 

- Oh... fit-il en comprenant enfin.

"N'en parle pas" avait-il dit. Était-ce à ça qu'elle faisait référence ? Probablement, il ne voyait clairement pas autre chose. Il se sentit bête. Au lieu de la mettre en confiance, il l'avait blessé sans le vouloir. Quel idiot ! Mais de là à se mettre dans une telle colère ? Rey ne pouvait pas croire que sa camarade était aussi susceptible. Sa journée avait déjà bien entamé son humeur quand il l'avait rejointe dans la salle. Il avait juste eu la parole de trop. C'était sûrement ça. Il soupira, frustré de s'être montré aussi maladroit à cause de sa méfiance générale. Il aurait pu être plus subtil. Ou ne rien dire. 

- Désolé Ali', c'était bête comme remarque... C'est juste que... J'ai pas l'habitude. C'est pas contre toi spécifiquement.

Il se rendit bien compte que le message qu'il essayait de faire passer n'était pas très clair. Mais encore une fois, il était réticent à se livrer complètement. Il accrocha le regard de son équipière et son envie de la rassurer prit le dessus sur le reste. 

- Les gens se confient à moi mais je fais rarement l'inverse. J'aime pas trop parler de mes soucis, je préfère les régler tout seul. Et du coup, j'ai... probablement du mal à faire confiance de ce côté là, un truc dans le genre, expliqua-t-il. Si je pensai réellement que t'irais tout raconter, je ne t'aurai rien dit du tout. C'est... un réflexe de survis, peut-être ? lui dit-il avec un sourire timide.

Gêné, autant par ce qu'il venait de dire que par la situation qu'il avait malencontreusement causé, il passa une main dans sa tignasse de feu et l'ébouriffa. 

- C'est à moi de m'excuser, souffla-t-il. Je ne voulais pas te blesser. Et encore moins... tout ça, ajouta-t-il en englobant d'un geste du bras les débris de bois. Au fond, je voulais juste te montrer que tu pouvais me faire confiance aussi et me parler. Le garçon ricana contre lui-même. C'est pas une franche réussite.

Le regard de la fillette parcourait le sol comme si elle suivait un jouet télécommandé du regard. Elle ne savait plus vraiment où se mettre et comme elle avait décidé de ne pas fuir elle se retrouvait là, debout dans cette pièce partageant ses craintes avec celui qui en était la source secondaire. Il y eut un petit temps avant qu’’une réponse ne parvienne à la petite Delphillia.

Elle releva les yeux vers lui quand son explication commença. *Pas l’habitude ?* Elle ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir mais ça avait l’air d’être compliqué à cracher. Mais cette réponse ressemblait plus à un non ce qui fit un peu de bien à la fillette. Alors il c’était juste mal exprimé ? Le regard de Rey trouva le sien. Regarder les gens dans les yeux ce n’est pas quelque chose qui dérange la fillette au contraire, on voit mieux si les gens sont sincères. C’est peut-être ça aussi qui avait fait qu’elle avait mal interprété les paroles du garçon, elle n’avait pas vu son visage, elle ne faisait que le retranscrire naturel qu’il avait certainement une toute autre expression que neutre au moment où il lui avait dit ça.

Mais alors qu’il enchainait, la fillette ne put réprimer un petit sourire qui étirait ses lèvres. S’il y avait bien quelqu’un qui pouvait comprendre les paroles de son capitaine aujourd’hui c’était elle. Aliénor était un vrai coffre-fort, elle enfermait ses problèmes ses réflexions ses sentiments et émotions dans une boite et celle-ci explosait de temps à autre. Mais finalement les mots de Rey trouvaient des échos dans l’esprit de la fillette.

-J’ai peut-être trouvé pire que moi alors…

Non pas qu’elle était d’une extrême méfiance, mais elle n’aimait pas parler d’elle, de ses problèmes où même se montrer faible face aux autres. Finalement il avait fait un gros effort et elle l’avait mal pris.

Elle se baissa pour attraper un morceau e bois et le plaça sur la table.

-J’aime pas parler de mes problèmes non plus tu sais. Alors je comprends, j’imagine aussi qu’apprendre que ta directrice de maison est ta marraine c’est pas ouf. Je crois que je l’aurais encore plus mal pris… Au moins toi t’as rien fait exploser.

Elle se baissa de nouveau pour ramasser d‘autres morceaux de la statuette. Elle ne savait pas vraiment quoi dire sur ça. C’était plus une accumulation qu’autre chose et des non dis, des hypothèses à la con. Son sac de nœuds qui grossissait quoi.

-C’est vrai que c’est compliqué de me faire parler.

Elle leva un regard vers Rey en arquant un sourcil comme s’il pouvait lire dans ses pensées… Mais bon, dans cette phrase il pouvait s’il le voyait, trouver la preuve qu’elle ne dira rien de ce qu’il lui a confié. Mais bon, les sous-entendus… Elle ayant du mal avec elle ne s’imaginais pas qu’il capte quoi que ce soit.

-En soi c’est rien. Mes parents étaient bizarre à Noël et depuis j’ai pas de nouvelles alors je me fait des films, donc je dors mal, donc je suis en retard, donc je me fait engueuler, donc j’essaye de me faire discrète au repas et hop, une journée sous le signe de la colère.

Elle posa les quelques morceaux de bois sur la table avant de soupirer lourdement. Cette journée sous pression l’avait épuisée. Elle se frotta un œil en se retournant vers son camarade.

-J’te laisse réparer la statue hein, je veux pas vraiment faire plus de dégâts.

Elle partit chercher les quelques morceaux qui restaient dans les coins. Pour cette statue aussi la journée a été complexe, elle a couru, elle s’est pris un sac et elle a explosé. Mouais grosse journée pour tout le monde.