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02 sept. 2019, 17:49
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Son menton pincée entre ses doigts, Alice observait la barrière de toute sa hauteur. Ils ne pouvaient pas la contourner, ni l’escalader, la petite fille ne s’y risquerait pas en tout cas. Est-ce que la magie pourrait les aider ? Peut-être, mais Alice ne connaissait pas de sort capable d’affaisser la terre et le métal, et ils n’avaient pas le droit d’utiliser la magie en dehors de Poudlard, on le lui avait assez répété. Cette interdiction était stupide, et réduisait considérablement leur chance de maîtriser les sorts appris à l’école. Alice n’avait jamais compris son utilité.

Soudain, Alice sentit le bras d’Erwann s’enrouler autour de sa taille, arrachant immédiatement un petit cri de stupeur à la fillette. Mais avant qu’elle ne puisse faire la moindre remarque, avant qu’elle ne puisse exprimer furieusement son avis, le garçon frappa son pied au sol et les propulsa dans les airs. Le cœur d’Alice cessa de battre un instant, un long instant. Le temps semblait s’être momentanément arrêté alors qu’ils progressaient dans les airs, comme si jamais ils ne s’arrêteraient de monter. Le corps d’Alice était tétanisé, ses yeux ronds posés sur le sol qui s’éloignait, s’éloignait encore. Ils n’allaient jamais s’arrêter de monter, c’était certain, et Alice préférait que jamais ils ne descendent, car elle savait que la chute allait être brutale, comment pourrait-il en être autrement de toutes façons ?

Et puis, elle ne le savait comment, le sol revint sous leurs pieds. Alice s’écarta immédiatement d’Erwann, chancelante. Son cœur battait à présent plus fort que jamais, son teint n’avait jamais été aussi livide. Elle n’osait pas regarder Erwann, pas encore. Elle inspirait, expirait, secouée par cette terrible angoisse qui galopait en elle comme un cheval fou. Il fallait qu’elle se reprenne avant de pouvoir exprimer quoi que ce soit.
Ses yeux se relevèrent enfin sur Erwann. Elle s’apprêtait à lui crier dessus, ses lèvres entrouvertes mais… aucun mot ne fut prononcé. Pas un seul. Toute son attention venait de se porter sur le spectacle qui se déroulait à quelques mètres d’eux seulement. De la terre s'échappait des colonnes de lumières, Alice n’avait jamais vu une chose pareille. Le sol semblait renfermer un soleil et peinait à retenir toute sa puissance, comment était-ce possible ? La fillette ne savait plus où regarder tant il y avait à voir, chaque lueur accaparait son regard. Mais, malgré la beauté de ce qui se passait devant eux, Alice ne pouvait pas rester silencieuse :

« - Erwann… Qu’est-ce que c’est que tout ça …? C’est … c’est ton père qui …?


Elle ne trouvait pas de mot pour désigner ce qui se passait ici, aucune idée ne lui venait. Erwann avait utilisé quelques termes lorsqu’il avait expliqué la raison de sa venue mais, cela ne voulait rien dire pour Alice, rien du tout. Elle voulait comprendre, voulait au moins essayer.
Ses doigts vinrent de saisir de son bras pour faire pivoter le garçon vers elle. Alice demeurait interdite, ses yeux ronds. Il n’était pas bon qu’elle montre autant ses émotions à un inconnu, mais elle ne parvenait pas à les cacher.

- Expliques moi, demanda la fillette. Je veux comprendre ce que c’est que … ça

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

17 nov. 2019, 00:07
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Je restais silencieux, interdit, ma face assombrie par les lueurs dans mon dos, dévisageant Alice sans un mot. Tout ce que je ressentais à cet instant me tétanisait. Sa main menue agrippant mon avant-bras avec une force impossible, toute en tension et appréhension… Ses yeux écarquillés, appréciant avec vivacité le paysage surnaturel derrière moi. La blancheur de son teint, de ses cheveux, envahis par les reflets océaniques des geysers de lumières… Je n’arrivais pas à bouger, à détourner le regard… Je comprenais enfin…

Ce que je voyais était beau, était magnifique. Un concert d’émotion sur son visage, et j’en étais l’auteur… Mon esprit s’étrangla une seconde de joie émerveillée, alors que mon cœur battait si vite que je le sentais prêt à exploser… Oh dieux, heureusement qu’elle ne pouvait pas voir précisément mon visage, caché par la pénombre… Elle ne pouvait pas voir mes yeux s’humidifier devant son sublime portrait…

Elle ouvrit la bouche, sa voix cristalline brisant ma fascination. Je tressaillais involontairement, me rappelant mes actions, et leurs conséquences. Nous étions dans une zone interdite, dans un lieu dangereux. Nous n’avions pas le droit d’être là. Et c’était ma faute. Ma responsabilité. Ma gorge se noua et je déglutis avec douleur, tentant de reprendre le contrôle. Aucun son ne sortit… Mais je n’eus pas le temps d’apprécier ma propre détresse. Le regard d’Alice cessa de me dévisager, alors qu’elle pointait du geste et de la parole l’objet de sa question. Je me détournais d’elle, trouvant dans la contemplation du spectacle familier de ces crevasses surnaturelles, l’assurance qui me manquait.


« C’est… »

C’était quoi en fait ? A vrai dire je n’en avais pas tous les détails. Un portail ? Un carrefour ? Une frontière ? Mon esprit était encore trop rempli d’Alice pour que je me rappelle de toutes les bribes d’informations que ma famille avait discutées à son sujet. Et je devais faire bien attention de sélectionner ce que j’allais lui raconter… Entre ce que je devais savoir, ce que je ne devais pas savoir, ce que je pouvais dire et ne pas dire... Je soupirais pour moi-même, brièvement, avant d’amener un regard bien plus tempéré vers Alice.

« C’est particulier à expliquer… »

Je pointais du doigt la tour de lumière, parcourus de courants et d’éclairs, dont les tonnerres et grondements nous étaient désormais relativement audible dans le bourdonnement ambiant.

« Ce puits de lumière est une construction de notre esprit… Une représentation incomplète de sa réalité… »

J’attrapais doucement sa main, celle qui tenait toujours mon avant-bras, mes doigts pressant doucement sur sa paume, pour l’étendre, la rendant plate, planaire.

« Ceci est notre réalité… Et ceci… », ma seconde main, tout aussi plate vint se poser comme un couteau pointé sur l’origine de son majeur, perpendiculaire, « Ceci est une réalité étrangère. »

J’ouvrais légèrement ses doigts et les miens, entrelaçant ma main dans la sienne, tendue, perpendiculaire. Mes yeux allaient de son regard à ma démonstration, jaugeant sa réaction.

« Ce que nous voyons est le croisement de ces deux réalités, ou plutôt la réaction sensorielle, expérimentable de ce croisement… Nous voyons la chaleur et le contact de ce croisement »

Elle avait les mains légèrement plus fraiches que les miennes… Je détournais le regard vers le reste des aurores telluriques.

« Mon père est actuellement au milieu de ce croisement, en train de remplacer… l’élément fondateur ? La clef de voute des anciennes protections, évitant que ces deux réalités ne s’entrecroisent… Parce que deux réalités ne peuvent pas rester en contact trop longtemps… Soit on les sépare à nouveau… Soit… »

Mes doigts se refermèrent sur le dos de sa main avec douceur, comme une pince inéluctable.

« Les deux réalités fusionnent dans un cataclysme aux conséquences inconnues… »

Je continuais à apprécier ses réactions. Je ne voulais pas lui faire peur, mais le spectacle dont nous étions témoins était d’une rare dangerosité. De celles qui changent des réalités…

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)

15 déc. 2019, 15:36
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Boum boum. Boum boum. Alice pouvait sentir son coeur battre un peu plus fort à présent. Silencieuse, tant intriguée qu’effrayée, elle voulait comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux, ce qu’était ce phénomène séduisant, et terrifiant. Qu’était-ce, pour lui faire éprouver des sentiments si contradictoires ?
Et lui, ce garçon… qui était-il sous ses bouclettes aux teintes rousses ? Quel lourd secret cachait-il, avec … son père, disait-il ?

Enfin, vinrent les explications. Il allait poser des mots sur ses lumières charmeuses, et oppressantes. Alice allait savoir.

L’enfant buvait les paroles d’Erwann, ses joues la chauffant à chaque fois que sa peau rencontrait la sienne. Alice l’observait lui, ses propres yeux pointés sur la danse lumineuse. Elle comprenait enfin, et cette nouvelle n’eut certes pas sur elle l’effet qu’il aurait du avoir. Alice n’avait pas peur.
Alice observait seulement le garçon, comme en attente d’une nouvelle explication. Mais rien ne vint, rien que son regard. Seulement son regard d’ambre. Elle resta bouche bée un moment, ses doigts mariés aux siens. Alice aurait pu sentir son sang battre sous ses doigts, elle le savait. Ils étaient comme lié l’un à l’autre, fusionnant en un seul être. Était-ce une bonne, ou une mauvaise chose ? La petite fille ressentait une once de culpabilité qui lui mordillait le cœur. Pourquoi culpabilisait-elle, au juste ? Cela n’avait aucun sens. Ils ne faisaient-rien, Erwann lui expliquait seulement ... que lui expliquait-il, déjà ? Alice avait oublié, momentanément elle l’espérait. De toutes façons, était-ce si important ? La culpabilité revenait alors que ses yeux se plongeaient plus profondément dans les siens.

Cataclysme aux conséquences inconnues.

La jeune Sangblanc récupéra immédiatement sa main, comme brûlée par le souvenir de ses quelques mots. Les joues empouprées, Alice en avait conscience, elle se tourna pour ne plus voir le garçon, ses bras croisés sous sa poitrine. Elle se racla la gorge, ses grands yeux décortiquant à présent le terrain de golf, baigné de couleur oscillantes.

« Donc, ton père est en train de… remplacer quelque chose qui ne va plus, ici » lança Alice, cherchant à reprendre contenance. D’un coup de menton, elle désignait les mottes d’herbe trouée et les valons verdoyants du terrain de golf. « Ce doit être très ancien pour que ça ai été construit avant l’arrivée des Moldus. »

Paroles sans saveur que voilà, Alice ne parlait que pour rester maîtresse de ce moment. Pour une raison qui échappait à la petite fille, ce garçon la rendait tantôt mal à l’aise, tantôt fébrile. Et quelque soit cette maudite raison, ce n’était pas une bonne chose du tout ! Elle ne voulait pas être méchante, ni impolie.
Seulement elle même, et ce garçon lui empêchait de l’être.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

24 déc. 2019, 14:01
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Le cristal de ses mains si fragiles s’échauffa soudain, redevenant souple et liquide. A peine m'en rendis-je compte qu'elle s'était échappée d'entre mes doigts, me laissant seul, retenant une inspiration d'isolation. J'avais perdus ses yeux de mon regard, et ne découvrait plus désormais que son dos, ses bras serrés contre son torse, son visage résolument hors de ma vue... Ma main, restée solitaire, se serra de tristesse à la seule explication possible : Elle avait peur. Je lui avait fait peur.

Je fronçais les sourcils dans son dos, sous l'effet d'une pointe de rage à mon encontre. Quel imbécile d'avoir sorti ces mots. Que croyais je donc accomplir en lui parlant aussi vaguement du spectacle qui nous entourait. Mon obligation m'empêchait de lui dire toute la vérité, mon rôle se devait de rester mystérieux et solitaire. Je sentis ma rage se jeter sur ce bouclier dogmatique, tenter de le renverser. Aux diables ces écrans de fumées ! Pourquoi vivre caché et solitaire quand tout ce que l'on recherche est la connexion !? Je serrais mon poing contre ma poitrine, silencieux l'espace de quelques secondes... La réponse était évidente...

Tout cela nous dépassait, nous dépassait de loin. Nous n'étions que deux enfants au milieu d'une conjonction de réalités. Les rares secrets que l'on m'avait inculqués m'emplissaient déjà d'une terreur sourde, hantant mes nuits de cauchemars que je savais désormais bien réels... Je regardais la chevelure argentée, parcourue des reflets d'aurores telluriques, d'Alice devant moi. Etais je si vil pour infliger cela à quelqu'un d'autre ?

Alors qu'elle parlait, je m'avançais. Pas à son contact, même si je le désirais, mais à ses côtés. Alors que je sentais la pointe de son profil entrer dans ma vision périphérique, je l'entendis se taire, puis reprendre. Je n'osais plus, pas tout de suite, la regarder directement. A peine avais je vu son menton bouger dans la direction de la fissure la plus proche de nous.

Je restais silencieux quelques secondes, pondérant ma réponse. Ma rage, désormais petite voix intérieure criait ma lâcheté, prisonnière de ma sagesse et mon obéissance. Je ne devais rien révéler... Rien qui ne soit compromettant...


"Oui, c'est relativement ancien... Druidique, je crois.", ma rage eut un haut le coeur devant l'aspect mécanique de ma parole : "Selon ce qu'on m'a raconté, cela date d'une époque où vivaient en harmonie, moldus et sorciers ..."

Je me tus à nouveau, conscient que je n'avais encore rien fait pour rétablir une ambiance confortable. Ma gêne était telle que j'éprouvais le plus grand mal à donner de la passion à ma voix. Je restais immobile dans cet inconfortable silence, tout en laissant trainer mes yeux sur le paysage d'outre monde nous entourant.

Je n'étais pas venu aussi prêt jusqu'à maintenant. De mon aérien véhicule avais je eu la chance de voir l'impact général de l'ouverture du portail sur notre réalité, et d'en apprécier toute la grandeur. Mais d'aussi prêt, je découvrais des détails d'une toute autre nature... Il y avait tout d'abord une pulsion dans l'air, une sorte d'onde roulante qui venait en ressac traverser nos corps, quasi imperceptible si on n'était pas immobile. Elle résonnait avec la pulsion de la tour de lumière, régulière, chargée d'infrasons qui faisaient vibrer les os. Les crevasses elles mêmes semblaient bouger en harmonie, dansant par a coups au son de son rythme, se creusant d'avantage, lentement mais surement, à chaque battement.

La proximité avec la frontière avait un étrange effet sur les plantes alentours. Très proche de la lumière sortant de terre, on pouvait voir les brins de parfaite pelouse grandir, fleurir puis mourir, comme si le cycle du temps touchait le vivant, le forçant à une vie éphémère. Mon esprit éclairé était en alerte à cette vision et l'espace d'un instant je fus inquiet pour mon père... Cela faisait maintenant plus d'une heure qu'il était au centre de ce puits de lumière.

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)

28 déc. 2019, 11:14
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Alice hochait un peu la tête en écoutant Erwann lui confirmer ce qu’elle pensait : ces protections étaient très, très ancienne. Druidique. C’était extraordinaire de se tenir là où les vestiges de leurs ancêtres sorciers s’étendaient. La puissance qui s’échappaient du sol étaient incroyable, et palpable. Peut-être était-elle même saisissable ? Alice pourrait-elle la sentir couler entre ses doigts si elle parvenait à l’attraper ?

Elle sentait la magie battre en elle comme un cœur supplémentaire. C’était puissant, presque désagréable. Une incroyable force qui vibrait en elle. Elle lui coupait le souffle, semblait même saisir à pleine mains ses poumons. Ils se déployaient péniblement en elle, rendaient chaque respiration toujours un peu plus difficile.
Mais pour rien au monde la jeune fille aurait demandé que cela cesse. C’était prodigieux ce qui se passait sous ses yeux et dans son corps, jamais elle ne sentirait cela une seconde fois, Alice le savait. Et si cette magie brute et ancienne venait à changer celle qui s’épanouissait en elle, pour la rendre plus puissante ?

Ses yeux décortiquaient la scène majestueuse, ne voulant rien rater. Alice observait le sol, peut-être que la terre allait se déchirer sous la magie. Mais au lieu de cela, Alice voyait la pelouse verdoyante devenir plus belle encore, pour finalement s’éteindre. Cela glaça le sent de l’enfant. Ils n’étaient certes pas aussi proche pour voir la flore mourir à leur pied, mais Alice ne pouvait pas être sûre qu’en elle, quelque chose de terrible ne se produisait pas.

Alice recula un peu pour revenir à Erwann, au moins sa présence la rassurait. Elle enroula ses doigts autour du bras du garçon, sans jamais perdre de vue les fleurs qui mourraient loin, loin devant eux.

«  Nous n’avons rien à faire ici, Erwann, n’est-ce-pas ? » Alice murmurait. Elle sentait sa voix secouée par les pulsations de la magie, c’était désagréable à présent que le danger était visible. « Ton père... où est-il ? Est-ce que c’est normal, ce que je sens dans mon corps ...? Ça bourdonne, c’est étrange... »

Alice se tut. Si elle sentait cela, Erwann lui aussi, il était inutile de lui décrire chaque chose qu’elle ressentait. A moins qu’il ne soit habitué... à force d’accompagner son père, cela se pourrait.
Elle releva son visage opalin sur Erwann.

«  Est-ce que nous sommes en danger, Erwann ? »
La question était légitime, Alice n’avait pas à rougir de cette inquiétude qui la saisissait. Si la flore mourrait, qu’en était-il des êtres vivants aux alentours ? Oh non, les pauvres taupes qui vivaient dans la terre du terrain de golf, elles aussi devaient mourir ! C’était terrible, horrible ! La fillette sentait son cœur se serrer en imaginant ces petits animaux se tordre de douleur, assailli par une magie dévastatrice.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

29 déc. 2019, 22:49
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Mes yeux perçaient la lisière entre le bosquet d’arbres nous cachant le lieu de pouvoir du regard et le puits de lumière coupant notre ciel en deux de ses lueurs froides. Je cherchais un indice, un quelconque signe pouvant m’offrir le réconfort de savoir mon père sauf, au milieu de cet événement apocalyptique. Je savais qu’il m’avait laissé la garde de ses frontières, qu’il m’avait simplement dit de me tenir à l’écart. Il m’avait prévenu comme à son habitude de la dangerosité des lieux une fois le portail libéré. Mais tout était toujours dangereux dans notre milieu. Chaque site que nous avions visité, entretenus, cachés, rénovés, cachait sa part d’ombre et d’horreur. Celui-ci n’en était qu’un de plus sur notre liste, et j’étais parti accomplir ma tâche sans même un regard en arrière, sachant très bien qu’à la moindre question posée sur ce qu’impliquait l’œuvre de mes ainés, je n’aurais pour toute réponse qu’un laconique rappel à mon âge : J’étais encore trop jeune pour savoir.

Mais je savais, j’en savais déjà suffisamment pour m’inquiéter. Je comprenais maintenant que la raison pour laquelle mon père m’avait demandé de ne pas rentrer sur le site était pour m’éviter la vision de cet effondrement entropique généralisé. Je comprenais maintenant que la raison de cet étrange périmètre de sécurité était pour éviter la curiosité classique des humains face à un évènement qui les dépasse de bien trop loin. Je comprenais ma propre négligence.

Tout à mes pensées, je fus frappé d’un frisson soudain lorsque les doigts d’Alice vinrent entourer mon avant-bras. Mon corps se tendit avant de reprendre son calme habituel. Je tournais la tête, décidant cette fois de retrouver l’étrange étincelle de ses yeux, si chaude malgré l’acier glacé de ses pupilles.

Elle était de profil, presque parfait. Les lueurs telluriques illuminaient la moitié de son visage, laissant le reste dans l’ombre, tel une demi-lune. Avant même qu’elle ne parle, je pus voir une émotion que je ne connaissais que trop bien. L’effroi. Le même reflet que je voyais dans le miroir, alors que je tentais de me calmer après l’une ou l’autre de mes terreurs nocturnes. Sa première phrase, telle un glas, me fit grimacer de tristesse. Qu’elle était intelligente… Tellement plus intelligente que moi… Mes yeux s’humidifièrent légèrement, douloureux, alors qu’elle éprouvait sans doute l’une de ses premières révélations aux puissances.

Non, absolument, elle avait raison. Nous n’avions rien à faire ici. Pleine de compassion, ma main libre vint se poser sur sa main, alors que je souriais tristement. Comprenais-t-elle déjà que c’était le vivant qui n’avait rien à faire ici ? Que le concept même de Vie trouvait en cette lumière quelque chose de si contraire que la cohabitation en devenait impossible ? Elle attendait ma réponse du regard…


Mentalement, j’érigeais de nouveau mes barrières chancelantes. J’étais un gardien.

« Tu as raison Alice, nous n’avons rien à faire ici. Ce que nous observons n’est pas normal, ce que tu ressens n’est pas normal. Rien de tout cela ne devrait exister… »

Mon regard se tourne vers les arbres pris dans le puits de lumière. Même à cette distance, nous devrions les voir flétrir et tomber de vieillesse. Ils restent pourtant forts et vigoureux, nous cachant avec vitalité l’épicentre de la frontière.

« Mais pour répondre à ta question, non, ce n’est pas dangereux. Les anciens sceaux protègent notre réalité à ces frontières. Mais tu te rappelles ce que je te disais tout à l’heure à propos du ressenti ? C’est d’abord ce ressenti même qui te protège. »

Je croise de nouveau son regard, plongeant mes yeux dans les siens. Mon sourire se fait chaleur.

« Cette intuition de danger que tu ressens. Elle est l’œuvre de ta propre existence, luttant fermement contre toute incursion d’une autre réalité. Cette émotion vitale, animale, cette peur primordiale qui t’encourage à fuir… Elle t’empêchera d’atteindre ces flammes, de te bruler à leur contact. Mais seulement si tu lui fais confiance. »

Ma main couvre la sienne, chaude, alors que mon regard s’enflamme d’avantage. Pour la première fois, je crois. Pour la première fois je comprends ce que veut dire être un gardien.

« Mon père essaye actuellement de nous protéger du danger derrière cette frontière. Par son œuvre, il garde ces puissances cachées, inaccessibles, interdites. Tu ressens comme moi leur force, leur impossible pouvoir. Capable de changer notre réalité… Imagine ce qu’il arriverait si un inconscient tentait de les libérer… »

A cet instant, je me rends compte que dans mon emportement, je viens d’avouer à Alice la raison même de notre existence, de notre secret. Je viens de briser le plus grand taboo de mon clan… Il n’y a plus de retour en arrière pour moi…

A-t-elle vu mon trouble ? Je guette silencieux la moindre de ses réponses.

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)

02 janv. 2020, 13:20
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Comment pouvait-il affirmer que ce qui se déroulait tout autour d’eux n’était pas dangereux ? La lumière qui dansait tout autour d’eux, la flore qui mourrait devant eux... rien n’indiquait que la magie n’était pas en train de les grignoter. Il n’y avait que la parole d’Erwann.

Ses yeux dans ceux du garçon, une chaleur lui réchauffa le cœur. Ses lèvres la gratifiait d’un sourire qui, le temps d’un instant, lui fit oublier quel phénomène se produisait autour d’eux. Il avait raison, en un sens. C’était elle, et elle seule qui pouvait se préserver de la magie qui irradiait l’environnement. Si elle ne s’approchait pas, elle ne finirait pas comme ces brindilles mourantes. Il fallait seulement faire confiance à cette voix intérieure qui pourrait finir par lui murmurer quelques avertissements si d’aventure Alice voulait s’approcher. Elle n’en avait pas envie, de toutes façons.

Les doigts d’Erwann revinrent contre sa peau en une caresse agréable et réconfortante. Elle n’avait pas peur quand il était là. Et il était si intéressant, ce garçon. Comme le gardien d’un millier de secret qu’elle ne pourrait jamais comprendre. Il laissait échapper quelques bribes de ses connaissances pour qu’Alice s’en saisisse du bout des doigts, mais elles étaient volutes de fumée. Elle ne pouvait qu’écouter, peinant à comprendre, imaginant seulement des réponses en regardant s’échapper les secrets bruts.
L’un de ces secrets, Alice parvint à s’en saisir lorsque Erwann, sa langue déliée par les émotions, en dit certainement trop. Son attitude avait changé, et cela seul indiquait à Alice qu’il avait été trop bavard, et elle trop attentive.

Le père d’Erwann œuvrait à garder prisonnier une magie dangereuse, peut-être même consciente si Alice en croyait ce qu’elle avait compris. Elle avait plus ou moins su cela lorsque le garçon en avait parlé, précédemment, mais à présent ses actions semblaient bien plus héroïques.
Elle n’avait jamais entendu parler de ce genre de chose, la magie lui apparaissait alors inconnue. Pourquoi en lui avait-on jamais parler de ce genre de chose ? C’était important : c’était leur héritage ! Est-ce que Poudlard les instruirait à ce sujet ? Finiraient-ils par apprendre ce qui se cachait derrière cette magie ancienne ? Derrière ... la magie des druides ?

Alice ne dit mot pendant quelques instants, analysant chaque mot qui avait été dit, et chaque chose qu’elle pouvait en déduire. Elle déglutissait à l’idée que quelqu’un soit capable de libérer cette magie. Le Conseil des Sorciers le pourraient, c’était certain. Peut-être était-ce pour cela que le père d’Erwann était là, il veillait à ce que personne ne puisse faire du mal ici. Du moins, Alice l’espérait.

Ses doigts se resserrèrent autour du bras d’Erwann. Elle recula d’un pas, l’entraînant avec elle.

«  Parle moi de ce que fait ton père. » Alice, de sa main sur son épaule, fit pivoter le garçon face à elle. «  Dis moi ce qu’il est. Dis moi si il y a d’autres endroits comme celui la, si ils sont en sécurité. Parce que si ce que tu dis est vrai, si cette magie est si dangereuse, il faut que toutes les zones soient protégées. »

L’idée que quelqu’un soit capable d’utiliser cette magie pour faire le mal la rendait fébrile.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

05 janv. 2020, 17:39
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
J’en avais trop dit. Les étincelles, de peur et de curiosité mêlées, dans ses yeux argentés, me le rendait parfaitement clair. La pression de ses doigts sur mon bras se fit juste un peu trop forte, son contrôle sur mes actions se fit juste un peu trop pressant. Alors qu’elle me retournait vers elle, replongeant mon visage dans la pénombre de la nuit, alors que le sien restait baigné dans les lueurs fantomatiques de ces aurores, j’éprouvais un étrange sentiment d’urgence, et de honte… Qu’est-ce que je faisais à cet instant ? Je ne l’avais pas endormi auparavant, comme je le devais. Je l’avais guidé moi-même vers la révélation de ces mystères, alors que c’était interdit. Maintenant encore, je lui avais ouvert le voile d’une connaissance cachée depuis des millénaires par mes aïeuls, en toute contradiction avec notre vœu de secret absolu… Et comme on me l’avait enseigné, désormais je pouvais apprécier la curiosité naturelle de mes semblables face à ces grands secrets, leurs questions, leurs légitimes peurs, leur désir de contrôle… Le barrage avait cédé, laissant des torrents de curiosité ravager la vallée… Et je me retrouvais impuissant face à cette catastrophe.

Pire, je sentais au fond de moi l’envie de m’ouvrir encore d’avantage, d’en dévoiler toujours plus, de garder encore et encore sa magnifique attention. Jamais auparavant n’avais-je ressenti un tel besoin de confier mon être à quelqu’un d’autre. Je ne comprenais pas pourquoi. Comment le pouvais-je ? Par sa simple présence, Alice abattait toutes mes barrières. Il me suffisait de me perdre l’espace d’un instant dans les flammes de ses yeux et j’en oubliais qui j’étais, d’où je venais, ce que je protégeais.

Ses phrases me frappèrent à nouveau, courtes, claires, me rendant d’autant plus douloureuse l’idée de ne pas assouvir sa curiosité et ses appréhensions. Mes sourcils, dans l’ombre, s’arquèrent du malaise que je ressentais. Comme un animal en danger, ma main libre retourna dans la poche de mon manteau de voyage, effleurant des doigts la poudre amnésique que mon père m’avait confié. Je me figeait, éprouvant sa texture, sans oser en prendre ne serais ce qu’un grain. Il me suffisait d’une seule seconde, d’un seul souffle, et tout redeviendrais normal. Alice s’endormirait, je n’aurais plus ensuite qu’à la ramener chez elle, et elle oublierait tout, mes révélations, notre escapade… Notre discussion… Notre rencontre…

Mon bras, tel une anguille, se dégagea de son étreinte alors que je reculais moi-même d’un pas. J’haletais, bien incapable de faire face à la tourmente qui me prenait. L’ampleur du dilemme me prenait à la gorge, m’empêcher de penser… Comment seulement choisir !?

D’une part, je savais qu’en dire d’avantage n’alimenterait que d’avantage encore son feu intérieur. La moindre phrase, le moindre petit fragment de connaissance serait étudié par sa magnifique intelligence, les transformant en toujours plus de questions, d’attentes, de frustrations. D’autre part, je ne voulais pas qu’elle m’oublie… C’était abominablement égoïste, je le savais et en éprouvais une forte honte, mais je n’avais jamais encore éprouvé un tel besoin de confidence, de contact, avec une autre personne. Je retenais mon corps tout entier, pour qu’il ne brise d’un simple pas la distance, avant de la prendre dans mes bras, de la serrer contre mon cœur, tout en lui racontant par le début l’ensemble des horreurs cachées à l’orée du monde magique que j’avais pu connaitre ou dont j’avais entendu parler… Mon instinct me criait qu’elle était la solution ! La solution à mes terreurs constante. Un esprit avide, qui voulait savoir, qui voulait comprendre, qui saurait comprendre… Quelle horreur que ce soit aussi le pire ennemi de notre œuvre…

Je la regardais me regarder, anticipant son incompréhension face à mon rejet soudain. Je devais répondre, quelque chose, n’importe quoi… Mais mes barrières étaient anéanties… Je n’avais plus la force de manier mensonges blancs et demi vérités. Je devais prendre la responsabilité de mes paroles…


Mon corps se redressa, un tout petit peu plus dur, un tout petit peu plus franc. La terreur sur mon visage laissa place à un semblant de détermination calme alors que j’arrivais de nouveau à croiser son regard. Je balbutiais mes premiers mots :


« Je… Je suis désolé, Alice… Il m’est interdit d’en parler… Je… Je t’en ai déjà trop dit… »

Je sentais des larmes de peur et de frustration monter à mes yeux. Mes phrases se faisaient douloureuse dans ma gorge, mais je continuais :

« Rien de ceci n’est connu… Par personne, moldus ou sorciers. Ces secrets sont cachés à l’ensemble du monde depuis des milliers d’années. Je ne peux que t’affirmer de me faire confiance, sans pouvoir t’en dévoiler d’avantage… » Ce dernier mot me brise de douleur, mon ton se fait suppliant : « Personne ne doit jamais savoir, Alice… Tu ne dois jamais dire ce que tu as vu ce soir à personne…»

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)

06 janv. 2020, 12:22
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Alice allait savoir, allait plonger dans un océan de nouvelles connaissances sur un monde que jamais elle n’avait imaginé. Un monde ancestral et dangereux, que peu de personnes connaissaient, elle le savait. C’était elle qui allait recevoir tout ce savoir, rien qu’elle, offert par l’enfant de l’un des protecteurs de cet univers magique incroyable. Il allait lui offrir des secrets à profusion.

Mais Erwann lui échappa, Erwann s’éloigna d’elle. Il lui arrachait le savoir qu’il lui avait promis. Alice déglutit. Non, il ne lui avait rien promis. Il s’était ouvert à la fillette parce qu’il lui faisait confiance, seulement pour cela. Il n’y avait eu aucune promesse. Et à présent, il en souffrait.
Le cœur serré, Alice l’observait sans mot dire. Elle avait été trop loin avec ses questions, avait prit pour acquis sa générosité comme si elle lui revenait de droit.

« Tu ne me dois aucune aucune excuse, aucune explication » aurait elle du répondre lorsque le garçon c’était remit à parler, balbutiant, assaillit par une armée de sentiment qu’Alice devinait tous contraire. Elle aussi baignait dans une myriade d’émotions. La déception, la curiosité, la tristesse, la colère, la peur... Alice déglutit en resserrant ses doigts autour de leur deux baguettes. Le plonger ainsi dans cet inconfort, c’était terrible, insupportable. Elle se haïssait.

La fillette hocha un peu la tête lorsque Erwann lui affirma que tout cela était un secret, que c’était en sécurité. « Je jure de ne rien dire » murmura t-elle, touchée par la douleur dans sa voix. Cela lui tordait l’estomac, elle se sentait immonde à ainsi le blesser. Sa curiosité soit maudite, avec elle sa soif de savoir et son besoin d’en connaître toujours plus que le commun des mortels. Sans cela, jamais Erwann n’aurait eu ces larmes dans ses yeux d’ambre. Jamais.

Alice inspira un bon coup, et força son visage à chassé la tristesse de ses traits. Elle extirpa la baguette du garçon de sa main pour lui tendre.

« Je vais rentrer à présent » dit-elle en essayant de sourire, seulement un peu. « Je ... j’en ai trop vu, je t’ai posé trop de question ... et je t’en poserai encore si je reste ici, si j’en vois encore. C’est mieux que je parte tout de suite ... et puis ... et puis mon oncle peut rentrer d’un moment à un autre, alors ... »

Si oncle Kenneth voyait ce qui se passait ici, que penserait-il ? Et si il voyait sa protégée debout et dehors à cette heure avancer de la nuit ? Il était temps de rentrer, c’était le mieux à faire pour tout le monde.

« Merci pour ce joli moment, Erwann. Tu m’as fait confiance alors je ne briserai jamais ton secret. »

Avant qu’elle ne s’en rende compte, ses lèvres étaient déjà sur la joue d’Erwann. Ses pommettes s’empourprèrent immédiatement. Elle gratifiait pourtant régulièrement Brett et Aliosus de quelques baisers sur la joue sans en ressentir quelques chaleurs dans le visage.

Sans un regard supplémentaire, sans un mot ajouté, Alice s’éloigna d’un pas vif. Il fallait rentrer, apaiser son cœur qui battait trop fort, bien trop fort. Elle se sentait mal, avait un poids sur le cœur. Mais que diable lui arrivait-il ? La magie ancestrale qui régnait ici était-elle en train de lui faire du mal ? Son cœur battait à tout rompre, et l’envie de retourner auprès d’Erwann lui était pulsion. Vite, quitter cet endroit au plus vite. Oublier Erwann et ses secrets.
Au moins jusqu’à Poudlard.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

13 févr. 2020, 22:14
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Elle n’eut pas le temps de faire trois pas qu’une main vint lui attraper son menu poignée. Ma main. Suivi par le reste de ma personne…

Je ne savais pas ce qui m’avait pris, un besoin, soudain, impérieux, de son contact, de son regard. Je ne m’étais pas vu happer la distance qui nous séparer, la retenir avec une douceur étrange, animale, instinctive. Lorsqu’elle se retourna, j’haletais, hésitant, les yeux effarés par mon geste, encore tout humide de ma terreur précédente. Pourtant ce qu’elle faisait était juste, et je savais pouvoir lui faire confiance. Je n’en doutais pas, je n’en doutais plus. Ses yeux argent me dévisageaient, leur expression rendue confuse par les lueurs de plus en plus forte des lueurs telluriques derrière moi. Encore une fois, j’étais interdit, tentant avec douleur de trouver quelque chose à dire pour justifier mon geste…


« S’il te plait, ne pars pas… »

C’était un cri étrange, sortant de ma gorge comme une déchirure, comme si quelque chose en moi s’était arraché et que la douleur s’exprimait de cette manière. Mon corps tout entier avait besoin de son contact, de son attention, alors que ma raison, si lointaine, criait à plein poumon qu’il était temps d’en finir, au risque de nous perdre tout entier dans une terrifiante réalité. Étais ce son baiser ? Cet instant de contact si intime qui me faisait agir ainsi ? Mon esprit entier avait disparu au moment où ses lèvres avaient touchées ma joue, remplacé par autre chose… Quelque chose de chaud, d’enflammé, qui semblait provenir de mon cœur et se déverser hors de moi.

« Je… Pardon… Je voulais juste te montrer quelque chose de beau, quelque chose d’étrange… Je ne voulais pas te faire peur avec tout ça… »

Je me rapprochais d’elle, doucement, ma main lâchant son poignet sans en briser le contact. Mes yeux ne quittaient pas les siens. Ma voix trouve une étrange assurance, que je ne me connaissais pas. Je ne me suis jamais autant senti en phase avec moi-même jusqu’à cet instant, ce contact, ce rapprochement. Le ressac d’ondes énergétiques s’éteint soudain, et la lumière semble se figer l’espace d’une poignée de secondes. Les longs drapés de lueurs sortant du sol se glacent dans mon dos, comme si le temps s’était arrêté. Mais je ne regarde pas ce spectacle, je lui tourne le dos.

« L’éducation que j’ai reçu est particulière, occulte et dangereuse. On m’a inculqué de voir en chaque étranger un ennemi, indigne de confiance, car forcément cupide et inconscient. Mais ce n’est pas ce que tu viens de faire… »

Ce tableau subit, incroyablement réel, brille à n’en plus pouvoir, alors qu’une fine étoile filante, s’élève en arc depuis le bosquet central, dans notre direction, passant au dessus de nos têtes, comme pour fuir quelque chose. Mais mes yeux sont plongés dans les iris d’Alice, sans vouloir s’en défaire.

« Merci Alice, pour ta confiance. Je suis heureux d’avoir pu partager ce moment avec toi… »

Je l’enlace, serrant son corps contre le mien, alors que derrière moi le paysage explose subitement, sans l’ombre d’un son, mais dans un déluge de couleurs… L’étreinte n’a duré que quelques secondes quand je me reprends, enfin la relâche et me retourne pour contempler le paysage sombre et vallonné d’un terrain de golf à la nuit tombée. Plus de traces quelconques d’un autre monde ici. Plus de crevasses, plus l’ombre d’une lueur étrangère… Juste la lune si familière au-dessus de nos têtes, veillant sur notre petit univers.

Je reviens vers la douce présence d’Alice, satisfait.


« Il est temps de rentrer… Je te raccompagne… »

Mes yeux se portent vers le haut de la butte, vers sa maison, vers la fin de notre rencontre. Mon ton se veut enjoué.

« Faisons vite… Je préférerais ne pas avoir à expliquer ce que tu fais ici à… »


Une silhouette sors de la pénombre, du haut de la butte, bloquant notre chemin. Long et décharné, il porte un lourd et long habit de sorcier, usant de son balai comme d’une canne, et avançant d’un pas difficile dans notre direction. L’éclat de la lune illumine son crâne poli, étrangement pâle, et alors qu’il s’approche, un visage ancien, parcheminé, plein de craquelures lumineuses nous dévisage, une lueur d’outre monde sortant de ses orbites décharnées. Un râle lugubre vient dans notre direction alors qu’il continue à s’approcher. Dieux, qu’est-il devenu ?

« … mon père… »

Je sens mon médaillon frémir sur mon torse, signe de danger. Instinctivement, je viens me positionner devant Alice pour la protéger, ma baguette retrouvée, serrée dans ma main. Il l’a vue, c’est certain… Et cela veut dire que la situation est devenue bien plus compliquée.

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)