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02 oct. 2019, 22:12
 05.09-07.09.2044  Le monstre à dix têtes
Le monstre à dix têtes



Partie 1 - La garde rapprochée d'Ursula Parkinson
Partie 2 - Les choix des parents
Partie 3 - Les dix partent en guerre
Partie 4 - Les instructions du 10 Downing Street
Partie 5 - Les comploteurs
Partie 6 - Échec et mat

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
03 oct. 2019, 10:56
 05.09-07.09.2044  Le monstre à dix têtes
Partie 3



Lundi 5 septembre 2044. 23h01.

Assis sur une caisse en bois, William Thunderton attendait à l’extrémité de l’embarcadère. Parfaitement immobile, les mains jointes, il gardait les yeux rivés sur la surface noire du lac de Poudlard. Le vent, léger ce soir-là, dessinait de minuscules ridules à la surface de l’eau.

Le claquement sonore qui se produisit quelques mètres derrière lui ne le surprit pas. La femme qui lui avait rendu sa liberté était d’une ponctualité proverbiale.

« — Elle ne viendra pas, dit Ursula Parkinson en s’arrêtant à sa hauteur.
— Non, en effet.
— Le fils et le mari ?
— Introuvables.
— C’était prévisible. »

William tourna ses yeux vers le visage d’Ursula, auquel pendait un léger sourire. La sensualité de ses traits ne trahissait aucune émotion, mais William savait qu’au fond d’elle, Ursula faisait jouer son incroyable mémoire et sa remarquable habilité à manipuler les probabilités. Il sourit, admiratif. Elle avait inclus ce refus d’obtempérer dans ses plans… certainement depuis le début.

« — Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour protéger Noreen Blackwave, dit-elle en posant sa main sur l’épaule de William.
— Les McKinney seront furieux.
— Poudlard en payera les conséquences.
— Et vous ? »

Ursula se tourna vers lui. Ses grands yeux pétillaient de plaisir.

« — William, la meilleure des défenses reste l’attaque. »

Il ne pouvait que consentir à cette merveilleuse conception des choses. Il se mit debout, conscient que le moment était certainement venu d’agir.

« — Je les ai amené là où je voulais qu’ils se tiennent.
— Ils vous ont sous-estimé.
— Comme pratiquement toutes les personnes qui ont jalonné ma vie, William. »

Il la regarda hisser sa capuche noire sur sa tête et se mettre en marche. William sourit en pensant à toutes les personnes qui avaient effectivement sous-estimé le pouvoir de cette femme. Peu était encore vivant pour en témoigner ; le pouvoir d’Ursula Parkinson ne résidait pas dans sa baguette magique (qu’il n’avait jamais aperçu, par ailleurs) mais dans son brillant intellect.

Alors qu’ils traversaient la voie de chemin de fer déserte à la lumière grésillante d’un réverbère, William sentit un frisson d’excitation s’emparer de lui lorsque les huit autres membres de la garde rapprochée d’Ursula transplanèrent à ses côtés dans un tourbillon de nuages noirs.

« — Yes sir ! Nous partons en guerre ! s’extasia Aurora, alias numéro 8. »

Blanche et Noire, respectivement numéro 1 et numéro 2, encadrèrent Ursula en laissant éclater leur joie. Ce soir le monde apprendrait à craindre cette femme, se jura William. Cette femme qu’il vénérait.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
07 oct. 2019, 09:53
 05.09-07.09.2044  Le monstre à dix têtes
Partie 4



« — Vous savez ce que vous avez à faire, dit Ursula en regardant tour à tour les sœurs jumelles.
— C’est comme si c’était fait, répondit Noire.
— Comptez sur nous, Madame, dit Blanche. 
— Les autres, avec moi. »

Sur ces mots le groupe se scinda en deux. Blanche et Noire transplanèrent vers une destination inconnue tandis qu’Ursula rassemblait le reste de sa garde autour d’un collier de perles laissé sur le quai de la gare de Pré-au-Lard.

« — Départ dans dix secondes, dit-elle après avoir jeté un coup d’œil à sa montre. Dix… neuf… huit… »

Elle se baissa pour ramasser le collier. Les sept membres de sa garde rapprochée en saisirent chacun une portion.


*


Le Premier ministre et sa femme se réveillèrent en sursaut. Le bruit de la déflagration qui venait de souffler le premier étage du 10 Downing Street faisait encore trembler les murs de leur chambre. Paniqué, le coeur chancelant, David Jameson se tourna dans le lit pour attraper la paire de lunettes posée sur la table de chevet.

Le protocole voulait que son Service de Sécurité les exfiltre en cas d’attaque. Durant le bref instant où la porte de la chambre s’ouvrit, David s’attendit à voir les mastodontes du Service de Sécurité lui intimer de les suivre. Il déchanta aussitôt.

« — Qu-qui êtes-vous ? »

Deux femmes vêtues d’un long manteau noir venaient de faire irruption dans sa chambre. Deux femmes qui ne faisaient manifestement pas partie de son Service de Sécurité. A en juger par leur ressemblance, elles étaient soeurs jumelles. Pour une raison qu’il ignorait, on ne pouvait distinguer leur bouche et elles tenaient une baguette en bois dans leur main… des baguettes…

« — Vous êtes des sorcières ! s’exclama-t-il. »

Sa femme le regarda avec de grands yeux ronds, comme s’il avait prononcé une insulte à voix haute.

« — Très juste, lui répondit celle qui avait des cheveux blond peroxydé et noir coupés au carré. Il la regarda se poster près de la fenêtre et guetter quelque chose dans la rue.
— Regarde-moi, lui signifia l’autre. Il remarqua le chiffre 1 tatoué sur le dos de sa main droite. Si tu ne veux pas que nous fassions du mal à ta femme et tes enfants, il va falloir m’écouter très attentivement et suivre mes instructions à la lettre. C’est clair ? 
— …
— Tu as perdu ta langue, Moldu ?
— Moldu ? risqua le Premier ministre, incapable de comprendre dans quel bourbier il venait de s’enfoncer.
— C’est le nom que nous donnons aux gens de votre espèce. »

Le Premier ministre et sa femme échangèrent un regard où se mêlaient la peur et l’incompréhension. Ils joignirent leur main sous le drap. Le Premier ministre transpirait à grosses gouttes, mais une trentaine d’années écoulée dans la politique lui avait appris à se ressaisir dans n’importe quelles circonstances. Il analysa froidement la situation… ces femmes n’étaient rien de plus que des terroristes qui espéraient le faire chanter, mais ce qu’elles n'imaginaient pas, c’est que toutes les forces de police convergeaient en ce moment même vers le 10 Downing Street. Elles seraient piégées, c'était inévitable. Il devait gagner un peu de temps.

« — Que voulez-vous ? demanda-t-il en relevant le menton.
— D’autres personnes comme nous te rendront bientôt une petite visite, répondit la blonde, plantée en face du lit. Je veux que tu affirmes à tout le monde, la presse, la police, tous les Moldus, que cette attaque a été menée par dix personnes. A nos semblables, tu affirmeras que cette femme est entrée en contact avec toi. »

Elle lui agita la photo animée d’une belle femme rousse au regard perçant.

« — Je ne comprends pas…
— Je ne te demande pas de comprendre. Exécute mes instructions à la lettre ou bien nous continuerons de répandre la mort tout autour de toi. Compris ? »

David Jameson refoula l’envie de sourire lorsque la lumière des gyrophares éclaira soudain les murs de la chambre et que le bourdonnement des hélicoptères éclata au-dessus d’eux. La cavalerie était arrivée ! Ces deux illuminées allaient passer à la casserole !

« — Les renforts sont arrivés, souffla la femme postée devant la fenêtre.
— Montre au Moldu que nous ne plaisantons pas.
— Entendu sœurette. »

Les rétines de David Jameson devaient imprimer pour le reste de son existence la succession d’explosions qui survint lorsque la femme aux cheveux coupés en carré leva sa baguette. Les voitures de police, les hélicoptères, tout explosa… jamais Londres ne connut de feux d’artifice aussi sinistres de toute son histoire.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
07 oct. 2019, 18:56
 05.09-07.09.2044  Le monstre à dix têtes
Partie 5



Astor Dixon rampa pour s’extraire de la berline qui faisait, deux fois par jour, la navette entre son domicile et le Woolworth Building. Il avait l’esprit brouillé par l’impact. Le sang coulait sur son visage. Son premier réflexe fut de chercher sa baguette magique dans sa poche, mais il fut rapidement extrait comme un vulgaire sac de pommes de terre par des mains épaisses, renversé sur le capot de la voiture sans ménagement puis désarmé.

Lorsque sa vue retrouva sa netteté, son premier coup d’oeil fut pour le chauffeur de la berline avachit sur son volant, le crâne fendu par l’impact. La voix de Daniel, le deuxième Auror chargé de sa sécurité, l’obligea à regarder vers la porte passager d’où une masse ensanglantée glissait vers le bitume humide.

« — Mon-m-monsieur…
Avada Kadavra ! siffla une voix masculine.
— DANIEL ! cria Astor. »

L’éclair de lumière verte tua Daniel sur le coup. Son corps roula lourdement sur le sol puis s’immobilisa pour de bon. Astor tourna sa tête pour regarder le responsable de ce chaos mais il crut d’abord à un mauvais tour de son esprit lorsqu’il découvrit huit silhouettes vêtues de noir au beau milieu de la chaussée. Astor reconnut la silhouette longiligne des buildings new-yorkais de part et d’autre de la chaussée, mais il ne comprenait pas comment l’avenue pouvait être déserte à une heure pareille, dans la ville qui ne dormait jamais ? Et qui pouvait bien être ces… il tiqua sur l’homme qui avait vraisemblablement tué Daniel. Il tremblait comme une feuille, sa baguette magique pointée vers la berline. Il était le seul à avoir son visage découvert. Tous les autres étaient habillés d’un long manteau noir qui leur remontait jusqu’au nez.

« — Monsieur le président, dit une voix féminine à l’accent anglais. »

Une neuvième personne apparut dans son champ de vision lorsqu’elle se décida à faire un pas de côté pour sortir de l’ombre du colosse du groupe, le gaillard haut de plus de deux mètres qui l’avait certainement extrait de la berline. Astor sentit sa bouche s’assécher lorsque son homologue britannique fit tomber sa capuche. Ursula Parkinson, ici ? C’était insensée ! Il se frotta les yeux pour être sûr qu’il n’hallucinait pas, mais la voix posée de l’anglaise lui assura qu’il ne rêvait pas. Pas du tout. Cette nuit virait au cauchemar.

« — A quoi jouez-vous, Parkinson ? dit-il, sentant monter la colère.
— Et vous, Dixon ? rétorqua l’anglaise en s’arrêtant à bonne distance. A moins que vous ne préfériez que je vous appelle par votre véritable nom ? Il ne faut pas renier ses origines, président McKinney.
— Vous avez délibérément tué deux de mes Aurors, le MACUSA ne tardera p…
— Vous faites erreurs. Je n’ai tué personne. Le chef de ma garde personnelle ici présent, Paulino Sepulveda, qui, comme nous le savons tous, ne répond qu’aux ordres de sa sœur Eva, a décidé d’échapper à ma vigilance pour tuer vos Aurors. Il semble que les Sepulveda complotent contre les McKinney. Peut-être se sentent-ils lésés qu’Opale McKinney se soit attribuée tous les mérites de la victoire sur le ministère de la Magie britannique ?
— Vous êtes complètement folle ! Personne ne croira une histoire pareille !
— Le MACUSA y croira. »

Le sourire que lui rendit Ursula Parkinson lui glaça le sang. Elle lui désigna silencieusement un membre de sa garde. Posté quelques mètres derrière Paulino Sepulveda (qui continuait de trembler comme une feuille, sa baguette magique toujours pointé vers…) un homme le tenait en joug. Un léger mouvement de sa baguette magique fit aussitôt dévier le bras de Paulino Sepulveda. Sa cible venait de changer. Astor sentit son rythme cardiaque s’emballer.

« — ATTENDEZ ! Attendez, je suis sûr que nous pou-pouvons trouver un terrain d’entente ! Je-je peux convaincre Opa…
— Misérable cloporte, le coupa Ursula Parkinson. Vous n’êtes qu’un pion, ne me prenez pas pour une idiote. Opale McKinney n’écoute qu’elle-même. »

Astor enrageait. Si seulement il pouvait récupérer sa baguette magique ! Il s’empresserait d’abimer cette sale petite gueule de british pour lui faire payer son arrogance !

« — Un jour ou l’autre, Opale découvrira la vérité, dit-il, jouant sa dernière carte. Elle vous fera découper en morceaux et elle éparpillera vos restes aux quatre coins de votre misérable île haha ! »

Ursula Parkinson ne sourcilla même pas. Elle le regarda même avec une étrange douceur.

« — Les Aurors arrivent, Madame, déclara une des gardes.
— Bien, dit Ursula Parkinson en remontant sa capuche sur sa tête. Avis, tenez-vous prête à nous faire transplaner sous leurs détecteurs. William, à mon signal levez le labyrinthe. Jacob, Geneva, les sortilèges d'Impassibilité. Corey, le président est à vous. »

Corey ferma les yeux et en réponse Paulino lança le sortilège de la Mort sur le président du Congrès magique des États-Unis d'Amérique.

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)
10 oct. 2019, 23:02
 05.09-07.09.2044  Le monstre à dix têtes
Partie 6



Mercredi 7 septembre 2044. 17h.

Ursula Parkinson était assise dans un fauteuil des plus confortables lorsqu’on lui annonça « Opale McKinney, Madame. » Elle porta aussitôt sa tasse de thé fumante à ses lèvres en observant le panorama par-delà la baie vitrée. Les bruits de pas se rapprochèrent jusqu’à ce que l’américaine prenne place à côté d’elle, sur un fauteuil strictement identique au sien. Ursula pouvait sentir le poids du regard de cette femme d’influence sans même le croiser.

Opale McKinney était furieuse.

« — Dois-je comprendre que Noreen Blackwave nous attend dans une autre pièce ? demanda-t-elle.
— Vous savez bien que non, répondit Ursula en jetant un coup d’oeil au contenu de sa tasse. La direction de Poudlard a décidé de la protéger.
— Et dans votre grande bonté, vous avez décidé de ne pas répliquer, c’est ça ? »

Nous y voilà, songea Ursula en buvant une autre gorgée. L’orage s’apprêtait à éclater.

« — Nous avions un accord, dit Opale.
— Tuer tous les rejetons Blackwave et vous laisser Dallan. Je sais.
— Nous vous avons aidé à renverser le ministère, poursuivit l’américaine, imperturbable. Mais si vous n’êtes pas capable d’honorer votre part du contrat nous trouverons quelqu’un pour vous remplacer. »

Ursula esquissa un début de sourire en gardant ses lèvres suspendues au-dessus de sa tasse de thé.

« — J’en doute, dit-elle. »

C’est le moment qu’Ursula choisit pour croiser le regard d’Opale. Elle s’amusa intérieurement de la voir plisser les yeux sous son grand chapeau. Contre toute attente, la face inexpressive d’Opale McKinney était capable de quelques remous émotionnels !

« — J’ai dû mal entendre.
— Vous m’avez bien entendu, dit Ursula en posant la tasse de thé sur sa coupelle. Astor Dixon est mort. Sa vice-présidente lui a succédé. A ce qu’on dit, elle est loin d’être acquise à votre cause… peu importe le degré, l’équilibre des pouvoirs a bel et bien changé. A croire que quelqu’un voulait vous mettre des bâtons dans les roues. »

Le regard d’Opale brillait avec une telle intensité qu’Ursula n’avait aucun mal à deviner que sans les informations dont elle disposait, l’américaine l’aurait déjà très probablement tué pour lui avoir exposé la vérité comme elle venait de le faire.

« — Les Sepulveda ont peut-être changé d’avis à votre sujet quand Dallan Blackwave et Elina Montmort vous ont échappé, poursuivit Ursula, consciente de l’avantage qu’elle avait pris. Nous savons toutes les deux que le fait d’imposer Paulino à la tête de ma garde personnelle était un moyen pour les Sepulveda de me surveiller mais aussi, au vue des récents événements, de détourner votre attention.
— Vous me semblez particulièrement bien renseignée.
— Ce ne sont que des suppositions tirées en étudiant les rapports de service de cet homme quand j’ai appris ce qu’il avait fait à votre président. J’ai d’ailleurs demandé à ma secrétaire de les mettre à votre disposition. Il semblerait que Paulino avait le mal du pays ces derniers temps. Il passait de nombreux week-end auprès de sa soeur. »

Lorsque Opale détourna les yeux, Ursula comprit qu’elle avait gagné. Son sourire se raffermit.

« — Si vous voulez commander des représailles contre Poudlard, allez-y, je vous laisse le champ libre. Je suis ce qui se rapproche le plus de votre meilleure alliée sur cette île. A vous de décider si vous voulez que votre influence politique faiblisse des deux côtés de l’Atlantique à l’heure où les Sepulveda semblent comploter contre vous.
— C’est amusant, on dirait presque que vous aviez tout prévu, déclara Opale en ramenant son attention sur elle.
— Je vous demande pardon ?
— Vous ne trouvez pas que toute cette histoire vous profite très largement ?
— Peut-être bien. Mais j’étais trop occupée lundi soir pour m’en rendre compte.
— Oui, je suis au courant… vous avez créé une onde de choc sans précédent dans le monde des Non-Maj’. »

Je le sais bien, pensa Ursula en reprenant sa tasse de thé entre ses doigts. Elle avala une énième gorgée en reportant son attention sur la baie vitrée.

« — Quand je vous disais que j’étais votre meilleure alliée sur cette île. »

Jusqu’à ce que je me débarrasse de toi, souffla sa voix intérieure.

[FIN]

LES CONTES DE L'ŒIL
(En vadrouille jusqu'au 3 janvier inclus)