Elle essuya presque rageusement les larmes qui coulaient encore. Elle détestait vraiment pleurer. Surtout quand elle avait l'impression que c'était injustifié. Mais est ce que ça l'était jamais ? Qu'est-ce qui pouvait donner raison à celui qui préfère s'apitoyer sur son sort plutôt qu'à celui qui se relève et se bat pour changer les choses ? Enora ne savait plus ce qu'elle devait faire. 
D'après Maddie, sa réaction était en fait compréhensible. Il était tout à fait convenable de pleurer quand la seule chose qu'on voulait était du réconfort et que ceci vous était dénié. Elle désirait seulement être dans les bras de ses parents. 
La blonde lui rappela que s'ils l'éloignaient, c'était sans doute pour l'éloigner du danger. Car du danger il y en avait. 
- Mon père travaillait au Ministère de la magie. Je sais seulement qu'il n'y était pas le jour de l'attaque mais pas plus. J'espère qu'il se cache s'il croit être en danger, dit-elle sans cesser de hocher la tête.

Elle devait avoir l'air d'une folle. Nul doute que ses cheveux étaient en bataille après s'être accrochés dans la pierre du mur. Ses yeux gonflés ne laissaient aucun doute sur les pleurs qui avaient coulé. Ses mouvements frénétiques témoignaient de son état désespéré après la terrible nouvelle et le rappel cinglant que ses parents étaient sans doute en danger. Enora était dans un sal état. 

Maddie avait essayé de rassurer un peu la jeune Serdaigle mais elle constata que c’était en vain puisque des larmes coulaient toujours sur ses joues. La troisième année en était désolée. La conversation étant désormais entamée, Maddie se risqua à avancer en direction de sa camarade alors que celle-ci était en train de lui répondre. Du pied, elle balaya calmement quelques ossements présents sur le sol et s’assit non loin de la Serdaigle sans pour autant être trop proche.

« Oh d’accord. Oui, je pense que tu ne devrais pas trop te faire de souci. Si c’est tes parents qui t’ont écrit – dit-elle en montrant la lettre du doigt - c’est qu’ils sont en sécurité. Ils n’auraient pas pris le risque sinon, tu ne crois pas ? »

Elle écouta la réponse de l’aiglonne alors qu’une bagarre semblait éclater entre deux volatiles tout en haut de la volière. Maddie leva le nez pour voir ce qu’il se passait. Quelques plumes tombèrent au sol dont une au pied de la jeune fille. Elle s’en saisit et la fit rouler entre ses doigts devant son visage.

« Ça devient dangereux ici – commenta-t-elle sur le ton de la plaisanterie – tu ne voudrais pas sortir d’ici ? Ça te ferait peut-être du bien d’aller marcher un peu dans le parc plutôt que de rester dans ce lieu froid, rempli d’os de rongeurs et fientes de hiboux. Il fait super beau en plus !»

En effet, le printemps avait pris ses marques dans la parc de Poudlard en ce mois de mai et Maddie était certaine que cette atmosphère aiderait plus sa camarade. Cela fonctionnait pour elle en tout cas lorsqu’elle avait une petite baisse de moral.

Enora remarqua l'hésitation marquée de la blonde alors qu'elle s'approchait d'elle. Faisait-elle si peur à voir ? Tout le monde était moche quand il pleurait mais tout de même ... Elle resta immobile le temps qu'elle s'asseye, ne la regardant que du coin de l'oeil. 
Elle sursauta au geste de la sorcière vers elle, ou plutôt, la lettre de ses parents, avant de se détendre. Son interlocutrice ne cherchait pas à la toucher. Elle acquiesca lentement à ses déductions. 

- Tu as raison. Ils sont sans doute en sécurité maintenant mais ils n'ont rien dit pour avant. Si ça se trouve, mon père a été blessé ou quelque chose comme ça, s'inquièta-t-elle.

Enora releva à peine la tête aux piaillements des oiseaux qui se chamaillaient. Elle était là depuis tellement longtemps maintenant qu'elle s'était accoutumée aux bruits de la volière. Le sol ne semblait même plus froid à travers ses vêtements. 
Cependant, la dispute semblait déranger son interlocutrice qui prit cela comme prétexte pour l'amener à partir. L'aiglonne ne savait pas si elle voulait bouger. Pleurer encore un peu, ça oui. Mais elle se rendait bien compte qu'elle avait eu de la chance que seule une personne ait monté la tour en ce matin. Changer d'endroit pouvait donc être une bonne idée. Malgré son affection toute particulière pour le parc, elle ne savait pas si c'était réellement la meilleure des destinations par contre. 

- Je ne sais pas pour le parc mais un changement d'air serait le bienvenu. J'ai peur qu'il y ait trop de gens là bas, avoua-t-elle et avec ça, la possibilité qu'elle fonde en larmes à nouveau. 

Maddie eut un léger sourire quand l’aiglonne reconnue que prendre l’air pourrait lui être bénéfique. Elle avait du mal à la faire s’exprimer, elle qui d’ordinaire arrivait facilement à tirer les vers du nez de ses camarades. Mais avec la Serdaigle, étrangement, elle prenait des pincettes, tâchait de ne pas trop la bousculer car elle sentait qu’elle pourrait craquer à nouveau d’une minute à l’autre.

Sur un timbre neutre, elle répondit :

« C’est vrai que j’ai croisé pas mal de monde en venant mais le parc est grand, en cherchant un petit peu, on trouve facilement un coin tranquille. Si tu veux, je peux venir avec toi et on pourrait continuer de discuter ou faire un jeu si tu as envie de te changer les idées. Après, c’est à toi de voir ce qui te ferait le plus de bien. Je ne veux pas te forcer. Tu préférerais peut-être retourner dans ton dortoir ? »

Maddie ne pensait pas que cette possibilité était ce qu’il y avait mieux. Ce serait le meilleur moyen pour s’enfermer et persister dans sa mélancolie mais après tout qui était-elle pour savoir ce qui conviendrait le mieux à la jeune fille qu’elle ne connaissait que depuis quelques minutes et dont elle ignorait même encore le prénom.

Après être restée quelques temps silencieuses pour réfléchir et écouter la réponse de la fillette, elle se leva et s’approcha de la Serdaigle. Elle lui tendit la main et parla dans le même temps :

« Tu viens, on sort d’ici ? »


RP terminé pour Maddie. Merci Enora.

Comme l'avait suggéré Maddie, la jeune fille avait déjà essayé d'être seule. Mais la solitude n'avait pas été la réponse à son état et elle avait trouvé que parler avec la blonde, même si elle avait en fait plus écouter que parler, l'avait soulagée. La nouvelle lui semblait encore d'un coup à l'estomac mais elle pouvait respirer et les pleurs avaient cessé. 

Elle fit néanmoins mine de réfléchir car bouger signifiait risque de croiser plus de monde. Si une personne avait su lui enlever un poids des épaules, elle avait peur que plus d'inconnus ne fassent que l'oppresser. Finalement, Enora hocha la tête, signe qu'elle était d'accord pour changer d'air malgré ses inquiètudes et qu'elle souhaitait que Maddie reste avec elle. Donc pas de dortoir. Elle prit une longue respiration pour se recomposer et se passa une main sur le visage, vérifiant qu'aucune larme n'avait passé ses cils sans qu'elle ne s'en rende compte. Ses doigts revinrent un peu humide mais pas de quoi s'inquièter. Elle ne comptait pas fondre à nouveau en sanglot de si tôt. 

Maddie se leva et l'aiglonne allait faire de même lorsqu'elle se retourna pour lui tendre une main. Enora lui sourit avant de la saisir. Remise sur pied prestement, elle s'assura que la lettre était bien dans sa poche. Il fallait qu'elle y réponde tôt ou tard mais d'abord, il fallait quitter la volière. Elle emboita le pas à la sorcière.  

Fin de rp