Eileen se sentait de plus en plus prise au piège et ne savait pas que faire pour se sortir de ce mauvais pas. Sans baisser sa surveillance de l'homme, elle cherchait du regard une échappatoire, en attendant la réponse à sa question. Elle était en nage tant le stress la bloquait, comme si elle était collée devant une cheminée avec un feu incandescent au bois sec. Elle sursauta en voyant la main de l'étranger se lever dans sa direction, avant de se ressaisir en comprenant qu'il essayait juste de l'apaiser. Toujours sur ses gardes, elle était quand même prête à lui laisser le bénéfice du doute, d'autant que ça lui donnait quelques minutes de plus pour se trouver un plan de sortie. Les mots suivants lui retournèrent l'estomac. Un nouveau prof de Poudlard ? Comment allait-elle pouvoir lui expliquer son absence. Ça n'allait pas du tout... elle avait été à deux doigts de réussir et là, elle perdait le peu de maitrise de la situation qu'il lui restait. Elle se voyait déjà de retour chez elle et jamais plus une occasion comme ça se reproduirait.

"Je ne suis pas les cours d'étude des Moldus... je suis de sang-mêlé." répondit-elle rapidement.

Elle avait marqué un temps d'arrêt avant d'avouer son "statut" de sang. La situation dans le monde pouvait rendre cet aveu dangereux mais, en même temps, si l'homme ne mentait pas, il aimait forcément bien les Moldus pour enseigner cette matière, les outils dont ils se servait, leur façon de vivre donc le risque était minime, non ? D'ailleurs, sa tenue pouvait facilement le faire passer pour l'un d'entre eux.

Et c'est seulement après s'être tue qu'elle se rendit compte que sa réponse n'en était pas vraiment une. Après tout, même sans suivre cet enseignement, elle aurait dû savoir qui il était. Penaude, elle baissa le regard, les joues rougies d'être prise en flagrant délit de... et de quoi d'ailleurs ? Après tout, ce n'était pas un mensonge sauf si l'omission était considérée comme telle. Et s'il était bien professeur, elle ne voulait pas lui manquer de respect, loin de là. Elle pouvait être une enfant facétieuse, du moins l'avait-elle été, mais elle avait toujours respecté les adultes, même dans ses bêtises. Elle avait été élevée comme ça et rien que l'idée d'être perçu comme une menteuse sonnait comme un sacrilège pour elle.

"Je... je..."

Elle ne savait pas comment expliquer les choses et avait bien trop peur surtout de la réaction que l'adulte pourrait avoir. Après tout, si elle expliquait qu'elle avait fugué, ça paraissait logique qu'il la ramènerait chez elle, non ? Heureusement pour elle, il n'insista pas et proposa même de la ramener à Poudlard, précisant qu'elle devrait s'expliquer auprès de... sa nouvelle directrice de maison ? Miss Kwon n'était donc plus au château ? Ça faisait beaucoup d'informations à digérer mais il serait toujours temps d'y penser plus tard

"Vous pouvez vraiment m'y conduire ?" demanda-t-elle, timidement et croyant difficilement à la chance qu'elle semblait finalement avoir. Et après une nouvelle hésitation, elle reprit : "Je suis désolée, monsieur, je ne voulais pas vous manquer de respect ou vous mentir. C'est juste que... que je préfère m'expliquer une fois à Poudlard."

Oui voilà, c'était ça la solution. Une fois dans le château, ils ne la renverraient quand même pas chez elle. En tout cas, elle voulait y croire et serait au moins en mesure de plaider sa cause.

L'enfant semblait vouloir continuer dans son mensonge en prétendant que la seule raison pour laquelle elle ne le connaissait pas de visage était qu'elle ne l'avait jamais eu en cours, mais ce mensonge ne prenait pas avec Edward. Le nombre d'adultes au château était tellement limité qu'il n'était pas concevable que sa tête ne lui dise rien, à moins d'être une personne complètement perdue dans la lune. Néanmoins, le professeur ne lui en tenait pas rigueur, car il décelait dans ses paroles une peur, une certaine crainte dont il n'arrivait pas encore à percevoir l'origine.

- Votre statut de sang n'a aucune importance sur votre présence au château ou non. Tous les enfants y sont le bienvenue et ceci même si le contexte actuel a bien changé un an. Le professeur Loewy m'a bien recruté après tout, moi, un Né-Moldu, dit-il en lui adressant un sourire bienveillant.

L'adulte percevait le mal être de l'enfant et l'attribuait à la peur d'être persécutée au château. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si elle avait subi une quelconque violence au cours de l'année dernière qui lui aurait fait passer l'envie de retourner à Poudlard en début d'année. Les enfants à cet âge pouvait être bien plus cruels que les adultes, ils ne réfléchissaient pas à la portée de leurs mots et prenaient souvent quelques moutons en dehors du troupeau comme souffre-douleur.

Elle voulait qu'il le ramène à Poudlard mais il n'était pas sorti de ses appartements londoniens pour servir de nounou à une enfant en perdition. On l'attendait quelque part, on allait sans doute s'inquiéter de son retard. En réfléchissant à ce qu'il devait faire, Edward se mordit la lèvre inférieure. Il était hors de questions de laisser cette fillette en plein Londres, sans savoir où aller. Les tâches importantes qu'il devait faire aujourd'hui allaient devoir être reportées.

- Oui. Je vais vous ramener au château, lui répondit-il en se mettant à triturer les boutons de la montre à son poignet avant de la regarder de nouveau. Nous ne pouvons pas transplaner avec toutes vos affaires, nous allons appeler le Magicobus dans une rue déserte pour nous rendre à Pré-au-lard.

Prendre le Magicobus n'était pas ce que redoutait Edward. Ce qu'il craignait était l'arrivée au village sorcier. De nombreux manteaux noirs patrouillaient désormais dans le village et l'homme n'avait guère envie de devoir expliquer à l'un d'entre eux ce qu'il faisait avec une élève de Poudlard et ses affaires hors du château. Il mit sa main sur l'épaule de l'enfant pour la rassurer et lui dit :

- Tout va bien se passer. Allez, venez. Ne restons pas ici.

Et sans rajouter le moindre mot, il fit lâcher la poignée de la valise à Eileen pour la récupérer, puis avança dans la rue afin de trouver un endroit sans présence moldue où ils pourraient appeler le transport magique.

L'adulte n'avait pas compris pourquoi Eileen avait fait l'aveu de son statut de sang mais elle se garda bien de lui en faire la remarque alors que les choses semblaient enfin s'arranger. Elle n'avait jamais craint d'être refusée à Poudlard pour ce genre de motifs, même si dans sa maison, les idées rétrogrades de certains n'aidaient pas à se sentir en confiance quand on n'était pas "sang-pur". Elle avait seulement essayé de justifier, bien maladroitement, le fait de ne pas suivre les cours d'étude contre les Moldus. Après tout, elle avait vécu comme eux jusqu'à son entrée en première année donc ils n'étaient pas un mystère pour elle. Utiliser un téléphone, prendre les transports en commun, s'habiller de sorte à passer inaperçue, elle savait déjà faire.

En attendant, elle se sentait vraiment stressée et avait hâte de pouvoir retrouver le confort du château. Évidemment, elle devrait y donner des explications mais elle avait bon espoir qu'on ne la renvoie pas. Ne serait-ce parce qu'elle serait plus en sécurité à Poudlard que nulle part ailleurs dans le contexte actuel et il faudrait bien que ses parents le comprennent. Surtout en les mettant devant le fait accompli. Il n'empêche qu'elle n'était pas sereine et voir les hésitations de l'adulte ne faisaient qu'accentuer les choses. Regrettait-il déjà sa proposition ? Ou bien allait-il demander les explications avant le voyage ? Eileen n'osait même plus le regarder, attendant que le couperet tombe et heureusement, ça ne tarda pas.

"Je suis désolée, monsieur, de vous embêter.... merci."

Le Magicobus... mais pourquoi n'y avait-elle pas pensé par elle-même ? Bon d'accord, elle ne savait pas comment on faisait pour l'appeler mais elle aurait pu faire quelques recherches. Quelle gourde elle faisait, franchement. Elle n'aurait même pas eu à trimballer tout son fatras si elle avait su et n'aurait pas attiré l'attention d'un professeur de Poudlard avant même d'avoir fait sa rentrée. Une fois arrivée à Pré-au-Lard, elle aurait sûrement trouvé moyen de finir le trajet. Ou elle aurait simplement envoyé un hibou à Cassandre pour qu'elle lui envoie de l'aide. Elle s'en voulait vraiment. Elle avait monté un plan compliqué alors qu'il y avait tellement plus simple. Pff.

"Si vous avez à faire, je peux le prendre toute seule, vous savez." finit-elle par dire, vraiment soucieuse d'avoir fait mauvaise impression et désireuse de se racheter.

Elle se laissa pourtant guider, soulagée de pouvoir lâcher sa lourde malle et de laisser l'adulte s'en charger. Ils se dirigèrent vers une petite ruelle en cul de sac, absolument vide. Elle devait donner sur l'arrière des boutiques de la grande rue à voir les portes métalliques et les conteneurs poubelles. Ah ça, c'était certain que nul ne venait se promener dans les lieux. A moins d'avoir une bonne raison.

"Comment on l'appelle, m'sieur ?" reprit-elle autant par curiosité que pour rompre le silence qu'elle trouvait pesant, renouant avec son habitude de toujours trop parler. Elle se mordit ensuite l'intérieur de la joue en se rappelant que son frère n'arrêtait pas de lui dire qu'elle était bien trop bavarde et qu'elle pouvait vite casser les pieds des gens.

Le professeur d'Etude des Moldus hâtait le pas dans les rues londoniennes. Il était accompagné d'une enfant qu'il avait rencontré quelques minutes auparavant et tirait sa valise. Sur le trajet, Edward ne dit aucun mot à Eileen, puisqu'elle semblait assez gênée de la situation. Qui ne serait pas gêné de faire la connaissance d'un de ses professeurs dans une pareille situation ? En plus, il ne voulait pas qu'elle tente de se justifier - ce n'était pas à lui de recevoir des explications, mais bel et bien à sa directrice de maison.

- Non, ne vous inquiétez pas, ça ne me dérange pas, lui répondit l'homme en tournant la tête à gauche puis à droite avant de traverser le passage piéton. Vous ramenez saine et sauve à Poudlard est bien plus important que ce que j'avais à faire aujourd'hui à Londres.

Edward s'arrête une seconde pour adresser un sourire réconfortant à l'enfant avant de reprendre son chemin. Au bout du chemin, les deux sorciers arrivèrent dans une ruelle qui semblait ne pas avoir d'issue. Elle était suffisamment large pour accueillir le moyen de transport magique et lui donner la possibilité de faire demi-tour sans devoir renverser l'un des nombreux conteneurs qui s'y trouvait. Posant la valise de l'enfant sur ces quatre roues, il se tourna vers Eileen en plongeant les mains dans les poches.

- Il suffit de l'invoquer en tenant la baguette magique. Vous verrez, si ce n'est déjà fait, que la volonté est une chose primordiale pour la magie.

Associant la parole aux gestes, il sortit sa baguette magique et la dressa devant lui. *J'ai besoin de me rendre à Poudlard avec le Magicobus* pensa-t-il très fort. Ensuite, il rangea sa baguette magique à l'intérieur de sa poche. Ils n'avaient plus qu'à attendre l'arrivée du bus.

Une minute plus tard, un bus impérial à trois étages de couleur violette sortit de nul part et s'arrêta juste devant eux. « Il est arrivé bien vite, tant mieux ! Vous êtes déjà monté dedans ? ». Edward tira la valise de l'enfant jusqu'à l'entrée du bus.

- Quelle idée de nous appeler dans cette rue si étroite, leur dit le contrôleur, vous allez à Poudlard, c'est bien ça ?

Le professeur opina de la tête et tapa sur l'épaule de l'homme en souriant. Il fit ensuite signe à Eileen de le suivre à l'intérieur du bus.

Malgré la situation, Eileen ne pouvait s'empêcher de remercier intérieurement la bonne étoile qui lui avait fait croiser le chemin de son professeur. Certes, elle aurait préféré faire meilleure impression sur lui mais il paraissait ne pas lui tenir rigueur des bouleversements de ses plans. Il était avenant, gentil même et elle commença à se détendre un peu. Elle allait peut-être vraiment réussir... en tout cas, il y croyait plus que jamais et ressentait déjà la sensation habituelle à l'idée de revoir le château. Dire qu'elle était impatiente était un réel euphémisme. Elle avait hâte de revoir Poudlard, ses amis et même - ô miracle - de reprendre les cours. Comme quoi, tout pouvait arriver en ce bas monde.

Elle ne perdit d'ailleurs pas une miette des explications de l'adulte pour appeler le Magicobus. Alors c'était aussi simple que ça, il suffisait juste de lever sa baguette vers le ciel en pensant au fait qu'on voulait qu'il soit là, près de nous ? Vraiment ? Ah ben apparemment oui, ce n'était pas un test de son professeur puisque le bus arriva bientôt, freinant brusquement devant eux. Si ce n'était l'étage supplémentaire et la couleur violette, on aurait presque pu croire qu'il s'agissait d'un banal bus londonien. Enfin, au premier regard parce qu'il s'en échappait un petit quelque chose sur lequel il était difficile de mettre un mot ou était-ce simplement une aura magique ?

"Non, jamais, m'sieur. Je l'avais même jamais vu." répondit-elle, les yeux brillants comme ceux d'une gamine au matin de Noël.

Plus elle passait du temps dans le monde magique et plus elle aimait ça. Elle suivit son professeur lorsqu'il monta dans le bus, s'arrêta devant le chauffeur et le contrôleur pour leur dire bonjour et leur tendit la monnaie pour payer les billets. Elle ne s'était même pas posé de questions, c'était logique pour elle de prendre à sa charge leurs trajets à tous les deux. Elle découvrit alors qu'à ce moment là l'intérieur.

"Ouah !"

Y'avait pas d'autres mots pour décrire ce qu'elle ressentait en cet instant précis. L'intérieur paraissait tellement plus grand que ce qu'elle avait imaginé, c'était... ben c'était magique. Il y avait de nombreux sièges dont certains déjà occupés. Un couple de personnes d'un âge déjà bien avancé, une mère et son enfant, un jeune homme. Et vu le bruit qu'elle percevait de l'étage, nul doute qu'il y avait du monde en haut aussi. Elle en était encore à admirer tout ça quand elle faillit se ramasser sur les genoux du papi lorsque le bus démarra. Ça, c'était de l'accélération et elle avait intérêt à s'asseoir rapidement si elle voulait éviter de se faire mal. Elle se glissa donc sur la banquette à côté de son professeur.

"Je ne pensais pas que c'était si rapide. On va mettre combien de temps pour arriver, m'sieur ?"

Bon, la conduite n'était pas hyper fluide et rendait le transport pas forcément très agréable mais, en cette minute précise, rien n'aurait pu entamer la bonne humeur de la jeune fille. Elle était sur le chemin de Poudlard. Enfin !

Une fois monté à l'intérieur du bus impérial à triple étages, le professeur d'Etude des Moldus adressa un sourire bienveillant au conducteur. Il était hors de question de ne pas rester poli car après tout, ce serait lui qui déciderait si le Magicobus allait déposer Edward et la jeune Eileen en plein coeur de Pré-au-lard ou le plus près possibles de l'enceinte du domaine de Poudlard. Habitué à ne payer son trajet qu'une fois arrivé à destination, l'adulte s'était avancé dans l'allée de sièges en gratifiant les différents passages d'un signe poli de la tête et de « Bonjour, bonjour ». Ce n'est qu'après avoir parcouru plusieurs mètres et demandé à la jeune sorcière qu'il avait trouvé en plein Londres à quelle étage elle voulait s'asseoir qu'il remarqua qu'elle était en train de payer les billets de bus avec son propre argent. Fronçant les sourcils, le professeur attendit que l'enfant le rejoigne jusqu'à l'arrière du bus.

Elle semblait émerveillée par ce qui se présentait sous ses yeux, et c'était normal. Le Magicobus n'avait rien en commun avec ses cousins moldus, les bus à l'impérial londonien. L'arrangement des sièges était sans pareil : ils étaient placés dans n'importe quel sens, comme si le bus s'était adapté en fonction des groupes d'individus qu'il transportait. Sa main droite accrochée à une poignée, Edward annonça à Eileen qui s'approchait :

- Le Magicobus ne va pas ta...

Mais il n'eut pas le temps de prévenir l'enfant que le bus démarra en trombe et que l'enfant faillit finir sur les genoux d'un vieux sorcier. L'adulte sourit gentiment à l'enfant après s'être assuré qu'elle ne s'était pas cognée contre quoi que ce soit ou avec qui que ce soit.

- Eh oui, et encore, vous n'avez rien vu ! Le meilleur reste à venir ! Nous arriverons d'ici une heure et demie je pense, il faut que le bus dépose les autres passagers avant nous. Je te conseille de bien attacher ta ceinture.

Sachant que le Magicobus n'allait pas tarder à repartir sur une artère principale et qu'il devrait être assis à ce moment-là pour ne pas avoir un mal de crâne - il n'avait jamais été bien à l'aise dans ce genre de transport -, Edward se précipita à ranger les affaires de l'enfant dans un porte-bagage situé non loin de la banquette où l'enfant s'était assise. Profitant d'un moment d'inattention d'Eileen, il sort sa baguette magique et effectue un sortilège de transfert sans prononcer le moindre mot afin de transférer le montant qu'avait payé l'enfant de sa propre bourse vers celle de l'élève. Il était hors de question qu'elle paye le trajet avec son argent de poche. S'asseyant rapidement à côté d'elle, il dit :

- Respirez un bon coup, vous allez assister à un spectacle incroyable ! lui dit-il alors que le bus arrivait sur une artère bondée de voitures.

Tandis qu'il achevait sa phrase, le bus prenait la route à contre-sens et slalomait entre les différentes voitures, accélérant ou freinant afin d'éviter toute collusion avec un véhicule moldu. Le Magicobus était rentré dans une danse parfaitement contrôlée et même après avoir vu ce spectacle de nombreuses fois, Edward en était encore émerveillé.

Désolé pour ce retard, des mois plutôt chargés

Bien attacher sa ceinture, ça il ne fallait pas le dire deux fois à Eileen. Vu la conduite du Magicobus, elle n'en avait jamais autant compris l'utilité qu'en cet instant. C'était impressionnant cette façon que le conducteur avait d'éviter tous les obstacles sans même ralentir mais il est vrai que la jeune fille avait l'impression d'être une bouteille d'Orangina à être ainsi secouée dans tous les sens. Le plus hallucinant, c'est que ça semblait parfaitement normal à tous les autres passagers. Heureusement qu'elle n'était pas sujette au mal de transport sinon elle aurait trouvé l'expérience fort déplaisante. Et son professeur aussi par la même occasion.

Accélération, freinage, virage et tout ça au milieu de la circulation assez dense, c'était mieux que les montagnes russes et l'adolescente ne cessait de regarder dans tous les sens. Seulement, même en sachant qu'elle était dans un bus magique, elle n'arrivait pas à comprendre qu'il passe ainsi inaperçu. Ça la dépassait vraiment. A la rigueur, quand il roulait, pourquoi pas. Un sortilège lui aidait sûrement et puis, vu la vitesse à laquelle il roulait, ouai ça pouvait avoir du sens. Mais quand il s'arrêtait en donnant l’impression de venir de nulle part comme ça avait été le cas quand l'adulte l'avait appelé ?

"Ça n'est jamais arrivé qu'un Moldu voit le Magicobus, m'sieur ?"

Le Magicobus s'arrêta plusieurs fois, déversant au passage ses passagers et, à présent en sécurité et dans le calme, Eileen commençait de nouveau à cogiter, restant silencieuse. Oh bien sûr, l'adulte qui ne la connaissait pas encore ne pouvait pas percevoir toute l'étrangeté que c'était pour elle de ne rien dire même si elle était moins bavarde ces derniers temps. Toujours est-il que le stress faisait son retour à mesure que le temps passait et qu'ils s'approchaient de Poudlard. Pour le moment, elle n'avait pas encore eu à fournir de réelles justifications mais elle savait bien qu'il faudrait y venir et elle avait plus peur que tout qu'on la renvoie chez elle. Seulement, elle ne pouvait pas en parler au risque que ce soit avant même d'avoir franchi les portes du château. En bref, ces émotions faisaient elles aussi les montagnes russes et alors qu'elle était toute excitée et heureuse en montant dans le bus, voilà qu'elle était de nouveau angoissée et taciturne. Elle finit quand même par demander, plus pour rompre le silencieux qui commençait à l'oppresser qu'autre chose :

"Comment va-t-on rejoindre le château une fois arrivés à Pré-au-Lard, professeur ?"

Heureusement pour elle, le trajet ne durait pas une éternité. L'heure et demie plus ou moins passée, ils arrivèrent enfin à Pré-au-Lard. Eileen se releva et essaya alors d'attraper sa lourde malle. Dans quelques minutes, elle saurait ce qui l'attendait. Il commençait à se faire tard donc, avec un peu de chance, elle pourrait au moins passer la nuit à l'école avant d'être renvoyée chez elle. Si c'était le cas, elle devrait trouver n'importe quel moyen pour contacter ses camarades. Ça paraissait sûrement stupide mais elle avait l'impression qu'en faisant connaître son retour, ce serait plus difficile de la ramener à la maison comme si de rien n'était. Alors oui, alors qu'elle peinait à faire bouger sa malle, millimètre par millimètre, elle essayait de préparer un plan d'action pour être sûre de rester. Même si, il fallait bien le reconnaître, devoir s'expliquer devant Miss Kwon ou pire, Miss Loewy lui donnait presque envie de repartir illico.

Pendant plusieurs minutes, le professeur d'Étude des Moldus contempla en silence le paysage qui défilait sous ses yeux. À chaque fois qu'il montait dans ce bus, il était fasciné par la vitesse à laquelle le bus se déplaçait dans la capitale londonienne, zigzaguait entre les voitures et élapsait pour se retrouver dans un paysage complètement différent. Ce fut la jeune fille de Serpentard qui le sortit de ses pensées en lui demandant si il était arrivé qu'un Moldu voit le bus. Edward se retourna, la regarda un instant et lui dit sur un ton rieur :

- Oh vous savez, les Moldus ne voient que ce qu'ils veulent bien voir. Ils seraient bien incapable de voir un vivet doré voler devant leurs yeux. Ils préfèrent ne pas voir ou bien se convaincre que ce qu'ils ont vu est quelque chose de plus rationnel.

Il y avait sans doute quelques enchantements qui devaient aider à rendre le Magicobus invisible aux yeux des non-magiciens, mais l'homme n'était pas au courant du type de magie qui avait été employé. L'enfant devait avoir de nombreuses questions à poser mais Edward était loin de pouvoir apporter des réponses à toutes ses questions. Regarder Eileen expérimenter pour la première fois de sa vie un voyage dans ce moyen de transport si peu ordinaire était assez amusant pour le professeur. Parfois, elle avait l'air paniquée. D'autres fois, l'excitation avait du mal à se cacher sur son visage.

- Eh bien, le Magicobus va nous déposer non loin des grilles du château. Je vous ferai traverser le Lac par une embarcation - c'est le seul moyen de se rendre à Poudlard dorénavant, j'espère que vous n'avez pas le mal de mer, acheva-t-il en plaisantant.

Le bus magique les déposa à l'entrée du village, ne désirant pas s'approcher plus près de Poudlard. Edward enchanta les affaires d'Eileen pour qu'elles les suivent deux mètres derrière eux et qu'ils puissent se hâter de rentrer au château. Il ne voulait pas croiser un manteau noir sur le chemin, ne désirant pas expliquer pourquoi il ramenait une enfant au château alors que les sorties étaient interdites.

Fin du RP pour moi, merci pour ce voyage !

Eileen ne peina pas longtemps avec sa lourde malle. Elle ne l'avait pas vu faire mais elle se doutait bien que l'adulte avait pris les choses en main puisque, d'un coup, le poids s'allégea et elle vit son bagage léviter à quelques centimètres du sol pour les suivre. Bon ben, il n'était plus temps de reculer. Elle fit un signe de tête à son professeur, signifiant ainsi qu'elle n'était pas sujette au mal de mer. Pas à sa connaissance en tout cas mais il y avait bien longtemps qu'elle n'était pas montée sur un bateau. Elle n'en dit rien pourtant, sentant une boule de stress dans sa gorge et craignant de se faire démasquer si jamais elle ouvrait la bouche.

Elle se hâta donc, en silence, derrière l'homme qui la conduisit près des grilles du château, comme il l'avait indiqué. Ils montèrent ensuite dans l'embarcation qui leur permit de traverser le lac, l'adolescente se demandant quels sortilèges avaient bien pu être mis en place pour empêcher les manteaux noirs d'en faire autant. Un frisson la parcourut à l'idée de les voir débarquer dans l'école mais elle la chassa rapidement. Pour l'heure, il fallait déjà qu'elle se préoccupe de son propre sort et si elle mourait d'envie de demander à l'adulte s'il allait la conduire dans le bureau de la directrice, elle avait bien trop peur de la réponse pour oser le faire.

Enfin, la silhouette imposante du château se découpa dans le ciel. L'embarcation s'arrêta sur la rive et les occupants en sortir. L'adolescente se laissa guider, anxieuse mais remarqua rapidement que l'adulte la menait plutôt vers le bureau de sa directrice de maison. Un instant plus tard, ils étaient arrivés. Elle le remercia timidement, prit une grande inspiration et se résolut à affronter son sort.

Fin du rp. Merci beaucoup m'sieur.