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19 mars 2020, 12:36
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
Samedi 22 octobre 2044
Bibliothèque — Poudlard
4ème année



Il est sur toutes les lèvres. Le bal. Tout le monde en parle comme de l’événement du mois ; que dis-je, de l’année. Le bal, le bal, le bal. Les regards se font plus indiscrets encore depuis l’annonce de cet événement. Les Autres scrutent, regardent, observent. Quand à savoir ce qu’ils cherchent, je serais bien en peine de le savoir. De toute façon, toute cette agitation ne me concerne en rien. Je sais déjà ce que je ferais lors de cette idiotie : je serais avec Thalia et Zikomo quelque part dans les couloirs, les poches pleines de sucreries, et nous irons explorer les fins-fond du château. Ce n’est certes pas aussi palpitant que de se promener dans l’obscure forêt qui entoure la Maison avec mes frères, mais cela me convient. Même si Ao ne sera pas avec moi. Ce gars ne jure que par le bal, j’en suis persuadée.

Je pénètre calmement dans la bibliothèque, laissant la porte se refermer derrière moi et me couper du brouhaha du couloir. Pour un samedi matin, la pièce est calme. Pas de chuchotements indiscrets ou de groupes qui envahissent les tables et les rayons. Sac sur l’épaule, je me dirige vers l’étagère qui m’intéresse. Thalia m’attend dans la Grande Salle. Il me faut récupérer un livre avant de la rejoindre. Peut-être croiserais-je Zikomo sur le chemin ; le Mngwi est parti dans la matinée et je ne l’ai pas revu depuis. Concentrée, je marche le nez en l’air, lisant rapidement les titres sur le dos des ouvrages. Ma tête remue à intervalle régulier et ma bouche marmonne des « Non » et des « Pas c’ui-là » ; j’ai une idée très précise du manuel il me faut pour étudier la Botanique, il est hors de question de me retrouver dans la Grande Salle sans possibilité de poursuivre mon travail. Je déteste ne pas être bien équipée lorsque je commence à me concentrer sur un sujet. La désorganisation est un manque de temps et je ne suis pas désorganisée. Le doigt en l’air, je continue donc ma recherche jusqu’à ce que je parvienne au bout du rayon. Là, naturellement, ma tête se tourne en direction de la Table.

La Table, c’est l’endroit de Noestlinger. Comme moi, il s’assoie généralement toujours au même endroit (quoi que lui, c’est systématique ; moi, il m’arrive de changer de table lorsque celle-est occupée par un Autre ou que Thalia est installée ailleurs). Avec les années, j’ai remarqué ce Serdaigle studieux ; nous passons tous deux beaucoup de temps ici. Jamais je n'aurais cru que Noestlinger était si particulier et si insupportablement incapable de répondre aux questions simples. Auparavant, je n’ai jamais pris la peine de vérifier sa présence — jusqu’à aujourd’hui. C’est devenu une habitude depuis notre rencontre à la volière. Au départ, je le faisais car je voulais éviter de voir sa tronche. Elle me rappelait que j’avais envie de la secouer jusqu’à lui faire hurler : tu as raison ! tu as raison. Mais peu à peu, cette envie s’est transformée. J’ai fait des plans dans mes carnets, j’ai vérifié mes calculs, j’ai même demandé à Thalia (« On est d'accord qu'un huitième de plombe est égal à environ sept minutes trente ? » / « Oui, c’est ça. ») et la conclusion est toujours la même : j’ai raison, Merlin, et il a tort. Ses mots résonnent encore dans ma tête ; « Tu ne sais pas compter. » ; comment peut-on être d’une telle mauvaise foi ? J’ai pensé à la façon dont je lui expliquerais les choses, à Noestlinger. Mais ces derniers temps, dès que je venais à la bibliothèque, impossible de mettre la main sur le jeune homme.

Sauf aujourd’hui. Le voilà. Installé à sa table, penché sur je-ne-sais-quoi. Il est là, dos à moi. Et moi, je suis seule, je ne trouve pas mon livre, c’est le moment idéal pour remettre les idées de ce garçon en place. Jetant un dernier regard vers les étagères, je quitte le rayon et m’approche de la Table. Je la contourne et tire la chaise en face du garçon. Je m’installe, pose mon sac, en sors un morceau de parchemin et ma petite boite en fer que je dépose précautionneusement devant moi. Je l’ouvre, débouche mon pot d’encre, attrape une plume. Enfin, je lève la tête vers Noestlinger.

« J’avais pas tort, lui lancé-je à mi-voix. Et je sais certainement mieux compter qu'tous les Autres présents dans c’château. »

Je trempe le bout de ma plume dans l’encre noire et me penche sur mon parchemin. J'entreprends de dessiner un petit rectangle aux bords arrondis. Dessous j'écris le mot plombe.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 06 déc. 2020, 14:22, modifié 2 fois.

20 mars 2020, 01:11
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
22 octobre 2045
Bibliothèque


J'ai exactement une heure devant moi pour terminer ma dissertation sur Justus Pilliwickle, connu pour avoir été à la tête du département de la justice magique au début du XXème siècle. Ce n'est pas un travail qui m'a été donné en cours mais il s'avère -oh, c'est une histoire tout à fait intéressante ! que j'ai trouvé l'autre jour une carte Chocogrenouille abandonnée par terre et quelque peu piétinée. D'ordinaire, je ne ramasse pas ce qui traîne ; je tiens à la propreté de mes mains et j'évite de me baisser inutilement car j'ai souvent mal aux genoux. Mais ! et c'est là tout ce qui est extraordinaire : alors que je me suis tout de même penché pour observer l'objet, j'ai été absolument fasciné par les lunettes rondes du bonhomme et son livre rouge. J'ai alors commencé à faire des recherches approfondies à son sujet et par chance, j'ai trouvé à la bibliothèque un ouvrage où un chapitre entier lui est consacré. Mon accès aux ouvrages de Poudlard étant limité dans le temps -je termine mes études dans un peu moins de quatre ans, j'ai entrepris la rédaction d'une dissertation pour avoir mes propres fiches personnelles sur ce monsieur Pilliwickle qui -mais je vous l'ai déjà dit peut-être ? a fait des choses exceptionnelles dans sa vie.

De retour à la bibliothèque pour achever ce travail, je trouve une personne installée à ma place habituelle. C'est dérangeant. La quasi entièreté des lieux est vide -c'est une matinée très calme. Pourquoi parmi les dizaines de places disponibles faut-il qu'on vienne s'asseoir sur la mienne ? Je m'avance fort contrarié vers l'intrus.

« Tu es assis à ma place alors tu dois partir. Range tes affaires et va ailleurs. » lui dis-je d'un ton un peu pressé. Cette jeune personne qui ne doit pas avoir plus de treize ans décampe étrangement vite, je n'ai nul besoin d'insister. Tant mieux. Je m'installe, époussette la table et dépose délicatement l'ouvrage à ma droite, puis mon parchemin à ma gauche avec la plume, l'encrier et mes effets personnels. Chaque objet est parfaitement à sa place dans un ordre qui me semble tout à fait logique. Il est important de ne pas perturber les habitudes. Je travaille silencieusement et avec méthode pendant exactement quarante-sept minutes -je n'ai pas oublié ma montre qui pend au bout d'une chaînette autour de mon cou - c'est une montre à gousset car je ne supporte pas les divers bracelets sur ma peau sensible, quand arrive une nouvelle perturbation.

Je lève légèrement la tête vers la personne qui ose m'interrompre et reconnaît Bristyle. Mh, je vois qui c'est. Elle est une personne particulièrement bruyante et a même déjà été virée de l'école, ce n'est certainement pas quelqu'un de fréquentable. Aujourd'hui même, elle est dérangeante : elle empiète sur mon espace personnel en étalant ses affaires non loin des miennes, alors qu'il y a beaucoup de places libres. En plus, elle parle. Pour dire quoi, qu'elle n'a pas tort et qu'elle sait compter ? Je ne comprends pas l'intérêt de sa prise de parole, ni les raisons de sa présence si proche de ma personne.

« Je ne vois pas de quoi tu parles Aelle Bristyle et je suis actuellement occupé, je rédige une dissertation sur Justus Pilliwickle et c'est bien plus important que tes préoccupations puériles sur tes capacités ou non à compter, merci de partir ou de ne me parler que dans, je m'interromps pour soulever délicatement la montre à hauteur de mon regard et lire l'heure, douze minutes. »

Je trempe ma plume dans l'encrier et entreprends aussitôt la rédaction de quelques lignes sur le mariage malheureux de Pilliwickle, avec une pointe de sympathie pour cet homme qui de ce que je lis a connu un adultère. 

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20 mars 2020, 14:11
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
J’ai bien avancé sur mon oeuvre explicative quand la voix de Noestlinger se fait entendre. J’immobilise ma plume au-dessus du parchemin et lève la tête dans sa direction, les sourcils froncés. Je ne vois pas de quoi tu parles. Comment ne peut-il pas voir de quoi je parle ? C’est lui l’origine de tout le problème, comment peut-il ignorer la raison de ma présence ? Je n’ai pas mille raisons de venir le trouver lui alors que nous nous sommes parlés une seule fois en quatre ans d’étude. Je prends une longue et discrète inspiration en l'observant mirer sa montre. Une inspiration destinée à calmer la colère qui monte en moi, une inspiration qui m’empêche de faire ce que j’aimerais faire : crier un bout coup. Crier ne sert à rien, surtout dans ce genre de moment où l’on essaie de savoir, d’apprendre, de comprendre — et de faire comprendre, surtout. La patience est une vertus dans ces moments-là et j’ai la chance d’être une personne très patiente face au savoir.

L’Autre est retourné à ce qui semble être une dissertation. Je baisse les yeux sur son manuel puis sur le bout de sa plume qui rédige d’une écriture fluide un essai sur Justus Pilliwickle. Je soupire profondément et me penche sur la table pour chuchoter au garçon, me refusant de m'abaisser à gueuler comme un chartier dans ce lieu sacré :

« Pilliwickle était certain’ment pas le chef du département de la justice le plus intéressant et je vais pas attendre douze minutes que tu termines ta dissert’. Tiens, d’ailleurs… » Je me penche sur mon parchemin pour griffonner rapidement dessus puis le fait glisser sur la table en direction du garçon. Du bout de ma plume, je désigne l’un des schémas : « Un cinquième de plomb correspond exactement à douze minutes. »

Sur mon dessin, un rectangle aux bords arrondis représentant un plombe, soit soixante minutes ; je l’ai écrit en-dessous au cas où l’Imposteur-de-Serdaigle ne fasse pas le rapprochement. De la gauche vers la droite, j’ai divisé le rectangle en deux, puis en trois, en quatre, jusqu’à huit rectangles avec une annotation sous chacun des schémas. Celui que je montre du bout de ma plume correspond au cinquième de plombe, soit douze minutes de temps, ce qui est un calcul idiot, simple et extrêmement facile à faire. N’importe qui comprendrait ce schéma, alors lui également peut le faire.

Je ne comprends pas ce garçon. Ou plutôt, je ne comprends pas qu’il ne puisse pas comprendre quelque chose d’aussi simple — et qu’il puisse affirmer avec une aussi grande confiance que je suis dans l’erreur. Comme la dernière fois, j’ai une sensation étrange en étant près de lui. Comme si ce que je disais n’était pas fait pour entrer dans ses oreilles, comme si ma bouche ne faisait que du bruit, du bruit qui fait mal, du bruit qui dérange. Et je sais que je le dérange, il faudrait être idiote pour ne pas le comprendre. J’ai cette impression étrange que l’Autre n’est pas là. Non, il est absent, il est ailleurs, peut-être avec ce Justus Pilliwickle. Il n’y a que cela qui le préoccupe. Ce qu’il fait, ce qu’il a prévu, ce à quoi il pense. Il est hermétique au monde extérieur, il ne m’écoute pas, il ne me comprend pas. Je ne supporte définitivement pas ce comportement, j’ai l’impression d’être invisible, inutile, moins que rien. 

Je braque mon regard sur le visage de Noestlinger : 

« Écoutes c’que je te dis. »

Cela pourrait sonner comme une question, mais ce n’est pas une question. Ce n’est pas une demande. Et ce n’est même pas un ordre. C’est tout simplement une mise en garde. Lève la tête et écoute-moi, regarde, apprend et surtout, nom de Merlin ! surtout comprend ce que je te raconte. Un plombe divisée par huit c’est égal à un huitième de plombe soit approximativement sept minutes et trente secondes ; par tous les Mages, je ne connais rien de plus aisé à comprendre !

04 mai 2020, 00:45
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
Justus Pilliwickle est un homme fascinant. Il y a tant à découvrir sur cette personne. Il est fort dommage que l'on ne trouve pas davantage d'ouvrages décrivant avec précision sa vie ; la plupart se contentent de mentions, d'un bref passage descriptif pour évoquer cette homme qui a marqué l'histoire du département de la justice magique. Mais fort heureusement, j'ai ce livre avec un chapitre entier dédié à cette personne. C'est très intéressant et plutôt reposant de pouvoir s’atteler à une tâche aussi agréable que la rédaction d'une dissertation sur une personne estimée. Hélas, cela le serait davantage si j'avais été complètement seul. Je ne le suis pas : Bristyle est là. Elle me parle encore alors que je préférerais qu'elle ne m'adresse pas la parole. Et une critique sur Pilliwickle, une ! Son avis non demandé sur cette personne m'arrache une moue contrariée -mes parents disent que j'ai un visage peu expressif. Il y a la tête habituelle -et celle avec les sourcils légèrement froncés, ça c'est quand je suis contrarié ou perturbé. Tu les vois, mes sourcils froncés ? C'est de ta faute, c'est parce que tu as critiqué Pilliwickle !

Bref. Elle griffonne quelque chose sur un morceau de parchemin puis le fait glisser vers moi. J'accorde une brève attention à ce tracé inélégant puis m'en détourne bien rapidement, au profit bien évidemment de ma dissertation.

« Oui bravo, tu sais compter. » lui réponds-je sans toutefois comprendre dans un premier temps pourquoi elle me parle de plombes. Et le souvenir revient de manière un peu soudaine. Il y a eu cette entrevue dans la volière, un dimanche où je n'ai pas pu envoyer ma lettre. Grimro était malade. Bristyle était rapidement passée d'élément du décor à élément perturbateur. Et je n'ai pas envoyé mon courrier. Effectivement, il y a eu cette histoire de plombe. Pourquoi m'en parle-t-elle encore maintenant, plusieurs jours après ? Je la regarde une demi-seconde, hésite, puis décide finalement que ce n'est pas important. Ou du moins, ça l'est moins que ma dissertation sur Justus Pilliwickle. Alors je reprends la rédaction -plume trempée dans l'encrier, plume qui parcourt le papier, trois lignes ajoutées : je progresse doucement. Je devrais pouvoir terminer aujourd'hui -du moins, pour la première partie.

Bristyle aime probablement le rôle de l'élément perturbateur : elle vient me déranger alors qu'il y a moult places disponibles, m'adresse ensuite la parole et ose réclamer mon attention alors que je suis occupé ailleurs. Si elle avait été un personnage de roman, elle serait probablement l'un de ces protagonistes que l'on présente après les premiers chapitres introductifs : initiatrice d'un événement perturbateur qui vient chambouler le quotidien routinier du héros, oh, je l'imagine bien assez imprévisible ! faire quelque chose d'inattendu, peut-être comme la fois où elle s'est débrouillée pour être virée de l'école ? elle serait ce type de personnage. Moi bien sûr, je ne m'identifie pas au rôle du héros : j'imagine plutôt être le bibliothécaire dont le nom est vaguement évoqué deux fois dans le roman. La personne à qui on demande un ouvrage sur Justus Pilliwickle. Un élément du décor -quelqu'un à qui on adresse peu la parole. Cela me convient tout à fait, je préfère qu'on s'abstienne de me parler -enfin, surtout quand je suis occupé. Bristyle est venue me parler. Pourquoi m'intéressé-je soudainement à elle, par ailleurs ? Comment mes pensées en sont-elles venues à dériver sur son inintéressante personne ?

Je ne sais pas. Mais elle est toujours là, face à moi.

« Pilliwickle est une personne très intéressante. En apprendre plus sur sa vie et son parcours est passionnant. » dis-je finalement -toujours un brin contrarié suite à ses propos. Et pour briser un silence qui, je ne sais pourquoi, me dérange plus qu'à l'accoutumée -c'est peut-être pour couper le fil de mes pensées qui s'étaient détournées de mon travail pour s'intéresser à elle -fait totalement incompréhensible ?

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12 mai 2020, 11:52
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
Le regard que je pose sur Noestlinger est plein d’espoir. J’ai confiance en mon schéma. Il est assez bien réalisé pour que n’importe qui puisse le comprenne. Et ce gars a beau être étrange, il est tout de même à Serdaigle, et il est studieux. Il est incapable de capter une expression aussi simple que « je ne vais pas attendre trois plombes », mais je suis certaine qu’il sait compter et comprendre ce que j’ai griffonné. Je ne sais pas pourquoi je m’en persuade. Peut-être parce que ce garçon, contrairement à tous les Autres, est capable de rester concentré plus de cinq minutes sur ses devoirs ? Peut-être parce qu’il passe son samedi matin à rédiger une dissertation sur un personnage historique qui n’intéresse personne ? Peut-être parce que contrairement aux Autres qui se seraient laisser déconcentrer, lui accorde toute son attention à son écrit ? Peut-être, oui. Peut-être qu’il fait parti de ces Autres que je respecte. Pour son amour du savoir, pour sa patience. Pourtant… Pourtant il y a ce petit quelque chose chez lui qui me met mal à l’aise. Peut-être quelque chose sur son visage ou dans son comportement. Je ne saurais mettre le doigt dessus.

Un sourire étire mes lèvres lorsque Noestlinger se décide enfin à accorder son attention à mon schéma. Mon coeur sursaute avec espoir. Je n’espère rien de plus qu’un petit : « Ah oui, je suis d’accord. » Cela me contenterait. Je crois que je pourrais même partir s’il me dit cela.

« Oui bravo, tu sais compter. »

*Qu’est-ce que… ?*
*C’est exactement l’contraire de c’qu’il m’a dit la dernière fois*
.
Je me redresse lentement, emmenant mon dessin avec moi, mes yeux côtoyant toujours le visage du Serdaigle. Je le regarde d’un air ahuri, surprise, légèrement dépassée par la situation. *’I s’fout d’ma gueule ?*. Mais non, me hurle ma conscience. Pas de sourire sur son visage, pas de regard qui me pourfend. S’il s’était moqué de moi, il aurait cherché à mirer ma réaction. Mais non. Il n’en a rien à foutre.

Je comprends tout à coup à quel point c’est vrai : il s’en fout complètement que je sois là ou non. Il s’en fout de ce que je raconte et ce que je cherche à lui démontrer. Tout comme il n’a accordé aucune attention la dernière fois à ma question légitime : pourquoi avait-il repoussé la chouette qui était venue pour son courrier ? Tout son comportement n’a aucune sorte de logique. Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise, abandonnant mon dessin sur la table, trop occupée à observer ce garçon sous tous les angles.

J’ai l’impression d’être une Autre. L’idée arrive si vite dans mon esprit que je ne peux même pas la repousser. Elle s’installe dans ma tête et me serre le coeur. Voilà peut-être pourquoi ce garçon me laisse une étrange impression. Près de lui, j’ai l’impression d’être ce que les autres sont pour moi : une présence dérangeante, une présence en trop, quelque chose qui agace. Comme s’il me considérait comme une moins que rien. J’ai déjà eu cette impression face à lui, mais cette fois-ci c’est plus fort, plus déstabilisant. Plus blessant.

Il reprend la parole. Je l’écoute sans réagir, observant ce qu’il me laisse voir de son visage, surveillant le bout de sa plume qui gratte inlassablement sur son parchemin. Alors c’est ce que ça fait ? C’est cela que l’on ressent lorsqu’une personne n’en a rien à faire de nous ? La question passe dans mon esprit, mais je la repousse rapidement. Je n’en ai rien à faire après tout si je ne l’intéresse pas. Et s’il ne veut pas comprendre cette histoire de plombe, c’est son problème. Pour la connaissance, il faut être prêt à apprendre n’importe quoi et de n’importe qui — il n’en est seulement pas capable. Finalement, c’est un Serdaigle aussi ennuyant que les autres.

« T’as raison, soupiré-je, l’esprit ailleurs. C’est passionnant. » Cela me fait presque mal de l’avouer. « Même si jamais j’aurais choisi d’passer mon samedi matin à faire une dissert sur Pilliwickle. »

Je me redresse, hausse les épaules et essuie ma plume à l’aide de mon schéma qui n’intéresse plus personne. Je ne sais pas trop quoi dire pour cette histoire de plombe, ou même sa remarque blessante de tout à l’heure, ou même à propos de son comportement incohérent. Alors je crois que je ne vais rien dire. Je me sens lasse, tout à coup. Perdue et lasse.

« Morgane, annoncé-je de but en blanc, à mi-voix, ne sachant pas très bien si je m’adresse au garçon ou à moi-même. J’aurais bien sacrifié une matinée pour faire une rédac sur elle. Une femme passionnante. »

Je dépose consciencieusement ma plume dans sa boite, puis rebouche mon flacon d’encre qui retourne lui aussi dans la boîte en fer. Mon esprit tourne et se retourne. Mes pensées fusent, mais rien de concret n’arrive dans ma tête. Je crois que je n’aime pas ce garçon. Il m’a fait perdre le cours de moi-même. C’est très déstabilisant. Je lui jette un bref regard. Il est inutile de discuter avec lui ; il n’est pas décidé à m’écouter. Autant m’en aller.

08 juin 2020, 20:24
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
Aussitôt le silence brisé, je retourne à l'écriture de ma dissertation. Un regard à ma montre m'apprend que le temps passe, et que si je ne termine pas rapidement, je serai en retard sur mon emploi du temps. Je déteste le retard, car il est souvent imprévu et source d'angoisse. Parfois, j'anticipe cette latence. Je m'accorde un temps dans la journée pour les imprévus, ce qui est assez rassurant -mais aujourd'hui je ne l'ai pas fait. Il me reste neuf minutes pour terminer mon écrit. Je crois que mon élément perturbateur se fiche éperdument de mon emploi du temps. Peut-être que je suis inclus dans le sien : quelque chose comme samedi matin : importuner Lest Noestlinger. Elle n'est pas prévue dans mon programme du jour.

J'entends plus que je n'écoute ce qu'elle dit ; mais j'en comprends malgré moi le sens et le fait que ses propos me sont probablement adressés. Je n'aime pas cette sensation, parce que ça me donne l'impression d'être embarqué sans le vouloir dans une interaction sociale que je n'ai pas désirée -et encore moins préparée, et donc que je ne sais pas gérer. Mais au moins elle dit des choses intéressantes, c'est toujours un bon point. J'ai un cousin qui parle pour ne rien dire ; quand il ouvre la bouche, il vomit tout un tas de mots aussi inutiles que son existence même. Pardonnez ce mépris soudain mais croyez-moi ; si vous aviez un cousin pareil, vous comprendriez mon agacement. D'autant plus quand l'indésirable parent en question est aussi à Poudlard -et dans la même maison que vous -et que vous devez le supporter tous les jours. L'année dernière, las de ses enfantillages alors qu'il me tournait autour en me montrant tantôt des dessins de papillons, tantôt des dessins graveleux (certainement inspirés de sa propre personne à en juger par la petitesse de la chose), je l'ai assommé d'un violent : « Laisse-moi tranquille, je te déteste. Tu parles trop, tu sens mauvais et je préfère que tu oublies mon existence afin que je puisse oublier la tienne. Et ne t'avise pas de dire à qui que ce soit qu'on est cousins. Veux pas être associé à toi. Bref. Déguerpis et ne m'adresse plus jamais la parole sinon je te jure que je te fais boire l'eau des toilettes par le nez. » qui l'a laissé sans mots, et depuis je suis à peu près tranquille. A l'exception des jours où j'entends sa petite voix criarde et juvénile qui déblatère toujours de l'inutile -tandis que sa silhouette déjà bien costaude pour un gosse de son âge volette autour des demoiselles comme un petit papillon. Quant au secret de notre lien de parenté -je suis sûr qu'il est déjà répandu aux quatre coins de l'école -heureusement, je pense que la plupart des gens s'en fichent. Ce gosse ne sait pas tenir sa langue. Je vous assure que personne ne voudrait de Blaze Rosenberg comme cousin.

Coup d’œil à ma montre. Il me reste sept minutes. Je regarde mon parchemin, compte les paragraphes -j'ai certes bien avancé mais je n'ai pas du tout préparé la conclusion de mon écrit et il me reste beaucoup à dire. C'est peine perdue -et je vais être en retard. Ce constat bien que douloureux m'angoisse moins qu'à l'accoutumée. Peut-être parce que, perdu dans mes pensées, j'ai déversé beaucoup de haine sur le cousin et ça m'a fait du bien. Je vais bien, je ne suis pas trop contrarié. Je relève le regard vers Aelle Bristyle -diantre, c'est ce qu'on appelle une conversation à rythme escargot. J'aime les escargots. Je me demande si je suis censé lui répondre quelque chose -en tout cas, si oui eh bien cela fait longtemps qu'elle doit attendre désormais. Je n'ai rien à dire concernant Morgane. Cette personne ne m'intéresse pas. J'aurais aimé avoir un ouvrage à conseiller -du savoir à partager mais il n'en est rien. Il n'y a actuellement que Justus Pilliwickle qui a de l'importance pour moi.

Quoi qu'il y a peut-être quelque chose que je pourrais dire. J'ai entendu cet imbécile heureux de Rosenberg qui fanfaronnait partout dans la salle commune, criant à tout ceux qui voulaient bien l'entendre que Bristyle était sa nouvelle meilleure amie et que Zikomo avait « un pelage super trop doux d'la mort qui tue wsh ohlala ! » ; mais, j'ai beau observer Bristyle : je ne vois pas du tout comment ces deux personnes si différentes pourraient s'apprécier. Peut-être que le gosse est un menteur. Quoi qu'il est tellement sociable que j'ai l'impression qu'il pourrait être ami avec n'importe qui ; il a cette aisance avec les autres que je n'ai pas et n'aurai probablement jamais.

« Tu traînes vraiment avec Rosenberg ? » demandé-je soudainement, avant d'ajouter : « Blaze. Le Serdaigle de deuxième année. » pour être bien compris.

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22 juin 2020, 13:01
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Heureusement que je n’attendais pas de réponse de la part de Noestlinger, parce qu’il ne m’en donne pas. Je crois que j’aurais préféré qu’il me réponde, car c’est ce qu’on fait habituellement lorsqu’une personne nous parle, mais je peux accepter l’idée qu’il en ait suffisamment rien à faire de moi pour ne pas s'encombrer de paroles inutiles. Et puis de toute façon, je n’ai pas besoin de réponse. Moi-même si j’avais été à sa place, je n’aurais pas donné de réponse. J’en suis persuadée. Alors pourquoi voudrais-je qu’il me réponde ? C’est complètement con. Ce garçon me rend complètement débile. Je n’aime pas du tout toutes les pensées qui arrivent dans mon esprit, je me pose bien trop de questions en sa présence. Et les personnes qui me font me poser des questions mais qui sont incapables de répondre à ces dernières ne m’intéressent pas. Noestlinger ne m’intéresse donc pas. J’aurais dû écouter, pour une fois, les rumeurs des couloirs qui disent que ce Serdaigle est étrange.
*Non*.
C’est faux, les rumeurs n’ont aucune importance et même dans cette situation, je ne regrette pas de ne pas les avoir écouté. Au moins, je me suis fais un avis toute seule à propos de Noestlinger.

J’ai eu le temps de ranger ma plume et mon pot d’encre, de refermer ma boite en fer, de ranger celle-ci dans mon sac et même de froisser mon papier et de le fourrer sous mes affaires avant que Coelestin Noestlinger ne se souvienne soudainement de ma présence. Je le vois très bien, même si j’ai la tête baissée, lever les yeux sur moi et je sais qu’il va prendre la parole. Avant même qu’il ne parle, je me jure de ne rien dire, de me lever et de me barrer — puisqu’il s’en fout de moi, autant partir —, mais quand j’entends sa phrase je suis incapable de le faire. Je ne peux que lever deux grands yeux étonnés sur le garçon et ouvrir la bouche sans qu’aucun son n’en sorte.

Rosenberg ? Ce garçon connaît Rosenberg ? Mon coeur rate un battement, puis un second. Rosenberg. Je n’ai pas passé d’autres moments avec ce garçon, pas depuis le lac, mais je repense souvent à lui. A son flux de paroles insupportable, à sa façon de penser un peu étrange, à tout ce qui fait qu’il est lui et qu’il m’agace autant qu’il m’attire. Je crois que plusieurs fois, j’ai hésité à aller lui proposer de partir à la recherche du calmar, mais je ne l’ai jamais fait. Par manque de temps, peut-être, de courage, d’intérêt ou tout simplement d’envie, je ne sais pas. Et puis de toute façon, je suis certaine qu’il m’a déjà oublié. Ce type de personne ne se rappelle certainement pas d’une fille comme moi. Nous sommes bien trop différents.

Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise, me rappelant soudainement que je suis à la bibliothèque, en face de Noestlinger et qu’il m’a posé une question. D’ailleurs, c’est étrange. Il se comporte avec moi comme s’il n’en avait rien à faire de moi et soudainement il me pose une question qui ne sort de nul part ? Pourquoi ? J’aimerais comprendre, mais je sais très bien que si je lui demande, il ne me répondra pas.

« J’traîne pas avec lui. »

Les mots sortent tout seuls de ma bouche. C’est vrai que je ne traîne pas avec lui. Je l’ai seulement rejoint une fois quelque part, c’est tout. Et la première fois que nous avons passé du temps ensemble, c’est le hasard qui nous a rapproché.

« J’l’ai juste vu deux fois, dont une fois qui était due au hasard. Comme avec toi, d’ailleurs. J’l’ai rencontré à la volière. »

J’attrape mon sac et le secoue pour replacer les affaires correctement à l’intérieur. Je le pose sur mes genoux, croise mes mains par-dessus et plonge dans le regard du Serdaigle.

« Pourquoi tu m’demandes ça ? Et réponds cette fois, ma question est bien légitime. Tu l’connais ? »

Mon coeur sursaute, mon coeur espère. Et si Noestlinger était un ami de Rosenberg ? Et si ce dernier lui avait parlé de moi ? Cela voudrait dire qu'il ne m'a pas oublié, qu'il pense à moi. L’idée me plait, même si je ne sais pas très bien pourquoi. J’aime l’idée que le gamin raconte à ses amis qu’il a passé du temps avec moi, temps qu’il a peut-être apprécié. C’et peut-être pour cela que Noestlinger semble ne pas m’aimer, d’ailleurs ? Peut-être qu’il est jaloux de moi ? Non, c’est trop idiot. Je repousse ces pensées et me concentre sur le garçon qui me fait face. J’espère que cette fois il me répondra.

01 août 2020, 15:17
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
Je peux certainement trouver un autre créneau horaire pour terminer ma dissertation, car il est désormais certain qu'elle ne pourra pas être achevée aujourd'hui -et je préfère mille fois repousser la fin de sa rédaction plutôt que de la terminer avec une écriture bâclée. Je repose ma plume et referme délicatement l'encrier ; plus qu'à attendre que mon écrit soit parfaitement sec et je pourrai tout ranger. Je suis plutôt content d'avoir acheté une encre spéciale qui sèche rapidement, c'est parfait pour un gaucher comme moi qui a tendance à poser sa main sur les lettres fraîchement écrites. Peut-être vous dites-vous que je divague encore une fois mais non ; cette fois-ci, ma totale attention est portée sur Bristyle. C'est bien d'ailleurs pour cela que j'ai interrompu la rédaction de ma dissertation. Sa réponse m'intéresse -et elle ne tarde pas à tomber.

Elle ne traîne pas avec lui. Je ne sais pas quoi faire avec cette information -si je suis censé en être content ou non, ou comment réagir ou répondre. C'est juste factuel. Peut-être que je m'en fiche en fait. Je crois qu'il y a une part de soulagement tout de même, parce que le cadet Rosenberg est apparemment bien un menteur et aussi sociable qu'il puisse paraître, il n'est pas aussi doué qu'il le prétend. J'ai souvent ressenti de la jalousie à son égard, je crois. C'est difficile à admettre, surtout quand la personne que l'on jalouse est un gamin complètement idiot qui désespérerait n'importe qui avec son attitude. Mais malgré tout, il a ce que je n'ai pas. Des amis. Mais Bristyle n'est visiblement pas l'amie de Blaze alors il y a une part de mensonge entre ce qu'il prétend et la réalité. Je ne sais pas pourquoi j'y accorde de l'importance.

Non, ce n'est définitivement pas important. Moi aussi un jour, j'arriverai à me faire des amis. Je ne suis pas pressé. La compagnie des livres me convient très bien. Tout autant que celles des plantes. Je regrette juste le manque évident d'interactions car ce n'est ni avec des plantes ni avec des livres que je peux débattre sur les décisions prises par Justus Pilliwickle lorsqu'il travaillait au département de la justice magique ; bien que l'auteur du dernier ouvrage lu pose de manière assez évidente un regard critique sur son travail et cela pourrait prêter à débat mais on ne peut pas débattre avec une personne décédée -et cette personne est morte il y a trente ans.

« Oui, je le connais. Il est dans ma maison. »

Et c'est tout ce que je dis dans un premier temps. Elle n'a pas besoin d'en savoir plus. Et si elle ignore encore notre lien de parenté, il est hors de question que je révèle cette information. Mon parchemin étant désormais sec, je termine de ranger mes affaires dans mon sac. Après une légère hésitation, j'ajoute pour justifier mon interrogation :

« J'étais juste curieux. Il a dit que vous étiez amis, et je trouvais ça étonnant parce que vous ne vous ressemblez pas du tout. Mais c'est juste un menteur, du coup. »

Et je n'ai aucun scrupule à dévoiler ses mensonges au grand jour. Mes affaires désormais rangées, je prends un peu plus de temps pour observer mon interlocutrice. Elle est plutôt jolie, en fait. Pas aussi jolie que peuvent l'être les garçons, qui ont indéniablement plus de charme, mais je me surprends à penser qu'elle a l'air sympathique. Même si je n'ai pas pu achever ma dissertation à cause d'elle -ni envoyer ma lettre la dernière fois, et que les deux sont source de frustration pour moi.

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Appelez-moi Lest ! ♦ J'aime mon fan-club mais mon cœur appartient à Garrett Joyce

06 août 2020, 12:14
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
A la réponse du garçon, mon coeur sursaute. C’est idiot, mais je ne peux empêcher mon espoir de gonfler, gonfler dans ma poitrine. Impatiente, j’observe Noestlinger ranger ses affaires en me retenant de le presser. Je veux qu’il me dise tout ce qu’il sait à propos de Rosenberg, surtout si ce dernier lui a parlé de moi. S’il lui a dit des choses à mon propos, cela signifie qu’il pense encore à moi et s’il pense encore à moi… Et bien quoi ? Je n’en sais rien. Je ne sais pas pourquoi cette idée me réjouie, mais elle le fait. Je me sens idiote. Je suis heureuse que Noestlinger ne puisse pas comprendre ce qu’il se passe dans mon coeur, il me prendrait pour une débile à coup sûr. Une débile qui espère qu’un gars qu’elle n’a rencontré que deux fois pense à elle. Je me mordille les lèvres et détourne le regard — *arrête de croire des choses idiotes, ma fille, Rosenberg t’a oublié, c’est certain* ; ce gamin n’est pas du genre à attendre mille ans avant de venir voir les gens s’il a envie de le faire. S’il n’est pas revenu vers moi, c’est tout simplement parce qu’il n’en a rien à faire, voilà tout.

Dérangée par mes propres pensées, je tripote mon sac, les sourcils légèrement froncés. Lorsque le Serdaigle retrouve la parole, je me force à lever les yeux pour faire comme si. Comme si je n’avais pas honte d’espérer des choses qui…

« J'étais juste curieux. Il a dit que vous étiez amis, et je trouvais ça étonnant parce que vous ne vous ressemblez pas du tout. Mais c'est juste un menteur, du coup. »

J’ouvre la bouche, surprise.
Mon coeur sursaute. Il sursaute si haut et si fort que mes joues rougissent ; je baisse la tête sur la table pour me cacher de Noestlinger. *Ami* ; le mot résonne dans ma tête. *Ami*. Il a dit que nous étions amis. Mon coeur bat si fort dans ma poitrine. Alors certes, c’est un mensonge. Je ne suis pas ami avec Rosenberg, je ne suis ami avec personne. Mais le fait que lui le pense… Le fait qu’il le croit… Qu’il en a envie, peut-être… Peu importe la vérité, je ne retiens qu’une seule chose même si cela me débecte et me donne plus encore l’impression d’être une gamine idiote : Rosenberg me considère comme une amie. Je ne m’attendais pas au feu qui se répand dans mes veines. Un feu bienvenu qui fait gonfler mon coeur et qui rend cette journée beaucoup plus belle tout à coup ; même Noestlinger est beaucoup plus beau désormais, même son comportement agaçant est moins agaçant. Je me sens toute joyeuse. Mais cela n’a rien à voir avec ce que vient de me dire le Serdaigle, non. Absolument pas. Je suis contente seulement parce qu’il a répondu à ma question, pour une fois. Oui, c’est cela.

Rassurée, je trouve le courage de déposer mon regard dans celui de Coelestin Noestlinger. Je suis un peu gênée par l’attention dont je suis victime, mais mon coeur est bien trop gonflé pour y faire réellement attention. Je dresse le menton dans sa direction et dit d’une voix légère :

« Les amis sont pas obligés de se ressembler, hein. »

Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Je n'ai pas d'ami. J'ai Thalia. Et avec Thalia, on se ressemble beaucoup, je crois. Elle aime les mêmes choses que moi et on aime passer le temps de la même manière : en étudiant. Sans le vouloir, le visage de Fleurdelys apparaît dans mon esprit. Lui ne me ressemble pas. Mais nous ne sommes pas amis. Nous sommes... Je ne veux pas y songer.

Je hausse les épaules et rajoute : « Puis Rosenberg n’est pas un menteur. Il est sacrément chiant, mais j’crois pas que ce soit un menteur. »

Le pire, le pire dans tout cela c’est que j’ai l’air de le penser réellement ; le pire c’est que je le crois réellement.

15 avr. 2022, 17:57
 RPG+  Un huitième de plombe  PV 
J'observe la réaction de Bristyle avec curiosité, tout intrigué par cette fille qui semble penser le plus grand bien de Rosenberg. Je n'aurais pas été étonné que Solal ou un autre frère aîné de Blaze reçoive cet intérêt évident de la part d'une personne comme elle, mais Blaze lui-même, cela me dépasse. Peut-être que, même si je ne veux pas l'admettre, mon jeune cousin aurait beaucoup à m'apprendre sur les relations sociales. Néanmoins une chose est sûre : la Poufsouffle se méprend sur lui.

« C'est un menteur. Je le connais mieux que toi, et mieux que tu ne le connaîtras jamais. Je sais ce que je dis. »

Estimant en avoir terminé avec cette conversation qui commence à me mettre mal à l'aise, je glisse mon sac à dos sur mes épaules et me redresse. Discrètement, je remets ma chaise à sa place. Je m'apprête à quitter la bibliothèque, mais quelque chose au fond de moi me dit que je n'en ai pas terminé avec Bristyle. Mes pas me guident doucement vers la sortie tandis que notre conversation peine à se frayer un chemin hors de ma tête, bien décidée à continuer à remuer mes méninges alors que je ne désirais avant tout qu'une tranquillité, un peu de travail et ma dissertation sur Justus Pilliwickle. Je n'ai pas compris pourquoi Bristyle est venue perturber cette tranquillité avec son histoire de plombes. Ni pourquoi elle a pris la défense du dernier Rosenberg. Peut-être que contrairement à moi, mon cousin aurait abandonné sa dissertation pour approfondir la conversation.

Non. C'est stupide. Rosenberg ne ferait jamais une dissertation : il est nettement plus probable que ce gosse se retrouve à la bibliothèque pour arracher discrètement des pages d'ouvrages oubliés pour en faire du papier mâché, tout comme la fois où il avait lancé des morceaux de journaux roulés en boule dans le décolleté de ma propre mère à un repas de famille. Il avait ensuite eu l'audace de prétendre que son frère Solal était l'auteur de ce méfait. Je ne peux décemment pas laisser Bristyle se méprendre ainsi sur lui.

Me voilà immobile au beau milieu de la bibliothèque, à soupirer tout en ne sachant pas quoi faire. Je n'aime pas perdre mon temps, mais il m'est actuellement impossible de déterminer si Aelle Bristyle constitue ou non une perte de temps.
Dans le doute, je retourne la voir d'un pas vif et m'arrête face à elle. Je plante mon regard dans le sien, la jauge un instant et reprends d'une voix fatiguée :

« Fais attention à toi, Aelle Bristyle. » lui dis-je. Après une courte pause pour organiser mes pensées, je reprends. « Avec Blaze Rosenberg. Un jour, il paraît sympathique, mais si tu baisses ta garde, trois huitièmes de plombe plus tard, tu peux te retrouver avec tes chaussettes découpées, de la terre dans tes cheveux ou une rumeur qui circule disant que tu manges des scarabées au petit-déjeuner. » Le dernier point ne sort pas de mon imagination, j'entends encore les rires des première année qui m'apportent des bols grouillant de petites masses noires. « Il est capable de tout, pour peu qu'il juge ça amusant. Même avec les personnes qu'il est censé aimer. » Ceci dit, la conversation est désormais close pour moi. Si la Poufsouffle souhaite développer de l'affection pour ce drôle d'énergumène ce n'est plus mon problème, je me suis déchargé de toute responsabilité. Je quitte donc la pièce sereinement, sans avoir achevé ma dissertation mais le cœur plus léger.

♦ Septième année RP - #b45f06
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