Arya t'explique qu'elle n'a que très peu de souvenirs de ce bal, est-ce vrai ? Tu n'en es pas si sûre, tu es certaine que ce bal restera ancré dans la mémoire de tous, simplement parce que cette soirée n'a pas été celle qui était initialement prévue : trop de rebondissements, trop de peurs, trop de tout, en fait. Ton frère a pu t'aider au mieux, tu n'as donc pas été blessée mais tu t'es sentie inutile, tu ne faisais presque rien, contrairement à lui. Ah oui, trop de frustration aussi.

Toi, en lisant ses mots, tu la revois parfaitement sauter sur ce néo-mangemort. Tu l'as vu lui donner des coups de pieds, avant que tu aies à t'éloigner peu à peu. Tu sais que, grâce à Miss Taylor et Roman, la Gryffondor a pu s'écarter de l'attaque et éviter que son état n'empire. Tu te dis qu'elle a eu beaucoup de chances et qu'elle aurait pu y rester, tu n'oses pas imaginer ce qui aurait pu lui arriver d'autres. Tu aurais envie d'oublier cette soirée et de faire comme si elle ne s'était jamais passée mais c'est impossible, pour toi en tout cas. S'en souvenir toute sa vie est loin d'être un euphémisme de ton côté et tu espères que cela ne te fera pas du mal à l'avenir, même si tu en doutes fortement.

Arya ne dit rien sur tes dernières paroles alors tu ne dis rien de plus à ce propos, tu préfères la voir méditer dessus seule, ça la regarde. Sa peur est peut-être plus compliquée à exprimer que la tienne puisque tu as eu un évènement clé qui a fait que tu ne peux plus apprécier de voir du feu mais ça ne doit pas être la même chose pour Arya, puisqu'elle voyait son papa très souvent, ça doit être complètement différent même. C'est incroyable comment un simple cours de défense contre les forces du mal permet d'en savoir plus sur les autres, heureusement que cela n'arrive pas à chaque cours où tu serais presque prête à sécher, bien que tu n'y penserais jamais sérieusement. Dévoiler tes sentiments et tes peurs aux autres, ce n'est absolument pas ta tasse de thé. Comment être sûre qu'ils sont de confiance ? Comment être certaine qu'ils ne profiteront pas de tes faiblesses ? Aujourd'hui, tu l'as fait car c'était un exercice et que tout le monde devait le faire, mais rares sont les fois où tu le ferais sans aucune appréhension.

- T'imagines, ce bal pourrait être un véritable Epouvantard pour certains, dis-tu, plus que sérieuse.

C'est peut-être lors de cette soirée-là que tu t'es rendu compte que le conflit actuel qu'Ursula Parkinson a commencé vous atteint également, même si vous êtes encore un peu jeunes pour la plupart. Clairement, tu n'as pas envie qu'une histoire de ce genre ne recommence.

Arya tenta de se souvenir de ce qu'il s'était passé, à ce fameux bal, après que son adversaire l'ait jeté à terre. Après qu'il lui ait donné tous ces coups. Après le sortilège de découpe... Entre les flammes, les sorts, les élèves... Tout cela avait dû être un cauchemar. Elle devrait s'estimer heureuse de ne pas l'avoir vu clairement, d'avoir été dans les vapes que la douleur insinuait dans ses membres. Quand elle avait retrouvé ses esprits à l'infirmerie, elle avait été surprise par le nombre de blessés. Même après, dans les couloirs, les élèves ne cessaient d'en parler, d'évoquer ce traumatisme commun. Arya, elle, essayait de ne pas y penser, de passer outre. Mais son subconscient lui montrait chaque nuit que ses efforts étaient vains.

Elle frotta sa joue, juste sous son œil, là où le sortilège de découpe l'avait frôlé, le fameux éclair blanc qu'elle redoutait tant. La cicatrice qu'il avait laissée avait disparu depuis bien longtemps, sa peau était lisse, elle avait tout oublié de cette soirée. Pourtant, il lui semblait encore sentir l'entaille quand elle passait le doigt dessus. Il lui semblait que, chaque fois qu'elle essayait de tourner la page, elle retrouvait encore le bal juste derrière. Il fallait vraiment qu'elle se ressaisisse, qu'elle cesse de se montrer si faible, si fragile, si idiote.

Elle n'avait encore jamais évoqué le bal avec Lili, et se demanda si, elle aussi, revivait cette soirée dans ses cauchemars. Elle se demanda si Lili pouvait revoir les flammes en mouvements dès qu'elle fermait les paupières. Elle se demanda ce qu'il se serait passé si son frère ne l'avait pas éloigné. Elle se demanda pourquoi les peurs les paralysaient ainsi. Pourquoi les peurs prenaient le contrôle de nos corps et de nos esprits. Pourquoi le monde était ainsi fait pour les broyer aux instants où ils en avaient le moins besoin.

Elle hocha la tête alors que Lili déclarait que le bal pouvait constituer un véritable Epouvantard. Elle était heureuse de ne pas s'être retrouvé face à cela durant le cours de défense contre les forces du mal. Il ne manquerait plus que cela, de traumatiser la classe entière à cause d'un seule Epouvantard.

Elle tourna une page de son carnet et écrivit de nouveau sur le papier vierge :

J'ai été complètement idiote ce soir-là. Et tout à l'heure aussi, je suis désolée, j'ai pété un câble.

Elle commençait à en avoir marre de perdre ainsi le contrôle. Elle voulait s'assurer que Lili ne lui en voulait pas, qu'elle ne commencerait pas avoir peur d'elle comme elle avait peur d'elle-même. Comme au bal, comme avec Alexei, comme avec Tess, elle s'était laissée emporter par ses émotions. D'ailleurs, Lili était-elle au courant de ce qu'elle avait fait à Alexei ? Ils étaient proches, de ce qu'elle savait. Lui avait-il raconté à quel point elle avait été affreuse avec lui ? La prenait-elle à présent pour une sauvage, comme tous les autres, sans oser le lui dire ? Peut-être même restait-elle avec elle seulement par pitié ?

À cette idée, Arya sentit la panique monter en elle et attendit la réponse de Lili avec impatience.

Il t'arrive parfois de cauchemarder de cette soirée mais il faut dire que tu essaies toujours de faire en sorte de changer la donne, comme si tu étais torturée par les souvenirs de ce 31 octobre. Malgré le fait que tu as eu peur pour tous les élèves, tu aimerais surtout pouvoir améliorer ta réaction face aux flammes, tellement tu la trouves ridicule. Tu aimerais pouvoir éviter cette paralysie mais cela te semble impossible, et ce, malgré tous tes efforts.

Tu souris légèrement en lisant les mots écrits par la Gryffondor. Tu supposes qu'elle s'en doute déjà, mais tu n'allais pas lui en vouloir pour ça. C'était déjà oublié et tu ne lui en voulais pas, ça a dû se voir dans ta réaction, même si tu as plutôt été surprise, il faut l'avouer. Toi, tu n'aimes pas te mettre en colère, encore moins contre tes amis, à moins que l'on te prenne pour une citrouille. Tu sais garder ton calme, il faut dire que tes parents y ont grandement contribué : Tu as appris qu'agir sous la colère n'aide pas à améliorer les choses, tu n'allais donc pas te mettre en colère à ton tour, même si Arya l'était. Clairement, voir sa réaction, voir qu'elle s'excuse, te prouve une nouvelle fois que tu fais bien d'agir de cette manière. Ce n'est pas toujours facile, c'est vrai, mais tu sais que cela en vaut la peine.

- T'inquiète pas, c'est rien, vraiment. Ça peut arriver, j'ai dû t'agacer aussi avec mes explications, excuse-moi.

Tu te sens un peu fautive, tu as l'impression de l'avoir poussée à bout, même si tu savais que tu avais raison. Clairement, tu n'aimes pas t'énerver mais si tu sais que tu as raison, tu vas emporter, jusque dans ta tombe, ton point de vue ou tes explications. Heureusement, tu n'agis pas de cette façon lors d'un débat, ça pourrait être problématique, mais tu as une écoute bienveillante, dans ces cas-là. Cependant, si ce que tu défends sont des faits, tu ne vas pas te gêner pour insister.

Ce n'est pas que tu n'aimes pas ce banc ou discuter avec Arya, mais tu te dis que vous feriez bien d'aller ailleurs pour discuter. Malgré le fait que la Gryffondor ne soit pas très ouverte, lorsqu'il s'agit de parler d'elle, tu as l'impression que tu en sais beaucoup sur elle, tout comme elle en sait beaucoup sur toi. Cela peut sembler déstabilisant mais tu lui fais confiance, tu sais qu'elle ne va pas crier ce que vous vous dites sur tous les toits. Votre amitié semble être une éternelle entraide, chacune apporte quelque chose à l'autre.

- Bon, et si on allait demander de quoi grignoter aux elfes pour se remettre de ce cours et on rejoingnait la grande salle ?

Tu lui aurais bien proposé de rejoindre le parc, il te semble qu'elle l'apprécie bien mais tu ne veux pas la mettre dehors sous de pareilles températures.

Fin du RP pour Lili, merci beaucoup ! Je te laisse conclure et tu peux bien évidemment faire agir ma Lili

Le léger sourire qui apparut sur les lèvres de la Serpentard alors qu'elle lisait les mots sur son carnet soulagea immédiatement Arya d'un poids bien trop lourd pour ses frêles épaules. Elle ne se serait pas sentie capable de supporter sa culpabilité si Lili avait, par malheur, déclaré qu'elle lui en voulait. Mais cette réponse n'aurait pas été à l'image de son amie, toujours douce et compréhensive. Seulement, si Arya avait bien compris quelque chose au cours de ces derniers mois, c'est que l'image que l'on peut avoir des gens ne concordent pas forcément avec ce qu'ils sont réellement. Il lui suffisait de penser à Alison et Madison pour prouver sa théorie. Cependant, en regardant Lili, elle n'avait aucun doute quant à sa sincérité. Elle sourit donc à son tour.

Quand elle s'excusa à son tour, Arya fut heureuse que la situation se soit bien terminée. En vérité, le cours de Défense contre les forces du mal était déjà bien loin derrière elle. Même si elle savait que, dans la soirée, lorsqu'elle retournerait dans son lit dans les dortoirs, seule avec ses pensées, elle y repenserait, pour le moment elle ne s'en souciait plus et c'était tout ce qui importait.

La fillette se promit d'essayer d'être moins virulente la prochaine fois qu'elle débattraient ainsi. Enfin, sauf si elles parlaient encore de son père. Dans ce cas-là, elle ne pouvait rien promettre. Dès qu'il était question de son géniteur, elle se braquait immédiatement et ne parvenait plus à attendre raison. C'était comme si toute once de logique quittait son esprit pour s'évaporer dans l'air et la laisser faire et dire n'importe quoi.

Lili proposa d'aller grignoter quelque chose dans la Grande Salle, ce à quoi Arya acquiesça frénétiquement. En y pensant, elle avait bien envie d'un peu de chocolat... Et passer encore un peu de temps avec Lili lui permettrait de ne pas se retrouver seule avec ses pensées. Elle avait des devoirs à faire, bien sûr, pleins de devoirs en retard. Mais elle ne les ferait pas. Même si une partie d'elle la faisait toujours culpabiliser de ruiner sa scolarité ainsi, même si elle y pensait toujours, elle repoussait ces pensées et faisait comme si de rien n'était, alors que ses notes chutaient au fur et à mesure qu'elle rendait des devoirs effectués à la va-vite ou simplement un parchemin vierge.

Elle espérait cependant qu'il n'y aurait pas grand monde dans la Grande Salle. Elle n'était pas toujours à l'aise dans cette pièce immense, encore moins lorsqu'elle était remplie. Le seul aspect qu'elle y appréciait était son plafond, et ses étoiles qui y apparaissaient le soir.

Elle suivit tout de même Lili à travers le couloir tout en gardant son carnet à la main, au cas où.



Merci à toi !