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17 avr. 2020, 19:47
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Real is rare



Arya attendait calmement la réponse de la fille, ne la quittant pas des yeux. Cette dernière baissa les épaules, et la Gryffondor sembla percevoir ton hésitation. Elle aussi voulait savoir ce qu'elle allait faire d'elle, et apparemment, elle l'ignorait encore.

Cependant, elle n'eut pas besoin de réfléchir plus longtemps. La Serdaigle qui te tenait derrière elles s'était adressé à Arya, lui indiquant qu'elle s'y prenait mal. Arya haussa le sourcil droit, croisa les bras et l'observa à son tour. Ses yeux suivirent chacun de ses mouvements, le jugement emplissant son regard. Qui était-elle pour lui dire ce qu'elle devait faire ?

Elle crut halluciner lorsqu'elle fit un sortilège de lévitation sur un caillou aux pieds de l'autre fille. Sérieusement ? Qu'est-ce qu'elle essayait de prouver, là ? Pendant un instant, Arya crut qu'elle se trouvait devant l'une de ses grandes sœurs, sauf que celle-ci était plus jeune. Elle se souvenait très de bien de Sandy, lorsqu'elle était arrivée à Poudlard, qui s'était vanté d'être capable de réussir un sortilège de lévitation à la perfection. Et de Madison, à sa suite, qui avait affirmé qu'Arya n'en serait certainement jamais capable. Ce souvenir fit remonter une colère insoupçonnée à la surface, et la rouge et or lança un regard mauvais à la Serdaigle. Jusque-là, elle s'était montrée plutôt neutre et calme. Mais si on la provoquait comme cela, même involontairement, elle ne le resterait pas longtemps.

Apparemment, l'autre fille était du même avis qu'elle puisqu'elle commenta sa prestation, sans filtre. Arya renchérit d'un haussement de sourcil discret. La Serdaigle avait pris sa métaphore au pied de la lettre, de ce qu'elle avait compris. Mais ce n'était pas ainsi que la Gryffondor entendait le mot « voler ». Elle voulait parler de s'échapper mentalement, se libérer des choses concrètes. La Serdaigle était apparemment quelqu'un de concret. Immédiatement, elle nourrit un sentiment de répulsion envers elle. Elle se détourna donc pour se concentrer de nouveau sur l'autre fille.

Elle lui répondit enfin, et Arya fut déçue. Elle s'attendait à mieux venant de quelqu'un qui volait. Enfin, métaphoriquement parlant. Il faudrait peut-être qu'elle arrête de penser ainsi, ça portait à confusion.

« J'ai du mal à y croire, répondit-elle sans baisser les sourcils. »

La fille avait déjà du mal à parler. Elle aurait voulu savoir de quoi elle était réellement capable. Elle n'avait pas l'air bien dangereuse, mais Arya savait qu'elle non plus n'en avait pas l'air. Et elle non plus n'aimait pas parler. Mais à la différence d'elle, elle ne bégayait pas.

Elle lui indiqua de plutôt s'occuper de l'autre Serdaigle. Arya reposa son regard sur cette dernière et la jaugea ainsi.

« J'la connais pas. Elle peut s'occuper d'elle toute seule, elle est assez grande. »

Elle avait conscience d'avoir l'air désagréable, mais elle ne parvenait pas à en faire autrement. Elle se demanda comment elle avait réussi à s'empêtrer dans une situation pareille, déjà, coincée entre les deux filles. Le contraste était peut-être trop violent, entre le moment de calme qu'elle avait passé seule dans son arbre et à présent, avec deux êtres vivants qui demandaient de la sociabilité pour communiquer. Le simple fait de communiquer n'était pas son fort, et la plupart du temps, ça se passait mal.

Elle avait un jour demandé à Alison pourquoi les gens semblaient n'avoir aucune difficulté à paraître sociables et agréables. Ils semblaient posséder un véritable talent, un talent qu'Arya n'avait pas. Sa grande sœur lui avait simplement répondu que tout le monde ne naissait pas pareil, et la fillette avait été déçue par cette réponse. Parce qu'au fond, elle aurait voulu savoir comment on faisait. Comment ça faisait.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

19 avr. 2020, 12:28
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La pierre dégringole lentement au pied de cette fille et finit par rechuter dans l'herbe. Comme si le caillou refusait de se soumettre à la Magie de l'enfant et qu'il protestait, voulant à tout prix rejoindre l'eau et la terre mouillée du Lac.

La Poufsouffle regarde cet objet de la nature pour ensuite toiser Lydia et exprimer le fond de sa pensée.
Nul.
Comment ça? Bien sûr que ce sortilège est impuissant, bien sûr qu'il est pratiquement ridicule. Mais il permettait à l'Autre de reconstruire ce qui avait été brisé, son monticule qui avait si lamentablement cessé d'exister!

*C'bien qu'une Autre finalement*
Bien qu'une Autre pour rester à ce point clouée au sol.
Une rage monte soudainement dans le corps de la petite Holmes. Pourquoi ne comprend-t-elle pas? Ce n'est pas commun de créer de la pierre et elle avait enfin l'espoir qu'une de ses rencontres ne soit pas aussi insignifiante que la plupart des élèves du château.
Elle a envie de frapper, de dérouler ses doigts pour les refermer dans ses poings, de blesser et abimer cette fille-pierre. La fillette sait cependant que la Poufsouffle est beaucoup plus forte, beaucoup plus âgée et pour une histoire aussi stupide, Corps n'a pas à être abîmé à cause de son orgueil. Il faut mieux s'incliner pour l'instant, peut-être y aura-t-il moyen de prendre une revanche d'une autre manière que par les coups et les bleus.

"Elle serre les lèvres, inspire"


Respirer lui permet d'expulser les émotions qui n'ont pas le droit d'être présentes dans ce cerveau de Serdaigle.
Plusieurs secondes se passent avant que son calme revienne et qu'elle sente à nouveau son sang froid circuler dans ses veines. Les battements de ses tempes s'apaisent, inutile de se laisser provoquer par deux Autres, ils ne pourront jamais voler, ils ne peuvent pas communier avec les arbres, ils...
Elle cherche à tout prix des arguments, un moyen de se sentir supérieur malgré sa Magie tremblotante et son jeune âge. Des mots sortent de sa bouche. Entendre sa voix la rassure, elle n'est plus seule.


-C'était pour t'aider à reconstruire dit-elle en regardant la fille droit dans les yeux.

Ne pas s'abaisser.
Toujours avoir un regard sûr quand les Larmes veulent monter.
Ne pas plier.

La créatrice de pierre n'a rien compris, vraiment rien compris. Elle demande à l'Autre vêtu de rouge de s'occuper de Lydia. *S'occuper?!* Elle la prend donc à ce point pour une gamine? Cette fille qui ne sait que balbutier et qui tremble à l'idée qu'un garçon rapporte ce qu'elle faisait de sa Magie au bord du Lac!

- L'a raison. On s'connaît pas.

Ils se connaissent pas et ils ne se connaîtront pas. Impossible d'assumer une rencontre pareille, si inutile. Ils se croiseront sûrement dans les couloirs un jour ou l'autre mais ces courts cheveux bruns seront vites oubliés, absorbés dans le néant des Pensées.

Elle revient prudemment près de l'arbre, le seul qui semble être de bonne compagnie ici. Ses cours vont bientôt commencer, les grains de sable temps semblent prendre un malin plaisir à glisser plus rapidement que d'habitude, dans leur sablier. Lydia ne s'en va pas complètement. Elle attend quelque chose, pas forcément de la part des Autres, et cette attente l'emprisonne de ses cordes, sans vouloir la laisser s'échapper.


#5d9686
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post-pause

21 avr. 2020, 12:36
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« J'ai du mal à y croire. »

Sa voix m’arrache à mon observation du château. Elle m’arrache à mon propre corps pour m’imposer à elle ; dans ses yeux, dans sa voix, dans son visage. Et son visage me fait mal. Ses sourcils relevés en appellent au défi, au combat. Un tremblement me secoue. Tout à coup, une fatigue sans nom s’abat sur moi et me gèle le coeur.
J’en ai assez.
Assez de ne pas pouvoir parler, assez de ne pas pouvoir lancer de sortilège comme je le souhaite, assez de me faire ridiculiser par ces Autres, de me faire malmener — comme avant. Avant, avant, quand leurs paroles ne m’atteignaient pas. Je restais assise dans mon coin et j’étais heureuse. Et là, alors que je veux intervenir, leur faire fermer leur gueule, j’en suis incapable. Je me sens misérable, nulle également, incapable, et surtout menacée. Ce garçon en face de moi serait capable de tout me faire. Et moi je me tiens face à lui, misérable, les yeux qui me piquent ; je suis à deux doigts de m’effondrer en pleurs.

Je respire vaillamment pour repousser les larmes, pour garder un semblant de contrôle. Je résiste à mon envie de fuir en courant, de courir aussi vite que possible pour aller retrouver Zikomo, être en sécurité auprès de lui. Je résiste aussi fort que possible pour ne pas courir pour rejoindre la tour d’Astronomie pour aller trouver Thalia pour qu’elle écarte les ombres. Je résiste parce que c’est au tour de l’Autre de parler ; la fille, la Serdaigle, celle que le garçon dit ne pas connaître.

Je l’observe derrière mon regard trouble. Je papillonne des yeux pour détruire les larmes. La fille est en colère, je le vois, je le comprends. Cette vision suffit à installer définitivement la lassitude dans mon corps et je baisse les épaules ; j’ai perdu. C’est certain. Je suis bien incapable d’affronter deux personnes en même temps. Ils parlent, elles parlent. J’ai tant de choses à répondre, tant de choses à dire, mais je suis enfermée dans ma tête. Ils doivent croire que je suis une faible qui se laisse faire. *Pour m’aider à reconstruire*, capte mes oreilles ; elles captent, certes, mais ne comprennent pas. De toute façon, cela n’a aucune sorte d’importance.

Mon souffle est coincé dans ma gorge. Il faut que je fasse quelque chose. Je ramène mon regard sur le visage du garçon qui n’a pas bougé. Il se dresse comme une montagne. Une toute petite montagne. Et le souvenir de son défi me revient. Je ravale mes larmes, j’essaie d’oublier que je suis tremblante, oublier que j’ai besoin de Thalia, de Zikomo, oublier que je me sens en danger, que j’ai l’impression que tout va se fracasser d’un instant à l’autre. J’essaie d’oublier tout cela pour ne voir que ce garçon et son défi. Je ne peux pas partir, pas alors qu’il m’a demandé, sans le vouloir, de le faire. Pas alors qu’il essaie de me faire fuir, de jouer avec moi. Même si je dois m’effondrer en larmes, hurler de peur, faire une crise d’angoisse, me jeter dans les bras de *Thalia* après cela, je ne partirais pas. Le jeu, maintenant, le jeu ; feindre pour ne pas laisser voir que j’ai envie de crever. Je dresse le menton dans la direction du gars ; je ne partirais pas, dit ce geste, va te faire foutre.

Et je m’en retourne sur mon rocher, mal à l’aise durant les quelques secondes où je présente mon dos à l’Autre. Je retrouve place assise, à demi tournée vers le lac pour garder un oeil sur le garçon ; et sur la fille, là-bas, qui n’a pas encore disparu. Alors seulement je trouve le courage de m'adresser à eux.

« Allez faire connaissance, rétorqué-je. Mais aill… aill… »

Mot bloqué. Je secoue la main dans leur direction, dans le vide. Ce ne sera pas difficile à comprendre : faites-le, mais ailleurs, loin, pas ici. Ici, c’est mon coin, c’est à moi. Honteuse, cependant, de mon bafouillement, je détourne mon regard pour le cacher, tête baissée sur mon sac.

22 avr. 2020, 23:40
 +  Fracas  Libre 
The things you hide in your heart eats you alive



Arya se rendit compte que la fille lui faisait pitié. Elle avait l'air de se battre contre elle-même, comme si une bataille se déroulait dans sa tête. Le champ de bataille semblait être des plus sombres. Des plus obscurs. Et Arya, pour une fois, s'intéressa à quelqu'un d'autre qu'à elle-même. Pour une fois, elle se dit que, peut-être, elle n'était pas la seule personne sur Terre à se demander ce qu'elle faisait là. Peut-être qu'elle n'était pas la seule à ressentir toutes les émotions contradictoires au fond de sa poitrine.

Car la fille ne cachait pas très bien ses émotions. La fillette n'eut aucun mal à la voir contrôler sa respiration pour se calmer. Elle-même le faisait, souvent. Pourtant, à cet instant, elle se sentait calme, et n'en avait pas besoin.

La lueur de défi qui s'était allumé en la Gryffondor s'éteignit, pour laisser place à la curiosité. Elle voulait, tout d'un coup, connaître les sentiments d'un Autre. Alors qu'elle détestait les Autres. Alors qu'elle ne s'était jamais intéressée à quelqu'un d'autre qu'à elle-même. C'était une sensation étrange, qui la poussait à faire des choses qu'elle ne ferait pas en temps normal.

La Serdaigle s'expliqua. Pour l'aider à reconstruire... Arya saisit vaguement la portée de ces mots. Mais ils restèrent lointains, comme si seule la bleue avait le droit de comprendre ce qu'elle racontait. Comme s'il manquait quelque chose à Arya pour comprendre l'intégrité, comme s'il lui manquait la clé, la clé pour ouvrir le coffre.

Cette dernière confirma qu'elles ne se connaissaient pas. Voilà, les choses étaient claires, à présent. Elles étaient trois inconnues qui ne savaient pas très bien ce qu'elles étaient en train de faire, comme si quelqu'un les avait placées là sans même savoir d'avance ce qu'il allait en faire. Bien qu'elle ne soit pas croyante, Arya s'amusa de s'imaginer en marionnette. Mais que aussitôt cette idée traversa son esprit qu'elle se lui plut plus. Non, elle n'était pas une marionnette. Et elle prendrait ses actions en main. Il fallait qu'elle arrête de se laisser guider.

L'autre fille sembla changer d'avis, et retourna s'asseoir sur le rocher. Elle leur demanda d'aller parler ailleurs, elle et la Serdaigle. Mais ce n'était pas ce dont Arya avait envie. Et ce n'était pas ce qu'elle allait faire. Elle se l'était promis, elle ne se laisserait pas guider. Elle en avait assez de devoir suivre le chemin que les Autres dessinaient pour elle, comme si eux et seulement eux avait le droit de choisir son avenir.

Alors Arya fit un pas. Puis un autre, vers le rocher. Sans décrocher son regard de la fille, persuadée qu'elle pouvait la chasser comme une vulgaire mouche à tout moment. Comme si elle s'approchait prudemment d'un animal enragé.

Elle grimpa sur le rocher de sa démarche féline. Elle faisait tout le contraire de ce qu'elle lui avait demandé et elle en avait conscience. Mais elle voulait lui montrer qu'elle n'était pas ce qu'elle pensait. Pour une fois, elle se souciait du regard d'une Autre. Seulement parce qu'elle voulait savoir jusqu'où elle irait.

Elle s'assit à une distance respectueuse de la fille. Elle ramena ses jambes contre elle et les entoura de ses bras, dans une position inoffensive, pour lui montrer qu'elle n'était pas là pour l'embêter. Que l'agacer n'était pas son but. Même si c'était certainement ce qu'elle était en train de faire.

Enfin, elle détacha son regard de la fille pour se tourner vers la Serdaigle et lui lancer un regard qui disait « Viens, toi aussi ». Elle ne savait pas très bien ce qu'elle faisait. Peut-être était-elle folle. Ou peut-être s'écoutait-elle enfin.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

25 avr. 2020, 16:02
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Encore une fois revenue à son point d'attache, sa main sur l'écorce, Lydia se retrouve dans la même situation qu'il y a quelques minutes.
Elle Contemple.
Cette fois seulement son rôle n'est plus le même; ce n'est plus qu'une Autre discrète qui regarde sans vouloir se faire démasquer.
La fillette a l'impression d'avoir Briser quelque chose, encore plus que le Gryffondor et cela la blesse. Comme une scission d'un éclair dans un arc-en-ciel, elle a détruit des diffusions de Magie.

La Poufsouffle leur demande d'aller faire connaissance, Ailleurs. Mais qu'est-ce l'Ailleurs à Poudlard?
Le château est cerné du Lac noir, dans chaque couloir aux murs de pierre, il y a des gamins bruyants et inutiles. L'Ailleurs n'a pas l'air d'exister, il n'y a que le ciel qui est à part et encore, il est peuplé d'oiseaux le jour et d'étoiles la nuit; les seuls éléments qui ont le droit d'habiter dans cet azur.

Lydia éprouve presque de la compassion pour son aînée, celle au surnom de fille-pierre. Elle semble aussi avoir du mal à ne pas faire ressortir ses émotions, à les maintenir cloîtrées dans une porte verrouillée à l'intérieur de son coeur. Comme si ses propres démons, quels qu'ils soient, arrivaient à y pénétrer et étaient en possession de la clé.

Non finalement la petite Holmes n'éprouve pas de la compassion mais la plaint.

*Doit être dur d'être si peu forte*
Elle n'a même pas réussi à résister à l'appel du rocher et se rassoit sur cette pierre. Si elle veut se reconstruire, pourquoi ne pas avoir saisi l'occasion quand Lydia faisait léviter un caillou jusqu'à elle?
*J'comprends pas*
Elle est un grand mystère pour la première année, un livre qu'elle n'arrive pas à ouvrir, dans une langue inconnue.

Alors que la fillette pensait laisser tranquille son aînée, l'Autre habillé des couleurs du Sang monte sur le rocher.
Que...Que veut-entreprendre ce gamin en faisant ça?
Même Lydia, si effrontée ne s'est jamais risquée à rentrer aussi clairement en duel avec des personnes!
Il semble l'appeler, comme s'il voulait qu'elle l'aide dans sa tâche d'empêcher les montagnes de se reconstruire. Lui qui semblait être fasciné par les Ailes de cette fille-pierre fait décidément tout pour la clouer au sol.

"Elle fait un pas, avance prudemment"


La fillette ne comprend décidément pas pourquoi il s'installe sur ce rocher. Cet Autre, elle le comprend encore moins que le reste. Tout chez lui fait douter, que ce soit son apparence de garçon ou son ton rêveur, sûrement faux.
Elle pose son pied sur une feuille morte et reste un instant en équilibre. Ses yeux bleus scrutent le moindre détail, attendant le moment ou l'enfant brun fera un quelconque geste.


-Pourquoi tu fais ça? lui demande-t-elle, l'air méfiant;

Pour l'instant elle a prêté allégeance à la Jaune. Un rien pourrait tout faire basculer et changer son point de vue sur celle valant peut-être mieux que les élèves qui, à l'heure actuelle retournent en cours. Il lui reste à elle, très peu de temps; cinq minutes à moins que ce ne soit deux.

Seulement elle s'en fout pour l'instant, elle veut savoir ce qui pousse l'Autre étrange à Fracasser l'univers de la fille.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

25 avr. 2020, 18:31
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La honte me bouffe morceau par morceau. Elle laisse derrière elle une carcasse dont je tente tant bien que mal de garder le contrôle. Je respire difficilement dans ce corps décharné et je soupire tout aussi durement. Mais, dos droit et regard fier — quoique caché par mes mèches —, je ne laisse rien paraître. Je garde tout cela caché en moi, même si mon coeur bat toujours plus rapidement, même si ma peau frémit, même si une coulée de sueur dégouline dans mon dos. J’essaie de ne pas voir que j’ai peur. Peur de ces Autres qui me côtoient. Peur de ce qu’ils pourraient me faire, peur de ne pas être capable de me défendre, peur de me sentir si diminuée à côté d’eux. J’essaie de toutes mes forces de l’oublier, au moins jusqu’à ce qu’ils disparaissent. Alors seulement je pourrais me laisser aller à ma crainte qui me fait trembler. En attendant, joues ton jeu, Aelle. Reste droite et fière, comme un rocher. Comme un golem.

Cette idée me permet de tenir. *J’suis un golem, j’suis un golem*. Et je tiens vaillamment malgré le regard des Autres que je sens sur moi. Je tiens vaillamment même si une ombre m’indique que le garçon bouge. Je suis tellement certaine d’être dans mon bon droit et tellement certaine que le garçon n’a rien de plus à faire ici, près de moi, que je me persuade qu’il va s’en aller. Et déjà, je me sens mieux. Cela me donne le courage de tourner la tête pour le toiser une dernière fois, Vainqueure de ce terrible combat que je viens de mener. Je me sens fière, pendant un instant, fière d’avoir tenue tête ! Jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que mon regard tombe sur ce corps, ce petit corps qui, sans chercher à se détourner, marche jusqu’à moi pour grimper sur mon rocher.

Mon coeur s’effondre, avec mon espoir et ma fierté. Tout se ramasse la gueule sur la lande misérable de mon existence. Bouche bée, je le regarde approcher, s’installer, entourer ses jambes de ses bras, se poster là, face à moi, tout replié sur lui-même. Silencieux. Sans défi. Tout à coup, je pense à Zikomo. Zikomo le calme, Zikomo le silencieux. Ce serait tout lui de me rejoindre ainsi, sans un mot, s’asseoir face à moi en enroulant sa queue autour de ses pattes. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est pas Zikomo, mais lui. Cet Autre qui me jette en pleine gueule, pour la seconde, la troisième, peut-être même la quatrième fois mon incapacité : regarde, dit-il, regarde comme t’es incapable de me chasser, regarde comme t’es incapable de décider, d’ordonner. Et effectivement, je regarde et je vois tout ce que je suis désormais incapable de faire. Ma gorge serre, mais cette fois-ci aucune larme ne vient barbouiller mon regard. Seulement une pensée lassante qui me poignarde ; *inutile*.

Je me détourne pour balancer mon regard à l’eau. Moi qui pensais vaincre, me voilà encore soumise à faire un choix. Que faire, désormais ? M’en aller en feignant la fierté ? rester en feignant le courage ? gueuler en me drapant de ridicule ? rester silencieuse, quitte à passer pour une victime ? C’est ce que je suis, non ? Victime de mon aphasie, victime de mon mal de tronche, victime des décisions des autres.

Une voix me fait lamentablement sursauter. Je me retourne pour jeter mon regard sur l’Autre. Merde, la Bleue. Je l’avais oublié, elle et son arbre. Mais la voilà revenue. Elle ne me jette nulle pierre, cette fois-ci, n’essaie de m’éblouir d’aucune façon. D’ailleurs, elle ne me regarde pas. Elle ne me calcule pas. C’est le garçon qu’elle matte et c’est à lui qu’elle s’adresse.
Pourquoi tu fais ça ? qu’elle dit. J’accorde mon regard audit garçon, pâle reflet de Zikomo.
Pourquoi tu restes ?
Pourquoi tu insistes ?
Pourquoi moi ?

Je regarde, j’attends, mais je me rends compte que je me fous de la réponse. De toute façon, il ne partira pas. Et moi, j’ai décidé de rester, tout simplement parce que je suis déjà une victime, alors autant agir en victime. Les victimes, ça reste au sol. Ça ne bouge pas, ça ne combat pas. Ça reste vautrée, percluse de honte, frappée de culpabilité. Alors soit, voici ce que je serais, désormais. Et même la pensée de ma famille que je retrouverais la semaine prochaine ne me fait pas changer d’avis ; ils s’en rendront vite compte de toute manière que je ne vaux rien. Pas besoin d’essayer de leur cacher. Pas besoin de le cacher à qui que ce soit.

27 avr. 2020, 00:21
 +  Fracas  Libre 
We ignored truths for temporary hapiness



Arya sentait le regard des deux filles l'emprisonner de tous les côtés, comme si leurs regards était des mains qui pouvait entraver son corps. Elle sentait leur jugement, mais ne savait pas ce qu'il se passait dans leurs têtes. Parfois, elle se disait qu'elle aimerait bien savoir ce que pensent les gens. Juste par curiosité. Et puis, très vite, elle se rendait compte qu'elle ne pourrait jamais le supporter. Elle avait déjà bien à faire avec son propre esprit en bazar, de toute manière.

Elle fixa l'horizon alors que leurs regards la perçaient. La cisaillaient. La mordaient. La fouettaient. La coulaient au sol. La Gryffondor s'humecta les lèvres sans bouger. Sans changer de position. Comme si elle ne les voyait pas. Comme si elle ne les sentait pas. Comme si elle avait le droit d'être sur ce rocher.

Elle refoula ses sentiments, elle refoula les entailles que venaient de produire leurs regards. Elle refoula tout et osa enfin poser ses yeux verts sur la fille plus âgée, celle sur le rocher. Celle qu'elle condamna. Celle qu'elle ne pouvait se résoudre à laisser.

La Serdaigle n'avait pas voulu la suivre. Elle lui murmura un reproche. Ou tout du moins, une question qui ressemblait à un reproche. Comme si elle avait fait quelque chose de mal. Était-ce le cas ? Comment la bleue pouvait le savoir ? Pourquoi toutes ces arrière-pensées dans ses paroles ? Arya ne détacha pas ses yeux de l'Autre, ignorant la Serdaigle. Plus tard. Les reproches seraient pour plus tard. Pour après. Ça ne pouvait fonctionner autrement. On condamnait quelqu'un après sa faute, pas pendant.

L'Autre la regarda, aussi. Arya, à force de la fixer, regarda plus le vide que la fille, finalement. Peut-être que le vide nous attirait éternellement, si même notre regard était instinctivement attiré par cette absence de tout. Alors la fillette continua d'observer ce vide, si beau, si reposant, si complet. Le vide était la réponse à tout.

La fille sur le rocher semblait mener un chemin étrange avec ses émotions. Arya avait observé chacune de ses tentatives pour les refouler, cacher ces signes trop voyants. Elle comprenait cette volonté de ne pas se montrer, de rester droite, surtout devant des inconnues. Mais elle s'y prenait mal. Cacher ne voulait pas dire faire disparaître. Elle essayait de réduire ses sentiments à néant. Or c'était impossible. Arya en avait conscience, sans vraiment savoir comment elle le savait. Il n'y avait après cela pas trente-six solutions. C'était tout ou rien. Lorsque l'on n'arrivait pas à les cacher, on les assumait. Cela semblait si difficile pour la fille, si impossible. Étions-nous tous capables de la même chose, lorsque les émotions étaient impliquées ?

Alors Arya ouvrit ses lèvres. Et, le temps d'un vol de papillon, elle articula :

« Arrête d'essayer de faire semblant. »

C'était un ordre. Elle devrait presque se mettre au garde-à-vous. Pas de controverse possible. Arya garda les yeux grands ouverts, sans ciller une seule fois. Sans cligner des yeux. Sans arrêter de fixer la fille. Elle sentait la Serdaigle juste derrière, elle avait l'impression que cette dernière pouvait à tout moment s'approcher dans son dos et lui planter un coup de couteau dans le dos. Pourtant elle ne se retourna pas. Elle resta immobile, toujours dans la même position, les bras autour de ses petites jambes.

Elle ne voulait pas qu'elle se mente. La pire chose, selon elle, était le déni, les pensées que l'on ne prononçait pas, que l'on ne formulait même pas, que l'on rejetait dans un placard dont on avalait la clé sans avoir le temps de dire « ouf ». Les sentiments que l'on mettait en cage étaient condamnés à nous ronger, nous ronger le cœur jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des miettes. Et lorsque c'est fait, l'on parsème les miettes un peu partout, on les donne à des gens qui les détruiront encore plus, qui les réduiront à l'état de poussière, pour que, finalement, il n'en reste plus rien. Car que reste-t-il du cœur, à la fin ? Plus rien. À force de noircir, de pourrir, de donner, de gaspiller, seul reste un trou béant que l'on tente en vain de boucher, de remplir, car nous ne supportons pas le vide en nous. Tiens, encore ce vide qui revient. Décidément, il est vraiment partout.

« Ça me met mal à l'aise. »

Les gens qui tentaient de faire disparaître leurs sentiments donnait l'impression qu'il était possible de le faire. Qu'il était possible de réussir à les détruire. Et ils donnaient envie de faire de même. Ainsi tout le monde s’autodétruisait sans un mot, tout le monde se tuait à coup de silence, tout le monde finissait miette. Puis poussière. La volonté de tuer ses émotions était contagieuse. Arya ne souhaitait pas être contaminée. Arya ne voulait pas finir poussière. Arya voulait juste s'envoler.

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

29 avr. 2020, 19:18
 +  Fracas  Libre 
Le gamin Rouge et Or ne lui répond pas. Il se contente de regarder au loin.
Chez ces deux Autres, plonger son regard dans autre chose que les yeux de leurs interlocuteurs semblaient être une habitude, un moyen d'esquiver répliques ou critiques.
La fille-pierre en manque de ses monticules desquels elle puisait sa Force et sans doute sa Magie a dirigé son regard dans l'eau, sûrement pour le noyer et faire briller les écailles des poissons avec.
Le garçon-qui-fracasse l'a basculé vers l'horizon, pour chercher peut-être un lieu où s'enfuir.
Lydia fixe, elle, son regard sur les deux habitants du rocher.

*Sont si lâches*
Ils n'ont tous les deux même pas de courage. Elle, est incapable d'exprimer autre chose que des balbutiements et de ravaler ses émotions.
Lui, est incapable de répondre aux Questions de la petite Holmes, pourtant pas difficiles.

*Il se prétend Gryffondor!*
Aujourd'hui a été une journée de dégoût, d'agacement.
Entre cet endroit qui perd de sa splendeur le temps d'un battement de Cœur.
Entre ces deux Autres, lâches alors qu'ils sont plus grands qu'elle.
La fillette est déçue car le monde de ses rêves, celui qu'était Poudlard au début, n'est plus et n'existera sans doute plus jamais.

Le gamin ouvre la bouche à l'adresse de la Jaune. Pourquoi la persécute-t-il ainsi?
Elle faisait semblant. De quoi?
Lydia aurait dit de voler. La fille faisait semblant d'avoir des Ailes alors qu'au fond elle cherchait à devenir pierre, oui c'était ça.

Un des sortilèges qui avait marqué l'attention de la première année était le sort Avifors. Celui qui avait le don de transporter n'importe quel objet dans le ciel, de le transformer en oiseau. Pouvait-il marcher sur les humains?
Elle se promit d'aller vérifier. Ce serait incroyable si c'était possible. Incroyable et en même temps une profonde erreur.
Les Ailes ne peuvent pas être à la portée de tout le monde. Les Autres ne peuvent pas y avoir le droit. Et dans Autres il était compris ceux qui se mentaient à eux-mêmes, se surestimaient. Ce gryffondor par exemple.

Sur ces pensées, la fillette regarda avec attention le paysage autour d'elle. Une dernière fois.
Ici le coin de la berge où elle s'était assise il y a dix minutes pour évacuer les voix de ses Pensées qui lui disaient de répondre la vérité aux questions débiles des Autres, rien que la vérité.

*A quoi bon?
S'ils sont lâches comme eux deux, c'pas la peine.*

C'était insensé de faire preuve d'une immense maîtrise, d'un immense courage quand on se trouvait devant des personnes qui ne connaissaient pas ces Mots.

Ici les marguerites, en faible état à cause de l'hiver. Elles empruntent à la neige de cette saison leur couleur blanche sûrement.
Ici l'eau qui clapote doucement. Cette eau abrite tant de bestioles, le souvenir d'une araignée d'eau remonte dans la tête de Lydia.
Ici l'arbre qui l'a protégée malgré sa branche traîtresse.

Enfin là le rocher, ce rocher. Avec ces deux Autres. Cette fille mutique. Ce garçon briseur.
Leurs traits de visage hantent déjà les pensées de la brunette. Elle a été trop dure avec eux, il fallait leur laisser une chance. Ses réflexions viennent, piquantes et voulant absolument blesser.
Elles ne la lâcheront jamais.
Alors, pour y couper court elle décide de s'arracher de ce lieu, pour espérer ne plus penser à Eux.


-N'vous mentez pas à vous-même.

Cet avertissement fait, elle les toise une dernière fois.

"Elle se tourne, court au château."


Tout juste l'heure de revenir en cours, tout juste l'heure de retourner dans la fourmilière grouillante de l'école.

Maintenant le temps d'oublier ces Autres pour un jour peut-être espérer apprendre à Voler.


C'est avec émotion que je vous annonce chères Plumes mon dernier Pas. Ma Protégée est ressortie très agacée de cette rencontre mais peut-être celle-ci la hantera pendant quelques temps... Ravie d'avoir partagé ce moment avec vous, Magnifiques Plumes.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

02 mai 2020, 11:57
 +  Fracas  Libre 
Son regard me fait mal. Il me regarde comme s’il n’existait que moi, comme si j’étais la seule chose au monde à regarder. Ses yeux peuvent tout voir. Tout ce qui se déroule sur mon visage, mais également tout ce qu’il se passe à l’intérieur. J’en suis persuadée. Il voit tout de moi, ce gars, c’est son regard qui me le dit. Il rend la moindre de mes respirations fracassante : chacun de mes bruits est trop fort, chacun de mes bruits est une vérité que ce garçon comprend. Ma respiration lui dit que j’ai peur, le battement de mes cils lui dit que je veux pleurer, le frémissement de mes mains lui raconte que je n’ai plus aucun contrôle. Et pire encore ; le battement assourdissant de mon coeur lui conte tout d’un coup. Peur, colère, incapacité, fierté. Tout cela m’est arraché et le garçon le fait sien.
Je n’ai plus rien, moi.
Plus rien.
Pas même mes yeux pour chialer ; il m’a arraché mes larmes. Je suis coincée en moi-même. Ce garçon m’accule. Merlin, j’avais déjà l’impression d’être bloquée dans mon propre corps, comment ce foutu gosse est capable de m’enfermer encore plus fort en moi-même ? Et il ne s’arrête pas là. C’est un Chasseur ; il accule la proie, puis il la pourfend de part en part :

« Arrête d'essayer de faire semblant. »

Arraché mon souffle ! Arraché mon coeur. Ma vision est trouble. Sans pleurs, seulement de la peur, seulement un sentiment étouffé. Ça brûle à l’intérieur de moi. Mes émotions se battent à grands coups de griffes. Ça déchire, ça blesse, ça tangue. Et moi, je suis immobile. Droite comme un golem. Dure comme un golem. Mais je n’en ai que l’air. Car un golem ne ressent pas, un golem se contente d’agir, de répondre aux ordres. Mon corps à moi ne répond à plus rien. *Bouge !* imposé-je *lève-toi, saute lui d’ssus et fracasse son p’tain de crâne sur la pierre !*. Mais rien ne répond, ni mes jambes tremblantes, ni mes doigts abandonnés sur mes genoux. Je ne suis pas capable de répondre à la colère qui me secoue.
Tout est à l’intérieur, sous ma peau, sous mes os, mais rien ne s’échappe. Je suis acculée par ce Chasseur. Il peut tout me faire, désormais. Me rouer de coup, me flinguer, s’amuser à me titiller les côtes. Ah ! il peut tout faire de moi.

« Ça me met mal à l'aise. »

Non. Pas tout. Il ne peut pas me rendre pire que ce que je suis déjà : tétanisée par ses paroles, fracassée par son regard. Il ne peut rien faire de plus que ce qu’il m’a déjà fait ; mal. Je ne sais pas pourquoi il a autant de force. Ce petit corps tout frêle n’est pas grand chose et pourtant il me fige complètement, il m’empêche de répondre, il me met face à ma peur, face à ma honte. Je n’ai même pas la force de bouger, alors de lui fracasser la gueule ? Incapable. *Incapable*. *INCAPABLE !*.

On bouge dans ma vision périphérique. Le souffle court, je tourne à peine les yeux. Tout pour ne pas regarder le garçon. Mais là, à l’orée de mon regard, j’aperçois la Serdaigle qui s’en va après nous *y’a pas d’nous !* avoir offert une dernière recommandation. Pas nous mentir. Pas nous mentir. Putain, ce que j’aimerais me mentir ! Me faire croire que je suis forte, que je suis grande, que je suis puissante. Me faire croire que je peux, comme Avant, me débarrasser de cet Autre qui m'incommode. Me faire croire que je vaux encore quelque chose. Mais toute Serdaigle que tu es, tu es bien incapable de voir que je n’ai jamais été aussi sincère qu’aujourd’hui.

Ma gorge se serre. La présence de l’Autre est trop grande. Il m’étouffe. Que faire, que faire, que faire ? Et mes pensées se mélangent, elles entrent en transe, complètement hermétiques à l’urgence du monde qui essaie de les mettre en ordre. Que faire, que faire, que faire ? Et mon souffle se joint à la joyeuse valse pour me faire comprendre que je suis bien dans la merde, à rester dans mon silence. Bien dans la merde à ne pas arriver à m’extirper de cette situation. Que faire, que faire, que faire ? Et mon coeur cogne, frappe, abat ! Putain de golem, bouge-toi ! Agis, fais quelque chose, lève-toi, court, insulte, n’importe quoi, n’importe quoi pour te relever ! Ne reste pas au pied du Chasseur ! Lève-toi, fort comme un ours ! Lève-toi, combats !

« C-connard, barbouillé-je faiblement, mon regard halluciné porté sur les eaux du lac, b-b-bâtard, m-merdeux, salopard. »

Continue ! Tout ce que tu trouves, balance-le lui ! Soit il te frappera et s’en ira ; soit il t’insultera et s’en ira. Dans tous les cas, tu auras eu ce que tu voulais. Alors, continue, trouve les mots, balance-les !

« Sale scroutt, emmerdeur, va te faire foutre, a-vorton, salaud, pu-putain de veracrasse. »

Les mots dégueulent de ma bouche en une purée dégueulasse. Oh, ils sortent. Mais ma voix est comme un mauvais rouage : lente, affaiblie, difficile. Comme une vieille radio qui grésille. Mais plus les mots coulent hors de moi, moins les battements de mon coeur sont douloureux. Alors je continue et j'ai l'impression d'être un peu plus grande.

« Espèce de con, bouffon, cervelle de veaudelune, faux-sorcier ! » Sans jamais le regarder. « Salaud, lâche, peureux, enf-enfoiré,... »

02 mai 2020, 20:25
 +  Fracas  Libre 
We all feel lost sometimes



Elle avait simplement essayé de faire les choses biens. Mais elle avait essayé sans savoir comment faire dès le départ. Et, dès le départ, elle avait emprunté le mauvais chemin. Elle avait essayé quelque chose dont elle n'était pas capable, elle était allée contre sa nature et avait misérablement échoué. Elle le savait déjà d'avance, pourtant s'en rendre compte n'était pas très agréable.

La Serdaigle partit, non sans ajouter un petit quelque chose avant de s'enfuir. Une phrase digne de sa sœur. Tous les mêmes, ces Serdaigles. Certainement allait-elle en cours. Arya devrait y aller, elle aussi. Elle avait Botanique, si elle ne se trompait pas. Tant pis, elle serait en retard. Ça n'avait pas beaucoup d'importance. Elle regarda la Serdaigle partir, avant de revenir vers l'Autre.

Celle-ci ne semblait plus vouloir la regarder non plus. Et Arya comprenait, en un sens. Elle-même n'aimait pas se regarder dans un miroir. Elle-même se serait détesté, à sa place. Elle-même n'aurait pas supporté ce qu'elle venait de dire. Seulement à cet instant, la Gryffondor n'en avait pas conscience, elle était simplement là à essayer quelque chose qu'elle ne savait pas faire. Côtoyer des gens. Des gens aussi compliqués qu'elle, de surplus. Enfin, une seule personne, maintenant.

C'est alors que l'Autre prit la parole. Arya, qui avait baissé la tête, la releva lentement, et écouta la liste d'insultes qu'elle balançait à son égard. Elle l'écouta comme si ce n'était pas d'elle qu'elle parlait, comme si elle ne lui était pas adressée. Cependant, ses yeux s'étaient écarquillés, et tout son corps s'était crispé.

Elle avait déjà entendu tous ces adjectifs que l'Autre lui affublait. Lorsque Madison était vraiment en colère contre elle, elle ne manquait pas de la décrire avec ces mots. Mais elle était habituée, c'était sa sœur, elle avait toujours été ainsi. Que ces insultes viennent de l'Autre étaient blessants. Déchirant. Douloureux.

Arya clignait des yeux à chacune d'elle Elle priait pour qu'elle s'arrête, qu'elle cesse de sortir ces mots. Elle savait ce qu'elle était en train de faire, et le comprenait. Elle aussi, à maintes fois, avait tenté de faire fuir un Inconnu qui la dérangeait. Seulement elle, n'utilisait pas les mots. Elle utilisait ses poings. Et la Gryffondor aurait mille fois préféré cela. Elle aurait encaissé les coups sans problème. C'était son truc, justement. Mais pas les mots. Les mots avaient un pouvoir considérablement plus violent et incontrôlable.

Mais l'Autre ne s'arrêtait pas. Non, elle continuait. Et Arya remarqua même qu'elle bégayait de moins en moins au fur et à mesure que les insultes sortaient de sa bouche. Comme si le pouvoir de ces mots la rendait plus forte, l'enivrait et faisait d'elle un mur infranchissable.

Au bout d'un moment, elle cessa d'écouter. Au mot « faux-sorcier », elle se déconnecta automatiquement, avala sa salive et se leva. Elle dominait l'Autre de toute sa taille, sa taille minuscule mais tout de même supérieure puisqu'elle était debout. Elle voulait qu'elle parte ? Très bien, elle avait compris la leçon.

Dans un état second, le regard absent, elle descendit du rocher et se laissant tomber par terre en atterrissant sur ses pieds. Elle tournait le dos à l'Autre, mais finit par se retourner. Son regard se planta sur elle. Allait-elle oser une dernière parole ? Allait-elle oser de tout gâcher, une nouvelle fois ? Ne valait-il pas mieux qu'elle parte sans rien dire ? Mais tout était déjà gâché, de toute manière. Alors, elle ouvrit la bouche, une dernière fois :

« J'dirai rien, t'sais. Sur ta magie. »

C'était pathétique. Pathétique et ridicule. Pourtant tout était parti de là, n'est-ce pas ? Elle lui avait fait croire qu'elle pourrait revenir au château et tout balancer à tout le monde, elle qui évitait habituellement tout contact humain. Elle lui avait fait croire qu'elle était quelqu'un d'autre. Et ensuite l'avait accusé de faire semblant. La bonne blague.

Son regard resta scotché encore quelques secondes, puis elle fit demi-tour et s'éloigna. Elle s'éloigna de sa faute, de sa culpabilité, de son erreur. Elle fuit sans un mot en essayant de taire ses pensées.


C'est donc à moi de vous annoncer mon dernier Pas, chères Plumes. Ce fut une incroyable expérience de Danser avec vous, je recommencerai avec plaisir. À voir si nos Protégées se supporteront de nouveau...

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046