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16 avr. 2020, 19:33
Déchirée  PV 
Suite du RP de rupture entre @Will Pump et @Elowen Livingstone
Courant mars.


Obscurité.

Mes pas me portent. Je cours, sans plus rien distinguer. Je ne sais plus rien. Je suis seule, si seule, abandonnée. Il faut que je respire, je n'entends plus les voix, je ne distingue plus les visages, mon intérieur hurle. Je crie en moi. Il faut que je respire.

Calme toi - me crie cette voix à l'intérieur de moi. Je ne peux pas. Je ne veux pas. J'ai besoin de frapper, de cogner, de me blesser jusqu'au sang. J'ai besoin d'avoir mal, pour ne plus sentir cette douleur en moi. Cette déchirure.

Mon coeur saigne, je suis perdue, il m'a laissée. Mon repère, mon pilier, mon amour. Il est parti et je me retrouve seule, si seule. Des larmes coulent, je ne peux les retenir, je cours toujours et ma peine est immense. Mon âme me quitte, je ne me contrôle plus, je suis vidée, et je l'aime.

Je ne peux cependant me résoudre à le haïr, il est si bon, si parfait, si doux, si beau... Je me hais. Je me hais de n'avoir su le garder, d'avoir été une piètre amante, je me hais de lui avoir fait perdre son temps. Il doit bien rire, Will, maintenant loin de moi. Plus rien ne le rattache à moi, et pourtant tout me ramène à lui.

Cette fissure dans le mur, c'était notre lieu secret de rendez-vous. Je cours toujours. Où n'est-il jamais allé ? Mes pas me portent, j'ouvre grand les portes battantes et me retrouve livrée à moi même.

Dans cette immense salle de bal ou le silence règne, que les élèves fuient comme la peste, car elle leur rappelle trop de mauvais souvenirs. Cette salle si grande, me tendant les bras. Je peux enfin laisser couler ma tristesse, et je crie. Je hurle. J'agonise.

J'ai mal.

Merlin, que quelqu'un m'aide, c'est trop dur.

J'ai appris à connaître Will, chaque trait de sa personne, chaque fossette de son visage, chaque mèche rebelle de ses cheveux. Il ne me reviendra pas, je n'aurais plus jamais l'opportunité de le voir, de l'approcher, de le perdre dans mes bras. De l'embrasser.

Merlin, achevez-moi, je ne suis plus rien.

J'arrive au milieu de la salle de bal, me jette au sol, pleure toujours. Des larmes inondent mes joues, je ne distingue plus rien. Là, étendue, perdue, recroquevillée, je ne suis plus rien. Mon ombre me ramène à la réalité, alors j'ouvre les yeux, mes petits yeux bleus, embués de larmes. Il n'y a personne. Will ne m'a pas suivie.

Je suis comme déchirée, c'était il y a à peine quelques minutes et déjà je ne suis plus rien. Will, qu'as tu fait de moi ? Je ne te demandais qu'une chose, t'avoir à mes côtés. Que suis-je sans toi ? J'espère que tu es heureux Will, je t'aime.

Puis je frappe. Mes poings tapent le sol en bois, j'ai mal mais j'aime ça. Que personne ne me dérange, j'ai besoin de souffrir. Je dois ressentir ce que je lui ai fait subir, je dois comprendre quel monstre je suis. Il a dû être si mal avec moi, mon pauvre Will. Je ne suis qu'un monstre, tu mérites tellement mieux.

Mes phalanges sont blanches, j'entends mes articulations craquer, mais je continue. Je continue ce violent manège jusqu'à ne plus sentir mes doigts.

Je ne vais pas mieux.

Je m'allonge alors, à même le sol, désemparée, si seule. Déchirée...

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME
13 juin 2020, 18:16
Déchirée  PV 
Étendue sur le parquet en bois massif, je laisse couler rage, peine, frustration. Pour la première fois je ressens de l'incompréhension. Évidemment, il y avait des signes, ce genre de signe qui ne trompe pas et que je me refusais à voir jusqu'à maintenant. J'aurais dû m'en douter, et j'ai été si bête de ne rien voir. J'aurais pu le garder. J'aurais pu... J'aurais dû faire plus d'efforts. Mais au fond de moi, je le vois bien, je n'y aurai rien pu faire, il avait pris sa décision, et cette peste de Lydia a été là pour le pousser à se lancer. À me lancer. À me jeter comme un vulgaire caillou qui traine dans la chaussure. C'est donc tout ce que je mérite. Et je n'ai rien vu venir...

Étalée.

Si les gens me voyaient ils me prendraient pour une folle. Une possédée. Une trainée, trainée au sol, mise à terre, jetée, abandonnée, salie. Je me sens sale. Il n'y est pour rien, lui. Il n'y est pour rien...

Tout est de ma faute.

Et je sais au fond de moi que je devrais me relever, essuyer mes larmes, envoyer paître mon chagrin, et pourtant je reste allongée, pendant que mes larmes coulent. Je ne fais plus aucun bruit, les seuls éléments qui témoignent de ma vie sont les quelques soubresauts qui semblent habiter mon corps, le faisant sursauter de temps à autre.

Je t'aime.

Il est trop tard pour cela. Mon corps se recroqueville, mes genoux se plient, touchant à présent ma tête, je ne suis plus rien, je ne comprends plus rien, et je ne sais de quoi l'avenir sera fait. Pour l'instant, je ne veux pas y penser, j'ai encore l'espoir qu'il me rattrape, qu'il vienne, qu'il me prenne dans ses bras. J'ai besoin de toi Will... Je t'en prie... Reviens. Je ne suis plus rien sans toi.

Je reste ainsi de longues minutes, frigorifiée, dans cette salle si Sombre. L'Obscurité n'est pas totale, j'ai laissé derrière moi la porte entr'ouverte, et le rayon de lumière s'amuse, dansant, passant d'un miroir à l'autre, se jouant de moi. Je décide alors de me relever, de voir mon reflet, d'affronter mon image. D'affronter ce que j'ai fait subir à Will ces nombreux mois. Je cherche désespérément à comprendre, est-ce que ma tête lui déplait ? Est-ce qu'il me trouve trop grosse ? Je sais être plus enveloppée que beaucoup ans ce château, mai je n'avais jamais pensé que cela puisse lui poser un problème. Est-ce que je suis devenue pénible, sans conversation, sans humour, sans lui témoigner d'affection ? C'est possible. J'ai tout raté. En tremblant, je me relève alors et fais quelques pas en direction du miroir illuminé par un faible halo de lumière le plus proche, et ce que j'y vois me déplait beaucoup.

Je suis moche.

Je n'ai jamais vraiment réfléchi au concept de la beauté, je ne me suis jamais trouvée ni belle ni moche, je suis comme je suis, voilà tout. Mais cette fois-ci, je ressens le besoin de me dire ces choses, de me souiller. De trouver une explication.

- Tu fais peur.

Je commence doucement, d'une petite voix peu assurée, entre deux larmes. Mes cheveux en bataille, mes yeux bouffis, mes joues rouges, mon nez qui coule, on dirait un cadavre. Je fais peur.

- Tu me dégoutes.

Ma personnalité me dégoute. J'ai envie de vomir en me voyant, je suis hideuse, ma personnalité est pareille à celle d'un monstre. Mes jambes tanguent, je manque de chuter, mais il me faut continuer.

- T'es qu'une sale gamine immature, t'es égocentrique, naïve, bornée, t'es qu'une pauv' conne.

J'énumère un à un mes défauts, comme pour bien me rappeler que je ne suis rien. Que je suis une personne négative, qui ne mérite pas ce garçon, qui ne mérite rien. Qui n'a rien pour plaire.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME
13 juin 2020, 18:53
Déchirée  PV 
- Tu mérites de...

Cette fois-ci je détourne le regard. C'est trop dur de me regarder en me disant ces mots C'est trop dur. Je vais finir par m'y habituer, par me renfermer, mais pour l'instant il est encore trop tôt. Tout est 'trop'.

- de crever. Tu manqueras à personne.

Sous l'impact de mes paroles, je m'effondre, en me faisant face. Cette glace nous reflète toujours, mes imperfection et moi. Mes cheveux emmêlés. Mes boutons. Mes lèvres blanches. Mes immenses yeux bleus devenus rouges. Mon menton qui goutte. Mon tee-shirt inondé.

- Elowen dans toute sa splendeur - je dis, d'une tout petite voix, tentant une plaisanterie et mimant un demi sourire.

Ça ne me fait pas rire. Pas le moins du monde.

Je rêverais de l'entendre à nouveau me dire qu'il me trouve belle, qu'il me trouve intelligente, drôle, joyeuse, intelligente, comme au départ. Il me faut passer à autre chose.

Cette envie de courir me prend à nouveau à la gorge, comme un besoin vital. C'est assez contradictoire si l'on y réfléchit. Je mérites de mourir, à cet instant je veux mourir, et pourtant je ressens le besoin de courir, pour vivre. Mais je ne réfléchis pas. Je n'agis pas rationnellement mais guidée par mes sens, mes émotions, alors sans crier gare je m'élance. Je cours comme une folle dans cette immense salle qui ne reflète que moi, et où que j'aille je me vois, je me répugne, je me fais vomir, je ne vois que laideur et désespoir. Je cours, faisant le tour de cette pièce qui m'était jusqu'alors inconnue. Mes pas foulent le sol de bois, et je cours, telle une masse difforme et seule, si seule. Il me prend l'envie de hurler, mais je ne veux pas que l'on m'entende. Personne ne doit me voir, me trouver, non, personne. Je n'ai pas besoin que l'on me juge ni me rabaisse, je m'en sors déjà très bien toute seule.

Dans ma folie, j'agite les bras, comme si une nouvelle crise allait venir m'habiter, un nouveau déboire. Non, par Merlin, attendez, pas maintenant. J'ai été entendue, ce ne sera pas pour maintenant. Je m'arrête alors, d'un coup, et mon poids menace de m'emporter, de me faire chuter vers l'avant. Je peine à reprendre ma respiration, cet effort a été trop intense pour mon corps inhabitué à cela. Haletante, je reste immobile un court instant, avant d'apercevoir une cheminée vers laquelle je me dirige, doucement.

Elle a été utilisée il y a peu.

Un mélange de cendres et de poussière, accompagnés de sciure de bois, forment un petit tas gris, parfaitement lisse, et je vois cela comme un signe. Oui, je dois le faire. Cela peut sembler dramatique, ridicule, mais je veux disparaitre, et je suis bien trop lâche pour le faire vraiment. Non, aujourd'hui, je ne mourrai pas. Aujourd'hui, je vais disparaitre.

J'humidifie alors mon index sur mes joues mouillées comme pour me coller ma tristesse éternellement à la peau, et plonge le doigt dans le paquet cendré. Je ferme alors les yeux et viens étaler une couche généreuse de saleté sur mes paupières, souhaitant masquer mon regard dans l'obscurité. Je m'y prends mal et bientôt le contour de mon oeil en devient noirci, mais qu'importe, je recommence sur le second oeil, dont le bleu très clair de ma pupille est comme enveloppé par cette couche sombre.

Me prenant pour une guerrière amérindienne, je suis à deux doigts de me faire des traits de combattante sur les jours mais je m'en empêche, je ne suis en rien courageuse, et encore moins victorieuse.

Je fais quelques pas vers la droite pour me retrouver face à une nouvelle glace, dans laquelle je constate le laborieux résultat. 'Comme ça, personne ne fera attention à moi.'

C'en est fini de la petite fille joyeuse et joueuse que j'étais, ma douleur a pris le dessus, j'ai décidé que je ne voulais plus rien être. Pour ne pas faire honte à Will, pour ne pas qu'il regrette, pour lui, et pour moi.

- Je t'aime - je chuchote entre mes lèvres, d'une voix à peine audible.

Toutes ces choses que je lui ai si rarement dites, je les exprime à présent. Je relève fièrement la tête, le temps de constater que plus aucune larme ne coule, plus je la baisse, rouge de honte. Si je moi d'hier me croisait, il aurait peu, il fuirait. Il aurait honte. Qu'importe, cette personne est morte. Je ne suis que son ombre.

Je me dirige alors vers la sortie de la salle, sans un regard en arrière, tout en enfilant ma cape de sorcière pour me couvrir le corps et le visage, pour disparaitre.

Je suis déchirée.


Fin de ce RP
Merci à la géniale Elowen Livingstone pour sa participation exclusive, on se refait un RP quand tu veux :nerd:

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME