Helen errait dans le château depuis une bonne dizaine de minutes. Elle disposait d'une heure de libre avant d'aller manger.
Elle était passée à la bibliothèque mais comme d'habitude à cette heure là, elle était bondée de monde... Elle était ensuite passée aux toilettes; elle n'en avait pas vraiment besoin mais c'était juste pour passer le temps. La solitude ne dérangeait pas Helen , ou du moins c'était ce qu'elle voulait se persuader. En effet, quand elle s'imaginait papotant et riant avec des amies, cela n'avait rien de déplaisant.
Helen était à présent dans un couloir à un étage ou il n'y avait pas trop de monde. Elle choisit un petit coin du mur qui avait l'air confortable et à l'écart. Elle s'assit alors là, à meme le sol, adossée contre le mur, seule.
Elle sortit un manuel scolaire qu'elle avait sous la main et le posa sur ses genoux. Elle n'avait pas du tout l'intention de travailler mais ça pourrait tromper ceux qui passeraientpar là. Elle aimait être seule, mais elle ne supportait pas qu'on la voie seule. Ou alors étais-ce qu'elle ne voulait pas être seule tout simplement ?
Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, Helen n'avait rencontré personne avec qui elle était proche, elle même si elle se disait qu'elle n'avait pas besoin d'amis, elle souffrait de sa solitude et plus particulièrement de voir les autres entourés. Elle connaissait bien d'autres élèves qu'elle appréciait et avec qui elle discutait de temps en temps,mais ça s'arrêtait là, personne ne la connaissait vraiment : personne ne s'asseyait à côté d'elle en cours par envie, personne ne restait avec elle pendant son temps libre, personne ne lui proposait de s'amuser avec elle, en bref, elle n'avait pas d'amis. Et pour une enfant de 11 ans, ces détails étaient loin d'être anecdotiques. ..
Depuis qu'elle a su qu'elle était une sorcière, Helen s'est métamorphosée. Elle n'est plus elle même depuis sa rentrée à l'école des sorciers. Elle a tellement eu peur de ne pas être intégrée ou de n'être pas à la hauteur qu'elle s'est comme inventé un personnage qui ne lui ressemble pourtant pas du tout. Et cela a empiré les choses... La nouvelle Helen l'empêche d'avoir de bonnes relations. C'est vrai, après tout, personne de veut être amie avec une fillette timide, qui s'efface devant les autres, qui est d'accord avec tout et tout le monde, qui ne donne jamais son avis... Autant avoir une marionnette. Car c'était exactement cela, elle était la marionnette d'une autre Helen qui l'empêchait de se montrer.
Mais Helen ne pouvait pas, elle n'arrivait pas à s'affirmer, à faire ressortir la vraie elle. Et elle était persuadée que c'était cela qui l'empêchait d'avoir des amis.

Helen sortit de ses pensées à l'approche d'un groupe d'élèves qui passaient en courant dans le couloir.
Elle en profita alors pour changer de position car elle commençait à être toute ankylosée.

Helen regarda l'heure : il venait seulement de s'écouler un petit quart d'heure.
Le fillette soupira.
Elle fixa alors son attention sur la manuel qu'elle avait ouvert, d'astronomie, découvrit elle. Elle commença à lire un paragraphe d'un chapitre qu'ils étaient en train d'étudier. Au moins, son temps ne serait pas perdu.

Pourquoi n'osait-elle dévoiler sa vraie personnalité ? Elle n'aimait pas l'image qu'elle renvoyait et elle comprenait pourquoi personne ne restait avec elle... Elle non plus ne fréquenterait pas quelqu'un comme elle.
Elle avait voulu être quelqu'un d'autre - par peur sûrement, par peur de ne pas être acceptée telle qu'elle était, par peur de ne pas réussir dans ce nouveau monde - mais ce quelqu'un d'autre avait eu tout l'effet inverse...
A présent, elle ne savait même plus qui était la vraie Helen, et elle se retrouvait bloquée. Elle n'arrivait pas à être de nouveau maîtresse d'elle même.

Helen se surprit une nouvelle fois à rêvasser.Elle n'avait rien retenu de ce qu'elle venait de lire. Elle referma alors son livre d'un geste rageur, pourquoi était-elle incapable de faire quoi que ce soit ? Elle n'aimait pas avoir ce genre de pensées, après tout, elle n'était pas malheureuse, elle avait une vie paisible sans soucis. Elle n'aimait pas se plaindre tandis que d'autres connaissaient de réels drames.

Elle rangea ses affaires et se redressa, ses fesses étaient maintenant toutes endolories à cause de sa position fort inconfortable. Elle regarda l'heure une nouvelle fois : il lui restait encore un peu de temps avant de pouvoir manger. Elle pourrait marcher dans le château pendant le temps restant.
Elle quitta alors ce petit coin de mur et continua son chemin, seule.