Comme un mécanisme sans interruption, je souris encore plus fort quand elle me rend mon sourire. Mes joues se creusent le plus possible et mes yeux pétillent de joie. J'aime l'euphorie qui ne cesse pas avec Mary et je l'échangerai pour rien au monde. Je suis tellement heureuse que mon esprit ait déconnecté, je réfléchis avec le cœur, il ne prend pas tout le temps les bonnes décisions mais je suis sûre que je peux lui faire confiance quand je suis en compagnie de ma copine. Peut-être qu'on ne distingue qu'un grand sourire à l'extérieur, mais à l'intérieur, je saute de joie et j'explose de questions. Mais je préfère les garder pour plus tard, j'aurais sûrement le temps d'y réfléchir après ce repas, je préfère profiter de ce merveilleux moment sans avoir des doutes dans la tête.

Je commence à imaginer tout plein de scénarios qui pourrait se passer pendant cette semaine chez elle, je vais voir sa chambre ainsi qu'une partie de sa famille. J'ai tellement hâte, ça va être une occasion de plus pour la découvrir et la comprendre. Je vois les joues de Mary qui s'enflamment légèrement. Alors je me demande un instant ce qui pourrait la déranger, mais comme je ne trouve pas de raisons je me dis que ça doit se passer dans ses pensées et je ne peux pas y faire grand chose. Au bout de quelques secondes à la regarder dans les yeux je détourne le regard ne sachant pas quoi faire et quoi dire. Je finis par me rasseoir correctement en face d'une assiette, d'un verre et de couverts. Je dois un verre d'eau en essayant de gagner du temps pour trouver quelque chose à lui dire. Après avoir vidé entièrement le grand verre je me retourne vers et lui dis enfin :

- Je ne t'ai même pas demander comment tu vas ? Euh... Je suis désolée pour ces derniers jours, j’espère que je n'étais pas désagréable.

Je m'en veux un peu de m'être comportée comme ça, même si j'étais pas bien dans mon corps et dans mon esprit, j'aurai pu faire autrement. Peut-être que ça aurai pu être moins difficile si j'avais passé ces jours avec elle.

Hannah se replace, bois et Mary l'imite ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre. Elle n'a pas touchée à son assiette et pourtant elle n'a pas faim. Elle prend un instant pour observer la grande salle : c'est vraiment une pièce magnifique. Jamais elle n'aurait pensée voir quelque chose du genre. A chaque fois qu'elle y rentre elle reste ébahie par sa beauté. Cette salle est à l'image du monde des sorciers, elle est complétement différente de tout ce que Mary a jamais vue et elle est si belle.

Hannah lui parle et sa question la surprend un peu. Pourquoi ca n'irai pas ? C'est bientôt les vacances et sa copine à l'air d'avoir retrouvé sa bonne humeur donc bien évidemment tout va bien. C'est à la suite de sa phrase que Mary comprend : elle se sent surement coupable. Coupable de s'être éloignée pendant quelques jours mais c'est tout à fait compréhensible. Mary ne lui en veut pas car elle se sent un peu responsable de cet éloignement. Elle n'a pas vraiment cherchée à savoir ce qu'il n'allait pas par peur de la vérité. Par peur qu'Hannah lui dise que c'était fini car ses parents ne sont pas d'accord. Mais Hannah l'aurait elle quittée si ses parents le lui avait demandée ? Mary n'ose pas y penser par peur comme toujours. Elle se conviant que non, Hannah a toujours été là et elle sera toujours là. Mais le doute subsiste. Hannah l'aime t-elle autant que Mary l'aime ? C'est dur d'aimer, de faire confiance à quelqu'un en sachant que cette personne a le pouvoir de vous détruire.

Et pourtant on se sent si bien en compagnie de l'être aimé. Faire confiance et recevoir la confiance d'Hannah l'avait fait se sentir plus sereine. Hannah en sait plus sur Mary que n'importe qui et elle peut lui faire confiance. Enfin... il y a bien quelque chose qu'elle ne sait pas mais rien ne presse. Et puis, de toute façon, la brune ne se sent pas prête à en parler.

Après un moment à chercher ses mots Mary répond :

- Oui ca va. Et non ne t'inquiète pas tu n'était pas désagréable. Ca ne peut pas être plus désagréable que de se prendre une averse après t'avoir embrassée. J'ai été malade pendant une semaine après ça !
Ajouta-t-elle avec un rire.

Mary faisait référence à leur rencontre dans le parc. Elle espéra que son trait d'humour réussirait à détendre Hannah et ne la vexerait pas. Ce n'est pas hilarant mais rire un peu ne leur ferait pas de mal après tant de temps à s'inquiéter. Et puis c'est vrai après tout ce n'était pas la meilleure idée du siècle de s'embrasser sous la pluie mais dans sa mémoire ce moment restait parfait.

Plus je réfléchis, plus je me dis que j'ai été vraiment nulle, je l'ai ignorée et maintenant je reviens vers elle comme si de rien n'étais, comme si rien ne s'était passé. Je n'oublierais pas toutes ces heures à la fuir comme si elle était la peste, elle qui est tellement douce et gentille, elle ne me méritait pas ça. Je m'en veux de revenir sans m'excuser, je m'en veux de lui avoir fait ça et de venir l'embrasser après tant de jours où je pouvais plus la regarder dans les yeux. J'ai bien l'impression que ça ne la dérange pas mais je ne veux pas tricher avec l'amour qui il y a entre nous deux, je me fais la promesse de plus recommencer ce jeu d'hypocrite, c'est mal et même si elle l’accepte, ça ne me convient pas, je n'ai pas la conscience tranquille. Je préfère l'embrasser après m'être excusé auprès d'elle.
Et si ça n'allais pas. Si elle me disait qu'elle ne se sentait pas heureuse en ce moment, si les mots qui sortaient n'étaient aussi beaux que ceux d'avant. Si...
Je crois que je m'en voudrais encore plus, je ne pourrais pas supporter de l'avoir blessé.

Dès les premières syllabes qu'elle prononça, je sus que je me faisais des films et que je me prenais la tête pour rien. Pas besoin de retourner le problème dans tous les sens, Mary avait toujours la réponse parfaite. Sans que je m'en étais rendu compte mes muscles s'étaient contractés et j'étais tendue mais la réponse rassurante de ma copine me détend et je suis beaucoup plus calme. Je m'inquiète trop facilement pour elle et pour ce qu'elle ressens, mais ce n'est pas ma faute si je tiens à elle autant qu'à ma propre vie. Je dépends d'elle et je l'a fait passer avant tout mes problèmes, Mary c'est la chose la plus précieuse qui fait partie de ma vie et je ne veux pas la perdre. Quand elle me rappelle ce beau souvenir en y ajoutant une blague je ne peux pas m’empêcher de rire avec elle, il y avait de la pluie quand on est rentrée et en plus on n'était pas couvertes, les bras et les jambes nues, j'ai eu un rhume après ça mais ça reste tout de même un de mes plus beaux souvenir de cette année. Il faut bien des souvenirs marquant dans une vie, celui-là je ne suis pas prête de l'oublier.

- J'ai quand même bien fait de t'embrasser, même l'orage ne m'en aurait pas empêcher. Et c'est pas non plus l'avis des gens qui m’empêcheras de le faire à nouveau.

J'ai envie de l'embrasser encore et encore, de déposer à nouveau mes lèvres contre la sienne, mais je me retiens, il ne faut pas faire dans l'excès. Je pense j'ai assez été secouée cette soirée, passant d'un extrême à un autre, je me fatigue en jouant avec mes sentiments. Heureusement, Mary est à mes côtés pour réguler tout ça. Je continue de manger en regardant ses cils qui abritent ses beaux yeux.

Les paroles d'Hannah font écho à ce qu'elle ressent. Rien ni personne ne pourra les empêcher de s'aimer, pas même l'orage ni le regard des autres. Les deux jeunes filles ont parcouru plusieurs épreuve et elles en sont ressorti plus fortes. Le chemin n'a pas été simple loin de là mais maintenant tout vas mieux. En tout cas Hannah a l'air rassurée et c'est le plus important. L'avenir lui semble si simple et si clair désormais. Tous les problèmes ont disparus, toutes les douleurs sont effacés, il ne reste plus que l'amour. Simple et évident comme il l'a toujours été entre Mary et Hannah. La brune n'a plus besoin de se poser de question désormais car sa copine va mieux et par conséquent elle aussi. Maintenant elle doit juste profiter des quelques instants qu'il lui reste avant les vacances. Mary appréhende un peu les vacances car elle ne s'est jamais retrouvé si loin de sa copine pendant si longtemps. Mais savoir qu'Hannah vas la retrouver cet été chez son père rends les choses moins compliqués.

- Et je suis bien contente que tu l'ai fait.

Mary chuchote sa réponse comme si c'était un secret que seule sa voisine devait entendre. A bien y réfléchir elle n'est pas sure que sa copine est entendue mais ca n'a pas d'importance car Hannah doit déjà le savoir.
Son estomac la rappelle à la réalité en émettant un grognement disgracieux. Elle meurt de faim et les plats succulents qui se trouvent sur la table semblent l'appeler. Un rapide coup d'œil lui permet de voir que sa voisine aussi semble affamée. Mary commence donc son repas et échange quelques paroles et quelques rires avec sa copine. Puis soudain la fatigue commence à se faire ressentir, les deux jeunes filles quittent donc la grande salle pour se retrouver dans la salle commune. Elle est presque vide à cette heure là car tout le monde mange. Les fillettes continueront de rire et de parler avant de s'endormir ensemble sur un petit canapé bleu.

Dans ses rêves Mary voit défiler cette soirée. Hannah qui arrive les yeux rouges et qui lui annonce la bonne nouvelle puis elle se revoie lui demandant de venir chez elle pendant les vacances, sa peur, sa gêne, elle les ressent comme dans la vraie vie. Elle revoie les baisers et les mots doux échangés comme s'ils étaient réels. Mais dans son rêve aucun parasite ni aucun regard indiscret ne les dérange. Elles sont juste toutes les deux à profiter de cette soirée comme si rien d'autres n'existait, comme si tous les autres problèmes avaient disparus.