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08 août 2020, 18:56
 RPG Privé  Lettre fermée
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15 Mai 2045
ft. @Ella Davis

Quinze heures s'affichaient sur sa montre. Eugène quittait les cachots à son rythme, soulagé que les cours étaient enfin fini, du moins, pour sa classe : le dernier fut annulé, car le professeur avait une urgence ailleurs. D'habitude studieux et n'aimant pas rater le moindre cours, il n'allait aucunement s'en plaindre aujourd'hui. Sa tête était lourde et douloureuse, tambourinant depuis qu'il avait quitté son lit. Eugène savait parfaitement qu'une potion aurait pu régler la chose, ou un tout autre médicament s'il aurait été allé à l’infirmerie, pourtant, à aucun moment, il s'était présenté aux potes de cette dernière. Il avait conclu une journée entière avec ce mal lancinant qui, malgré tout, l'avait aidé à resté concentré : il n'avait pas pensé à cette maudite lettre. Il devait l'ouvrir, mais que voulait vous ? Un homme avait dit que "L'esprit humain a un système de défense primitif pour oblitérer des faits trop stressants que le cerveau ne saurait gérer. Cela s'appelle le déni."

Et cela avait meilleur goût que cette potentielle réalité qu'Eugène rejetterait.

Eugène atteignit le rez-de-chaussée avec le reste de ses camarades et, en un battement de cils, tous se séparèrent. Certains rejoignaient leurs salles communes, d'autres aller profiter du soleil, un groupe se dirigeait vers la salle d'étude ou la grande salle et lui s'en alla vers la bibliothèque. Eugène avait besoin de silence, de se détendre au bruit des pages et des plumes qui grattaient le papier. Avec un peu de chance, son mal de crâne s'en irait ? Bien que se rendre à l’infirmerie serait plus efficace. Il poussa la porte et s’effaça pour laisser les autres rentrer, avant de refermer derrière eux, poli. Tête baissée, Eugène se perdit aussitôt entre les rayons et prit un livre au hasard : "Le Quidditch d'hier et d'aujourd'hui". Pourquoi pas ? Depuis son arriver ici, Eugène en entendait parler, autant se renseigner sur ce sport ?

Caché du reste du monde, Eugène s'installa à même le sol. Les jambes remontaient, il posa le livre contre elles et l'ouvrit, sa curiosité piquée au vif. À ses pieds, il y avait son sac qu'il voudrait juste oublier. Oublier cette lettre et ne plus penser à sa mère qui devait s'inquiéter, elle qui n'avait pas de nouvelle de lui. En même temps, que pouvait-il bien lui dire ? Ne pas aborder le sujet de la lettre ? De la potentielle disparition de son père ? De faire comme si tout était normal ? Et pourquoi tout ne pouvait-il pas être normal ?

Son père n'était plus là, car il avait décidé de donner sa vie pour celle des autres.

Ambrose Harlow, son grand-père, y verrait comme un noble sacrifice, au même titre que celui de leur arrière-arrière-grand-père : le Capitaine Eugène I Harlow, qui donna la sienne pour sauver la majorité de ses hommes lors de la bataille des Ardennes. Cette histoire, le rouquin le connaissait à la lettre. Elle était murmurée de génération en génération, relatant l'exploit avec fierté et pour ne jamais oublier.

Ne jamais oublier.

Eugène ne voulait pas croire que son père était disparut. Ni mort. Ni qu'il s'était sacrifié. Peut-être il s'était perdu ? Blessé ? Oui, s'était naïf de sa part, mais il n'était pas prêt à faire face à ce genre de réalité : la mort. Certes, le sacrifice pour sauver les autres était noble, mais au-delà de la version romancée, il devinait avec effrois la réalité de la chose. Douleur, peur, adrénaline, angoisse, du sang, partout et toujours plus.

Je ne veux pas mourir.

Au fond, qui souhaitait réellement mourir pour un autre ? Ce n'était pas égoïste, non. C'était simplement humain. Lui, par exemple, il ne voudrait pas mourir pour un autre. C'était sûrement pour cela qui admirait tant son père ou encore ce Capitaine à qui on lui avait donné son nom. Parfois, il en riait. Eugène n'avait rien d'un leader, de glorieux ou de noble. Il n'était pas aussi courageux et aussi dévoué, bien qu'il se considérait comme une personne loyale.

Il décevait et les autres avaient raison d'être déçu, même s'ils ne le montraient pas.

Lassait, Eugène referma doucement le livre et contempla la couverture, avant de fermer les yeux.

Ô Dieu, toi qui était miséricordieux, pourquoi la vie n'était pas une Idylle ?
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Dernière modification par Eugène Harlow le 17 oct. 2020, 16:13, modifié 1 fois.

"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

11 oct. 2020, 17:34
 RPG Privé  Lettre fermée
Je n'ai pas cours à cette-heure ci, mais je ne me souviens même plus pourquoi. Parce que je m'emmêle les pinceaux dans ma tête, et des fois, le bruit et les images sont si violents que je ne distingue même plus mon prénom parmi tout le reste. *Gros gribouillis* Hier soir, je me suis regardée devant le miroir des toilettes. Le soleil déclinait lentement en arrière-plan, et pourtant rien ne changeait. Toujours le même visage constellé de taches de rousseur brunes, les mêmes yeux aussi noirs qu’une nuit sans étoiles, la même chevelure parfaitement saccagée par mes soins. Quoi que je fasse, je vois cette fille que je ne veux pas être. Je vois ces cris qu'ils n'entendent pas, et qui sont pourtant assourdissants. *à l'aide*

Invisibles
Larmes
De couteau.


Il me faut un endroit calme, un endroit où je pourrai me perdre sans avoir à réfléchir. J’essaie de faire le vide dans mon esprit. Mais je sais que c’est peine perdue. *La paix, foutez-moi la paix* Je cours plus que je marche, le regard fuyant, les épaules rentrées. Je ne veux pas croiser ceux qui ont été mes amis. Je ne veux pas avoir à répondre à leurs questions. J'aimerais juste qu'ils trouvent le bonheur, et celui-ci se situe à des années-lumière de moi. Dans un univers qui n’effleure pas le mien. *J’le réduirai en fumée*

Je me tiens devant l’entrée de la bibliothèque. Pourquoi pas ? Le silence aidera peut-être les brûlures dans mes oreilles à s'apaiser, et mes doigts à se retirer de la chair. Cette mauvaise habitude ne me quitte plus. Tous les soirs, en regardant les cicatrices saigner, je me promets de ne jamais recommencer. Et puis, dans mon sommeil, *Tout recommence*.

Une rivière
Ocre
Par poignées.


Les rayons défilent au rythme de mes pas, et je décide sur un coup de tête de tourner à gauche. Avançant sans regarder devant moi, je me prends soudain les pieds dans un corps non-identifié. Et m'étale de tout mon long dans l'allée dans un bruit sourd. Je serre les dents sans émettre aucun son, dans l’espoir que cette personne n’y verra pas un prétexte pour crier ou me ridiculiser. *J’veux pas de disputes, j’ai trop mal, j’veux partir, j’veux évoluer dans le ciel* En me redressant vivement, je sors mon carnet sans oser épousseter ma robe, ni même jeter un regard à celui ou celle que j'ai bousculé.

Pardon.


Je le lui tends, et croise pour la première fois son regard. Le carnet atterrit par terre, et je recule de quelques pas. *Eugène*

Un rideau
Sur
Mon âme.

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11 oct. 2020, 18:41
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15 Mai 2045
ft. @Ella Davis

It's not true
Tell me I’ve been lied to
Crying isn't like you

«I love you» Billie Eilish


Le monde était un bruit blanc. Un grésillement constant où le chant ambiant s’y mêlait : sifflement de vent, faible chuchotement, plume grattant le papier, page qui se tournait, larme silencieuse le long de ses joues.

Devant lui, le soleil commençait lentement sa descente et il l’enviait. Au fond, lui aussi voudrait disparaitre et revenir inondé de lumière. Au lieu de ça, il restait ancré dans cet état qu’il jugeait de pathétique. Insomnie, cauchemar, sanglot, crise, déni, hurlement intérieur.

Eugène déplia ses jambes et il grimaça dans la seconde. Sa précédente position était une mauvaise idée et sa hanche le faisait bien savoir. Un craquement lui arracha un frisson et il jura dans sa barbe. Maudite blessure, maudite canne et maudite vie.

Cela faisait onze ans qu’il voguait en eau trouble, il en avait déjà sa claque.

Sa tête frappa contre l’étagère, accentuant la migraine et, comme si son malheur n’était pas suffisant, quelqu’un décida de passer par ici. L'inconnu se prit les pieds dans ses jambes et il semblait tomber de tout son long. Eugène souffla, stoïque. Ses yeux étaient toujours fermés.

Seigneur, rendez-moi aveugle, souhaitait-il pieusement.

Mais qu’importe ses prières et ses louanges, son Dieu restait muet face à sa détresse permanente. Eugène entendit l’inconnu se relever et il fronça les sourcils en devinant le griffonnement d’une plume contre un parchemin. Quand il ouvrit les yeux, Eugène lut un simple « Pardon ». Perplexe, le gamin leva les yeux et sa mâchoire se décolla.

Seigneur, est-ce réellement Ella devant moi ?

Question rhétorique, Eugène l’avait bel et bien reconnu. Seulement, la lionne avait perdu tout éclat. Ses yeux étaient un puits sans fond. Ses cheveux étaient ternes et ébouriffés. Eugène crut même voir quelques cicatrices sous ses manches.

Aucun mot de ne venait. Ils étaient coincés dans sa tête et au bord de ses lèvres.

Non Seigneur, cela ne peut-être elle, voulait-il se convaincre.

Il la revoyait rayonnante, comme ce soleil qui réchauffait leurs êtres. Son rire encombrait ses pensées décousues. Son sourire était la seule image qu’il pouvait entrevoir. Cette gamine était à une vie d’être Ella.

Et pourtant.

— Ella ?

C’était l’unique chose qu’il pouvait prononcer et le prénom sonnait comme une litanies à ses oreilles. Sa détresse était perceptible, tant dans ses traits que dans sa façon de se tenir. Eugène eut si mal en la voyant ainsi. Il voulait l’attirer contre lui et simplement la serrer avec force. Prendre de son fardeau car elle ne méritait pas d’être si abattu.

Doucement, Eugène tapota à côté de lui l’invitant à se poser auprès de lui.

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Dernière modification par Eugène Harlow le 17 oct. 2020, 16:13, modifié 1 fois.

"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

11 oct. 2020, 21:13
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Je détaille les contours de son visage, embarrassée mais soucieuse. Cela fait à présent quinze jours que j’évite tout le monde comme la peste, et le voir comme ça me fend le cœur. Des cernes creusent ses yeux sombres d’ordinaire si pétillants, et ses épaules sont affaissées. Comme si une charge invisible l'oppressait. Tant de choses et de gens au-dehors que je ne veux pas qu’il croise. Je me souviens du petit garçon aux yeux apeurés, fuyants, le soir de notre rencontre. Mais je me souviens également de la volonté de fer dans ceux-ci, ce soir-là. Le soir où je dégoulinais d’eau. *A l’intérieur comme à l’extérieur*

Je me mords la joue pour m'empêcher de m'enfuir en courant. Comment ai-je pu faire pour l’abandonner ainsi ? C’est Eugène. Je lui ai promis. Je devais, je dois le protéger coûte que coûte. Je remets en place une mèche de cheveux -qui retombe à la seconde où je la glisse derrière mon oreille, tant elle est courte. Je sens que quelque chose cloche. Seulement, j’ignore quoi. *C'est pas normal*

Deux fausses
Notes
Complémentaires.


Alors je me force à sourire, à desserrer la mâchoire. Parce que j’ai conscience que si je dois découvrir ce qu’il se passe dans sa tête, il ne faut surtout pas laisser place à tout le reste. Il est bien trop altruiste ; même quand rien ne va, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour les autres. Aujourd’hui pour moi, en l’occurrence. *Ta faute* Je peux lire dans ses yeux l’inquiétude, la surprise et la peine. Ne t'en fais pas, Eugène.

Ma barque
Dévie
Les pièges
De l’océan.


Il me fait signe de m’asseoir à ses côtés, et je récupère mon carnet au sol avant de venir me glisser contre le mur. Je m'en veux, beaucoup, et tire sur mes manches pour qu'il ne remarque pas les traces qu'ont laissé mes ongles. Car toutes mes promesses, c'est du vent.

Qu’est-ce qu’il se passe ?


Je ne lui demanderai pas si ça va, c’est une question piège. Une question à laquelle il se contenterait de répondre oui. Moi, je veux qu’il comprenne que je suis là. Cassée, défigurée et inutile, mais je suis là.

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11 oct. 2020, 21:56
 RPG Privé  Lettre fermée
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15 Mai 2045
ft. @Ella Davis

Through damnation we run
With two broken legs
And we find a refuge in our halo's crack
Trying to change the whole world
Hearts replaced with stones
We're not the heroes, my friend
We are the broken ones

LORD OF THE LOST - The Broken Ones


Ella récupéra son carnet et la question s’imposa : pourquoi avait-elle fait vœux de silence ? Il n’osa pas demander, trop préoccupé par tant de détails aussi nouveau qu’inquiétant. Depuis quand avait-elle les cheveux si court ? Que c’était-il passé en si peu de temps ?

Eugène resta muet, la regardant simplement prendre place à ses côtés.

Ella tira sur ses manches pour cacher, en vain, ses cicatrices qu’il avait remarqué. Elle tenta de sourire, de paraitre un temps soit peu normal. Mais merde, s’était si faux, se rendit-il compte. Ce sourire faisait tâche, mais Eugène l’enviait d’essayer.

Le gamin n’avait même pas la force de lui sourire en retour.

De nouveau, Ella noircie une ligne et, par reflexe, Eugène se pencha pour pouvoir lire avant qu’elle ne puisse montrer quoique ce soit.

Qu’est-ce qu’il se passe ?


Trop de chose, songea-t-il aussitôt. Mais pouvait-il en énumérer la moitié ? Il ne sut quoi répondre et encore moins par où commencer. Trop de chose, se répétait-il à lui-même. Sanglot, déni, cauchemar, insomnie, impuissance, prière.

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur.

Et Dieu seul sait à quel point il criait. Nuit comme jour, quand son corps était vidé de ses larmes.
Une réponse, Ella attendait une réponse de sa part. Mais le silence s’éternisait, Eugène était trop confus pour penser correctement. À la place, il respira lourdement. Vainement, il tenta de cacher ses larmes. Non pas par honte ou par pudeur, mais par respect pour Ella, se dit-il.

Elle souffrait autant que lui.

Les mots ne venant guère, Eugène décida de procéder autrement. Il attrapa son sac et écarta ses manuels à la recherche de cette putain de lettre. Il détourna la tête quand il la tendit à Ella, lâche qu’il était.

Incapable de reconnaitre la vérité.
Incapable d’y faire face.
Incapable de lire ses quelques lignes.

Et ça le tuait. Une gangrène qui prenait racine dans son cœur. Qui empoisonnait ses nuits plus noires que blanches. Qui nourrissait ses crises et ses cauchemars. Qui le rendait malade, tant physiquement que mentalement. Qui le rendait fébrile dans sa foi, car merde, pourquoi Seigneur, si miséricordieux que tu es, tu t’acharne ainsi sur moi ? pensa-t-il.

Et il attendit qu’Ella prenne cette lettre, l’ouvre et lui dévoile son contenu.

« Saint Michel, ayez pitié de nous.
Saint Michel, veillez sur lui. »


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"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

18 oct. 2020, 18:45
 RPG Privé  Lettre fermée
Je ne m'attends pas à ce qu'une réponse se forme, là, tout de suite. Je connais ce sentiment de confusion. Lorsque tant d'émotions et de mots mélangés, réduits en bouillie, nous submergent. Lorsqu'ils sont trop nombreux pour formuler des phrases. *tout emmêlé*
Je jette un coup d'oeil en biais à Eugène. Encore une fois, la question s'impose à mon esprit. Comment ai-je fait pour passer à côté de cet appel au secours dans ses yeux bruns?

Prolongeant le silence, je me concentre sur le son de sa respiration. Lourde, saccadée. Elle monte et descend à intervalles irréguliers, comme l'a si souvent fait la mienne. Et je me rends simplement compte à quel point mon ami m'a manqué. Assise par terre, dans cet endroit qui parait se détacher du temps comme une goutte d'eau se sépare peu à peu de son mur, je ferme les yeux. Quand les mots ne suffisent plus,

Le silence est
Le meilleur
Des remèdes.

Quand je les rouvre, je remarque que les siens sont embués. Mon cœur se serre et instinctivement, je pose une main timide sur son épaule. Je ne me ferai jamais aux larmes. Mais je ne peux pas non plus lui ordonner d'arrêter; il a besoin de soutien. Je ne sais pas si le mien suffira, mais je ferai de mon mieux. *M'en veux pas*
Soudain, un mouvement vient briser... briser quoi, au juste? Le Silence? Non, celui-ci est toujours bien présent.

Dans certains
Corps
Et toutes
Les âmes.


Il tend brusquement une main en ma direction, avant de détourner son visage. Celle-ci contient une enveloppe. J'y distingue deux mots, tracés d'une écriture fine et minutieuse. Emily Harlow. Je m'en empare, surprise. Est-ce toi, Contenu, qui a creusé les cernes violets sous les yeux d'Eugène? Rien qu'à cette idée, il me prend l'irrépressible envie de la déchiqueter. *Alors répresse-toi*
Je l'examine sous tous les angles, intriguée mais néanmoins méfiante. Elle n'a visiblement pas encore été ouverte.

Pourquoi me l'a-t-il donnée, à moi? Pour me montrer cette chose qui semble le torturer? Oh mon dieu... veut-il que je l'ouvre? Une désagréable impression me vrille l'estomac, s'insinuant sous ma peau et dans ma chair. Je prie pour que l'histoire ne se répète pas. Que l'enveloppe ne contienne pas une mauvaise, très mauvaise nouvelle, semblable à celle qui m'est parvenue début mai.

A cause d'elle
Pour Toujours.


Alors non. Je ne veux pas devenir celle qu'Eugène associera à cette lettre, quel qu'en soit le contenu. Je ne peux pas. Même si c'est dur, même s'il a peur d'être blessé, je sais au plus profond de moi que c'est à lui *d'arracher le pansement*. Je la pose délicatement sur ses genoux, d'une main, comme si celle-ci pouvait lui faire du mal rien qu'en le touchant. La seconde presse toujours son épaule.

De toute façon,
Tu tomberas pas.


Non.

J'te retiendrai,
Avant que tout
Vole en éclats.

Avatar réalisé par ~ en commun avec ~ l'incroyable Eugène Harlow. "Laissez passer les queen !"

19 oct. 2020, 17:51
 RPG Privé  Lettre fermée
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15 Mai 2045
ft. @Ella Davis

Le silence qui semblait s'honorer depuis des lustres, était assourdissant. Il bourdonnait, ce maudit bruit blanc envahissait ses pensées trop encombrantes. Questions. Doute. Peur. Ella avait posé une main contre son épaule. Un phare au milieu d'une tempête déchaîné. Elle prit ensuite l'enveloppe et, dans la seconde, Eugène était pendu à ses doigts.

Mais rien ne brisa ce silence et l'enveloppe retourna son envoyeur.

Elle était lourde contre ses genoux, un fardeau d'une tonne qu'il traînait dans son sac. Si cela ne tenait qu'à lui, si sa mère n'attendait pas une – putain de – réponse, cette lettre aurait disparut. Noyés. Broyés. Dévoré par les flemmes.

La main d'Ella le maintenait encore à flots.

Sans aucune délicatesse, Eugène attrapa l'enveloppe. Il ouvrit un coup sec, presque rageur, avant d'y soustraire la lettre. Il ne la déplie pas, la gardant simplement dans sa poigne. Le papier se froissa, mais Seigneur, Eugène n'en avait rien à foutre.

Cette lettre ne devrait pas exister.
Le déni était-il encore possible ?

«Non, contredit sa voix.
Toi aussi, va te faire voir, répondit aussitôt Eugène.»


Eugène ferma les yeux, tandis que son pouce glissa le long de la pliure. Était-il encore temps de revenir à des temps plus doux ? Ô Grand Dieu, le pouvait-il réellement ? Enfance aux souvenirs doux-amer, qu'il voudrait remplir de mille autres bons moments. Il en manquait, trop à son goût. Sa respiration était tremblante. Son cœur pulsait. Sa nuque se raidissait. Il gardait ses yeux obstinément fermé.

Dans un vœu pieux que rien ne changerait à la lecture de cette lettre.
Que papa retourna à la maison, comme il l'avait toujours fait.

Pourquoi la vie était-elle une maladie ? Un fruit rance dont l'amertume rongeait le corps. Un espoir illusoire. Un cercle vicieux qui donnait la nausée et merde, Eugène voudrait tant lâcher du lest.

Être moins à l'étroit dans cette peau.

Il ouvrit les yeux.

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Dernière modification par Eugène Harlow le 11 juil. 2021, 10:21, modifié 1 fois.

"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

28 oct. 2020, 22:50
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Je l’observe attraper brusquement l’enveloppe posée sur ses genoux. Un instant, j’ai peur qu’il m’en veuille de ne pas l’avoir ouverte. De ne pas l’avoir aidé. Je me raidis, tends l’oreille. Je dois comprendre. Il y a forcément une raison, quelque chose que l’on a fait de travers. Je dois comprendre pourquoi la vie s’acharne et nous pousse à bout, s'évertue à nous écraser contre le sol. Pourquoi nous créer pour nous faire suffoquer, étouffer. Mourir. Mais je n’y parviens pas, car ce n’est pas sensé. Et j’aime les choses logiques. *J’veux vivre*

J'dois me
Faire un
Dessin.


Je crois que je suis en colère, et que j’ai surtout peur. Mais personne le sait, même pas Eugène. C’est l’avantage à avoir une tête pour moi toute seule. Si les gens pouvaient y entrer comme ils le souhaitaient, alors plus rien n’aurait de sens. Car je prends déjà trop de place dans ma tête. Il n’y a pas plusieurs voix. Rien que la mienne. En plusieurs morceaux.

Petits bouts
De papier
Volant
Au vent.


Quand il arrache la lettre à son enveloppe, je m’arrête littéralement de respirer. J’ai envie de la lui arracher des mains, de la jeter très loin. Merde. Je ne veux pas que son visage se décompose sous mes yeux. Je ne veux surtout pas qu’il pleure. Qu’il devienne une tornade, comme moi. Une seule c’est suffisant. C’est trop, tout compte fait. *Tornade de papier*

Des âmes
Dessinées
Au crayon noir.


Je n’ose pas regarder, je préfère rester dans le déni. Prétendre que je ne sais pas lire. *Tout doit aller bien*. Je me fais la promesse de tout changer. J’ai cette soudaine envie d’en découdre. De continuer à me battre, quelles qu’en soient les conséquences et les blessures. *C’est important*

Oh,
Ma jolie
Justice.


Je tourne la tête à gauche. Il est trop tard pour nier.

Je suis désolée pour ce retard, Plume d'Eugène...
Dernière modification par Ella Davis le 01 janv. 2021, 19:18, modifié 1 fois.

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29 oct. 2020, 08:54
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15 Mai 2045
ft. @Ella Davis

Les mots dansaient sous ses yeux, lettres décousues. Eugène aurait souhaité y trouver aucun sens, mais la vérité était aussi claire que de l'eau de roche. Abrupt et douloureuse. Inévitablement, il se décomposait tout au long de sa lecture. Eugène devenait pâle comme un linge, alors que son visage était malmené par trop d'émotion. Eugène expira un bon coup, dans l'espoir vain d'alléger son cœur, tandis que sa gorge se nouait. Pourtant, aucune larme ne glissait le long de ses joues. Avait-il déjà trop pleuré ?

Eugène se permit de déchirer la lettre. Depuis le temps qu'il voulait le faire, la rendre en lambeau avait quelque chose de satisfaisant. En quelques secondes, un petit tas s'était formé à ses pieds. Un mélange de mots et de lettres sans queue ni tête. Lentement, Eugène releva la tête. Ses yeux allaient d'une étagère à un autre, avant de contempler le plafond.

Il se sentait vide, mais Ella continuait à éclairer ce chemin tortueux.

Eugène déglutit, ravalant son amertume qui pesait lourd contre sa langue. Dans ce silence de plomb, il accepta la vérité et son impuissance. Que pouvait-il faire de plus ? Rien, si ce n'était de prier et de ne pas se morfondre sur le sort de son père. Après tout, sa mère aurait besoin de lui les jours suivant. Il aura seulement besoin d'un temps.

Il devra d'abord tomber pour mieux remonter.

Eugène porta son attention sur Ella, muette, mais d'un soutien sans faille. Nous ne pouvons plus faire semblant, pensa-t-il. Non, ils ne le pouvaient plus. Sa main se posa contre son genou, en réponse à cette main qu'elle avait posé sur son épaule. Eugène se rendit compte que quelque chose tourmentait Ella, bien plus que cet instant. Bien qu'il n'en connaissait guère le tenant et les aboutissements, Eugène voulait qu'elle sache qu'il serait présent à son tour. Mais avant ça, il lui devait une explication sur sa situation, pour mieux s'en alléger et pouvoir l'aider en retour.

— Mon père est militaire, commença-t-il, je ne sais plus si je t'en avais parlé ou non... il est parachutiste et c'est un bon officier.
Il marqua une pause, le temps de rassembler ses pensées.
— Sa compagnie fut déployé il y a quelques mois en Afrique, dans le cadre d'une opération contre le terrorisme et... nous n'avons pas toutes les informations, mais il se serait fait capturer lors d'une patrouille.
Eugène baissa la tête.
— Je lui en voulait de faire ce métier, d'être si souvent absent... petit, je me suis senti abandonné. Mais j'ai toujours été fier de lui et je m'en veux d'avoir été si amer. Seigneur, pourquoi on s'en rend compte seulement en perdant quelqu'un ?

Il n'attendait pas une réponse d'Ella, ne lui en voulant pas d'être muette. Sa simple présence en elle-même suffisait amplement. C'était rassurant, de ne pas être seul à cet instant. Sous sa main bienveillante, Eugène n'était pas perdu.

Il ne se noyait pas.

Ô Archange Jophiel, veillez sur elle... guidez là à travers ses épreuves, pria-t-il.

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"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

07 janv. 2021, 20:35
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Je retiens ma respiration, scrutant le visage d’Eugène à la recherche d’un sourire. Ou du moins, d'un signe de soulagement. Mes mains se sont remises à trembler, et je serre discrètement les poings sous mes longues manches, espérant qu’il n’ait pas senti cette preuve de faiblesse contre son épaule. Je suis convaincue que les mots écrits sont les plus durs. Ils peuvent être interprétés, relus et tournés dans tous les sens jusqu’à ce qu’il soient

Ancrés dans son âme
Et
Gravés sur sa chair
A jamais.


Au fur et à mesure que ses yeux parcourent le parchemin, son visage se vide de toutes couleurs. Non, non, non ! Pourtant, à mon grand désarroi, aucune larme ne coule. Eugène expire puis déchire la lettre en petits morceaux, tout comme je l’ai fait Noël dernier. Sauf que ce n’est pas de la colère… son regard se pose sur les livres, glisse le long du plafond, sans aucune expression. J’ai envie de lui crier : « Regarde-moi ! Que se passe-t-il ? » mais mes lèvres sont scellées. Tandis que la tension augmente d'un cran, nouant mon ventre, je repousse les voix dans ma tête qui annoncent le pire.

Sa douleur
Est-elle
Silencieuse?


Enfin il me regarde, pose sa main sur mon genou replié. Sur le qui-vive, mon cerveau s'active à essayer de décrypter son expression sans y parvenir. Parle-moi, s’il te plait. Et il me parle. Un souvenir tout droit sorti d’une nuit étoilée de janvier apparait dans mon esprit. Oui, il me l’avait dit. Il m’avait parlé de son père, militaire, à qui il en voulait petit d’être si loin. Qui lui manque. Il ne peut pas savoir à quel point je le comprends.

Tu dois pas t'en vouloir. Ta réaction était humaine, Eugène. Y'a pas plus grande preuve d'amour.


La culpabilité ça bouffe tout. Mes yeux s'écarquillent comme pour appuyer mes mots, faute de paroles. Les siens sont tout aussi grands et sombres. Je veux y ancrer l'espoir à jamais. Parce qu'on le dit dangereux, mais c'est lui qui nous aide à respirer.

Plume, un hibou vole vers toi.

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