Lumah avait la tête dans la une, ce jour-ci. C'était un samedi, et elle aurait voulu en profiter, mais elle n'avait toujours pas fait ses devoirs, comme chaque week-end, alors elle n'avait pas l'esprit tranquille. Oh, elle finirait par les faire, bien entendu, mais elle avait décidé d'agir comme une girouette avant, incapable de s'accorder avec elle-même. Où allait-elle, elle l'avait oublié ; et que voulait-elle y faire, encore plus. Peut-être faire un toujours dans le QG du MERLIN ? Pour y retrouver qui, au fond ? Elle n'avait même pas une mince idée d'où se trouvait Élicia.

Qu'il était handicapant d'avoir sa mémoire, tout de même, sa maladresse, et qu'il était handicapant d'être elle - la petite soupira, sans rebrousser son chemin pour autant. Parce que, même si ce résonnement était toujout à fait incensé, il y avait une maigre chance pour qu'elle se remémore de son objectif, si tenté qu'elle en ait eu un, sur le chemin. La jeune fille traversa quelques autres couloirs encore, emparée d'une extrême lassitude, désormais, et le seniment de n'avançer pour rien. Son esprit devait être trop encombré pour qu'elle ne sacha même pas une soutirer une information et elle se dit qu'il était sûrement le temps d'y faire le ménage. Comment, ça...

La petite blondinette était si peu attentive qu'elle n'avait pas observé les alentours ; et, soudain, elle sentit soudain son pied heurter un obstacle, puis se sentit pencher vers l'avant dangeureusement. Surprise, elle poussa une exclamation, tandis que son coeur s'était comme serré. Puis, par réflexe, elle plaça ses coudes afin d'amortir le choc. Efficace, certes, mais elle en sortirait avec quelques bleus.

« Ohlala, misère. » Elle se retourna hâtivement vers l'objet qui avait barré sa route et équarquilla les yeux, déconcertée. « Qu'est-ce que c'est que ce bazar ? », se demanda-t-elle en s'approchant d'une drôle de boîte noire.

Irene mâchouillait une baguette à la réglisse piquée à un de ses camarades. Elle se dirigeait vers le QG du M.E.R.L.IN pour y vérifier le panneau d'affichage, habitude hebdomadaire au minimum qu'elle avait pris l'année précédente. Cependant, alors qu'elle était encore dans les escaliers, une exclamation attira son oreille et sa curiosité extrême la fit passer en mode girouette. Irene changea temporairement d'objectif et s'approcha discrètement de la source du bruit. Elle entendit une voix qu'elle cru reconnaître dire quelques mots alors que la jeune rousse parvenait à l'angle d'un couloir.

Prudemment, Irene passa sa tête pour voir ce qu'il se passait. Elle avait fini par apprendre que dans ce château, on avait tôt fait de se retrouver dans une situation handicapante si on fonçait tête baissée. Et les mots de la sous-directrice, la semaine précédente, étaient encore frais dans la tête de la jeune fille. Au cœur du couloir, Irene reconnu Plume au sol qui semblait intéressée par un objet. Un objet étrangement et désagréablement familier. Mais non, ça ne pouvait être... Irene fit le ménage dans ses doutes, elle avait vu l'urne noire bien en place lors de son dernier repas qui ne remontait pas à bien loin et surtout elle avait vu les différentes tentatives infructueuses de son professeur de Vol pour tenter de la déplacer. Ce ne devait être qu'une boîte noire. La jeune rousse s'approcha avec conviction, sans plus s'attarder pour le moment sur l'objet, se concentrant sur sa jeune camarade avec un sourire plus ou moins forcé :
- Besoin d'aide ?

Pourtant, en arrivant à la hauteur de sa camarade et en jetant un coup d'oeil sur la boîte, Irene pâlit, elle avait pu observer de suffisamment près l'urne de la Grande Salle pour comprendre qu'elle avait une reproduction de cette urne. Elle adressa un regard légèrement alarmé à Plume et s'exclama précipitamment :
- La touche surtout pas !

Désolée pour le temps de réponse
CdC Octobre 2020

Le regard focalisé par l'objet qui se tenait non loin d'elle, la petite n'avait pas vu Irene s'approcher d'elle. Lorsque sa voix s'éleva cependant, elle tourna brusquement la tête vers la source de la voix et reconnut sans aucun mal Mat, un autre membre du MERLIN. Avant de lui répondre, la petite regarda une enième fois la boîte, aussi indécise qu'une girouette, et ne sachant pas si l'aide qu'elle souhaitait lui apporter y était liée. Quand elle réalisa que la rouquine n'avait sûrement pas encore remarqué l'objet noir, elle se sentit d'une stupidité extrême.

« Ah, oui, merci ! »

Irene avait cependant dû faire le ménage dans ses idées et avoir balayé au passage celle-ci, car elle ne lui tendit pas de main. Et bien, tant pis, ça n'était pas la première fois que la petite se retrouvait dans ce genre de même situation handicapante, après tout. Là voilà qui s'était déjà remise débout. Son coeur fit un bond en voyant les yeux d'Irene fixer quelque chose derrière elle, néanmoins ; elle poussa une exclamation de soulagement en comprenant - c'est qu'elle avait l'esprit lent, aujourd'hui - qu'elle observait la boîte.

« Elle est étrange, hein ? Je sais pas du tout pourquoi elle est en plein milieu du couloir, mais... », confia la petite à son aînée, en s'approchant de l'objet.

« La touche surtout pas ! » lui ordonna soudain Irene, auparavant bien muette. Lumah éloigna ses mains de la boîte d'un coup, obéissante.

« A-Ah, désolée ! Mais qu'est-ce qu'elle a ? Tu sais ce que c'est ? »

C'est qu'elle lui avait donné une peur bleue !

L'exclamation d'Irene était arrivée pile au bon moment. La petite rousse pu voir les mains de sa cadette se reculer avec une rapidité extrême et à propos, avant même d'avoir effleuré la boîte. Le coeur battant d'avoir échappé à une potentielle catastrophe, Irene s'accorda quelques instants pour se calmer un peu avant de répondre à Plume :
- Sais pas.... On dirait l'urne.

Les pensées d'Irene tournaient à toute vitesse, changeant de direction plus vite qu'une girouette. Que faire ? Que ne pas faire ? Irene finit par prendre une décision. Peut-être pas la meilleure, mais avec le Quidditch, la jeune fille avait remarqué qu'il était parfois handicapant de trop réfléchir et qu'il valait mieux agir quitte à rectifier le tir après. Elle s'accroupit, sans un mot pour observer la boîte noire. C'était troublant comme elle semblait à la fois semblable et peut-être un peu différente à sa consœur lévitant plus bas dans la Grande Salle.

Son cœur balançait entre sa réflexion à propos des paroles de Mrs Montmort sur les évènements suspects et sa curiosité naturelle, Irene finit par proposer à Plume :
- Va chercher Mrs Montmort. Je surveille.

En éloignant sa camarade ainsi, Irene savait qu'elle aurait un peu de temps pour observer l'urne de plus près. La jeune fille n'avait pas pu le faire devant tout le monde le soir de l'apparition de l'urne, les sanctions bêtement prises, très peu pour elle, et depuis, l'urne de la Grande Salle était inapprochable. Et ce n'était pas faute d'avoir tenté de s'en approcher un matin où elle avait réussi à se trouver la première au petit déjeuner. Irene avait encore un souvenir douloureux de la limite d'âge installée autour de l'artefact, limite d'âge qui s'était ainsi montrée très efficace pour faire le ménage quand les élèves tentaient d'approcher de trop près la boîte volante. Aussi, c'était le moment où jamais et dans le doute, la jeune fille préféra donner une fausse piste à sa camarade, pour gagner un peu plus de temps :
- Doit être dans la salle des profs.

Irene n'en savait rien, mais pousser sa camarade à commencer à descendre le plus d'étage possible lui semblait la meilleure option pour être tranquille le plus longtemps possible. Irene observa Plume, attendant qu'elle s'exécute et disparaisse au coin du couloir pour commencer à agir vraiment.

Haha, ne t'en fais pas, je suis bien la dernière à pouvoir le reprocher à quelqu'un
CdC Octobre 2020

Décidément, Irene agissait étrangement. Lumah restait incrédule face à son attitude, qu'elle trouvait quelque peu extrême pour un simple objet trouvé ; quand bien même cette boîte n'avait pas sa place ici, elle n'allait pas les manger toute crues ! Mais enfin, elle le concevait, tout ici la dépassait, alors une boîte pouvait en faire de même. La situation était néanmoins assez handicapante, voire gênante, pour la petite : que devait-elle faire ?

Aussi indécise qu'une girouette, la blondinette resta finalement figée, anormalement droite, attendant quelque directive de la part de son aînée. Ou une explication, si elle le pouvait, car la curiosité de Lumah ne cessait de grandir : on lui avait présenté une énigme, elle n'attendait que des indices !

« Sais pas... On dirait l'urne », lui concéda soudain la rouquine ; et le coeur de Lumah loupa un battement, tandis qu'elle scruta l'objet avec un dégoût particulier. L'urne ! Comment avait-elle pu l'oublier ? Les élèves n'avaient que ce mot à la bouche depuis sa première apparition. Mais alors...

Qu'est ce qu'elle faisait ici ? Il lui semblait que les professeurs avaient fait le ménage et ôté l'urne ; enfin, il était vrai qu'elle avait fui le brouhaha avant de savoir le fin mot de l'histoire.

« Va chercher Mrs Montmort. Je surveille. », lui ordonna brusquement Irene. Surprise, Lumah lâcha une exclamation avant de balbutier :

« Okay »

Elle fit quelques pas vers la droite avant de revenir vers Irene, embêtée :

« Euh, où ? »

Elle n'eut pas à attendre longtemps : comme si elle l'avait prédit, son aînée lui répondit au tac au tac, et Lumah s'en fut donc vers la salle des professeurs.

Depuis le 16 septembre et le cadeau empoisonné des Lignées, Elina avait plus de travail encore qu'à l'accoutumée. Alors qu'elle était tout récemment devenue la sous-directrice de l'école, pour une raison qui lui semblait encore plus mystérieuse que son recrutement comme professeur d'HdlM, il avait fallu que ces maudits sorciers se rappellent à leur bon souvenir. Heureusement, Leo Ginger se remettait bien de ses émotions. Plus de peur que de mal semblait-il. Elina avait tout de même insisté pour que la jeune Gryffondor, qui avait été ensorcelée par la clef envoyée par les Lignées, soit suivie de prés par l'infirmier.

La jeune fille avait pu leur faire un récit détailler d'une vision qui lui était apparue tandis qu'elle flottait dans les airs, causant l'effroi de tous les élèves présent dans la Grande-Salle. Autrement dit, tous les élèves de l'école. Dire qu'Eva Sepulveda avait prétendu seulement quelques instants plus tôt qu'il n'y aurait pas de morts durant le tournoi qu'ils voulaient leur imposer. Qui serait assez stupide pour la croire encore après ça ? Elina espérait que le élèves auraient suffisamment de bon sens pour ne pas oublier ses mises en garde. L'inspection du Dominion qu'elle avait menée avec une part de l'équipe professorale n'avait rien donné. Il ne restait que des ruines. Personne n'aurait pu passer par là. Ce qui confirmait ce qu'elle avait pu dire aux élèves ce soir de septembre. La clef n'avait donné que peu d'informations supplémentaires. Elle avait avait convenu avec Kristen que la clef resterait en lieu sûr tant que l'on n'en savait pas davantage.

Alors qu'elle avait déjà fort a faire avec la rentrée, Elina avait dû rassurer des élèves et parfois intervenir lorsque survenaient de petits incidents. Heureusement, rien d'alarmant à ce jour, mais la tension était palpable et elle cherchait toujours un moyen d'éviter le tournoi. Il était hors de question que ses élèves soient envoyés à l'abattoir. Elle vivante, elle chercherait une alternative jusqu'à la dernière seconde s'il le fallait. Elle avait déjà toute sorte de théories plus ou moins réalisables, plus ou moins folles pour entraver le projet des Lignées, mais pas encore celle qui lui donnerait un véritable espoir. Et si le Tournoi ne pouvait être empêché, qu'elle se voyait contrainte d'abolir la limite d'âge autour de l'urne pour que des élèves confient leur nom a cette objet diabolique, alors elle ferait en sorte de les préparer autant qu'il était possible dans le court laps de temps qui leur serait accordé.

C'est avec toutes ces pensées en tête qu'elle rangeait certains documents en salle des professeurs. Elle ne resterait pas longtemps. Peeves avait apparemment encore fait des siennes et elle devait aller voir Rusard qui pestait tant et si bien qu'aucun élève n'osait plus se rendre dans le couloir du troisième étage de peur de lui servir de défouloir. Ce qui posait problème à sa collègue de Sortilèges dont la classe se trouvait justement à cet étage. C'est à ce moment-là que quelques coup portés à la porte de la salle des professeurs la tirèrent de ses réflexions. Il ne pouvait s'agir de l'un de ses collègues. Un élève dans ce cas ? Les élèves venaient rarement jusqu'ici sans raison. Ne faisant pas attendre davantage ce visiteur inattendu, elle alla ouvrir la porte.
En espérant que cela vous convienne!

Alors que Plume disparaissait à l'angle du couloir, Irene écouta un instant ses pas s'éloigner, pour s'assurer que sa camarade ne ferait pas demi-tour, puis sortit sa baguette et porta toute son attention sur la boîte noire. Elle était curieuse mais il lui fallait agir intelligemment. Son esprit tournait à toute vitesse. La quatrième année se rappelait avoir vu un sortilège quand elle feuilletait les manuels des années supérieures en vue de chercher un sortilège à apprendre avec les formateurs du MERLIN. Le Specialis Revelio ou le révélasort de Scarpin l'avait marquée et lui semblait tout indiqué. Seul problème, c'était un sort enseigné en cinquième année et Irene commençait juste à entamer sa quatrième année, elle n'était donc pas sûre du tout de parvenir à quoi que ce soit, surtout qu'il s'agirait là de son premier essai, à partir d'une lecture ayant eu lieu quelques jours auparavant. Pourtant, elle n'avait pas le temps de tergiverser, Plume pouvait revenir d'un instant à l'autre avec un professeur, mieux valait tenter sa chance...

Après un regard prudent vers le milieu du couloir, Irene se concentra. Elle essaya de reproduire le mouvement de baguette qu'elle croyait avoir vu sur le livre et murmura la formule. Rien ne se passa. La boîte était-elle normale ? ou bien Irene n'avait pas réussi son sortilège ? La jeune fille penchait vers la seconde proposition, mais elle ne voulait pas perdre plus de temps sur ce sortilège. Elle tenta alors un sortilège qu'elle savait n'avoir pas fonctionné sur l'autre urne. S'il marchait là, alors peut-être qu'Irene pourrait la saisir sans rien risquer... La jeune fille effectua alors un parfait Wingardium Leviosa qui fit grimper la petite boîte noire à hauteur d'yeux. Irene l'observa avec attention. Sa ressemblance avec l'urne de la Grande Salle était frappante, mais dans le détail, Irene avait la sensation qu'elle n'était pas identique. Une copie ? ou un double ? Et que faisait-elle là perdue au milieu d'un couloir ? Irene jeta un œil vers le coin du couloir avant d'avancer sa main vers la boîte volante. Son coeur battait à toute vitesse. Si elle la touchait, Irene avait la quasi certitude qu'elle saurait si la boîte était vraie ou juste une mauvaise blague. Mais si l'urne était authentique, que se passerait-il ? Irene se mettrait-elle à léviter comme l'avait fait Leo ? Ses doigts effleuraient à présent quasiment la surface, une mince couche d'air séparait la peau blanche de la paroi noire.

Désolée pour l'attente

Lumah avait peiné à trouver la salle des professeurs, à vrai dire. Mais, sûrement car il y avait urgence, elle n'avait pas mis autant de temps que cela à y arriver, malgré le nombre de chemins qu'elle avait empruntés dans sa quête.

Enfin bref, l'important résidait surtout dans le fait qu'elle se trouvait désormais bien devant la Salle de Professeurs et que - Oh, joie -, il semblait que miss Montmort s'y trouvait justement. (Autrement, elle ne se serait pas tenue dans l'encadrement de la porte.) Soudainement très gênée, la petite chercha ses mots qui semblaient s'être faits la malle dès qu'elle avait croisé le regard de la sous-directrice.

« Euh, boîtejour ! Oups non pardon, bonjour euh... Je suis désolée de vous dérergan, déranger », bafouilla la petite, non seulement essouflée par le sport qu'elle venait de faire (du cinquième au rez-de-chaussée), et mourrant de honte à petit feu. Misère, mais qu'est-ce qui lui arrivait pour qu'elle mâche ses mots ainsi ?

« Pardon », reprit-elle lentement pour s'assurer de ne commettre aucun dérapage. « Je venais vous voir car nous avons trouvé une boîte n-, non, quelque chose qui ressemble à une boîte noire au... Cinquième étage, je crois ? Avec Irene et que nous pensions qu'il fallait vous tenir au courant », récita la blondinette d'une seule traite.

Ce n'est qu'après avoir formulé sa phrase que la petite de rendit compte qu'elle était relativement idiote, mais elle avait dit l'essentiel... Pas vrai ?