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17 oct. 2020, 12:21
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 

KATHERINE, 12 ANS ET DEMI
Deuxième année
29 novembre 2044, Un peu plus de minuit
Avec @Alison Morrow



***


Avant, sur le chemin.



*Pourquoi t'es là ?* Sursaut. La Voix lui a fait peur. Elle aurait dû être habituée, depuis le temps. Mais non. Elle grimace. Ce n'est pas le moment. *Le moment ? Qu'est-ce que tu fais ?* Rien. *Menteuse.* Elle veut juste se balader un peu. *Pourquoi ?* Elle ne sait pas. Elle a soudain eu envie de sortir de son lit pour grimper tout là haut, dans la Tour d'Astronomie. Comme... comme un pressentiment, une intuition. Bon, c'est sans doute son imagination, mais elle y va quand même, parce que c'est vrai qu'elle n'y a pas été depuis longtemps juste pour le plaisir. Elle n'a pas envie de dormir et elle a besoin de se dégourdir les jambes. *Une intuition, tu dis ?* Oui, et alors ? Ça arrive, des fois. Où est le problème ? *Tu devrais rentrer.* Pour quoi faire ? Elle est déjà en route. Elle arrivera dans à peine quelques minutes. *Rentre. Tout de suite.* La gamine fronce les sourcils. C'est un ordre. La Voix ne lui en donne pas souvent et celui-là à l'air très sérieux. Trop, même. Ça l'intrigue. Elle poursuit son chemin. *Non, je t'ai dit de rentrer ! Va-t'en !* Pourquoi ? *Parce que.* Ça, ce n'est pas un argument recevable. C'est pourquoi elle continue sans écouter les ordres de plus en plus pressants de La Voix, qui l'exhorte à repartir rejoindre sa salle commune et son lit. Quoi que tu puisses me dire, j'irais quand même. Les ordres deviennent suppliques, passant de la colère à une sorte de désespoir qui l'ébranle bien plus qu'elle ne veut l'avouer. Parce que ça n'a pas l'air d'un simple caprice pour l'embêter. C'est de la peur, qu'elle sent chez sa Tourmenteuse. Ça l'inquiète un peu, ça la réjouit aussi. La Voix lui en a tellement fait baver qu'elle a envie de lui rendre la pareille. *S'il te plait. Pars.* Elle sent presque des larmes, dans son ton. Choc. Puis, un sourire nait sur ses lèvres et elle avance d'encore un pas. *Non, arrête ! Je t'en prie !* Dis-moi pourquoi, dans ce cas. Pas de réponse. C'est comme ça depuis toute à l'heure. Jamais La Voix ne lui explique ses raisons. Il n'y en a peut-être pas. *Si ! Je veux juste te protéger !* La protéger de quoi ? La Voix ne protège pas, elle détruit. Elle détruit tout, dans sa tête, dans son cœur. Elle ne doit pas l'écouter, jamais. *Cette fois-ci, il faut que tu le fasse.* Ouais, c'est ça. Elle ne va pas tomber dans le panneau.

***


Un tout petit peu avant, sur le lieu.


Elle est arrivée. Il y a des étoiles. C'est beau. *Non, c'est moche. Redescends.* Elle secoue la tête. S'assoit, pour observer, admirer. Imaginer. Elle est presque apaisée. *VA-T'EN !* Voilà dans quoi réside le presque. Si elle était toute seule dans sa tête, ce serait beaucoup plus simple, plus... mieux. Elle n'aurait pas à subir de méchancetés, de piques toujours plus douloureuses, car La Voix commence à la connaitre. À taper là où ça fait mal. Et elle fait mouche, à chaque fois. La sensation est pire que tout. Elle n'a plus de refuge à l'intérieur d'elle-même.
Elle serre ses genoux dans ses bras et pose son menton dessus. La vue est magnifique. Absolument superbe. Elle a une terrible envie de dessiner ce qu'elle voit, pour tout figer dans le temps. Qu'elle puisse y retourner n'importe quand, par la porte de ses souvenirs. Un petit moment d'éternité fait juste pour elle. Ça lui plait de penser qu'actuellement, elle est la seule humaine à pouvoir profiter de ça. Et que plus tard, elle sera toujours la seule. Toujours.

***


Maintenant.


Elle s'est endormie. À mesure que la beauté envahissait son esprit, La Voix a semblé de plus en plus faible, comme si elle ne pouvait atteindre la jeune fille tant que celle-ci se sentirait bien. La paix en elle a été tellement grande... qu'elle n'a pas pu en profiter pleinement avant de tomber de sommeil. Ses rêves sont doux comme du coton. Elle s'y est réfugiée et s'en délecte comme si il s'agissait du plus pur nectar. Elle est emportée, et c'est merveilleux. Tout est merveilleux. Perfection momentanée.

Reducio
Ce RP est libre. N'importe qui peut y poster si il remplit les conditions suivantes :
— Être déjà à Poudlard en 2044/2045.
— Être une plume sérieuse, dont le personnage serait prêt à en aider un autre.
Si vous êtes tout celà, n'hésitez pas à m'envoyer un hibou avant de poster.
Merci à vous et belle journée ! <3

Rien n'est plus semblable à l'identique que ce qui est pareil à la même chose.
Peut-être bien qu'il se passe quelque chose avec Edmund.
#0F144D — 5ème Année RP — 16 ans

17 oct. 2020, 16:50
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
29 Novembre 2044,
Après couvre-feu,
Première année


Comme tous les soirs, attendre le couvre-feu.
Sentir les secondes s’écouler, entendre le tic-tac des horloges sorcières, retenir sa respiration au milieu de celles de ses camarades endormies.
Puis en une seconde, insignifiante, tout bascule.
C’est l’Heure.
La grande, celle à partir de laquelle on n’a plus le droit de sortir.
Tous confinés dans les dortoirs, les salles communes, avec un risque de punition si on se fait attraper.
Les adultes et les préfets rôdant dans les couloirs.
Et c’était foutrement excitant, ce jeu du chat et la souris.

Jusque là, elle ne s’était pas encore faite prendre.
S’extirpant du doux refuge chaud de sa couette, elle reposa sur son lit sa peluche, qu’elle recouvrit de la couverture. L’air froid lui glaça les doigts, l’accueillant dans l’Extérieur.
Soufflant légèrement sur ses ongles, elle attrapa au vol sa cape et enfila une paire de chaussettes montantes avant de se glisser Dehors.

Calme. Silence absolu.
A partir de l’Heure, le château sommeillait, recouvert d’une couche épaisse de brume ouatée semblant absorber tous les sons.
Glissant le long des murs, se collant aux pierres gelées, elle évitait les rayons de la lune, parcourant les couloirs vides.
Vides de Bruit.

Au loin, des Pas semblaient résonner le long des couloirs, se répercutant dans tout le château.
Peut-être un élève qui lui aussi, Osait.
Ou plus probablement, un professeur.

Bifurquant, elle abandonna l’idée du Lac.
Voir ses Ombres douces sous la lune était un spectacle qui lui manquait.
Mais elle ne pouvait pas prendre le risque de rencontrer l’auteur des Échos du couloir.

Une volée de marches s’ouvrit soudain devant elle.
Un sourire voilé se dessina lentement sur ses lèvres, au rythme auquel elle gravit les marches.
Ce soir, elle aurait le ciel pour elle, entièrement pour elle, à défaut d’avoir les reflets de la Lune.
Au fond, le ciel c’était comme la mer.
Et la mer, c’était Insaisissable.
Donc elle aimait le ciel.

A Inconnue, elle avait dit que les étoiles étaient égoïstes, piègeuses.
La Mer ne l’était-elle pas aussi ?
Elle ne nous montrait que ce qu’elle voulait qu’on voit.
Elle envoûtait les marins, les appelaient de sa douce voix à prendre le large puis finalement les emportait dans ses bras.

En haut des marches, il y aurait tout Ça.
Ça, les mensonges, les cachotteries, les illusions et les faux-semblants.
Mais au final c’était peut-être bien pour ça qu’on aimait les étoiles.
Parce qu’elles arrivaient encore à se dissimuler à nous.
*Est-ce qu’elles sont lassées de jouer la comédie ?*

Et puis soudain, c’est un gigantesque déferlement.
Le ciel ouvre ses ailes, les yeux semblent recouvrir la vue, l’air glisse le long des vêtements, s’enroule dans les cheveux.
Le vent porte une odeur de fraîcheur et de brume, le silence tinte doucement aux oreilles et les diamants des astres brillent dans le ciel.
Encore une fois, son souffle se coupe face aux Grandes.
C’était comme rentrer d’un coup dans l’eau glacée, lorsque tout l’air est expulsé de nos poumons et forme une bulle au-dessus de nos têtes, bulle qui enfle puis qui crève.
Mais ici, cette bulle n’atteindra jamais les étoiles.
Rien ne pourra les flotter, aucune gomme ne pourra les rayer de la carte du ciel.
Naviguer dans leur Mer.

Mais ce soir encore, le ciel sera partagé.
Elle avait espéré voir Inconnue, entendre sa voix lui répéter que tout irait bien, que le monde était beau sous les étoiles, si on prenait la peine de les observer en silence.
De communiquer avec elles.
De soupirer à leurs côtés.
De s’envoler dans leurs cieux.
Mais c’était une autre fille qui était là.
Assise, recroquevillée contre le sol, elle ne regardait pas même les étoiles.
*C’pas un endroit pour rester figée...*

Alors elle s’approcha, ne pouvant décemment pas laisser la fille congeler dehors.
Car les étoiles, aussi parfaites qu’elles sont, ne la réchaufferont pas.
S’asseyant non loin d’elle, elle fixa les paupières fermées.
*Elle dort ?*

Doucement, elle posa sa main sur l’épaule de la fille, espérant que ce contact permettrait de la réveiller.
*Elle aussi elle peut profiter des étoiles...*

Plume de @Katherine Bailey, je me permets de me joindre à toi...
En espérant que mon Pas te convienne.
Dernière modification par Alison Morrow le 22 nov. 2020, 18:55, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

20 oct. 2020, 16:27
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
Des doigts. Une main. Sur elle, sur son épaule. Dans son rêve, elle secoue la tête. Non, elle se sent bien ici, elle n'a aucune envie de revenir dans la réalité. Mais, il y a les étoiles. Oh. C'est vrai. Elle a presque oublié. Elle observe la prairie paisible où elle se trouve. Se superposent les images du paysage qui l'a tant éblouie. La gamine est tiraillée entre les deux. Elle commence à réfléchir et c'est fini, c'est trop tard et elle bascule dans le vrai monde. *Pas trop tôt. Maintenant, tu dégages d'ici.* Ses paupières se soulèvent, tandis qu'elle ignore cette injonction. *Tu me remercieras plus tard.* Alors ça, pas question.
Ses prunelles se posent sur celle qui l'a ramenée ici. C'est tout flou au départ, avant que sa vue ne s'ajuste pour qu'elle puisse distinguer cette... Petite. *Empêcheuse de dormir en rond, tu veux dire. Mais elle a eu raison. Va roupiller ailleurs.* Elle n'a plus envie. Le beau moment est passé, malheureusement. Son esprit est encore un peu embrumé, mais elle sait que si elle essaie de se rendormir, elle n'y arrivera pas.
Elle contemple cette brune, assise près d'elle. Jette un coup d’œil au firmament. Elle aussi elle est venue regarder. Un brin possessive, elle se prend à se réjouir d'avoir pu profiter toute seule de la beauté précédente. *Et si tu profitais d'une autre beauté ? Celle des flammes de la cheminée, par exemple ?* Flammes. Chaleur. Soudainement, la sensation de froid la percute de plein fouet. La pâlotte ne l'avait pas remarquée tout de suite, trop obnubilée par la nouvelle venue. Elle frissonne, réajuste ses longs cheveux comme un manteau dans lequel elle se réfugie avec bonheur. Un coup de vent fait voleter ses mèches et elle s'y accroche pour les garder à elle. *Tu vois, ça serait plus simple de rentrer.* Plus simple, oui. Plus chaud. Mais elle veut savoir ce que La Voix cherche à lui cacher. Pour la protéger, soit disant. Elle n'y croit pas une seconde. Ou alors, c'est une ruse. Elle sait que je fait toujours l'inverse de ce qu'elle me dit, du coup elle veut que je reste là pour que je sois malade. Elle a l'impression que La Voix a une idée. Elle le sent. *Reste ici, alors. Toute la nuit, même !* Débile de Voix qui pense qu'elle fera l'inverse. La jeune fille est trop maligne pour se laisser avoir comme cela. Elle va rester. *Oui oui, fait ça.* La Voix est fébrile, pas à l'aise. Elle ment. Elle ne veut pas qu'elle reste. *Si si, je te jure !* Faux. Elle ne peut pas la croire.

Elle a envie de lui parler autrement qu'en pensée. Les mots parlés sont plus percutants, elle pourra y déverser beaucoup de choses. Mais elle n'est pas seule, elle s'en souvient. Il y a la Petite. Cette dernière va la prendre pour une folle. *Tu dis toujours que t'en as rien à faire de l'avis des gens. Alors, on se ramollit, l'autiste ?* Elle étouffe un cri choqué. C'est plus qu'un coup bas, c'est destiné à lui faire mal. Le psy a dit que je l'était pas. Je suis l'une des filles les plus intelligentes de l'école. *Je sais. C'était juste pour te faire mal.* Douloureux rappel, qui lui donne envie de taper dans quelque chose. *Il y a un miroir dans la salle de bain. Vas-y.* Bien essayé. Tout ça pour lui faire quitter l'endroit. Hors de question. Ça l'a démange quand même et elle frotte nerveusement ses cicatrices.

Belle nuit, commente-t-elle doucement à l'intention de sa camarade.

*Pourquoi tu lui parles ?* La gryffonne n'en sait rien. *Elle t'a réveillée.* En effet. Elle se demande pourquoi. Peut-être que cette fille voulait lui dire quelque chose ? Nan, ça n'a pas de sens. Qu'est-ce qu'elle aurait pu vouloir dire à une endormie ? En plus, ce n'est pas poli.
Les yeux de la jeune fille sont attirés par une forme volante dans le ciel. Elle a l'impression qu'il s'agit d'un rapace nocturne, chouette ou hibou. Elle fronce les sourcils. Qui reçoit du courrier à cette heure ? À moins que l'oiseau ne soit en train de chasser. Il semble cependant se diriger vers les deux filles. *Dégage ! DÉGAGE ! DÉGAGE !!!* La violence du ton lui donne l'impression de recevoir un coup de poing dans le ventre et si elle avait été debout, sûr qu'elle ne le serait plus à présent.

Rien n'est plus semblable à l'identique que ce qui est pareil à la même chose.
Peut-être bien qu'il se passe quelque chose avec Edmund.
#0F144D — 5ème Année RP — 16 ans

27 oct. 2020, 19:14
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
Si la nuit les étoiles relaient le soleil,
c'est pour ne pas laisser s'éteindre l'espérance.

Brigitte Jacques

______________________________


Elle l’avait tirée de son sommeil bleu pâle pour la confronter au noir du ciel.
*Le ciel est plus joli. *

Laissant l’autre se réveiller et mettre de l’ordre dans ses pensées embrumées, elle tourna son visage vers les Belles. Comme lors de cette nuit avec Inconnue, elle reconnut Cassiopée, en forme de W, Orion lui lançant des coups d’oeil, la grande ourse lui souriant paisiblement et la petite cherchant sa maman.
Elle eut une esquisse de sourire en se rappelant les Mots dessinés dans le ciel, les doigts origamis et les mains papillons.

L’immensité bleue du ciel avait dégouliné sur tout le paysage.
Se rapprochant du bord, elle pourra ses deux mains dessus, sentit les arêtes gelées lui rentrer dans les paumes.
Avec la Lune, elle pouvait presque deviner les miroitements du lac et les formes déchiquetées des arbres.
C’était étrange. La première fois qu’elle s’intéressait à un entre-deux. Pas la tête entièrement courbée vers le sol, essayant de le dessiner sous des nuages. Pas le cou complètement arqué vers la Mer d’ombre, essayant de percer ses profondeurs et d’en sonder le cœur.

Le vent jouait avec ses cheveux détachés et les ébouriffait allègrement. Honnêtement, elle s’en fichait. C’était bien mieux de sentir les griffes du vent lui caresser la peau que les mains du vide agripper sa taille.
Pourtant, elle fit un chignon approximatif de ses cheveux et y planta sa baguette. Toujours utile, ce p’tit bout d’elle.

L’ombre au sol baragouina quelques mots.
Détournant la tête des Belles, elle lui jeta un coup d’œil.
Elle semblait peut-être plus réveillée, toujours assise.
Autant que la Lune lui permettait de juger, des cheveux foncés, assez longs, et des yeux brillants comme des comètes. *Nimbés d’étoiles*.

Mais celles du ciel restaient plus jolies.
Détournant la tête, elle inspira lentement l’air piquant, l’expulsant en essayant de compter jusqu’à trois.
C’était agréable de sentir son ventre se gonfler et se dégonfler au rythme de la nuit, comme si elle était partie intégrante de la Ténébreuse, sentant son sang poudré de nacre lui couler dans les veines, refroidir son visage et ses lèvres, ramollissant ses paupières qui semblaient vouloir s’accrocher pour ne plus jamais se rouvrir, se sentir vibrer au tempo juste.

Un bruissement étrange capta son attention.
Tous ses sens se réveillèrent d’un coup, vue aiguisée ne perçant rien des mystères de l’Ombre, mains crispées contre la pierre, nez froncé, bouche plissée, regard scrutateur et yeux plissés.
Longtemps, elle retint son souffle, jusqu’à l’entendre à nouveau.
Le Battement.
Comme une pulsation dissonante brisant celle de la nuit.
Des accords dégueulasses qui fichaient tout en l’air.
Des contretemps qui saccageaient la partition des astres.

Agacée, elle se plongea jusqu’au plus profond de l’âme dans la nuit.
Puis elle le vit.
Le ridicule petit être tout noir qui semblait se diriger vers où elles étaient.
Une horreur de hibou.

Elle recula brusquement de deux pas, se mettant hors de portée de la créature qui lui était franchement antipathique.
Elle ne voulait pas de prunelles de braises. Elle préférait celles laiteuses des étoiles, comme aveugles.
Elle ne voulait pas des bruissements de plumes. Elle avait celui doux et valsant du vent frais charrié par l’Océan Nocturne.
Elle ne voulait pas des serres raclant la pierre en un bruit affreux d’os qui se cassent. Elle préférait le lointain craquement des branches et les soupirs émanant du château endormi.

Reculant encore, les yeux fixés droit sur la bestiole qui approchait a tiré d’aile, elle pria un instant pour que l’horreur passe son chemin.
*Tu nous as pas vu. On est invisible. Tu nous as pas vu. On est pas là. Tu...Merde, tu vois dans l’noir !*

Elle fulminait presque de voir un hibou lui déchirer sa nuit passée sous le ciel.
Lançant un regard noir à la fille, qui semblait elle aussi archi réticente à ce que le piaf vienne les saluer, elle cracha d’une voix lourde comme l’orage :
« C’est à cause d’toi qu’il est là ? »

Puis une perspective beaucoup plus effrayante lui rentra dedans, lui coupant le souffle.
*Ou alors il est pour moi. *
La panique menaçait de la submerger.
Elle voulait pas de lettres de sa famille. Elle voulait pas de nouvelles. Elle voulait pas de leurs Mots. Elle voulait pas de leurs reproches.

Si elle partait en courant, le hibou la pourchasserait.
Il la pourchasserait, l’attaquerait seule dans les couloirs et se chargerait de la dépecer vivante.
Tremblante, elle se dirigea à l’opposé du rapace, au plus proche de la porte.
Juste au cas où.
*Avec un peu d’bol il va m’confondre avec l’autre et j’serai tranquille...*

Sa main trouva sa baguette, laissant ses cheveux dégouliner le long de son visage, autre tache d’onyx dans le noir du ciel.
Une protection bien rassurante, même si ces bestioles emplumées avaient souvent pour elles l’agilité et la faculté de voir dans le noir.
*Les chouettes aussi voient dans l’obscurité.*
On dit nyctalopes.
*Remplace juste Nyct pas un S et on est d’accord. *

Foudroyant le rapace du regard, elle attendit la réaction de l’autre.
Si elle se barrait, elle s’en irait avec elle.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

05 nov. 2020, 16:33
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
*DÉGAGE ! DÉGAGE !* La Voix poursuit sa litanie, de manière si puissante qu'au final, même si elle le voulait, elle serait bien incapable de bouger, paralysée comme elle est. Elle ne peut se contenter que de fixer la forme volante, le hibou, qui s'approche, vite, très vite. *Oiseau de malheur !* Sans savoir pourquoi, elle ne peux s'empêcher de frissonner d'anticipation. Mais de quoi ? Que pourrait-il bien se passer que La Voix redoute tant ? Jusqu'ici, elle ne l'a jamais vue, entendue, sentie aussi paniquée et cela ne semble pas s'arranger. Sauf que cette perspective, plutôt que de la rendre heureuse, lui noue les entrailles, lui écrase les poumons et lui comprime la gorge. Elle est tendue comme un arc mais la flèche ne semble pas sur le point de fuser, pour la libérer de cette inconfort qui commence à lui faire peur. Au contraire, sa tension augmente presque. *On s'en fout ! ÉCRASE ! VA-T'EN, NOM D'UN NIFFLEUR EMPAILLÉ !* Elle aurait pu rire de ce juron, mais non. Au final, ce n'est que la voix de celle qui l'a réveillée qui lui crache à la gueule des mots énervés, qui parvient à la faire se détourner du hibou. Son regard océan se rive sur l'émeraude aux pépites dorées de celui de sa Réveilleuse, et se glace. Sa pupille s’étrécit et elle lui répond sur un ton encore plus froid que la nuit présente, encore plus acide que le citron dont elle raffole tant, encore plus sifflant que le vent. Comme son Ancienne Elle. Elle a une excuse : elle n'est pas bien, La Voix la stresse et cette agression verbale et oculaire pique sa colère. Ce n'est pas Elle, c'est la Colère, qui parle. Elle s'en persuade et ne souffre ainsi qu'aucune culpabilité. Ça, c'est inquiétant.

J'en sais rien. Il est p't'être pour toi. C'est p't'être de ta faute à toi.

Ses yeux encore furibonds se détournent de sa camarade pour se reporter sur la créature qui approche. Elle sent la fille qui s'éloigne, vers la porte. C'est ça, va voir ailleurs ! Pourtant, elle n'entend pas la porte s'ouvrir. Intriguée, la gamine tourne sa tête vers la Réveilleuse. Elle se cache ! Du hibou ! En a-t-elle peur ? En tout cas, elle a retiré sa baguette de ses cheveux, détaché son chignon improvisé pour que ses mèches si sombres la masquent. Baguette. La sienne, elle l'a laissée au dortoir. Si elle n'en avait pas besoin pour les cours, elle ne la prendrait jamais. Elle l'aime, car il prouve qu'elle est une sorcière, une vraie, que sa magie s'est finalement montrée après tant de temps où elle est restée latente. Mais cet objet est si fragile, elle ne sait pas où la ranger sans la casser. Je suis une brute, je casse tout. Elle ne sait pas pourquoi, elle regrette presque de ne pas l'avoir cette nuit. Pour se sentir plus à l'aise. À même de se défendre. Contre quoi ?
L'adolescente se lève machinalement, alors que la chose s'approche. *VAS-Y, PARS !* Elle reste subjuguée par le rapace. *NON ! VA-T'EN D'ICI, JE T'EN PRIE ! C'EST IMPORTANT !* La claque mentale qu'elle reçoit lui coupe le souffle et elle trébuche, ébranlée. Elle a juste le temps de reconnaître le petit hibou noir qui lui appartient que celui-ci se rue vers son visage. La petite Bailey étouffe un cri avant de se protéger de son bras, qui se dénude en partie dans son mouvement. Les serres se referment aussitôt sur la peau nue, avec force, rage et méchanceté. Aucun son ne sort de la bouche de la deuxième année tandis que les griffes acérées pénètrent sous sa peau, tandis qu'après un instant où elle ne sent rien, la douleur afflue avec puissance. Comme par réflexe, son épaule remue, son bras, essaie de faire lâcher l'oiseau d'un grand mouvement. Elle y va si fort que Holy, un des hiboux familiaux, la lâche soudainement, valdingue sur le sol, piaille et finit sa course contre la rambarde, à deux doigts de passer entre les barreaux. Mais ça, la jeune fille ne s'en préoccupe nullement, plus intéressée par son bras où plusieurs gros points laissent échapper quelques filets d'hémoglobine. Elle tâte ses blessures, peu profondes et sûrement sans gravité. Une désinfection sera nécessaire, mais en attendant, elle peut souffler, elle ne craint pas grand chose. Mais ça fait tout de même mal.

Saleté de hibou mal luné !

Un hululement énervé lui répond et elle gratifie Holy d'un «Ta gueule !» bien senti, avant que ses yeux ne se posent sur la lettre que le rapace nocturne à laissé échapper. Tout ce cirque pour ça... Une lettre, une stupide lettre. *Tu devrais aller faire désinfecter ça maintenant, avant que ça devienne grave.* Elle hoche la tête sans avoir vraiment compris ce que la Tourmenteuse lui a dit, avant de s'approcher pour ramasser le morceau de parchemin cacheté. *Ce truc est sûrement pas important, tu devrais le jeter pour te venger d'Holy.* Ces mots l'interpellent. La Voix essaie visiblement de l'empêcher de lire son courrier. Et puis, pour la vengeance... Holy vient se s'envoler pour repartir de là où elle vient. Et restes-y !
La gryffonne n'a qu'une envie, se laisser tomber au sol de fatigue. Avoir dormi, La Voix, Holy et ses contusions, tout ça est trop pour son petit corps. Elle reste cependant debout, plus proche de la lueur du ciel, qui éclaire les blessures sanguinolentes qu'elle examine d'un air dégoûté et qui lui permettra de mieux lire sa lettre. Car c'est bien la sienne, ses prénoms, deuxième prénom et nom de famille y sont inscrit, de la belle écriture appliquée de sa mère. *Jette-la.* Bien tenté, mais non. Et même quand cette demande se fait pressante, insistante à lui en donner mal à la tête, elle refuse d'obtempérer, désormais tout à fait maîtresse d'elle-même. Il y a malgré tout une chose qui la retient de décacheter l'enveloppe.

J'ai un mauvais pressentiment, marmonne-t-elle à voix haute, hésitante.

Rien n'est plus semblable à l'identique que ce qui est pareil à la même chose.
Peut-être bien qu'il se passe quelque chose avec Edmund.
#0F144D — 5ème Année RP — 16 ans

22 nov. 2020, 19:05
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
«On ne doit pas juger les Autres à leurs peurs,
mais à leurs réactions face à celle-ci lorsqu'ils y sont confrontés.»

______________________________


Lentement, elle essaye d'inspirer pour calmer les battements affolés de son cœur.
Elle ne voulait pas de hiboux.
Plus de ces bestioles horribles et mal lunées.
Merlin, elle voulait juste voir le ciel, elle, pas rencontrer des satanés piafs aux yeux crétins!

L'organe semble obéir à ses ordres, ralentissant pour reprendre son rythme irrégulier.
Il approche, l'oiseau nocturne, il approche, il voit, il sent, il est préparé.
Elle au contraire, n'est préparé en rien du tout, elle a froid, elle a peur, elle en veut à la terre entière.

L'autre sembla remarquer sa présence, tournant ses yeux bleus nuit vers elle, comme pour la transpercer d'une flèche invisible.

"J'en sais rien. Il est p't'être pour toi. C'est p't'être de ta faute à toi."

C'étaient ses yeux qui voulaient l'assassiner? C'est ses Mots qui s'en sont chargés.
Aussi perfides que le froid, aussi durs que la glace, aussi noirs que la Nuit.
Ils sont pesés, ils sont affutés, comme ceux de ces phrases qu'on prépare dans sa tête le soir dans l'espoir de pouvoir les ressortir un jour et ne faire qu'une chose : du mal.

Pour...Elle?
Sans s'en rendre compte, elle se crispa un peu plus, incendiant l'autre du regard, hésitant entre rompre le contact visuel pour regarder l'oiseau ou continuer à faire peser sur elle ses yeux plein de reproches et de peur dissimulée.
Heureusement, l'autre détourne la tête, absorbée par le piaf.
D'ailleurs, elle trébuche, et l'oiseau fond sur elle.

Elle aurait dû réagir.
Elle aurait dû prendre sa baguette, repousser l'oiseau, sauver l'autre même si elle l'avait attiré ici.
Elle ne pouvait, figée comme une statue par la peur, sentant des tremblements convulsifs manquer lui faire lâcher sa baguette, son souffle se couper tandis qu'elle observait le combat entre les deux êtres.

L'autre prend le dessus, balançant le hibou contre la rambarde.
Même avec le noir, elle peut voir son bras balafré et le sang qui s'en échappe, sirupeux, dégoulinant, noir, le long de cette peau blanche. Si blanche.
Elle blêmit en se revoyant elle-même, griffée à cause du hibou de son père, tenant une lettre pleine de Mensonges entre ses mains, lettre qu'elle avait finalement envoyé.
Le choc de l'apparition fut tel qu'elle eut l'impression de se prendre un coup de poing en plein dans le ventre.

L'autre a reprit ses esprits, peste, jure contre le rapace, celui-ci le lui rendant bien.
Un long frisson remonte le long de sa colonne vertébrale, faisant s'entrechoquer ses vertèbres.
Cette nuit-là est malsaine. Ces présences avec elles sont malsaines. Elle en est convaincue.
Un hibou nocturne, une fille se laissant endormir par le froid, ça n'a rien de normal, ça n'a rien de rassurant, ça *fout même carrément les j'tons.*

Un bruit de plumes lui fait relever la tête, qu'elle avait laissé chuter vers le sol.
Un carré blanc se détache dans les mains de la fille, qu'elle retourne et observe, semble analyser.

Se rapprochant doucement, elle serra un peu plus fort sa baguette, à s'en faire blanchir les jointures et rentrer ses ongles dans sa peau, laissant quatre sillons rougeâtres sur sa paume.

Elle se poste juste à-côté d'elle, la tête tournée vers là où le hibou s'est envolé, essayant de percer les lambeaux de nuit du regard.
Mais seul le noir répondit à son appel muet.

"C'tait pour toi".

Un simple souffle. Un constat, dépourvu de toute animosité.

"Tu saignes..."

Elle eut beau chercher dans ses poches, elle ne trouva pas de mouchoir ou de bande de tissu pour nettoyer le tout.
Pestant contre elle-même de ne pas avoir pris sa sacoche, elle finit par laisser tomber, et se concentrant sur sa baguette et un caillou qu'elle avait sous le pied, elle s'accroupit et ferma les yeux pour imaginer sa niche du dortoir, sur laquelle reposait un paquet de mouchoir en papier.

Dessin de poisson dans les airs, concentration sur l'urgence de la situation.

"Translatio"

Elle se releva avec ledit paquet de mouchoir, un petit sourire sur les lèvres.
Elle en présenta un à la fille, puis jeta un regard inquiet à la lettre.
La dernière fois qu'elle avait reçu une lettre...
Nouveau frisson.
Elle préférait ne pas y penser.

Navrée du retard, Plume...
En espérant que ce Pas te plaise...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

26 nov. 2020, 16:13
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
Elle ne sait pas si la présence de la Réveilleuse la rassure ou non. Peut-être un peu. Elle a moins peur de l'ouvrir avec une personne à côté. *Tu la connais pas.* Oui, mais... *Pas de mais. Tu ne veux pas qu'elle lise ta lettre. Et toi même, tu ne veux pas la lire.* Ce n'est pas exact. La gamine veut la lire, mais elle a peur. *Alors suis ton instinct.* Hésitante, elle contemple l'enveloppe pendant quelques secondes. Elle n'a pas confiance en sa mère. Si elle peut l'a faire s'énerver, s'agacer parce qu'elle ne répondra pas, elle est heureuse. *Déchire, déchire !* Ses deux mains se referment, chacune à un bout de la missive. *Fais-le ! Vas-y !* Ses bras se mettent à trembler doucement. L'hésitation la fait paniquer, paniquer devant la fille. Elle s'en rend compte et elle arrête, comme si de rien n'était.
"C'tait pour toi." Elle hoche doucement la tête. La Réveilleuse n'a plus l'air de lui en vouloir pour ce qu'elle lui a dit ou pour la façon dont elle l'a regardée. Elle pourrait lui sourire, mais elle ne le fait pas. *Elle ne le mérite pas.* C'est pas ça. C'est juste que... *La ferme.* Elle obéit. Elle n'ose plus penser. Comme une sale lâche. C'tait pour moi.

C'tait pour moi, répète-t-elle machinalement, tout bas.

Un "Tu saignes" la fait se redresser un peu. Elle a envie de dire que ce n'est rien, qu'elle gère, que de toute façon, elle aime bien les blessures parce que ça fait des cicatrices assez cool qui donnent l'impression qu'elle est forte. Invincible. Parfaite. Qu'elle a un mental d'acier. Oh, j'aimerais. J'aimerais tout ça.
Elle ne dit rien du tout. Sa bouche est incapable de se rouvrir et elle ne peut que rester là, figée, tandis que l'autre brune cherche. Cherche quoi ? *Sûrement un truc pour essuyer, idiote. Et elle n'a pas l'air d'en trouver.* La jeune fille fera sans. *Tu pourrais... utiliser ce stupide bout de papier.* Sa lettre ? *Tu vois un autre papier quelque part, toi ?* Non, mais ce n'est pas une raison pour lui parler ainsi, comme si elle était idiote. *Désolée. Bon, t'enlèves le sang, ou bien ? Ça dégouline et ça fait crade.* La rouge et or secoue la tête — et pas que mentalement. Je ferais juste que tout étaler. Et puis, te fatigues pas, je sais ce que tu veux. Faire disparaître cette... chose, cette chose qui l'a fait tant stresser. Elle et La Voix. Elles deux le sont, elle le sent. Comme si l'une était le miroir de l'autre. Cette constatation ne lui plait pas beaucoup. Elle grimace.
Mouvement. Un mot. Un petit paquet de mouchoir. Puis un qui lui est tendu. Un faible "merci" s'échappe de ses lèvres, alors qu'elle le prend comme au ralenti. *Elle veut quelque chose de toi. C'est pour ça qu'elle te fait ce cadeau.* Et la Réveilleuse voudrait quoi ? *Ce n'est pas évident ? Lire ce truc que ta stupide mère t'a envoyé ! Connaître tout les secrets qui te concernent qu'Eldora a pu coucher sur le papier !* Alors là, ça suffit ! Énervée, elle efface le sang — sang si foncé... si flippant — avec vivacité. Ça lui fait tout bizarre d'entendre le prénom de sa maternelle. Mais en même temps, c'est presque... rassurant ? Ça veut dire que La Voix n'est pas elle et qu'elle n'est pas La Voix. Parce que jamais, jamais, elle ne l'aurait appelée par son prénom. C'est "Maman". Elle s'appelle Maman. Malgré tout ce qu'elle a fait, c'est ma maman. Est-ce l'anticipation d'une mauvaise nouvelle qui lui fait penser ça ? *Pauvre chérie qui a besoin de sa Môman !* Le rire de la Ténébreuse l'a fait frissonner. Seulement un instant. Car le suivant, le mouchoir est par terre, ensanglanté, l'enveloppe décachetée et la feuille pliée dedans à moitié sortie. *Non ! T'as pas fait ça, tu l'as pas fait !* Se sentant pleine de défi, elle sort le reste, fait la sourde oreille aux protestations, déplie. Regarde. Parcourt le texte.

À ma fille,

Pardonne-moi pour le côté si insensible de cette lettre, je l'ai recommencé si souvent, sans parvenir à trouver les mots. Je crois que personne, dans ce genre de situation, ne peux les trouver mais ce n'est pas une excuse. J'aurais aimé t'annoncer ça de manière différente, crois-moi. Peut-être qu'après quelques jours, j'aurais pu, mais tu mérites de savoir. Tu étais celle qu'elle aimait le plus, je pense pouvoir le dire sans m'avancer.

Grand-Maman nous a quittée dans la nuit. Elle n'a aucunement souffert, selon le médecin. Son dernier jour a été le meilleur qu'elle aurait pu avoir. Elle était heureuse, alerte, comme avant. Nous...


Elle ne peut pas poursuivre plus avant. C'est une blague. Une très mauvaise blague. Un rire nerveux lui échappe, presque hystérique. Bravo maman, tu... Le sourire qui l'avait gagnée disparait totalement. Elle réalise. Elle comprend. Non. Ses doigts lâchent la feuille couleur crème, qui rejoint le mouchoir. Ses pieds se mettent en marche, la rapprochant du bord, de la rambarde. Elle s'y affale, se laisse tomber par terre, les yeux dans le vague. Les mots ont atteint son esprit, elle a pigé, mais son corps ne réagit pas encore vraiment Son cœur ne lui fait pas encore mal. *Bientôt.* Ce n'est pas dit méchamment, La Voix la prévient. Comment tu sais ? Pas de réponse. Rien, pas un murmure, ni la sensation qu'elle a été entendue. Comment tu le sais, que je vais avoir mal ? Elle crie, fort. Dans sa tête. Pas un son ne s'échappe de sa bouche.

Elle tremble. Elle se sent toute drôle, comme... comme si elle avait un trou dans sa poitrine, qui grandit, encore et encore. Comme si un monstre devorait son petit cœur qui bat la chamade. Elle sent presque ses serres sombres, ses crocs, les ravages que fait le monstre. Elle se recroqueville, se referme sur elle-même, pour tenter d'y échapper, la seule chose qu'elle y gagne est qu'il semble s'enfoncer plus avant, faire plus de dégâts, la malmener avec force. De l'eau salée jaillit de ses yeux. Coule et coule. Et soudainement, elle peut parler. Une suite de mot qui se répète, tandis qu'elle se balance d'avant en arrière.

C'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai...

Elle est pas morte !

Rien n'est plus semblable à l'identique que ce qui est pareil à la même chose.
Peut-être bien qu'il se passe quelque chose avec Edmund.
#0F144D — 5ème Année RP — 16 ans

19 déc. 2020, 12:55
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
Les Lettres, c'est comme des dragées de Bertie Crochue.
On ne sait jamais à l'avance sur quoi on va tomber.
Et la moitié du temps, ce sont des poisons.

______________________________


En scrutant le visage de l'autre, elle se rendit compte que la lettre devait vraiment la gêner.
Sa Curiosité la titillait, et ses mains brûlaient d'envie d'arracher la lettre à celles qui la froissaient. Comme si elle voulait avoir la force de réduire en copeaux très fins la lettre, mais que quelque chose au fond d'elle l'en empêchait.
Puis les tremblements s'arrêtèrent. Peut-être que cela n'avait été qu'un frisson passager?
La fille hoche d'ailleurs la tête à sa phrase. Elle eut une ombre de sourire qui fut masquée par la nuit.
Au moins, l'autre avait l'air de savoir reconnaître ses erreurs, une qualité de plus en plus rare.
Pourtant, au lieu de ne rien ajouter et de laisser ces simples mots s'envoler, elle les répète, mal assurée, comme un automate un peu rouillé n'arrivant pas à réfléchir par elle-même.
*Merlin, c'est le hibou qui l'a rendu complèt'ment stupide ou c'tait comme ça d'base?*

Le besoin de Savoir ce qu'elle contenait.
Peut-être était-ce cela qui avait empêché la fille de déchirer la lettre, de la rayer de sa vie. Un besoin, plus qu'une simple envie. Parce qu'on fond d'elle, elle devait sentir que la lettre était importante.
Pourquoi un hibou nocturne sinon? Pourquoi ces frissons qui la parcouraient? Pourquoi cette peur dissimulée, à moins que ce ne soit le froid qui ne lui donne faux?

La Curiosité pouvait être si forte, surtout lorsqu'on ne l'attendait pas.
Rugissante, elle vous broyait entre ses mains frêles, pressait votre cœur et donnait des questions aux réponses, des questions aux questions et des questions aux question de questions. Une belle spirale infinie, dont on n'arrivait pas à sortir. Contrôlée, elle pouvait être douce, rassurante, étincelante, comme un mini soleil intérieur qui rayonnait pour englober toutes les perspectives qui pouvaient s'offrir à nous.
Mais la Curiosité pouvait aussi être dangereuse. Elle l'avait appris à ses dépends en vivant avec ses parents. Ne pas poser de questions et s'effacer était souvent la meilleure chose à faire quand quelqu'un recevait un courrier important.
Et surtout, jamais au grand jamais, lui prendre la lettre des mains, ou lire par-dessus son épaule.
Pas si on souhait rester entier avant la fin de cette lecture. A la limite, chaparder la lettre une fois qu'elle avait été oubliée, ou abandonnée. Mais jamais la lire devant celle à qui elle appartenait, sauf si on y était invité.

Sauf que la Curiosité manquait la faire se pencher un peu trop à chaque fois pour regarder les courbes des mots et les déchiffrer, elle se força à se concentrer sur le mouchoir qu'elle tendait à la fille. Hors de question de la mettre en rogne, pour qu'elle hurle après et qu'elles se prennent toutes deux une punition.

De toute façon, l'autre a l'air complètement figée devant son bout de papier inutile tant qu'il est fermé.
Au moins, elle ne se remet par à répéter bêtement ses phrases comme un perroquet agaçant.
*J'sais pas elle pourrait p't'être dire un truc quand même? Genre "Nan, ça va, mon cerveau n'est pas mort."*
En plus, elle avait froid elle aussi, et son bras commençait à ankyloser.
Puis sans raison, la fille secoue la tête, lentement, comme si elle répondait à une voix intérieure.
Son cœur bondit dans sa poitrine.
*Elle aussi elle... A des fantômes?*
Écoute Gamine, si tu commences à dire que tous les gens un peu attardés secouant la tête ont des fantômes, on est mal barrées.
Haussant les épaules, elle tendit un peu plus le paquet de mouchoir, en jetant un regard appuyé au bras tout rouge de la fille.
Peut-être que comme ça, elle obtiendrait une réponse?

Absolument pas.
L'autre se saisit du paquet sans même un merci, puis après avoir décidé de s'étaler tout son sang sur le bras, elle lâcha brusquement le mouchoir *ben vas-y, dégueulasse tout l'château tant qu't'y es !*, et décacheta la lettre *pas trop tôt!*.

Le temps sembla ralentir, tandis que les yeux dégringolaient le long du papier.
Son souffle faisait de la buée dans la nuit.
Il se fait plus court. Nerveux de la réaction que quelques mots peuvent faire flamboyer.
Elle connaissait le danger des lettres. Venant de sa propre famille, c'était pire qu'un poison corrosif. On avait subitement plus de cœur, plus de joie, plus de sourire. juste un gros trou à la place du cœur qui ne cessait de s'agrandir et d'aspirer tout le reste.
Même les larmes.
Plus assez de force pour pleurer.

Elle allait se détourner de la fille pour scruter les étoiles, lorsque l'autre laissa échapper un rire.
Mais ce n'est pas le rire enfantin qui devrait sortir de ce corps.
C'est un rire hideux, un ricanement de folle, un bruit semblable à celui qu'on fait en découvrant quelque chose de très très désagréable.
Puis le sourire sombra.

D'un coup. Comme la Lune avant l'arrivée des nuages, il tombe, et il ne réapparaît pas.
La fille a vraiment l'air secouée.
Nerveuse, elle la vit s'approcher de la rambarde, un peu plus, toujours plus, quitte à se prendre pour une funambule patentée.
Mais elle n'est pas funambule, comme elle n'est pas proche des étoiles.
Et toujours, ce silence, trop lourd pour pouvoir être supporté.
Elle ne savait toujours pas quoi faire, lorsque la fille acheva de s'écrouler.

Elle aurait préféré les larmes et les cris à l'être qu'elle voit accroupi à-côté d'un Vide beaucoup trop grand pour elle.
Son cœur se mit à battre de plus en plus fort tandis que ses pieds se mettaient en marche, pour se laisser tomber à côté de la fille.
Elle ne savait pas pourquoi elle fait ça, ni comment elle en était arrivée ici.
Mais elle savait qu'elle devait le faire.

Puis enfin l'autre chiale, elle redevint une Automate rouillée qui se balançait d'avant en arrière, avec toujours la même voix et toujours les même mots comme si le disque mémoire était rayée sur cette séquence de mots.

"C'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai..."

Hésitante, elle prit la main de l'autre, et la serra, fort.
Elle aurait voulu lui offrir tellement plus, tellement plus de chaleur et d'aide que cette simple pression de main.
Sa bouche s'ouvrit, laissant elle aussi s'échapper des mots se répétant.
Comme pour contrer le flot de mots qui s'échappait encore et toujours d'un corps qui ne pouvait plus les contenir.

"Eh, tu m'entends? Ça fait p'têtre mal m-mais tu dois parler. T'dois pas rester comme ça, là... Allez... Steuplé dis quelqu'chose d'autre..."

Deux automates rouillés sous un ciel d'encre.

Navrée de cet impardonnable retard, Plume...
Dernière modification par Alison Morrow le 27 mars 2021, 13:40, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

19 déc. 2020, 18:58
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
Sir Nicholas se plaisait à arpenter les couloirs du château la nuit, au calme, sans ce brouhaha permanent des élèves qui marchaient dans tous les sens. Il faisait donc sa ronde comme à son habitude et se dirigeait en direction de la tour d’astronomie, lorsqu’à peine arrivé en bas de celle-ci, un cri suivi de ce qui semblait être des lamentations, ont tiré le fantôme de la maison de Godric de sa rêverie. Ils provenaient du haut de la tour. Qu’est ce que cela pouvait-il bien être? A qui appartenait cette voix? Tant de questions qui resteraient sans réponse, à moins qu’il n’aille voir sur place de quoi il s’agissait. Ainsi, il s’est dirigé au sommet de celle-ci et a vu, assise sur le sol, une jeune fille sanglotant, accompagnée d’une autre élève qui lui tenait la main et qui semblait s’intéresser à l’état d’esprit de sa camarade.

- Puis-je savoir ce que vous faites ici alors que la nuit est déjà tombée depuis un bon moment jeunes filles?

On dirait bien que rien n’échappe aux fantômes lorsque le couvre-feu n’est pas respecté. Les posts de Sir Nicholas seront toujours aux alentours de 110 mots. Cela n’invalidera pas l’étiquette RP+ de votre RP.

29 déc. 2020, 15:10
 +  La Douleur de mille Éclats  ft. Alison Morrow 
WARNING : Certains propos peuvent heurter les plus jeunes et/ou les plus sensibles.


Une main dans la sienne. Comme pour la sortir, la tirer de cet enfer. Ou pour l'emmener loin de cette litanie incessante. L'autre sert, fort. Ça fait mal, mais c'est bien. C'est bien. C'est bien. Elle a donc deux phrases qui tournent en boucle. L'une avec sa voix, voix cassée et vacillante. L'autre dans sa tête. Elles s'entremêlent toutes deux jusqu'à ce qu'elle ne sache plus les différencier. Jusqu'à ce qu'elle soit quasiment sourde à tout. Elle se coupe du monde et c'est pour le pire. Elle se noie et elle suffoque. Elle se déchire et s'abime. Elle hurle, hurle dans son corps. Elle se casse et se raccommode, pour mieux se re-casser ensuite. C'est sans fin et ça ne dure qu'un instant. Instant de malheur qu'elle hait au plus haut point.
Elle perçoit les paroles de l'autre. Elles naviguent dans son esprit, le temps qu'elle les comprenne, qu'elle les assimile. Mais elle n'obéit pas, parce qu'elle ne le peut pas. Elle n'arrive pas à s'arrêter et elle a envie de se frapper. Dis quelque chose d'autre ! Elle se le crie, mais rien n'y fait. Elle panique et c'est trop puissant, c'est trop fort. Ça l'a dévaste et elle nait et elle meurt. Jusqu'à... jusqu'à la présence, qu'elle sent, de cet être éthéré qui parle, qui demande. Tout se fige. Les mots sur sa langue disparaissent, s'étiolent et il ne reste que sa respiration hachée. Elle le regarde. S'exhorte à réagir. Elle presse la main de la fille, la lâche, déglutit.

Je... Pardon, Sir Nicholas. Je... eh bien... j'ai eu l'intuition que je devais venir ici. Que c'était important. Ça l'était. Mais j'aurais pas dû. Vraiment pas dû.

Ses yeux se posent sur la lettre. Se mouillent de nouvelles larmes qui coulent à flots, par à coups sur ses joues rejoindre les précédentes. Elle se sent glacée. Oppressée. Trop d'horreur. Et trop de monde. Il n'y a que sa camarade et le fantôme. Et pourtant, ils sont des milliers. Leurs deux présences sont aussi nombreuses que si elle était au beau milieu d'une tribune lors d'un match de Quidditch. Et elle veut de l'espace. Elle, ça va. Elle plus lui... Oh, Dieu que je les ressens... Comme si elle était agrippée de partout. C'est trop.
Elle a des milliers de sentiments qui l'a traversent, l'effleurent, l'a percutent, l'a transpercent. Elle saigne de partout et de nulle part. Ils lui font mal, ces sentiments, ces émotions. Ils l'a submergent, l'emportent, lui coupent la respiration. Certains sont mauvais, violents, brutaux et sans cœur. D'autres sont doux et caressants et elle ne peut pas s'y fier. Il y en a encore d'autres fugaces, duveteux. Elle les perçoit, mais ne les définit pas, ne les reconnait pas. Ce sont des étrangers qu'elle a l'impression de connaître. Elle est parcourue de frissons qui ne sont pas dus au froid, et elle ne sait pas la nature de la pensée qui provoque cette faiblesse. Mais c'est douloureux. Ça fait mal. Elle a mal.
Il y a cinq stades et elle les passe tous. Déni. Colère. Tristesse. Marchandage. Acceptation. Pour ce dernier, ça ne dure qu'un instant, parce qu'elle ne peut pas. C'est trop tôt. Et elle se fracasse. Et elle s'éparpille. Se reforme, se détruit, s'invalide. Elle est rouée de coups et elle les sent qui l'a marquent, l'a blessent, l’assomment et la défigurent. Elle tourbillonne, s'envole et observe. Voit les abimes, les jolis points brillants lointains, les hauts et les bas. Elle voit tout. Sauf eux. Inconnus qui causent toute cette folie oppressive. Elle et lui, à l'infini. Elle est furieuse. Elle pleure. Elle ne bouge pas. Elle est plantée là. Son corps est immobile et son cœur est à ses pieds. Piétiné, écrabouillé, ravagé. Elle est désaxée, paumée, distante et haineuse. Haineuse envers une personne. Elle ne sait pas qui, pas pourquoi, pas encore, mais quand elle saura... ce sera pire. Alors elle refoule. Pour l'instant. Éternellement, si possible, quoique la notion d'éternité se voit à présent dotée d'un nouveau sens, d'une nouvelle identité et elle ne sait pas si ça lui plait.
Les secondes passent, filent, défilent et disparaissent et elle ne dit rien. Elle subit. Encore. Tout le temps. Myriade de malheur et de rancœur. Tripotée de souffles coupés et de poings qui se serrent convulsivement. Quantité d'elle-même qui n'est plus pareille. Elle est chaos, destruction, peine. Elle veut être en dehors de son corps parce que contempler est mieux que ressentir. C'est dévastateur et quelques fois, ça l'est moins, alors elle est soulagée. Elle est bonheur, bien-être et presque complète. Et puis, ça recommence. Les soulagement, bonheur et bien-être sont remplacés et elle les regrettent. Et elle s'en veut de les regretter parce qu'elle n'est pas censée être bien. Elle doit être douleur. Je le suis. Alors, t'es content, esprit ? Non pas du tout.

Son regard se porte vers en bas, derrière cette rambarde. Dans les tréfonds de l'obscurité. C'est la solution de la facilité, mais ô qu'elle semble compliquée... Elle hésite, sa raison s’amenuise, s'étiole et se perd et elle n'a plus qu'une envie. Une seule qui s'impose dans son esprit, éclipsant tout. Elle lutte et elle continue à regarder avec de grands yeux tous mouillés. *T'as un fantôme avec toi. Ça serait pas cruel ?* Si. Mais elle veut s'échapper. Ça semble être le mieux et "le mieux" c'est toujours moins horrible que ce qu'elle vit. Non. Il faut qu'on m'arrête. Pitié arrêtez-moi parce que je suis folle, parce que je suis perturbée et qu'il ne faut pas. Oh, s'il vous plait. Aidez-moi. Rien qu'un mot. Juste un. Elle ne sait plus qu'elle fait, pense et veut. C'est flou, fou. Elle est morte. Je l'ai perdue à tout jamais.

Mille excuses pour la fin de ce post. J'ai longtemps hésité en l'écrivant, à me demander si je devais montrer ça, car à la réflexion, ça ne me semblait plus forcément nécessaire, et peut-être même un peu déplacé, mais ayant déjà prévu cet "état d'esprit" de ma protégée avec ma précédente partenaire l'année dernière, je l'ai évoqué dans plusieurs de mes RP's "futurs" à cette date et je ne me voyais pas modifier une quinzaine de RP's, ce qui aurait immanquablement changé les réactions physique que pourraient avoir mon personnage en repensant à cette nuit et aurait obligé mes partenaires à modifier leurs posts en conséquence (d'autant que certains ne sont plus actifs). J'ai donc gardé ce que j'avais imaginé et j'ai essayé au maximum de ne pas décrire trop en profondeur pour ne choquer personne. Si vous ne comprenez pas de quoi je parle, c'est que j'y suis arrivée. Si c'est encore trop "dur", n'hésitez pas à m'envoyer un hibou, qui que vous soyez et je modifierais pour édulcorer encore. Je précise aussi que si personne n"aide" Katherine, rien ne se passera.
Du coup, je m'excuse une nouvelle fois d'avoir abordé ce sujet, que je ne mentionnerais plus nulle part désormais.

Rien n'est plus semblable à l'identique que ce qui est pareil à la même chose.
Peut-être bien qu'il se passe quelque chose avec Edmund.
#0F144D — 5ème Année RP — 16 ans