Diarmuid O'Belt - 22 ans
Guérisseur stagiaire à l'hôpital de campagne

Diarmuid O'Belt s'était fait particulièrement discret depuis sa mésaventure à la Citadelle avec Meredith Brown en avril dernier. Il s'en était voulu du déroulé des événements. Pourquoi ne n'était-il pas douter que les contrôles d'identité se faisaient via les baguettes. Imbécile qu'il avait été. Il n'y avait pourtant à la base rien de compliqué et tout avait dérapé jusqu'à l'interrogatoire avorté du Manteau Noir qu'ils avaient capturé en désespoir de cause. Et qu'il avait fallu réduire au silence. Ça avait été compliqué pour le soignant en formation qu'il était. Et aujourd'hui encore certaines images le poursuivaient la nuit. Il n'en avait parlé à personne, ni sa petite-amie, ni son frère, ne parlons pas de sa sœur bien trop jeune ou de ses parents qui le tueraient sur place de s'être mis dans pareille situation. Et il ne se voyait pas contacter Meredith ou quiconque au Réveil pour ça. La seule bonne nouvelle est qu'ils n'avaient pas été trop recherché et qu'il avait pu finir ses études en restant discret et ne sortant que pour les cours et les examens. Et aussitôt les résultats connus il s'était présenté à l'hôpital de campagne. Depuis il ne s'occupait que de ses patients sous la supervision de Peter Mcwood. Et c'est pour ça qu'il était là aujourd'hui. Il avait besoin d'ingrédients pour développer un antidote pour un empoisonnement particulier.

Ce matin là, à l'ouverture, il poussait donc la porte de la boutique dont la devanture supportait deux demies-tours aux boiseries vertes. L'odeur du lieu gagna instantanément ses narines, faisant monter des souvenirs bien plus agréables. Ceux de la serre et de la boutique maternelles qui bien que beaucoup plus spécialisées dans les ingrédients de potion regorgeaient aussi de plantes aux douces odeurs.

@Luan Ridcharson

Cela ne faisait que quelques jours que j'avais repris la boutique, j'étais donc débordé de tâche à faire. Cependant me mettre au travail ne m'avait jamais dérangé, et j'avais de grandes ambitions pour cette boutique, si bien que mon côté perfectionniste ressortait. Cela faisait quatre fois que je déplaçais les mêmes plantes afin de trouver l'agencement qui me semblait la plus pertinent pour attirer l'œil du client. Quand je fis sûr que tout semblait au point pour l'ouverture du jour, j'ouvris la porte, tourna le panneau pour indiquer que c'était ouvert et attendis mon premier client.

Pour patienter et parce que je n'avais pas le loisir de ne rien faire, je fis le point sur les commandes à venir derrière mon comptoir. J'étais plongé dans un catalogue de plantes aquatiques quand j'entendis le carillon sonné. Je levai le nez de mon magazine et saluai chaleureusement mon premier client de la journée.

- Bonjour Monsieur. Bienvenue chez Dogweed & Deathcap, le royaume des plantes. Je vous laisse faire un tour de la boutique mais n'hésitais pas à me solliciter si besoin.

C'était un jeune homme, plutôt beau, vêtu simplement, qui avait l'air tout aussi rêveur que moi de première apparence. J'arrêtai de le dévisager car c'était impoli et je ne voulais pas mettre mal à l'aise un potentiel acquéreur, préférant mettre un marque page sur la revue que j'étudiais pour ne pas perdre la page s'il décidait de faire appel à mes conseils ou à mes services. Il ne me restait plus qu'à attendre sa réponse.

Tout à ses souvenirs d'enfance, Diarmuid fut surpris d'entendre une voix masculine s'élever assez peu de temps après son entrée dans le magasin. Il tourna instinctivement la tête vers le propriétaire de la voix comme de la boutique:

- "Bonjour, merci, je viendrais vous voir si j'ai besoin." Puis il reporta son attention sur les différentes étagères. Assez rapidement il identofia de nombreuses plantes magiques ou non en lien de près ou de loin avec les antidotes. Du dictame, de la lavande, de la valériane, du polygonum, de la menthe poivrée... tout rejoignait le petit panier qu'il faisait l'éviter derrière lui. Et puis, à y bien penser, au delà de l'antidote qu'il voulait confectionner, il avait son stock d'ingrédients a refaire. Pour sûr que sa bourse allait sacrément s'alléger et que l'appartement qu'il partageait avec son frère allait devenir entêtant. En parlant de frère... Sa main regagna sa poche et fouilla un instant a l'intérieur jusqu'à en ressortir un parchemin où l'écriture de Domhall s'étirait. Là il allait avoir besoin du propriétaire. L'irlandais gagna donc le comptoir où ce dernier semblait travailler sur un carnet de commande, son panier flottant toujours derrière lui.

- "Excusez moi, vous auriez du bois de houx, de vigne..." Il avait commencé à lire la pas-si-petite liste avant de s'arrêter une demie-seconde. Un sourire vint illuminer son visage: "Qu'avez vous en stock comme bois de baguette?"

Il semblait si connaître puisqu'il déclina mon aide, du moins pour l'instant. Pendant qu'il s'occupait de remplir son panier, je décidai de reprendre ma revue et de sélectionner de prochaines acquisitions qui décoreront ma boutique et attiraient les clients. Je n'oubliais pas de remplir ma liste d'ingrédients pour les potions. De temps en temps, je levais le nez de mon livre pour vérifier que tout allait bien pour mon client mais très vite je me rendis compte qu'il savait ce qu'il voulait et s'y connaissait en plantes. Ces dernières volaient pour rejoindre son panier. Plus son panier s'alourdissait, plus ma caisse allait se remplir. Ce client était un bon client, j'espérais que mon accueil et ma boutique lui donnerait envie de revenir car même si les affaires se portaient bien depuis ma reprise, il était toujours bon d'augmenter sa clientèle tout en la fidélisant.

Il m'interrompit dans mes pensées pour me demander ce que je disposais en bois de baguettes.
- Oui j'ai certains bois utilisés pour les baguettes, issus de producteurs qui m'assure un matériel de qualité mais aussi sont soucieux du respect de l'environnement dis-je en prenant mon recueil de stocks afin d'être sur de ma réponse.
- Je possède un peu de bois de tous ce qu'on peut trouver par chez nous comme l'aubépine et son cousin américain, l'aubépine des marais mais aussi du bois d'aulne, de bouleau, de cèdre, cerisier, charme, châtaignier, chêne,...
Mmmmh j'ai aussi actuellement du bois d'acajou, d'amourette, d'ébène... Et s'il manque quelque chose, je serai ravie de vous le commander pour que vous puissiez l'avoir dans les plus brefs délais.
Peut-être pourriez-vous me confier votre liste afin que je vous sortes ce dont vous avez besoin et dont je dispose ?

Diarmuid fut ravi de constater qu'il avait frappé à la bonne adresse pour ses emplettes et celles de son frère. Surtout celle de son cadet d'ailleurs. Lui n'avait besoin que d'ingrédients somme toute assez basiques entrant tous de manière fréquente dans la composition de contre-poisons. L'irlandais avait acquiescer lorsque le commerçant lui avait parlé de ses producteurs de bois puis l'avait laisser éplucher son livre de stock. De son côté il essayait de suivre sur la liste qui lui avait été confié mais il peinait à la tâche. L'homme allait assez vite et énumérait les essences dans un ordre différent de celui qui était présent sur son bout de parchemin. Forcément.

- "Oui tenez. Mon frère m'a fait une liste assez conséquente... J'ai beau avoir des connaissances en plantes, les baguettes magiques, ça me dépasse complètement." Confessa-t-il à mi voix.

- "Faites au mieux avec ce que vous avez déjà, je pourrais repasser pour le reste si vous devez le commander." Précisa le jeune adulte. Puis, il laissa l'homme préparer sa commande. Il deposa ses propres achats sur le comptoir et laissa ses yeux se perdre sur l'étagère la plus proche. Son regard perdu dans le vague, il laissa le mélange d'odeur l'envahir. L'espace d'un instant, il ferma les yeux, redevenant le petit garçon qui accompagnait sa mère dans sa boutique, puis ladolescent qui bon gré mal gré venait l'aider. L'insouciance qui l'avait quitté brutalement en cette nuit d'avril.

Le client préféra me confier sa liste. Je la pris avec soin et commença à empiler les bois avec méthodologie. Je mis un peu de cerisier, de chêne, de noyer, d'if,...
J'avais quasiment tout de la liste, il me manquait cependant des bois plus rares dans ces régions comme de l'érable à sucre, du séquoia ou encore du mélèze laricin. Je les mis sur ma liste de commande tout en l'indiquant au jeune homme qui attendait patiemment :

- Il ne me manque sur votre liste que de l'érable à sucre, du séquoia et du mélèze laricin. Je vais les commander, ils n'arriveront pas avant une bonne semaine, dix jours. Je vous enverrai un hibou quand la commande sera arrivée.

Puis je commençai à faire les comptes, entre les bois en ma présence, la commande et les autres achats, cela fit vite monter les prix. Cela serait une belle journée pour moi. Une fois le total calculé, j'indiquai le montant à mon client et emballa soigneusement ses achats.

- Je vous offre un peu de rose, de sauge et de thym pour vous remercier de vos achats. Cela complétera parfaitement la liste de vos plantes dis-je avec sourire.

Faire un cadeau à une personne qui dépensait autant était un geste commercial normal à mes yeux. De cette manière, je le remerciais de ses achats et lui donnais envie de revenir en faire de nouveaux dans la boutique. C'était le meilleur moyen de fidéliser les clients.

Diarmuid revint un peu brutalement dans la réalité du moment présent quand le vendeur, le gérant?, il ne se souvenait plus, lui stipula mettre en commande une partie des essences de bois dont son cadet avait besoin. Il ouvrit les yeux vivement pour regarder son interlocuteur l'air u peu hagard. Pour un homme éduqué dans la maîtrise de soi, c'était complètement incongru. Mais il n'allait pas bien et ce depuis plusieurs mois. Et puis ici, qui lui en tiendrait rigueur?

- "Oui très bien merci." Parvint-il tout de même à répondre en tachant de reprendre contenance. Il ne fallait pas qu'il se laisse trop aller dès le matin sinon, Merlin seul savait dans quel état il allait finir la journée. Surtout qu'il devait se rendre à l'hôpital et brasser des potions chez lui. Heureusement, il réussit à reprendre une figure bien plus normée alors qu'il apprenait le montant de ses achats. Il se rapprocha du comptoir tout en dégradant sa bourse de cuir de sa ceinture d'une seule main. Il en sortir les gallions nécessaires et remerciant l'homme avec un sourire géné pour son geste commercial. C'était donc le gérant.

- "Vous êtes la personne qui a repris la boutique?" Demanda finalement l'irlandais en prenant ses paquets. Il ne voulait pas les réduire au risque d'abîmer les ingrédients et bois magiques en leur faisant subir un changement de taille.

Décidemment mon client était bien songeur, un mal le rongeait-il ? En tout cas c'était pas à moi de lui poser la question. Surtout qu'il faisait tout pour rester discret et garder une certaine constance. Je pris la monnaie et lui donna ses achats. Je souris en entendant la question et lui répondis :

- Et oui, c'est moi le gérant. Je fis le tour de la boutique avec ma main et continua sur ma lancée. Tout ce qu'est ici m'appartient en effet. J'ai repris les rênes début octobre. Une nouvelle aventure ! J'espère d'ailleurs vous avoir fait bonne impression et que vous reviendrez souvent dans ma boutique. D'ailleurs vous êtes un peu chargé, est-ce que vous avez quelqu'un pour vous aider à porter les colis, un elfe de maison ? Si ce n'est pas le cas je peux vous livrer les colis en début de soirée si ce n'est pas urgent. N'hésitez pas cela ne vous en coûtera rien de plus, des clients comme vous, il faut les chouchouter dis-je sur le ton de l'humour en faisant un clin d'œil.

Ce n'était pas habituel que je livres les achats de mes clients mais celui-ci avait tellement acheté, que cela me semblait normal de lui proposer cette aide. Si en plus cela pouvait me faire marquer des points et le fidéliser cela serait une bonne chose pour ma boutique. Il ne me restait plus qu'à attendre sa réponse.

Alors qu'il venait pourtant de poser la question, Diarmuid fut presque surpris d'obtenir une réponse. Il n'allait pas bien et son esprit partait facilement, extrêmement facilement, ailleurs. Au point de perdre toute contenance devant des étrangers. Il faisait tant d'efforts pour faire comme si de rien devant sa famille et sa petite-amie ou encore au travail... Pour sûr que s'il n'avait pas l'hôpital pour se racheter qu'il sombrerait totalement. Il releva les yeux vers le propriétaire des lieux puisqu'il venait de le confirmer et l'écouta, tentant de ne râter aucune de ses paroles. Heureusement sa capacité a se concentrer était intacte pour le moment. L'irlandais lui adressa même un petit sourire un peu forcé compte tenu de son état psychologique.

- "Euh, j'ai, euh..." commença-t-il à bafouiller avant de prendre le temps de respirer et de fermer les yeux. Il était complètement à côté de sa baguette. "J'ai besoin des ingrédients dans limmediat mais si vous pouviez livrer les bois et cœurs de baguettes cela serait appréciable." Le châtain avait repris contenance, enfin. Mais il sentiat que tout pouvait basculer à tout moment. Lanjournee allait être longue et difficile et McWood risquait de lui tomber dessus s'il faisait des erreurs idiotes.

- "Ou je peux m'arranger pour qu'un elfe vienne dans la journée. Nous habitons Dublin, je ne sais pas si vous allez jusque là-bas pour livrer."

Je m'étais enflammé, c'est vrai que Dublin c'était pas la porte à côté, il fallait donc que j'accepte son offre tout en ne semblant pas impoli. Je dis donc sur le ton de l'humour :

- C'est vrai que Dublin c'est pas la porte à côté ! Si cela dérange pas votre elfe de venir les récupérer, j'avoue que ça m'arrangerait. Après il n'y a aucun soucis pour venir non plus et puis si à la clef j'ai un petit Whisky-pur-feu, tout peut se faire dis-je en rigolant. En tout cas faites comme ça vous arrange le mieux, je serai ravi de vous aider.

En attendant son choix final, je commençai à placer en tas les ingrédients avec lesquels il repartirait directement, en m'arrangeant pour lui faciliter la tâche pour emporter ses achats sans les abimer. A côté je fis un autre tas stable avec ce qui partirait dans la soirée soit par la voie de l'elfe soit par moi-même. Une fois la juxtaposition des colis bien stable, avec ma baguette, je les fis glisser dans un endroit derrière le comptoir pour les retrouver facilement sans les abimer ou les vendre à un autre client. Cela serait bien embêtant.

J'attendai sa réponse, tout en lui souriant. C'était un drôle de jeune homme, j'avais presque envie qu'il demande à que je viennes livrer les colis lui même. De l'autre ça me ferait une sacré trotte. Quoiqu'il finirait par choisir, je me plierai à sa volonté car le client est roi.

Une fois sa décision validée, je le remerciai une nouvelle fois pour ses achats et le saluai pour le laisser retourner à ses activités.