Inscription
Connexion

15 nov. 2020, 11:29
Remembrance  OS 
(n.f.) ce qui revient à l'esprit, fortuitement ou volontairement, des expérience passées



CO-ECRIT AVEC @Chems Daley
_________________________________________________________

Le 26 juin 2045
Dans la journée
Poudlard Express


Le soleil brille sur le quai de Pré-au-lard et illumine les nombreux wagons rouges qui attendent que les élèves qui fourmillent présentement près du train y entrent. Sur ce quai, il y a deux enfants qui se fondent assez bien parmi les autres. L'un est assez grand, il a les cheveux ébouriffés et le visage rieur. L'autre a des cheveux profondément noirs et une mine ouverte, ainsi qu'un chat aux tons crème dans les bras. Si l'un est souvent affublé de ce genre d'air, l'autre a l'air bien plus légère que d'habitude. Alors que l'un parle à d'autres enfants sur un ton gai, l'autre se contente de rire ou d'agrémenter la conversation de quelques phrases. Finalement, l'un et l'autre entrent dans le wagon et les autres enfants qui les entouraient plus ou moins se sont tous éparpillés pour disparaître.

Chems et Adaline s'asseyent dans un compartiment qui n'est alors que pour eux. Vide, mais plein. Le visage d'Adaline est animé d'un sourire ravi et aérien. Autour d'elle flotte tout son air et il est embaumé de sa bonne humeur, derrière elle marche Lune – alors qu'elle tient sa cage de transport. Presque essoufflée, l'enfant s'affale sur une des banquettes de tout son long, et elle regarde Chems faire à peu près la même chose, dans une drôle de grâce. Lune elle, décide de ne pas les imiter, et choisit de se coucher par terre, sur le dos en baillant.

« On va rentrer, enfin ! » elle dit, en tournant la tête vers le plafond, laissant son regard qui abritait Chems jusqu'ici divaguer dans les hauteurs de leur compartiment.

Si les vacances d'avril à Poudlard sont un bon souvenir pour les deux gamins, elles ont quand même eu leur lot de tracas. Les questions sur le pourquoi du comment ont fait leur chemin dans les têtes de tous les élèves et les conversations à ce propos n'ont pas fait qu'effleurer Chems et Adaline lorsqu'ils déjeunaient ensemble. Mais élaborer des théories, farfelues parfois – parce qu'Adaline et son tempérament ont pris un tournant plus léger quand son esprit à été apaisé par le dessein qu'elle se fait –, a apporté à leur relation quelque chose qui n'a fait que s'intensifier. On pourrait facilement parler de complicité.
Les résidus de réserve qui persistaient entre eux s'étaient faits évincés par le confort qu'ils ressentent avec l'autre désormais. Un confort qui fait tant taire leur retenue qu'il ne reste plus rien aux deux enfants pour masquer leur défaut à l'autre sinon la confiance qu'ils s'accordent.

Le vieux moteur du train à vapeur se lance enfin d'un doux vrombissement que suit presque immédiatement le tintement d'une cloche annonçant la fermeture définitive des portes. Les fenêtres s'embrument de l'extérieur avec la quantité de fumée que dégage la cheminée de la machine moldue... Ce train est peut-être une des dernières exceptions de cette influence qu'il reste aux élèves de Poudlard en sachant que même son enseignement s'était fait ralentir en milieu d'année.

REWIND - 4 février 2045
Oui, monsieur Edward Penwyn n'avait plus été aperçu depuis fin janvier, ce n'est pas pour autant que cela amenuisait la rancœur que ressentait Chems à l'encontre du professeur. Adaline n’avait eu de cesse de pointer du doigt combien il se montrait susceptible en constatant de son entêtement à prétendre ne pas vouloir ressentir de sympathie pour l'adulte. Lorsqu’elle évoquait l'absence de l’homme, le visage du troisième année se froissait toujours. Mais comment s'en empêcher ? C’est vrai, sans le savoir, monsieur Penwyn lui avait épargné un traumatisme en l'écartant de ce bal où il n'aurait probablement su que faire, mais à cause de lui, il n’arrivait pas à se séparer de ce sentiment dévorant d'inutilité.

Adaline souffrait assez de voir son ami se torturer ainsi, pour quelque chose qui commençait à se faire vieux. Le traumatisme commençait à quitter peu à peu les esprits mais voilà déjà qu'un autre se pointait.

D'ailleurs, Adaline se souvient d'avoir serré très fort le bras de Chems alors que tous les deux, entourés d'autres amis du garçon, regardaient par une des fenêtres qui donnaient sur le lac une nouvelle aventure du château : la venue d'Ursula Parkinson de l'autre côté de la rive. Peu de temps avant que Monsieur Penwyn soit aux abonnés absents. Cela n'avait fait qu'atténuer les autres chocs, nombreux, que l'on subissait à cause de la situation dehors. Mais Chems n'avait pas l'air de vouloir pardonner ce professeur alors même qu'Adaline le lui disait : « Tu ne le reverras peut-être jamais... »
Et c'est ce qui s'est passé. Ni Chems ni Adaline n'ont plus revu monsieur Penwyn.

Le train se met en marche comme le montrent les signes annonciateurs et le voyage peut commencer. La buée qui s'est formée sur les vitres est dispersée par la vitesse que prend le train mais aussi par le soleil qui commence à taper sur les fenêtres de chacun des petits compartiments du train : dont celui de Chems, Adaline et Lune. Quelque part après que Pré-au-Lard ait disparu du paysage extérieur, le garçon s’était extirpé de sa robe de sorcier.

Les jambes d'Adaline se croisent, alors qu'elle est toujours allongée. Et, discrètement, elle jette un de ces regards à Chems, le cœur gonflé de ce sentiment qui la prend quand elle le regarde sans qu'il ne le fasse en retour.

REWIND - 8 avril 2045
Le matin où les petits sorciers de Poudlard n'ont pas pu rentrer chez eux pour les vacances ; si Adaline a choisi de parler à Megan d'abord, elle n'a pour autant pas tardé à retrouver Chems dans la matinée avec une moue plaquée sur le visage et un air las. Si le garçon sait exactement pourquoi elle a cet air (parce qu'elle ne reverra pas Cassiopée et cette unique maison dans laquelle elle a une chambre, dans le petit hameau qu'elle aime tant), ce ne fut pas long pour qu'elle réalise qu'elle n'était pas la plus mal lotie et que sa moue devienne compatissante.

De son côté, Chems ne ressentait pas l’affliction ayant accaparé la plupart de son entourage, les jeux étaient faits depuis longtemps pour lui. Il avait négocié les vacances de Noël à la maison, Pâques ne faisait donc pas partie du plan depuis bien avant la décision de la direction. Ainsi, loin d’être affecté et le cœur plus léger que la plupart, il passait son temps dans le parc, un ballon au pied pour seule compagnie avec lequel il s’amusait à jongler au moment où la brune et sa petite mine s'approchaient. Ensoleillée avec juste ce qu'il fallait de brise, c'était vraiment une belle journée, ou du moins, aussi belle qu'elle puisse être en comptant le manque qui ravageait quelques élèves dont son amie abattue. Disons une journée pas trop mal alors. « Yo ! » Le ballon sauta encore une fois au-dessus de la jambe du garçon avant de se faire bloquer au sol par son pied.

- On fait une partie ?
- D'accord.

Avait mollement répondu Adaline, alors que voir son ami lui remontait pourtant le moral. Mais il n'y était pas tant, ce moral. Elle accepta quand même de jouer au ballon comme elle le pouvait ; plusieurs fois dans le passé Chems l'avait initié à ce jeu de balle moldu qu'Adaline appréciait assez d'habitude. Elle y jouait, ce jour-là, sans grande conviction cependant. Elle récupéra la balle plusieurs fois et la renvoya au garçon dans des échanges mous. Plusieurs fois, elle rata ses contrôles de ballon et se vit affublée d'un regard qui se voulait noir – sans être méchant. Elle haussait les épaules à chaque fois.

« J'y arrive pas. »

Elle finit par grogner, en s'asseyant dans l'herbe. Et voilà comment ils s’étaient retrouvé les yeux sur le lointain, vers le lac, la forêt et la limite infranchissable qui s’étendait au-delà du domaine de l’école. Là où Adaline aurait voulu partir. En attendant, le seul des deux élèves qui ne s’alanguissait pas avait bien du mal à rester calme, tripotant son ballon et ouvrant trop de fois la bouche pour ne rien dire au final, il songeait à reprendre son jeu en silence mais décida contre. « Ça va passer vite tu sais » aurait-il voulu la convaincre pour voir la mélancolie sur son visage disparaître.
La fillette hochait la tête mais la moue sur son visage ne semblait pas vouloir laisser sa place à un sourire.

Pourtant, au fil des jours, au fur et à mesure qu'elle se confiait sur ce qu'elle avait attendu de ces vacances, le sourire avait fini par s'installer durablement sur les visages des deux enfants. Et les nombreux mots qu'ils ont échangés ont traduit et même trahi de nombreux sentiments ; divers et variés, Adaline a parlé de sa cousine et de cette amertume qu'elle avait en arrière-goût parce que même si celle-ci était – pour reprendre les mots exacts de la fillette – ignoble et bien elle l'aimait. Cette cousine avait d’ailleurs été à l’origine d’un conflit entre les deux enfants alors qu’ils consommaient une quantité indécente des œufs en chocolat gracieusement déposés sur les tables de la grande salle le jour de la fête à l’origine des vacances. Qu’est-ce qui était mieux entre être là et être avec l’abominable Jane? Chems n’avait même pas vu la limite lorsqu’il l’avait franchi, mais pour qu’Adaline arrête si abruptement de manger du chocolat suite à la remarque, c’est qu’il devait y avoir quelque chose. Oh quel jour glacial que ce jour-là. « J’le pensais pas vraiment. C’était pas méchant je te jure » avait-il plaidé la cause de sa comparaison à Bigfoot deux jours de silence après. D’un mouvement vague de main dans le vent, Adaline avait dénoué le sujet et ainsi, ils s’étaient contentés de ce 'on en parle plus' muet.

Suivant cette péripétie, Adaline a aussi parlé du déménagement qu'elle imaginait avoir très bien vécu mais qui s'est avéré être la cause d'une tristesse latente parfois présente. Elle a aussi et bizarrement évoqué son cousin Nils avec une affection toute nouvelle et l'envie de le retrouver, comme si elle l'avait perdu alors qu'il arpentait lui aussi le château -et rendant Chems confus par la même occasion. La jeune fille avait finalement laissé exploser son cœur en s'exprimant sur toute la peine qu'elle éprouvait à rester là et combien sa grand-mère lui manquait – en vantant bien sûr tous ses pouvoirs et sa sagesse. Plus elle lui parlait d'elle, et plus le garçon sentait un respect pour cette grande femme. Cassiopée Miller avait vraiment l'air d'être super. Non. Elle l'était tout court. « Et si tu le lui disais dans une lettre ? » avait proposé Chems pendant leur révision en claquant un parchemin sur la table de travail de la salle d'étude qu'ils s'étaient mis de plus en plus à fréquenter depuis leur entraînement d'avant-duel —s'en retirant également un pour gribouiller un mot pour son père. En réalité, l’irlandais cherchait juste un prétexte pour faire une pause, et surtout, éloigner Adaline de ses notes de métamorphose. Sur une échelle de "aimer raisonnablement cette matière" à "en être frappé", il y avait des chances que la brune ait dépassé le dernier palier en sachant qu'il connaissait moins bien ses propres cours de troisième année qu'elle.
Et c'est aussi pour tous ses sentiments qui lui ont été révélés en avril qu'Adaline jubile de joie, couchée sur cette banquette. Le printemps a fait naître chez elle quelque chose de tout nouveau en lui permettant de s'extravertir un peu plus. Même si l'air qu'elle affiche et sa démarche sont toujours fermées, il arrive qu'on la croise en train de rire à gorge presque déployée. Et on a même pu la croiser aux côtés de son cousin en pleine conversation chuchotée.

Mais c'est aussi parce que les révisions puis les examens ont pris fin qu'elle se prélasse. Et que les notes qui sont tombées ont été à la hauteur de son investissement, elle y pense d'ailleurs avec un sourire en coin, et baisse la main pour caresser Lune allongée plus bas. Jusqu’à présent, Chems n’était pas convaincu du dénouement autour l’histoire de Jane et aurait voulu y revenir. Cependant, face à une Adaline si sereine, il préféra se garder de l’évoquer pour l’instant, laissant les ronronnements du chat emplir la cabine. Cela irait dans une lettre pendant l’été, sans faute.

REWIND - 29 mai 2045
Le repas dans la Grande Salle prend une toute autre allure ce matin. Les conversations sont faibles et personne ou presque n'ose rire.

La petite Gryffone s'avance dans l'allée, en longeant la table de Poufsouffle, pour trouver Chems. Ses yeux sont lourds de cette nuit qu'elle n'a pas passé à dormir, mais ils parviennent quand même à repérer la chevelure ébouriffée du garçon qu'ils cherchent. Adaline s'assied lourdement à côté de lui. Elle a déjà compris et entendu les récits de ce qu'il s'était passé, avant même de descendre au petit-déjeuner oui. Et elle montra une face éberluée qui voulait dire : c'est trop dingue non ? Chems aurait pu la voir s' il n’était pas courbé front contre la table. Il sait cependant, du revers rouge de la robe de sorcier qu’il perçoit dans sa vision périphérique, qui s'est approché.

Hier, tous ceux présents avaient attendu un mouvement. Tout le monde a voulu voir le drap recouvrant la forme immobile de Dai Hong Dao se redresser, comme l’avait faite celle de Lupus Malfoy avant elle. Ce n’est pas ce qui s’était passé cependant.

Elle avait été la représentation d’une mauvaise nouvelle depuis son arrivée. N’inspirait qu’horreur et méfiance. C’était elle qui avait fêlé d’un premier coup de marteau la glace de fantaisie à travers laquelle il voyait le reflet de Poudlard. Le poufsouffle ouvrit la bouche pour la première fois ce matin pour chuchoter contre la table : « Je l’ai jamais aimé. » Et la vérité, c’est parce qu’elle avait été le premier rappel vers une réalité hideuse que Chems ne voulait pas voir. Et la Rouge avait grogné. Elle avait grogné parce que Dai a eu dans son esprit, depuis sa fracassante arrivée à Poudlard et encore après sa mort, une place particulière.
Désormais, il n’y avait que ça à scruter : des décombres fumantes décrites dans la Gazette, celles du ministère, de l'hôpital et de Zhuangyán. – Adaline n'en avait fait fi, pourtant, et Chems n'avait pas parlé des nouvelles qu'il avait appris. C'est sûrement parce la fillette a dédié son dernier mois à des révisions acharnées et fermé ses écoutilles presque complètement à ce qui pouvait bien se tramer au dehors.

La seule pensée concernant la défunte qui hantait le poufsouffle désormais était comment il était si profondément affecté par son départ quand bien même il l’avait autant souhaité à son arrivée au château.

Cela fait déjà un moment qu’ils sont montés dans le train. Chems a pu demander si Adaline allait revoir Jane pour ces vacances, et un éclat de réminiscence avait éclairé leur deux regards au souvenir de leur dispute de trois jours. Et après que cet éclat soit passé, la fillette a pu lui évoquer cette étrange envie d'aller visiter la Citadelle, savoir ce qu'il s'y passe. Cette forteresse aux allures imprenables est bien mystérieuse pour quiconque n'en a qu'entendu parler. Voir Godric's Hollow de ses yeux, Chems l’avait aussi souhaité un moment, cependant depuis sa transformation le lieu n'exerçait pas la même attraction sur lui.

Les souvenirs évoqués par l'un comme par l'autre, d'abord oralement puis mentalement dans les esprits de chacun, ont fini par avoir raison de l'organisme d'Adaline qui, trop bouillant d'enthousiasme, a fini par sombrer dans une profonde rêverie.

Pensant Adaline somnolente pendant un bout de chemin, Chems sort et partage le biscuit à la guimauve qu’il s’est payé du chariot à bonbon en deux puis pose un morceau sur le siège l’air de rien, côté guimauve vers le haut. La main d'Adaline qui caressait Lune il y a de ça un petit moment pend maintenant dans le vide. Le chat s'approche de la gourmandise pour sentir puis s'en lèche les babines.

TCHOU TCHOU résonne en même temps que le crissement caractéristique des roues de l'imposant train rouge.


Cela suffit à réveiller Adaline qui, si elle ne dormait pas, était bel et bien perdue au fin fond de ses pensées. Elle se redresse presque d'un bond pour découvrir Lune lovée aux côtés du garçon, sur la banquette d'en face. Un sourire illumine son visage et son cœur en le réalisant. Mais un peu de tristesse voile ses yeux. Puisque c'est la fin du voyage...

« On dirait qu'on est arrivés » grogne-t-elle. tandis que Chems colle son nez contre la vitre. L’ambiance se tamise d’un coup avec l’entrée en gare du train. Les parents partagent l’espace avec les manteaux noirs à l’extérieur. « Qui vient te chercher ? » s’enquit le garçon, curieux, en cherchant dans la foule un visage qu'il n'a jamais vu mais dont il croit pouvoir détecter la ressemblance avec son amie. Ça en devient presque un défi personnel jusqu'à ce qu’Adaline ne le prenne en pitié et dévoile finalement le prénom qui avait été au cœur de tant d'éloges par le passé. Souriant à la foule, Chems ne se surprend pas de l’apprendre. Il a l’impression de déjà la connaître.

Une fois la locomotive arrêtée, les bagages récupérés et la cabine fouillée pour être sûrs de n’avoir rien oublié, les deux enfants sautent ensemble les trois marches du train, restant côte à côte pour chercher leur proche à l’extérieur. Avec eux, dans la cage de transport, Lune.

Le plus grand trouve sa mère en premier. Ce n’est pas difficile en même temps, elle contraste bien avec son tailleur beige. Bras croisés, un peu à l’écart de la masse de parent, il sait qu’elle l’a vu lorsque celle-ci relâche ses bras et modifie légèrement sa posture. Pour autant et elle ne s’approche pas et ne manifeste aucune intention de le faire. De l'autre côté, les yeux de la seconde cherchent les cheveux blancs de sa grand-mère et son sourire éclatant. Dans la foule, la silhouette violette (elle l'est souvent, de par ses robes de sorcières) de Cassiopée se détache petit à petit. Si son sourire n'est pas éclatant, son visage est illuminé tout entier. Et au contraire de la mère du garçon, Cassiopée s'approche décidément des deux enfants.

« Cassiopée ! s'exclame Adaline, en tirant Chems par le bras. Je vais te la présenter ! » Si Adaline est une de ces enfants qui aiment prétendre ne pas l'être, dans ces éclats de voix : elle oublie toutes ses manières. La joie explose presque dans son sourire et le pétillement de ses yeux. Emporté par l’élan de la brune, l’irlandais trébuche, extirpé du duel silencieux qu’il a engagé avec sa mère. « Attends ma valise ! »

Quelques pas suffirent à Adaline et Chems pour rejoindre la sage silhouette qui s'est arrêtée là. D'un geste de la main, Cassiopée les salue. On dirait qu'elle évite de laisser son regard trop longtemps sur ce garçon, qu'elle voit pour la première fois, et c'est certainement une marque de politesse.
« Je te présente Chems, déclare la fillette, qui jette des coups d'œil à Lune, dont elle tient la cage.
- Bonjour réagit l'autre enfant, immédiatement derrière, calé au-dessus du salut militaire le moins formel de la terre.
- Enchantée Chems, elle répond avec un sourire sincère. Vous avez fait bon voyage ? »

Alors que la discussion s’engage, le garçon peut constater pour lui-même qu’Adaline n’a accentué en rien les qualités de Cassiopée. Face à sa gentillesse et sa douceur, il s’oublie. Sa voix s’emporte en exclamation, il se remet à parler avec ses mains alors que les anecdotes passent dans un flot de parole de plus en plus animé. Le plus surprenant sans doute, c’est lorsque qu’Adaline le rejoint avec autant d’ardeur. De leur deux voix, celle du garçon prend toujours le pas sur celle de la brune dans les discussions avec les autres élèves autour de la table des poufsouffles ou ailleurs. Mais pas cette fois. Pas face à Cassiopée. À eux seuls, ils font le peu d’ambiance du quai sans s’en soucier. Du voyage, le sujet vole naturellement vers le château et les études —on se demande pourquoi la voix du garçon perd soudainement de son volume au moment d’évoquer les derniers examens.

Puis le moment de se séparer pour de bon arrive; trop vite au goût de l'un et de l'autre.

« Je t’écrirai vite » il assure à Adaline l’air confiant, et cette dernière hoche vivement la tête pour lui répondre. L’aurevoir le pince toujours cela dit, plus encore alors qu’il s’approche du visage fermé de sa mère pour qui il a quitté deux mines rayonnantes.

De son côté, Adaline et Cassiopée regardent le garçon s'approcher de sa mère en mouvement de la main pour lui dire au revoir. Mais elles ne s'attardent pas plus, même si Adaline l'aimerait beaucoup tant son cœur est serré, et se hâtent presque jusqu'au chemin de traverse dans l'idée de trouver la cheminée par laquelle est arrivée Cassiopée.

Fin.

Animagus renard polaire
6ème année