Patronus, c'est quoi un Patronus ? Ce terme, que Bad avait entendu en écoutant indiscrètement une conversation entre deux élèves de Serpentard durant le petit-déjeuner, était inconnu du garçon. Soucieux de combler cette lacune, le jeune préfet s'était mis en route, direction la bibliothèque pour en apprendre davantage sur ce fameux Patronus.

Après avoir demandé au bibliothécaire où il pouvait trouver un ouvrage qui répondrait à sa question, Bad se dirigea vers l'étagère indiquée. Arrivée à hauteur de celle-ci, il fit glisser son index le long des différentes couvertures de cuir, en humant l'air de ce lieu de savoir, jusqu'à finalement atteindre le livre recherché. 'Se protéger des Moremplis' de 'K.F. Lloyd'. Le Serdaigle ne connaissait ni l'auteur ni ce qu'était un Moremplis. Décidément, cette journée semblait briller sous l'étoile de l'inculture pour le préfet.

L'ouvrage à la main, Bad trouva rapidement une table libre où s'installer pour commencer sa lecture. De nombreuses pages étaient collées entre elles et l'adolescent se dit qu'il n'avait pas dû être consulté depuis un bon moment. Le sommaire lui indiqua la section qu'il recherchait. 'Chapitre 4 - Les sortilèges de défense'. Puis, un peu plus bas. '4.1. Le sortilège du Patronus'. Bad atteint la page indiquée et commença sa lecture.

Après quelques minutes et de nombreuses découvertes, le Serdaigle pensait en avoir compris l'essentiel. Un Patronus était un esprit protecteur qui généralement servait de bouclier face à certaines créatures. Il pouvait même être utilisé afin de délivrer un message. En repensant au sortilège Protego qu'il avait étudié en début d'année, Bad se dit que maîtriser le sortilège du Patronus serait le moyen de devenir encore plus fort. Toujours cet objectif dont il ne pouvait désormais plus se détacher. C'était ancré et rien ne pouvait l'en défaire. Cependant, il était écrit dans l'ouvrage que seuls les sorciers dotés d'une grande puissance magique étaient capables de faire apparaître un Patronus. Bad savait que tenter un sortilège qui dépassait les capacités d'un sorcier était dangereux pour celui-ci. Il avait failli en faire les frais et les remontrances de Miss Holloway lui avaient servi de leçon.

Le préfet referma l'ouvrage dans un claquement sec. Un léger nuage de poussière s'en échappa, ce qui fit éternuer le Serdaigle. En cherchant un mouchoir en tissu dans son sac, il vit une inscription sur le côté de la table. Un élève semblait s'être amusé à graver un message à destination des prochains destinataires. 'La Meta, j'aime pas ça'. Bad ne s'y attarda pas mais ressentait déjà une certaine colère envers l'auteur. Déjà abîmer le matériel lui semblait inconcevable mais ne pas aimer la Métamorphose encore plus. Dans un soupir, il ferma son sac et recula sa chaise. Il avait obtenu son information et allait pouvoir se détendre quelques heures en salle commune.

Sa blessure datait maintenant de quelques jours, elle allait bientôt pouvoir enlever le bandage qui restait sur son bras comme un souvenir de ce moment. Rendre ce service à la directrice n'avait pas été du tout repos et elle en avait écopé, comme à presque chaque service qu'elle rendait finalement, d'un passage à l'infirmerie. Mais, ce n'était pas forcément l’événement qui l'avait le plus marqué. Elle avait eu la chance, ou malchance si on prenait le point de vue de son bras, d'approcher de très près, trop près là encore selon le point de vue, de Ludwig le Fléreur. Malgré la finalité quelque peu mouvementé de leur rencontre, elle avait eu envie d'en savoir plus à ce sujet. Il lui était arrivé de croiser cet animal furtivement dans le Château, mais trop rapidement et de trop loin pour qu'elle s'y intéresse vraiment. Et cette cuisante rencontre avait attisé sa curiosité à son égard. Ayant été plutôt occupée durant la semaine par un devoir de Sortilèges qui lui avait prit beaucoup plus de temps que prévu, elle n'en avait pas trouvé pour faire des recherches sur la créature. Mais en samedi matin elle s'était dégagé du temps pour pouvoir enfin passer à la Bibliothèque.

Elle avait rapidement parcouru le rayonnage dédié aux Créatures magiques, qu'elle connaissait bien, et avaient attrapés 3 livres qui parlait de la créature qui l'intéressait. Les ouvrages en main elle chercha une place où s'installer. Comme souvent elle n'était pas la seule à fréquenter ce lieu. A croire qu'en chaque élève de Poudlard se cachait une créature studieuse et déterminée à passer tout son temps à étudier. Ou à bavarder. D'un regard réprobateur elle ne pouvait s'empêcher de lorgner de loin certains élèves bien trop bruyants pour ce lieu supposé calme. Discuter et échanger elle pouvait le comprendre. Mais rire aux éclats c'était à la limite du tolérable. Enfin bon ce n'était pas à elle de gérer ça et il était probable qu'ils s'en rendent compte et se calme par eux même. Enfin il fallait l'espérer.

Cherchant une table libre où s'installer, elle reconnut une silhouette familière de dos. Bad. Si il y avait bien quelqu'un que la Poufsouffle était toujours ravie de croiser c'était bien le Serdaigle. Elle n'avait pas encore eut l'occasion de le croiser depuis son incident avec le Fléreur et il lui tardait de raconter cette anecdote. C'est donc le pas rapide qu'elle rejoignait la table où il était installé.

Arrivant dans son dos, elle aborda l'adolescent en lui posant brusquement une main sur l'épaule, le sourire aux lèvres.

- "Bonjour Monsieur le Préfet ! Bien studieux comme à votre habitude!" Elle posa ses ouvrages sur la table et s'installa en face de lui sans vraiment demander son avis au garçon.

- "Oh, tu lis quoi? Ou plutôt tu lisais quoi, t'étais sur le point de partir?" Demanda-t-elle au Serdaigle d'un air emplit de curiosité. Pour autant, sans attendre la réponse elle enchaîna. "Je me permet de m'installer avec toi quand même. Il n'y avait pas vraiment d'autres places et en plus j'ai quelque chose à te raconter ! S'exclama-t-elle en montrant son bras les yeux pétillants, tout en gardant le contrôle de sa voix pour ne pas déranger les travailleurs des tables voisines.

Alors que Bad s’apprêtait à se lever de sa chaise, une petite main se posa sur son épaule. Le garçon ne put retenir un petit sursaut de surprise qui accéléra spontanément les battements de son cœur. Mais une fois l'étonnement passé, Bad se détendit rapidement. Avant de la voir ou de l’entendre, le garçon avait déjà reconnu la présence de Lilly derrière lui. Cette main, il l’avait soigné. Enfin, transformer en boule de bande pour être plus précis.

C’est le sourire aux lèvres qu’il écoutait la Poufsouffle le saluer. Studieux, il l’était. Mais adolescent encore davantage. Surtout le week-end. Prendre le temps de discuter et s’amuser avec ses amis passait avant toute recherche dans les livres ou toute révision pour les cours. Lilly s’assit alors devant lui. Finalement, il allait resté plus longtemps que prévu à la bibliothèque. Leurs rencontres étaient trop occasionnelles au goût du Serdaigle qui était ravi de pouvoir enfin partager du temps avec la Poufsouffle.

« Salut Lilly ! Oui, j’ai fini une recherche sur un truc et j’allais partir. Mais maintenant que t’es là, je vais revoir mes plans ! »

Bad lui sourit mais la jeune fille l’écoutait à peine. À en croire ses paroles, elle avait quelque chose d’important à dire et rien ni personne ne semblait pouvoir la freiner dans son élan. Lorsque Lilly lui montra son bras bandé, Bad s’écria sans contrôler le volume de sa voix :

« Mais non ! »

Le préfet s’excusa rapidement auprès des autres élèves du bruit de son exclamation en levant le bras puis plaqua la main sur sa bouche pour signifier à tous qu'il allait se taire. Il fixa ensuite Lilly, les yeux grands ouverts et plein de surprises.

« Dis-moi pas que tu as encore tenté de graver des runes ? À ce rythme là, tu finiras jamais l’année en un seul morceau ! Mais qu’est-ce que t’as fichu ? Ça fait mal ? T’es allée à l’infirmerie ? Bad ne prenait même pas le temps de reprendre son souffle et questionnait Lilly à la vitesse d'un Éclair de Feu. T’aurais dû me demander, je serais venu avec toi ! C’était quand ? Tu vas garder ton bandage encore longtemps ? Tu l'as fait toute seule ? »

Bad s’arrêta net en se rendant compte qu’il assaillait la pauvre fille d’un flot indigeste de questions. Il avait envie de tout savoir des circonstances de la blessure mais ne laissait pas à Lilly les moyens de répondre. En s’en rendant compte, le Serdaigle, un peu embarrassé, rougit légèrement.

« Excuse-moi avec mes questions. Vas-y, je te laisse tout me raconter. Mais s'il te plaît, n’oublie rien ! »

Bad posa les coudes sur la table et croisa les doigts pour y déposer son menton. Ses oreilles étaient grandes ouvertes au récit de son amie.

Quelle chance d'être tombé sur son ami ! C'était en partie pour se souvenir de lui raconter son anecdote qu'elle avait demandé à avoir un bandage à l'infirmerie. Sans cela, Lilly bien trop tête en l'air aurait laissé cette histoire passer à la trappe ce qui aurait été fort dommage car elle était certaine qu'elle intéresserait le Préfet.

Le sursaut qu'il eut à son approche la fit rire intérieurement. Et la rassura également. Elle n'était donc pas là seule à réagir de la sorte et ce n'était donc pas un signe de faiblesse. Bad était quelqu'un de solide dans ses actions et ses convictions, et Lilly l'admirait et l'appréciait en partie pour cela.

Un franc sourire s'afficha sur son visage lorsque le jeune garçon confirma qu'il allait bel et bien rester en sa compagnie. Le sourire semblait s'élargir encore suite à son exclamation non contrôlée qui lui valu des réprimandes d'élèves voisins bien mécontents de se faire déranger en plein travail.

- "Pfff mais non t'es bête ! Tu sais bien que je me tiens à distance des runes depuis la dernière fois. Je suis peut-être bête mais pas complètement stupide." Dit-elle tout en haussant les yeux au ciel d'un air faussement vexé. Le rythme déchaîné des questions qu'il lui posait continuait à la faire sourire. Elle avait réussie à capter son attention et en était plus que ravie. Sans savoir pourquoi, cela lui fit également plaisir de le voir rougir. Elle avait plus d'une fois eut les joues rougeoyantes en sa présence et était contente que la situation soit inversée pour une fois. Elle savait que ce n'était sûrement pas pour les mêmes raisons, mais quand même.

- "D'acc je te raconte d'abord mais ensuite c'est ton tour de me dire sur quoi portait cette petite recherche" Dit-elle en désignant d'un geste de la tête le livre refermé par le Serdaigle.

- "Je suis bien allée à l'infirmerie et c'était il y a quelques jours, mardi je crois. Et non je n'ai pas fait le bandage toute seule. Notre cher infirmier l'a fait pour moi. Je voulais te demander de venir avec moi parce que ...." Elle laissa sa phase en suspens comme hésitante quand à la suite qu'elle allait lui donner. "parce que ben je sais que tu adores apprendre de nouvelles choses dans ce domaine. Mais t'en fait pas j'ai tout bien regardé et observé et je t'expliquerai. J'ai voulu rendre service, encore une fois me diras-tu, en partant à la recherche du Fléreur de Miss Loewy." Elle raconta ensuite sa course poursuite dans le château avec l'aide du garçon de Serpentard, leur fouille méticuleuse à travers une grande partie de Poudlard, ne lésinant pas sur les détails, tout en rendant son discours le plus vivant possible, mimant à tout vas ses recherches et expressions du moment.

- "Et puis finalement, bam je l'ai trouvé. T'imagines bien comment j'étais contente et fière d'avoir attrapé le précieux animal ! Mais arrivé devant la porte de la directrice. Bam! Le voila qui s'énerve et essaie de s'échapper à nouveau. Il a prit appui sur moi, ou m'a griffé volontairement je n'ai pas trop eut le temps d'analyser la situation. Et voilà le résultat." Dit-elle en désignant de son autre main le bandage qui entourait son bras.

- "Le pire c'est que la Directrice à ouverte sa porte juste au moment où j'avais sauté sur ce gros chat pour l'empêcher de se faire la malle. T'imagines bien qu'elle n'était pas ravie ravie de me voir écraser sa pauvre bête. Tu te doutes bien que j'ai bien du mal à être délicate." Elle ponctua sa phrase d'un petit pouffement pour ne pas déranger plus que de raison les tables voisines et leurs occupants.

- "Et bien que j'essaie de m'endurcir face à la douleur, bah ça brûlait quand même vachement et il avait bien enfoncé ses grosses griffes dans mon pauvre petit bras." Elle passa la main sur son bandage en mimant une grimace, se souvenant de la cuisante douleur qu'elle avait ressentit à ce moment.

Lilly ne semblait pas plus dérangée que cela par la vague de questions du garçon. Au contraire, la jeune fille - qui n’avait pas sa langue dans sa poche en présence de Bad - donnait l'impression de prendre de prendre un réel plaisir à y répondre comme en témoignait son large sourire.

La Poufsouffle lui expliqua avoir voulu rendre service à la directrice de Poudlard en partant à la recherche de son Fléreur. Ce dernier l’aurait griffé en tentant de s’échapper. Aïe. Il était clair que si Miss Loewy lui avait demandé le même genre de service, Bad n’aurait pas pu refuser lui non plus. Mais les créatures magiques et lui, ça faisait deux. Le préfet était heureux d’avoir échappé à cette corvée. Un sentiment renforcé en voyant ce gros bandage.

Mais dans le récit de Lilly, ce qui capta le plus l’attention de Bad, ce fut une légère hésitation de son amie. Sa spontanéité s’était stoppée une fraction de seconde comme si elle doutait de pouvoir lui dire quelque chose. Cela ne lui ressemblait pas. Interprétant comme il le pouvait ce léger flottement, le Serdaigle sentit un nœud dans son ventre. La jeune fille assise en face lui paraissait différente comme si soudainement le regard de Bad sur la Poufsouffle avait changé. Ses joues reprirent la teinte rouge qu’elles avaient réussi à abandonner ces dernières secondes.

Reprenant le cours de l’aventure de Lilly, le garçon chassa ses errances et rebondit sur la tentative de meurtre sur le Fléreur :

« Haha ! Tu m’étonnes qu’elle ne devait pas être très contente en te voyant écraser son animal ! Bad rigola en cœur avec son amie. Tu aurais pu avoir une retenue ! »

Mais malgré les rires, Lilly semblait quand même en avoir bavé avec cette blessure. Pris de pitié et sans lui demander son avis, Bad saisit délicatement le poignet de Lilly et l’approcha devant lui, paume vers le haut. Le regard fixé sur le bras blessé, il soupira :

« C’est vrai que ça doit faire vraiment mal ... »

Malgré la décontraction avec laquelle Lilly avait raconté son histoire, Bad réalisa que cela faisait deux fois en peu de temps qu’elle se blessait. La prochaine fois serait peut-être plus dramatique si elle continuait comme cela. Hors de question pour le préfet de laisser l'impensable arriver sans rien faire. Le poignet de la jeune fille toujours entre les mains, Bad sentait son pouls au rythme des battements de son cœur. D’un ton sérieux, il leva les yeux vers la Poufsouffle :

« Il faut vraiment que tu fasses attention à toi, Lilly. Je veux pas qu’il t’arrive quelque chose de grave. Tu dois absolument apprendre à te protéger. »

- "Pfff une retenue comme si j'avais le temps d'aller en retenue avec tout le travail qu'il y a à faire déjà ...Et puis même si j'en avais eu une ça aurait valu le coup. Tu sais comme j'aime tout ce qui touche aux créatures en tout genre. C'est un honneur même que d'avoir pu en approcher une de si près, même de cette façon peu conventionnelle." Dit-elle en prenant un air sérieux que prenaient souvent les nobles dans leurs tableaux. Et alors qu'ils rigolaient tous les deux, Bad sembla se concentrer de nouveau sur la blessure.

Lilly s'était attendu à un autre flot de questions de la part de son ami. Elle en aurait mit sa main à couper, façon de parler étant donné la résistance à la douleur plus que minime de la jeune fille, que celui ci ne se serait pas fait prier pour l'interroger à propos des techniques de soins et de prise en charge pour sa plaie. Il avait en effet semblé plus qu'intéressé lors de leur dernière virée à l'infirmerie. Et pourtant sa réaction laissa la Poufsouffle interdite. Le flush rougeoyant sur les joues de ce dernier n'échappa pas à l'adolescente qui n'avait que rarement, voir jamais, été témoin de cela de la part du Serdaigle. Les joues de la Poufsouffle se vêtirent de la même couleur lorsque le jeune homme lui prit le poignet sans prévenir. Il semblait fixer son bandage, presque inquiet. Les rires et toute esquisse de paroles de la part de Lilly s'arrêtèrent immédiatement. Le temps semblait se ralentir tandis que sa concentration toute entière était dirigé sur le mince contact qu'ils avaient à ce moment précis. Elle sentait les battements de son coeur battre dans son corps tout entier.

Elle avait envie de tenter une petite blague sur la douleur provoqué par la blessure. Mais aucun son ne réussit à sortir de sa bouche. Elle avait bien trop peur de bégayer. Et son corps semblait tétanisé, comme dans l'impossibilité de bouger. Elle n'osait retirer son poignet des mains du Serdaigle, la chaleur qui se dégageait de ce mince contact lui semblait bien trop agréable.

Son cœur, qui battait à une vitesse déraisonnable, parut manquer un battement lorsqu'il releva les yeux vers elle et que leurs regards se croisèrent. Bien sûr elle l'avait déjà vu plus d'une fois, et avait eu plus d'un pressentiment en rougissant en sa présence. Mais aujourd'hui, quelque chose s'imposa comme une évidence.

Devant l'inquiétude non déguisé du garçon, elle parla avant de réfléchir, et ses muscles semblèrent mettre une éternité à répondre, si bien qu'elle bégaya, comme elle l'avait craint.

- "J...Je... Heu..." Une grande inspiration réussit à la calmer et même si ses joues étaient toujours bien rouges, elle réussit à enchaîner sur une phrase plus sensé. "Je suis maladroite certes, mais ne t'en fais pas va tu sais que je suis une dure à cuire !" Elle le fixait toujours dans les yeux. Cela était difficile pour elle de regarder ls gens dans les yeux. Mais avec lui, à ce moment précis, cela lui semblait si simple. Un sentiment de sécurité l'envahissait lorsqu'elle était en présence de Bad. Elle venait de l'admettre. Elle posa sa main libre sur l'avant bras de l'adolescent.

- "Et puis de toute façon je sais que je pourrai compter sur toi pour me soigner si jamais il devait encore m'arriver quelque chose. On dit bien jamais deux sans trois après tout. Ou bien tu pourrais continuer à m'entrainer, comme en première année!" Elle laissa quelques secondes s'écouler, comme pour profiter un peu plus de ce contact avant de retirer ses deux mains doucement, comme à regret, pour pouvoir enlever son bandage et le rassurer.

- "D'ailleurs il n'y a plus rien tout est parfaitement cicatrisé, regarde." Dit-elle en souriant à nouveau, comme si elle ne pouvait s'en empêcher.

L’ombre d’une retenue ne paraissait en aucun cas effrayer Lilly. Elle semblait moins s’en préoccuper que le préfet. Lui n’aurait pas dormi, rien qu’ à l’idée d’avoir été puni par l’un des adultes du château. La Poufsouffle prenait cela avec une indifférence qui faisait sourire le garçon. Décontraction et humour étaient des traits de caractères de Lilly qu'appréciait Bad et cela expliquait pourquoi il aimait tant passer du temps avec elle.

Mais lorsque le Serdaigle lui avait saisi le poignet pour observer la blessure, la Poufsouffle semblait s'être soudainement tue. Bad sentit une tension s’installer. Il savait que ce n’était ni le geste ni les paroles qu’il avait prononcées qui auraient pu blesser Lilly. L’électricité dans l’air était dûe à quelque chose d’autre. Quelque chose de plus fort. Des sentiments, qu’aucun des deux adolescents n’osait admettre, jaillissaient sans qu’ils ne puissent les réprimer. Comme si les fauves avaient posé une patte en dehors de leur cage. Prêts à bondir.

L’atmosphère était lourde et le contact visuel entre les deux élèves ne l’allégea en rien. Finalement, Lilly, visiblement troublée, rompit le silence. Elle posa même sa main sur l’avant-bras de Bad. Un frisson parcourut le corps de ce dernier. Ce geste le troublait et il n'arrivait plus à réfléchir. Devait-il l'interpréter comme une envie de la jeune fille d’aller plus loin ou comme un geste anodin de sa part ? Se berçait-il d’illusions ou ce doux moment de trouble était-il partagé ? Bad restait immobile à écouter la jeune fille. D'un côté, il profitait du moment en tentant de le prolonger le plus possible. D'un autre autre, il n'avait pas le choix car il était paralysé par la crainte de la suite des événements. Le Serdaigle se demandait ce qu’il devait faire ou ce qu’il devait dire. Il allait tenter quelque chose quand Lilly retira ses mains mettant un terme à ce que le commun des mortels aurait pu appeler “une occasion”.

Entre déception et soulagement, Bad fixa le bras débarrassé de sa bande. Il resta le regard bloqué quelques secondes avant de répondre en souriant à son interlocutrice.

« Mr Mason est vraiment très doué ! Difficile d’imaginer que tu étais blessée ! »

D’un ton taquin, il ajouta :

« On pourrait presque croire que tu as imaginé toute cette histoire de Fléreur ! »

Bad rigola avant de tendre ses bras contre le bord de la table pour tenir en équilibre sur les deux pieds arrières de sa chaise. Il n’arrivait pas à oublier le moment de flottement précédent qui s’était gravé dans son esprit. Le préfet détailla visuellement chaque partie du visage de l’adolescente face à lui. Celle qu’elle était aujourd’hui n’était plus celle qu’il avait rencontré il y a trois ans. Il revint alors aux mots qu’avait eu la Poufsouffle quelques instants plus tôt.

« Tu sais Lilly, je crois que tu n’as plus besoin de moi. Tu es beaucoup plus forte que lors de notre première rencontre. On en a fait du chemin tous les deux mais je me rends compte aujourd’hui à quel point tu es devenue une bonne sorcière. Et une fille géniale aussi ! Je suis sûr que tu atteindras tous tes objectifs. Je crois vraiment en toi. »

Bad lui sourit tendrement.

En effet, il n'y avait plus rien du tout sur son bras, l'infirmier était vraiment très doué. Car malgré le fait que la blessure n'était certes pas très profonde initialement, c'était quand même incroyable qu'il n'en reste absolument aucune trace.

Tout en écoutant le Serdaigle, elle prend soin de plier doucement et précautionneusement son bandage, comme si elle y tenait, avant de le ranger dans son sac. Une fois lavé, il y avait peut-être moyen d'en trouver une quelconque utilisation?

- "Comment ça imaginer?! Je te permet pas, je suis déjà assez malchanceuse comme ça pour avoir le temps et le désir de m'inventer d'autres histoires. Non mais oh!" Elle ne peut s'empêcher de lui tirer la langue par provocation. L'instant qu'ils ont partagés semblent s'effacer doucement et ils en reviennent à se taquiner et à échanger comme ils l'ont toujours fait. Elle ne saurait pas dire si elle était déçue ou rassurée. Elle aimait vraiment beaucoup Bad. Mais elle ne savait pas vraiment comment le définir.

Pourtant il continuait à la fixer, un peu trop intensément. Elle fit de son mieux pour ne pas rougir de nouveau et paraître détendue au possible. Mais ses yeux étaient vraiment magnifiques. Verts. Sa couleurs préférée. Si beaux. Elle aimait beaucoup les regarder. Un peu trop. Elle ne pouvait s'empêcher de fixer son sourire aussi. Elle était à la fois à l'aise d'être avec lui et à la fois troublée par sa présence. C'était... étrange.

Elle n'était pas certaine de savoir comment interpréter les dernières paroles de l'adolescent. Il semblait vouloir mettre de la distance entre eux. Elle se recula et plaqua son dos sur le dossier de la chaise, prenant un air faussement à l'aise et mettant ainsi plus de distance entre eux qu'il avait commencé à en mettre en se balançant sur la sienne.

- "Tu es mon meilleur ami bien sûr que j'ai besoin de toi." Dit-elle en levant les yeux au ciel de manière exagérée, toujours sur le ton de la rigolade. Car c'était ce qu'il était après tout, son meilleur ami. Mais en était-elle satisfaite? Et lui? Elle guettait en tout cas la réaction du jeune garçon suite à cette phrase, voir ce que lui en pensait. Peut-être y percevrait-elle quelque chose?

Les compliments de Bad la firent en tout cas rougir de plaisir. Elle prenait de plus en plus confiance en elle et en ses capacités, mais un compliment lui faisait toujours cet effet là. Surtout venant de quelqu'un dont elle était si proche et qui l'avait connu alors qu'elle n'était franchement pas très douée.

Ne voulant pas s'attarder sur la question et souhaitant changer de sujet pour un un peu plus banal, elle secoue la main d'un air désintéressée toujours en levant les yeux au plafond suivit d'un petit "Pfff" moqueur et change rapidement de sujet.

- "Bon et tous ces livres alors c'est à propos de quoi? Tu faisais quoi comme mystérieuses recherches?"

Elle essayait de diriger sa curiosité sur ce qui l'occupait avant son arrivée, ce qui l'intéressait sincèrement, mais il y avait tant d'autres questions qu'elle aurait aimé lui poser à ce moment.

À sa boutade, Lilly fit semblant de prendre la mouche. Une attitude qui ne surprenait plus Bad qui gardait son sourire en sachant le second degré dont elle pouvait faire preuve. Le garçon retrouvait sa relation amicale avec la Poufsouffle. Le moment étonnant, perturbant mais aussi magique qui s’était déroulé quelques instants plus tôt semblait lentement s’éloigner. Pour une durée déterminée ou non, personne ne pouvait le prévoir. Le garçon n’avait pas été capable de saisir la balle au bond et elle était désormais partie bien trop loin pour qu’il la récupère. Mais peut-être qu’une nouvelle occasion se présenterait à lui. Il l'espérait en tout cas. Bad aurait pensé être rassuré de pouvoir se raccrocher à une situation amicale qu’il maîtrisait, qui le rassurait et dans laquelle, il se croyait épanoui. Mais la réalité était tout autre. En son for intérieur, il s’en voulait d’avoir été si lâche. Ces regrets risquaient de lui tenir compagnie un long moment.

Tu es mon meilleur ami. Ces quelques mots refroidirent Bad. Un ami, c’était la vision que Lilly avait de lui. Et si cette parenthèse enchantée n’avait été qu’une pure illusion. Un scénario improbable créé de toutes pièces par son cerveau. Un fantasme d’adolescent. Faisant retomber sa chaise sur ses quatre pieds, Bad croisa les mains derrière la tête avant de soupirer discrètement.

J’ai besoin de toi. À contrario, cette fin de phrase accompagnée du visage rougissant de Lilly lui envoyaient des signaux contradictoires. Peut-être se faisait-il à nouveau des films et interprétait-il les choses comme il le désirait. De manière erronée à coup sûr. Le garçon ne savait plus sur quel pied danser. Et en danse, il était loin d’être bon ...

Bad ne savait pas quoi ajouter. Il avait livré - en partie seulement - la manière dont il avait vu évoluer Lilly au cours de ces années. Mais avouer que son regard avait changé sur elle lui avait semblé trop difficile. Peut-être aurait-il dû en dire davantage mais c’était désormais trop tard. La Poufsouffle relança la conversation sur un tout autre sujet. Beaucoup moins romantique à priori.

« Je … heu … Bad, encore troublé, en avait oublié les raisons de sa présence ici. Ah oui, j’ai entendu deux élèves parler de Patronus mais je ne savais pas ce que c’était. Sentant le besoin de se justifier, il ajouta. Je ne les espionnais pas, hein ! Enfin, j’écoutais un peu quand même … Enfin bref, tu sais ce que c’est toi un Patronus ? J’ai trouvé un livre qui explique tout ! »

Le Serdaigle repoussa le livre de K.F. Lloyd vers Lilly avant de pointer la couverture du doigt.

« Il y a plein d’informations là-dedans ! »

Le jeune garçon ne sembla pas réagir lorsqu'elle prononça les mots "meilleur ami". Elle ressenti un certain regret, sa tête lui semblait lourde. Une pointe de déception lui piqua même douloureusement le cœur. Elle avait tendu, certainement trop maladroitement, une perche dont elle aurait souhaité qu'il se saisisse. Alors qu'il répondait à sa question, clôturant donc avec certitude le moment qu'ils avaient échangés, Lilly poussa un petit soupir de déception. Elle se sentait tout d'un coup tendue, sa mâchoire se crispait, et alors qu'elle sentait sa respiration s’accélérer doucement, elle concentra toute son attention sur les paroles de son ami (?) pour empêcher ses yeux de s'embuer. Son cœur battait plus vite qu'a l'accoutumé, et ces battements étaient secs et durs, tous comme les sentiments qui l'accompagnaient. Alors qu'elle se sentait en totale confiance et sécurité à peine quelques minutes auparavant, cet instant lui semblait lourd à porter. Elle laissa sa tête penchée et son regard dirigé vers le livre afin de ne plus croiser ces yeux verts qui la bouleversait tant.

- "Hmm c'est un sortilège de... de protection non? Maintenir une voix sans tremblement lui demandait beaucoup d'effort. Mais après tout si ce moment avait prit cette tournure, c'était en grande partie sa faute. Et alors qu'elle ne pensait qu'aux beaux yeux de Bad et à ses mains, bien trop douces, il lui était difficile de se concentrer. La chaleur n'avait pas quitté ses joues. Il y a une histoire d'animal aussi je crois. Il prend la forme d'un animal il me semble. Ses pensées avaient bien du mal à s'agencer. Elle tendit le bras vers le livre pointé par le Serdaigle. Montre un peu voir."

Avant même de laisser le temps au garçon de réagir, elle se leva légèrement de sa chaise pour attraper l'ouvrage et après avoir observé avec attention la couverture et avoir du bout du doigt parcouru le sommaire, elle entreprit de le feuilleter. Toujours sans relever le regard vers le Préfet.

- "Et alors, qu'as-tu appris de beau dans ce livre? Elle essaya de donner à sa question un ton détendu, presque joyeux. Mais elle savait qu'elle ne faisait pas réellement illusion. Le sujet semblait tout de même intéressant. Mais pas autant que le lien qui unissait les deux adolescents. Pour une fois, la curiosité de la Poufsouffle était freinée, et elle devait presque se forcer pour poser d'autres questions.

- "C'est ton prochain sortilège sur la liste de "Sortilèges-pas-de-ton-année-mais-que-tu-veux-apprendre-à-lancer-quand-même"? Des deux mains elle mima de petits crochets et elle releva la tête vers Bad tout en faisant une tentative de sourire taquin. Ses yeux picotaient légèrement, mais sa voix ne tremblait plus. Elle espérait que son malaise serait passé inaperçu aux beaux yeux verts qu'elle avait en face d'elle.