Le Serdaigle sembla concerné par le terrible sort de l’araignée domestique de son professeur, et se porta volontaire pour partir à sa recherche. Le professeur ne se soucia pas du ton pressé du garçon, dû au stress ; il pensait qu’il s’agissait de l’irréflexion que pouvaient avoir les enfants de son âge, et qui les poussait à s’assujettir à leur professeur pour une petite dose de reconnaissance.

Et voilà donc le préfet de Serdaigle, agenouillé dans la déjection aviaire et y avançant sans gêne, parti à la recherche de Szirhagna. Le professeur n’était pas d’humeur à sourire d’un tel spectacle et se contenta de lever les yeux au ciel : fallait-il en déduire que le Choixpeau était devenu si vieux qu’il crût bon de répartir un élève aussi peu fûté dans la maison de la sagesse ? Le botaniste se retourna alors, à la recherche du terrible volatile arachnicidaire.

C’est alors, au bout de quelques minutes, que le Serdaigle revint le voir, pensant avoir trouvé ce que le vieil homme cherchait. Un léger espoir surprit le professeur. Après tout, il avait peut-être sous-estimé la finesse de ce Bad Eaven. Mais alors qu’il commençait à se faire une meilleure vision du garçon, ce dernier ouvrit sa main pour laisser apercevoir une tégénaire écrasée. Archibald ne prit même pas la peine de calculer le garçon et se retourna directement pour rechercher à nouveau le hibou blanc.

“Eaven, j’espère que vous vous fichez de moi, ou je crains pour la tenue de votre maison. Avez-vous déjà vu mon araignée ?”

Il tourna la tête vers le garçon.

“Vous pouvez disposer, Mister, votre aide m’est dispensable. Et nettoyez-moi donc cette robe, dit-il en pointant les genoux crottés du Serdaigle.”

Alors qu’il prononçait ces mots, son regard fut attiré par une battée d’ailes blanches. Les comparant à la plume qu’il tenait : il n’y avait aucun doute, c’était l’oiseau qu’il cherchait. Machinalement, il sortit sa baguette, comme s’il pouvait essayer de ramener l’oiseau par un sort quelconque. Mais il se stoppa net, cherchant d’abord à voir dans les griffes si son animal s’y trouvait.

La déception du professeur Featherstone fut à l'image de ce que Bad attendait. L'homme n'était pas des plus aimables aujourd'hui et il était évident qu'un cadavre d'araignée lambda n'allait pas lui redonner le sourire. Pour tenter de se rattraper dans l'estime de l'enseignant, le préfet tâta les poches de sa robe dans l'espoir d'y trouver une Patacitrouille. Aucun doute qu'une sucrerie au goût de citrouille ferait plaisir à un professeur de Botanique. Mais il n'avait rien si ce n'est son coupon d'inscription au concours de Sorcière-Hebdo.

Mr Featherstone invita un Bad désabusé à le laisser seul dans sa quête d'Obaia. Malgré ses efforts, le Serdaigle l'avait déçu mais il était hors de question qu'il abandonne sa chouette aux serres du vieux professeur. Le garçon lança un Recurvite sur sa robe qui retrouva rapidement ses couleurs noire et saphir. Déjà que Bad n'allait pas lâcher l'affaire autant qu'il tienne un minimum compte des demandes de l'enseignant. Mais comment allait-il réussir à éloigner Mr Featherstone d'Obaia ? Seul soulagement, il y avait au moins cent-cinquante strigidés dans la volière et l'homme aux lunettes risquait d'y passer un petit moment.

Le Serdaigle s'éloigna un petit peu de son professeur pour réfléchir à un plan pour se sortir de ce traquenard. Fouillant dans sa mémoire, il chercha un moyen d'attirer une araignée. Ou de la repousser ! Eurêka ! Bad courut en direction de la fenêtre, terrorisant au passage quelques hiboux qui lâchèrent des cris d'effroi. Il repéra une bogue de marron qui traînait sur le parquet usé. Les volatiles ramenaient parfois de drôles de choses ... Du plat du pied, le garçon écrasa la protection pour en récupérer le fruit.

« Mister, nous avions vu en cours de Botanique que l'odeur du marron était un bon répulsif contre les araignées. Je tente une dernière chose et je ne vous embête plus. »

C'était son ultime espoir. Si son plan ne fonctionnait pas, Obaia risquait d'en subir les conséquences ... Bad prit le marron écrasé et commença à en frotter le mur de briques. Hors de question de retourner ramper au sol.

Rien ne semblait se passer. C'était terminé. Le garçon se décida à aller avouer à Mr Featherstone que peut-être sa chouette était responsable de la disparition de son petit protégé. En marchant vers l'homme, il sentit des démangeaisons le long de sa jambe droite. Le Serdaigle se gratta nonchalamment en poursuivant sa route. Cependant, cela ne s'appaisa pas. Pire, il sentait maintenant des chatouilles vers sa cuisse. Les sourcils froncés, Bad baissa la tête.

Une grosse araignée remontait vers son ventre.

Le professeur commençait à désespérer de ne pas trouver son araignée. Qui sait depuis combien de temps elle avait disparu, elle pouvait être dans tout Poudlard, pensait-il. Le vieil homme entama alors le pas vers l'un des murs où il faisait un peu sombre : les interstices que formaient les briques étaient sûrement une cachette enviée par les araignées. Il sortit alors sa baguette et, d'un Lumos, éclaira devant lui les parts d'ombre.

Le préfet de Serdaigle, quant à lui, continuait de faire le pitre. Il courut vers l'une des fenêtres, y ramassa ce qu'il sembla être, pour le professeur, un caillou et l'écrasa. Il fallait dire que le jeune sorcier était loin, et le professeur, qui avait la vison d'un presque-septuagénaire, avait du mal à voir ce qu'il fabriquait.

Pendant que le Serdaigle élaborait son plan, le botaniste rayait le mur de sa baguette. Il y trouvait principalement de la poussière, quelques petites araignées bien plus petites que la sienne, ou encore des cloportes et autres bestioles que l'on trouve dans l'obscurité des murs. Mais pas de Szirhagna.

Revint le Serdaigle tout content d'une idée qui lui avait traversé l'esprit. Le professeur, à qui il semblait lui avoir demandé de partir, ne cacha pas son agacement et souffla. Il se retourna et écouta l'adolescent comme s'il allait dire une nouvelle bêtise. Mais au lieu de cela, Bad lui montra un marron, et rappela un cours de botanique. Il frotta les murs avec. Le professeur attendit alors, pour voir si le tour de magie fonctionnerait. Mais rien ne survint.

Le professeur s'apprêtait alors à retourner à sa tâche, non sans réprimander le Serdaigle qui lui faisait perdre son temps, lorsqu'il vit une grande arachnide grimper sur le garçon. Elle était là, Szirhagna. Etait-ce le marron écrasé qui l'avait fait sortir de sa cachette ? Cela importait peu : il venait de retrouver son animal vivant. Elle se tenait sur la robe du Serdaigle, en étoile sur son torse, quel étrange tableau...

Le propriétaire de Szirhagna s'approcha alors à pas lents, et de sa baguette, fit s'envoler la petite araignée pour l'apporter jusqu'à lui. Heureusement qu'il avait bien visé la bestiole et n'avait pas emporté la robe du jeune homme... En quelques secondes, l'araignée se retrouva dans sa main droite. Elle cherchait à s'échapper, mais le botaniste savait comment la manipuler. Il reporta son attention sur le Serdaigle.

« Eh bien, Mister Eaven. Je ne crus possible une telle sagacité venant de vous. Je ne sais pas si c'est de la chance ou mes cours qui vous ont aidé, mais vous avez su honorer votre maison. 5 points seront ajoutés à celle-ci. »

Le don était un peu fait à contrecœur — bien que le professeur aimait la maison Serdaigle, sa maison d'étude — mais il fallait bien avouer que le préfet lui avait été d'une aide précieuse. Son araignée en main, le professeur prit le chemin de la sortie et retourna en direction de ses serres, sans plus de considération pour Bad. Mais il était loin de se douter que le salut de son araignée n'était pas la véritable préoccupation du Serdaigle.

De retour dans sa serre, Szirhagna fut alors libérée. Contente de retrouver son nid duquel elle avait été enlevée, elle retourna dans sa cachette craignant d'y être de nouveau prélevée. Quelle est dure, la vie d'araignée !

Fin du RP pour moi, merci, ça m'a beaucoup plu
Mots en gras pour Au fil des mots

Virez-moi ce truc, virez-moi ce truc !

Elle était énorme. Mais surtout elle était sur lui ! Le visage blanc de Bad témoignait de l’angoisse à l’idée que cette énorme araignée ne remonte jusqu’à son visage. Jusqu’à sa bouche, peut-être ! Le Serdaigle réussit à ne pas piper mot pour garder un semblant de dignité et heureusement il n’eut pas à faire l’effort très longtemps car Mr Featherstone vint le libérer de la terrifiante arachnide.

Bad regarda l’animal de compagnie rejoindre magiquement son propriétaire avant de lâcher un soupir discret. Pour devenir Auror, il allait devoir apprendre à ne pas craindre ces bestiole à huit pattes. Il fallut au garçon quelques secondes pour réaliser qu’en retrouvant l'araignée, il venait par la même occasion de sauver Obaia. Le préfet, encore troublé, écouta les remerciements, à sa façon, de Mr Featherstone. À demi-mots. Bad hocha la tête tandis que son cœur retrouvait lentement son rythme habituel.

« Sûrement un peu des deux, Mr. Je suis ravi que vous ayez retrouvé votre araignée. »

Ravi que vous laissiez ma chouette tranquille surtout. Alors que l’homme quittait la volière, le préfet s’approcha d’Obaia et la caressa lentement.

« Tu as eu chaud, toi, tu sais. »

L’affectueuse Harfang des neiges colla sa tête au creux de la main de Bad, consciente, semblait-il, d’avoir échappé au pire. Le Serdaigle glissa sa main dans la poche de sa robe et ressortit un Miamhibou amené pour l’occasion. Ses doigts entrèrent en contact avec un morceau de parchemin. Il fallut un instant à Bad pour se rappeler le coupon-réponse au concours de Sorcière-Hebdo, point de départ, pourtant, de sa venue ici. Les récents événements lui avaient complètement fait sortir de la tête les raisons originelles de sa présence dans la volière.

Après avoir délicatement attaché le document à la patte d’Obaia, le préfet laissa s’envoler sa chouette. Alors qu’à grands coups d’ailes elle prenait son envol, Bad l’interpella.

« Évite les serres de botanique ! Je ne sais pas si c’est toi qui a amené l’araignée ici mais tu n’y seras pas bien accueilli ! »

Merci beaucoup à vous, monsieur ! C'était très sympa !