Vos prises de parole respectives suspendent les sanglots d’Ursula. Votre question directe, Damian, finit de sortir l’ancienne cheffe du Conseil des sorciers de sa complainte. Elle renifle, se frotte le visage en essayant de vous le cacher à tous les trois avec son bras, sans abandonner sa position fœtale pour autant.
Elle respire fort, sa poitrine se soulevant à chaque inspiration.
« Les mêmes qui ont fait de moi ce que je suis. Les mêmes pour qui vous avez travaillé aveuglément autrefois... répond-elle d’une voix rauque. »
Elle renifle.
« Ils se cachaient derrière des politiques corrompus autrefois, m’ont suivi quand il le fallait, mais il semble qu’ils se soient décidés à gouverner à visages découverts aujourd’hui... les grandes familles de Sang-Pur et leur vision limitée du pouvoir. »
Ursula cède à un rire amer.
« L’existence humaine n’est qu’une succession de cages plus ou moins étriquées... pour moi, comme pour vous. »
Cette énigme vous échappe, mais la main qu’Ursula pose sur son ventre ne vous échappe pas, elle.
« Quatre sorciers ont assuré mon transfert sur ce misérable rocher. Je suis presque certaine qu’ils ne l’ont pas encore quitté. Si vous voulez sortir d’ici vivants, je vous conseille de prendre leurs baguettes par la force... et par le nombre. »

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Les paroles d'Ursula glissent sur Isabella comme l'eau sur les plumes d'un canard. Des politiques corrompus ? C'était un pléonasme. Là où il y avait le pouvoir, il y avait la corruption. Aucun gouvernement ne pouvait se vanter de ne pas avoir de ver dans le fruit. Il fallait apprendre à se contenter de la moins mauvaise des solutions aussi frustrant que cela soit. Isabella avait côtoyé son père trop longtemps pour faire preuve d'un optimisme déraisonnable envers la nature humaine. Elle préférait se montrer pragmatique. Elle connaissait bien la manière de voir le monde des sangs-purs mentionnés par la sorcière. C'était de cela qu'elle avait éloigné Elina durant son enfance. Les dernières paroles d'Ursula retiennent toutefois son attention. Isabella se leva finalement pour s'approcher des barreaux.

« Une idée tentante... Mais qui nécessite à minima de pouvoir quitter sa cellule et échapper aux Détraqueurs sans le soutiens d'un patronus. »

Ce n'étais pas une idée... C'était un suicide. A moins que cette femme n'ait un autre tour dans sa manche. Chose qu'elle avait du mal à croire en la voyant en cet instant.

Ainsi c'était des familles de Sang-Pur qui tiraient les ficelles. La femme avait bien employé le pluriel, il n'y en avait pas qu'une donc. Elément risible dans un autre contexte puisqu'elle même en faisant partie. On est jamais trahi que par les siens. Lorsqu'elle évoqua la corruption, Damian n'en eut que faire. Cela durait depuis des années ces histoires, ce n'était pas la nouvelle du siècle, malheureusement. Il travaillait au Ministère depuis suffisamment longtemps pour en entendre parler régulièrement. Le contraire aurait été plus étonnant.

Le prisonnier se rassit sur sa couchette, la tête entre ses mains, en pleine réflexion.

Elle en est presque certaine. Ce presque ne lui inspirait rien qui vaille. Et puis à l'entendre, on pouvait convaincre tous les innocents d'Azkaban de leur prêter main forte, de faire venir les soi-disant sorciers qui l'avaient amenée ici, tout ça en échappant aux Détraqueurs et aux vrais criminels.

- Et après quoi? On vit comme des fugitifs? Je ne ferai pas subir cela à ma famille.

Ils n'avaient peut-être pas les mêmes valeurs familiales mais une chose était sûre, jamais Damian ne leur porterait préjudice.

James aurait espéré que ce soit d’autres personnes qui se seraient hissés au pouvoir. Ok était encore septique sur le fait que la situation puisse s’améliorer. Il espérait pouvoir sortir de cette prison un jour. C’est pourquoi la solution de Parkinsons lui faisait envie. Il avait envie de croire que c’était possible, mais il avait quand même devant lui, cette femme, qui l’avait enfermé ici.

« Si il y a une solution pour qu’on sorte d’ici, j’ai bien envie de tester. Mais il faut pas se mentir que la solution n’a pas l’air très concluante. J’aimerais rester en vie. »
Pour l’instant James espérait que Parkinsons donnerait plus d’informations, une vrai façon de pouvoir s’évader.

Un long silence fait écho à vos paroles respectives. Sous vos yeux, Ursula Parkinson se recroqueville sur le sol en poussant une sorte de grognement.
Après quelques secondes d’effort, elle se met debout, tangue, et s’écrase violemment contre les barreaux de sa cellule. Ses longs cheveux blancs virent peu à peu au roux tandis que des veines noires se propagent le long de ses jambes et de ses bras, jusque dans ses yeux embués de larmes. Les lèvres tremblantes, le visage tordu par un mélange saisissant de tristesse et de désespoir, Ursula soutient momentanément votre regard, Damian, puis le vôtre, Isabella. Elle étouffe un sanglot en soutenant son ventre puis vous lance un regard littéralement noir, James.
« Vos institutions m’ont volé mon existence ! explose Ursula. ILS M’ONT TOUT PRIS ! »
Les larmes coulent sans s’arrêter sur son visage.
« … où est la justice dans ce qu’ils m’ont fait subir, articule-t-elle en se cramponnant aux barreaux. Où est la justice… murmure-t-elle en serrant les dents. »
Son genou gauche heurte le sol, mais elle reste accrochée aux barreaux à bout de bras, essoufflée.
Dans un ultime effort, elle relève la tête. Ses yeux sont devenus noirs comme la plus sombre des nuits.
« Ombre je suis née… dit-elle, effondrée, pleurant toutes les larmes de son corps. A l'Ombre je retourne... »
A cet instant précis, vos vies basculent. Une puissance magique phénoménale vous propulse tous les trois contre l’obstacle le plus proche, vidant vos poumons d’air. Votre vue se trouble, vos tympans manquent de se percer… par intermittence, alors que vous êtes sonnés, étalés de tout votre long sur le sol dont vous ne percevez même plus la fraîcheur, vous voyez ce terrible amas de ténèbres en fusion, parcouru d’éclairs, qui vient de faire exploser tout le pan de la prison où vous vous trouviez.
En furie, l’Obscurus dévore tous les Détraqueurs qui tentent de le contenir dans le ciel constellé d’étoiles…
… vous reprenez peu à peu vos esprits. Vos sens se réactivent progressivement, vous rappelant le goût du sang dans votre bouche, l’odeur de la poussière, le bruit de mille orages, et la vue d’un escalier s’enfonçant vers les étages inférieurs…

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Isabella ne perd rien de ses faits et gestes d'Ursula, observant l'étrange métamorphose. Lorsqu'elle croise son regard, le désespoir de cette dernière l'atteint avec plus d'efficacité que ses précédentes paroles. Sa manière de se tenir le ventre l'intrigue, mais elle ne s'attarde pas sur ce point vite balayé par la suite des événements. Isabella ne sait pas à quoi la femme fait allusion. Si elle déteste l'ignorance, elle n'a d'autre choix que de reconnaître qu'elle ne sait rien d'Ursula qui date d'avant sa prise de pouvoir. Puis soudain, tout sembla se déchaîner. Isabella fut balayée comme un fétu de paille, le souffle coupé. Par réflexe, elle ramena ses bras à hauteur de son visage en une protection sommaire. Impuissante elle ne pu qu'attendre que l'orage passe étalée de tout son long sur le sol. La vision d'un Obscurus déchaîné peine à causer la terreur dans son esprit embrumé par le choc. Alors que l'Obscurus s'éloigne, lui donnant l'occasion de reprendre son souffle, elle se remet lentement à bouger. Ignorant le goût métallique dans sa bouche, elle regarde autour d'elle en proie a de multiples questions. Cela ne fait pas sens. Ursula est trop âgée pour un obscurial et c'est une née-sorcière. Etait-il seulement possible que ceux qui l'avaient envoyée ici ignorent une information pareille ? Et s'ils savaient, comment avaient-ils pu penser pouvoir enfermer un obscurial comme n'importe quel sorcier ? En partant du principe que c'est bel et bien ce qu'ils voulaient faire... Recherchant brièvement du regard une trace de l'Obscurus, elle se demande si Ursula a une chance de survivre à un tel déchaînement. L'Obscurus, matérialisation de sa souffrance tout comme les Détraqueurs étaient la matérialisation de la peur, prouvait à lui seul qu'elle n'était pas « juste » la meneuse d'un coup d'Etat. Isabella voulait savoir. Mais le moment était mal choisi. Se relevant du mieux qu'elle pouvait malgré ses gestes peu assurés, elle s'approche de l'escalier avec précautions au cas où quelqu'un ou quelque chose viendrait par là. Maîtrisant sa voix pour espérer n'être entendue que des deux sorciers qui l'accompagnent, son regard se pose sur eux tour à tour avant de revenir à l'escalier :

« Vous êtes entiers ? Est-ce que vous pouvez vous lever ? »

Ursula, la même qui les avait envoyés ici, venait de leur offrir la meilleure distraction qu'ils pouvaient espérer... Le temps d'obtenir une réponse, elle essai d'estimer le nombre de cellules qui ont pu être soufflées par l'Obscurus.

Le néant. Et puis soudain, une douleur vive dans le bras le réveilla. Damian ouvrit les yeux et poussa un grognement en essayant de prendre appui dessus. Il s'effondra. Après un autre essai, il se releva tant bien que mal et entendit faiblement sa voisine, à cause du bruit assourdissant. Il supposait qu'elle demandait s'ils allaient bien. Il ne réfléchit même pas à ce qui s'était passé, seul l'instant présent comptait.

- Je survivrai, oui.

Enfin pour le moment. Il parcourut du regard ce qui les entourait puis celui-ci se posa sur l'escalier. Il fallait envoyer des éclaireurs mais surtout être rapide s'ils voulaient s'en sortir.

James, fixait Ursula, pendant qu’elle parlait. Celle-ci était au plus bas, elle lui faisait presque de la peine. Jusqu’au moment où celle-ci le regarda noir, où il se rappela de qui l’avait emmené ici. James ne parla pas, en écoutant Ursula. Celui-ci ne savait pas quoi dire, il ne savais pas non-plus à qui elle faisait allusion.

Pendant sa métamorphose, James ne bougea pas. Il était comme paralysé. Ses muscles s’étaient figés. Il n’eut pas le temps de réfléchir, qu’il fut projeter contre le mur qui se trouvait derrière. Il perdit connaissance quelques temps. Son dos et sa tête, avaient cogné d’abord.

Il repris connaissance, voyant d’abord tout noir. Il sentit le mal de crâne le prendre, quand il rouvrit les yeux. Plus de barreaux, plus de detraqueurs... Plus de Ursula. Il compris alors ce qu’était cette jeune femme. Un Obscurial. Mais ce n’était pas possible, cette femme était trop âgée. Elle devait avoir une force surhumaine, pour vivre encore.

« Je... »

James était encore étourdit par le choc, qu’il avait reçu. Les paroles de ses deux compagnons, le fut revenir à la réalité. Ses yeux se posèrent sur l’escalier.

« Il faut y aller, c’est une occasion qu’on ne verra jamais. Elle nous a donné la voie. »

Isabella, en vous approchant de l’escalier vous ne distinguez pas moins de trois prisonniers à l’étage inférieur. Les trois passent en courant sans lever les yeux vers vous. A votre étage, environ huit cellules ont été rasées. Vous imaginez facilement l’ampleur des dégâts qui défigurent l’édifice sous les assauts terrifiants d’éclairs et de ténèbres. Mais une douleur lancinante occupe aussi une partie de vos pensées. Au niveau du visage. Vous finissez par réaliser que le goût de sang dans votre bouche provient des écoulements de votre nez cassé.
Damian, votre épaule disloquée vous fait un mal de chien à chaque mouvement.
James, vous êtes étourdi. Du sang a coulé dans votre nuque. Et à en juger par la main que vous passez à l’arrière de votre crâne, vous avez une plaie ouverte qui vous fait voir les étoiles quand vous l’effleurez.
« Isabella ? Isabella c’est bien vous ? »
Il vous faut quelques secondes pour comprendre d’où provient cette voix féminine. En bas de l’escalier, une prisonnière s’est immobilisée. Elle se tient le bras.
Hannah Abbot, l’ex-cheffe du laboratoire du savoir vous regarde avec émotion. Elle est interpellée, comme vous, par le bruit d’une autre destruction.
« Dépêchez-vous de descendre ! s’exclame-t-elle. Nous devons descendre avant que les murs nous tombent sur la tête ! »

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James effleure sa plaie, qui lui fait horriblement mal. La douleur se propage dans tous son corps, ce qui le paralyse. Il pousse un cri, à la fois de douleur et de surprise.

Il se lève, avec difficulté, devant se tenir à ce qui reste du mur pour rester droit. Le sol vacille sous ses pieds, il s’écroule. Il réessaye une deuxième fois, pour faire deux pas, avec de se raccrocher au mur. Il déchira son tee-shirt pour en faire un bandeau, qu’il serra fort autour de sa plaie. Sans un regard vers les deux autres, pensant à sa famille si il arrivait à partir il dit:

« Faut se dépêcher on n’a plus beaucoup de temps, il faut tenir mes amis. »

Il se détacha du mur pour partir, d’un pas instable et peu fluide.