Une chose était sûre, à ce stade-ci, c'est qu'Emma n'était pas facile à cuisiner mais Eileen avait toujours réussi à la faire sortir de sa coquille et cela la rendait plutôt fière d'elle, dans un sens. Mais d'un autre côté, la voir se torturer comme ça pour se protéger l'attristait quelque peu. Il était rare qu'Eileen soit empathique, mais quand il s'agissait d'Emma, c'était comme si elle était une mère dragon qui devait protéger son petit oeuf. Elle ne voulait pas parler, la petite blonde vénitienne le voyait bien alors elle lui adressa un sourire... encourageant ? Oui, il était encourageant. Après tout, Emma pouvait lui faire confiance, désormais. Eileen ne la trahirait pas. Jamais.

Alors elle se mit à parler. Eileen rebondit sur ses fesses en signe d'excitation mais rapidement, en entendant les paroles de la rousse, son visage se décomposa doucement. Non. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle ne pouvait pas se montrer sensible alors que c'était la vipère à la crinière de feu qui était la plus touchée. Ça n'aurait pas été juste pour elle. Et Eileen voulait se montrer juste avec Emma. Celle qu'elle appréciait tant et qu'elle voulait protéger comme elle pouvait. Mais elle ne savait pas vraiment comment montrer son soutien. C'était si dur d'essayer de vouloir garder à flot une personne si chère quand on a à peine réussi à le faire avec ses propres problèmes toute sa vie. Pour Eileen, c'était tellement plus simple de les fuir... Mais Emma l'avait mise au pied du mur parce qu'Eileen le lui avait forcé. Alors Adams ne pouvait pas se défiler, cette fois.

Elle se ressaisit et lui sourit légèrement. Elle ne savait pas trop quoi faire de plus ? Qu'aurait fait... Elle ne savait même pas ce qu'aurait fait sa propre famille. Elle ne savait pas, parce qu'elle ne pleurait pas, elle s'était habitué à sourire. Elle ne montrait pas sa douleur. Mais Emma, oui. Parce qu'elle lui faisait confiance. Le souffle de cette dernière se coupa. Eileen ne pouvait pas la laisser tomber. Elle tendit sa main. Allait-ce être suffisant ? Cela le devait. Elle la posa sur la sienne et la prit entre ses doigts. Son sourire était doux, se voulant rassurant. Il fallait trouver les mots. Ils étaient bien plus simples.

"- Je suis désolée, Emma. Je suis sûre que c'était une très belle personne."

Elle ne voulait pas la submerger. Elle avait déjà eu tant de mal à s'ouvrir, elle ne voulait pas en plus lui arracher les mots de la bouche. Quelle ironie, quand on voyait à quel point elle n'aurait pas abandonné dix minutes plus tôt. Une larme coula le long de la joue de la rousse. Une larme qui ressemblait à une lame de rasoir sur le visage blême de son amie. Sa prise sur sa main se resserra.

"- Tu n'as rien à leur envier, à tes parents. Tu es une personne très forte."

Emma l'était. Bien plus qu'Eileen ne le serait jamais. Elle arrivait à se mettre face à ses problèmes, à les affronter malgré la force des vagues brutales de la douleur, malgré les giclées que la vie lui crachait à la figure. Alors, Eileen l'admirait. C'était rare, pour elle, d'admirer quelqu'un. La sublime Emma, la vainqueur, la forte. Celle qui repoussait les vagues, celle qui essuyait les giclées du revers de la manche. Celle qui arrivait à être son amie, malgré tout ce que le temps lui avait arraché, de l'amour des autres à l'amour pour soi. Les larmes qu'Eileen voyait comme une faiblesse sur son propre visage, elle les voyait comme la puissance d'un coeur qui se reconstruisait sur les joues de la rousse.

"- Je suis là, moi..., souffla-t-elle."

Ce n'était pas pour l'accuser de l'oublier. Elle voulait le lui dire. Elle voulait que son amie sache qu'elle était là. Pour elle. Pour elles. Eileen les maintiendrait ensemble à la surface si Emma ne savait pas le faire toute seule et intimement, elle savait d'une certaine manière qu'Emma le ferait, elle aussi, si elle était amenée à devoir le faire. Les yeux verts de jade souriaient aux iris bleus océans rougies de douleur de Pan.

"- Je suis ton alliée, à partir de maintenant."

@Emma Pan à mon tour de m'excuser de ce retard...

Une larme. Deux larmes. Trois larmes. Puis quatre, cinq, six... Toutes semblables, elles dévalaient mes joues, ravageant tout sur leur passage. Mes épaules se secouèrent, mes yeux, tout embués étaient-ils, se fermèrent pour empêcher ces sales Larmes de continuer à couler. Forte, pas faible, sois forte.
J'inspirais lentement. Le regard d'Eileen me parcourrait, je le sentais. C'était vilain de pleurer, et ce n'était pas le moment propice aux pleurs. J'voulais pas pleurer, mais ces traîtres de larmes m'avaient encore devancées. Comme toujours en fait.

Qu'aurait fait Parrain à ce moment là ? Il m'aurait tenu dans ses bras, un long moment, jusqu'à ce que je me calme, sans rien à me dire, sans demander toutes les deux minutes ce qu'il se passait, sans demander toutes les deux minutes pourquoi je pleurais, est-ce que ça aller. Non, il m'aurait tenu dans ses bras si réconfortants, et j'aurais écouté battre son cœur, pendant qu'il me chuchotait à l'oreille qu'il m'aimait et qu'il serait toujours là pour moi. Quelques mois plus tard, il était mort. Et si ça m'avait appris une chose, c'est que les gens ont beaux vous promettre la vie, il ne faut jamais s'y fier. Parce que tout peu arriver, et ce, quand on y est le moins préparé.

Eileen me prit la main tandis qu'elle me murmurait des choses que je ne comprenait pas. "- Tu n'as rien à leur envier, à tes parents. Tu es une personne très forte." Je ne lui en voulais pas de s'être à se point trompée. Mais, au contraire, j'ai tout à leur envier. Ce sont des êtres respectés, voir adulés par certaines personnes, ce que je ne serais jamais. Ils ont de l'argent, du pouvoir, de la domination. Un claquement de doigts leur suffit pour avoir ce qu'ils désirent, mais nous, rien ne nous parvient.

Eileen resserra l'étreinte sur ma main, tandis que mes larmes s'apaisaient doucement. Mon souffle retrouvait sa cadence habituelle, et mon cœur ralentissait.

- Je suis ton alliée, à partir de maintenant.

Je tournai la tête doucement la tête vers elle, et le regard qu'elle me lança me fit esquisser un sourire. Elle était mon alliée. Et moi, j'étais son alliée, mais lui avais-je seulement prouvé ? Savait-elle à quel point elle comptait pour moi ? Lui avais-je dit ? Je lui fit un simple sourire, mais qui disait tant de chose : le pardon, l'amitié, le courage, la bravoure, l'admiration. Eileen m'épatait, elle n'avait aucun défaut, elle était parfaite, tout simplement parfaite, elle resplendissait de mille feux. Il ne m'était pas souvent arrivé d'admirer des personnes, préférant me renfermer dans une bulle où je ne parlais à personne, où je ne m'exposais pas aux regards des autres. Mais avec Eileen à mes côtés, je n'en avais plus peur. A son bras, j'étais invincible. Invincible à la tempête. On aurait pu tout me dire, je m'en fichais, puisque je possédais la plus belle des choses : l'amitié d'Eileen.

Je lui fis un sourire, et un petit silence s'installa, que je rompis, en lui parlant d'une petite voix :

- J'veux aller à l'aventure, tu m'emmènes ?

@Eileen Adams aucun problème ❤

Une goutte tomba dans une chute lente avant d'aller s'écraser sur le bois de la table. Dans le reflet de la larme de la rousse, la petite blonde y lut beaucoup de douleur. Mais Eileen sut se montrer patiente. Si Emma avait besoin de laisser aller, elle la laisserait faire. Quel drôle de sentiment que de s'en faire pour quelqu'un qu'on ne connait que depuis si peu. Elle frotta encore un peu sa main du bout de son pouce. Comme c'était amusant, elle n'avait jamais fait ça. Il fallait le dire, toucher les gens, leur faire des câlins, leur frotter le dos pour les rassurer... Ce n'était pas vraiment Eileen. Ni ses parents, ni son oncle, ni même ses grands-parents ne prenaient le souci de faire de telles choses. Enfin, parfois Oncle John et encore... Une bonne tape sur l'épaule suffisait. Et là voilà qui réconfortait la jeune Emma de ses chagrins. Douce Emma.

Dans un murmure, Eileen décela la voix encore fragilisée par les souvenirs de son passé glisser quelques mots :

"- J'veux aller à l'aventure, tu m'emmènes ?"

Les iris vertes de la blonde sourirent et ses lèvres ne tardèrent pas à faire de même. Il n'y avait qu'à demander ! Eileen n'allait pas passer la chance de partager du pétillant de ses yeux à ceux d'Emma. Et puis, elle le sentait : la rousse avait besoin de se changer les idées. Alors, doucement, elle retira sa main de la sienne. Non pas pour ne serait-ce que sous-entendre qu'elle allait partir, car elle ne le ferait pas, mais pour lancer une blague comme elle savait si bien le faire. Du bout du doigt, elle pointa sa longue chevelure ondulée encore collée de jus d'orange.

"- Oh ça ! Je vais t'emmener ! Mais d'abord, une bonne douche s'impose !, rit-elle."

Elle grimaça légèrement en prenant deux mèches qu'elle sépara mais qui ne cessèrent pas de ressembler à deux queues de rat pour autant.

"- Miam, ajouta-t-elle, sarcastiquement."

En reposant ses yeux sur Emma, elle gloussa. Elle n'était pas aussi mature que la Vipère aux écailles rousses, mais peut-être qu'au final, c'était ce petit grain de folie encore bien au chaud dans son enfance insouciante qui allait équilibrer cette amitié où l'une des deux moitiés avait l'âme abîmée par la noirceur du passé. Du moins, la partie plus sombre de l'enfance d'Eileen hibernait encore mais elle ne saurait tarder à sortir de sa taverne... Parce qu'après tout, sans s'en rendre compte, Emma gagnait durement mais sûrement la confiance de la blonde qui s'attachait si rapidement à elle.

Eileen se leva alors, lâchant sa chevelure à la couleur de l'or rose et tendit sa main à son amie :

"- Prête pour une petite aventure dans la salle de bain de la salle co' avant que je te montre la vraie, la belle aventure ?"

À ce moment encore, Eileen ignorait totalement que la vraie, la belle aventure allait en réalité être son amitié avec Emma. Elle l'ignorait oui, mais au fond d'elle, dans une partie qui avait été laissée au placard bien trop longtemps, la souche de leur amitié remuait déjà son coeur pour le dépoussiérer.

@Emma Pan à toi
Je pense que ce sera une fin du RP pour moi C'est toujours un plaisir de RP avec toi, sublime Emma. J'ai hâte de construire les prochaines aventures de nos deux petites protégées

Je penchais la tête à droite, subjuguée par Eileen. Elle avait le don de me faire rire, alors que j'avais pleuré deux minutes auparavant. Et ce, sans brusquer, non naturellement. Comme si les choses suivaient leur cours, et qu'après les larmes venait le rire chaleureux, les bêtises, les blagues. Peut-être que plus tard, grâce à Eileen, les larmes pourront ne plus faire parties de cette boucle. Peut-être que j'arriverai, grâce à elle, à faire de la place dans mon cœur pour une nouvelle chose encore inconnue : le bonheur simple. Rire des petits tracas, rire de tout, au final.

Je sentais que grâce à la fille en face de moi, j'allais me surpasser. Pour arriver à sa cheville, pour ne pas rester au fond, pour remonter à la surface, me hisser sur la bouée que je partagerai avec elle, et y rester. Et là, seulement là, je me dirais que nous ne faisons qu'un. Que nous avons traversé beaucoup de choses, mais qu'au final, nous n'en n'aurions retenue qu'une : l'abeille et la fleur, complémentaires. L'éternel cercle vicieux, qui commence par un respect mutuel, et qui se termine par une merveilleuse boucle : l'amitié, la confiance.

- Prête pour une petite aventure dans la salle de bain de la salle co' avant que je te montre la vraie, la belle aventure ?

Je lui souriais de toutes mes dents, et tentais tant bien que mal de l'imiter en détachant mes cheveux gluants collés entre eux par de la marmelade, mais sans succès, ils restaient bien fidèles, refusant de se décoller. Pff, bon, et bien, je devrais emprunter le shampoing de quelqu'un ce soir. Voir toute la bouteille...

Je me levais du banc qui était devenu gluant après notre passage, et pris Eileen sous son bras. Mes cheveux se collèrent à ceux d'Eileen par la confiture et nous commençâmes à marcher vers la porte, cheveux collés, bras dessus dessous, en symbiose. Je ne l'aurais pas dit, mais après ce que j'avais mangé, c'est-à-dire rien, je me sentais un peu chancelante, et je m'agrippait donc au bras de la blonde comme une sorte de bouée de secours. Bon, je tenterai le gâteau au beurre la prochaine fois...

Les yeux pétillants de malice, Eileen m'entraina vers la sortie, et je sus que ce matin, un nouveau cap avait été passé, celui des confidences, et par la même occasion de la confiance.

@Eileen Adams, j'ai adoré écrire cette Danse avec toi, hâte de voir la relation de nos Petites évoluer ❤