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13 janv. 2022, 18:58
{ Copeaux de Temps }  ++ 


C'est la fin du Cycle du je lyrique, plein de Romantisme et d'épanchement du moi d'Hannah. Passons, lecteur, lectrice, lecteurice, a un nouveau cycle à la deuxième personne, avec une écriture plus en profondeur, plus chargée que jamais en références diverses et variées, plus réaliste — même si ma conviction de Romantique n'a pas totalement disparu — et plus proche encore de la Vérité. Il y a très exactement cent vingt-quatre ans, Emile Zola publiait J'accuse dans L'Aurore. En guise d'hommage, je quête comme lui une écriture qui se rapproche le plus de la Vérité et du Réel. Je ne veux pas plaire et instruire comme La Fontaine, je veux simplement jeter de la Lumière sur la Réalité, me faire le Miroir de celle-ci.



Plongée dans ce regard, ce Grand Bleu, tu compris bien vite — les enfants sont vifs d'esprit — l'étendue de ton erreur. Le Précipice est souvent plus proche qu'on ne le pense ; quand on l'oublie la chute est inévitable. Ainsi ton regard s'échoua sur la table comme une balle de ping-pong, rebondissant sur les assiettes et les rares visages lointains qui répondaient par un air dubitatif à ce regard de caoutchouc, ce regard qui toujours filait vers un autre lieu face au Néant. Oui, c'était cela que tu avais entrevu dans ses yeux lorsque tu avais prononcé des phrases que tu avais trouvées innocentes, — vision non-partagée par l'autre Bleue — le Néant. Un gouffre béant que tu préférais généralement, pour ne pas dire systématiquement, éviter pour que jamais l'épisode des Tribunes ne se reproduise *j'étais d'vant Swann en plus* Voilà d'où venait ton mépris total des matches de Quidditch, en plus de ton piètre niveau de Vol : ce souvenir écrasant. Mais au lieu de t'échapper des griffes du Néant, tu le retrouvais quelques pas plus loin, dans ces yeux d'abord si doux puis envahis par le Monstre. Impossible d'échapper au Néant lorsqu'il est décidé à vous poursuivre ; la règle ne s'applique pas pour le Bonheur, il faut croire.

*... Pourquoi ?* Pourquoi t'avait-on ôté la brume de douceur si violemment ? Au sortir d'un rêve qui devenait cauchemar, tu restais la tête immobile et remplie de questions. Qu'y avait-il de mal à chanter la beauté du soir et de la Nuit ? Quelle était la source de ce Néant — car le Néant ne vient jamais seul — et que disait-elle ? Ou alors Alyona prenait-elle conscience du fait que tu étais d'une faiblesse déconcertante. Elle faisait peut-être une croix sur ton nom. Tant de questions sans réponse, dans de douleur sans remède ! Le silence de la Bleue n'était pas d'une grande aide ; lire dans les pensées des autres n'était pour toi ni une passion ni une spécialité. Tu préférais à cela l'éloquence de quelques mots prononcés avec la voix de Cicéron ou de Bossuet. L'art de bien parler, pour être mieux comprise. Mais Alyona n'avait pas choisi d'employer la parole pour donner des réponses. Elle te laissait son regard comme seul moyen de la comprendre ; cela ne lui ressemblait pas *mais que sais-je d'elle, à vrai dire ?* Tu ne la connaissais qu'à peine, ainsi te débattais-tu avec des démons immatériels qui sifflaient entre leurs dents que tu n'étais point en capacité de te lier avec les autres. Que pouvait-elle bien penser, elle qui...

*Elle doit... Quoi ?!*

Un être vous manque et tout est dépeuplé ; Alyona se leva brusquement et s'apprête à partir. Ton cœur fit un grand bond, plus grand encore que celui de ton regard quelques instants auparavant, signe de la déchirure que venait de créer l'ébauche d'un départ. *Pars pas...* Tu espérais, tout en sachant que la peur et l'espoir se poursuivent l'un et l'autre. Le chemin sur lequel tu t'étais engagée sereinement était visiblement différent de celui qu'arpentait Alyona. Vos routes se séparaient juste après s'être rejointes ; le supplice du carrefour. Le lien qui vous avais uni pendant quelques minutes — vos mains — s'était coupé en deux, aussi facilement qu'une brindille que la Faux tranche sèchement. Il ne te restait plus rien, plus que la souffrance d'avoir perdu celle que tu avais vue comme une amie.

Mais elle se retourna avant qu'il ne soit trop tard. Prodige ! Quelques mots autres que ceux de la fuite se glissèrent hors de la gorge de la Bleue. C'était donc le Noir qui hantait ses pensées. Tu avais ta réponse, et même si tes pensées avaient l'audace de répliquer *la Lune et les Étoiles sont lumineuses* tu te tus quelques instants, les yeux baissés puis, l'Alpiniste — ton regard — grimpant à nouveau sur les parois peu abruptes du visage de l'autre, tu trouvas un nouveau chemin emruntable.

« Et si je te dis que nous sommes lumineuses comme un feu de cheminées ? »

Il fallait, bien évidemment, espérer qu'Alyona n'ai pas, en plus du Noir, la phobie des flammes — nous ne parlons pas ici des Flammes, bien plus pernicieuses et brûlantes pour les cœurs-de cendre. Tes mots étaient ceux de la dernière chance, tu avais soudain l'impression de retrouver l'instabilité des discussions avec Bristyle, où chaque mot pouvait renverser tout espoir. *Espérer ne sert à rien*, murmurèrent tes pensées, *Ce qu'il faut, c'est agir*. Avoir la parrhèsia, tâtonner, manquer parfois de chavirer totalement, mais essayer aau moins. N'avoir qu'une passion, la Lumière, en ayant à l'esprit que la Lumière est une teinte de la Vérité. La Vérité ?

« Je t'ai menti tout à l'heure, sur mon nom. J'm'appelle Hannah. »

Au creux de tes yeux s'échoua une larme. Voilà le prix de la Vérité ; le dévoilement de ses vices, de ses faiblesses. Tu te livrais à un exercice des plus difficiles, celui de l'ouverture. L'ouverture du corps d'abord avec ces mains assemblées, puis l'ouverture de l'Âme avec l'aveu.

L'Humain a quelque chose de bon dans sa Profondeur ; mais bien souvent il ne prend pas soin d'extraire ce quelque chose. Il pense avant tout profit, avenir, vitesse au lieu de construire liens, entraide, présent.

𐌔

30 janv. 2022, 18:29
{ Copeaux de Temps }  ++ 
Les souvenirs les plus lointains semblent également être quelques fois les plus fragiles. J'ai l'impression que le temps dégrade souvent ce sur quoi il a une emprise. Les papiers jaunissent et s'effritent ; les métaux rouillent ; les montagnes deviennent plus petites ; les personnes grandissent, changent et s'en vont ; le bois pourrit ; la pierre s'use ; et les souvenirs se fragilisent. Le temps laisse des traces à l'encre noire, les enlever est impossible. Les souvenirs de mon enfance sont étranges, certains restent presque intacts, en parfait état, toujours aussi doux, agréables et joyeux ; d'autres deviennent très délicats, il faut être prudent avec ceux-ci, de peur qu'ils ne laissent derrière eux qu'un goût amer de défaite ou de douleur. Mes souvenirs sont particulièrement fragiles. Je dois les envelopper dans un délicat écrin d'ignorance pour ne pas qu'ils s'écrasent et disparaissent. Tout est plus simple lorsque nous recouvrons nos souvenirs avec de nouveaux ou lorsque nous les enveloppons d'ignorance, ils sont alors moins douloureux. Repousser ses souvenirs, c'est se protéger et en même temps, trop se protéger. La distance comme bouclier face à tous les maux, s'écarter pour ne pas souffrir pleinement. La distance évite la chute, mais si chute il y a, la distance la rend plus douloureuse. Éloigner ses souvenirs n'est pas une décision, c'est instinctif, cela se fait sans notre accord, nous subissons simplement les choix que notre logique nous murmurait comme étant les plus raisonnables. La distance est-elle raisonnable ? Celui qui chute après s'être écarté regrette certainement cet éloignement si peu réfléchi.
Les souvenirs de mon enfance sont fragiles et délicats, pourtant je ne parviens pas à ne pas m'éloigner d'eux, comme si je craignais qu'en m'approchant, ils ne me submergent de leur présence étouffante.

Souvenirs toujours aussi puissants et pénibles, souvenirs sans fins ni commencements, souvenirs flous et décomposés : vous êtes les étoiles de mes pensées, terriblement présents, cachant derrière votre masque de douceur et de beauté un fond noir de douleur.

Le banc frotte contre mes jambes. *’Faut qu'j'arrête de penser au noir, c'est trop douloureux. J'veux plus y penser, Merlin, plus y penser...*
Les paumes posées sur mes paupières, je ne dis rien. Tout est tellement bruyant autour de moi et en moi que je crains de laisser s'échapper trop de mots sans pouvoir les contrôler. J'ai peur d'offrir à Galina des bribes de mes souvenirs, ces cadeaux empoisonnés. Je n'ai pas envie de penser à cela, de me remémorer le passé comme si j'avais le crâne plongé dans une Pensine. Je n'ai pas envie de penser, tout simplement. Ce moment était si doux ! Pourquoi faut-il qu'à chaque glissade, tout s'effondre petit à petit ? Tout ça, c'est un peu de ma faute, Galina n'aurait jamais pu deviner ma colère sournoisement cachée derrière quelques mots anodins. Je suis incapable d'oublier et de passer à autre chose. Tout est tout le temps là, ancré, accroché, suspendu à mes pensées, comme si j'étais définitivement liée à toutes ces petites réflexions que je ne voulais plus avoir. J'ai beau prendre de grandes inspirations comme me le conseillerait ma grand-mère paternelle, cela ne change rien. Je reste toujours aussi pleine, prête à déborder de maux secouant mon âme. Sommes-nous vraiment capables de tout reprendre à zéro comme si de rien était ? Je l'espère, je l'aimerais, mais je sais que c'est impossible.

Un feu de cheminée ? Les flammes se glissent dans mes pensées et semblent parvenir à étouffer dans une fumée grisâtre les éclats de mes souvenirs. J'apprécie observer le ballet des flammes quand je passe devant les grandes cheminées présentes dans le château. Chez elle, Grand-mère prend plaisir à allumer un feu en hiver, un vrai feu, pas un magique. Je pense que cela doit lui rappeler quelque chose, mais je ne sais pas ce que c'est ; je connais si peu de détails sur sa vie avant l'Écosse. C'est étrange, les flammes semblent toujours être reliées à mes discussions tournant autour des étoiles. Un feu m'avait poussé à converser avec deux Serdaigle il y a de cela un an, et la blonde d'il y a tout aussi longtemps était partie en faisant apparaître autour de moi une prison de flammes. De plus, je sais que les étoiles ne sont en réalité que de grandes boules de feu. Tout est étrangement lié, mais Merlin aime créer des liens entre divers éléments — même si j'aimerais parfois qu'il ne le fasse pas.

Je retire mes paumes de mes paupières pour regarder Galina. « Lumineuses comme un feu de cheminée », dommage que tous les feux finissent par s'éteindre. J'ai l'impression que le nôtre a bien trop rapidement été recouvert par des cendres d'un noir puissant. S'en est-elle rendu compte ? Croit-elle que nous pouvons remuer les braises pour refaire partir le feu et revoir danser ses flammes ? Je crains que notre feu de cheminée ne soit pas comparable au Phénix, quand il s'éteint, nul ne peut se servir de ses braises pour le raviver, il faut atteindre un peu pour pouvoir le rallumer entièrement. Mais combien de temps passera, Galina, avant que notre feu de bonheur ne se rallume ? Des minutes ? Des heures ? Des semaines ? Merlin seul le sait !

J'adresse un sourire fragile à la Bleue, peu convaincue, des traces de mes souvenirs douloureux et fragiles naviguant encore dans mon crâne. « C'est mieux. » Mais cela peut-il effacer le reste ? Je n'en suis pas sûre.

J'hésite à m'asseoir de nouveau. Est-ce nécessaire ou utile ? Je reste debout et glisse mes doigts dans mes cheveux, la tête penchée en arrière. J'ai beau retourner la question dans tous les sens, je ne parviens pas à comprendre pourquoi les étoiles ont tant d'emprise sur moi. Je ne les aime pas, elles ne m'intéressent pas, je les déteste et... Et à chaque fois que je pense à elles, une haine démesurée s'empare de mon cœur, comme si elles étaient capables de l'enflammer et de le rendre fou. J'aimerais comprendre mais je n'y parviens pas. C'est ainsi, et peut-être est-ce également impossible à changer. Par Circé, certains changements se font sans qu'on ne le veule et d'autres ne se font jamais alors que nous les souhaitons ; le monde est parfois terriblement étrange !

« Je t'ai menti tout à l'heure, sur mon nom. J'm'appelle Hannah. »

Ai-je réellement pu croire que nous avions cessé de chuter ?

Mon regard plonge violemment dans celui de Galina. Que dis-je, d'Hannah. *Pourquoi ?* Des mensonges, toujours des mensonges. La vérité enfermée derrière une illusion. Des secrets à conserver, des mensonges à révéler. Mais pourquoi ? Pourquoi faut-il toujours que les autres mentent ? Pourquoi mentir à propos de son nom ? Pourquoi tout gâcher ? Pourquoi reposer une amitié sur une base si fragile ? Pourquoi cette vérité maintenant et ce mensonge avant ? Pourquoi avoir cherché à cacher son prénom ? Avait-elle peur que sache qui elle est vraiment ? N'aime-t-elle donc pas le nom qui lui a été offert ? Galina, Hannah, et puis quoi d'autres ? S'arrête-t-on à un seul mensonge ? Que m'a-t-elle caché d'autres ? Et pourquoi, par Circé, pourquoi ?

Mon regard est dur, écrasant, plein de douleur. Je lui en veux terriblement. Je lui en veux d'avoir menti, d'avoir cherché à tout réparer aussi facilement. Que croyait-elle ? Pensait-elle qu'en se rattrapant et en disant la vérité, tout irait mieux ? Mais ce n'est pas aussi facile ! J'aimerais que tout soit comme avant et que tout aille mieux. Cependant, cela ne veut pas dire que cela se passe ainsi. Vouloir n'est pas pouvoir, contrairement à ce qu'on le dit.

Me mentir sur son prénom ! Je n'arrive pas encore à réaliser, il y a trop de pourquoi qui tachent mon crâne. J'aimerais comprendre mais je n'y parviens pas. Tout le monde ment, mais je pensais que Galina n'était pas exactement comme tout le monde... Je pensais qu'elle croyait à la vérité et qu'elle savait voir le vrai visage des étoiles. J'avais tort, et cela me fait mal car j'aurais préféré que ce ne soit pas le cas.

« Pourquoi ? » Je détourne mon visage, mon sourire n'est qu'un vieux souvenir.

Merlin ! Je me laisse tomber contre le banc, dos à Ga... *Hannah*. Pourquoi tout est toujours si compliqué ?


Ah, Aly peut se montrer tellement fermée parfois !

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

05 mars 2022, 15:28
{ Copeaux de Temps }  ++ 
Morsure d'un Regard. Ce regard qui vous broie les yeux comme massacré par une arme de guerre — un Regard-char. Éclat de l'Enfer dans l’œil de celle qui quelques instants plus tôt semblait manifester, pensais-tu, de la sympathie. Mais le Mensonge avait absolument tout changé, comme une guerre dévaste un pays entier. Ton visage était ce pays endeuillé ; meurtri, il se décomposa. Le reproche dans ce pourquoi était sans appel. Bristyle aurait déjà tourné les talon, mais Alyona n'était pas Bristyle. Cependant, tu devais composer avec ce Regard. Il perçait tes prunelles — extinction — et mordait donc ton Âme. Une fois de plus, tu lisais la déception dans les yeux d'une fille ; une fois de plus, un lambeau, un fragment, arraché à ton être, se mourrait sur le sol de la Grande Salle.

Oui, tu avais, depuis le début, trahi. Trahi une confiance, trahi une fille, trahi une Âme entière. Tu tâtonnais désormais. Petits pas, les bras tendus en avant, prête à se prendre un mur à tout instant. Recroquevillée, soudainement, sur toi-même. Belle de nuit en plein jour. Tu n'osais plus poser tes yeux sur l'autre Bleue, complètement abattue par ce Regard. Elle te désarmais, car celui-ci était un fusil.

*Parce que je suis faible*
*Parce que je suis vénéneuse*
*Parce que je suis nocive*
*Parce que je suis menteuse*
*Parce que...*


« Parce que je suis incapable d'assumer mon identité. Les Semblables m'oppressent et leur Regard me brûle. Leurs yeux sont des bûchers. Leurs visages sont du bois de pin. Et je flambe, alors il ne me reste plus qu'une chose à faire : fuir. Fuir qui je suis, fuir mon Corps, mes Pensées, mes sentiments. Alors je m'éloigne, je prends de la distance. Si j'étais une... » *étoile, je n'appartiendrais à aucune constellation*

Juste à temps, pensée ravalée ne se faisant pas mot de cristal. Mots qui fâchent — étoile ; nuit — et que tu devais retenir. Hors de question d'entretenir le conflit avec celle qui avait serré ses mains contre les tiennes ; au point de t'emprisonner dans ton rôle ?

Tu n'avais pas achevé ta phrase, acte volontaire, austère ; cratère. Lèvres, falaises se refermant transformant la mer de Mots en un lac clos. Le soleil avait disparu, il n'y avait plus qu'une Ombre. Une Ombre fort fine, grande, au regard envieux, pernicieux, vicieux. Une Ombre qui te regardait, prête à te dévorer. Tu avais suspendu tout tes gestes ; tu étais déjà ailleurs, happé par cette Ombre

*Si j'étais une...
je...

AH !*


La tête, ta tête, bascule, lentement mais sûrement, vers le banc. Elle dégringole, portion de neige déclenchant une Avalanche. *'faut que j'm'accroch —* Chute libre, bille qui rebondit sur le bois. Bruit sourd, léger rebond ; ballon dégonflé. Nulle goutte rouge. Seulement du noir. Du noir du noir du noir.

Parmi ce qu'il reste des Semblables, certains se montrent curieux et, plutôt que de venir en aide à la Bleue-qui-ne-disait-pas-son-nom, lançaient des pronostics sur le temps qui allait passer avant que ton corps ne retrouve le Mouvement. Ils ricanaient, rires gras comme le beurre dont sont faites les brioches généreuses, et un d'entre eux risqua même :

« Eh, il s'agirait de se réveiller, mademoiselle »

Un ton qui t'aurais déplu, mais comme nous le disions plus tôt, alors que le Rouge ne s'invitait pas dans la Danse, le Noir triomphait. Victoire des Ténèbres, victoire du Mal, et le vide de ton esprit continuait d'augmenter comme le mercure dans un thermomètre. Voilà le prix d'une trahison : le Vide, abyssal, déci-Mal, amygdales. Comme une corde de Violon tu offrais une musique triste et décharnée, comme le Piano tu étais blanche, très blanche même. La Livide, aurait-on pu te surnommer. Mais, caméléon, tu allais finir par perdre cette blancheur, comme une marguerite qui prend une teinte violette lorsqu'elle fane ; tu ne mourrais pas, tu fanais.

Le Vide ne cessait de grandir, immense comme un laurier, lourd comme une Plume.

Ceci n'est pas une Danse surprenante, aurait dit ce cher Magritte. Par tous les mages, qu'arrive-t-il à nos Gamines ? C'est effrayant ; et fascinant, bien sûr.

𐌔