27 septembre 2045
Avec @Aydan Lynch


La métamorphose était la discipline préférée d'Alice. Les cours de potion, la botanique et les Soins aux Créatures Magiques, pourtant ô combien intéressants et importants, n'auraient pu la faire
changer d'avis. Il y avait tout ce qui pouvait lui plaire : la minutie, la difficulté, le travail personnel et le sentiment d'être plus intelligent que ceux ne maitrisant pas ces trois choses. Depuis six mois, Alice aimait encore un peu plus les cours de métamorphose. La raison, c'était son professeur, monsieur Aydan Lynch, un grand sorcier à la barbe brune et aux yeux sombres. Un enfant d'Irlande, comme elle ! Et gentil, tellement gentil. Pour couronner le tout, ils se connaissaient. Lorsqu'elle y repensait, Alice a était un peu attristée. C'était une époque plus simple, à laquelle Alice avait toujours son père et se promenait avec lui, la langue encore sucrée des friandises d'Honeydukes. Dans les yeux de monsieur Lynch, la jeune fille y voyait sa propre mélancolie.

La fin de la classe arriva. Alice rangea ses affaires, imitant Aliosus et Irisia, et leur laissa de l’avance pour quitter la salle. Elle prenait son temps, se remémorait silencieusement les tenants et aboutissants de la leçon d'aujourd'hui. Il lui semblait tout avoir compris, et elle s'en félicita silencieusement.
Bientôt, la salle se vide, et seuls quelques retardataires restaient. Alice n'était pas pressée. Faire partie des premiers élèves à se jeter sur le banquet du midi, très peu pour elle.

Monsieur Lynch était encore là, et les derniers élèves disparaissaient. Alice demeurait droite, la tête pleine d'hésitation. Pouvait - elle venir le voir, discuter un peu avec lui ? Alice déglutit. Ce serait le mettre en danger, n'est-ce pas ? Faire preve de sympathie, l'apprécier.. et le condamne à des horreurs. C'était ce qui était arrivé à son père, à Kenneth, à monsieur Penwyn. Ce dernier le savait, voilà pourquoi il s'était éloigné d'elle. Alice serrait un peu les dents , ses doigts mat se poser sur sa balafre. Un chat noir, voilà ce qu'elle était. Un chat noir laid, marqué par ses combats dans la rue. Quoi que, sa blessure a elle avait été une faiblesse. Chat noir, et faible. Quelle horrible association.

Alice se mit à songer à ce reflet, ces reflets, qu’elle avait vu d’elle, il y a quelques semaines, dans la Salle sur Demande. Elle y avait vu de la force, de la détermination, et aucune once de faiblesse. De la dignité, quand bien même tout était sombre autour de ces avenirs ci. Aucune cicatrice, elle avait disparue de ces reflets. Et si il était possible de faire disparaître cette honte en un coup de baguette ? En un coup de sortilège. Si la médicomagie ne marchait pas sur elle, fille Sangblanc, peut-être que la métamorphose ...
Ses yeux d’argent se levèrent sur monsieur Lynch. Peut-être que lui savait.

La jeune fille s’avança jusqu’au bureau de son professeur

« Vous n’êtes pas pressé d’aller manger ? » demanda t-elle.

Des questions, elle en avait, elle en avait toujours, et celle qu’elle mourrait d’envie de lui poser lui brûlait les lèvres.

La routine des cours avait repris rapidement depuis la rentrée des classes. Un mois déjà que ses élèves étaient revenus et très rapidement la rigueur de l'apprentissage avait pris le dessus sur le plaisir de la découverte du programme de l'année.

Un nouveau cours prenait fin pour les 3ème année, et comme souvent, à l'heure du déjeuner, la salle se vidait rapidement. Aydan fit comme ses élèves, il rangea ses affaires et se prépara à sustenter son estomac qui commençait à se manifester. Il remarqua qu'une élève prenait un peu plus de temps que les autres. Alice Sangblanc, une de ses élèves préférées. Non pas qu'il ait tendance à faire du favoritisme, mais la rencontre avec la jeune fille et son père avait été un de ces instants décisifs qu'on peut avoir dans une vie. Elle avait été le point de départ de sa nouvelle vocation et il gardait un souvenir précieux de ce moment. Alice était en plus de ces élèves passionnés et intéressés ce qui était une raison de plus de l'apprécier. Mais il avait le professionnalisme de ne pas le montrer, ni de la favoriser.

La voyant s'avancer vers lui, il se prépara à devoir lui en dire un peu plus sur le cours qui venait de se dérouler, elle avait sûrement tout un lot de questions sur la métamorphose étudiée.

"- Mon estomac peut bien attendre quelques minutes. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?"

Droit au but, pensa Alice. Monsieur Lynch ne s’embarrassait pas avec des ronds de jambe, ça non. Alice aurait préféré, cela lui aurait laisser plus de temps pour formuler sa question.
Elle prit une grande inspiration pour se donner du courage. Ce n’était pas une question facile à poser. Non. C’était admettre ce qu’Alice savait déjà : elle était laide. Le regard des autres lui sommait bien assez. Et puis, Christopher l’avait délaissée pour une autre, parce qu’elle était devenue ... ça.
Mais alors, si elle le savait, pourquoi être aussi troublée de l’admettre devant monsieur Lynch ?

« J’ai... »

Alice replaça ses boucles derrière son oreille pour dégager sa joue meurtrie.

« Je me demandais ... »

Ses doigts s’entortillaient. Ce n’était pourtant pas compliqué ! Mais une boule se formait dans sa gorge. Non, elle ne pouvait décemment pas demander à monsieur Lynch si quelque chose pouvait à nouveau la rendre jolie. Elle était jolie ! Elle l’était encore, n’est-ce pas ? Monsieur Sweetlove disait qu’elle ne devrait pas cacher sa cicatrice, et pourtant elle le voulait ardemment. Il disait qu’elle s’endurcirait avec le temps, avec le feu de leur regard. Comme ces femmes, ces reflets d’elle même, dans le plafond du Royaume des Runes.
Mais ces reflets avaient peut-être utilisé la métamorphose pour cacher la cicatrice.

« Est-ce que vous sauriez jeter un sort sur ma joue pour cacher ma cicatrice ? »

Alice déglutit, son regard droit sur le bureau. Elle n’avait pas flancher, avait tout dit d’une traite. Il n’y avait plus qu’à attendre la réponse de monsieur Lynch... et son sort.

En entendant l'hésitante demande d'Alice, Aydan perdit son sourire. Ce n'était du cours qu'elle voulait parler, mais de quelque chose de bien plus personnel. Il regarda rapidement sa joue, se rappelant ce qu'on lui avait dit sur les circonstances qui en étaient à l'origine. La pauvre enfant, il contourna son bureau pour se placer juste en face d'elle et lui saisit la main qu'il recouvrit de son autre main.

"- Oh Alice... Trop tôt, bien trop tôt, vous avez fait face aux pires folies que la magie peut engendrer. Elle est déjà si loin cette jeune enfant insouciante et émerveillée par de simples gaies bleus que j'ai rencontré à Pré-Au-Lard."

Bien sûr, il savait qu'elle ne cherchait pas forcément du réconfort, sa question était clair, mais il ne pouvait s'empêcher d'exprimer son ressenti sur tout ça. Il relâcha la main d'Alice et prit à nouveau le temps de regarder sa cicatrice.

"- Il existe des solutions, des potions ou des sorts de métamorphose, mais tout cela ne serait pas définitif. Au bout d'un moment, quelques heures, votre cicatrice fera à nouveau son apparition. Ce ne serait qu'un camouflage temporaire que vous devrez renouveler à chaque fois."

Il était évidant qu'Alice serait déçue de cette réponse, mais il n'en avait pas d'autres à lui fournir.

"- Êtes-vous certaines que c'est ce que vous voulez ? Cela fait un an que vous l'avez, pourquoi n’êtes vous pas venue plus tôt ?"

Ça n'aurait rien changé bien sûr, mais il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui l'avait décidé d'un coup.

La gorge d’Alice se serra lorsque les doigts de Monsieur Lynch vinrent se saisir de sa main. C’était une douceur réconfortante, et à la fois mélancolique. La jeune enfant dont le sorcier parlait était morte depuis de longs mois. Jamais elle ne reviendrait, Alice avait vu trop de choses. Peut-être qu’un sourire insouciant réapparaîtrait lorsque Père serait arraché à Azkaban ? Il n’y avait pas à se poser mille questions, c’était bien cet événement qui avait été le précurseur.

La jeune fille écouta silencieusement monsieur Lynch, son poing se refermant toujours un peu plus contre ses cuisses. Évidemment, il ne pouvait pas y avoir une métamorphose permanente, ce serait trop beau. Il n’y aurait alors plus de laideron dans le monde sorcier. Évidemment.
Ce ne serait donc ni une potion, ni un sort de métamorphose, qui rendrait à son visage sa beauté d’avant. Mais alors, qu’avaient donc utilisé les reflets de son avenir ? La cicatrice avait-elle disparue au fil du temps ? Était-ce possible ? Alice se souvenait pourtant de la cicatrice de Jacob, celle qui barrait son genou, qui n’avait jamais disparu.
Finalement, la question qu’Alice avait posé à Monsieur Lynch apportait tout un lot de nouvelles interrogations.

Alice releva ses yeux sur monsieur Lynch. Voulait-elle vraiment faire disparaître sa cicatrice aux yeux des autres ? Bien sûr. Elle en avait assez d’être cette petite chose qui avait été blessé par la grande Carry Harrison. Surtout, elle en avait assez de devoir supporter son reflet dans le miroir.
Ses doigts se posèrent sur sa cicatrice. Les paroles de David Sweetlove lui revenaient en mémoire.


« Je voulais savoir si c’était possible qu’un jour, ma cicatrice disparaisse. » dit-elle. «  Lorsque mon père sortira de prison, je ne veux pas qu’il voit que j’ai été faible. Je suis sa fille, je n’en ai pas le droit alors que lui aura bravé les détraqueurs. »

Oh son père... pas un jour ne passait sans qu’Alice songe à ce qu’il pourrait bien pensé en posant ses yeux sur la cicatrice de sa fille. Quelle lueur scintillerait dans son regard éteint par des mois de détention ? La tristesse, la colère, la vengeance... ou la déception ?

Comprenant le désir de la jeune fille, Aydan acquiesça avec un sourire désolé. Il aurait aimé pouvoir l'aider, mais c'était impossible, pas définitivement en tout cas. Mais les mots d'Alice qui suivirent lui pincèrent le cœur.

"- Faible ? Alice voyons... On m'a raconté ce qu'il s'est passé, je ne vois aucune faiblesse en vous. Du courage oui, de l'honneur. Je vois la lâcheté et la folie d'une autre sorcière. Mais aucune faiblesse. Je n'ose pas croire que votre père pensera différemment. Surtout en sachant que depuis cet incident, vous ne vous cachez pas, vous faites face. Encore une preuve de votre courage. Je serais fier d'avoir une fille telle que vous sachez-le. Votre père est le chef du bureau des aurors. Bien que le bureau et le Ministère soit déchus, il se refuser de parler au passé de ces institutions. Il en a vu d'autres j'imagine, il a dû voir des collègues et amis périr, subir des revers, être attaqué par surprise sans moyen de se défendre. Il sait ce que c'est."

Il était impensable que Dorian Sangblanc puisse être déçu de sa fille parce qu'elle a été attaquée sans parvenir à s'en sortir sans blessure.

"- Quand votre père sortira, il sera bien trop heureux de vous retrouver. Il ne jugera pas votre cicatrice. Il ferma les yeux un instant. Mais si cela peut vous aider, le jour où il sera enfin libéré, je veux bien camoufler cette cicatrice à l'aide d'une métamorphose. Cela ne durera pas éternellement, mais vous n'aurez pas à sentir son regard sur votre joue et à répondre à ses questions durant cet instant précieux. Vous aurez un peu de répits avant d'y faire face. Qu'en pensez-vous ?"

C'était le mieux qu'il puisse proposer à la jeune fille, il se mettait à sa place. Il n'aurait pas honte, mais il n'aimerait pas que de telles retrouvailles soient entachées par des regards tristes et des questions douloureuses.

Un léger sourire égaya le visage d’Alice. Monsieur Lynch voyait en elle du courage et de l’honneur là où monsieur Sweetlove voyait de la faiblesse. Alice préférait la vision de son professeur de métamorphose. Certains la partageaient certainement, comme d’autres partageaient celle de monsieur Sweetlove. Là était le problème : chacun voyait de qu’il voulait voir. Alice y avait vu de la honte autrefois, de la bêtise également. Miss Taylor avait été la première à convaincre Alice qu’elle n’avait pas été idiote, que s’élancer pour protéger Williams n’était rien d’autre que du courage. Il lui avait fallu du temps pour qu’elle en soit parfaitement consciente, pour qu’elle cesse de porter sa blessure comme un boulet à sa cheville. David Sweetlove avait fait voler cette confiance pour imposer une nouvelle vérité à Alice. La sienne, celle de beaucoup de personnes peut-être.
Aujourd’hui, devant monsieur Lynch, la vérité qu’elle appréciait le plus revenait.

Le sorcier avait certainement raison : Père serait peut-être trop heureux de retrouver sa fille et la liberté pour prêter attention à sa joue meurtrie. Mais cela étonnerait tout de même Alice. Il serait bien capable de ne prêter attention qu’à la souffrance de ses enfants en ignorant parfaitement le mal qui l’avait frappé. Il était le meilleur des pères.

Les yeux d’Alice s’illuminèrent. « Vous pourriez faire ça ? » demanda t-elle, incrédule. C’était d’une facilité déconcertante ! Pourquoi n’y avait-elle pas songé plus tôt ? Son père n’avait pas besoin de voir sa cicatrice les retrouvailles faites, elle pourrait alors s’occuper de lui avant qu’il n’affronte une terrible réalité.

Alice souriait franchement, ses dents blanches exposés avec joie. « Ce serait merveilleux ! Père aura tant affronté... je préférerai lui épargner une vilaine histoire alors que lui même sortirait des enfers. »

Encore restait-il a savoir quand est-ce que son père sortirait d’Azkaban. Peut-être dans un mois, peut-être dans un an. Alice et monsieur Lynch devraient se tenir prêts.

Enfin un sourire, rien ne pouvait plus réjouir le professeur que de la voir ainsi après cette discussion.

"- Comme je vous ai dit, il y a plusieurs moyens de vous arranger ça de façon temporaire oui. On peut vous maquiller, certains moldus font un travail merveilleux dans ce domaine. Mais avec la bonne métamorphose je peux vous cacher ça. Il faudra juste la faire au dernier moment pour s'assurer qu'elle dure un temps suffisant."

Cela imposait une disponibilité quasi-constante pour la jeune fille mais elle méritait bien ça. Et ce même s'ils n'étaient pas tous les deux à Poudlard. Le tout était de trouver un moyen d'être prévenu peu importe la distance. Une seule solution le permettait, un sortilège protéiforme. Prenant sa baguette, il fit apparaître un pendentif, un geai d'argent aux ailes déployées. Il dupliqua ensuite l'objet et lança un Proteusforma pour lié les deux. Il tendit la copie à Alice.

"- Vous connaissez le principe ? Quand vous apprendrez la libération de votre père, brisez une des ailes. Mon geai subira le même sort et je saurais que la bonne nouvelle est arrivée. Je vous retrouverez afin de réaliser la métamorphose avant que vous ne retrouviez votre père."

Il prit son geai dans les mains et la regarda avec nostalgie en se souvenant de le voir accroché au cou de sa mère plusieurs années auparavant. Il le caressa de son pouce en souriant avant de le glisser dans une de ses poches. Il devinait quelle impatience la jeune fille pouvait ressentir quant à l'idée de retrouver son paternel, le manque d'un parent était quelque chose de terrible. Fort heureusement, Alice avait une chance de le retrouver un jour.

Le sourire d’Alice fondit comme neige au soleil. Un sortilège protéiforme pour les lier, Monsieur Lynch et elle, l’un à l’autre. Évidemment, Alice repensait à Monsieur Penwyn qui avait fait la même chose pour elle avec un galion. Ce même galion qu’il avait laissé sur son bureau le jour où il avait disparu. A présent, l’un et l’autre était remisé dans son armoire, dans sa chambre, comme si un jour ils pourraient lui servir à nouveau. Ils ne serviraient plus, Alice le savait. Monsieur Penwyn ne voulait plus d’elle, c’était bien ce que tante Élise avait dit, non ? Sinon, pourquoi l’aurait-il abandonné, l’aurait dépouillé de cette famille qu’il lui avait promis sans jamais lui présenter ? A chaque fois qu’Alice y repensait, son cœur se serrait. Elle avait été un chat noir pour monsieur Penwyn, et désormais il avait peur. Pour lui, pour Diane, pour leur bébé.

Est-ce que monsieur Lynch allait souffrir, lui aussi ? Est-ce que ce cadeau allait sceller son avenir et tacher de noir et de sang ? Une boule se forma dans la gorge d’Alice.

« Je ... ne peux pas. » dit-elle en s’écartant d’un pas.

Personne n’avait plus à souffrir pour elle, ça non. D’abord son père, puis oncle Kenneth, monsieur Penwyn, et bientôt monsieur Lynch ? Ça non ! Pourquoi diable avait-il fallu qu’elle vienne lui poser ces questions ? Évidemment que monsieur Lynch voudrait l’aider, il était si gentil, si attentionné, si bienveillant.
Alice ne voulait plus que qui que ce soit souffre de cette malédiction qu’elle semblait porter. L’enfant secoua la tête en s’écartant d’un nouveau pas.

« Les hommes qui s’occupent bien de moi finissent toujours par avoir des problèmes. » avoua t-elle difficilement, ses yeux plantés sur les chaussures de monsieur Lynch. « J’ai été idiote de vous demander de l’aide, et égoïste. S’il vous plaît, oubliez tout cela. »

Peut-être était-il trop tard ? Peut-être que dés lors, monsieur Lynch ne connaîtrait que douleur et souffrance ? Peut-être était-ce déjà arrivé ?

La main toujours tendue alors qu'il contemplait son geai il vit avec surprise la jeune fille reculer. Mais plus encore que sa réaction, c'est la raison de ce mouvement qui l'intrigua encore véritablement. Elle se pensait chat noir, porteuse de malheur. Une bien triste pensée à son âge qu'il ne pouvait comprendre, qu'il ne pouvait partager accepter même.

Il se rapprocha pour lui prendre la main et y glisser le geai qu'il lui destinait et referma les doigts de la fillette dessus.

"-Ne soyez pas stupide, je n'ai aucune crainte. J'ai eu mon lot de malheur bien avant de vous connaître et ce genre de superstition n'est plus de mon âge. Je n'ai pas eu besoin de m'occuper de vous pour recevoir un endoloris."

Il ressentait encore parfois ce douloureux souvenir, il ne faisait plus de cauchemars, n'avait plus besoin de potion mais gardait encore en mémoire cette sensation qu'il aurait aimé ne jamais avoir connu et subissait parfois les spasmes, souvenirs de cette fulgurante torture. Mais il devait vivre avec et ce n'était pas insurmontable, il n'était pas le plus à plaindre. La douleur avait été sans séquelle physique, pas comme la jeune fille qui devait vivre avec ses cicatrices. En la regardant il eut un nouvel élan d’empathie.

"-Je ne pense pas qu'il m'arrivera pire simplement parce que je vous accorde un peu d'attention. Alors ne fous en faites pas, et si ça peut vous rassurer, je ferais encore plus attention à moi."