RPG solo

1er Août 2045
Londres

Kim posa sa tête contre la vitre du train. Le paysage commencer à passer de la campagne au bâtiments urbains, virant du vert au gris. Londres. Une ville qu'elle avait rêvée de visiter. Mais ça n'était plus le cas.
Depuis un mois ses parents avaient divorcé. Et son père avait remplacé sa mère en moins d'une journée. Une femme. Et sa fille. Quand elle repensait aux paroles de son père, la brune avait envie de pleurer.

Kim, toi qui as toujours rêvée d'avoir une sœur, tu dois sauter de joie, non ?
Mais non, Kim n'était pas contente d'avoir une sœur. Et ne voulait pas sauter de joie non plus.

-Kim? Dis moi, t'es contente d'avoir une autre maman et une sœur ?

- Lino! Ce n'est pas ma sœur, ce n'est pas ma mère, ce n'est pas ma famille ! Comment peux tu dire des choses pareilles ?!
La brune s'était levée de son siège en disant cela, et elle avait parlé si fort que le bébé du siège arrière s'était réveillé, hurlant au désespoir.

-Oh oh, calme toi! Je disais juste ça comme ça, pour savoir, enfin tu vois l'tableau... Rassis-toi, en plus maintenant, le gamin d'à coté va plus la fermer.
Kim se rassit calmement, même si elle bouillonnait encore à l'intérieur, telle une cocote minute, et elle pouvait exploser à la moindre occasion. Soudain, un horrible sifflement déchira les oreilles de Kim et de son frère, les obligeant à plaquer leurs mains sur les oreilles. Puis une voix robotique leur indiqua que: "Le train est entré en gare". Lino referma lourdement sa console, et Kim rangea lentement son carnet dans son sac à dos. Le frère et la sœur descendirent du train, et cherchèrent des yeux leur père. C'est alors que un cri résonna dans la gare.

-AAAAAAAAAAAaaaaaaaaaah !
Leurs yeux se posèrent sur une fille agenouillée au sol, le dos formant comme une carapace. Des cheveux noirs, avec une frange, lui tombait dans les yeux. Elle tremblait. Agenouillée à coté d'elle, une femme. Des cheveux relevé dans un chignon coiffé-décoiffé et des yeux verts paniqués. Elle portait une longue robe "hippie chic", des bracelets de toutes les couleurs autour des poignets et de fines sandales en cuir. Debout au dessus d'elles, un homme. Kim et Lino le reconnurent immédiatement. C'était leur père.

-Kim ! Lino ! Mes chéris !
Kim recula d'un pas, manquant de tomber. Leur père courra vers eux, les bras déployés. Il enlaça ses enfants, mais c'était une câlinerie forcée, comme préparée à l'avance.

-Vous savez... Je vous aime toujours, car je sais que vous n'avez jamais rêver d'avoir ces pouvoirs de monstres !
La brune se dégagea, provoquant un mouvement de surprise de la part de son père. Elle n'était pas un monstre, non, jamais de la vie ! Elle était une sorcière et fière de l'être !

-C'est faux! Tu ne me bourreras pas la tête avec tes histoires! Je suis un être humain avec des pouvoirs magiques, rien d'autre! Cela ne fais pas de moi un monstre! C'est toi le monstre!
Elle criai. Elle criai si fort que l'on entendais plus qu'elle. Soudain, la petite fille se leva. Elle tremblais toujours, bien sûr, mais semblais déterminée. Celle qui devait être sa mère la suivit.

-Bonj... Bonjour... Moi... c'est... L... Lili. Vous... êtes... Lino... et... Kim... n' est-ce pas …?
Kim regarda la fille, cette Lili, là. Une autiste, hein ? Kim voyait bien qu' elle était vulnérable, et elle voulait la protéger. La protéger, peu importe contre qui ou quoi. Elle porta son regard vers la femme. Anna. Le contraire de sa mère. Belle. Sûr d'elle. Un sourire à tout casser. Mais surtout, surtout, Moldue. C'est tout ce qui comptait pour son père, de toute façon.

-Moi, c'est Anna! Bienvenus !
Elle a une tête de cruche. Pensa Kim. Une vrai hypocrite. La brune fronça les sourcils. Elle jeta un coup d'œil à Lino. Il souriait de toutes ses dents. Anna devait lui plaire. Mais pas elle. Elle, elle ne l'aurait pas ! Tous se dirigèrent vers la sortie. Lino et Lili discutaient tranquillement, pendant que son père se chargeait des valises. Elle, elle restait là, avec Anna. Sa belle-mère se pencha vers elle et lui dit:

-Vous disparaitrez rapidement de ma vie , bande de sorciers! Je te déteste, toi et ton frère!

-Rassures toi, je te déteste encore plus.

Kim tourna le dos à Anna et avança vers la sortie de la gare. Sa belle-mère était elle aussi une personne contre les sorciers. Mais Lili n'était pas comme ça, elle. Kim devait empêcher son père et Anna de lui farcirent la tête avec ces histoires.
Arrivant sur le trottoir qui desservait la gare, Kim chercha du regard Lino, Lili et son père. Elle les trouva, tous les trois devant le kiosque aux journaux. Les inséparables- son frère et la petite autiste- feuilletaient les magazines de leurs âges, c'est à dire ceux parlant des animaux du monde et de ces bestioles aux noms, aux couleurs et aux pouvoirs extraordinaires que Lili semblait adorer. Son père, lui par contre, lisait le journal du matin en fumant sa cigarette, assis sur les valises respectives de ses enfants. Il ne changera jamais... se dit-elle. En s'approchant d'eux, Anna couru et poussa volontairement Kim. Elle tomba sur le côté, se faisant mal au genou gauche.

- Mais t'es folle ! Tu m'as fait hyper mal !

-Oh, Kim! Ne rejette pas la faute sur Anna, enfin! Ce n'est pas sa faute si tu ne sais pas tenir sur tes jambes! gronda son père.

-Mais... Mais... Elle m'a fait tomber! Lili! Lino! Vous avez bien vu, vous, non ?
Les deux enfants secouèrent la tête de gauche à droite. Non, ils n'avaient rien vu. Et ils avaient beaucoup de mal à croire à l'histoire de la brune.
Cepandant, Lili tendit la main à Kim pour l'aider à se relever. Une fois debout, Kim se rendit compte que Lili était deux têtes plus petites qu'elle. Pourtant, elle n'avait que 10 ans.

-Viens... On va...r...rentrer...ma... maison...
Kim sourit. Elle allait peut-être accepter Lili comme belle-sœur, finalement. Mais pas sa mère. Jamais.

-Okay, Lili! On y va! Tu me montre le chemin ?

La petite fille lui sourit. Elle indiqua du bout de son fragile doigt une voiture noire flambant neuve. Évidemment, Kim aurait dû y penser. Son père étant le PDG d'un groupe automobile, il était parfaitement normal qu'il se déplace en voiture-de luxe, cela va de soi.
Les trois enfants avancèrent vers le véhicule en riant. Lili avait du mal à parler, à sourire ou même à comprendre rapidement les blagues de Lino. Elle semblait même ne pas trop vouloir être avec eux et avoir fait semblant de les apprécier jusqu'à ce moment là. Kim sentait bien que son frère et elle venaient bousculer son quotidien et que Lili n'en avait pas la moindre envie.

La famille recomposée monta dans la voiture en silence. Le trajet sembla durait une éternité à Kim, malgré les efforts de son père pour tenter de détendre l'atmosphère. Elle et Anna se fusillaient du regard, tandis que Lino essayait de reparler à Lili, mais cette dernière semblait enfermée dans un mutisme inexpliqué. Leur père conduisait sans prêter attention à l'atmosphère plus que froide.
Bientôt, ils arrivèrent devant la petite maison dans le centre de Londres. Un petit pavillon aux rebords de fenêtres fleuris, à la toiture rouge et aux murs blancs. Anna poussa le portillon de bois peint en blanc et trottina vers la porte d'entrée. Elle poussa l'huise et invita le reste de la famille à entrer.

Kim soupira en entrant dans la maison où elle passerait désormais toutes ses vacances. Déjà qu'avec Poudlard, elle ne verrait pas sa famille souvent, alors là...

La maison était très bien décorée, aérée, les meubles étaient très minimalistes. Des bouquets de fleurs de toutes les couleurs avaient étaient installés ici et là, leurs parfums embaumaient la pièce et faisaient tourner la tête de Kim. Un escalier en colimaçon esprit atelier trônait au centre de la pièce et tranchait avec le reste de la pièce. Anna leur indiqua les chambres d'un geste de main, avant de se diriger vers la cuisine.
Kim et son frère se dirigèrent vers leurs chambres respectives d'un pas lent pour l'une et enjoué pour l'autre.
Le palier du premier étage desservait la suite parentale, la salle de bain, ainsi que la chambre que partagerait Lino et Lili prochainement. Au bout du couloir, un escalier de bois montait au grenier aménagé spécialement pour Kim. En glissant la tête par la trappe, elle n'en crût pas ses yeux. Il y avait un lit à baldaquin deux places, un bureau rempli de matériel pour dessiner, une commode blanche et un énorme pouf poire bleu clair. Le tout niché entre les gros tapis moelleux et les coussin colorés.
Son père ne lésinait pas sur les moyens. D'ailleurs, la chambre de son frère et de Lili devait être tout aussi confortable.
Quand la brune eu fini d'installer ses affaires, elle redescendit vers la cuisine. La pièce sentait bon le taboulé et la menthe fraîche. Kim fut bien étonnée de trouver son père en train de cuisiner avec Anna. Avant, cela ne lui arrivait jamais.

-Ah, Kim. Tu tombes bien. Mets la table.
Kim ne bougea pas. Elle était adossée au mur de la cuisine, une lueur de défi dans le regard.

-Kim?

-Vois-tu Anna, je n'ai pas entendu le mot magique.
Elle savait parfaitement qu'elle se montrait impolie, mais s'en fichait royalement. Que son imbécile de belle-mère aille se faire voir.

-S'il te plait, mets la table.

Anna serrait les dents. Si Jack n'était pas là, elle giflerait volontiers la petite peste qu'était la fille de son compagnon.

-Non.
-Pardon ?!
-Non, N-O-N.
-Tu mets la table. Tout de suite.
-Tu ne me donnes pas d'ordres. T'es pas ma mère.
-Kim, tu dis pardon à Anna!
-Dans tes rêves. T'as pas été fichu de nous accepter, maman, Lino et moi. Alors il est hors de question que j'accepte la pintade qui me sert de belle-mère!
-Traites moi encore une fois de poule, tu vas le regretter...
-J'ai dis pintade, pas poule. Mais ça te vas très bien aussi, hein...
-Dégage. Sors de ma cuisine!
-Avec grand plaisir.

La brune sortit de la pièce à grands pas. Il n'était pas envisageable qu'elle passe le mois d'août ici.
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Retour à la cuisine
Anna décapsula une bière.

-J'espère que tu vas passer un savon à ta fille!
-Anna, s'il te plaît, soit gentille avec elle. Nous avons tout les deux des difficultés avec les sorciers. Mais mes enfants sont différents! Ils...Ils n'ont jamais voulu avoir ces...pouvoirs. Je suis sûr que si ils pouvaient, ils s'en débarrasseraient!
-Je me débarrasserais de quoi?

Jack se retourna. Lino était là, il le regardait. Ses yeux ne montraient aucune émotion. Enfin si, une seule: le dégout.

-Lino! Je... Heu...
-Tu parles encore du fait que Kim et moi sommes des sorciers?! Kimmy avait raison. Tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez. Tu m'dégoutes.

Le petit garçon serrait les poings. Une envie de tout casser lui déchirait l'esprit. Son regard s'arrêta sur la bouteille que tenait Anna. Lino ne maitrisait pas sa magie. En un battement de cils, l'objet de verre éclata. Le liquide mousseux se rependit par terre. Le soleil de la fin de journée se reflétait dans les débris de verre. Anna se tenait la main droite. Son pouce avait été légèrement coupé. Une expression d'horreur couvrait son visage.

-Allez tous vous faire voir!

Lino partit en courant de la cuisine, direction la chambre de sa sœur.

Le petit garçon déboula tel un boulet de canon dans la chambre de sa sœur en sanglotant.

-Kimmy! Kimmy!

Kim était assise sur son lit. Elle regardait une vieille photo de ses parents...Avant. Avant le hiboux, la rupture, la belle-famille. Elle tourna la tête vers Lino.
-Ben alors, frangin? Qu'est-ce t'as?

Lino alla se réfugier dans les bras de sa sœur. La brune eu juste le temps de cacher la photo sous son oreiller avant d'enlacer maladroitement son frère.

-Je veux pas rester ici. Je veux m'en aller, Kimmy...
-Moi aussi, je voudrais partir, tu sais...Mais on n'a pas le choix. Il faut vivre avec.
-C'est pas ton genre de renoncer si vite. T'es malade ou quoi?
-Je ne renonce pas, Lino, j'encaisse...
-Mouais...
-Dis-le, que tu me crois pas.
-D'accord: j'te crois pas.
-Pfff...T'es bien mon frère, toi!
-Ouais, et j'suis fier de l'être!

Elle relâcha son frère qui semblait aller mieux et se vautra dans son pouf. Une grosse envie de parler à sa mère lui déchirait son esprit. En sachant que son père -ou plutôt Anna- ne la laisserait appeler le manoir Klark, elle commença à fouiller son sac à dos à la recherche de son porte-monnaie. Son frère la regardait, assis en tailleur sur son lit, la tête légèrement penchée sur le coté, un air interrogateur sur le visage.

-Heu...Kim, tu fais quoi, là?

Kim tourna la tête vers son frère, un sourire malicieux sur les lèvres.

-Vois tu, mon cher frère, je cherche de quoi communiquer avec le quartier général! lui dit-elle.
-Le...Quoi?
-La maison!
-Aaah, d'accord. Et t'as besoin d'un sac à dos pour parler à maman et mamie. Cherchez l'erreur...

Il sourit d'un air sarcastique et...supérieur?

-Ok, j't'explique: j'ai remarqué une cabine téléphonique, pas loin. Le truc que j'cherche dans mon sac, c'est mon porte-monnaie. Ça y est, ça s'imbrique dans la tête de Môssieur?
-Tu vas quand même pas sortir maintenant, si?
-Et qu'est-ce qui m'en empêche?
-Ton père!

Le frère et la sœur tournèrent la tête dans un même mouvement vers la voix.
Jack Diary venait de passer la tête par la trappe et affichait un air colérique.

-Rectification: mon abruti de père. C'est différent.

Lino pouffa de rire. Les blagues de sa sœur le faisait toujours rire.

-À table. Tout de suite, ordonna-t-il.
-On a pas le choix?
-Absolument pas.

Les enfants grognèrent. Passer tout un repas avec Anna et leur père?

J'vais crever. Pensa Kim.
On a fait quoi de mal, au juste? Rumina Lino.

Ils descendirent d'un pas las, suivant Jack.
Mais en arrivant en bas, ce fût une scène étrange qui se passait sous leurs yeux: Lili se projetait d'avant en arrière contre la table, en répétant inlassablement: "Il est 19h32, on doit manger à 19h30, il est 19h32, on doit manger à 19h30..."
Kim arqua un sourcil. Plutôt étonnée de la scène, elle s'apprêta à aller voir ce qu'il se passait quand son père l'arrêta. Anna était déjà à côté d'elle, et avait d'essayer de la calmer.

La brune haussa les épaules. Une musique de jazz s'échappait de la petite radio, chose qui déplut énormément à Kim.

Par contre, j'écouterai pas du jazz, moi. Il y a pas un bon p'tit rock?

Elle tourna le bouton et laissa échapper la mélodie.

- AAAAAAAH !

Le cri de Lili fit sursauter Kim.
La petite fille continuait de se projeter contre la table, et avait plaqué ses mains contre ses oreilles.
Elle criait à vous en déchirez les tympans.

- ON MANGE EN ÉCOUTANT DU JAZZ ! ON MANGE EN ÉCOUTANT DU JAZZ ! ON MANGE EN ÉCOUTANT DU JAZZ !
- Serais-tu empotée à ce point ?!

Kim regarda son père, médusée. Elle le regarda remettre la station qui passait la musique raffinée. Elle regarda Lili se calmer peu à peu. Elle regarda Anna servir le taboulé, et en mettre un peu moins dans l'assiette d'elle et son frère. Elle regarda Lino, aussi ailleurs qu'elle.

- Bon, vous venez manger ou vous voulez créer encore plus de problèmes ?!

Le frère et la sœur s'assirent à table.
Il régnait un silence de mort.
Lili émit un petit bruit.
Anna déglutit en fronçant les sourcils.
Jack croisa les mains et posa ses coudes sur la table.
Lino finit par rompre le silence.

- Euh... Et sinon, vous... Vous faites quoi, dans la vie ?

Question idiote. Très idiote. Kim soupira. Son père attrapa le grand saladier et se leva pour le ramener à la cuisine.

- Alors comme ça, tu veux savoir où je travaille ? Et bien, je gagne ma vie chez HSBC Holdings. Et (Elle baissa la voix) c'est bien mieux que tout ce que pourrait espérer votre espèce de guérisseuse ratée (La ferme...) qui vous sert de mère et qui passe son temps dans une pauvre serre rouillée ! (-La ferme...) Ou encore l'autre fou qu'était son père qui pensait que tout les hommes étaient égaux, même les raclures dans votre genre, et qui...
- LA FERME ! T'en sais rien ! Tu les connais pas ! T'as pas le droit de dire ça!

Elle s'était levée d'un bond.

- Oh si, ma petite, j'ai tous les droits, parce qu'ici, c'est chez moi.
- Kimmy à raison ! Vous avez pas le droit de parler comme ça de maman et papi !
- Ne vous disputez pas, dit Lili d'une petite voix. Maman, arrête de critiquer la famille de Lino et Kim.
- Qu'est-ce qui se passe ici ?!
- La grognasse que t'as décidé de te taper insulte M'man et Papi, voilà c'qui s'passe, abruti !
- Kim, je t'interdis de me parler comme ça !
- Tu m'interdis rien du tout !Et tu sais quoi ?! Ben, pour moi, t'es plus mon père ! Parc'qu'mon père, il divorcerai pas parc'qu'on est une famille de sorciers ! Il l'accepterai, il continuerait à nous aimer ! Il pourrait même s'intéresser un peu au monde auquel on appartient ! Mais non ! Toi, t'es là, à haïr la magie qui coule dans nos veines et à essayer de nous la faire détester, nous aussi ! Parce que c'est juste pour ça que tu veux nous voir pendant un mois l'été !

En voyant son père ouvrir la bouche, Kim ne le laissa même pas répondre.

- Trouve-toi des excuses si ça te chante, moi j'ai pas de temps à perdre à t'écouter raconter tes bobards !
Sur ce, la brune remonta en trombes dans sa chambre, claqua la trappe. On entendit un "Merde ! Fait chier !" étouffé et des meubles que l'on renverse.

Jack soupira. Désormais, sa vie ressemblait véritablement à ce que l'on pourrait qualifier de "bordel".

Il venait de se séparer de Mary.
Une sorcière. Et la mère de ses enfants.
Enfants qui le détestaient. Enfants sorciers.

Kim allait rentrer en "Première année", à "Poudlard". Une soi-disant "école de magie". Une école où on lui apprendrai "tout ce qu'il faut savoir pour devenir une grande et talentueuse sorcière".
C'était les mots de Mary.
Et Lino ? Oh, il était évident qu'il mettrait aussi les pieds entre ses murs.
Mais ces deux-là s'en sortiraient-ils ?
Jack ne se faisait pas de soucis pour son fils, qu'il savait certes timide mais également très apte à s'adapter à son environnement, ainsi que bon élève.
Mais Kim...
En plus d'être d'avoir des résultats médiocres, elle avait du mal à suivre les règles.
Son père s'inquiétait vraiment pour elle.

Et puis il y avait Anna.
C'était vraiment une très belle femme. Une beauté froide comme on en voit plus.
Cette femme aurait sûrement pu faire carrière dans le mannequinat si elle avait été plus grande.
Cette femme qu'il avait rencontré dans un bar bien avant la fameuse "lettre d'admission".
Cette femme avec qui il avait passé plusieurs nuits lors des prétendus rendez-vous d'affaire, ou des soit-disant déplacements.
Cette femme qui était la véritable raison de sa séparation avec Mary.
Cette femme avec qui Jack devait vivre, car, même avec la petite fortune que cet homme avait réussi à amasser, il n'avait nul part d'autre où aller.

Et puis il y avait la lettre.

La lettre de son père, qu'il n'avait plus vu depuis bientôt onze ans.
Le morceau de papier parlait de la mère de Jack.
De sa sœur, et du mari de celle-ci.
De ses neveux.
De son divorce avec Mary.

Et puis il y avait une carte. Une carte de visite, avec une adresse.
Et une écriture fine, en patte de mouche.



Jack revint à la réalité peu à peu. Anna criait à Kim d'arrêter de frapper les murs.
Lili recommençait à se balancer. Lino s'était levé, mais restait cloué sur place.
Jack s'avança. Il attrapa le bras de son fils et commença à grimper les marches, l'air grave.

- Lino. Toi, ta sœur et moi devons parler. Petite réunion de famille, comme on dit.

- Hein ?!

Lino eu à peine le temps de réagir, que, déjà, son père l'emmenait à l'étage.
Si le garçon avait pris le temps de regarder derrière lui, il aurait aperçu Lili, en boule sur le sol, gémissant et s'arrachant les cheveux. Il aurait vu Anna tenter de la calmer à coups de mots réconfortants.
Mais non.
À la place, Lino se faisait quasiment trainer dans les escaliers, manquant de tomber un peu plus à chaque marche.

Ce n'est que lorsque le père et le fils toquèrent à la petite trappe que les bruits cessèrent.
Enfin, presque.

- TU VEUX QUOI ?!

Trois mots. Trois mots, crachés à la figure de Jack, à travers le plancher. Trois mots débordant de hargne.

- Kim, laisse-moi entrer.
- Et pourquoi j'le ferai ?!

Kim, agenouillée devant le seul accès à sa fichu chambre, bouillonnait. Elle ignorait la raison qui avait poussé son père à demander à les avoir pendant les vacances d'été. Et ça l'énervait au plus haut point. Rajoutez à cela les paroles d'Anna et son attitude anti-sorciers et vous obtenez une Kim Diary très, très sur les nerfs.

- Kim, laisse-moi passer. On doit parler. On doit parler de ma famille.

Plus un bruit. Et puis, lentement, très lentement, la trappe s'ouvrit.
L'expression de Kim était glaciale.

- Et c'est maintenant que tu te décides à le faire ?

Lino avait toujours l'air ahuri, et il lâcha même un hoquet de surprise quand son père l'entraina dans la chambre de sa sœur.

Les enfants s'assirent sur le lit, Jack préféra le pouf.
Il soupira. Kim le regardait toujours comme si c'était un chat.
Lino paraissait à la fois inquiet et impatient.
Leur père sortit une enveloppe pliée en deux de sa poche. Il l'ouvrit et entreprit de lire la lettre, encore une fois.